mercredi 22 janvier 2014

Des pélicans, du stop, la mer, et la plongée dans le vortex d'Istanbul

Nos esprits continuent de s'éparpillier en Turquie, de partout et dans tous les sens. Nous étions sous le charme, à présent nous sommes amoureux, et la vadrouille continue de la meilleure façons possible. Cette semaine a bien évidemment été principalement marquée par la découverte d'Istanbul, que nous nous apprettons à quitter après 5 jours d'exploration et de rencontres. Nous avons retardé le départ le plus longtemps possible, mais l'heure est venue de mettre les voiles...

En route pour Istanbul, Kuç cenneti, Zeytinbağ


Çanakkale
Alors bien sûr, nous avons eu notre lot de surprises avant Istanbul. A Çanakkale, nous avons mené une petite enquête concernant la suite des festivités. Nous voulons aller voir ces pélicans dont on nous a parlé! Problème, les seules infos dont nous disposons sont fragmentaires, nous avons oublié de noter le nom que nous a donné Julien : nous savons juste qu'il y a un endroit sur notre route où on peut voir des pélicans... Mais nous creusons, et finissons par découvrir la présence d'un parc national et son lac, Kuç cenneti, sur les cartes un peu avant Bursa, à 200 kilomètres de Çanakkale, qui contient une réserve ornithologique. C'est parti pour une bonne trotte, nous verrons sur place, n'ayant comme d'habitude aucune idée de ce que nous allons découvrir là-bas. La sortie de Çanakkale est simple, et le stop toujours magique : en deux levées de pouce de 2 minutes chacune et un après-midi sur la route (ça fait un bout de chemin!) nous nous retrouvons à 6 km du parc... Génial! Bon, la nuit se déroulera dans un champs au bord d'une bruyante 4 voies à côté d'une usine, mais nous nous consolons en nous disant que demain, peut-être, nous verrons des pélicans!

Kuç cenneti
Au matin, nous ne sommes même pas étonnés que la première voiture qui nous croise nous embarque pour le parc! Elle nous dépose dans le petit village du même nom que le lac, et nous rejoignons ses rives pour nous préparer un thé sur la plage de terre craquelée en regardant les centaines d'oiseaux qui virevoltent devant nous. Nous pénétrons ensuite dans la forêt jusqu'à l'entrée du parc, gratuite, pour nous faire accueillir par une brave dame qui nous fait visiter le musée consacré au coin (sympa, bien que nous ne prenions guère de plaisir à regarder des animaux empaillés...), puis nous passent des jumelles.

Nous repartons dans la forêt, découvrant bientôt une tour. Le sommet atteint, c'est la claque visuelle : le parc contient environ 3 millions d'oiseaux, de près de 600 espèces différentes... Et nous devons en avoir une bonne partie sous les jumelles du haut de la tour! Hérons, canards, et... des centaines de pélicans! Et dire que nous nous demandions si nous allions en voir! Nous restons 2 heures devant le spectacle de milliers d'oiseaux de toute sorte, ravis de cette incroyable surprise, avant de rejoindre le village des images plein la tête pour un petit çay sous les regards curieux des habitants. A présent, nous partons pour Zeyntinbağ, petit village côtier à 60 kilomètres plus au nord.

Zeytinbağ
En quittant le village, un camionneur nous embarque pour quelques kilomètres, et après un casse-croûte nous sommes emmenés à destination par une voiture, pour découvrir un endroit bien sympa, avec des maisons aux poutres apparentes, pour la plupart datant de l'Empire Ottoman. Nous passons voir la mer Marmara, et longeons la côte pour découvrir une plage déserte où poser la tente, face à la mer. Tandis que Léonore ramasse quantité de moules, je m'occupe de perdre notre ligne de pêche... que nous nous empressons de cuisiner. Lorsque la pluie arrive, nous montons la tente, et paf! L'arceau déjà cassé en deux, tenant avec notre miraculeux bout de tuyau de plomberie en plastique, se brise en trois... Coup de bol, nous en avions trouvé une longue section de rechange, et nous formons un tableau... intéressant : je coupe un morceau de tuyau à la scie frontale allumée, pendant que Léonore s'occupe des moules sur le réchaud, le tout sous la pluie battante. Mais qu'est ce qu'on rigole! Nous mangeons sous la tente, et au lit, afin de rejoindre Bursa tôt demain. Istanbul se profile à l'horizon!

Après un réveil très sympa sur la plage et un petit tour rapide dans le village, nous mettons le cap sur Bursa, et sommes récupérés en quelques minutes par un homme bien gentil, qui nous pose en péripherie de la grande Bursa (2 millions d'habitants!). Nous commençons à nous dire que passer seulement une journée ici sans s'être réellement renseigné sur les transports et les visites était peut-être audacieux... Nous savons juste qu'il y a pas mal de très bons sites à voir. Adorable, notre homme nous montre le métro, et nous propose même de l'argent pour les billets! Dans le métro, nous prenons conscience de la taille de la ville, chose que nous n'avions pas prévu, contrairement à Istanbul, et nous débarquons dans le centre au milieu des immeubles.

Et nous payons notre manque d'organisation : après 2 heures de recherche dans toute les directions, à part quelques jolies mosquées, nous ne trouvons pas le centre historique, et vu la taille de la ville, nous devons commencer à en sortir si nous ne voulons pas y rester bloqués à la tombée de la nuit... Et oui, parfois la non-planification coûte chère. Parfois seulement, mais aujourd'hui c'est le cas. Nous décidons en début d'après-midi de rejoindre directement Istanbul, entreprise à nouveau audacieuse... Mais non : un homme nous récupère, parlant anglais, pour nous proposer de l'accompagner à Yalova prendre le ferry pour la métropole.

Bursa
Répondant au nom de Serkan, il s'avère être un excellent compagnon, nous explique plein de chose, et la route jusqu'au ferry se termine sans problème. Nous discutons autour d'un café du problème de l'entrée de la Turquie en Europe, et il nous confirme ce que nous avons souvent entendu : l'incompréhension du refus domine. Et nous comprenons. La moitié des pays d'Europe sont à genoux économiquement, la Turquie prospère, ses habitants désirent l'Europe, et l'entrée du pays dans l'Union serait un plus pour tout le monde. Mais non, à Bruxelle on se cache derrière des excuses absurdes, on fait trainer, effrayé par une religion que l'on stigmatise. Ce serait une main tendue à l'Islam modérée, mais non, et l'Europe va bientôt voir passer sous son nez ce merveilleux pays. C'est triste.
l'arrivée à Istanbul
Nous embarquons bientôt pour traverser la Marmara, et commençons à saisir grâce aux explications de Serkan dans quoi nous nous apprettons à mettre les pieds. Durant la traversée, plusieurs fois on nous demande si c'est notre première fois à Istanbul, avec un sourire lorsque nous répondons par l'affirmative. Nous comprenons peu à peu : 20 millions d'habitants, plus de 100km de long, forcément ça doit être quelque chose d'intense. Serkan, à qui nous avons raconté nos aventures, nous conseille d'oublier nos montagnes et nos parcs, nos petits villages, de considérer Paris et Athène comme des villes minuscules, et de profiter de ce qu'il considère comme l'un des plus beaux endroit au monde. Et nous commençons à voir défiler les immeubles... 

Istanbul

 
centre historique
Ce n'est pas grand, c'est prodigieusement gigantesque. La ville défile, encore et encore, les immeubles de la partie asiatique, le bosphore, le centre historique où se dresse la Mosquée bleue et Aya Sofia. Plein de minarets jaillissent parmis les bâtiments, et à l'ouest nous ne pouvons même pas apercevoir les limites de la cité qui se perdent à l'horizon. D'accord. Serkan nous laisse son numéro en cas de problème, nous explique comment rejoindre le quartier de Taksim où se trouve notre guest house, le ferry accoste, et nous plongeons dans le bouillon.

a gauche, l'Europe, a droite, l'Asie!
Et puis voilà, la foule, les voitures, les lumières, c'est une vrai fourmilière. Sur la carte, Taksim paraissait proche, mais à l'échelle de la ville, c'est en fait 7 kilomètres qui nous en séparent... Ce matin nous étions sur une plage déserte, et nous voici ce soir dans une sacrée agitation! A Taksim, c'est dingue. Pour visualiser la foule qui parcourt l'avenue piétonne commerçante partant du square, il faut imaginer la rue de la République à Lyon un soir de fête des lumières. Tous les jours. Ah ba oui ça deboussole, mais nous ne sommes pas débordés par la chose.

En plus, la ville est extraordinaire de nuit, notre première heure de marche à travers les avenues nous en met plein la vue. Derrière Taksim square, nous retrouvons un quartier plus calme et parvenons au Route 39, pour y découvrir une ambiance absolument géniale d'auberge espagnole, avec des voyageurs qui viennent des 4 coins du monde pour rencontrer des gens. L'ambiance est très chaleureuse, communautaire. Nous décidons de rester la 3 jours, et après avoir posé les sacs au dortoir, nous sortons pour nous imprégner un peu de l'atmosphère. Pour bouger, Taksim, ça bouge! Nous rentrons bientôt papoter un peu avec ce meltin pot de nationnalités, allemands, français, grecs, bresiliens, canadiens, et frissonons de bonheur en allant nous coucher en pensant au séjour qui s'annonce. Vivement demain!

Le Bosphore
Premier jour dans...Byzance? Constantinople? Istanbul c'est ça. Nous prenons le pti dèj face au Bosphore, avant de rejoindre le centre par un créneau près de la tour de Galata et de la mosquée d'Ali Pacha, passant la mosquée d'Yemii, pour aller voir l'intérieur et ses foules de céramiques. Nous traversons ensuite le bazar aux épices, ce qui nous prend un certain temps étant donne le nombre de rabatteurs plein d'enthousiasme qui nous harponnent tous les deux mètres. Nous en prenons plein les narines!

Galata Tower
En début d'après-midi, nous passons au consulat iranien pour les visas, mais il est fermé tout le week-end... Nous rejoignons ensuite les jardins du palais de Topkapi, avant d'aller explorer le château lui-même. Joyau de l'empire Ottoman, l'édifice est resplendissant et nous y terminons l'après-midi, le temps de faire le tour des expositions montrant le faste et le luxe qui régnaient à l'époque des sultans. Au soleil couchant, nous passons admirer Aya Sofia et la mosquée bleue, fermée à l'heure de la prière.

Nous reviendrons de toute façons. A la nuit tombée, nous vadrouillons le long du canal, passant un pont où des centaines de pêcheurs taquinent le fretin, pour rejoindre nos appartements. Arrivés à Taksim, nous nous retrouvons en pleine manif (cf actualités Turquie). Nous nous refugions dans une ruelle. Nous nous abritons dans un cyber, et en contrebas règne un vacarme de guerre.  Nous rentrons à l'auberge quand les choses se calment. Demain, un grand nombre de gens s'en va, et nous passons avec eux leur dernière soirée.











     

Le lendemain, nous vadrouillons dans Taksim et ses inombrables boutiques, cafés, restaurants, magasins, au milieu d'une foule dense. La journée est surtout consacrée à skype, et nous passons un bon moment à discuter avec les proches. Nous terminons par un petit narguile accompagné de salhep. Nous décidons de prolonger notre séjour à Istanbul, tant cette ville est extraordinaire.

Citerne Basilique
Le jour suivant, nous nous levons tôt pour finir le tour du centre historique : nous visitons la citerne Basilique, incroyable avec ses colonnes éclairées et son haut plafond, avant de nous enfoncer dans le grand bazar. C'est impressionnant, plein de lumières et de boutiques, d'étals, de couleurs. En fin d'après-midi, nous passons écouter l'appel à la prière sur le parvis de la mosquée bleue (encore un moment incroyable et unique), avant de faire le tour d'Aya Sofia puis d'entrer, enfin, dans la Grande Sultan Amhet. 
L'intérieur est démesuré, magnifique, plein de couleurs et de motifs complexes. Nous y restons un bon moment, avant de partir à pied visiter les autres grandes mosquées qui se dressent au nord de Sultanamhet. Le culte musulman interdisant la vénération d'idoles, l'intérieur des édifices n'est que couleurs et motifs, inscriptions dorées des différents noms d'Allah, et nous apprécions beaucoup. C'est moins austère que beaucoup d'autre édifices religieux, et magnifique.

sacré bazar!
Après tout ça, nous sommes content d'aller nous poser avec la troupe au Route 39. De nouvelles personnes arrivant tous les jours, chaque soir compte son lot de nouvelles rencontres! C'est qu'on y vivrait bien!








 
Pour notre avant dernier jour à Istanbul, nous prenons un ferry pour aller faire un tour du côté asiatique, pour nous y balader tout l'après-midi, montant et descendant parmis les ruelles, passant quelques mosquàes avant d'aller nous poser sur un quai pour regarder, au fur et a mesure que le soleil descend, les lumières du côté européen s'allumer. C'est assez amusant d'être en Asie et de regarder l'Europe de l'autre côté du Bosphore!







Et ce matin, la petite surprise du jour... Nous repassons au consulat iranien pour prendre nos visas, ayant décider de faire la demande, puis de vadrouiller le long de la mer noire avant de revenir à Istanbul pour les récupérer. Nous apprenons qu'à Istanbul, pour obtenir le visa iranien, nous devons justifier une résidence en Turquie, ou retourner à Paris faire la demande. Nous expliquons que nous ne pouvons pas, et que de nombreuses personnes nous ont dit ne pas avoir eu de problèmes pour faire leur visa en Turquie. Le problème, c'est que les pièces demandées varient d'un consulat à l'autre. Changement de plan : nous partons ce soir en bus pour la Cappadoce, puis nous irons à Trabzon, à l'est de la mer noire, où des amis ont obtenu en une journée le visa en fournissant seulement passeport et photos. Nous n'irons ensuite pas prendre le train pour Tabriz à Ankara mais à Van, à l'est du pays. Ecris c'est une chose, mais les curieux jetteront un oeil sur google map pour avoir une idée du periple qui nous attend... En attendant, nous partons ce soir à minuit pour prendre le petit déjeuner demain au milieu de cette incroyable Cappadoce!

Nous sommes très impatients de voir enfin cette région dont tout le monde parle, et nous sommes ravis de la rejoindre. En même temps, les moments passés à Istanbul ont été fabuleux, et nous sommes un tantinet nostalgiques. Et enfin, nous sommes en train d'assimiler une modification assez conséquente de notre itinéraire. Tout ceci combiné met dans un état d'esprit assez indescriptible, vertigineux.

Istanbul a été un tourbillon de découvertes et de rencontres, faiblement brossé dans ces lignes. Cette ville est merveilleuse, et mélange de manière incroyable orient et occident. Les boutiques de luxe côtoient les étals d'épices, les vendeurs à la criée de contrefaçons de parfums croisent les serveurs en costumes des restaurants, et les döners touchent les Burgers Kings. Les civilisations qui se sont succédées ici ont toutes laissé une empreinte, les édifices sont formidables... Nous pourrions en parler pendant des heures. Et s'il n'y avait eu que la ville... Au route 39, nous avons eu l'impression de faire partie d'une grande colocation fraternelle et solidaire, enrichissante et chaleureuse, et nous penserons souvent aux gens que nous avons rencontré là-bas.

Nous manquons de superlatifs. Pour donner une idée de notre impression sur Istanbul, nous pouvons dire qu'il s'en est fallu de peu pour que nous acceptions de travailler à l'auberge, 2h par jour en échange du lit gratuit. Mais nous devions rester pour cela au minimum 1 mois, et cela nous faisait trop long, l'Asie se rapprochant à grand pas.

Le soir, avant de prendre le bus pour la Cappadoce, avec des idées qui virevoltent plein nos têtes, nous regardons pour la dernière fois les rives européennes de l'autre côté du Bosphore. Au-revoir l'Europe!




mercredi 15 janvier 2014

Sur la route de Çanakkale!

Que de nouvelles! 2 articles en 5 jours, ça c'est du productif. Mais ne vous y habituez pas trop. Pourquoi 2 publications tant rapprochees? Et bien parce que la route pour Çanakkale et l'application de l'une de nos maximes favorites, ''toujours aller voir'', ont eu des resultats assez gigantesques. Notre decouverte de la Turquie se poursuit, et nous prenons veritablement notre pied. C'est un pays ou nous ne faisons que rarement les courses tellement on nous invite a manger, ou nous ne consommons presque plus notre eau tant les verres de the offerts se succedent, ou nous rencontrons chaque jour de nouvelles personnes formidables, et ou nous avons mal aux bras tant nous rendons de saluts chaleureux. Ce pays est magique, tout comme ses habitants. Recit de la transformation d'un trajet d'une journee en une vadrouille de 4 jours dans la campagne, sur la cote ouest, de laquelle nous sortons emplis d'un sentiment de plenitude et de bonheur assez unique dans nos petites vies de terriens :

Depart d'Ayvalik pour Çanak... Assos? Keceça Assos?




En quittant le cyber a Ayvalik, nous nous retrouvons en plein centre ville et il fait nuit. Heureusement, le hasard a eu la judicieuse idee de bordee la ville juste derriere le cyber d'une foret touffue ou nous posons la tente serein.

Au matin, psychologiquement pres a une journee stop pour rejoindre Çanakkale, quelques 170 km plus loin, nous partons lever le pouce au bord d'une route de campagne, confiant. Le voyage en stop en Turquie est un reve! Nous sommes embarques pour quelques kilometres par un jeune homme, puis par un gars qui nous depose dans la petite ville de Gömeç (prononcer Gueumetch). Apres un petit casse croute, c'est un camionneur qui nous embarque, ne parlant que le turc mais avec un entrain et un enthousiasme communicatif.

mosquee de Gömeç
De plus il s'avere que l'anglais n'etant pas vraiment repandu en Turquie, nous developpons chaque jour notre vocabulaire avec l'aide de ses charmants habitants, et nous parvenons a present a nous faire tres relativement comprendre. Le gars nous invite bien sur pour le çay (the) sur son chantier, avant les au-revoirs. C'est ensuite un homme aux reflexions assez speciales sur certains pays d'Europe (la Roumanie et la Bulgarie c'est de la merde...) qui nous recupere jusqu'a Burhaniye, grande ville le long d'un littoral tres urbanise. C'est alors un couple qui nous embarque, nous parlant pour la premiere fois d'Assos, sans trop parvenir a nous expliquer ce que c'est. Notre chauffeur suivant nous en parle aussi avec beaucoup d'insistance, toujours en turc, nous montrant sur notre carte un petit village cotie du nom de Berhamkale. Ok l'ami, laisse tomber Çanakkale, en avant pour la cambrousse. Ça sent le site immanquable, et nous nous gavons de notre flexibilite et de cette façon de voyager. Nous descendons a 18 km du village et quittons la route de Çanakkale pour rejoindre la cote, pour harponner d'un coup de pouce Metin, qui rentre a Izmir et desire faire un tour par Assos. Nous atteignons le petit village qui s'etale a flanc de colline au milieu de plaines brousailleuses a l'herbe rase magnifiques en fin d'apres midi, descendant vers le port en croisant de hautes muraille delimitant un site enorme a la base de la colline.

port de Berhamkale
Nous verrons ca demain, a premiere vue c'est plutot allechant. Sur la descente, nous croisons aussi un camtar avec du linge en train de secher... Tiens... Nous arrivons dans un mignon petit port de peche aux bateaux multicolors et aux maisons de pierres sombres de style Ottoman, et Metin nous invite a manger un bout. Oui, n'en deplaise a certains refractaire au grignotage de l'apres midi, en Turquie c'est comme en Grece : quand on a faim, on mange! Nous acceptons avec joie, pour se rendre compte que par ''grignoter un morceau'', Metin entend ''se taper une monstrueuse boustifaille au restaurant''.

Avec son portable et google trad, nous pouvons aisement communiquer, et nous le remercions mille fois pour son extreme generosite, tandis que la table se charge de victailles : crevettes aux champignons, aubergines, calmars, piments fourres au fromage, salades en tout genre... Le tout arrose d'un petit blanc du coin debouche sous nos yeux. C'est magique, chacun connait la qualite de la cuisine turcque! Magique et naturel, comme si nous inviter au festin etait normal. La soiree est excellente, nous discutons pas mal des relations Iran-Turquie, du petit prince (enfin une reference non footbalistique sur l'hexagone!), de l'etat politico economique de nos pays. Metin est adorable. Et c'est la qu'arrive le plat de poisson grille. C'est une blague? Allons-nous nous reveiller? A la fin du repas , notre ami nous ramene dans les plaines un peu a l'ecart du village. Les au-revoirs sont poignants, et il termine par une phrase que nous n'oublierons jamais tandis que nous le serrons dans nos bras : ''In Turkey, no friends, only brothers''. Crenom de pays. Nous marchons une dizaine de minutes avant de planter le camp dans un ecrin de verdure puis de regarder les etoiles en ecoutant le dernier appel a la priere de la journee. Et le reve ne fait que commencer!

Berhamkale, Assos


rempart de la necropole
Au matin, en avant pour la decouverte d'Assos. L'entree du site est gratuite, et nous decouvrons qu'il s'agit d'une veritable ville en ruine qui s'etale sur tout le pourtour de la colline, presentant une foultitude de vestiges de differente epoques. Nous passons une necropole, un ancien gymnase avant d'arriver a l'agora entouree de hautes colonnes. Il n'y a pas de chemin predefini, il y a des ruines absolument partout, temples, arches, escaliers, fondations, colonnes, gravures et bas reliefs, nos ames d'archeologues et d'aventuriers se gavent de cette exploration libre au milieu du site gigantesque.
Agora
Vestiges grecs, romains, ottomans et medievaux s'y melent, c'est assez impressionnant. Nous terminons par le theatre avant d'aller embeter les occupants du camion. Nous faisons ainsi la connaissance d'Anais, Julien, et Balthazar le camtar, qui suivent actuellement la route de la soie pour rejoindre la Chine avant de continuer tout autour du monde. Ils nous proposent de passer la journee avec eux et s'averent etre d'excellents et genereux compagnons.

Entre partages d'anecdotes, visite de la petite vieille du coin qui vient nous vendre ses bricoles et balades, nous passons une bien bonne journee, face au panorama de collines verdoyantes qui s'etale tout autour de Berhamkale.




Etant deja passe par Istanbul, ils nous transmettent une foule d'info, un plan de la ville annote, une adresse de guest house pas chere... Que du bonheur! La journee se termine en degustant, miracle de miracle, du saucisson, du comte et de la terrine de sanglier qu'ils ont dans leur bagages. Nous en avons presque les larmes aux yeux! S'ensuit un petit tour hors du temps et de l'espace dans les ruines au clair de Lune, puis une nuit douillette dans le ventre de Balthazar equipe pour 4 personnes. Merci merci merci!



Gülpınar, Çanakkale



Nous reprenons la route apres les au-revoirs, traversant une etendue verdoyante et buissonneuse jusqu'a midi, apres quoi nous stoppons pour etre charges a l'arriere d'une camionnette et depose dans un minuscule village, d'ou nous attrapons une navette pour Gülpınar. Dans ces contrees campagnardes, inutile de dire que nous attirons l'attention, et les questions fusent, ainsi que les saluts amicaux et les sourires ravis lorsque nous exposons nos notions de turc. Tres chaleureuse la campagne turque!

Nous decouvrons en Gülpınar un village de taille modeste, que nous explorons un peu avant de rejoindre la route vers le nord. Sur le trajet, fideles a nos habitudes, nous bifurquons pour suivre un panneau indiquant un sanctuaire d'Apollon tout proche. Il y a tellement de vestiges dans la region que leur decouverte devient presque banale! Pendant que nous observons les colonnes et les ruines du temple, une femme nous aborde dans un anglais impeccable, chose peu commune dans le coin. Nous sommes invites a prendre le the avec ses amis, avant que Yur, notre anglophone, nous propose l'hospitalite pour la nuit.

sanctuaire d'Apollon de Gülpınar
Elle nous connait depuis 5 minutes. C'est dingue. Elle fait confiance a son instinct nous dit-elle, et il doit etre affute : veritable matriarche du village, elle y enseigne la langue de Shakespear apres avoir ete professeur en universite a Istanbul, en Ecosse et aux Etats Unis. Nous acceptons, pour passer une excellente soiree en compagnie de cette adorable femme, veritable puit de science et d'histoire, a l'esprit critique aiguise et a la langue qui l'est tout autant. En plus des cours d'anglais, elle traduit des livres en turc et tricote des couvertures au crochet. Elle nous en offre d'ailleur une, cadeau inestimable de sa part. Chacune des couvertures, entierement faite a la main, represente plus de 100 heures de travaille... Les discussions avec notre eclaire hote sont tres enrichissantes, et nous nous retrouvons sur pas mal de sujets. Elle critique la religion qui ferme l'esprit, la societe basee sur la consommation, la transformation des envies en besoin par un capitalisme qui endette les gens et encourage la surconsommation.
Une revolutionnaire avec laquelle nous dissertons pendant des heures. Elle admire notre philosophie de voyage et le denuement dans lequel nous vivons, indispensable au retour a l'essentiel. Tresors de gentillesse, elle nous invite a profiter d'une douche chaude, nous concocte un repas a tomber par terre, et apres les discussions socio-philosophique de l'apres midi nous terminons par des blagues bien salaces. Avec Yur, d'un certain age, c'est extra! La nuit est douce, nous nous souvenons de la toute petite phrase de laquelle tout est parti : Assos ca doit etre bien...



bazar de Çanakkale
Les au-revoirs sont emouvant, et nous quittons notre adorable Yur le coeur gros. C'est repartit pour la cambrousse. Peut etre un jour allons nous finalement reussir a atteindre Çanakkale! Le premier homme qui nous recupere ne nous aide pas dans ce sens, nous invitant pour le the dans un tout petit village. Nous sommes l'attraction, mais ne recoltons que des sourires et des bienvenues. Nous continuons a pied, pour traverser une zone de forets et de falaises, pour etre encore trimballes par trois stop jusqu'a Çanakkale. Et bien quand meme! Nous rejoignons le centre, trouvons une pansyon pas chere et allons vadrouiller dans la ville, passant mosquee, bazar et le cheval du film ''Troie'', avant de manger un morceau. Ca y'est, nous nous sommes passes la bague au doigt et Leonore s'est achete un foulard, en previsions de l'Iran. 


Et nous voila sur le point de quitter la ville pour rejoindre un suppose parc avec des pelicans conseille par Anais et Julien, a 50 km de Bursa.

Ce minuscule article avec ses quelques photos est tellement fade en comparaison de ce que nous eprouvons chaque jour dans cette merveilleuse Turquie que c'en est presque enervant. Nous sommes aux anges, pleins, entiers, attendant avec impatience le leve du soleil chaque nuit pour savoir ce que la nouvelle journee nous reserve. Les gens sont formidables, les paysages et les visites aussi, et nous sommes bien, completement et sincerement. Que ca continue le plus longtemps possible!