mercredi 15 janvier 2014

Sur la route de Çanakkale!

Que de nouvelles! 2 articles en 5 jours, ça c'est du productif. Mais ne vous y habituez pas trop. Pourquoi 2 publications tant rapprochees? Et bien parce que la route pour Çanakkale et l'application de l'une de nos maximes favorites, ''toujours aller voir'', ont eu des resultats assez gigantesques. Notre decouverte de la Turquie se poursuit, et nous prenons veritablement notre pied. C'est un pays ou nous ne faisons que rarement les courses tellement on nous invite a manger, ou nous ne consommons presque plus notre eau tant les verres de the offerts se succedent, ou nous rencontrons chaque jour de nouvelles personnes formidables, et ou nous avons mal aux bras tant nous rendons de saluts chaleureux. Ce pays est magique, tout comme ses habitants. Recit de la transformation d'un trajet d'une journee en une vadrouille de 4 jours dans la campagne, sur la cote ouest, de laquelle nous sortons emplis d'un sentiment de plenitude et de bonheur assez unique dans nos petites vies de terriens :

Depart d'Ayvalik pour Çanak... Assos? Keceça Assos?




En quittant le cyber a Ayvalik, nous nous retrouvons en plein centre ville et il fait nuit. Heureusement, le hasard a eu la judicieuse idee de bordee la ville juste derriere le cyber d'une foret touffue ou nous posons la tente serein.

Au matin, psychologiquement pres a une journee stop pour rejoindre Çanakkale, quelques 170 km plus loin, nous partons lever le pouce au bord d'une route de campagne, confiant. Le voyage en stop en Turquie est un reve! Nous sommes embarques pour quelques kilometres par un jeune homme, puis par un gars qui nous depose dans la petite ville de Gömeç (prononcer Gueumetch). Apres un petit casse croute, c'est un camionneur qui nous embarque, ne parlant que le turc mais avec un entrain et un enthousiasme communicatif.

mosquee de Gömeç
De plus il s'avere que l'anglais n'etant pas vraiment repandu en Turquie, nous developpons chaque jour notre vocabulaire avec l'aide de ses charmants habitants, et nous parvenons a present a nous faire tres relativement comprendre. Le gars nous invite bien sur pour le çay (the) sur son chantier, avant les au-revoirs. C'est ensuite un homme aux reflexions assez speciales sur certains pays d'Europe (la Roumanie et la Bulgarie c'est de la merde...) qui nous recupere jusqu'a Burhaniye, grande ville le long d'un littoral tres urbanise. C'est alors un couple qui nous embarque, nous parlant pour la premiere fois d'Assos, sans trop parvenir a nous expliquer ce que c'est. Notre chauffeur suivant nous en parle aussi avec beaucoup d'insistance, toujours en turc, nous montrant sur notre carte un petit village cotie du nom de Berhamkale. Ok l'ami, laisse tomber Çanakkale, en avant pour la cambrousse. Ça sent le site immanquable, et nous nous gavons de notre flexibilite et de cette façon de voyager. Nous descendons a 18 km du village et quittons la route de Çanakkale pour rejoindre la cote, pour harponner d'un coup de pouce Metin, qui rentre a Izmir et desire faire un tour par Assos. Nous atteignons le petit village qui s'etale a flanc de colline au milieu de plaines brousailleuses a l'herbe rase magnifiques en fin d'apres midi, descendant vers le port en croisant de hautes muraille delimitant un site enorme a la base de la colline.

port de Berhamkale
Nous verrons ca demain, a premiere vue c'est plutot allechant. Sur la descente, nous croisons aussi un camtar avec du linge en train de secher... Tiens... Nous arrivons dans un mignon petit port de peche aux bateaux multicolors et aux maisons de pierres sombres de style Ottoman, et Metin nous invite a manger un bout. Oui, n'en deplaise a certains refractaire au grignotage de l'apres midi, en Turquie c'est comme en Grece : quand on a faim, on mange! Nous acceptons avec joie, pour se rendre compte que par ''grignoter un morceau'', Metin entend ''se taper une monstrueuse boustifaille au restaurant''.

Avec son portable et google trad, nous pouvons aisement communiquer, et nous le remercions mille fois pour son extreme generosite, tandis que la table se charge de victailles : crevettes aux champignons, aubergines, calmars, piments fourres au fromage, salades en tout genre... Le tout arrose d'un petit blanc du coin debouche sous nos yeux. C'est magique, chacun connait la qualite de la cuisine turcque! Magique et naturel, comme si nous inviter au festin etait normal. La soiree est excellente, nous discutons pas mal des relations Iran-Turquie, du petit prince (enfin une reference non footbalistique sur l'hexagone!), de l'etat politico economique de nos pays. Metin est adorable. Et c'est la qu'arrive le plat de poisson grille. C'est une blague? Allons-nous nous reveiller? A la fin du repas , notre ami nous ramene dans les plaines un peu a l'ecart du village. Les au-revoirs sont poignants, et il termine par une phrase que nous n'oublierons jamais tandis que nous le serrons dans nos bras : ''In Turkey, no friends, only brothers''. Crenom de pays. Nous marchons une dizaine de minutes avant de planter le camp dans un ecrin de verdure puis de regarder les etoiles en ecoutant le dernier appel a la priere de la journee. Et le reve ne fait que commencer!

Berhamkale, Assos


rempart de la necropole
Au matin, en avant pour la decouverte d'Assos. L'entree du site est gratuite, et nous decouvrons qu'il s'agit d'une veritable ville en ruine qui s'etale sur tout le pourtour de la colline, presentant une foultitude de vestiges de differente epoques. Nous passons une necropole, un ancien gymnase avant d'arriver a l'agora entouree de hautes colonnes. Il n'y a pas de chemin predefini, il y a des ruines absolument partout, temples, arches, escaliers, fondations, colonnes, gravures et bas reliefs, nos ames d'archeologues et d'aventuriers se gavent de cette exploration libre au milieu du site gigantesque.
Agora
Vestiges grecs, romains, ottomans et medievaux s'y melent, c'est assez impressionnant. Nous terminons par le theatre avant d'aller embeter les occupants du camion. Nous faisons ainsi la connaissance d'Anais, Julien, et Balthazar le camtar, qui suivent actuellement la route de la soie pour rejoindre la Chine avant de continuer tout autour du monde. Ils nous proposent de passer la journee avec eux et s'averent etre d'excellents et genereux compagnons.

Entre partages d'anecdotes, visite de la petite vieille du coin qui vient nous vendre ses bricoles et balades, nous passons une bien bonne journee, face au panorama de collines verdoyantes qui s'etale tout autour de Berhamkale.




Etant deja passe par Istanbul, ils nous transmettent une foule d'info, un plan de la ville annote, une adresse de guest house pas chere... Que du bonheur! La journee se termine en degustant, miracle de miracle, du saucisson, du comte et de la terrine de sanglier qu'ils ont dans leur bagages. Nous en avons presque les larmes aux yeux! S'ensuit un petit tour hors du temps et de l'espace dans les ruines au clair de Lune, puis une nuit douillette dans le ventre de Balthazar equipe pour 4 personnes. Merci merci merci!



Gülpınar, Çanakkale



Nous reprenons la route apres les au-revoirs, traversant une etendue verdoyante et buissonneuse jusqu'a midi, apres quoi nous stoppons pour etre charges a l'arriere d'une camionnette et depose dans un minuscule village, d'ou nous attrapons une navette pour Gülpınar. Dans ces contrees campagnardes, inutile de dire que nous attirons l'attention, et les questions fusent, ainsi que les saluts amicaux et les sourires ravis lorsque nous exposons nos notions de turc. Tres chaleureuse la campagne turque!

Nous decouvrons en Gülpınar un village de taille modeste, que nous explorons un peu avant de rejoindre la route vers le nord. Sur le trajet, fideles a nos habitudes, nous bifurquons pour suivre un panneau indiquant un sanctuaire d'Apollon tout proche. Il y a tellement de vestiges dans la region que leur decouverte devient presque banale! Pendant que nous observons les colonnes et les ruines du temple, une femme nous aborde dans un anglais impeccable, chose peu commune dans le coin. Nous sommes invites a prendre le the avec ses amis, avant que Yur, notre anglophone, nous propose l'hospitalite pour la nuit.

sanctuaire d'Apollon de Gülpınar
Elle nous connait depuis 5 minutes. C'est dingue. Elle fait confiance a son instinct nous dit-elle, et il doit etre affute : veritable matriarche du village, elle y enseigne la langue de Shakespear apres avoir ete professeur en universite a Istanbul, en Ecosse et aux Etats Unis. Nous acceptons, pour passer une excellente soiree en compagnie de cette adorable femme, veritable puit de science et d'histoire, a l'esprit critique aiguise et a la langue qui l'est tout autant. En plus des cours d'anglais, elle traduit des livres en turc et tricote des couvertures au crochet. Elle nous en offre d'ailleur une, cadeau inestimable de sa part. Chacune des couvertures, entierement faite a la main, represente plus de 100 heures de travaille... Les discussions avec notre eclaire hote sont tres enrichissantes, et nous nous retrouvons sur pas mal de sujets. Elle critique la religion qui ferme l'esprit, la societe basee sur la consommation, la transformation des envies en besoin par un capitalisme qui endette les gens et encourage la surconsommation.
Une revolutionnaire avec laquelle nous dissertons pendant des heures. Elle admire notre philosophie de voyage et le denuement dans lequel nous vivons, indispensable au retour a l'essentiel. Tresors de gentillesse, elle nous invite a profiter d'une douche chaude, nous concocte un repas a tomber par terre, et apres les discussions socio-philosophique de l'apres midi nous terminons par des blagues bien salaces. Avec Yur, d'un certain age, c'est extra! La nuit est douce, nous nous souvenons de la toute petite phrase de laquelle tout est parti : Assos ca doit etre bien...



bazar de Çanakkale
Les au-revoirs sont emouvant, et nous quittons notre adorable Yur le coeur gros. C'est repartit pour la cambrousse. Peut etre un jour allons nous finalement reussir a atteindre Çanakkale! Le premier homme qui nous recupere ne nous aide pas dans ce sens, nous invitant pour le the dans un tout petit village. Nous sommes l'attraction, mais ne recoltons que des sourires et des bienvenues. Nous continuons a pied, pour traverser une zone de forets et de falaises, pour etre encore trimballes par trois stop jusqu'a Çanakkale. Et bien quand meme! Nous rejoignons le centre, trouvons une pansyon pas chere et allons vadrouiller dans la ville, passant mosquee, bazar et le cheval du film ''Troie'', avant de manger un morceau. Ca y'est, nous nous sommes passes la bague au doigt et Leonore s'est achete un foulard, en previsions de l'Iran. 


Et nous voila sur le point de quitter la ville pour rejoindre un suppose parc avec des pelicans conseille par Anais et Julien, a 50 km de Bursa.

Ce minuscule article avec ses quelques photos est tellement fade en comparaison de ce que nous eprouvons chaque jour dans cette merveilleuse Turquie que c'en est presque enervant. Nous sommes aux anges, pleins, entiers, attendant avec impatience le leve du soleil chaque nuit pour savoir ce que la nouvelle journee nous reserve. Les gens sont formidables, les paysages et les visites aussi, et nous sommes bien, completement et sincerement. Que ca continue le plus longtemps possible!








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