mardi 24 décembre 2013

La Grèce centrale, Delphe, l'épopée stop jusqu'à Livadia

Et bim! Un article le 24, depuis Livadia, en cette veille de Noël. Nous avons déjà formulé nos voeux la semaine dernière, nous n'y reviendrons donc pas. Nous parcourons les étendues grecques, mangeant du byzantin le matin, du grec antique le midi et du néolithique au diner, le tout accompagné de montagnes sans modération (vu d'en bas, c'est l'hiver!) et de vertes prairies, le tout saupoudré d'un temps absolument magnifique (même si nous dégivrons la tente presque tout les matins!). Des rencontres aussi, mais pas originaires du pays... D'ailleur, si les étendues que nous traversons sont magnifiques et variées, l'accueil et le comportement en général du peuple grec est quelque peu froid. Pas mal même, suffisamment pour que nous soyons presque impatient de rejoindre la Turquie... Nous y reviendrons.

Sesklo, Thermopiles, le golf de Lamia


Après une nuit à la sortie de Volos, nous nous mettons en route (pour la première fois depuis longtemps sous les nuages), cherchant les vestiges néolithiques de Sesklo, indiqués en gros sur notre super carte au 1/600000ème... Arrivés à un croisement, nous constatons la disparition des panneaux d'indication, et suite à une indication de la part d'un habitant du coin (...) nous partons pour une bonne balade dans les collines en quête du site, au milieu de la cambrousse.

Sesklo
Ca monte, ça descend, c'est joli, avec une belle vue sur la plaine, ses champs, ses oliveraies, et les reliefs rocailleux couverts de buissons qui les entourent.

Après une matinée de marche, point de ruines, et nous passons demander notre chemin à deux paysans albanais perdus dans la campagne. Nous les faisons bien rire, et ils se mettent à hurler de joie quand nous leur sortons nos quelques mots de vocabulaire albanais. Après avoir manipuler notre carte, visiblement la première qu'ils voyaient de leur vie, pendant dix bonnes minutes, ils nous aiguillent sur un village où nous apprenons que l'indication du début de matinée était erronée...


cuisine
Nous stoppons en sens inverse, retrouvons la bonne route, pour parvenir aux vestiges sur le point de fermer. Heureusement, le gardien nous laisse faire le tour des ruines gratuitement mais de manière assez expéditive, et nous passons dans les reste d'un village du néolithique d'environ 6000 ans, ses maisons, son four et son mur d'enceinte, avant d'être redéposés très gentillement par le gardien du site près de la route pour Lamia, plus au sud. Dans la campagne, nous n'avons aucun mal à trouver un coin pour la tente.

Le lendemain, le stop est un véritable calvaire. Nous voulons rejoindre Lamia puis le site des sources chaudes de Thermopiles, à 90 kilomètre au sud de Volos, et nous levons le pouce toute la matinée sans résultats. Rebelotte après nos sandwichs au bord de la route, pendant une bonne partie de l'après-midi.

Nous passons des heures et des heures le pouce en l'air, attendant, rigolant nerveusement, changeant de spot... La journée se déroule sur notre bord d'autoroute, dans un état de déprime résigné mais finalement assez amusant tant notre malchance est énorme.



Pourtant il y a des voitures, plein de voitures... Mais personne ne s'arrête. Finalement, la journée se termine aussi bizarrement qu'elle s'est déroulée: nous sommes enfin (enfin!) récupéré par un homme qui nous pose dans une aire d'autoroute, où la premiere voiture qui nous voit nous embarque pour Lamia... C'est donc tout ou rien... Une journée de galère pour une arriver aux abords de la ville en moins d'une heure, bien lassés.

Après nous être fait copieusement remballés par un homme à qui nous demandons où nous pouvons planter la tente, nous trouvons un endroit bien moche près d'une zone industrielle au bord de la route vers Thermopiles pour passer la nuit... Vivement le retour dans des étendues plus sauvages!

Thermopiles
Au matin, nous suivons la route vers le sud, lorsque nous sommes récupérés par Joanne, française vadrouillant en camion aménagé à travers la Grèce, et qui se rend aux thermes. Finalement, nous resterons en sa compagnie jusqu'au lendemain.

Nous passons aux sources chaudes, dont les eaux jaillissent en cascade de la montagne à 40 degrés, avant de s'écouler dans la plaine par des bassins et des lits naturels d'où s'échappent des colonnes de vapeurs. L'air est lourd et l'odeur de souffre nous pique les narines.

notre baignoire du jour
Nous grimpons dans les montagnes pour manger un morceau, faire connaissance, discuter de nos vie, et parler de tout et de rien avec Joanne avant de redescendre dans l'après-midi pour une sacrée trempette dans l'eau brûlante. Le pied! Nous y serions bien restés dormir dans notre marmite!

Le camion de notre amie comprend lit et cuisinière, et Joanne nous propose de préparer un tajine. Nous trouvons un coin de plage desert au bord de la mer Egée pour bronzer et pêcher avant d'aller faire 2-3 courses.

Le soir, festin au chaud dans le camtar, apéro, chant, discussions existentielles et bonne marrades sont au rendez-vous. Ca repose et ça détend, chose appréciable après les derniers jours...

Le lendemain, nous dormons tard, avant de glandouiller sur la plage. Ca faisait longtemps que nous ne nous étions pas posés! Joanne, toujours prête à nous aider, peut nous poser au pied des montagnes, à Atalanti, d'où nous voulons rejoindre Delphe, et nous partons tous ensemble en début d'après-midi
.
Arrivés à destination, Joanne nous prépare gentillement une dernière platrée de riz, après quoi il est temps pour elle de reprendre la route, et nous nous séparons. Nous espérons la revoir, peut-être à Athène dans quelques jours. Nous avons passé un très bon moment en sa compagnie! Pour l'heure, la nuit tombe, et nous nous enfonçons dans une oliveraie pour poser la tente.





non, ce n'est pas de la brume...
Au réveil, nous crapahutons dans les champs pour rejoindre Atalanti, et commencer une intense journée stop (nous commençons à les craindre celles-là...).

Deux gars nous posent à la sortie de la ville, où nous sommes récupérés par un alpiniste chevronné de 67 ans, qui rien que l'année dernière est parti trecker dans l'Anapurna! Il nous apprend l'origine des écharpes de brume (ou plutôt de ce que nous prenions pour des écharpes de brume...) qui flottent un peu partout en Grèce : à cause des ravages de la crise économique, les gens n'ont plus les moyens de se payer le chauffage, et étant donné qu'ils n'ont pas été habitués à trouver un bon combustible à brûler, ils crament tout ce qui leur tombe sous la main, pneus, sacs en plastique, polystirène...

Arahova
C'est véritablement effrayant, catastrophique, il faut le voir pour le croire. Nous regardons d'un autre oeil les nuages jaunâtres qui planent un peu partout, presque opaques, au-dessus du moindre village, imaginant vivre la dedans tout l'hiver. Voilà le résultat du confort du chauffage au fioul : enlevez le, et tout le monde est démuni, incapable de se débrouiller pour trouver du bois à brûler... Et cet état de fait est visiblement assez général, nous y reviendrons.

Nous arrivons en pleine cambrousse, et levons le pouce un bon moment avant d'être chargé à l'arrière d'un fourgon, déposés 20 kilomètres plus loin, où nous glandouillons encore 40 minutes dans un décors plutôt pas mal (aller, on va y arriver!), pour être embarqué par un albanais qui nous pose à Arahova, première station de ski de la Grèce, pas encore enneigée à cette époque, à 10 kilomètres de Delphe.


 Nous finirons à pied, profitant d'un super panorama sur les plaines couverte d'oliviers, les montagnes encore et toujours (la Grèce centrale est pleine de chaines montagneuses, comme un petit peu tout le pays d'ailleur!), et la mer au loin.

Arrivés en vue des première colonnes du sanctuaire d'Athéna, l'après-midi se termine, et nous trouvons une super terrasse de graviers près des ruines où passer la nuit, prevoyant la visite des sanctuaires le lendemain.

nous y reviendrons plus tot que prevu










Delphe, en route vers Athène


survie en milieu hostile
Les dieux du panthéon grec viennent nous saluer de leur divine puissance à 4h du matin, sous la forme d'une tempête de vent très violente... La tente s'effondre autour de nous, et nous sortons à toute vitesse, tombant les arceaux pour offrir moins de prise au vent, emportant la chambre comme un baluchon pour aller nous réfugier dans les ruines aux murs effondrés toutes proches... On a connu plus doux comme réveil...

Nous allons bien, nos affaires aussi, mis à part un arceau de la tente brisé en deux (nous avons une journée pour le réparer!).

la Tholos
A 4h du mat en montagne il caille, et nous allumons un feu pour nous rechauffer en attendant le levé du Soleil. Le petit feu dans les ruines antiques sous les étoiles a un cachet fabuleux!

Nous rejoignons ensuite le sanctuaire d'Athéna sous le soleil, pour explorer une bonne heure les ruines du temple, construit en 380 avant notre ère. Nous passons le Tholos, temple circulaire dont 3 colonnes seulement subsistent, et les trésors, édifices érigés à l'occasion d'événements religieux particuliers dans la grèce antique. Nous prendrons notre petit dèj au milieu des ruines!
 Nous continuons ensuite la route du sanctuaire d'Apollon que nous appercevons au loin, traversant en chemin un ancien gymnase antique.

le trésors de Massilia
Malheureusement, le prix du sanctuaire est élevé, 12 euros, et malgré d'ardus négociations (histoire du voyage, de la distance parcourue, du budget serré etc...), la guichetière refuse encore et encore de nous appliquer le tarif étudiant parce que nous n'avons pas de carte... Alors on nous clame partout que le pays est au bord de la ruine, qu'il n'y a plus de sous, la crise la crise la crise, tout le temps, où qu'on aille... Et voilà où nous en sommes ce matin : soit on nous accorde la ristourne, et nous voyons le sanctuaire qui gagne de l'argent, soit tout le monde est perdant...

sanctuaire d'Apollon... de loin
C'est bête, mais nous passerons notre chemin, commençant sérieusement à être lassés de ce genre de comportement.

Nous rejoignons Delphe pour grignoter un morceau, et chercher un tube pour relier les deux section de l'arceau brisé. Nous tombons sur un magasin fermé, avant de faire littéralement mourrir de peur une femme à qui nous voulions demander des informations, qui recule appeurée devant nous alors que nous n'avons encore rien dit...

Nous trouverons un tube de dimension adaptées dans un chantier, avant de nous préparer pour le calvaire du stop vers Itea, au sud, sur la côte.

Nous levons le pouce 45 minutes, pour être emmenés 10 kilomètres plus loin... Où nous stoppons sans résultat pendant plus d'une heure.

Nous partons à pied, descendant de la montagne à travers une plaine d'oliveraie, marchant pendant presque une heure en levant le pouce avant d'être enfin récupérés par un couple nous déposant à Itea.

Nous prenons le thé sur la plage, avant de rejoindre la plaine d'oliviers.

Nous testons notre système de réparation, branchant les arceaux sur le tube, que nous commençons à tendre... et PAN! Le tube explose... Là, nous sommes mal, la nuit tombe, et nous ne pouvons pas monter notre château. Nous partons sur les chemins pour une dernière tentative de recherche de pièce de rechange, nous préparant peu à peu à aller demander l'hospitalité dans une ferme ou une église. Au dernier moment, nous découvrons au bord du chemin un autre tube en plastique, qui tient la tortion! Nous voilà sauvé, mais jusqu'à quand?

eglise des metamorphoses, Itea
Nous repensons notre itinéraire, en ayant un peu ras-le-bol des actions foireuses. La beauté ne suffit pas.

Nous tronquons une bonne partie de nos plans grecs, décidant de rejoindre Livadia puis Athène en zappant la côte, Corinthe et le Péloponnèse, puis partons stopper au levé du jour, après une petite visite d'Itea, ses églises et ses vestiges.

Découragés avant même de commencer à lever le pouce, nous mettrons la journée pour parcourir 40 kilomètres, n'atteignant même pas la ville...

le stop en Grece, des sensations pures
Après avoir fait les piquets pendant plus d'une heure et demi dans le froid à Desfina, nous nous retrouvons à Dimitro à la tombée du jour, levant machinalement le pouce pendant un temps interminable devant les voitures qui défilent... Complètement découragés, nous finissons par fuir dans les champs, et trouvons rapidement un bosquet entourant une clairière où camper. La soiree est silencieuse. Nous en avons marre de la Grèce.

Le lendemain, exception qui confirme la règle, nous sommes récupérés en 20 minutes pour être déposé dans le centre de Livadia.

Nous nous apprêtons à fêter noël dignement à notre façon : sous la tente à la bougie, remplaçant le foie gras par du pâté, le saumon par des anchois, la bûche par de la pâte à tartiner enroulée dans du pain de mie! (vivement les photos pas vrai?)

Réflexion sur le pays...

A présent, quelques lignes sur notre ressenti du pays : c'est beau, nous avons vu plein de choses, montagnes, campagne, mer, vestiges de toute époque. C'est un paradis du camping sauvage, nous n'avons jamais cherché plus de 30min un coin, la plupart du temps magnifique, où dormir.

La beauté du pays suffirait, si nous voyagions de manière conventionnelle, mais ce n'est pas le cas. Nous avons besoin de pouvoir échanger avec les habitants, surtout après notre formidable expérience en Albanie, que ce soit pour apprendre la langue, les lieux à visiter, ou nous dégoter des bons plans.

Sans parler du stop. Ici, c'est compliqué, chose assez étrange en ces periodes de noël lorsqu'on voit 9 voitures sur 10 dont le rétroviseur est orne d'un chapelet (pardon, nous étions obligé!)... 50% des gens qui nous ont emmené jusqu'à maintenant n'étaient pas grecs, et le stop en générale est un calvaire, promesse de longues attentes.

Concernant les rencontres franches, et bien... Une française, Joanne. Les conversations avec les habitants sont souvent froides et purement formelles, quand nous n'avons pas carrément l'impression de déranger. Nous faire envoyer sur les roses quand nous demandons où poser notre tente, cette femme que nous avons effrayé sans même ouvrir la bouche, ne sont que deux petits exemples. Cet article est résumé au possible, et nous ne racontons pas le détail de nos journée, mais sachez qu'elles sont chargées de signes d'antipathie en tout genre.

Globalement, nous ne nous sentons pas vraiment le bienvenue ici, le comportement général n'invitant pas vraiment aux échanges francs. La crise est sur toutes les lèvres, et effectivement le pays est en grande difficulté, mais il y a un juste milieu entre la fatalité résignée et la plainte permanente. Pourtant c'est elle qui domine. A écouter certains, trop nombreux, on pourrait croire que le pays est un enfer sur terre, noyé dans la misère, où il n'y a plus d'espoir, alors que de visu, après ce que nous avons vu en Albanie... Ce genre de discours tombe à l'eau.

L'impression que nous avons, après plus de 3 semaines ici, c'est que les habitants vivaient confortablement dans un système n'encourageant pas vraiment l'entraide, et qui s'est effondré. Et au lieu de se serrer les coudes, on dirait que chacun a gardé cet etat d'esprit individualiste, cherchant à sauver sa part, ce qui lui reste, sans penser aux autres, dans un sentiment de frustration presque palpable qui suinte de partout. Peut-être trop modelés par un capitalisme qui encourage les réussites personnelles au dépend de la collectivité. Et le resultat est assez flippant.

Un autre exemple du genre de problèmes qu'a entrainé tout ça : ces deux jeunes gens qui nous ont embarqué entre Atalanti et la route de Delphe, qui nous ont donné un tract comportant ce qui ressemblait à une croix gammée... dont nous avons appris la signification après quelque recherches : c'est l'emblème de l'Aube Dorée, un groupuscule néonazi devenue 5ème parti politique de Grèce en l'espace de trois ans (leur motivations se passent de commentaires...), avec sièges à l'assemblée et tout le tremblement.

On prend bien conscience ici des ravages que peut provoquer la chute d'un tel système, finalement très fragile : de nombreuses personnes fermés, se plaignant, frustrés de leurs conditions sans vraiment chercher à l'améliorer, s'en servant d'excuses pour tout, brûlant des pneus pour se chauffer, exprimant tout le malheur du monde à la moindre occasion.

Et voilà des nappes de pollution qui recouvrent les campagnes, des portes fermées, comme les esprits, la montée du radicalisme, et nous au milieu de tout ça, impuissants mais contaminés peu à peu par la dépression qui règne ici, un peu démotivé par la perspective d'aller au contact et de discuter.

Bien sûr, nous ne généralisons pas, exprimant un ressenti, mais ce ressenti nous a quand même poussé à changer nos plans pour quitter le pays rapidement et rejoindre la Turquie. A cause de la crise économique, du capitalisme qui s'écroule... Le même qu'en France, non?

lundi 16 décembre 2013

Trikala, Zarkos, Larissa et le retour à la nature dans le Pelion autour de la baie de Volos

Salut tout le monde! Nous sommes à Volos, près de la côte de la mer Egée, sous le soleil! Après deux grandes villes visitées, notre insatiable soif de nature nous a poussé pour quelques jours autour du Pelion, ce bras de terre qui entoure la baie de Volos. Nous en avons pris plein les mirettes, entre montagnes, forêts et mer, ça fait plaisir après avoir squatté ces nids grouillant de populace que sont les grandes cités! Récit de nos pérégrinations en Grèce, encore et toujours sous le beau temps. On va finir par s'y faire!

Trikala, Zarkos, Larissa


Mosque de Koursoum
Au lendemain de notre dernière publication, nous avons décidé de combattre le froid de face, sans nous terrer comme des lâches en intérieur! Nous prévoyons un léger investissement de matériel pour rester fidèles à notre tente quelle que soit la température extérieur, d'une part parce que les hôtels risquent de carboniser notre budget dans ce pays où le tourisme est le dernier levier économique qui n'est pas touché par la crise, et que les prix sont gonflés en conséquence pour en profiter, et d'autre part parce que l'essence même de notre voyage est basée sur la vie en extérieur avec ce qu'elle comporte de rigueurs. Hors de question de nous carapater en intérieur!

Nous passons la matinée à visiter Trikala, ses mosquées, églises et monastères orthodoxes. Nous grimpons jusqu'au fort byzantin qui domine la ville, escaladant sa tour de l'horloge d'où nous profitons d'une vue sur l'intégralité de la ville.

En début d'après-midi, nous nous mettons en quête de nos armes contre l'hiver en vadrouillant dans le centre-ville. Nous dégotons une fine couverture, deux paires de chaussettes supplémentaires, une veste polaire pour Léonore, et des bougies chauffe-plat (oui, c'est petit comme moyens, nous verrons bien!).
L'hiver peut venir, nous l'attendons.

le fort Byzantin











Nous rechargeons nos réserves de gaz et de nourriture, puis quittons le centre pour aller stopper en direction de Zarkos, petit village à l'est.

Le stop s'avère marrant mais inéfficace : pendant deux heures, nous sommes acclamés par les gens qui passent, applaudis, klaxonnés... Mais personne ne nous prend!

Finalement, nous fuyons dans un champs pour aller arrêter un tracteur et demander à son conducteur si nous pouvons squatter son champs pour la nuit.

Nous testons notre panoplie : La couverture en isolation sur le sol de la tente, deux paires de chaussettes, deux pantalons et trois épaisseurs en haut, le tout saucissoné dans les duvets, avec les bougies en guise de chauffage d'appoint avant de dormir. Et c'est impeccable, nous dormons comme des loirs!

Au parc de Skadar, nous étions ivres de joie à la vue du ciel bleu, maintenant nous sommes transportés de bonheur parce que nous avons dormi au chaud. Voilà ce que l'on cherche : un plaisir basé sur une chose simple mais essentiel.

Le stop fonctionne beaucoup mieux ce matin, et nous sommes embarques en 15 minutes vers Zarkos. Nous arrivons dans le petit village blottit entre de petite montagnes, pause campagnarde avant Larissa, cherchant un moment les diff2rentes ruines du coin.









Nous passons dans les hauteurs du patelins devant deux petites chapelles qui surplombent le site archéologique, dont nous faisons le tour avant de nous diriger à travers les champs et les collines pour le monastère du coin. Après le casse-croûte sous ses remparts, nous rejoignons la nationale pour stopper en direction de Larissa.




Un jeune homme nous récupère en début d'après-midi, tout sourire, nous offrant des biscuits, discutant bien, écoutant un bon rock grec old school. Soucieux de nous trouver un endroit où dormir, nous lui demandons de nous déposer juste avant la ville, et il nous dit au revoir à grand renforts d'accolades et de bises, non sans nous avoir payé une pâtisserie! Nous trouvons une forêt clairesemée à deux pas de la ville pour y monter le campement.



theatre de Larissa, 3e siecle
Levé aux aurores pour nous enfiler Larissa dans la journée, nous marchons une bonne heure en direction du centre de la ville, sans grand intérêt en elle-même, à la recherche de l'ancien théâtre et de ses divers édifices historiques et religeux. Nous passons le théâtre, avant de grimper voir les ruines de la basilique St Achille, 3e siècle, ses bains publics et sa chapelle, dont il ne reste que les fondations. Nous redescendons en passant un grand nombre d'églises, de monastères et de parcs, avant d'aller lézarder au soleil pour le casse-croûte.

Basilique St Achille
Nous finissons notre tour de la ville en début d'après-midi, pour aller nous poster à la sortie sur la route de Volos. Nous voulons tenter une esquive de cette grande ville pour fuir directement vers l'est et les étendues déserte au bord de la mer Egée. C'est que les grandes villes commencent à oppresser nos esprits ivres de grands espaces!

Depuis le Monténégro, nous n'utilisons plus notre pancarte pour le stop : inutile en Albanie, où le simple fait de lever le pouce provoque l'arrêt simultané de 4 véhicules, et difficile à utiliser en Grèce. Et oui, ce n'est pas le même alphabet! Nous tentons tout de même la chose, en nous disant que les locaux apprécieront l'effort, et inscrivons donc ''ΒΟΛΟΣ'' sur notre pancarte. 

Un 4x4 s'arrête au bout de 20 minutes, et nous partons en compagnie de deux braves hommes, qui nous montrent l'Olympe qui se dresse au loin avant de nous faire profiter de la magie des routes grecques : la nationale sur laquelle nous roulons n'a que 10 ans, pourtant elle est pleine de creux, de bosses, de vagues. Nous y passons à 60 à l'heure, mais nous imaginons le choc pour quelqu'un qui ne connait pas la route et s'y pointe à 100km/h! Ils louent notre initiative de faire le tour du Pelion, ce grand bras de terre qui entoure la baie de Volos, nous conseillant diverse destinations, avant de nous déposer dans le centre ville, sur le port au bord de la baie. 

Nous traversons la ville pour nous planquer dans les montagnes couvertes de forêts qui s'étendent au sud, où nous découvrons un super coin en bordure de falaise avec vue sur la baie pour dormir.

Volos et sa baie











 Le nord du Pelion, la mer Egée


Nous avons pour projet de passer par-dessus la montagne à l'est de Volos dans la journée, pour redescendre au bord de la mer, avant de suivre la côte vers le sud par Papa Nero et Tsagarada. Ensuite, et bien nous ne savons pas trop si nous remontons à Volos par la baie ou si nous tirons encore vers le sud du Pelion, vers Trikeri.



Nous rejoignons la route pour stopper vers Portaria, dans les montagnes. C'est un photographe sillonant la Grèce qui nous récupère, pour nous poser les pieds dans la neige dans le village... Si le stop ne marche pas cet après-midi, nous sommes mal. Pour l'heure, nous déjeunons en profitant d'un panorama fantastique sur la baie. Après ça, coup de bol magnifique, la premiere voiture qui nous croise nous emmène à travers la montagne jusqu'a Anilio, non loin de la cote. 


Sur le trajet, nous profitons de la chaleur de la voiture en observant les 40 cm de neige qui couvrent le bas côté. Nous ne trainons pas à Anilio, avides d'aller crapahuter en forêt, et descendons par un sentier au milieu des châtaigners et des chênes, qui côtoient ici oliviers et mandariniers, pour rejoindre Papa Nero au bord de la mer. Mission accomplie! L'endroit, touristique en été, est complètement désert en ce mois de décembre, et nous plantons la tente face aux vagues.



Papa Nero









 
 Le lendemain est consacré à la balade. Nous grimpons à travers la forêt pendant une bonne partie de la matinée, rejoignant Tsangarada en début d'après-midi. C'est un petit village perché dans les hauteurs, mais nous en faisons vite le tour, et partons stopper pour le sud. C'est décidé, vu l'efficacité du stop ces derniers jours, nous tirons jusqu'à la pointe sud de la baie, par Argalasti, Milina et Trikeri.

Un couple gréco-québécois nous conduit jusqu'aux steppes roccailleuses et buissoneuses du centre du Pelion, et nous récupérons un point de chute à Montréal dans la foulée! Nous nous baladons un peu au milieu d'un décors complètement différent de celui du nord : buissons, terre ocre, oliviers.




Argalasti
Et c'est reparti pour le stop, pour être embarqué par un homme qui nous pose à Argalasti en fin d'après-midi. Nous faisons un petit tour dans ce village traditionnel, avant de rejoindre la route, où nous harponnons un camionneur qui nous emmène dans les hauteurs de Milina, où nous trouvons une terrasse herbeuse au milieu des oliviers offrant une vue magnifique sur le sud de la baie pour y passer la nuit.



Le sud du Pelion, retour à Volos


Au matin, nous descendons au petit port de pêche de Milina, avant de partir à pied dans une étendue complètement vierge, à l'exception de la route et de quelques maisons. D'un côté, la mer azure, et de l'autre de moyennes montagnes. Revert de la médaille : peu ou pas de voitures, mais qu'importe, c'est un vrai plaisir de se balader dans le coin.



Nous sommes à 30 km de Trikeri, et nous marchons une bonne partie de l'après-midi, croisant de temps à autre quelques troupeaux de chèvres. La côte forme une multitude de criques paradisiaques complètement déserte. Nous faisons une pause à la première, avant de poursuivre. Une deuxème nous fait de l'oeil, et à la troisième, n'y tenant plus, nous traversons un chaos de buissons et de rochers pour déboucher sur une plage de rocher entourée de végétation, offrant même un carré d'herbe pour la tente.

 Le truc en plus, c'est la température : terminé les journées à 10 degrés, nous profitons de 20 bon degrés en ce 14 décembre! Léonore ose le maillot et le trempouillage de pied dans l'eau turquoise, et nous nous couchons au son des vagues.


un 14 décembre, elle est pas belle la vie?








 




Nous parvenons le jour suivant en stop à Trikeri, dans les hauteurs du Pelion. C'est un petit village traditionnel plein de maisons blanches aux volets colorés. Nous explorons les étroites ruelles pavées qui serpentent entre les habitations, allons manger puis repartons.

l'église de Trikeri













Nous prévoyons 2 jours pour revenir à Volos, et ce ne sera pas de trop : durant la descente du village, 2 voitures nous croisent en 2h... Mais la troisième est la bonne, conduite par un apiculteur qui se rend justement à Volos!

Le hasard est génial! Avant de rejoindre Volos, notre bienfaiteur, Yanis, doit s'occuper de certaines des 1000 ruches qu'il possède dans les environs, et nous voilà en tenue d'apiculteur en train d'assister aux soins des abeilles!

Il nous dépose en fin d'après-midi à Agria, à 4km de Volos, et nous offre un gros pot de miel. Il éclate de rire lorsqu'il voit nos yeux émerveillés et reconaissant. Après 2 mois de nourriture 1er prix, ce cadeau nous fait très, mais alors très plaisir, et tombe à pic pour noël!

Nous marchons un peu le long de la côte, la nuit nous tombe dessus, et nous dénichons un petit carré de forêt au bord de la route où cacher la tente. Nous nous serions bien passés de la vue sur l'usine du coin et du bruit des voitures, mais il faut faire avec...

Nous avons rejoint Volos ce matin, terminant notre évasion formidable autour de la baie de Volos et du Pelion. Nous allons faire un petit tour de la ville, avant de mettre le cap à l'est, vers les sites archéologiques de Dimini et de Sesklo. Ensuite, nous comptons passer par Delphe, Athène et Corinthe, avant de rejoindre les Cyclades.

Il y a énormement de choses à voir en Grèce. Nous ne savons plus où donner de la tête, et essayons tout de même de ne pas trop nous éparpiller, appliquant une technique qui a fait ses preuves depuis le début du voyage : les échanges avec les habitants. On se pointe à un endroit, on discute à droite à gauche, et on programme. C'est magique comme méthode! Elle est idéale, combinée à notre flexibilité. Mais plus nous voyons de choses, plus nous découvrons tout ce que nous ratons! On ne peut pas tout faire, mais nous prenons à chaque fois bonne note des recommandations de chacun. Après plus de 2 mois de voyage, nous avons déjà de quoi faire pour le restant de nos jours!

La température est un peu remontée, et avec nos menus achats, les nuits sous la tente sont parfaitement supportables. Nous nous préparons a quitter l'Europe sous peu, ayant relativement modifié notre programme:

De la Turquie, nous pensons passer par l'Iran avant de prendre l'avion pour l'Inde depuis Téhéran. Ceci va sûrement inquiéter tout le monde, à cause des diverses informations diffusées sur ce pays par des médias aussi clairvoyants et lucides que la sacre-sainte télévision française ou le site diplomatique de notre cher gouvernement...

Anticipons donc : nous envisageons la chose depuis près de 3 semaines, nous nous sommes plus que renseignés, auprès de sources autrement plus fiables que les deux gros producteurs de conneries et d'idées reçues précédemment cités. Les routards tout comme les personnes voyageant de manières plus conventionnelles en font des éloges à tout bout de champs, sur nombre de forums et de sites, ou en face lorsqu'une rencontre nous en parle. D'après tout ce que nous avons lu et entendu, nous nous attendons à une impression similaire à celle que nous avons vécu en Albanie : agréable surprises, découvertes inattendues, et j'en passe. Avec impatience, nous mettrons donc en application l'une de nos nouvelle devise : toujours aller voir!

Pour détendre l'atmosphère, en ces périodes de fêtes, nous vous proposons un petit jeu de noël, d'une complexité élevée et n'étant pas à la portée de tout le monde :

Sur une seule de ces trois photos, Léonore pose avec le veritable Olivier, mais laquelle?





Prenez votre temps! Nous ne nous connecterons peut-être pas avant le 25, donc nous souhaitons à tout le monde un joyeux noël et de belles fêtes de fin d'année. Pensez à nous et à nos sandwichs quand vous vous gaverez de saumon et de foie gras. N'oubliez pas, l'absolue est dans le renoncement, et comme le disait Gandhi, ''La nourriture n'est pas faite pour plaire au palais, mais pour soutenir notre esclave de corp'' (même si c'est pas facile tous les jours...)