lundi 27 avril 2015

Une alternative : La permaculture

Bonjour à tous! Ca faisait longtemps, je sais...

Léonore et moi sommes dans la Huon Valley, dans le sud de la Tasmanie, où nous achevons une saison de picking de pommes très productive, après nous être retrouvés fin février lorsque j'ai quitté la ferme où je travaillais.

Sans dire que nous sommes complètement refais, nous avons tout de même mis de côté une somme conséquente, et ce n'est pas fini! En revanche, il vous faudra attendre le détail de ces laborieuses dernières semaines.

En attendant, voici l'article consacré à mon expérience de la permaculture.

En effet, je vous avait annoncé une histoire en deux partie, ce sera finalement en trois. 

Nous avons beaucoup travaillé ces dernier temps, et le temps consacré à la rédaction s'en est forcement ressentit. Et il y a beaucoup trop de choses à raconter!

J'ai donc décide de consacré un article à part entière sur l'experience de la permaculture, tant le concept m'a parut intéressant et prometteur. Il faudra encore attendre pour la suite des aventures!

Revenons là où nous nous étions arrêter, il y a deux mois.

Après le fractangular festival, j'ai donc fais la connaissance de Paul qui m'a offert un job dans sa ferme.

J'y ai découvert, grâce aux personnes formidables que j'y ai rencontré, un mode de vie alternatif basé sur l'écologie, le développement durable et la vie en communauté, dont les principes m'ont parlé par les ouvertures et les alternatives qu'ils prônnent pour l'avenir.

Mais commencons par le commencement : je suis de retour à Campania, déposé par Paul après le festival, pour une courte nuit avant de rejoindre la ferme...

Au matin, me voilà donc embarqué pour de nouvelles découvertes. Le monde appartenant apparement toujours à ceux qui se lèvent tôt, je jaillis de ma tente à 4h30 du mat, au beau milieu de la froide nuit tasmanienne. L'effet du manque de sommeil est compensé par l'impatience, et je remballe en vitesse pour aller lever le pouce au lever du soleil à la sortie de Campania.

Comme d'habitude, le plus dur, surtout à une heure aussi matinale, est de sortir du bled, paumé en pleine cambrousse et traversé par une voiture toutes les 20 minutes... Je reste plus d'une heure et demi le pouce en l'air avant qu'Emesha, jeune fille toute souriante et complètement électrisée par mes histoires de voyage, ne m'embarque pour Buckland. Elle est tellement emballée et adorable qu'elle me donne son numéro et m'annonce que je n'ai pas à chercher de coin où dormir si je repasse par Hobart : sa maison est désormais la mienne!

La ferme de Paul, nommée la Tiger Hill Permaculture, se trouve quelque part dans les forêts alentours, et j'appelle mon nouveau boss pour qu'il vienne me chercher.

Quelque minutes plus tard, le voilà qui arrive, accompagné de l'un des membre de l'équipe, Francesca, une italienne qui travaille ici depuis plus de trois mois. Paul doit partir pour la journée, et il me remet entre les mains de ma collègue, qui va m'expliquer le fonctionnement de la ferme. Nous embarquons, et sur le chemin de terre qui nous entraine au coeur de paysages de plus en plus sauvages de bush et de plaines verdoyantes (ouiiii!!!), elle m'explique accumuler les aller-retours entre l'Italie et l'Australie, en prenant soin de s'arrêter à chaque trajet durant quelques mois en Inde. Elle se sent plus touriste dans son propre pays que dans celui de Gandhi. J'adhère!

Nous débarquons bientôt à la ferme, qui s'étale sur une clairière à flan de colline. Le décors est à tomber, je commence à être vraiment plus qu'emballé par ce qui m'attend! 


La Tiger Hill Permaculture




Avant de rentrer dans le vif du sujet et de vous expliquer le projet ainsi que les tenants et aboutissants de la permaculture, laissez moi rapidement planter le décors et présenter les acteurs.

Je fais la connaissance de l'équipe, ou plutôt la joyeuse communauté avec laquelle je vais vivre durant les deux prochaines semaines. 




Nous avons de gauche à droite Sarah, Andrea et Ivan, originaires également d'Italie et travaillant ici depuis trois semaines. Vient ensuite Yoshi, japonaise, à la perma depuis 2 mois. J'ai déjà parlé de Francesca, et il reste Antoine, la tête qui dépasse, francais arrivé ici il y a plus de trois mois et manager de la ferme en l'absence de Paul.

En parlant de Paul, le voilà, aux côtés de l'un de ses projets dont je parlerai plus en détail par la suite :



Francesca m'accompagne ensuite pour le tour du propriétaire. La partie centrale du domaine est la maison de Paul, qui constitue l'espace commun où nous cuisinons, mangeons et nous reposons.


oui, nous sommes bien!


Autour de la maison se trouvent le potager, les toilettes à compost, divers hangars et entrepots, ainsi qu'une cuisine extérieur encore à l'état de projet.

Au sommet de la colline, surplombant la ferme, je découvre mes appartements, sous la forme d'un petit chalet que je partage avec Ivan. La vue depuis la terrasse est formidable!




Tout ceci a poussé petit à petit depuis 2012 sous l'initiative de Paul. Mineur dans le sud-ouest australien, il a passé deux ans à investir de l'argent dans ce projet pour réaliser son rêve : établir une permaculture opérationnelle, y accueillir des volontaires et enseigner les principes et les concepts de la permaculture.

Et nous y voilà. Qu'est-ce donc que cette permaculture?

J'y viens j'y viens.


Les principes et les voies 



Voici quelques explications sur la permaculture, nécessaire selon moi pour poser les bases d'un concept très intéressant mais assez difficile à saisir dans son essence. Je m'excuse par avance pour le ton un brin fromel... Vous n'avez pas besoin de prendre de notes. Les citations... Dites-donc les deux dans le fond, on se tait et on écoute!

Les citations en italiques sont tirées du livre Permaculture : principles & pathways beyond sustainability de David Homgren, cofondateur de la permaculture, parut en 2002. Les traductions ont été effectuées par mes soins (ça se la pète) ou tirées du résumé en français de l'ouvrage (disponible en téléchargement gratuit ici).

En plus de l'ouvrage cité ci-dessus, j'ai aussi lu les pages wikipedia sur la permaculture (que vous pouvez consultez ici en anglais et en francais), ainsi que les articles d'un très bon site français élaboré par une équipe de permaculteurs passionnés, basé sur les travaux de Bill Mollison et David Homgren, Les principes de la permaculture.

Je vous encourage vivement à consulter tout ça sans modération pour des informations plus détaillées que celles, bien maigres et non-exhaustives, que je livre ici. En dix jours, je n'ai pu qu'effleurer l'immensité de cette discipline. Je souhaite enfin ajouté que bien que je me retrouve dans pas mal d'aspect de la théorie, je n'adhère pas forcément à tous les principes exposés ci-après...

Le terme ''agriculture permanente'' existe depuis le début du vingtième siècle, et sous-entend l'utilisation de méthodes d'agriculture permettant aux sols de conserver leur fertilité naturelle. 

Le concept de permaculture a été élaboré dans les années 70 par deux australiens, Bill Mollison et David Homgren. On ne parle alors plus d'agriculture permanente mais bien de culture permanente, tant son impact est globale et concerne tous les aspects de notre société. 

La permaculture est presentée comme ''une réponse positiviste à la crise environnementale et au déclin des ressources'' (appelé de facon très optimiste ''descente énergétique''), une alternative écologique et durable à l'ère post-industrielle, et regroupe un ensemble de principes éthiques simples : 

-Prendre soin de l'homme

-Prendre soin de la Terre

-Poser des limites à la consommation et à la reproduction, redistribuer l'excédent

Ces bases éthiques vont définir des principes techniques de conception et de design, d'inginierie, de construction, qui vont définir une nouvelle façon de vivre et de considérer notre place sur la planète bleue et notre avenir ainsi que celui des générations futures. 

Donner une définition précise de la permaculture n'est pas chose aisée au vu du nombre de domaines couverts par le concept, relativement complexe au demeurant. Partons de la vision de ses cofondateurs : 

A l'origine, le mot permaculture décrivait ''un système évolutif et integré de plantes pérennes, vivaces ou qui se perpétuent d'elles-même et d'espèces animale utiles à l'homme.''  

Mais comme je l'ai dit plus haut, son champs d'action est devenu tellement vaste qu'une définition plus actuelle est : ''La conception consciente de paysages qui miment les modèles observés dans la nature, visant à obtenir une production abondante de ressources pour satisfaire les besoins locaux.''

On ne parle plus ici d'agriculture permanente, mais bien d'une ''culture de la permanence et de la durabilité [...] qui regroupe les diverses idées, aptitudes et modes de vie qui doivent être redécouverts et développés afin de pourvoir à nos besoins tout en accroissant le capital naturel pour les générations futures''.

Simplifions un peu tout ça (que les oficionados me flagellent allégrement pour mes erreurs et mon hérésie) : la permaculture s'inscrit certe sous certains aspects dans une démarche écologique de développement durable, mais va aussi bien au-delà, ces deux notions n'étant finalement que deux facettes d'une discipline qui en comporte des centaines. 

Il s'agit de définir un mode de vie non plus respectueux de l'environnement mais integré à son environnement en observant et en imitant les modèles présents dans la nature en adoptant une approche systémique. Voilà pourquoi il est si difficile de définir précisément la chose : il n'y a pas de principes concrets à proprement parlé, plutôt une manière de réfléchir à comment utiliser ce qui nous entoure de manière durable de façon à faire partie de son environnement comme l'un de ses éléments constitutifs.

La notion d'écosystème est fondamentale ici, puisqu'il s'agit justement de s'intégrer à un écosystème, voir d'en créer un.

J'aime bien l'idée : le fait de respecter l'environnement nous place d'entrée à côté de ce dernier, tandis qu'ici l'objectif est de s'y intégrer, au même titre que les plantes ou les animaux. Pour moi, la permaculture replace l'homme à la place qui est la sienne : un être vivant parmis d'autres, devant participer également au fragile équilibre de la biosphère.

On comprend ici aisément pourquoi il n'y a pas vraiment de méthodes précises et définitives de permaculture, chaque milieu possédant un écosystème et un équilibre particulier. Deux environnements situés à seulement quelques centaines de mètres l'un de l'autre vont pouvoir présenter des écosystèmes complètements différents, c'est pourquoi il y a en fait autant de moyens opérationnels qu'il y a de milieux.

Apportons un peu de concret tout de meme, à travers les principes de bases qui vont guider la réflexion permaculturelle :

Les principes permaculturels sont des outils conceptuels qui, lorsqu'on les utilise conjointement, permettent de réinventer notre environnement et notre comportement de façon créative dans un monde de descente énergétique et de ressources en déclin.

Ces principes se veulent universels, mais les méthodes employées pour les mettre en oeuvre seront très différentes selon les régions et les situations.

On peut envisager chaque principe comme une porte ouverte sur l'approche de pensée systémique et holistique, chacun offrant une perspective différente qu'on peut interpréter à plusieurs niveaux de profondeur et de mise en oeuvre.

-observer et interragir

-collecter et stocker l'énergie

-obtenir une production

-appliquer l'autorégulation et accepter les rétroactions

-utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables

-ne pas produire de déchets

-raisonner depuis le global jusqu'au détail

-intégrer plutot que séparer

-utiliser des moyens à petites échelle et lents

-utiliser et valoriser la diversité

-utiliser et valoriser les interfaces et leurs éléments

-utiliser le changement et y réagir de manière créative


Pour des explications détaillées de chacun de ces principes, je vous renvoie aux pages 10 a 25 du résumé donné en lien plus haut.

En extrapolant à partir des principes énumérés ci-dessus, David Homgren a conçu la fleur permaculturelle, qui montre certain des moyens pratiques pouvant être mis en place pour répondre à ces principes.





Dans l'absolue, une permaculture parfaite fonctionne en autosuffisance, et en tant qu'écosystème autoréguleé, peut techniquement, une fois mise en place, perdurer sans intervention de l'homme.

La permaculture, dans le fond, propose donc de réapprendre à faire soi-même, à réfléchir par soi-même, de mettre en place des solutions locales et durables sans être assisté en permanence comme comme nous le sommes dans la société industrielle moderne, sans dépendre des industries, de la grande production et des énergies non-renouvelables. C'est d'ailleur pourquoi la permaculture s'inspire non seulement du fonctionnement des sociétés pré-industrielles, mais aussi de nombreuses cultures tribales actuelles qui vivent en autarcie en restant proche de la nature.

Une chose m'a d'ailleur amusé : ce mode de vie, ce retour aux sources, plus proche de la nature, n'est-il pas sous bien des aspects celui que nous avions adopté au Nepal dans notre village? Un mode de vie présenté comme alternatif ici est ailleur... Et bien le mode de vie normal. C'est d'ailleur ce point, pour moi, qui ridiculise un tantinet le concept de permaculture... Si nous le considérons à travers le prisme de notre expérience au Nepal, on se rend compte à quel point ce mode de pensée a été conçu par des esprits élevés et vivant dans la culture occidentale des pays dis développés à destination de gens issus de cette même culture. Nos amis du village de Sarangkot vivent comme ça depuis toujours, sans se poser de questions et sans s'embarasser de réflexions phylosophico-éthiques. Et quand nous leur demandions ce qu'ils voulaient pour l'avenir, la réponse était sans appel et à l'opposé des objectifs de la permaculture... Chacun rêve de la vie de son voisin à travers la vision déformée qu'il en a. Un problème récurent que nous avons de nombreuses fois constaté durant notre periple. Mais nous nous égarons.

Le concept reste intéressant si l'on reste dans le modèle de nos sociétés occidentales, que le monde a visiblement décidé de suivre. Il est résuloment optimiste, et peut paraitre utopiste, dans la forme il l'est, mais il n'est finalement présenté que comme une alternative, pas comme un moyen absolue. Un ensemble de solutions et de méthodes de réflexion sur lesquelles méditer pour construire un avenir durable en ces temps de déclin énergétique et de surconsommation.

Une image m'a particulièrement parlé : l'air industrielle est comparé à un voyage en ballon. C'était enivrant, excitant, mais à présent il est temps de redescendre sur terre.

Voilà pour les grandes lignes. J'invite tous les permaculteurs qui liraient ces lignes à me faire part de mes erreurs et de leurs avis.


En pratique

Rapportons à présent le concept sur le terrain. Comment tout ça s'organise à la Tiger hill?

 Voyez le récit qui va suivre comme l'exposé de quelques exemples non-exhaustifs illustrant sommairement les principes évoqués précédement. Encore une fois, je n'ai passé que 10 jours à la ferme, durée bien trop courte pour appréhender en profondeur la permaculture.

La ferme est relativement jeune, et est encore loin de fonctionner en autosuffisance complète. Malgré tout, à mon arrivée beaucoup de choses ont déjà été mises en place, que je découvre grâce à l'équipe que j'innonde de questions.

Toute l'eau que nous utilisons provient uniquement de la pluie, récupérée et stockée dans deux énormes réservoirs. A savoir que ce procédé est courant en Tasmanie, et en Australie en général. 

Le potager, entièrement biologique, a été en premier lieu fertilisé selon une methode naturelle. Dans un écosystème forestier, les végétaux en décomposition forme un humus qui fourni tout ce qu'il faut aux nouvelles plantes, et le principe a été repris tel quel : sur le terrain destiné à acceuillir le future potager, l'équipe a d'abord cultivé des plantes locales, qu'ils ont laissé mourir afin d'enrichir le sol en substances organiques et en azote, avant de planter des légumes et des herbes. L'arrosage demandait encore une pompe, mais un projet d'irrigation naturelle utilisant la gravitée comme seul moteur était en cour. 



En ce qui concerne l'engrai, on rejoint les principes de non gaspillage : du compost, élaboré à partir des déchets.

Les déchets en question proviennent bien sur des épluchures et autres restes de cuisine, mais aussi d'excréments. Et pas des excréments animaux... On apprecie ici le concept du ZERO gaspillage : nous faisons nos affaires dans des toilettes fabriquées à partir de bennes à ordures, qui permettent de tout récupérer pour enrichir le compost. La chose est poussée tellement loin que nous récupérons même nos urines dans un réservoir séparé, où ils sont transformés en matière compostable. 

Le potager ainsi élaboré presente déjà un bon rendement. A côté, une zone d'expérimentation sert de banc d'essais aux nouvelles méthodes de culture.

La cuisine extérieure accueille un four à bois fait maison. Rappelons nous que le but du jeu ici est d'utiliser les ressources qui nous entourent, et que nous sommes en pleine forêt. Pour répondre à l'objectif de limiter au maximum les consommations énergétiques, la construction du four et son isolation ont fait l'objet d'une réflexion poussée. Je vais laisser Antoine vous expliquer le processus ici (en anglais). 
Voici quelques exemples parmis tant d'autres qui viendrons étayer le récit de mes quelques jours ici.
Il est maintenant temps de se mettre au travail. A mon arrivée, il y a du pain sur la planche : Paul va accueillir dans sa ferme des étudiants pour une session de cours sur la permaculture d'ici une dizaine de jours, et tout doit être fin près.

L'équipe a déjà achevé la construction d'un dortoir pour les étudiants et les futures employés de la ferme, et je débarque pour participer à la fin de son aménagement et à la création d'un bloc abritant des douches et des toilettes communes.


Je passe les trois premiers jours à travailler avec Andrea pour poser les murs en tole du bloc, dont la charpente est déjà dressée. ''Assister'' serait un terme plus exact, si l'on considère les très maigres compétences en bricolage que j'ai pu acquérir à la Gordon Country en travaillant avec Marc.

Architect de son etat, je lui laisse volontier les travaux de conception et de mesure, pour m'atteler docilement, en bon manutentionnaire, aux taches de decoupe, de vissage, de perçages et de soutient qu'il me demande. Effectivement, monter des cloisons ne m'apporte pas beaucoup de notions de permaculture, mais niveau bricolage la chose est très formatrice.


Les fenêtres sont des bouteilles intégrées dans une dalle de torchi


Pendant ce temps, Antoine et Ivan s'occupent du système de canalisation, du toit et des douches. 
Et chaudes les douches s'il vous plait! Mais comment chauffer cette eau efficacement sans consommer d'énergie fossile? Hors de question d'utiliser du gaz ou du fuel bien entendu.

C'est l'occasion pour moi de présenter un projet qui tient en haleine toute l'equipe depuis près de trois mois, et dont j'assiste durant ces premiers jours à l'inauguration : un chauffe-eau artisanal à bois.


Le principe est somme toute assez simple : le dispositif est composé d'un bidon renfermant un réservoir étanche rempli d'eau. Deux circuits indépendants traverse le tout, l'un y fait circuler l'air et est relié à la base du système à un four en brique accueillant un foyer, l'autre à l'arrivée d'eau. 

La chaleur générée par le four va réchauffer l'air, qui chauffe l'eau du réservoir en le traversant, qui à son tour chauffe l'eau du deuxième circuit.

Un quatrième tuyau, au sommet du dispositif, sert à évacuer l'excédent de pression.




Dans le principe donc... Et bien c'est un chauffe-eau : on obtient de l'eau chaude en continue pendant plusieurs heures, tant que l'eau du réservoir reste chaude.

L'intérêt, comparé à des machines élaborées en usine, tient dans le mode de conception et le rendement énergétique qu'il permet.

Tout est dans l'isolation : le réservoir est isolé du bidon par de la laine de verre, et les briques du four minimise les pertes calorifiques, permettant un chauffage maximum avec un minimum de bois. 
Le début du premier test est plus que concluant : avec un simple fagot, la température à l'interieur du foyer atteint rapidement les 900 degrés. En 20 minutes, nous obtenons de l'eau brulante dans les douches. Juste avant que le scotch maintenant la laine de verre autour de la cheminée commence à fondre, prenne feu et que tout le bâtiment manque de s'embraser... Il y'a de plus quelques fuites à l'intérieur du dispositifs.

Enfin l'essentiel est que ça marche, seul quelques petits ajustements sont nécessaire. Mes amis me parle d'un francais qui a détourné un dispositif de ce genre pour en faire une fonderie. Sa conception était tellement bonne que la température grimpait à 1400 degrés à l'interieur de son foyer, ce qui lui permettait de fondre son propre aluminium, tout ça en faisant brûler... quelques poignées d'herbes verte.

Je passe ma fin de semaine à couper du bois pour alimenter le chauffe-eau durant la session de cours, et à construire un toit pour protéger le chauffe-eau avec Andrea.



Entre construction et experimentation, le temps passe vite. Nous tirons de sacrées journées, travaillant 9 a 10h par jour. En bon patron de woofing, Paul est adorable,  passionné, et bien sur nous fait travailler comme des forcenés sans forcément s'en rendre compte... Pour moi qui suis encore tout frais, il n'y a pas de problème, mais le reste de l'équipe commence à se lasser de la pression constante et contagieuse du boss. Après plusieur mois de dure labeur, je les comprends.

Lorsque nous ne travaillons pas, nous vivons toujours en communauté dans la maison de Paul. Le partage des tâches est de rigueur, et à tour de rôle chacun s'occupe du repas, de la vaiselle, du nettoyage etc...

Nous mangeons tous ensemble, et nous mangeons bien. Très bien même. La ferme étant jeune, tout ne provient pas du potager, mais les produits que nous cuisinons sont toujours issus de l'agriculture biologique locale et achetés au marché. Le pain est fait maison, tout comme la confiture, les jus de fruits, le yaourt et j'en oublie. Bien évidement, notre regime est essentiellement végétarien. Je l'ai dit, je voulais du vert, me voilà servis!

Côté accomodation, pour la première fois depuis que j'ai quitté la Gordon Country, je retrouve avec délectation des luxes dont j'avais presque oublié la saveur : un lit et des douches chaudes. Après plus d'un mois et demi à dormir dans le froid sous la tente et la pluie, à me laver à l'eau glacée des robinets, toilettes publiques et autres rivières, ma redécouverte de ces ''petits'' plaisirs s'accompagne d'une sensation d'extase assez indescriptible. Lorsque je me glisse sous la couette le premier soir, après avoir pris une douche brûlante, je touche du doigt le nirvana!

Inutile de dire que je me sens plus que bien ici après mes semaines de vagabondage. Mes amis sont formidables, ouverts, réfléchis, et la vie en communauté avec des personnes aussi fabuleuses est sources d'échanges et de partage comme j'en ai rarement connu. 

Nous avons deux jours de congé par semaine, et si le premier, pluvieux, est l'occasion de nous reposer apres une semaine chargée, Fransesca, Yoshi, Antoine, Ivan et moi profitons du deuxième pour aller crapahuter dans un parc proche et aller voir des grottes proches de la ferme.

L'accès aux grottes est sportif, et nous progressons à travers une forêt dense pour arriver aux falaises dans lesquelles s'ouvrent les cavités creusees par l'érosion.






La semaine suivante, nous commencons par nettoyer et débrousailler la zone en vue de l'arrivée des étudiants, après quoi je m'attèle avec Antoine à la fabrication d'un système de filtration pour récupérer et réutiliser l'eau des douches du bloc.

Nous placons un bidon sous l'évacuation d'eau, que nous garnissons d'abord de graviers, puis de charbon actif, et enfin de sable, chaque couche étant séparée de la suivante par des morceaux de bache perméable. La base du bidon est reliée a un tuyau qui permet de récupérer l'eau purifiée par son passage dans le dispositif.





Des amis de Paul, intervenants, professeurs et étudiants sont arrivés en avance pour prêter main forte aux derniers préparatifs. Ils s'occupent du système de récupération des toilettes à compost, utilisant à nouveau des bennes à ordures placées sous le bâtiment.




Les problèmes du chauffe-eau fixés, nous le remettons en place, et Antoine se charge de remplacer la laine de verre de la cheminée par un coffrage en brique. Les essais qui s'ensuivent ne montrent aucun problème ni disfonctionnement.




Le bloc de douche est terminé la veille du début des cours.


En parallèle, nous nous organisons avec Léonore. Nous avons décidé de nous retrouver le plus rapidement possible en Tasmanie pour une petite semaine de vacances avant d'attaquer la saison des pommes que j'attends depuis si longtemps. Leonore est en train de cueillir des fraises à Stanthorpe, dans le Queensland, et pour me rejoindre elle doit redescendre a Melbourne, et embarquer avec le van dans le Spirit of Tasmania, le ferry qui effectue la traversée de Melbourne à Devonport, sur la côte nord de la Tasmanie. Elle prend son billet pour le lundi 23, et nous commencons à compter les jours, plus qu'impatients de nous retrouver.

A la ferme, nous terminons les derniers preparatifs. La veille de l'arrivée des étudiants, nous profitons d'une soirée pizza grâce au four fabriqué par l'equipe. Ca carbure!



Et la cavalerie débarque. Une trentaine de personnes en tout, principalement des australiens, mais aussi un couple tout droit débarqué de Singapour, venu trouver des idées pour apporter un peu de verdure à la cité-état. De notre côté, nous sommes chargés de l'organisation, et pour ce premier soir c'est à moi qu'il incombe de faire tourner le chauffe-eau pour sa première utilisation publique.
Ca fait beaucoup de monde et d'agitation, et je décide de mettre les voiles, trois jours avant l'arrivée de Léonore, histoire de profiter d'un week end de repos bien mérité.

Au matin du deuxième jours de cours, je remercie tout le monde pour l'accueil et l'expérience formidable que j'ai vécu ici. Encore des gens que j'espère de tout coeur recroiser un jour!

Je vais m'arrêter là pour le moment.

C'est la fin d'une nouvelle expérience géniale. Après dix jours à la Tiger hill et beaucoup de lecture, et bien j'adhère.

J'ai retrouvé des valeurs qui me sont chères dans le mode de vie permaculturel, et ses tenants et aboutissants offre des perspectives et des réflexions intéressantes. Dans un monde dominé par la surconsommation où les énergies fossiles tendent à s'épuiser, la permaculture propose de modifier radicalement notre mode de vie, et ses perspectives optimistes pour l'avenir sont autant de solutions possibles pour résoudre des problèmes de plus en plus graves, et qui ne vont pas aller en s'arrangeant.

La vie à la ferme a été plus qu'enrichissante, même si la Tiger Hill fonctionnait de façon un peu spéciale... Les lecteurs attentifs aurons d'ailleur probablement remarqué certaines contradictions entre les principes évoqués en première partie et l'expérience que j'ai vécu.

Des contradictions, il y en avait quelques-une. Les générateurs au fuel qui tournent toute la journée pour alimenter les scies sauteuses et autre meuleuses, les trajets en voiture pour 500 petits mètres, et j'en oublie.

Et elles n'étaient pas que matérielles... Si l'équipe était formidable, certains étudiants m'ont interpellé. Que dire de ce gars qui nous fait l'apologie de la compassion, de la vie et des valeurs de l'hindouisme et du boudhisme pour à la nuit tombée aller tirer des wallabis à la carabines?

Enfin bon, je chipotte. Ces quelques jours de découverte d'un domaine dont j'ignorais tout et où je me suis retrouvé par bien des aspects n'appellent qu'une chose ; recommencer et approfondir!

Au prochaine épisode, nos retouvailles avec Léonore, un peu de vacance, et enfin du travail, du vrai, du lourd, du long! 

Un dernier mot : il y a exactement un an, jour pour jour, nous attendions notre visa indien dans le centre de Kathmandu, au Népal, qui n'est aujourd'hui que ruines et décombres. Nous sommes de tout coeur avec le pays le plus merveilleux qui nous ai été donné de traverser, et qui n'avais vraiment pas besoin de la calamité qui lui est tombée dessus aujourd'hui.

See you!

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