dimanche 30 août 2015

Danang et ses montagnes de marbre, Hoi An et ses lampions, Hue et sa citadelle... Les merveilles bien méritées du centre-Vietnam

Hello!

Ca y est, nous sommes au Laos depuis ce matin, ce cher petit Laos dont les sirènes nous appellent depuis quelques temps déjà. Nous nous sommes trouve un perchoir dans les collines au nord-est du pays, au calme dans un petit village au bord d'une rivière.

Nous avons donc terminé notre mois de vadrouille, bien trop court, au Vietnam. Autant le dire tout de suite, nous garderons un merveilleux souvenir du pays. 

Nous publierons le récit de ces dernières semaines vietnamiennes en deux parties, et vous livrons ici la première : une merveilleuse vadrouille dans le centre du pays dont nous sommes ressortis des étoiles plein les yeux! Et heureusement, car le voyage depuis Can Tho, dans le sud du pays où nous avions laissé la dernière fois, fut éprouvant...


De Can Tho à Danang par voie terrestre.




Première destination après Can Tho : Hoi An, pour aller visiter la vieille ville avant de rejoindre Danang et les complexes de sanctuaires hindous et bouddhistes des montagnes de marbre.

Après notre balade en bateau et son aspect très organisé, la perspective de traverser la moitié du pays en bus nous ravit. Si l'on considère la durée du voyage, d'approximativement 20h, et notre absence quasi-totale de planification, le périple promet d'être rustique! Nous savons que nous devons d'abord rejoindre Hô Chi Minh, et nous voulons ensuite enchaîner directement vers le nord sans avoir à passer une nuit en ville.

Avant toute chose, nous devons rejoindre le terminal de Can Tho, nous aviserons sur place. Malheureusement, dès le départ, une succession d'obstacles va nous rappeler combien il est difficile de voyager local en zone touristique dans un pays comme le Vietnam avec une tête d'européen.

Nous voulons prendre un bus de ville pour rejoindre la station, nous trouvons un grand axe de circulation, un arrêt de bus et approchons. Nous devons tout d'abord affronter les chauffeurs de mobylettes qui nous proposent la course. Nous nous heurtons ensuite aux gens. Lorsque nous demandons si le bus qui passe ici est le bon, ils nous répondent que nous n'avons pas à nous embêter avec les bus, nous pouvons prendre un taxi. Il nous faut dix bonnes minutes pour leur faire comprendre que nous ne voulons pas de taxi, nous voulons juste avoir des infos sur le bus. L'absence d'anglais ne facilite pas les choses. Ils finissent par nous répondre, mais même là, ils ne comprennent visiblement pas pourquoi un couple de français, probablement très riche, veut prendre le bus.

Le capharnaüm est monumental, entre les gens qui essayent visiblement de nous expliquer que nous DEVONS prendre un taxi et les chauffeurs de moto qui nous tirent par le bras pour nous emmener en bécane. Nous sommes abasourdis. Nous voulons seulement prendre un bus! Nous voulons seulement que quelqu'un nous confirme que la ligne qui passe par cette rue va au terminal!

Finalement, une jeune fille nous aborde dans un anglais correct. Après le millième ''vous n'avez pas besoin de prendre le bus, il y a des taxis'', elle commence à répondre à notre question, toute simple mais qui apparemment défraie la chronique ici. C'est à ce moment que tous les chauffeurs de mobylette se mettent à lui gueuler dessus. Nous comprenons qu'ils lui interdisent de nous répondre pour que nous soyons obligés de leur payer la course! C'est ahurissant.

Finalement, un bus se pointe, mais tout le monde nous empêche d'y monter. Physiquement à une ou deux reprises. Les conducteurs de motos sont en train de péter un câble, tout le monde gueule, la scène est irréelle. Nous montrons le nom du terminal au chauffeur du bus, qui s'apprête à démarrer... Avant de nous faire comprendre qu'il ne va pas dans notre direction.

Nous sommes complètement découragés, l'acharnement à nous empêcher de prendre notre bus vire à la blague... et nous éclatons presque de rire : nous voulons juste, nom d'un chou, prendre un simple bus pour parcourir quelques chose comme dix kilomètres!

L'heure tourne, la situation est ridicule, cela fait près de 40 minutes que nous sommes plongés dans ce qui nous apparaît peu à peu comme une fabuleuse et malhonnête stratégie de groupe destinée à nous faire payer une course en mobylette. Le pire, c'est que nous avons parfaitement conscience de la manoeuvre, mais nous ne pouvons rien faire. Et ça fonctionne... L'après-midi touche à sa fin, nous devons encore atteindre Ho Chi Minh et trouver si et où un bus en part pour Danang cette nuit. L'avantage, c'est que pendant tout ce bazar, les scooters-taxi ont eu le temps de nous diviser leurs prix quasiment par 3... Nous acceptons, dépités par notre échec, et partons en moto pour 40000 roupies. Histoire d'être sur, nous faisons écrire la somme par le conducteur sur un bout de papier.

Mais la splendeur de la farce dont nous sommes les dindons s'avère encore plus incroyable. Arrivés à la station, nous retrouvons le bus et son chauffeur qui nous avait dit ne pas venir ici... Même lui nous a menti, probablement sous la pression des beuglements des conducteurs de mobylette.

Et la cerise, que dis-je la cerise, le pamplemousse, le potiron sur le gâteau, tombe lorsque nous réglons la course. Non seulement le chauffeur refuse de nous rendre notre monnaie, mais en plus il nous réclame deux fois plus que le prix convenu. Et là nous l'avons mauvaise. Très mauvaise.

Il y a quand même des règles dans tout ce bazar, et nous n'avons jamais vu une chose pareil. Les taxis iraniens, les bus népalais, les rickshaws indiens... Tous, ils ont essayé de nous en faire des bonnes. Nous avons expérimenté toutes les sortes de gredins, d'arnaqueurs, et leur tactiques très élaborées pour plumer le touriste. Mais quelque soit le degré de filouterie du chauffeur ou de radinerie du client, il y a une règle sacrée : lorsque le prix est fixé, il est fixé. Personne ne revient dessus. Et nous n'avons jamais vu personne enfreindre cette règle. Jusqu'à aujourd'hui.

Au Vietnam, on ne s'énerve pas, mais aujourd'hui la chose est allé trop loin, nous sommes sortis du domaine de l'arnaque pour tomber dans celui du racket pur et simple. Nous gueulons, mais l'homme ne veut rien entendre et nous tient la jambe. C'est finalement le petit bout de papier sur lequel nous lui avons fait écrire le prix de la course qui nous sauve. Nous le montrons à un fonctionnaire de la station, qui est venu voir ce qu'il se passait, et il force le chauffeur à nous rendre nos sous et à partir.

Nous prenons un billet pour Hô Chi Minh à 100000 dongs, et faisons nos adieux au sud, un léger gout amer dans la bouche tandis que nous en ruminons la conclusion...

Nous dormons un peu sur la route, et à la nuit tombée nous débarquons au terminal de Mien Tay. C'est là que ça devient intéressant, étant donné qu'à partir de maintenant nous improvisons. Nous savourons la petite montée de pression si caractéristique de ces déplacements non planifiés.

Comme d'habitude, aucun anglophone à l'horizon. Nous cavalons, dégoulinant de sueur, un peu partout dans le grand terminal. ''Hoi An'' ne figure nul part, sur aucun bus ni aucun guichet, mais finalement, les gens auprès desquels nous nous informons parviennent à nous faire comprendre que le bus pour Hoi An part d'un autre terminal. Reste à savoir lequel. Nous allons voir tous les chauffeurs des environs, toquons à toutes les portes, mais nous avons beaucoup de mal à nous faire comprendre, jusqu'à ce qu'une jeune femme passe la tête par la fenêtre de son bus pour nous proposer de l'aide, en anglais (youpi!). Bon. Apparemment, nous devons rejoindre un terminal situé à l'est de la ville, Mien Dong, grâce au bus 14. Quelques minute plus tard, nous voilà en route, nous sommes bien fatigués, et l'incertitude pèse un peu, même si elle reste stimulante et bougrement amusante.

Nous mettrons plus de deux heures à traverser en bus les artères congestionnées du centre-ville. A 20h et des brouettes, les rues sont le théâtres d'un chaos titanesque. En chemin, nous espérons très fort qu'il reste des bus de nuit pour Hoi An, sans quoi nous envisageons de dormir dans le terminal. Ce sera toujours plus tranquille que les gares indiennes!

Nous arrivons à destination, dans la chaleur moite du soir, au milieu d'un foutoir de vendeurs, de bus, de scooters et de passants, pour apprendre rapidement qu'aucun bus ne rallie directement Hoi An depuis Hô Chi Minh, il faut passer par Danang. Rien de bien grave, nous comptions y passer de toutes façons, et nous achetons dans la foulée deux billets pour un bus couchette qui part quelques minutes plus tard. Celui-là, nous allons le raquer, 500000 dongs par personnes. Nous n'avons pas trop le temps de réfléchir, mais nous apprendrons par la suite que le voyage ne coûte que 300000 en bus avec place assise. D'un autre côté, pour un trajet de 16h, nous pouvons nous accorder un minimum de confort.

Le confort, du temps qu'on en parle, est tout relatif : le bus est rempli de couchettes, toutes prises quand nous embarquons, et nous sommes cantonnés au fond, sur une espèce de grande carpette en skaï commune avec trois autres personnes. Ah! Le charme et la convivialité d'une nuit passée les uns sur les autres avec les gens du coin! Quoi de mieux pour tisser des liens?



Sur le coup pourtant, après la soirée que nous venons de passer, nous ne sommes pas trop chauds pour la conversation, et nous nous écroulons en savourant la climatisation tandis que le bus plonge dans le trafic. Comme sur des roulettes cette histoire!

Enfin nous ne sommes pas encore rendus... Après une nuit agitée, nous ouvrons les yeux sur notre première vue magnifique de la mer de Chine. Les kilomètres, les heures et les paysages défilent, encore et encore, pendant toute la journée.



Le soleil commence à se coucher, et nous attaquons notre vingtième heure de route. Nous savons que Danang est une grande ville, la cinquième en taille du pays, et nous nous préparons à affronter la dernière épreuve du voyage. épuisés que nous sommes : débarquer en pleine nuit dans la grande ville et y trouver un point de chute. Nous allons bien galérer, c'est sûr. Et puis en fait, non.

Durant la dernière pause avant l'agglomération, Un homme à l'anglais très approximatif, Cao, nous aborde. Ce n'est pas tellement que nous ne le comprenons pas, c'est plutôt lui qui ne pige rien à ce que nous racontons. Il nous explique qu'il est policier à Danang, et qu'il rentre chez lui après un séjour dans le sud. Nous papotons, et il en arrive à nous demander où nous dormons, pour sourire quand nous lui répondons que nous n'en savons rien. Il nous propose alors de le suivre à l'arrivée, et va devenir notre sauveur.

Cao est incroyable : dès lors que nous débarquons en ville, il va se mettre en quatre pour nous trouver un hôtel. Il s'est lui aussi enfiler des dizaines d'heures de bus, pourtant il nous paye le taxi et sillonne la ville avec nous pendant plus de 40 minutes, faisant passer le chauffeur par divers établissements bien trop chers pour nous, en appelant d'autres, jusqu'à ce que nous arrivions dans un petit hôtel en périphérie de la ville. Le problème de Cao, c'est que comme les autres il ne conçoit pas que nous puissions dormir dans des piaules bas de gamme. Il nous dit que dans les tarifs que nous cherchons, les chambres sont sales et toute petites. On sait bien, c'est tout l'intérêt!

L'hôtel qu'il nous trouve au bout d'un moment nous propose la chambre à 300000. Nous ne pouvons pas, c'est deux fois plus que notre budget. Cao nous la négocie d'arrache-pied pendant plusieurs minutes, et quand le prix descend à 240000, nous acceptons, ne voulant pas abuser de la gentillesse de notre bienfaiteur. Cao est adorable, il nous a bien aidé, entre le taxi et la négociation, et nous ne voulons pas lui faire perdre plus de temps. Nous le remercions mille fois, et l'invitons pour un café le lendemain matin. Et puis, enfin, nous nous posons.

Résultat des courses : plus de 30h de voyage ininterrompues nous ont été nécessaire pour rallier Danang depuis Can Tho, ce qui fait de ce périple le plus long sans pauses que nous ayons jamais fait entre deux destinations. Ce fut interminable, mais finalement pas compliqué dans l'enchaînement malgré notre manque d'organisation. Et encore une fois, on s'est quand même bien marré!

Nous rassemblons ce qu'il nous reste de forces pour acheter quelques sachets de nouilles déshydratées et préparer un peu la journée du lendemain, avant de nous écrouler à une heure déjà bien avancée...


Thuy Son, la merveilleuse montagne de l'eau


Le réveil sonne, et nous n'avons dormi à nouveau que quelques heures. Nous ne voulons pas passer une autre nuit à Danang, et avons résolu de visiter les montagnes dans la journée avec les sacs avant de rejoindre Hoi An ce soir.

Nous rejoignons Cao pour lui offrir le petit déjeuner et échanger nos contact avant de nous mettre en route. Les montagnes se trouvent à une dizaine de kilomètres du centre-ville, et nous ne lâchons le morceau avec nos bus locaux. Nous nous sommes renseignés : nous devons prendre la ligne 1, pour 10000 dongs chacun. Cette fois, la tentative est couronnée de succès, et nous arrivons bientôt à destination.

Les montagnes de marbre (Ngu Hanh Son en vietnamien) désignent 5 collines calcaire qui se dressent au milieu de la banlieue de Danang. Chaque colline porte le nom de l'un des cinq éléments primordiaux qui composent la planète : Kim Son (montagne du métal), Hoa Son (montagne du feu), Moc Son (montagne du bois), Tho Son (montagne de la terre), et Thuy Son, la grande et majestueuse montagne de l'eau. Celle qui nous intéresse aujourd'hui.



La légende raconte qu'il y a bien longtemps, un dragon vint pondre un oeuf dans la vallée de Danang. Après 1000 jours et 1000 nuits, lorsque l'oeuf a éclos, une jeune fille en sortit avant de s'envoler vers les étoiles. Les cinq fragments de l'oeuf grandirent ensuite jusqu'à former les 5 montagnes.

Féerique tout ça. Dans la pratique, les vietnamiens extraient du marbre (sans rire?!) des montagnes avec lequel ils sculptent nombre de statues de taille plus ou moins imposante. Nous apprécions l'omniprésence du commerce de sculptures dans les parages sur notre chemin vers la montagne, bordé de rangées ininterrompues de boutiques vendant des statues de bouddha, de serpents, de dragons, dont la taille va de quelques centimètres à plusieurs mètres.

Toutes les montagnes ne sont pas exploitées pour leur minerai, certaines sont couvertes de temples et de sanctuaires.

C'est le cas de Thuy Son, dont les édifices sont dédiés au bouddhisme et à l'hindouisme. Lorsque nous arrivons au pied de la montagne, nous frissonnons : des dizaines de cars de touristes et de taxis déversent un flot de visiteurs sur le site... Mais malgré la foule qui y grouille, Thuy Son va constituer une belle claque visuelle, avec un décors et des édifices magnifiques, une vue qui ne l'est pas moins et un cadre naturel verdoyant.

Après les 15000 dongs d'entrée, nous empruntons doucement un escalier qui grimpe dans la montagne (à noter qu'il possible, pour 15000 dongs supplémentaires, de monter en ascenseur), sous les encouragements des autres visiteurs, qui ouvrent de grands yeux à la vue de nos sacs.

La chaleur est fracassante, nous dégoulinons, mais nous ne mettons pas longtemps à atteindre le premier temple, la Pagode de Linh Ung, après avoir croisé un gigantesque bouddha.



Linh Ung a été bâtie au XVIIIè siècle, avant d'être plusieurs fois modifiée jusqu'à nos jours.



Nous passons ensuite la tour Xai Lo.



Tous les chemins du site sont parsemés de jardins, d'autels, de représentations d'idoles, de statues et de bonsaïs.



En plus des temples, l'endroits regorge de grottes sanctuaires sacrées : Tang Chong, Am Phu, Van Phang, Linh Nham, Hoa Nghiem



L'immense cavité de Huyen Kong est particulièrement immense et impressionnante.



Nous explorons les alentours pour tomber sur d'autre pagodes cette fois complètement désertes. Nous retrouvons le calme des jardins au milieu des bonsaïs, des bouddhas et des divinités hindoues :

Voici la pagode de Tam Thai...



... Celle de Ton Tam...



...et celle de Tu Tam avec ses magnifiques jardins.




Nous passons la matinée à explorer chaque recoin de la montagne, à profiter du décors et de l'atmosphère formidable, à nous poser pour sécher et refroidir un peu. Avec les sacs sous le cagnard, nous marions efficacement sport et tourisme! Le site est extrêmement populaire, mais étrangement il n'y a finalement pas grand monde dès qu'on s'écarte du chemin principal.

La montagne de l'eau nous en a mis plein la vue, avec son fouillis d'édifices religieux et de grottes dispersés au milieu de la verdure. Trempés de sueur, assoiffés, dégageant un délicat fumet de vieille viande, nous sommes ravis!


Hoi An : c'est pas top... Quoique...

Nous rejoignons l'arrêt de bus pour embarquer à destination de Hoi An, après un petit casse-croûte (à nouveau non-identifié, des galettes blanches gélatineuses à la sauce, bien bon et trèèès peu cher).

A savoir que la ligne 1 va également à Hoi An, pour 20000 dongs par personne. Cette ligne certes locale étant quand même très utilisée par les touristes, il est possible de se heurter à quelques tentatives de charges supplémentaires... Donc c'est simple : le prix est de 20000 dongs, point. Le coup du supplément pour les sacs à dos, par exemple, est monnaie courante, et totalement officieux. Refuser poliment! Fin de la parenthèse...

Hoi An et sa cité historique classée au patrimoine mondial fait partie des destinations phare du pays, au même titre que la Baie d'Along. Ce qui n'est pas pour nous rassurer... Après, nous avons digéré le fait que notre vadrouille du Vietnam va continuer sur sa lancée en une succession de visites. Et puis comme toujours, les coins sympas attirent forcément du monde, c'est comme ça.

Oui... Sauf que Hoi An, ça reste quand même particulier. Arrivés sur place, nous marchons vers le centre pour découvrir qu'il est intégralement concentré sur l'accueil des visiteurs. Restos, bars, agences, beaucoup, vraiment beaucoup de vacanciers... Et par conséquent des prix délirants. Nous passons près d'une heure à nous traîner dans toutes les rues du bled pour dégoter une chambre à 200000 dongs. Et encore, après négociation. Bon, d'accord, il y a une piscine, qui va d'ailleurs rapidement devenir un salvateur sanctuaire, mais nous sentons le truc venir...

Pour trouver quelque chose à manger, même combat : terminé le casse-croûte à 10000 dongs, tous les prix ont doublé, et il est souvent impossible de marchander, même en s'éloignant du centre. Nous devons laborieusement fouiner un bon moment avant de trouver quelqu'un qui daigne nous vendre un sandwich dans nos tarifs, là encore après d'ardus négociations.

Une bonne surprise nous attend néanmoins, et pour ce soir, épuisés, nous nous en contenterons : nous découvrons une tiurne qui sert des bières à 2000 dongs. 8 centimes la mousse, c'est tout de même fort! Et bonnes avec ça, fraîches et légères!

Nous n'avons pas le temps ni l'envie d'explorer plus en détails la ville ce soir, le centre historique attendra demain. Nous sommes exténués, et après une trempette nous nous couchons.

Au matin, nous partons visiter cette fameuse cité historique, un exemple apparemment exceptionnellement bien conservé de port de commerce, dont l'activité s'est étendue entre le XVè et le XIXè siècle

En chemin, nous tombons sur la pagode Cam Dau Do, anciennement dédiée au confusionnisme, qui accueille maintenant un foyer pour personnes atteintes de handicap.



Et nous arrivons à l'entrée de la cité. Première mauvaise surprise, la zone abrite plusieurs temples et pagodes dont l'entrée est payante, mais il est impossible de choisir. C'est soit tout, soit rien, et le prix du billet full-option est bien évidement gonflé en conséquence. Ce sera donc rien pour nous, hors de question de claquer l'équivalent de 4 jours de nourriture pour visiter 4 pagodes.

Dans l'enceinte de la vieille ville, il y a du monde, mais les seuls vietnamiens que nous croisons sont les vendeurs des boutiques de souvenirs et de vêtements, qui soit dit en passant occupent absolument toutes les devantures de tout les bâtiments avec les bars et les restaurants. Tout ce qu'on aime...

Jamais content ces petits... Enfin, il faut le dire, le quartier est visuellement très sympa. Les façades jaunes, les armatures, les fenêtres en bois sombre et les toitures ouvragées type pagode servent de supports à une débauche de plantes, de fleurs et de lampions multicolores.



Certains temples sont heureusement libres d'accès.



Nous flânons aussi un bon moment au bord de la rivière, au bord de l'eau, parmis les fleurs et les maisons.



Pour le côté traditionnel et préservé en revanche, on repassera... Nous en avons un peu ras-le-bol de ces sites dis conservés et traditionnels dont seul les murs le sont. Côté atmosphère, nous avons l'impression d'avoir changé de pays.
Nous sommes un peu déçus. D'un côté, c'est un peu le syndrome Venise ou Dubrovnik : un lieu très touristique, un peu parc d'attraction, mais dont le cadre est tellement extraordinaire qu'il excuse ce désagrément. Oui... Sauf qu'à Hoi An, le cadre est très joli mais n'a rien d'extraordinaire, et pour être franc nous ne comprenons pas vraiment l'engouement que suscite le site.

Nous ne traînons pas dans les parages. Nous décidons quand même de revenir à la nuit tombée, apparemment le meilleur moment pour se balader, lorsque tous les lampions illuminent les rues.

Nos quêtes de nourriture prennent une place importante dans nos journée ici, étant donné que ce sont vraiment des quêtes. Nous en arrivons à avoir la flemme d'aller chercher un coin où manger dans nos tarifs, découragés par la perspective de devoir marcher des kilomètres sous le soleil pour trouver un vendeur ambulant ouvert à la négociation avant de marchander le moindre bout de pain. Nous ne pouvons même pas nous trouver un coin repas fixe, le principe des vendeurs ambulants étant qu'ils sont... Ambulants!

Après, on râle on râle, mais il faut dire que nous passons quand même de très bons moments, que ce soit en sirotant la bière la moins chère du monde (à prendre au pied de la lettre!), ou en plongeant dans la piscine de l'hôtel à la moindre occasion tel des pachas. Nous traînons aussi dans le marché de la ville, le truc qu'on adore en général depuis que nous sommes dans le pays.

Nous sommes bien, et notre retour dans la vieille ville le soir venu va même se permettre de nous en coller plein les mirettes!

Et oui, de nuit avec ses milliers de lampions et autres illuminations, le vieux quartier se révèle tel qu'il est : resplendissant et débordant d'animation, complètement différent du piètre aperçu que nous en avons eu dans la journée. C'était donc ça...





Ok, là c'est pro!



Même la rivière est décorée : des dizaines de lampions y flottent, dérivant doucement dans le courant.



Nous flânons toute la soirée au milieu des lumières, des terrasses et des spectacles de rue. Le marché de nuit est particulièrement magnifique : son activité étant principalement axée sur la vente de lanternes, les étals y forment d'énormes amoncellements lumineux multicolores.



Les photos ne rendent pas vraiment honneur à la débauche de lumière et d'activité, mais pour faire court, Hoi An de nuit, c'est vraiment quelque chose!

Le lendemain, nous partons à pied pour une plage à 4 kilomètres du centre-ville. En chemin, nous traversons le village écologique de Tra Que et ses cultures bio. Comme toutes les activités dans cette zone, l'agriculture biologique du village surf allègrement sur la vague touristique. Ils sont très forts : en payant une somme relativement astronomique, il est possible de travailler (oui oui, travailler) quelques heures dans les champs... Ba oui, c'est tendance, typique, et en plus on est au Vietnam! Ca nous rappelle le ''volontariat'' au Népal, où il fallait payer 12$ pour travailler bénévolement dans une école pendant une semaine. Nous nous posons quelques questions sur les motivations des personnes participant à ce genre d'activités...

Pour notre part, nous nous contenterons d'une balade au milieu des champs et des canaux, fort sympathiques d'ailleurs, avant de rejoindre la plage.

Sur place, le cadre est idyllique, et nous en profitons bien. Et dire que le mois dernier, nous cueillions des oranges les pieds dans le givre! Cocotiers et sable blanc, baignade dans l'eau tiède de la mer de Chine et farniente...

Ah non, pas de farniente. Trop dangereux la farniente. Et pour cause, il faisait déjà chaud, mais à présent le thermomètre commence vraiment à partir en cacahuète. La faute à un soleil qui tape méchamment, mais pas que. Le truc au Vietnam, c'est qu'il y a de l'eau partout, ce qui en soit est une bonne chose. Le problème, c'est que l'air en devient tellement saturé d'humidité que la différence entre la température mesurée et la température ressentie frôle parfois les 10 degrés. Quand le thermomètre affiche 37 degrés, c'est en fait un bon 45 que nous nous prenons sur le coin du bec.

Bref, ça cogne, et le moindre mouvement provoque une sudation incontrôlable. Entre le moment ou nous sortons de l'eau et celui où nous arrivons en ville, nous avons perdu deux litres de flotte et sommes complètement cramés. Moins de deux heures d'exposition, et nous ressemblons à des homards, bien rouges et desséchés.

Nous passerons la fin de journée à l'ombre à nous réhydrater.

Bon, après une mauvaise première impression, Hoi An, malgré ses airs de parcs d'attraction, était finalement exceptionnelle!

Il nous reste quelques jours avant de rejoindre Hanoi, que nous souhaitons mettre à profil pour visiter Hue, l'ancienne capitale du Vietnam impériale, et sa citadelle classée au patrimoine mondiale.

Au matin, après avoir bien grimacé en mettant nos sacs sur nos coups de soleil, nous embarquons pour Danang, où nous attrapons un bus pour Hue.


Hue et la citadelle impériale de Dai Noi


Rien de spécial à dire sur le trajet, si ce n'est que comme d'habitude il prend une plombe. Nous arrivons en fin de journée à destination, pour rejoindre à pied le centre ville et faire la tournée des hôtels. Trop cher, trop cher, trop... Un homme tout sourire vient nous voir. Il a repéré notre manège, nous demande nos prix, et nous emmène dans un établissement paumé au fin fond d'une ruelle, le 2you, dont la tenancière nous fait la chambre à 170000 dongs après négociations. C'est bien gentil!

Notre timing est serré. Nous devons partir demain soir pour Hanoi, mais il est un peu tard pour faire du tourisme. Nous nous rencardons sur les bus pour la capitale, repérons un peu les lieux, engloutissons sandwichs et cafés.

l'enceinte et les douves de la cité



Nous commençons à être sur les rotules : nous n'avons pas arrêté depuis notre départ d'Hô Chi Minh, nos nuits sont courtes et nos journées chargées... Et puis Hue est encore une ville sacrément grande, bien agitée, comme nous en traversons depuis que nous sommes dans le pays. Nous commençons à être sérieusement en manque de calme et de verts pâturages!

Nous nous carapatons rapidement dans nos quartiers.

Le jour suivant, nous prévoyons de visiter la citadelle puis de partir pour Hanoi en bus de nuit.

Nous rejoignons Hoang Thanh, la vieille ville, pour pénétrer dans l'enceinte de la cité impériale par la Porte du Midi (Ngo Mon). Bâtit au bord de la rivière des parfums à partir de 1806 par les empereurs de la dynastie Nguyen, la citadelle comprenait à l'origine deux ensembles, la cité jaune impériale et cité pourpre interdite, où vivaient l'empereur et sa famille. 

Ngo Mon, la Porte du Midi


Le souci, c'est que la citadelle a beaucoup ramassé au fil des décennies : les français l'ont pillée et détruite en 1885, le Viet Minh l'a bombardé en 1947, et les américains en ont remis couche en 1968. Au final, 65% des bâtiments ont été rasés, et sont aujourd'hui en pleine restauration. C'est rageant, car quand on voit la magnificence du site aujourd'hui, on imagine ce que ça devait être à l'origine...

Nous passons tout d'abord le Palais Thai Hoa et la salle du trône, où la cour, les ministres et l'empereur se réunissaient pour débattre des lois et des décisions.



Nous ne pouvons pas vous montrer les intérieurs, il est formellement interdit d'y prendre des photos. La salle du trône est une merveille rouge et or : on y trouve 80 colonnes laquées pourpres aux motifs de dragons et de fleurs dorés. Le trône en or repose sur un piédestal richement décoré.
Nous parcourons ensuite l'ouest du complexe, à commencer par le pavillon Hien Lam, construit entre 1821 et 1822 en hommage aux empereurs Nguyen et aux mandarins s'étant illustrés au service de la dynastie.




Derrière le pavillon se dressent les temples The To Mieu et Hung To Mieu. Ces temples étaient utilisés par la cour lors des célébrations des anniversaires de mort des empereurs.

The To Mieu fut construit entre 1821 et 1822. Seul 7 empereurs, les plus vénérés de la dynastie, y étaient honorés.



Hung To Mieu, bâtit en 1804, était dédié au culte des parents de l'empereur Gia Long.


Nous rejoignons ensuite le palais Tho Ninh, construit en 1849, résidence de la deuxième femme du père de l'empereur. Il a été en grande partie détruit et restauré au fil des ans.



Nous passons ensuite le palais Dien Tho, construit en 1804, résidence et salle d'audience de l'impératrice.



Nous traversons ensuite un immense ensemble comprenant les palais de Can Thanh et Can Chanh, et le pavillon Kien Trung.



Vous devez vous en apercevoir : le site est iiimmeeense, et nous sommes bien content d'avoir prévu la journée pour en faire le tour. Nous ne savons plus où donner de la tête, perdu au milieu des palais, des temples, des allées et des jardins. Et c'est grandiose! 

Il y a beaucoup trop de choses à raconter et à montrer. Voici quand même un petit pêle-mêle des autres merveilles que nous avons découvert dans la cité :

Intérieur du temple de Phuoc Tho
Edifice Tinh Minh
Théâtre royal de Duyet Thi


Inutile d'en rajouter : encore une formidable découverte qui restera dans les annales!

Après la visite, pas le temps de souffler, la route nous attend. Les yeux encore tout pétillants, nous repassons à l'hôtel récupérer nos bardas avant de mettre les voiles vers le terminal de bus. En chemin vers la station, nous tombons sur un sacré spectacle... 



Renseignements pris, nous apprenons qu'en ce 13 août, le pays célèbre l'anniversaire de la création du comité d'insurrection nationale en 1945 par le parti communiste indochinois, formé par le grand Hô Chi Minh lui-même. Des drapeaux à la faucille et au marteau flottent un peu partout, et la fière jeunesse vietnamienne, arborant des T-shirt où resplendit l'étoile dorée, parade en l'honneur du père de la nation. 

Bon, c'est pas tout ça camarades, mais une longue route nous attend. Si tout va bien, demain matin nous serons à Hanoi avec la maman de Léonore!

Ce pays commence à nous taper violemment dans l'oeil. Notre virée dans le centre nous aura craquer la rétine à de nombreuses reprises, et nous ne comprenons que trop bien l'attraction que suscitent les endroits que nous avons visité. Qu'importe que notre itinéraire suive un chemin un brin conventionnel, nous en prenons plein les yeux, et le Vietnam est définitivement magnifique!

Oui, ce pays nous plait bien, et pas seulement grâce à sa beauté. Les gens sont accueillants, souriants, et très aidants. Hormis la petite mésaventure que nous avons vécu à notre départ de Can Tho, figure d'exception qui confirme la règle, nous ne comprenons pas la réputation de piège à touriste que se traîne cette contrée. Nous n'avons quasiment jamais eu à faire face à une quelconque tentative de pigeonnage, excepté peut-être dans les transports, mais ça c'est habituel. Les prix exorbitants d'Hoi An? On ne peut pas appeler ça une arnaque, les prix grimpent en raison de la fréquentation massive du lieu, et la négociation, quand elle était possible, n'était finalement jamais difficile. Le simple fait de montrer que nous connaissions les prix standards suffisait généralement à obtenir les rabais désirés sans trop batailler.

Comme dit plus haut, nous suivons un parcours qui n'a rien de très original, mais peut-être que finalement nous ne le suivons pas vraiment, nous marchons à côté. Comme d'habitude, le manque de préparation et la volonté de vivre local en dehors des visites pousse au contact, et même en zone touristique il n'en ressort comme toujours que des bonnes choses!

Il nous manque quand même quelques échappés en cambrousse pour que notre bonheur soit complet. Les grandes villes, ça va cinq minutes... 

Et puis il y a le Laos qui se profile au loin... Ah le Laos... Durant notre séjour dans le centre Vietnam, nous nous sommes abreuvés de récits sur ce petit pays préservé qui a su rester en dehors du système mondial, d'histoires sur le calme qui y règne et sur l'hospitalité légendaire de ses habitant. Bref, le Laos commence sérieusement à nous faire de l'oeil, surtout au milieu d'un Vietnam qui a accomplit sa route vers le tourisme de masse, et nous sommes impatients de le découvrir. Nous n'oublions quand même pas de profiter, il nous reste beaucoup de choses à découvrir avant de le rejoindre.

Nous vous donnons rendez-vous dans quelques jours pour le récit de nos dernières semaines dans le pays, entre des retrouvailles dans la capitale, la formidable baie d'Halong, et la verdoyante campagne vietnamienne.

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