Bonjour le monde! Nous voilà enfin de retour!
Tout frais, tout requinqués, impatients de nous remettre à dévorer la route et de vous faire partager tout ça dans ces pages.
Voilà plus de six mois que nous n'avons plus donné de nouvelle sur ce cher petit blog, et un rapide résumé de situation me paraît nécessaire : nous avons pas mal d'articles en retard sur la Birmanie, la deuxième partie de notre vadrouille thaïlandaise (en compagnie de mes parents!) et notre surréaliste expérience de woofing dans un refuge pour chats abandonnés en Malaisie (oui oui!). Le fait est qu'un imprévu, que nous détaillerons dans un prochain article, nous a ramené en France pour quelques mois alors que nous devions rejoindre la Nouvelle Zélande. L'occasion de revoir famille et amis après deux ans et demi passé sur les routes, et de recharger des comptes en banque qui faisaient grise mine.
Aujourd'hui,
le Petit Tour est reparti. Nous avons de nouveau quitter la France,
le 12 octobre 2016, pour nous envoler vers cette tant attendu
Nouvelle-Zélande, working holiday visa en poche. Voici le premier récit d'une nouvelle aventure, qui devrait nous conduire d'Océanie
en Amérique du sud durant les deux prochaines années. Nous sommes
surexcités, ravis, tout fous, et je manque de qualificatifs...
Une
nouveauté pour ce nouveau départ : nous avons embarqué mon
meilleur ami, Florian, dans nos aventures. Un troisième compagnon de
route afin de respecter la maxime "plus on est de fous, plus on
rit!"...
Comme
d'habitude, nous n'avons pas préparé grand-chose pour la suite de
notre grand voyage. En ce qui concerne nos vadrouilles
néo-zélandaises, nous comptons profiter de nos économie pendant un
mois ou deux histoire de vadrouiller l'île nord, après quoi nous
trouverons du travail, probablement dans le fruit picking. au début
de l'été.
Pour
l'heure, roulement de tambour et trompette, l'article de nos premiers
et formidables pas dans le dix-huigtième pays du Petit Tour. Déjà
de belles histoires à raconter! mais commençons par le
commencement...
Nous quittons Chassieu. Nous quittons
Lyon. Dans la voiture, le téléphone sonne, des amis qui nous
appellent pour des au-revoirs de dernière minute. Mes parents nous
posent à l'aéroport, encore des adieux, les derniers, les plus
émouvants, et nous voilà face aux guichets d'enregistrements des
bagages, à quelques heures du décollage. Nous discutons de nos
ressentis, de nos impressions, nous attendons le départ avec
impatience. Nous revoilà dans un aéroport, aux portes du voyage.
Combien de fois avons-nous rêvé de ce moment au cours des six
derniers mois? Quand l'heure d'embarquer arrive, nous sommes grisés,
même si un programme assez violent nous attend...
C'est que notre trajet promet d'être
sportif : de Lyon, nous devons voler jusqu'à Londre, changer
d'aéroport, prendre un avion pour Manille, aux Philippines, puis
encore un autre, qui après une escale à Cairn, en Australie, nous
emmènera enfin jusqu'à notre destination finale : Auckland,
Nouvelle Zélande.
Je vous épargne les détails d'un
monstrueux voyage de 34 heures, que je résumerai par
attente-contrôle-attente-vol-bus-folle cavalcade (oui, nous arrivons
à l'aéroport Heathrow de Londre seulement une heure avant le
décollage...)-vol-punaise punaise punaise ca y'est nous voilà
partis-contrôle-attente-tarot-attente-contrôle-attente-vol-tiens
nous revoilà en Australie-contrôle-attente-vol. Il est assez
amusant de constater qu'entre Lyon et Auckland, nous passons 6 ou 7
contrôles de sécurité... Comme si quelque chose d'interdit pouvait
passer entre les mailles du filet plus d'une fois, alors que nous ne
quittons pas le circuit transit-avion... En revanche, mention
spéciale à Philippine Airline pour ses repas compris et les films
pas si mal que ça diffusés pendant le vol. Bref.
A notre arrivée à Auckland, nous
sommes ravagés par le décalage horaire, épuisés, mais
fichtrement heureux. Nous voilà à l'autre bout du monde, plus
éloignés de la France que la plus lointaine destination que nous
ayons visité.
Nous expérimentons les mesures de
protection de la biodiversité mises en place par le ministère de
l'immigration néo-zélandais : nous devons déclarer tout notre
matériel de camping, et autant dire que nous en avons par-dessus la
tête. Ceci nous vaut un passage par un bureau spéciale de la douane
du pays, où on nous contrôle chaussures, sacs et tentes. Celle de
flo, toute neuve, passe sans problème, mais il n'en va pas de même
pour la notre, qui se retrouve en désinfection. Coup de bol, nous
l'avions bien nettoyé, et nous ne payons pas l'opération. Cet
aspect sursécuritaire ne nous dérange pas. On ne va pas reprocher à
un pays dont la flore et la faune sont unique au monde de vouloir
préserver ses fragiles écosystèmes, surtout après tout ce que
nous avons vu.
Et nous y voilà. De retour à la
vadrouille, face à un nouveau pays qui nous tend les bras, que nous
devions rejoindre en mars dernier mais qui se sera fait attendre
pendant 6 mois. A côté des portes, la déco donne le ton : une
immense statue de nain de la Moria en simili-pierre se dresse...
Welcome to the Middle Earth!
Dehors, le soleil se couche, nous ne
savons pas du tout où nous allons, ni où nous allons dormir (ouiii!!!), mais
peu importe. Léonore et moi savourons le retour à la route, Flo son
premier atterrissage si loin de chez lui, et nous nous étreignons
dans un très meugnon gros câlin collectif.
Bon. Trêve de mamours et de réflexions
spirituelles. Notre plan est simple : trouver un coin ou passer la
nuit, tenter d'éviter Auckland, et filer vers le nord. Modalités de
vadrouille : auto-stop et nuit sous la tente.
Nous revoilà sur le terrain, et les
réflexes reviennent vite : nous ramassons quelques bouteilles en
plastiques abandonnées dans l'aéroport pour les remplir d'eau,
squattons la super application de Flo qui répertorie tous les
camping des environs, et nous mettons en route pour le quartier de
Titiranga, au sud-ouest d'Auckland, où se trouve un camping à moins
de 10 dollars. Quoi? Payer pour poser notre tente? Serions-nous en
train de vieillir? Il s'avère que nous voulons commencer en douceur,
reprendre tranquillement, d'autant que nous avons des sous, et que en
ce qui concerne Flo, une première nuit passée sous un pont où
derrière une haie à attendre le dernier moment pour poser la tente
ne constituerait peut-être pas la meilleur des introductions au
voyage...
Nous quittons l'aéroport à coup de
boussole. Nous n'avons pas d'autres provisions qu'un paquet de
biscuits, et la providence nous offre déjà une grande surface où
nous nous chargeons de notre bon vieux combo australien :
bacon-pain-fromage. Nous aurons au moins de quoi manger ce soir!
Et cette chère providence ne va pas
s'arrêter là, tandis que nous célèbrons le grand retour du stop!
Lorsque nous nous posons le pouce en l'air sur la nationale qui
quitte l'aéroport en direction du sud-ouest de la ville, il est
19h07. A 19h12, une voiture s'arrête, et c'est comme si notre Petit
Tour bien-aimé nous disais "enfin vous revoilà! Vous m'avez
manqué, venez par là que je m'occupe de vous!".
Nous nous faisons embarquer par Craig,
qui habite dans les environs mais qui propose gentillement de faire
un détour pour nous emmener à destination. Il se marre losque nous
lui annonçons que nous n'avons absolument rien prévu pour notre
arrivée en Nouvelle Zélande! Nous roulons. Encore et encore.
Lorsque Craig s'arrête pour entrer l'adresse du camping que nous
avons trouvé dans son GPS, nous nous rendons compte de la tuile :
nous cherchions un camping à Titiranga, un quartier d'Auckland. Sauf
que la super appli nous a sorti un camping à Titiranga, petit
village à 300 kilomètres au sud...
Il fait nuit noir, et dans nos têtes
nous nous apprêtons à passer notre première nuit à la belle
étoile sur un parking ou dans un fourré... Lorsque Craig nous
propose tout naturellement de dormir chez lui! Cela fait à peine 20
minutes qu'il nous connait... Cela fait à peine 3 heures que nous
avons attérit dans le pays et que notre Petit Tour a repris! Nous
acceptons avec joie ce qui va vite devenir une des plus formidable
introduction à un pays que nous ayons connu. Et dire que nous avions
promis à Flo plétore de galères et de plan foireux sous la
pluie... Et bien pas aujourd'hui! La tente devra prendre son mal en
patience encore quelques temps, ce soir nous dormons dans un lit! C'est tellement le genre de chose que nous adorons en voyage qu'il est presque comique que cela nous arrive dès nos premières heures de vadrouille!
Craig nous emmène chez lui, en
banlieu, et une belle soirée s'annonce. Il nous présente ses
filles, nous prépare un bon repas chaud, et nous oublions rapidement
la fatigue tandis que les discussions vont bon train. Craig est
adorable, et nous lui posons plein de questions sur la Nouvelle
Zélande. Il confirme nos craintes concernant le camping sauvage :
visiblement, ici il vaut mieux l'oublier, les autorités étant très
strictes avec les hippies dans notre genre qui posent leur tente
n'importe où... Apparement, il vaut mieux se rabattre sur les
campings du Departement Of Conservation, alias DOC, légaux et
parfois gratuits, histoire d'éviter des amendes pouvant être très
salées. Nous verrons.
Il nous parle aussi beaucoup de la
culture Maorie dans le pays. La politique locale va à l'opposé de
ce que nous avions pu constater en Australie, où les natifs
aborigènes ne bénéficiaient que d'une reconnaissance limitée :
ici, la langue et les traditions Maories semblent être mises en
avant dans tous les aspects de la société, grâce à des accords
passés durant la colonisation de l'île. La langue Maorie est par
exemple enseignée dans toutes les écoles.
Il est plus de 3h du matin lorsque nous
nous couchons, après ce formidable accueil qui va tellement dans le
sens de ce que nous préférons dans le voyage. Le Petit Tour repart
du meilleur pied possible!
Le lendemain, notre ami nous propose de
rester une journée de plus afin de nous faire visiter Auckland. Et
bien finalement nous pourrons faire un tour en ville!
Nous préparons la suite de notre
vadrouille suivant ses conseils. Il nous recommande chaudement de
passer voir les kauris, arbres géants poussant dans la Waipoua
Forest, à une centaine de bornes au nord d'Auckland. Il nous montre
aussi sur notre carte le Cape Reinga, qui marque le point le plus
austral du pays et la rencontre entre la Tasman Sea et l'Océan
Pacifique. Et bien c'est décidé, nous avons nos prochaines destinations. Qu'il est bon de se remettre à constuire notre voyage sur
les simples conseils des habitants!
L'après-midi, nous partons visiter la
ville et ses environs. Je passe rapidement sur le centre d'Auckland,
qui nous rappelle bougrement Hobart en Tasmanie. D'ailleurs, il
s'avère que les environs ruraux de la ville en général nous
renvoient aux paysage tasmaniens, tout en étendues verdoyantes et
vallonnées piquetées de forêts éparses.
Nous faisons un premier arrêt sur la
côte est, face à un superbe point de vue.
Nous rejoignons ensuite une plage par
une route offrant de beau panorama sur la mer.
Craig nous annonce un dernier arrêt,
et nous mettons le cap vers l'ouest, à travers une fantastique forêt
à la végétation plus que luxuriante, mi-tropicale mi-tempérée.
Nous arrivons sur une nouvelle plage, au milieu de laquelle se dresse
un impressionnant piton rocheux, le Lion's Rock, le rocher du lion.
Le point de vue depuis son sommet est magnifique!
La journée est vite passée. Le soir,
nous rendons hommage à notre hôte en lui préparant nos fameuses
crêpes bretonnes nationales! Avec la courte nuit de la veille, nous
nous ramassons le retour de flamme du voyage et du décallage horaire
en pleine face... A 21h, tout le monde est couché.
Au matin, nous établissons un plan de
route, tandis que Craig, dans un ultime beau geste, nous empacte de
nombreuses victuailles pour la route. Nous voilà plein de crêpes,
de confiture, de nutella (rhaaaa...), de fruits, de saucisses, et
j'en oublie! Il propose de nous poser directement à la sortie de la
ville pour nous éviter d'avoir à rejoindre un bon coin stop à
pied. Nous filons bientôt vers le nord, et notre ami, qui aura
décidément été un ange jusqu'au bout, nous fait finalement
parcourir plusieurs dizaines de kilomètres vers le nord pour nous
poser en cambrousse, dans la petite ville de Wellsford. Première étape : la Waipoua Forest et ses arbres géants, les kauris. Nous faisons
nos adieux à Craig, qui nous aura offert l'un des meilleurs accueils
que nous ayons connu dans un pays et la plus formidable introduction
à notre retour sur la route. Si tous les néo-zélandais sont comme
lui, notre voyage promet d'être mémorable!
Nous rejoignons la sortie de la ville,
et campons le pouce en l'air tandis que -oh joie!- la pluie se met à
tomber. Là on commence à parler! Premier objectif : Dargaville, à
50 kilomètres au sud de la Waipoua Forest. Après une quinzaine de
minutes, une première voiture nous embarque pour une trentaine de
bornes. C'est ensuite une sympathique vieille dame qui nous récupère,
après seulement quelques minutes, pour nous poser à destination.
Décidément, même à trois, le pouce fonctionne du tonnerre ici!
Notre bienfaitrice nous offre en prime deux tablettes de chocolat! Du
chocolaaat!
Nous déjeunons sous le soleil, avant
de passer glâner quelques informations au centre tourisitque du
coin. La journée est déjà bien entamée, et nous décidons de
garder la visite de la forêt et de ses arbres géants pour demain,
afin de nous concentrer sur la recherche d'un endroit où passer la
nuit Encore une fois, on nous annonce que le camping sauvage est
sévèrement réprimandé dans le coin. Le problème, c'est que nous
n'avons trouvé aucun spot gratuit et légal dans les environs...
Nous verrons ce soir, mais je rechigne, comme à mon habitude, à
payer pour poser un carré de tissu par terre.
Après une dizaine de minutes le pouce
en l'air, c'est un jeune homme russe qui nous récupère. Il allait
seulement chercher du lait pour sa mère, mais lorsque nous lui
annonçons que nous cherchons un endroit où dormir, il n'hésite pas
à passer près d'une heure pour faire le tour des campings de la
région! Problème, soit ils sont fermés, soit ils sont beaucoup
trop chers pour nous... Notre ami nous propose de quitter la route
principale pour descendre vers le lac Kai Iwi. Sur place, nous
découvrons un camping paradisiaque avec vue sur les eaux, mais
malheureusement payant. Baste! Nous ne sommes pas encore au dollar
près, et nous décidons de nous y poser après avoir remercié notre
ami russe qui se sera bien démené pour nous.
Nous voilà, sourire aux lèvres, de
retour en pleine cambrousse, face aux eaux limpides du lac, cernés
par la forêt, les oiseaux et le calme. Qu'est-ce que c'est bon!
Nous montons le campement avant de
partir nous balader. Notre chemin nous fait traverser des étendues
de végétation aussi diverses que fantastiques, et nous nous
attendons presque à voir surgir des buissons une fée ou un elfe! La
flore ici est décidement formidable, on se croirait au pays des
merveilles.
Nous dînons au bord de l'eau, face au
coucher du soleil, avant de nous réchauffer autour d'un thé et de
nous affaler dans nos tentes pour une belle première nuit en
extérieur. Nous sommes au début du printemps, et la température
est idéal, quoi qu'un peu fraîche pour mes compagnons de route!
Nous avons besoin de tout le repos
possible pour la journée suivante. Parce que c'est bien joli de
quitter la route pour aller se paumer en rase campagne, mais encore
faut-il rejoindre la dite-route... En l'occurence, ce sont douze bons
gros kilomètres qui nous attendent, et vu l'absence totale de
voitures dans le coin, nous nous attendons à les parcourir à
pied... Et finalement non. Après une heure de crapahute, nous sommes
embarqués par un couple dans un camping car, qui nous dépose en
plein coeur de la Waipoua Forest! Du velour ce début de voyage! Nous
avions prévu 4h de marche et on-ne-sait-pas-combien-d'heures de stop
pour arriver là, et nous nous retrouvons finalement sur place à
9h30...
Il est temps de faire un peu de tourisme, et nous commençons l'exploration d'une jungle luxuriante pour tomber sur notre premier arbre géant, le plus gros kauri de tout le pays, bien nommé "Le Dieu de la Forêt", ou "Tane Mahuta" en langue maori. Son âge exact est inconnu, mais serait compris entre 1250 et 2500 ans. La circonférence de son tronc est phénoménale : pas moins de 13 mètres! Tane Mahuta, dans la mythologie maori, serait le fils de Ranginui, le père du ciel, et tous les êtres vivants sont considérés comme ses enfants.
Nous quittons le majestueux dieu de la forêt pour visiter son petit frère, le Père de la forêt, ou "Te Matua Ngahere", à quelque kilomètres de marche. Bien que plus petit, il n'en reste pas moins très impressionnant. Non loin, nous découvrons les Four Sisters, 4 kauris ayant poussés côte-à-côte.
Une sacrée première visite! Au-delà des kaoris, nos marches forestières nous en ont mis plein les yeux grâce à une flore toujours plus impressionnante.
Nous mangeons un morceau avant de réfléchir à la suite. Nous avions prévu de nous rendre à l'extrême nord du pays, au Cape Reinga, mais nous sommes en avance sur nos prévisions. Nous repérons un camping gratuit situé à une soixantaine de kilomètres plus au nord, près de la ville de Kaitaia, le Reatea Campground, et nous décidons d'aller nous y poser. Il nous faut pour cela rejoindre la côte, puis prendre un ferry pour traverser un fjord, avant de rejoindre le spot. Tout un programme...
Et c'est le début d'un long, très long après-midi. Craig nous avait prévenu : nous ne sommes pas encore en pleine saison touristique, et la route que nous avons empruntée est quasiment déserte... L'autostop a beau fonctionner, si il n'y a pas de voitures, il n'y a pas de voitures... Nous marchons sur le bord de la route pendant plus de deux heures, ne croisant que quelques véhicules. Nous quittons la forêt, rejoignons un village perdu dans la cambrousse, et faisons une pause. Nous avons parcouru près de 15 bornes à pied, nous sommes dans un patelin paumé d'une dizaine de maisons et de fermes, il n'y a strictement rien à l'horizon hormis des champs et des forêts... Et cette maudite route qui ne voit passer qu'une voiture toutes les 15 minutes...
Ca va que le coin est mignon |
Le prochain village se trouve encore 15 kilomètres plus loin, et nous faisons les piquets au bord de la chaussée, prenant notre mal en patience. Nous y resterons 2 heures. 2 heures à tendre désespérément le pouce à chaque bruit de moteur qui approche. Flo a bien compris l'esprit positiviste lorsqu'il sort le fameux "Au moins il ne pleut pas!". Quand une jeune fille nous annonce enfin qu'elle peut nous poser seulement 10 bornes plus loin, nous sommes aux anges. Au moins nous bougeons!
Elle nous dépose sur la côte, à une vingtaine de kilomètres du ferry. C'est l'occasion de profiter d'un beau point de vue sur les dunes qui couvrent l'autre rive du fjord, avant de nous faire embarquer pour 10 kilomètres supplémentaires par un vieux monsieur bien sympathique. On avance on avance, même si le stop a la mode saut-de-puce n'est pas des plus efficace...
Et nous revoilà perdu dans la cambrousse, au milieu d'un décors étrangement semblable à celui que nous avons quitté pour rejoindre la côte... L'heure tourne, les voitures non, et nous commençons à nous demander si nous parviendrons à attraper le ferry avant la nuit. Il est 18h passé quand notre sauveur pointe le bout de son nez, en la personne de Louis. Avant même que nous ne montions dans sa voiture, il repère nos tentes, nous explique qu'il est inutile d'espérer prendre le bateau à cette heure-ci, et nous invite à poser le camp sur le terrain de son beau-père pour la nuit! Yeepee! Sont forts ces néo-zélandais!
Nous quittons la route pour grimper dans la forêt, passons un portail, et nous faisons déposer au milieu de la jungle, à côté d'une petite rivière, dans le décors enchanteur qui a été le notre durant toute la journée. Voilà que nous allons en plus passer la nuit dedans!
Louis nous souhaite la bonne nuit, nous profitons de la rivière pour nous laver (sans savon! Keep the New Zeland green!) et nous passons une soirée tranquille dans ce cadre de rêve avant de nous réfugier sous la tente. Une bien belle consolation après nos déboires de la journée!
Au matin, nous plions bagages pour rejoindre la route. Nous allons y arriver à ce camping! Le pouce est plus prolifique aujourd'hui, et nous sommes bientôt ramassés par une maori, qui fait un sacré détour pour nous poser devant l'embarcadère! Après quelques courses, nous embarquons pour une petite traversée avant de mettre pied à terre...
...Et de nous relancer dans une bonne marche. Et bien oui, la route que nous suivons se termine sur le quai que nous venons de quitter, et nous devons attendre le prochain aller-retour du bateau pour espérer qu'il nous ramène des voitures!
Nous rejoignons finalement le prochain village, KohuKohu, à pied. Nous avons définitivement compris que le nord est paumé et que les rares localités n'abritent que quelques centaines d'habitants. C'est ça de vouloir se perdre au milieu de nulle part...
Finalement, le pouce nous permet de rencontrer Lionel, qui à nouveau va faire un beau détour pour nous poser le plus loin possible! Lionel est originaire d'Auckland, mais s'est rendu dans la région pour assister aux funérailles de sa mère, maori. Il nous en dit un peu plus sur les rituels funéraires traditionnels. Les funérailles maoris durent plusieurs jours. Jusqu'à l'inhumation, le corp reste avec sa famille et ses amis, avant d'être transporté au cimetière, où il va recevoir différents hommages : chants, discours adressés au défunt etc. A cette occasion sont par exemple entonnés les fameux Hakas. Il nous emmène visiter une petite église bâtie par son arrière-grand-père, et nous montre les lieux où se déroulent les rituels funéraires et les repas cérémoniaux.
Nous le remercions chaleureusement d'avoir pris le temps de nous expliquer tout ça. Avant de nous laisser, il nous donne le numéro de son fils. Ce dernier tient un vignoble à Napier, à Hawke's Bay, dans le sud-est de l'ile nord, et il pourra visiblement nous trouver du travail quand nous en aurons besoin! Encore un très beau cadeau qui nous est offert.
Nous marchons encore un moment avant d'être récupérés par deux hommes. Ils travaillent dans les routes, connaissent bien la région et le camping où nous nous rendons, et en peu de temps, enfin, nous arrivons. Il se sera fait désirer ce satané Reatea campsite!
Je fais ma mauvaise langue. Nous franchissons une rivière (hop, de l'eau à volonté!), et débouchons sur un superbe terrain entouré par la jungle et des centaines d'oiseaux. Et bien ça ira pour aujourd'hui, et pour demain aussi! Il n'y a pas un chat, et nous fouinons un peu pour trouver l'endroit parfait. Il y a même des toilettes sèches!
Nous établissons le camp, avant de réfléchir à la manière de meubler notre après-midi. Nous sommes à 20 kilomètres de la grande ville du coin, Kaitaia, et avec Flo nous partons lever le pouce pour une petite reconnaissance et quelques courses, tandis que Léonore garde le camp. Une sacrée mission me direz vous? Ben non. Le stop en Nouvelle Zélande, c'est du caviar premier choix fourré au foie gras. En 15 minutes, nous sommes récupérés!
Kaitaia n'est pas très grande, mais suffisament pour nous permettre de dégoter une grande surface, un point d'information avec plein de cartes pour notre vadrouille au Cape Reinga, et du wifi gratuit! L'autostop retour se passe aussi bien qu'à l'aller, et au final nous sommes revenus moins de 2 heures après notre départ!
Il est temps de nous poser. Lessive, réorganisation des sacs, séchage, bain dans la rivière... Nous reprenons nos petites habitudes, nous profitons d'un bel après-midi ensoleillé pour nous faire dorer la pilule, bref, la vie est beeelle!
Dans l'après-midi, nous avons de la visite : nous faisons la connaissance de Jenny, une française en vadrouille dans le coin depuis quelques mois, et nous l'invitons à manger. Pour l'occasion, nous nous fendons d'un repas chaud, avec une bonne grosse et requinquante platrée de pâtes avec beaucoup trop de fromage. Non pardon, il n'y a jamais trop de fromage!
Aujourd'hui, après une sacrée grasse matinée, nous avons rejoint Kaitaia pour nous charger de provisions. En effet, nous allons profiter d'une dernière nuit dans notre camping paradisiaque avant de rejoindre le Cape Reinga, à 120 kilomètres au nord de Kaitaia, puis de redescendre à pied, pendant deux ou trois jours de treck en autonomie, les dizaines de bornes de la Ninety Miles Beach, une immense plage qui court sur la côte ouest du Far North néo-zélandais.
Ce sera tout pour l'instant.
Ce début de voyage est un rêve. Aucune véritable galère, de très bon moments passés, de bien belles rencontres, un pays magnifique, des habitants aux petits soins... Nous sommes ravis, et tout va pour le mieux. On s'ennuirait presque! Nous attendons la suite avec impatience. La Nouvelle Zélande n'est pas du tout difficile à parcourir, et c'est une bonne chose pour redémarrer en douceur.
Le Petit Tour a connu un fantastique nouveau départ. Nous revoilà pour ainsi dire chez nous, nous avons renoué avec ce mode de vie qui nous plait tellement, détaché de tout, simple et formidable. Avec un troisième compagnon de route pour partager tout ça, que demander de plus?
A bientôt tout le monde, nous continuons notre rêve, sans oublier de penser à vous!
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