vendredi 30 octobre 2015

Animation volontaire à Vientiane, Kong Lo : formidable expérience, belles rencontres et grandioses découvertes... Décidément, le Laos...

Bonjour tout le monde!

Tout beau tout chaud, voici un petit résumé des deux semaines que nous avons passé dans la capitale du Laos, Vientiane. 

Un séjour particulier et riche, étant donné que nous y avons travaillé en tant que volontaires dans une crèche, tout en célébrant la fin de notre deuxième année sur les routes du monde en compagnie d'une famille merveilleuse qui nous a accueillit comme des rois. Une bien belle expérience, qui nous a permit de plonger un peu plus profondément dans le pays tout en visitant la calme capitale chargée d'histoire. En prime, quelques informations sur la suite du voyage, pour une fois à peu près carrées suite à une prise de décision fulgurante, et la traversée d'une des plus grande rivières souterraines du monde!

Avant de commencer, quelques mots sur le job et la manière dont nous l'avons trouvé. Comme nous l'avions dit, nous comptions dès le départ chercher du travail au Laos, en échange du gite et du couvert, afin de pouvoir rester plus longtemps dans le pays tout en profitant de toutes les bonnes choses que nous apportent systématiquement nos petits jobs de bénévoles. Cette fois, nous n'avons pas trouvé notre poste par le biais de notre cheval de bataille, les rencontres, mais grâce à internet et au site Helpx, qui met en relation des gens du monde entier proposant tous les travaux possibles et imaginables en échange de l'hébergement et/ou des repas avec des voyageurs. En gros, c'est un site de petites annonces classées par pays pour bénévoles. 

Problème, lorsqu'on trouve une mission intéressante, il faut mettre la main au porte-monnaie pour obtenir les coordonnées de l'annonceur... Si la somme à débourser n'est pas énorme, le principe de payer pour travailler nous fait tiquer, et il sera toujours hors de question de raquer pour ça. 

Cette fois, nous avons eu de la chance. Nous découvrons sur Helpx une annonce plus qu'alléchante : la directrice française d'une crèche à Vientiane cherche des animateurs bénévoles francophones. LE job parfait pour nous! Il faut juste trouver un moyen de la contacter... Et pan! Sous l'annonce, nous tombons sur le commentaire d'une ancienne bénévole, qui parle du formidable accueil que lui avait réservé une dénommée Marianne. Nous n'avons eu qu'à taper ce prénom sur google pour tomber sur le site web de la crèche et contacter Marianne! Elle nous annonce qu'elle a effectivement besoin de bénévoles, et qu'en échange de 5 heures de travail par jour, nous disposerons d'une chambre chez elle, de tous nos repas et de nos week-ends. Yeepee!

Une fois prises toutes nos dispositions, après une fantastique semaine passée à vadrouiller l'une des plus belle ville d'Asie, nous nous préparons donc à partir pour la capitale.

Et oui, l'heure est venue pour nous de quitter cette chère Luang Prabang. Nous rejoignons la station de bus à pied aux premières lueurs de l'aube, et à 8h nous embarquons pour 110000 kips à destination de Vientiane.

Le trajet est censé prendre 9 heures, nous en prévoyons donc au grand minimum 12... Et puis non! Nous arrivons à 17h dans la capitale, après un périple fantastique dans les somptueux décors du pays.

Nous voilà à Vientiane. La capitale actuelle du Laos s'étale au bord du Mékong (encore lui!), qui forme ici la frontière naturelle avec la Thailande. L'histoire tumultueuse de la ville reflète bien celle du pays : au fil des siècle, le centre de l'ancien royaume de Wieng Chan passa sous la domination des birmans, des chinois et des siamois (habitants du royaume de Siam, l'actuelle Thailande), qui en rasèrent la quasi-totalité au 19è siècle. Les Français en firent la capitale du territoire Lao pendant le protectorat (je resterais toujours subjugué par l'hypocrisie qui entoure ce terme...) et entreprirent un début de reconstruction à grand coup d'architecture coloniale. Lorsque le Pathet Lao s'empara du pouvoir en 1975, soutenu par le Vietminh, il dota la cité de mAAArveilleux bâtiments à la gloire du communisme, tout en béton aux couleurs grisonnantes... Ces dernières années, l'ouverture du pays au capitalisme et à son cortège d'investisseurs étrangers a entrainé l'urbanisation massive et rapide de Vientiane. Voilà pour la petite histoire!


De retour dans l'animation volontaire à la Tukata! 


Sous la pluie, nous négocions un tuk-tuk pour le centre-ville, qui nous dépose devant une guest house. Nous demandons à voir Marianne, puis suivons le réceptionniste dans une petite ruelle jusqu'à un portail croulant sous les plantes. Nous y voilà!

Nous faisons la connaissance de Marianne et de sa merveilleuse petite famille. Expatriée au Laos depuis un bon moment après de nombreux voyages, elle s'y est mariée il y a 8 ans avec To, originaire du pays. Ils ont eu ensemble deux enfants, Tookta, 6 ans, et Tony, 2 ans. La famille s'apprête à quitter le Laos au mois de décembre pour aller s'installer en Hollande.

Voilà 6 ans que Marianne gère la Tukata, une crèche montée de toutes pièces par une québècoise, qui accueille des enfants de tout horizon âgés de 6 mois à 5 ans.

Les discussions sur le voyage et l'animation vont bon train, et nous sommes accueillis comme des rois dans une fantastique petite maison où habitent également Corentin, ingénieur en agronomie français travaillant pour une ONG au Laos depuis plusieurs années, et Michelle, une coiffeuse coréenne.

Nous nous installons dans notre chambre, et papotons toute la fin d'après-midi avant de diner en famille, en tailleur sur le sol du salon.

Nous nous couchons ravis. Nous voilà en compagnie d'une famille fantastique, Marianne est adorable, ouverte et pleine d'histoires... Nous allons nous plaire ici!

Chose appréciable, les conditions de notre travail ici sont claires : de 7h30 à 12h30, du lundi au vendredi, en échange du gite et du couvert. Non parce que c'est mignon les volontariats anarchiques où l'on ne sait jamais de quoi sera fait la journée, mais c'est quand même sympa de savoir précisement ce qu'on attend de nous. Et nous commençons dès le lendemain!

Levés aux aurores, nous nous mettons en route pour la crèche. A noter que si le petit Tony nous accompagne, Tookta suis les cours du lycée français de Vientiane, qui fait office d'école primaire et de collège.

Arrivés sur place, nous découvrons l'équipe et les locaux. L'établissement hébergeant le centre appartient à un grand propriétaire lao, qui détient aussi, entre autres, plusieurs écoles. L'équipe d'animation est composée de femmes laos, qui travaillent ici de manière permanente.

Après les présentations, le café et la visite, il est temps de se mettre au travail comme les premiers enfants arrivent.

Bon, c'est une crèche, nous n'allons pas vous faire toute la programmation. La plupart des activités, sous l'impulsion de Marianne, trouvent leur inspiration dans la francophonie, l'un des piliers éducatifs de Tukata. Les titous sont laos, enfants d'expatriés ou métisses, et ceux qui parlent comprennent souvent plusieurs langues! La communication n'est tout de même pas évidente parfois, même si l'anglais et le français dominent. Difficile pour nous d'expliquer quelque chose à une petite qui comprend uniquement le lao et l'allemand!

Vu l'âge des ptios, la matinée s'articule surtout autour des nombreux temps de vie quotidienne, et voit se dérouler plusieurs activités, chant, danse, dessin, lecture, jeux, cuisine etc... Sans parler de la cour, son bac à sable, ses vélos et ses lapins! 



Le bon point avec Marianne, c'est qu'elle a établit de manière claire le rôle des bénévoles : nous sommes là en renfort, pour donner un coup de main et jouer avec les enfants, mais nous n'avons pas à assurer l'organisationel.

Une sympathique première matinée de remise dans le bain, au milieu des rires, des pleurs, des cris et des têtes blondes qui cavalent. Ca nous change pas mal... Durant la dernière colonie que nous avons dirigé avant notre départ de France, nous nous occupions de jeunes âgés de 14 à 17 ans, en autogestion dans un camping, et même durant toute notre carrière dans l'animation, nous n'avons que rarement eu l'occasion de nous occuper d'enfants aussi jeunes.

Les jours passent, et nous nous habituons rapidement aux spécificités de l'accueil en crèche et de la tranche d'âge. Les enfants arrivent à partir de 7h30, prennent leur petit déjeuner et jouent. Tout le monde se réunit ensuite pour quelques comptines françaises, à la suite de quoi nous récitons les nombres, les jours de la semaine et l'alphabet. Les activités commencent ensuite et durent jusqu'en fin de matinée, heure à laquelle nous faisons manger les titous, avant de les envoyer progressivement à la sieste. 
L'équipe de Marianne fonctionne admirablement bien, la structure est bien rodée et tourne parfaitement. Tout est pro, la sécurité, l'hygiène, le respect du rythme des enfants, les activités, l'organisation et le découpage des temps de la journée etc... Ca peut paraitre normal, mais rappelons que nous sommes au Laos...

Au fil des jours et des discussions, nous en apprenons plus sur la gestion d'une structure telle que la Tukata dans un pays comme le Laos, et nous comprenons l'importance du travail que réalise Marianne : ici, point de code de l'action sociale et des familles, il n'y a aucun cadre officiel organisant les accueils collectifs de mineurs, et la notion de droits de l'enfant est un concept assez vague, pour ne pas dire inexistant.
Presque sans aucun cadre juridique ou législatif, elle a créé une charte des droits de l'enfance et un véritable projet éducatif et pédagogique pour la structure. Elle organise des temps de formation avec son équipe et s'occupe de trouver des partenariats pour enrichir les activités de la semaine. Un intervenant musical et un intervenant en art plastique viennent ainsi une fois par semaine proposer des activités plus spécifiques.



Nous rallions si souvent contre toutes ces lois restrictives qui régissent les accueils de loisirs et les séjours de vacances chez nous, tout en comprenant bien sûr qu'elles sont là pour protéger non seulement les enfants, mais aussi le personnel. Nous le comprenons encore mieux après tout ce que nous a raconté Marianne sur les menus problèmes ayant secoués la Tukata ces dernières années et leur résolution. Sans lois derrières lesquelles se protéger, en cas de problème ou de litige avec des parents pointilleux (et il y en a!), il faut régler la question à l'amiable, ou alors... Et bien il faut régler la question à l'amiable, point. Il est inutile de compter sur un soutient officiel ou gouvernemental. Et quand le litige en question peut déboucher sur une ambiguité grave concernant un problème très sérieux (maltraitance, harcèlement etc...), et bien... Nous ne savons pas. Marianne a établit un fonctionnement carré et une transparence totale vis-a-vis des familles, et les contentieux ne sont jamais allés bien loin.

Bref, nous apprenons plein de choses, nous nous replongeons avec bonheur dans l'animation, et la vie est belle! D'autant qu'à côté, nous prenons du bon temps, avec tous nos après-midi et nos week-end de libres!


Wieng Chan




Nous profitons du premier pour visiter un peu Vientiane. De ce que nous en avons lu ou entendu, la capitale comporte nombre de temples multicolors et d'édifices témoins du monstrueux bazar que constitue l'histoire du Laos. 

Nous passons voir le temple Inpeng (ou In Paeng, selon la translittération un brin flou mise en place par les français pendant le protectorat)













Nous rejoignons ensuite le wat Sisaket (entrée : 5000 kips), édifice célèbre pour son histoire et son ancienneté. Il a été construit entre 1819 et 1824 sur l'ordre de Chao Anou, le dernier roi de Vientiane. A savoir qu'en 1827 et 1828, les siamois mirent à sac la ville, contraignant la plupart des habitants à l'exil de l'autre côté du Mékong. La plupart des temples furent alors détruits à l'exception de Sisaket, et l'activité religieuse s'y poursuivit pendant tout le 19è siècle, et ce malgré la désertion de la ville.



C'est aujourd'hui le seul temple de l'ancien royaume de Vientiane qui a gardé son état d'origine. Le complexe a bénéficié de plusieurs programmes de restauration tout au long du 20è siècle, et c'est aujourd'hui un musée qui comporte certaines des oeuvres les plus anciennes de la capitale. Le mur d'enceinte forme une arcade abritant plus de 2000 bouddhas en pierre, en bois, en argent ou en bronze




Nous empruntons ensuite la rue Lan Xang, pour arriver au Patuxai, l'arc de triomphe de Vientiane, construit en 1960.



Nous quittons ensuite les grandes avenues pour tomber sur le wat Budharatanamondob (à répéter trois fois sans bégayer!). En cour de construction, c'est encore un festival de couleur et de peinture dorée bien kitch. Lorsque nous en parlerons à Marianne, elle nous expliquera que la ville construit des temples continuellement un peu partout, investissant dans les lieux de cultes des sommes faramineuses. Nous ne jugerons pas ce procédé dans un pays aussi pauvre mais aussi croyant que le Laos...










Continuant notre tour du centre historique, nous passons voir le That Dam, surnommé le ''Stupa Noir''. Celui-là, personne ne sait de quand il date... La légende veut qu'il ait été autrefois couvert d'or, avant que le précieux revêtement ne soit pillé par les siamois lorsqu'ils saccagèrent la ville en 1828. Un autre mythe veut que le stupa se soit trouvé au dessus d'un dragon endormit, qui se réveilla pour protéger les citoyens de la capitale pendant la guerre. En tribut pour son aide, le filou aurait embarqué l'or.



Au retour, nous nous arrêtons dans tous les temples que nous croisons. C'est toujours magnifique et emprunt de sérénité, mais nous commençons à avoir notre dose, surtout après Luang prabang...






Une bonne journée de balade, qui nous a permis, en dehors des visites, de découvrir la capitale la plus calme que nous ayons jamais vu. Bien sur, la ville est bien une ville, urbanisée, avec du traffic et du monde, mais rien n'a voir avec les autres grandes villes que nous avons visité. Le calme lao est encore et toujours là!

Nous terminerons sur les rives du Mékong, très animées durant le week end. Un marché de nuit s'y tient, il y a beaucoup de monde qui se promène sur les berges, et nous rejoignons un troquet pour boire un verre, nostalgiques. Sur l'autre rive du fleuve, la Thailande nous attend paisiblement. Dans une semaine, nous fêtons le deuxième anniversaire de notre départ, et nous parlons de notre formidable voyage, de la France, de la suite. Nous y reviendrons...


Creusons un peu...


La vie suit son cours, et la stabilité particulière résultant du fait d'avoir un travail qui nous avait manqué, une maison magnifique et des amis dans un pays dont nous commençons à tomber amoureux nous plait bien. Côté repas, nous mangeons à la crèche le midi, et nous régalons en famille le soir, à grand coup de nourriture lao, thai, indienne ou coréenne. Brochettes, poissons, nouilles, soupe et des kilos de riz gluant (la base de l'alimentation ici), nous sommes gâtés!

Le soir venu, à la maison, quand nous ne jouons pas avec Tony et Tookta, nous passons des heures à discuter avec Marianne. Nous avons la même manière de penser, les même conceptions de vie, nos idées se rejoignent sur tous les sujets que nous abordons, et il est très intéressant d'avoir l'opinion sur le Laos de quelqu'un qui y vie depuis plusieurs années et dont la position culturelle est semblable à la notre.

Marianne parle lao courament, est mariée à un lao et travaille ici depuis 6 ans, pourtant elle s'est toujours sentie dans une bulle, sans jamais avoir l'impression d'être intégré au pays. La barrière entre le falang (l'étranger) et les habitants semble insurmontable. L'état d'esprit lao nous parait de plus en plus particulier, et ce que nous prenions pour de la réserve nous apparait maintenant comme une attitude beaucoup plus profonde.

Nous ne pouvons pas continuer notre récit sans aborder le fameux Bo pe niang. ''Bo pe niang'' se traduit littéralement par ''pas de problèmes'', c'est l'expression par excellence du pays, sa devise officieuse, on l'entend de partout, et à première vue elle reflète bien ce que nous avons vu ici : on ne provoque pas de conflit, ni de confrontation, et on intériorise. Il n'y a pas de problèmes! On peut y voir également l'expression d'une certaine fatalité. Sous cet angle, c'est mignon. Sauf que cette phrase revête en fait de multiples facettes et sens, sa signification au Laos est bien plus profonde et complexe qu'il n'y parait, et ses implications sont multiples.

De notre côté, nous en avons constaté les aspects positifs : quand on veut éviter la confrontation, on ne cherche pas les problèmes, par conséquent on est honnête. Ainsi, nous n'avons que rarement eu l'impression de nous faire bananer au Laos, moins qu'au Vietnam, au Népal et surtout en Inde. Il nous est même arrivé de mal comprendre un prix, de donner trop d'argent, pour voir notre interlocuteur nous rendre le trop-perçu! Ca, en Asie, c'est quand même rare! Bien sur il faut marchander, les prix sont parfois gonflés, mais c'est l'usage qui veut ça. Globalement, les Laos sont honnêtes et ne cherchent pas à arnaquer systématiquement l'étranger. Comme ça, bo pe niang!

Bo pe niang traduit aussi l'attitude calme et sereine des Laos : on ne se prend pas la tête, on ne s'affole pas, il en faut peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire!

En revanche, Marianne nous explique que lorsqu'on travaille dans le pays et qu'on est amené à traiter avec ses habitants, la chose peut devenir problèmatique. Il faut comprendre la portée de l'expression ici : le refut du conflit dans tous ses aspects est systématique. Sauf que c'est parfois bien d'entrer en conflit, et la confrontation n'est pas forcément une mauvaise chose. C'est en confrontant des points de vue différents qu'on avance, qu'on peut résoudre un problème et envisager de nouvelles possibilités. C'est en partageant des opinions différentes qu'on élargit sa réflexion.

Au Laos, il est visiblement très difficile de lancer un débat, une discussion sérieuse, ou de simplement signifier son désaccord en obtenant une reaction constructive à cause, justement, de cette acharnement à éviter toute forme de confrontation. Corentin, qui travaille sur des projets agricoles de grandes envergure et qui est donc amené à traiter avec les instances administratives, s'en arrache les cheveux!

La chose peu devenir presque malsaine, lorsqu'on annonce une idée à un lao et que celui-ci répond ''bo pe niang'' avec un grand sourire alors qu'il n'est absolument pas d'accord, préférant éviter la discussion et peut-être laisser s'envenimer une situation problèmatique plutôt que de faire valoir son point de vue. Quand il s'agit de gérer une structure comme la Tukata et ses familles, on marche sur des oeufs sans même s'en appercevoir...

Bref, nos discussions nous permettent d'approfondir et de nuancer la façon dont nous appréhendons le Laos tel qu'il est aujourd'hui et sa culture, et c'est une très bonne chose. Quand on commence à s'attacher à un pays depuis sa surface, il est toujours intéressant d'y plonger un peu plus profondément pour mieux le comprendre. Rien n'est jamais ni simple, ni tout noir, ni tout blanc!

Tenez, les moines par exemple... Il s'avère que lorsqu'on tombe pour traffic de stupéfiants au Laos, on a le choix entre la prison ou... La pagode. Ainsi, de nombreux bonzes sont d'anciens trafficants d'amphétamines ou d'opium. Les communautés de moines abritent aussi beaucoup de paysans qui préfèrent la vie inactive et la nourriture gratuite au travail dans les champs, sans faire preuve du moindre investissement spirituel. Etant donné que les bonzes jouissent du profond respect et de la générosité de la population, qui donne sans compter aux temples, la vie monastique est très confortable, et finalement bien éloignée des fondement de la philosophie bouddhiste. C'est sur, ça désacralise l'image de l'humble renonçant désintéressé et pieux en robe orangée!

Et j'en oublie!


Comme nous l'avons dit, nous disposons de tous nos après-midi pour glandouiller, profiter de la verdoyante terrasse de la maison et travailler notre interminable article sur Luang Prabang. Nous partons parfois nous balader dans la capitale, et un après-midi nous emmène même à 4 kilomètres de la maison pour visiter le symbole de la ville, resprésenté également sur le sigle du pays, le stupa Phrathatluang (entrée : 5000 kips).
En chemin sur les grandes avenues du centre, nous constatons l'importance du développement fulgurant que connait la ville depuis une dizaine d'années : autour de nous, ce ne sont que concessionnaires automobiles, massifs buildings de groupes banquiers, sièges de grandes sociétés vietnamiennes, chinoises ou coréennes, et chantiers de construction hérissés de grues. Nous sommes bien loin du Laos rural que nous arpentons depuis bientôt un mois!

Nous arrivons finalement au stupa, entouré de temples, et nous retrouvons une atmosphère chargée de sérénité, malgré la présence de quelques cars de touristes. 

L'édifice d'origine a été construit au 3è siècle, et était censé renfermer un os de Bouddha. Au 16è siècle, le roi Xaisethathirath le fit agrandir pour lui donner sa forme actuelle.





Toute la zone a subit d'intenses fouilles archéologiques, et un long couloir entoure le stupa, exposant d'inombrables sculptures en pierre ou en céramique.



Nous faisons le tour de l'impressionante tour dorée qui brille sous le soleil couchant, avant d'aller fureter dans les temples alentours.







Le soir venu, de retour à la maison, nous faisons la connaissance de l'un des amis de Marianne, français à la retraite expatrié au Laos depuis dix ans. Après ce que nous avons vu quelques heures plus tôt, nous discutons un moment de l'évolution du pays durant la dernière décennie et de sa position par rapport à ses dynamiques voisins. Depuis que nous sillonons le pays, nous en avons vu, des usines et des barages chinois, des entreprises vietnamiennes, sans parler de nos découvertes de la journée. Ca nous rappelle le Népal, ou nous étions tombés par exemple sur des barrages hydroliques couverts de panneaux en mandarin en plein Himalaya.

D'après notre homme, la main-mise du Vietnam et de la Chine sur le pauvre petit Laos est d'ors et déjà assurée, à coup de pot-de-vins et d'accords complétement officieux, frauduleux et malhonnêtes entre de grandes entreprises et des politiciens laos cupides et corrompus jusqu'à l'os, sans aucune considération pour leur propre pays. 

Il nous raconte une histoire qui illustre bien cette déplorable et dévastatrice course au pognon : en Chine et au Vietnam, il n'y a plus assez de bois, les forêts étant passées à la moulinette du développement industriel depuis pas mal de temps. Que fait-on dans ces cas là? On donne une grosse enveloppe au gouvernement lao, et on envoie ''discrètement'' des camions chargés de tronçonneuses passer la frontiere pour raser les forêts d'un pays encore préservé... Les paysans et les minorités ethniques habitants dans les-dites forêts? Et bien... On ne peut pas penser à tout. Le communisme, décidément, ce n'est plus ce que c'était...

On retrouve le raisonnement de l'argent-maintenant-tout-de-suite. Il y a dix ans, il n'y avait par exemple aucune voitures dans les rues de Vientiane, et posséder un vélo était déjà signe d'une grande richesse pour une famille. A présent, la capitale fourmille de grosses et rutilantes voitures, la plupart du temps payées en cash.

Tout ça nous donne à réfléchir tandis que le week-end arrive. Qu'est ce qu'elles passent vite ces semaines!


Le visa run au Laos



Ca passe tout le temps trop vite. Tenez, nos visas arrivent déjà à expiration! Nous comptions demander un extension, mais Marianne nous propose une méthode bien plus économique. Samedi matin, nous nous préparons donc à tester une arsouille administrative célèbre dans le milieu des voyageurs, j'ai nommé le visa run. 

Basiquement, il s'agit de quitter un pays pour y retourner ausitôt en exploitant les petits vides législatifs concernant les règles de circulation entre deux territoires, la plupart du temps dans le but d'obtenir un visa tout neuf afin d'outrepasser les limites de durée de séjour ou de payer un prix moins élevé qu'une demande d'extension.

Le visa run est possible dans pas mal de pays, mais la manière de proceder dépend de l'endroit où l'on se trouve. 

Techniquement, cette petite entourloupe frontalière est légale, mais la plupart du temps elle est vue d'un mauvais oeil par les instances gouvernementales. A l'heure où nous écrivons ces lignes par exemple, la Thailande est en train de progressivement interdire les aller-retours sur son territoire, au grand damne des petits malins qui squattent le pays depuis dix ans en renouvelant tous les mois leur visa touristique grâce à cette méthode. Certain pays, comme l'Inde, imposent quand à eux une durée minimum à passer en dehors du territoire entre deux demandes de visas. L'abus de visa run peut également donner lieu à de sacrés interrogatoires, si un douanier un peu zélé tique sur les trentes tampons d'entrée-sortie sur votre passeport...

Les règles concernant les aller-retours dans un pays, quand ils sont possibles, changent en permanence, informez-vous donc bien sur la réglementation frontalière en cour avant de quitter un pays pour un visa run. Si on peut toujours sortir, on ne peut pas toujours rentrer!

Dans notre cas, le visa lao d'un mois obtenu au passage de la frontière coûte 32$, et ses extensions demandées sur le territoire sont facturées 2$ par jour sans limite de durée, soit 60$ pour un mois supplémentaire. De plus, il faut savoir que lorsqu'on arrive en Thailande, on a droit a un visa de trentes jours gratuit. Il est donc possible de quitter le Laos, d'entrer en Thailande pour pas un rond, puis de retourner au Laos, obtenant ainsi un nouveau visa d'un mois à 32$ au lieu des 60 qu'aurait coûté une extension de même durée. Tout le monde suit?

Concernant le passage de la frontière, et bien nous sommes au Laos, donc vous vous souvenez... bo pe niang! Les fonctionnaires se contentent de délivrer le visa sans poser de questions, et l'aller-retour, même si il est effectué dans la même journée, ne pose apparament aucun problème. Tous les expats renouvellent ainsi leur visa, tous les mois.

La famille se rend justement en Thailande pour le week end, et nous les accompagnons jusqu'au Friendship Bridge, le pont de l'amitié, qui constitue ici le point de passage entre le Laos et la Thailande, à une vingtaine de kilomètres de Vientiane. 

D'un côté du pont, nous faisons tamponner nos visas laos, avant de prendre un bus qui nous emmène de l'autre côté du Mékong. Nous passons la frontière Thai, recevant notre tampon d'entrée, souhaitons un bon week end à nos amis, et nous apprêtons à retourner du côté lao. Littéralement, nous quittons le poste d'entrée Thai pour traverser la rue et passer le poste sortie de l'autre côté. Un peu court ce premier séjour en Thailande... Nous remontons dans le bus, et quelques minutes plus tard nous franchissons à nouveau la frontière lao, obtenant un nouveau visa de 30 jours. Une affaire rondement menée!

Visites folles et pétage de plombs aérien


Nous voilà seuls pour le week end. Avant de rentrer, nous voulons profiter d'être dans les parages pour visiter le Bouddha park de Xiengkuane (entree : 5000 kips), tout proche.

Un petit coup de bus, et nous y voilà. Le parc, sans être d'un grand intérêt historique (il fut érigé en 1958), présente quand même une impressionante galerie de statues hindoues et bouddhistes, un immense bouddha couché, et un temple-citrouille (oui oui!), le tout formant un ensemble bien barré, psychédélique et fourmillant de détails.

















Nous reprenons un bus pour le Friendship Bridge, puis un autre qui nous conduit au morning market, dans le centre de Vientiane. 

Les marchés constituent toujours des lieux intéressants à traverser dans cette partie du monde, mais une grosse partie du morning market ressemble en fait plus à un grand centre commercial qu'à un marché local, un exemple de plus de l'évolution fulgurante de la capitale, et nous ne tardons pas à rentrer. On ne part pas à l'autre bout du monde pour visiter la galerie marchande de Carrefour...

Nous finirons le week end à la maison.

Notre dernière semaine à Vientiane va passer à une vitesse folle. Notre travail à la crèche nous occupe tous les matins, et nos après-midis sont dorénavant consacrés à la préparation de la suite du voyage. Enfin, ''préparation'' n'est pas vraiment le mot exact... 

''Grand chambardement coup-de-tête organisationel'' serait plus approprié. Attention, ça va vite! 
Rappelons avant tout les bases plus ou moins admises sur le déroulement des prochains mois : une budgetisation millimétrée nous permet de rester en Asie jusqu'à la mi-février, date à laquelle nous décollerions pour aller travailler en Nouvelle-Zelande, histoire d'arriver avec un peu de sous au début de la saison de ce que nous faisons le mieux : la cueillette des pommes!

Problème, nos interminables calculs et prévisions financières ne tenaient pas compte du fait que le billet d'avion pour le pays des kiwis allait nous coûter entre... 500 et 800 euros par personne. Nous avons beau chercher sur tous les sites comparateurs, au départ de tous les aéroports internationaux d'Asie du sud-est, de Banghok a Kuala Lumpur en passant par Jakarta et Singapour, nous ne trouvons rien en-dessous de 500. Et aucun vol n'est proposé sur Air Asia, notre compagnie adorée tellement bon marché. Si nous devons payer un tel prix pour rallier la Nouvelle-Zélande, c'est simple, nous devons partir en décembre, zapper un bon morceau de l'Asie, et trouver un autre job.

Qu'est-ce que c'est que ces prix délirants? Nous ne sommes pourtant pas si loin, et nous avons déjà parcouru des distances équivalentes en payant deux fois moins.

C'est Marianne qui trouvera la solution, entraînant ainsi la réaction en chaîne. Il s'avère que quand nous cherchons un vol Asie-Nouvelle Zélande, les comparateurs en ligne cherchent des vols sur des compagnies allant en Asie ET en Nouvelle Zélande. Or Air Asia et ses tarifs aux oignons ne va que jusqu'en Australie. Marianne nous suggère d'essayer de trouver un premier vol pour l'Australie, et un autre jusqu'en Nouvelle Zélande.

Et bingo. Merci Marianne! En passant par l'Australie, nous retrouvons Air Asia, ses prix et ses promos à vous faire pleurer de joie. Comme d'habitude, nous ne sommes pas à la semaine près, et grâce à cette sainte flexibilité, nous dégotons rapidement des réductions plus que juteuses.
A partir de là, tout va très vite. Les vols qui vous font traverser le quart de la planète pour 100 euros, ça ne reste jamais bien longtemps en ligne. Nous entrons dans cet état de transe frissonante qui ne manque pas de se faire sentir quand tout s'emballe, celui qui fait carburer la cervelle à cent à l'heure et qui permet de prendre rapidement une décision intelligente tout en appréhendant ses implications. 

Après plusieurs heures de recherches acharnées dont nous vous passerons les détails, impliquant des dizaines de comparaisons de dates, de prix et d'aéroports, de lignes de calculs, de simulations, une réservation foireuse (problème résolu par téléphone depuis la France grâce à mes chers parents adorés que nous remercions encore!) et bien sûr quelques litres de café, en moins d'une journée, c'est fait...

Pour 240 euros et deux billets d'avion chacun, nous décollerons le 11 février de Kuala Lumpur, en Malaisie, pour faire escale à Sydney avant d'embarquer sur un autre vol qui nous fera attérir le 13 à Auckland, sur l'île nord de la Nouvelle Zélande. Badaboum!!! Nous en tremblons, complètement surexcités.

Bon, nous nous calmons un peu quand nous nous souvenons du but de l'opération : retourner cueillir quelques dizaines de tonnes de ces saloperies de fruits maléfiques... Il n'empêche, cette décision-éclair va entraîner pas mal de répercussions, sans parler de rendre de notre haine des pommes encore plus violente et éternelle. Nous y reviendrons.

Kong Lo et sa rivière souterraine    


Après 2 semaines dans la capitale, il est temps pour nous de reprendre la route. Nous passons notre dernière soirée à Vientiane avec Marianne, sur la terrasse d'un bar bien branché. On se croirait de retour en occident, et la clientèle est surtout composée de voyageurs et d'expatriés, mais qu'est ce qu'on se marre!

Le surlendemain, l'heure du départ sonne, et nous disons au-revoir à notre formidable famille d'accueil que nous recroiserons à coup sûr un de ces jours. Marianne, originaire de Normandie, y repassera sans doute dans les années qui viennent.

Nous avons choisi notre prochain cap à la suite de nos longues discussions sur le pays avec notre petite famille. Nous avons décidé de rejoindre le petit village de Kong Lo, à 300 kilomètres à l'est de Vientiane. En plus de constituer une pause sur la longue route pour Pakse et le Plateau des Bolovens, cette bourgade reculée située au beau milieu de la campagne lao est aussi connue pour la grotte du même nom toute proche, que traverse la rivière Nam Hin Bun sur plus de 7 kilomètres.

Nous partons au petit matin pour le morning market et attrapons un bus pour la Southern Bus Station, d'où partent tous les transports pour le sud du pays. 90000 kips chacun et quelques heures d'attente plus tard, nous roulons vers l'est, est-il nécessaire de le préciser, à travers des paysages grandioses.

Le décors devient de plus en plus fantastique au fur et à mesure que nous approchons de notre destination, lorsque de grands pitons karstiques commencent à surgir des rizières et à envahir l'horizon. Nous débarquons au beau milieu de ce cadre de rêve en fin d'après-midi, dans le minuscule village de Kong Lo, situé tout au bout de 40 kilomètres de route de terre bien remuante.

Après nos deux semaines citadines, c'est un plaisir de retrouver la campagne. Sacrée campagne soit dit en passant. Nous sommes entourés de rizières et de hautes falaises où s'effilochent quelques nuages. Terminé le béton et le goudrons, les chemins qui parcourent le village sont en terre et bordés de maisons en bois ou en bambou. Et le calme règne...

 


Il y a quelques guest houses dans le bled, mais nous ne nous embêtons pas. Le bus nous pose dans la cour intérieur de l'une d'entre elle, où nous trouvons une chambre propre pour 50000 kips.

Nous nous posons en terrasse pour profiter du coucher du soleil sur les rizières, puis allons récupérer de cette longue journée de voyage.

Au matin, nous partons pour les grottes, à l'est du village. Après quelques kilomètres de marche, nous arrivons à l'entrée du parc de Phu Hin Bun, évidement payante en supplément de la visite des grottes (2000 kips). Arrivé au bord de la rivière, il faut à nouveau payer 110000 kips pour le bateau et 10000 kips pour l'accès à la grotte. Une addition salée, mais nous nous apercevons vite que la visite en vaut la peine.

Nous embarquons avec deux bateliers et des frontales sur une petite pirogue qui nous fait traverser la rivière pour contourner à pied les rapides qui jaillissent de l'entrée de la grotte. Une fois à l'intérieur, nous grimpons sur un autre bateau et nous enfonçons dans les profondeurs...




Tout est immense. Nous filons sur un véritable fleuve qui serpente à travers une galerie tellement large qu'on en aperçoit pas toujours les parois. Après quelques kilomètres, nous mettons pied à terre pour parcourir une portion remplie de stalagmites et de colonnes.








Nous repartons ensuite à travers le boyau, traversant des salles grandioses et gigantesques dont le plafond est parfois perché à plus de 50 mètres au-dessus de nos têtes!

Nous débouchons finalement de l'autre côté de la grotte, et devons tirer la pirogue à travers de nouveaux rapides les pieds dans l'eau.



Nous retrouvons la lumière du jour au milieu d'un fantastique décors de jungle et de falaises, et nous continuons sur notre rivière pour accoster dans un petit village perdu dans la forêt. Le coin est superbe, il y a des papillons de partout, et on entend uniquement les chants des oiseaux, de la rivière et du vent dans les arbres...




Nous retraversons ensuite la grotte dans l'autre sens pour rentrer. On peut le dire, Kong Lo, c'est difficile d'accès, c'est assez cher, mais c'est formidable!

Nous cherchons en vain une gargotte bon marché où grignoter un morceau, mais le bled est tellement minuscule qu'il n'y en a pas! Nous devons nous résoudre à manger au resto de la guest house.

Je le redis, le Laos n'est pas si peu cher que ça. Les piaules sont vraiment bon marché (4 ou 5 euros la chambre double), mais la nourriture est chère (pour l'Asie), plus du double de ce que nous payions au Vietnam, où nous mangions pour moins d'un euro pour deux. Ici, si nous voulons manger autre chose que des nouilles déshydratées, il nous faut compter au minimum un euro par personne. Le Laos ne produit pas grand-chose, et importe une grande partie de ce qu'il consomme, ce qui entraîne bien sûr une hausse des prix.

Ce midi, histoire d'économiser, nous devons du coup nous contenter de l'éternel riz gluant, bizarrement couvert de fourmis... Sans doute pour l'apport protéique. En revanche, le caillou sur lequel je me casse un bout de dent, même pour les sels minéraux, c'était pas obligatoire... Crénom de pays...

Nous nous arrêterons là pour le moment.

Ainsi s'achève notre vadrouille du nord du pays. A présent, nous nous préparons pour notre prochaine grande entreprise : le tour du plateau des Bolovens à pied! Prochaine étape, Pakse.

Nous en faisons des choses dans ce pays! Cher petit Laos...

Plus nous en découvrons, plus nous en redemandons, et nous nous félicitons d'avoir choisit ce petit bout d'Asie pour trainer.

Et voilà que nous y avons travailler! Notre job à la Tukata a constitué une expérience de volontariat formidable, et cela nous a fait trèèès plaisir de renouer avec notre ancien amour en faisant un brin d'animation. Sur une tranche d'âge à laquelle nous n'étions pas habitués et à l'autre bout du monde, l'expérience fut en plus très enrichissante.

Marianne et sa fantastique petite famille vont nous manquer, tant nous avons passé de bons moments en leur compagnie. L'humanité est merveilleuse, mais des gens comme Marianne, nous n'en croisons quand même pas tous les jours. Elle travaille sans relâche pour les enfants, et a bâtit quelque chose de formidable en faisant de sa crèche un endroit sans égal dans un pays comme le Laos, où les structures accueillant les ptios en dehors des écoles sont pour ainsi dire inexistantes.

A travers son expérience, nous prenons aussi des idées sur le fait d'habiter durablement à l'étranger.

Elle nous aura appris énormement sur le pays et sa réalité actuelle, nous permettant de plonger un peu plus à l'intérieur. C'est justement ce genre de connaissances que nous cherchons, ces connaissances qui rendent notre voyage plus profond et qui nous permettent d'avancer dans notre compréhension de cette immense et bordélique famille de 6 milliards d'individus.

Bref, Vientiane, nous avons apprécié, en grande partie grâce à l'expérience que nous y avons vécu, mais aussi grâce au mélange qu'on y trouve des marques des différentes époques et événements qu'a traversé le pays. Ca aussi ça aide à cerner un peu plus. Sinon, même au Laos, et bien ça reste une grande ville, et nous n'y passerions pas notre vie. Pourtant, le lycée français cherchait apparement des animateurs périscolaires... Une autre fois peut-être. Comme d'habitude, nous surfons sur la dynamique mouvante du voyage.

D'ailleur, pour finir, les quelques mots tant attendus sur... La suite (tintintin!!!)

Nous quitterons donc l'Asie le 11 février. Au train où vont les choses, nous prévoyons de rester un bon mois supplémentaire au Laos, ce qui nous laisserait 3 mois à répartir entre le Cambodge, la Thailande et le Myanmar. Nous y réfléchissons, mais nous nous attendons à nous retrouver frustrés à un moment. Par exemple, nous disions que la Thailande nous branchait de moins en moins, pour différentes raisons. Tout le monde y va, tous les voyageurs ne parlent que de ça, et nous craignions de tomber sur une espèce d'Australie asiatique hors de prix... Et bien en fait non. Marianne nous en a fait des récits plus qu'alléchants, le pays a l'air formidable, et finalement très bon marché, apparement moins cher que le Laos. Un mois, dans ces cas là, ça fait court. Et puis il y a le Cambodge. Et puis le Myanmar nous drague outrageusement depuis des mois. Et puis nous allons nous pointer une troisième fois en Malaisie, ce serait peut-être bien de visiter une chose ou deux... Nous verrons. Il y a trop de choses à voir sur cette satanée planète...