Bonjour à tous!
Et bien il aura pris son temps celui-là! C'est que nous avons été très occupé au cours du dernier mois à nettoyer des pommiers 9h par jour...
Nous vous raconterons tout ça dans un prochain article. Pour l'heure, voici le récit des quelques semaines qui ont précédé le retour au travail. Quelques semaines marquées avant tout par notre débarquement sur l'île sud de la Nouvelle Zélande, la belle et légendaire, celle qui fait briller nos yeux d'envie depuis plusieurs années. Et nous y sommes!
Nous débuterons notre histoire par une arrivée sur l'île peu glorieuse et une première semaine dominée par l'inactivité, la météo déplorable et quelques difficultés administratives nécessaires mais forcément ennuyeuses (ça donne envie, pas vrai?), avant de vous emmener, après une petite balade dans les forêts du parc de Kahurangi, à la découverte d'un des joyaux naturel du pays : l'Abel Tasman National Park, avec ses plages de sable d'or et sa jungle. Nous terminerons par le début de nos recherches de travail et une petite crapahute sur le célèbre Queen Charlotte Track dans les magnifiques fjords du nord-est de l'île.
Un article fourre-tout, rédigé sur plus d'un mois donc forcément décousu. Bonne lecture!
En route vers le sud
Nous vous avions laissé la derniere fois à Ohakune, sur l'île nord, où nous profitions d'un repos bien mérité dans un B&B providentiel après l'harassant mais formidable Tongariro Alpine Crossing.
Alors je préfère vous prévenir tout de suite, le début de notre histoire n'est pas des plus palpitant... En voilà une belle phrase d'accroche!
Pourtant,
tout commence plutôt bien. Très bien même : nous profitons de repos et de soleil
chez Paul durant une petite journée réparatrice, préparant la
suite de notre vadrouille.
Comme
je le disais la dernière fois, nous avons décidé de rejoindre
Wellington, pour prendre un ferry à destination de l'île sud. Sur
place, avant toute chose, nous voulons nous atteler à l'ouverture de
nos comptes en banque et à l'obtention de notre IRD number, ce qui
ne sera visiblement pas si évident que ça.
Il
faut normalement réserver le billet de ferry, mais étant donné que
nous ne savons pas combien de temps nous allons mettre pour franchir
les 300 bornes qui nous en séparent de la capitale en stop, nous
préférons ne pas nous avancer et jouer la carte de la chance en
prenant nos billets sur place juste avant le départ, au terminal de
l'agence de ferry. Léonore et moi cherchons tout de même un aperçu
des tarifs. Deux compagnie assurent 6 traversées quotidiennes entre
Wellington et Picton, petite ville côtière du nord de l'île sud :
Interislander et Bluebridge Ferry. La traversée dure environ 3h30 si la
mer est calme (on nous a raconté que cette durée pouvait être
multipliée par deux, voir plus, en cas de tempête...) Les deux
compagnies se valent, et les prix dépendent de la saison. Dans notre
cas, le choix est simple : 53$ avec Bluebridge Ferry, 59 avec
Interislander.
Nous repérons
notre trajet idéal : un départ à 2h30 du matin de Wellington, pour
une arrivée à Picton prévue à 6h. Cela nous laisserait une bonne
journée pour gérer notre administratif. En levant le pouce tôt le
matin depuis Okahune, nous nous ménagerions une bonne marge de temps
pour arriver à Wellington. Encore une fois, dans l'idéal...
L'entreprise est audacieuse, et comporte beaucoup de paramètres
hasardeux. Un retard, une pénurie de billets, un surcroit de
malchance en auto-stop, et nous risquons de nous retrouver bloqués à
Wellington en plein centre-ville, ce qui serait synonyme d'une nuit à
dormir dans la rue... Rien d'inhabituel donc.
Sachez que si vous êtes un peu plus prévoyants que nous, vous pouvez réserver vos billets ici.
Sachez que si vous êtes un peu plus prévoyants que nous, vous pouvez réserver vos billets ici.
De mon côté,
j'y crois à fond. C'est important d'avoir la foi!
Nous nous en
inquiéterons demain. Pour le moment, nous profitons de la maison de
Paul, qui de son côté profite de nos bras jeunes et fougueux. Notre
hôte est en effet atteint de la maladie de Parkinson, et nous lui
donnons un coup de main pour déplacer des remorques dans son jardin,
tronçonner quelques branches d'arbre, nous flinguer le dos en tirant
une remorque particulièrement lourde, ce genre de choses...
Au matin, c'est
parti. Le plan est donc simple : lever le pouce sans interruption
jusqu'au centre-ville de Wellington et le terminal de Bluebridge. Si
nous avons de la chance, nous arriverons d'ici ce soir et nous
pourrons acheter des billets pour le ferry de 2h30. Sinon...
Surprise! Rien de bien méchant donc, en comparaison de certaines
situations que nous avons eu l'occasion d'expérimenter auparavant
(Ah, notre grandiose épopée de Yazd à Kathmandu!).
Nous saluons
Paul, sortons d' Ohakune, et au bout de 30 minutes, nos incertitudes
et nos craintes sont balayées, et le hasard nous offre ce genre de
lift miraculeux qui n'arrive que rarement : un van s'arrête, conduit
par un couple argentin. Ils se rendent à Wellington. Sans déconner?!
Bon, voilà,
oubliez tout ce que je disais. La route est bien moins intéressante
que ce à quoi nous nous sommes habitués depuis que nous sommes dans
le pays, le ciel est noir, il pleut à verse, mais quelle importance?
Nous arrivons à Wellington à 15h, nos amis nous posent à l'entrée
du terminal, nous passons au guichet, achetons nos billets pour le
ferry de 2h30, et c'est réglé. Décevant, pas vrai? Avouez que vous
esperiez quelques rebondissements! Désespérément ennuyeux je vous
disais...
Plus
sérieusement, le temps est déplorable, nous avons plus de 11 heures d'attente avant le départ du bateau,
mais nous exultons. Il est amusant de constater l'effet que peuvent
avoir une session d'auto-stop réussie et la simple présence d'un toit
au-dessus de la tête sur le moral! Dans cette situation précise, nous
aurions été moins heureux si le temps avait été ensoleillé. Grâce à notre magistral coup de chance en pouce, nous sommes au secs, nous
n'avons plus à nous soucier de rien pendant les prochaines heures, et
le hall d'attente de la compagnie, en plus de l'abris et de
confortables fauteuils, nous fournit des prises électriques et le
wifi illimité!
Nous avons de
quoi nous occuper. Nous avons le temps de nous apercevoir que notre
téléphone français n'est pas compatible avec notre carte sim
néo-zélandaise, d'aller en acheter un nouveau dans le CBD (opération
dont je sors passablement traumatisé tant l'agitation, la foule, les voitures et
les hauts buildings tranchent radicalement avec les environnements
calmes et verdoyants dans lesquels nous baignons depuis trois
semaines), d'activer notre ligne téléphonique, et de travailler sur
le blog.
A 21h, nous
devons évacuer le terminal pendant une heure, et nous nous posons à l'abris d'un porche d'immeuble pour préparer nos pâtes.
A partir de 22h,
je me pose avec Léonore et nous préparons le débarquement sur l'île
sud.
Je vous disais que nous comptions vadrouiller le pays, mais qu'est-ce que ça signifie en Nouvelle Zélande? Ceux qui nous suivent savent depuis le temps que nous sommes, entre autres, de grands fanatiques de marches et de longs trecks perdus dans la nature. Peu de chose nous émoustillent plus, que la perspective de passer des jours à crapahuter en pleine nature loin de tout pour poser notre tente au milieu de nulle part. Et bien vous devez probablement savoir que la Nouvelle Zélande, c'est un peu le nirvana de la randonnée, l'apothéose des kilomètres à pied. Une légende de l'usure de semelle et des sentiers interminables de plusieurs jours, le tout dans un environnement sauvage et fantastique. Et l'île sud, c'est un peu la cerise sur ce gros gâteau... Le Cape Reinga, les Pinnacles, tout ça a constitué un sympathique échauffement, mais à présent, surtout après notre formidable et éreintante journée au Tongariro, il est temps d'attaquer les choses sérieuses. Voilà plusieurs années maintenant que, les yeux poser sur les cartes du pays, nous frissonnons d'impatience en voyant le nombre de balades qu'il est possible d'y faire!
Malheureusement, nos premiers objectifs en arrivant sur l'île sud sont plutôt du genre corvées et très éloignés de ces alléchantes perspectives...
Premier point : l'ouverture des comptes en banque. La tactique favorite des working holiday visas pour faire face aux nouvelles lois sur l'obligation de posséder une adresse de résidence pour ouvrir un compte est simple : prendre une chambre dans un backpacker hotel pour plusieurs nuits et espérer que le tôlier sera suffisament sympas pour rédiger une attestation de logement nominative. Vous vous en douter, la méthode nous fait énormément grincer des dents. Radins comme nous sommes, nous répugnons à débourser plus de 20$ chacun par nuit juste pour obtenir le maudit papelard. Malheureusement, nous ne pourrons sans doute pas y couper... Nous décidons pour le moment de procéder différement : prenant la chose comme un simple travail de prospection, nous dressons l'inventaire de tous les hôtels du nord de l'île où il est possible de poser la tente. Nous ne trouvons rien en-dessous de 17$, mais, c'est toujours moins cher que de prendre une piaule. Nous écumons ensuite les forums et les blogs de voyage pour voir quelles banques acceptent les lettres d'hôtel en tant que justificatif de domicile, et deux compagnies ont l'air de ne pas être trop regardantes sur la question : la Kiwi Bank et ANZ. Nous recoupons ensuite tout ça sur google map, pour nous construire un itinéraire de prospection incluant chaque ville qui comporte une branche d'une des deux banques et un hôtel où nous pourrons poser la guitoune. Nous attaquerons par Picton, dès que nous mettrons pied à terre.
Je vous disais que nous comptions vadrouiller le pays, mais qu'est-ce que ça signifie en Nouvelle Zélande? Ceux qui nous suivent savent depuis le temps que nous sommes, entre autres, de grands fanatiques de marches et de longs trecks perdus dans la nature. Peu de chose nous émoustillent plus, que la perspective de passer des jours à crapahuter en pleine nature loin de tout pour poser notre tente au milieu de nulle part. Et bien vous devez probablement savoir que la Nouvelle Zélande, c'est un peu le nirvana de la randonnée, l'apothéose des kilomètres à pied. Une légende de l'usure de semelle et des sentiers interminables de plusieurs jours, le tout dans un environnement sauvage et fantastique. Et l'île sud, c'est un peu la cerise sur ce gros gâteau... Le Cape Reinga, les Pinnacles, tout ça a constitué un sympathique échauffement, mais à présent, surtout après notre formidable et éreintante journée au Tongariro, il est temps d'attaquer les choses sérieuses. Voilà plusieurs années maintenant que, les yeux poser sur les cartes du pays, nous frissonnons d'impatience en voyant le nombre de balades qu'il est possible d'y faire!
Malheureusement, nos premiers objectifs en arrivant sur l'île sud sont plutôt du genre corvées et très éloignés de ces alléchantes perspectives...
Premier point : l'ouverture des comptes en banque. La tactique favorite des working holiday visas pour faire face aux nouvelles lois sur l'obligation de posséder une adresse de résidence pour ouvrir un compte est simple : prendre une chambre dans un backpacker hotel pour plusieurs nuits et espérer que le tôlier sera suffisament sympas pour rédiger une attestation de logement nominative. Vous vous en douter, la méthode nous fait énormément grincer des dents. Radins comme nous sommes, nous répugnons à débourser plus de 20$ chacun par nuit juste pour obtenir le maudit papelard. Malheureusement, nous ne pourrons sans doute pas y couper... Nous décidons pour le moment de procéder différement : prenant la chose comme un simple travail de prospection, nous dressons l'inventaire de tous les hôtels du nord de l'île où il est possible de poser la tente. Nous ne trouvons rien en-dessous de 17$, mais, c'est toujours moins cher que de prendre une piaule. Nous écumons ensuite les forums et les blogs de voyage pour voir quelles banques acceptent les lettres d'hôtel en tant que justificatif de domicile, et deux compagnies ont l'air de ne pas être trop regardantes sur la question : la Kiwi Bank et ANZ. Nous recoupons ensuite tout ça sur google map, pour nous construire un itinéraire de prospection incluant chaque ville qui comporte une branche d'une des deux banques et un hôtel où nous pourrons poser la guitoune. Nous attaquerons par Picton, dès que nous mettrons pied à terre.
C'est un début.
Nous ne nous attendons pas à réussir facilement. Il nous faudra
tomber sur un hôtel qui accepterait de nous faire la lettre sachant
que nous dormons sous tente pour seulement quelques nuits, et le
conseiller de la banque qui ouvrira nos comptes devra être
suffisament relax pour ne pas tenir rigueur de l'évidence : nous
n'habitons pas à l'adresse que nous allons indiquer.
Second point, le
plus simple : après avoir ouvert un compte, il nous faut obtenir
notre numéro IRD. Nous pouvons en faire la demande, normalement, dans
n'importe quel bureau de poste.
Troisième point
: si je suis emballé par l'auto-stop ici, ce n'est pas la cas de mes
deux compagnons. Même s'il fonctionne du tonerre, voilà quelques temps
que le voyage en pouce les fatigue, et ils veulent acheter un
véhicule. En Nouvelle Zélande visiblement, il est facile de trouver
une voiture pas chère et fiable, mais pour pouvoir conduire, Léonore
doit faire traduire son permis en version anglaise approuvée. Oui, je
sais, on aurait du faire une demande de permis international en
France! Nous découvrons un traducteur officiel à Nelson, la plus
grande ville de la côte nord. Il faudra y passer aussi.
Bref, que du bonheur en perspective... Nous nous consolons en nous disant qu'il faut bien y passer, et le plus tôt sera le mieux. Une dure
journée nous attend demain, et nous aurons une nuit blanche dans les
pattes pour l'affronter... C'est fou comme l'idée de vagabonder en ville de
banques en banques pour ouvrir un compte nous déprime plus que de
passer trois jours dans la forêt sous la pluie...
Nous pillons
allègrement toutes les cartes de l'île sud et prospectus que nous trouvons dans le
hall. Avec tout ça, il est l'heure d'embarquer. Arrivés sur le
bateau, nous nous effondrons sur les sièges, et essayons de dormir
une heure ou deux avant de nous lancer dans le vortex...
Courage, au moins ce sera fait!
Pluie, paperasses et apathie
Nous avons
l'impression d'avoir seulement cligné des yeux (ce qui est plus ou moins le cas) lorsque nous arrivons à Picton. Il est 6h du mat, et la tronche enfarinée, nous débarquons dans le village côtier, tout petit et niché entre de grandes collines couvertes de forêts, découvrant un parc face à la mer pour prendre le
petit dèj en attendant l'ouverture des banques. C'est rageant, nous
avons tellement de chose à faire, mais nous devons attendre en
essayant de ne pas nous endormir sur place...
A 9h, Flo garde
les sacs, et nous attaquons notre tournée, les yeux piquants. Ca
commence mal : la Kiwi Bank n'est en fait qu'un comptoire dans la
grande surface du bled, et il est impossible d'y ouvrir un compte, il faut nous rendre pour cela à la branche de Nelson.
Quand à l'ANZ, c'est en fait un simple distributeur. De dépit, nous
passons quand même dans deux autres banques, la Wespac (notre ancienne
banque australienne) et la BNZ. Et si nous avions été moins fatigués,
nous en aurions rigolé : dans les deux agences, on nous annonce qu'il
nous faut d'abord trouver un travail avant de pouvoir ouvrir un
compte. Vous voyez le ridicule dans tout ça? Pour ouvrir un compte en
banque, il faut un employeur. Pour avoir un employeur, il faut un
compte en banque et un numéro IRD. Pour avoir un numéro IRD, il faut
un compte en banque. On a dépassé le stade du serpent qui se mort la
queue... Et nous n'avons même pas évoqué le justificatif de domicile!
Absurde. Tout simplement absurde. Crénom de système...
C'est pas tous
les jours facile de rester poli sur ce blog. Non parce que il y a la
journée d'aujourd'hui, mais il faut aussi se rappeler de tout ce que
nous avons déjà dû faire en novembre dernier pour avoir ce satané visa :
entre autres, débarouler du Laos jusqu'au Cambodge et nous craquer de
90$ chacun pour nous faire radiographier les poumons! Pour ceux qui
prennent le train en route, je conseille d'aller jeter un oeil à nos
articles sur les 4000 îles et l'arrivée à Phnom Phen. Une histoire
assez marrante... Bref.
Même si nous
nous attendions à ne pas réussir du premier coup, nous sommes un peu
plombés. Evidemment, le manque de sommeil n'aide pas...
Nous décidons de
passer tout de même à l'hôtel que nous avons repéré durant nos
recherche, le Tomb Stone Backpacker. Au moins, nous pourrons
peut-être obtenir la lettre... Sur place, il est effectivement
possible de poser la tente... Pour 20$ par personne! Quelle blague.
Nous demandons quand même si quelqu'un peut nous fournir un
justificatif de domicile, mais la patronne confirme nos craintes :
elle ne veut pas s'engager si nous ne prenons pas au moins des lits
dans le dortoir pour plusieurs nuits. Nous n'insistons pas et mettons
les voiles.
Nous rejoignons
la route en silence, et levons le pouce. Bien sûr, pour que nous savourions pleinement ces moments magiques, un vieux crachin se met à tomber,
histoire de parfaire le tableau... Prochaine étape, Nelson, à une
centaine de kilomètres à l'est. Là-bas, nous sommes sur de trouver
des agences de toutes les banques que nous voulons, en revanche nous
n'y avons repéré aucun hôtel qui permettait de poser une tente...
Le stop nous
console : un premier homme nous fait parcourir la moitié du chemin,
puis un deuxième nous pose dans le centre de Nelson... Evidemment sous la pluie! Une bonne pluie bien drue, bien
froide, bien ininterrompue. Voyagez qu'ils disaient!
Nous nous
traînons dans le centre de Nelson, et passons au centre de traduction
histoire d'accomplir au moins l'un de nos objectifs de la journée.
Nous sommes vendredi, et le permis de Léonore sera traduit dans une
semaine. Au moins une chose de faite! Dans la foulée, nous repérons
un hôtel proposant des lits en dortoir pour 19$. Nous avons notre
dernier recours...
Nous nous
réfugions à la bibliothèque. Nous sommes senses rejoindre Motuheka,
plus à l'est, pour continuer notre prospection, mais tandis que nous
affalons à l'abris, toute motivation nous quitte. Nous voilà de
nouveau trempés, épuisés, nous ne savons ce qui nous attend là-bas,
et la perspective de retourner lever le pouce sous la pluie battante
nous plombe. Une bonne vieille sensation s'insinue doucement : nous
ne savons pas ce que nous voulons faire, et nous n'avons pas envie
d'y penser. Nous sommes du côté obscure de l'indécision, et nous
savons que ce genre d'état d'esprit est dangeureux quand il faut
avancer. Il est inutile mais persistant, collant, fait perdre du
temps, empêche de réfléchir, et démoralise.
Pour en sortir,
il faut se bouger, être constructif, et fixer des objectifs pour se
recentrer : Léonore passe au centre d'informations tandis que nous
furetons sur internet, et revient avec une carte et des indications
pour rejoindre un camping à 10$ la nuit, situé à 6 kilomètres du centre-ville, le Maitai Valley Motor Camp. Nous avons atteint le milieu d'après-midi, et après un petit
conciliabule, nous décidons de nous y rendre pour nous poser et
réfléchir à la suite.
Aller les
jeunes, plus qu'une heure de marche sous la flotte... Je prend la
carte, un petit coup de boussole, et nous nous mettons en route d'un
pas rapide vers la sortie de la ville. L'auto-stop s'occupe encore de
nous (qu'est ce qu'on ne ferait pas sans lui!), et une voiture nous
emmène jusqu'au camping, au bord d'une rivière, perdu entre deux
collines couvertes de forêts.
Nous payons une
nuit, profitons d'une accalmie pour monter les tentes, et nous écroulons dans la cuisine devant de grosses tasses de thé chaud et
bien sucré. Ca va tout de suite mieux!
Nous remettons
nos missions au lendemain. Cela fait longtemps que nous ne nous étions pas repenchés sur ce que nous voulions faire dans l'île sud
avant d'attaquer le boulot, et nous nous livrons à une
petite séance de remotivation. Nous sommes sur l'île sud, nom de nom!
Nous déplions
donc les cartes et les prospectus que nous avons récupéré en venant
ici, et retrouvons des noms de parc qui nous avions repéré, des itinéraires à suivre, nous programmons des plans sur la comète, posons des dates
au pif, organisons les priorités. Nous repérons sur une carte de
l'île toutes les marches que nous avions prévu de faire, et la flamme
se fait plus vive, tandis que nous prenons conscience que toutes ces
randos légendaires qui nous font baver depuis des années sont aujourd'hui toutes proches : l'Abel Tasman,
le Nelson Lake National park, l'Arthur's Pass, les fjords, le Mont
Cook et le glacier Fox...
Nous nous recentrons sur ce que nous sommes venus faire ici, nous voilà des
idées plein la tête, une foultitude de chose à faire en perspective... Bref, notre esprit n'est plus occupé seulement par des
formalités administratives ou les prévisions météo pourries, et nous
retrouvons le sourire!
Le soir venu, au
camping, nous commençons a nous dire que nous allons devoir prendre
une chambre en ville pour obtenir ce maudit justificatif de
domicile... Nous décidons de passer le lendemain à l'hôtel repéré plus tôt pour nous assurer qu'au moins nous pouvons y obtenir la
lettre d'attestation, et si c'est le cas, nous y migrerons
après-demain. De dépit, nous envisageons, en tant que solution
d'urgence avant le dernier recours de l'hôtel, de demander si par
hasard les proprios du Maitai Valley, où nous avons poser le camps pour
moitié moins cher qu'une chambre en dortoir, peuvent nous fournir un
quelconque justificatif de domicile acceptable. Nous imaginons la
réaction de la banque : "adresse : la tente verte entre les
toilettes et la rivière"...
Et cette maudite
pluie qui n'arrête pas de tomber, sans interruption, à chaque heure du jour
et de la nuit... C'est un couple qui gère le campsite, je passe voir
le mari au matin pour lui exposer nos déboires bancaires avec mon plus bel air
de pauvre petit voyageur éploré... Et la situation amorce un semblant
de début de soupçon d'ombre d'un éventuel possible débloquage. Le
gars est très compréhensif, me demande combien de temps nous comptons
rester, et me promet d'en parler à sa femme. Nous lui laissons nos
noms, et il nous propose de repasser en fin d'après-midi. Nous
mettons l'hôtel de côté pour le moment. Si sa femme accepte de nous
faire la lettre... Et si elle est conforme... Et si la banque accepte
une adresse de camping en tant qu'adresse de résidence...
En éternels et
irréductibles optimistes, nous partons du principe que ça va passer,
nous partons lever le pouce sous les averses pour Nelson et passons
une nouvelle journée en ville, à l'abris de la bibliothèque, pour nous
préparer une petite vadrouille dans les jours qui viennent le temps
que le permis de Leo soit près. Le soir venu, nous voilà de retour au
bureau du camping, la gérante vient nous voir avec un grand sourire,
et nous tend nos sésames : de belle lettres tout ce qu'il y a de plus
officielles, avec en-tête et pied de page, certifiant que nous
résidons sur le long terme au camping! Cela ne fait que deux nuit que
nous sommes là!
Lorsque nous
nous couchons, plein d'espoir, même la pluie qui tombe maintenant
depuis deux jours sans discontinuer nous est égale... Demain,
peut-être que nous en finirons avec ces saletés de paperasses!
C'est durant la nuit qui suit que la chose arrive. A minuit,
quelque chose me réveille. Nous sommes le 13 novembre, et la tente
bouge dans tous les sens. Ce n'est pas le vent, c'est le sol.
Attendez... Le sol?! Je me redresse, Léonore ouvre les yeux, et nous
sentons la terre trembler, de gauche à droite, puis d'avant en
arrière, tandis que tous les réverbères du camping s'éteignent...
Punaise, il y avait déjà la pluie, et voilà que nous nous prenons un
tremblement de terre dans les dents! Les secousses s'arrêtent au bout
de quelques secondes, et nous nous recouchons. Au moins, nous sommes
en pleine forêt, loin de tout bâtiments, et notre maison ne crains
pas ce genre de chose... Plusieurs répliques nous secouent au cours
de la nuit, dont une assez violente vers deux heure du matin. Ca fait
drôle!
Au réveil, nous
trouvons la télé de la cuisine du camping en plein flash info, et les
images sont effrayantes. Visiblement, ce que nous avons senti pendant
la nuit n'était rien : le tremblement de terre a fait des ravages sur
la côte est, au-dessus de Christchurch, et jusqu'à Wellington, sur
l'île nord, les secousses ont entraîné beaucoup de dégats matériels.
La petite ville de Kaikura, à seulement 300 kilomètres de Nelson, est
coupée du monde à cause des routes détruites, et une victime est à déplorer. Là-bas, les secousses ont atteint une magnitude de 7,5,
tandis que chez nous elles n'ont pas dépassé 4. Le pays est au point
mort, aucun transport ne fonctionne, toutes les écoles sont fermées,
le CBD de la capitale est déserté, et plusieurs routes sont coupées.
Toute l'île sud est en alerte tsunami, et les autorités, craignant
de nouvelles repliques, demandent à tout le monde de rester chez soi et de se
tenir informer jusqu'à nouvel ordre...
Nous stoppons
tout de même jusqu'à Nelson et localisons la Kiwi Bank. Fermée pour
inspection de sécurité. Ici, seul quelques bâtiments ont été endommagés par les secousses, mais beaucoup de magasins sont fermés.
Nous filons à la bibliothèque, attendant que la banque ouvre.
Dehors, la pluie
tombe, comme elle le fait sans interruption depuis que nous avons
posé le pied sur l'île... Plein d'espoir, nous consultons les
prévisions météo... Et la dépression nous frappe : aucune
amélioration de prévue pour les quatre prochains jours! Il ne sert à rien de ruminer, nous ne pouvons rien changer au temps qu'il fait,
mais quand même... Mortifiés, nous regardons
d'un oeil vide les petits icônes de gouttes d'eau, de nuages noirs et
d'éclairs qui s'alignent sur l'écran de l'ordinateur, et
reconsidérons nos plans balades immédiats : nous n'allons pas nous
lancer dans des vadrouilles hasardeuses par un temps pareil, nous
sommes en alerte tsunami, plusieurs routes sont coupées... Nous
décidons, bien à contrecoeur, de nous mettre en stand by dans le coin
jusqu'à ce que les choses se tassent.
Un événement
vient nous remonter le moral dans l'après-midi : la Kiwi Bank a
rouvert ses portes... Nous rejoignons fébrilement l'agence, espérant que nous y vivrons la conclusion du péplum de l'ouverture de compte. C'est là que tout se joue!
Nous sommes accueillis par un conseillé bien sympa, qui sourit lorsqu'il pose les yeux sur notre justificatif de domicile en papier mâché, mais qui ne se formalise pas. La lettre du camping passe, et après quelques minutes, ça y est, enfin, nos comptes banque sont ouverts! Nous n'aurons pas perdu notre journée, et nous sortons de la banque, brandissant fièrement nos cartes de crédit toutes neuves, avec l'impression d'avoir accomplit un exploit extraordinaire. Ce qui est d'ailleurs plus ou moins le cas. Et c'est quand même génial de voir le niveau de classe de notre adresse de résidence officielle néo-zélandaise, qui s'étale élégamment sur nos relevés de compte : "bloc de tentes D, Maitai Valley Campsite"! C'est un rêve qui se réalise : nous résidons officiellement sous tente! Une bonne chose de faite.
Nous sommes accueillis par un conseillé bien sympa, qui sourit lorsqu'il pose les yeux sur notre justificatif de domicile en papier mâché, mais qui ne se formalise pas. La lettre du camping passe, et après quelques minutes, ça y est, enfin, nos comptes banque sont ouverts! Nous n'aurons pas perdu notre journée, et nous sortons de la banque, brandissant fièrement nos cartes de crédit toutes neuves, avec l'impression d'avoir accomplit un exploit extraordinaire. Ce qui est d'ailleurs plus ou moins le cas. Et c'est quand même génial de voir le niveau de classe de notre adresse de résidence officielle néo-zélandaise, qui s'étale élégamment sur nos relevés de compte : "bloc de tentes D, Maitai Valley Campsite"! C'est un rêve qui se réalise : nous résidons officiellement sous tente! Une bonne chose de faite.
Les jours
suivants se suivent et se ressemblent. Nous nous habituons petit à petit à être humides en permanence. Nous nous levons sous la pluie,
nous nous couchons sous la pluie. Entre les deux, nous levons le
pouce sous la pluie pour nous poser à la bibliothèque de Nelson, et
pour rentrer au camping le soir. Le positif dans tout ça, c'est que
nous n'attendons jamais un lift bien longtemps. Nous ne sommes qu'à 6
kilomètres de la ville, nous ne trimballons pas nos gros sacs, et nos
airs de chiens mouillés abandonnés au bord de la route doivent
attendrir les automobilistes.
Et puis c'est
comme d'habitude dans ce genre de situation. Dans un sens, nous
sommes bien, avec notre camping et sa cuisine, la ville proche et son
internet, plein de conducteurs sympas qui nous évitent 12
kilomètres à pied chaque jour... Mais l'inactivité et la grisaille
permanente nous usent. De mon côté, je plonge dans un état végétatif
avancé, ne rêvant que de forêt, de marche et d'escapades sauvages...
Ces quelques
jours sont pourtant loin d'être improductifs, et malgré le temps
exécrable, nous avons tout de même de quoi nous occuper à la
bibliothèque : comme je le disais, selon nos plans, notre mois de vacances arrive
bientôt à son terme, et nous commençons à ratisser les sites de
petites annonces pour trouver du travail, nous écumons les cartes de
la région pour localiser, lister et contacter les producteurs de
fruits des environs, et nous envoyons nos premières candidatures pour
des jobs de cueillette, visant les cerises et les pommes. Nous fouinons
sur les petites annonces des journaux et les sites et groupes de
vente sur le net pour trouver une voiture d'occasion à moins de 2000$
dans les parrages et contactons plusieurs vendeurs. Nous nous fixons
un budget compris entre 1000 et 1500$.
Nous faisons nos
demandes des fameux numéros IRD, indispensable au travail dans le pays puisqu'indiquant que nous sommes bien enregistré au bureau des taxes, recevons rapidement quelques réponses
prometteuses de fermiers qui nous mettent en attente, et repérons une
voiture qui pourrait convenir à nos besoins et notre budget.
Lorsqu'en plus nous nous apercevons que la météo s'annonce bien
meilleur sous peu, nous reprenons courage. Après tous ce
temps sans bouger, nous sommes en manque sérieux d'escapades, il va
nous falloir du lourd pour nous rassasier et nous dégourdir les
pattes quelques jours avant de nous lancer sérieusement dans la
recherche de boulot!
Comme je le
disais, nous comptons bien laisser quelques centimètres de semelle
sur les chemin de Nouvelle Zélande. Parmis les balades que nous ne voulons pas rater dans le pays se trouvent quelques-unes des 9 Great Walks néo-zelandaises. Sous ce
doux nom se cachent les 9 trecks de plusieurs jours les plus beaux du
pays. Nous comptions en parcourir certains plus tard, mais finalement il nous faut quelque chose de grande envergure pour balayer proprement la frustration causée par une semaine de stagnation totale!
Pour renouer dignement avec la crapahute, nous choisissons donc l'un d'entre eux, tout proche : l'Abel Tasman Coastal Track, une traversée en autonomie de 60 kilomètres, prenant 3 à 5 jours, parcourant la côte du parc national du même nom, à 65 kilomètres à l'ouest de Nelson. Nous décidons de la parcourir dans le sens sud-nord, en partant du petit village de Marahau. Pourquoi spécialement maintenant? L'itinéraire est plus que célèbre, et très prisé des touristes, or la haute saison approche et nous voulons éviter la foule. Ensuite, 4 jours d'un temps magnifiques sont prévus sous peu dans le parc.
Pour plus d'informations sur l'Abel Tasman Coast Track, suivez ce lien.
Pour renouer dignement avec la crapahute, nous choisissons donc l'un d'entre eux, tout proche : l'Abel Tasman Coastal Track, une traversée en autonomie de 60 kilomètres, prenant 3 à 5 jours, parcourant la côte du parc national du même nom, à 65 kilomètres à l'ouest de Nelson. Nous décidons de la parcourir dans le sens sud-nord, en partant du petit village de Marahau. Pourquoi spécialement maintenant? L'itinéraire est plus que célèbre, et très prisé des touristes, or la haute saison approche et nous voulons éviter la foule. Ensuite, 4 jours d'un temps magnifiques sont prévus sous peu dans le parc.
Pour plus d'informations sur l'Abel Tasman Coast Track, suivez ce lien.
Qu'il en soit
ainsi! Une fois de plus, nous expérimentons le business touristique
mis en place par le gouvernement : en tant que Great Walk, des emplacements de camping précis jalonnent le parcours, et il est interdit de poser sa tente ailleurs que sur ces sites dédiés, ce qui du point du vue de la conservation du coin se comprend parfaitement. Mais il est aussi nécessaire de prévoir et de
réserver les sites de camping où l'on compte faire étape, et de les payer en avance, à raison de
14$ par nuit. Une fois les sites selectionnés et réservés, impossible
de dormir ailleurs sous peine d'amende!
Nous n'avons pas
vraiment le choix : nous coupons la poire de la durée en deux,
partons pour 4 jours et 3 nuits dans le parc, puis étudions la carte
du tracé pour sélectionner et réserver nos campings, grinçant un peu
des dents. Le procédé est trop carré et cher pour déjà enlever un peu de plaisir à la perspective d'aller crapahuter
là-bas... Nous choisissons les dates pour la semaine suivante, en
fonction de la météo. Si elle ne se gourre pas (ce qui est
parfaitement envisageable dans ce pays...), nous profiterons d'un
temps parfait pendant la rando. Mais ne crions pas victoire trop
vite... A nouveau, Florian ne désire pas venir avec nous, et il nous propose de le déposer à Motuheka, la grande ville la plus proche du parc.
La recherche
d'un véhicule nous prend quelques temps. S'il est facile de dénicher
une bonne affaire dans le pays, nous ne sommes bien sûr pas à l'abris
d'une arnaque qui nous claquerait entre les pattes après quelques
kilomètres. Et ce ne sont pas nos maigres connaissances en
mécaniques qui vont nous aider... Nous furetons un peu partout sur
la toile, dénichant des offres dans notre budget, et comblons nos
lacunes techniques en nous gavant de sites de conseils sur toutes les vérifications de base avant l'achat. La magie d'internet! Nous trouvons bientôt une proposition alléchante pour une opel vectra de 1995 à 1500$,
disponible sur Nelson, et disposons des connaissances de bases sur les
contrôles de routine à effectuer pour tester la voiture. Les choses
ne pouvaient alors pas mieux se dérouler : nous rencontrons la
proprio, et c'est le coup de chance. Elle a été chargé par son petit
ami, rentré en Europe, de vendre la voiture, en échange de quoi elle
peut garder l'argent de la vente. Elle parait très impatiente d'en
finir avec cette histoire, et elle n'a pas investit personellement
d'argent dans l'affaire. De parfaites dispositions facilitant la
négociation... Nous contrôlons le véhicule, l'essayons,
tout est en excellent état et la voiture roule parfaitement. Nous attaquons, satisfaits, la
négociation, n'ayant pas du tout l'intention d'acheter une bagnole
1500$. Le marchandage sera de courte durée, notre voyageuse étant vraiment pressée de vendre le véhicule, et n'ayant pas d'argent à perdre... Et nous le décrochons pour 1200$! 900 euros, soit 300 par
personnes! Admirez la bestiole...
Nous voilà véhiculés. Productifs, je vous dis!
Durant ces
quelques jours, tout le monde ne parle que du tremblement de terre,
qui fait la une de tous les journaux et constitue le principal sujet
des chaînes télévisées. Les routes réouvrent petit à petit, et
l'armée elle-même évacue les habitants de Kaikura. L'alerte tsunami
est bientôt levée, mais pendant plusieurs jours après le fameux soir,
nous sentons régulièrement des répliques...
Les affaires reprennent!
Finalement, un matin, nous nous réveillons et sortons prudemment de nos tentes, subjugués par l'aspect étrange et inhabituel du ciel... Pourquoi de l'eau n'en coule-t-elle pas? Quelle est donc cette étrange couleur bleue? Et cette grosse boule de lumière qui nous réchauffe la couenne? Mais... Attendez... Serait-ce possible... Nom d'un chou il fait beau! Aaaaaaah!!!
Nos jambes cavalent toutes seules sur le premier sentier que nous trouvons, en direction de Nelson. Il fait chaud, il fait beau, et nous gambadons dans la campagne en profitant des rayons du soleil. Nos pas nous conduisent, avant de redescendre sur la ville, au centre géographique du pays. Sans parler de la symbolique du lieu (d'un inintérêt total, vous en conviendrez...), la vue sur les alentours vaut le coup.
Nos jambes cavalent toutes seules sur le premier sentier que nous trouvons, en direction de Nelson. Il fait chaud, il fait beau, et nous gambadons dans la campagne en profitant des rayons du soleil. Nos pas nous conduisent, avant de redescendre sur la ville, au centre géographique du pays. Sans parler de la symbolique du lieu (d'un inintérêt total, vous en conviendrez...), la vue sur les alentours vaut le coup.
Plein de fougue et d'ardeur, nous décidons de
passer chez le traducteur pour l'embêter un peu et voir où en est le permis de Léonore... Et le fonctionnaire, croyant que nous sommes pressés, nous fait patienter 30 minutes pour terminer la traduction! C'est le signal que nous
attendions...
Dès le lendemain matin, nous récuperons notre nouvelle voiture, passons à la poste pour effectuer le changement de propriétaire (d'une simplicité déconcertante...), et mettons enfin les voiles. Ca y'est, enfin, nous bougeons!
Nous flottons dans le bonheur : un soleil radieux brille au-dessus de nos têtes, toutes nos formalités administratives sont réglées, nous avons quelques ouvertures pour du travail, nous avons dégoté une très bonne affaire en dénichant la voiture, et nous nous apprêtons à partir marcher 4 bons gros jours d'affilés pour effectuer l'une des plus belles balades du pays! Après nous être chargé de toute la nourriture nécessaire, nous nous accordons un petit barbecue sur la plage puis roulons vers l'est le long de la côte, quittant enfin Nelson. Après une semaine d'un temps exécrable, qu'il est bon de retrouver le bleu du ciel!
Dès le lendemain matin, nous récuperons notre nouvelle voiture, passons à la poste pour effectuer le changement de propriétaire (d'une simplicité déconcertante...), et mettons enfin les voiles. Ca y'est, enfin, nous bougeons!
Nous flottons dans le bonheur : un soleil radieux brille au-dessus de nos têtes, toutes nos formalités administratives sont réglées, nous avons quelques ouvertures pour du travail, nous avons dégoté une très bonne affaire en dénichant la voiture, et nous nous apprêtons à partir marcher 4 bons gros jours d'affilés pour effectuer l'une des plus belles balades du pays! Après nous être chargé de toute la nourriture nécessaire, nous nous accordons un petit barbecue sur la plage puis roulons vers l'est le long de la côte, quittant enfin Nelson. Après une semaine d'un temps exécrable, qu'il est bon de retrouver le bleu du ciel!
Nous attaquons l'Abel Tasman le surlendemain, et nous localisons un camping gratuit à une heure de route de Nelson, près du village de Woodstock, au bord du Kahurangi National Parc, le Mc Lean Recreation Reserve. Après avoir parcouru, cheveux au vent, des étendues de campagne toutes plus belles les unes que les autres, verdoyantes et vallonnées, avec en toile de fond un dècors de montagnes et de forêts de sapins, nous découvrons une vaste étendue d'herbe, perdue entre des collines boisées, en bordure de rivière.
Nous profitons de la rivière pour nous rincer, nettoyer
nos tentes bien puantes après une semaine sous la pluie, et nous lancer dans une nouvelle et désastreuse tentative de pêche promptement
avortée... Je précise que nous n'avons pas de canne, je pêche à la main, sur une ligne fabriquée de toutes pièces, non plombée et appâtée aux miettes de pain.
Au matin, nous
ne pouvons pas attendre l'Abel Tasman pour partir crapahuter, et nous
décidons de nous trouver un petit échauffement en prévision de nos
quatre jours de marche pour occuper la journée d'attente, selon la
méthode qui a fait ses preuves : le pif total. Sur nos pauvres cartes
touristiques, nous repérons une ligne de pointillés qui s'enfonce
dans le parc de Kahurangi, et décidons d'aller
jeter un oeil sur place pour voir quelles surprises nous y attendent.
En nous disant
que décidément, on devrait plus se renseigner avant de débouler comme
des fleurs n'importe où, nous mettons à l'épreuve notre nouvelle
monture sur roues lorsqu'après quelques kilomètres de route
goudronnées, nous lui faisons grimper un chemin de gravier et de
cailloux bien pentu et escarpé. La bougresse s'agrippe vaillament à la route, et s'en tire avec les honneurs!
Nous découvrons
ainsi, perdu dans la montagne, un parking et le départ de plusieurs
balades dans le parc. Nous sélectionnons une
boucle de 4 heures, qui devrait nous faire passer au sommet du Mt
Lodestone, 1400m, et commençons la grimpette dans l'inconnu. Dans ce
pays, nous sommes sur d'au moins une chose : nous n'avons que peu de
chance d'être déçus!
Et nous ne le
serons pas. Le sentier que nous escaladons grimpe fort, à travers une épaisse forêt qui nous offre un nouveau décors, toujours
ensorcelant, toujours ensorcelé...
Et comme
d'habitude, ce cadre se renouvelle tous les cent mètres, ouvrant
parfois sur de fantastiques points de vue sur la baie en contrebas.
Le sommet nous
propose un fabuleux panorama à 360 degrés sur la cête et le parc.
Perchés là haut, de délicieux picotements dans les mollets et le
coeur léger, nous savourons le retour à la nature, à la grimpette, à la montagne.
La redescente dans les gorges qui s'ouvrent en contrebas est raide et sportive, mais toujours aussi belle.
En fin
d'après-midi, ravis, nous rejoignons notre camping pour préparer l'Abel Tasman. Grâce à la voiture, nous ne sommes plus obligés de nous
trimballer tout notre barda, et nous dressons un inventaire des
provisions et du matos nécessaires pour quatre jours coupés du monde. Nous réduisons l'aspect logistique à son minimum : l'Abel
Tasman est une traversée, pas une boucle, il nous faudra donc laisser
la voiture au début de l'itinéraire, et lever le pouce de l'autre
côté pour y retourner. Au cas où le stop ne fonctionne pas, nous
prévoyons une journee de vivres supplémentaires.
L'Abel Tasman Coastal Track
Le lendemain,
les réveils sonnent à 5h du matin, nous plions rapidement le camp et
mettons les voiles. Sur le trajet, nous ramassons notre premier
auto-stoppeur! Premier arrêt : la ville de Motuheka, juste en-dessous
du parc. Flo sera comme un coq en pâte ici : un bon petit camping
tout confort et une bourgade grande mais pas trop avec tout ce qu'il
faut. Nous serrons notre ami dans nos bras, et reprenons la route.
Après une
trentaine de bornes supplémentaires, nous atteignons Marahau, au bord
de la mer, déposons la voiture, et rejoignons le départ de l'Abel. Sous un ciel d'un bleu pur,
au milieu d'une longue plage désertée par la marée et entourée de
collines couvertes de jungle, notre exultons. C'est parti pour 4
jours d'escapade en nature! Et de la manière que nous préférons :
hormis pour l'eau, nous sommes en autonomie complète.
Nous découvrons
ce qui va constituer la caractéristique principale du treck :
l'itinéraire côtier alterne passages en jungle native, points de vue sur le littoral, et traversées de
plages de sable doré bordées d'eaux cristallines.
C'est magnifique. La jungle présente une flore extrêmement riche et variée, toutes les espèces présentes sont natives du pays, et nous nous gorgeons de verdure, profitant d'autant plus qu'il n'y a vraiment pas grand monde!
En revanche, au fil de la matinée, quelque chose se met à nous titiller de plus en plus... Déjà, le chemin que nous suivons est presque complètement plat, très dégagé, et se laisse parcourir sans effort. Ce qui n'est pas à proprement parlé une mauvaise chose, même si en fait de treck, le début de notre périple s'apparente plutôt à une gentille petite promenade dans un décors de carte postale. Nous mettons bientôt le doigt sur sur le problème : nous comptions manger à l'Anchorage Bay, à trois heures de marche de Marahau... Sauf qu'après seulement une heure, nous croisons un panneau qui annonce la baie à seulement 45 minutes.
La voilà la tuile, qui va se vérifier par la suite : nous avons prévu beaucoup, beaucoup (mais alors beaucoup!) trop large dans nos estimations de temps de marche, et nous avons de loin surestimé la difficulté du parcours tout en sousestimants nos propres capacités. Résultat : malgré toutes nos pauses photos et nos arrêts contemplatifs, nous survolons littéralement le sentier et arrivons en vue de l'Anchorage Bay avec une heure d'avance sur nos prévisions, morts de rire...
Tandis que nous approchons de la baie, autre chose nous fait un peu tiquer. Si nous avons été relativement tranquille jusqu'à présent, le chemin se couvre peu à peu de groupe de touristes, de jeunes en sortie scolaire, de cyclistes... Il s'avère que l'Abel Tasman Coastal Track n'est pas la seule façon de parcourir le parc. De nombreuses agences touristiques proposent des tours de ses plus belles plages en bateau ou en kayak, et L'Anchorage Bay doit faire partie des étapes, car plus nous approchons, plus la population se densifie...
Lorsque nous débouchons sur la fameuse baie, fort belle au demeurant, nos soupçons se confirment : des dizaines de kayaks sont échoués sur le sables, et de nombreux bateaux de toutes tailles déchargent une foule de visiteurs sur le sable.
Nous qui nous attendions à être récompensés d'une matinée de marche par la découverte de petites criques abandonnées et coupées du monde, nous en sommes pour nos frais... Espérons qu'il n'en soit pas de même de partout.
Vu l'heure, nous prenons tout notre temps pour nous trouver un joli coin pique-nique, bouquiner, profiter de la plage, et revoir nos estimations pour l'après-midi. Nous avions prévu 3 heures pour rejoindre notre premier camping, mais considérant notre vitesse moyenne et la distance qui nous en sépare, nous y serons en milieu d'après-midi... Nous éclatons de rire, comprenant que le "treck" est définitivement du genre balade très accessible.
Après le repas, nous longeons la baie sur toute sa longueur et quittons la côte pour rejoindre le sentier en direction de la Cleopatra Pool, un bassin formé dans le lit d'une rivière en plein coeur de la forêt.
Sur place, le cours d'eau en question présente une étonnante couleur vert fluo.
Nous remontons le cours de la rivière pour déboucher sur le fameux bassin. Nous ne restons pas longtemps, l'endroit étant justement tellement fameux qu'il est plein de monde... Nous fuyons.
Au moins nous serons tranquilles tant que nous restons à distance des plages les plus visités.
Nous marchons le long de la côte, profitant de beaux panorama sur la Torrent Bay, une petite crique qu'il est possible de traverser à pied à marée basse, mais qui à cette heure est pleine d'eau, et du coup beaucoup plus sympa à admirer!
Au bout de la baie nous attend notre camping. Et il est seulement 15h passé. Et impossible de continuer pour dormir au camp suivant, nous avons déjà réservé celui-ci... Et bien c'est les vacances! Plus que tranquille cette première journée.
Nous posons la tente littéralement à deux mètres des vagues, dans un petit écrin de verdure, et prenons le thé avant de partir explorer la zone. Nous découvrons de nouvelles plages bordées de falaises, l'endroit est d'un calme absolue, et seul le vent, les vagues et les oiseaux troublent joliement le silence.
Il est temps de nous réessayer, une fois de plus, à la pêche! C'est important la persévérance... Comme d'habitude, l'échec est total : je commence sur un ponton mais le vent m'empêche de lancer correctement la ligne.
Je finis par virer le bouchon, farfouille aux alentours et me rafistole une ligne de fond plombée avec un vieux clou trouvé sur plage. La chose fonctionne plutôt bien jusqu'à ce qu'un jet complètement raté, digne de Perceval le Galois, ne catapulte l'hameçon derrière moi, en plein dans la veste de Léonore, à quelques centimètres de sa peau... Nous en resterons là pour ce soir.
Nous terminons
l'après-midi sur la plage, le regard perdu dans les vagues,
profitant du calme avant d'engloutir nos nouilles et de nous coucher.
Compte tenu de
la rapidité avec laquelle nous avalons les bornes, nous décidons de
prendre tout notre temps au réveil, ce qui parait être en parfait
accord avec l'esprit de la balade : grasse matinée, petit déjeuner
devant la mer... Tels de gentils vacanciers! Le temps est somptueux,
il n'y a pas un nuages, le soleil brille, mais la température reste
fraîche et parfaite pour la marche.
En bons
promeneurs du dimanche, nous quittons Torrent Bay vers 10h et prenons
de la hauteur.
Les passages à l'intérieur des terres présentent comme d'habitude une étonnante diversité et se
renouvellent continuellement, sans jamais lasser place à la lassitude
: nous traversons plateaux couverts de buissons, forêts de grands
arbres épars, jungle dense et tropicale... La flore est
incroyablement variée, et des dizaines d'espèces differentes se
partagent le terrain dans un fouillit de formes et de couleurs.
Nous
franchissons de nombreuses rivières à l'eau limpide qui se fraient un
chemin jusqu'à la mer.
Les plages d'or
frangées de turquoise et d'émeraude restent fidèles à elles-mêmes.
Nous gardons le
rythme surdétendu adopte depuis le début de la journée : gambadants
joyeusement dans la forêt, nous multiplions les pauses pour écouter
le chant des oiseaux qui forment ici de véritables symphonies avant
de rejoindre la plage suivante et de nous poser dans le sable.
Ce qui ne nous
empêche pas d'arriver au milieu de notre trajet de la journée à 11h30... Il va devenir difficile d'aller plus doucement! Nous sommes à la Bark Bay, visiblement une étape importante des tours organisés
considérant le nombre de visiteurs sans gros sacs que nous croisons,
et nous squattons l'une des nombreuse tables de pique-nique pour
bouquiner et dévorer nos sandwichs. A nouveau, en consultant nos
cartes, nous nous apercevons qu'à ce rythme, nous sommes partis pour rejoindre Onetahuti, notre coin camping du jour, en début
d'après-midi...
Et bien jouons
le jeu! Nous nous affalons sur la plage de Bark Bay et nous faisons dorer la
pilule, à moitié somnolents, jusqu'à 14h...
Nous repartons
sans nous presser, quittant le bord de mer pour nous enfoncer dans de
belles plaines de sable abandonnées par la marée descendante, avant
de remonter dans la forêt.
Et à 15h, nous
arrivons à destination. Définitivement, nous avons
décidé de faire la balade en 4 jours pour ne pas avoir à nous
presser, mais nous nous rendons compte que même en 3 jours, à cloche-pied et en tongues, nous n'aurions pas eu à bourriner et nous
en aurions tout autant profiter! La chose ne nous poserait pas
forcément de problèmes si la nuit n'était pas facturée 14$ par
personne...
Le campsite
d'Onetahuti est un nouveau petit coin de paradis, avec sa pelouse à quelques mètres d'une plage somptueuse entourée de jungle luxuriante. Je tente une baignade, vite avortée par la température
glaciale de l'eau, et nous nous préparons un thé que nous sirotons
les orteils dans le sable. Nous profitons d'une petite rivière toute
proche, cachée dans la forêt, pour prendre un bain, et finissons
l'après-midi sur la plage, profitant du joyau de nature dans lequel
nous trouvons, repensant à toutes les plages paradisiaques que nous
aura montrer notre Petit Tour.
Au matin, nous
faisons sonner les réveils à 5h30 pétantes. Pourquoi tant de haine,
pourquoi nous lever si tôt alors que nous savons pertinament que
l'étape du jour ne va pas nous prendre plus de 4 heures? Nous
nous sommes dis que la plage sublime sur laquelle nous avons fini la
journée d'hier devait être magique au lever du soleil, et quand
l'horizon commence à s'embraser, dans le calme de velour du petit
matin, nous constatons que grand bien nous en a pris...
De plus, nous
devons traverser ce matin la Awaroa Bay, et le passage ne peut se
faire qu'à marée basse, en milieu de matinée.
Nous passons
plusieurs plages, grimpons dans les forêts...
... Et
débouchons sur la baie, qui vide à cette heure forme une vaste plaine
de sable humide parcourue de quelques rivières et entourée de colines
boisées. Nos pieds s'enfoncent dans le sable mouillé, et nous devons
quitter nos chaussures pour traverser les rivières en prenant garde
de ne pas nous blesser sur les milliers de coquillages qui jonchent
le sol.
Nous continuons
notre périple à travers forêts et belles zones marécageuses, avant de
nous renfoncer dans la jungle puis de passer de nouvelles plages
bordées de falaises et de rochers.
Nous débouchons
enfin sur la magnifique plage de Totaranui, au bord de laquelle se
trouve notre étape pour la derniere nuit de notre balade.
Oui, sauf qu'il
est... Midi.
Là, soyons
francs, même en prenant tout notre temps et en trainassant dans ce
cadre idylique, nous nous ennuyons un chouia au cours du long
après-midi qui s'ensuit...
Non parce que
déjà le combo plage-bronzette-lecture-thé-baignade lasserait
n'importe qui au bout de quatre heures, mais il s'avère qu'en plus je
n'ai jamais été particulièrement fan de plage, et que je commence sérieusement à en avoir ma
dose.
Enfin bon, tout
est relatif. Nous sommes quand même dans un sacré paradis pour passer
notre dernière nuit, et nous passons quelques temps, assit dans le
sable d'or, face aux vagues, à refaire le monde et à evoquer de vieux
souvenirs de voyage, nous disant que décidement, on en voit des
choses!
Au matin de
notre dernière journée, nous nous levons encore aux aurores. Le lever
de soleil de la veille nous a tant taper dans l'oeil que nous en
reprendrions bien un morceau, et nous voulons achever la balade le
plus tôt possible pour tenter de ralier Marahau et la voiture
aujourd'hui. Mais surtout, nous voulons être tranquille et prendre
tout notre temps pour profiter d'un des spots que nous attendions le
plus sur l'Abel Tasman, en grands fanatiques d'animaux que nous
sommes, et qui devrait conclure magistralement ces quatres jours de
crapahute : le Separation Point, ensemble de falaises un peu à l'écart du chemin principal où a élu domicile... une colonie de
phoques!
A 6h30, nous
nous mettons en route à travers des plaines verdoyantes et des plages
qui semblent sortir tous leurs plus beaux atours pour nous en mettre
plein la vue avant notre départ.
Nous bifurquons
bientôt pour rejoindre le Separation Point. Il n'y a personne, et
nous avançons à pas feutrés, en silence, le long des falaises qui
surplombent la mer, pour déboucher bientôt sur une petite terrasse
couverte de buisson à une vingtaines de mètres au-dessus des vagues.
Nous ne pouvons pas descendre jusqu'aux grêves rocheuses qui
s'étalent en-dessous : elles servent de cadre à un programme de
réinsertion d'une espèce rare d'oiseaux, les gannets d'Australasie.
Du sommet de notre corniche, nous zieutons de tous côtés dans
l'espoir d'apercevoir des phoques, mais seuls des oiseaux se
montrent... Ou se cachent donc les grosses bestioles?
Léonore
traverse un buisson pour rejoindre l'autre bord de la terrasse, et me
fait signe de venir, un grand sourire aux lèvres... En contrebas,
parmis un chaos de gros blocs de roche battus par les vagues, nous
les voyons enfin!
Ils sont une
dizaine, affalés paresseusement sur les rochers, lézardant sous les
rayons du soleil levant, digérant probablement après une nuit de
chasse. Nous exultons en silence pour ne pas les déranger dans leur
sieste, et restons un bon moment à les observer. Ce n'est pas tous
les jours que nous avons un spectacle pareil sous les yeux!
Nous devons
littéralement nous arracher à notre terrasse. Pouvoir apercevoir des
phoques et des otaries dans leur milieu naturel était l'un de nos souhaits en venant en Nouvelle Zélande, et nous sommes
ravis!
Nous avalons les
6 derniers kilomètres de marche en une heure. La fin de la balade
reste belle, mais ne vaut pas les trois jours que nous avons passer
dans le coeur du parc.
Dans l'ensemble,
nous aurons apprécié l'Abel Tasman Coastal Track, même si la fameuse
great walk nous aura interpellé plus d'une fois, et que nous aurons du faire abstraction de pas mal de défauts.
Mettons un
moment de côté le cadre. Pour être francs, il nous est arrivé de
raisonner par la négative au début de la marche, raillant contre le
chemin de la taille d'un boulevard, sur-amenagé, simple, marqué, balisé, sans aucun challenge physique. Contre les toilettes, les
tables de pique-nique et les robinets d'eau omniprésents. Contre
l'absence de surprise, d'aventure, d'imprévu. Cette sensation de
suivre un bon gros rail propre et bien tracé ne laissant aucune place à l'exploration ou à la découverte libre et spontannée... Bref,
contre ce qui peut faire de l'Abel Tasman une vrai promenade du
dimanche fade et bien cadrée pour marcheur à la petite semaine. Mais
nous avons essayé de ne pas gardé à l'esprit ces réflexions de vieux
raleurs pour réflechir objectivement à ce que
proposait, vraiment, cette marche, et pour la prendre comme il se
devait afin d'en profiter correctement.
En effet, il
faut véritablement, pour l'apprécier, la considérer telle qu'elle est
: une grande et magnifique promenade, très facile et accessible à tous, sur un chemin bien aménagé, la plupart du temps plat et droit,
ne présentant pas de difficulté particulière, traversant un cadre
naturel unique au monde. Le terme "promenade" s'applique à merveille, et résume assez bien le but de cette great walk :
permettre de marcher tranquillement, sans se presser, dans une nature
fantastique, de prendre le temps de lambiner et de faire bronzette
sur ses merveilleuses plages de sable doré entre deux heures de
marche et de finir la journée, sans avoir des ampoules aux pieds ou
des courbatures dans les mollets, en ayant le temps de s'affaler sur
la plage pour lézarder en écoutant le bruit des vagues et des chants d'oiseaux. C'est une balade de plusieurs jours, certe, mais
nimbée d'une aura de vacances et de farniente qui nous a fait une
drôle d'impression au début mais a laquelle nous nous sommes accommodés. Au final, nous quittons donc le parc satisfaits!
Côté tourisme
galopant, il faut dire que si nous avons été tranquille la plupart du
temps, la balade est effectivement très populaire et fréquentée, et
nous n'imaginons même pas ce que ça doit être en pleine saison...
Prospection fructueuse
Bon, c'est bien
joli tout ça, mais la journée ne fait que commencer. Comme je le
disais, il nous faut à présent rejoindre en pouce Marahau et l'entrée
de l'itinéraire, à 60 bornes d'ici, où nous avons laissé la voiture
quatre jours plus tôt. L'entreprise ne va pas être de tout repos : la
première bourgade à peu près fréquenté, Takaka, se trouve à 30
kilomètres. 30 kilomètres d'étendues pour ainsi dire désertes et à coup sur très avares en voitures. Serons-nous de retour auprès de
notre monture avant la nuit?
Nous débouchons à la sortie du parc à 11h, en rase campagne (très belle rase campagne
soit dit en passant), et la route, non goudronnée, débute
littéralement au parking... Ce dernier n'est pas complètement désert,
mais nous ne comptons pas trop sur les quelques véhicules qui y sont
stationnés. Soit ils appartiennent à des promeneurs qui ne sont pas
près de rentrer, soit il s'agit de navettes qui ramènent à Marahau
les randonneurs ayant organisé leur balade avec un tour opérateur, et
qui ne risquent donc pas de nous embarquer à l'oeil vu le prix
exorbitant que coûte la course...
Nous partons
donc à pied pour notre première étape. Si nous arrivons à rallier
Takaka, d'où part la nationale pour le sud, la suite sera du gâteau.
Nous marchons
une petite heure sans croiser un chat, seulement quelques fermes
perdues dans les collines. Espérons qu'elles nous fournissent bientôt
une voiture... La perspective des trente bornes à pince, bien que
prévisible dans ce trou perdu, ne nous emballe pas plus que ça!
Je me demande
pourquoi j'essaye encore de mettre un peu de suspense dans ces
lignes... J'imagine que tout le monde a déjà deviné la suite : le
premier véhicule qui passe s'arrête, et son chauffeur nous annonce
directement qu'il sait ou nous allons et qu'il peut nous déposer!
Et ce n'est pas
tout! En chemin, notre homme, dénommé Phil, s'enquiert de notre
programme. Nous lui expliquons que nous venons de terminer notre
dernier plan vacance après un mois et demi de vadrouille et que nous
nous apprêtons à nous mettre sérieusement à la recherche de travail. Il nous annonce qu'il vient d'ouvrir un café sur la route de
l'Abel Tasman et qu'il recherche justement du personnel pour toute la
saison estival! Selon lui, notre rencontre est un coup du destin, et
lorsqu'il nous dépose à Takaka, nous échangeons nos numéros et nous
promettons de rester en contact. Tout de même, c'est grand. Si nous
décrochons un job sans même avoir eu à le chercher...
Takaka possède
une fameuse et alléchante réputation de place hippie de la Golden
Bay, petit coin de paradis au nord-ouest de l'île sud, mais l'heure
n'est pas encore venu pour nous de venir y fouiner. La suite est une
succession presque ennuyeuse de coups de chance au parfait timing :
Nous levons le pouce à la sortie du village, pour être embarqués par
une femme habitant dans les parages, puis par deux israëliennes en
vadrouille. Elles nous déposent à une dizaine de bornes de Marahau,
et nous n'avons même pas fini de les saluer qu'une jeune fille nous
récupère pour nous larguer sur le parking devant notre voiture, en
début d'après-midi.
Et bien voila
qui est fait! Nous redescendons à Motueka, et récupérons notre Flo
qui a profité de quatre jours de détente dans la petite ville, avant
de rejoindre notre camping gratuit près du parc de Kahurangi.
Au matin, il
s'est remit à pleuvoir à verse, mais qu'importe : aujourd'hui, nous
nous lançons dans la recherche de travail. Après un mois et demi de
vadrouille, l'heure est venu de nous mettre au boulot, d'autant que
nous avons pas mal de sous à mettre de côté pour couvrir la suite du
Petit Tour. Notre calcul est simple : il nous faut reconstituer les
réserves que nous avions en arrivant, puis agranger suffisament
d'économies pour payer tous nos frais en Nouvelle Zélande jusqu'à la
fin de l'année (environ 1000$ par mois), ainsi que nos billets
d'avion pour l'Amérique du sud, ce qui nous permettrait d'arriver
là-bas avec quelques 7000 euros, soit de quoi voyager une bonne année
supplémentaire si l'on se fie à nos dépenses moyennes en vadrouille.
Au total, d'après ces calculs, il va nous falloir rassembler environ
15 000$. Rien d'irréalisable, mais il va quand même falloir cravacher
significativement si nous voulons quitter l'Océanie confortablement.
Quid de notre
ami Phil? Et bien, l'expérience nous a souvent montré qu'il ne faut
jamais se fier à une seule opportunité, et nous voulons assurer nos
arrières si jamais sa proposition de travailler dans son café ne donne rien.
Nous établissons
le camp dans la bibliothèque de Motueka et commençons à prospecter.
Comme je le disais, la cueillette des cerises ne va pas tarder à attaquer. De plus, la région de Nelson abrite de nombreux vergers de
pommes, et la saison du thining va bientôt débuter. Il s'agit de
retirer les fruits qui ne poussent pas correctement pour que les
autres puissent grossir avant la récolte.
En fouinant sur
le net, nous dressons une liste de toutes les fermes de la zone,
récuperons leurs adresses mail, rédigeons une belle candidature, et
arrosons copieusement la plupart des producteurs du coin. Au total,
nous devons envoyer une quinzaine de candidatures. Certaines
exploitations possèdent un service de candidature en ligne, et nous
constatons que la recherche de travail est beaucoup plus prise au
sérieux ici qu'en Australie. La cueillette des cerises par exemple
risque fort de nous passer sous le nez, étant donné que visiblement,
le recrutement se fait plusieurs mois à l'avance... Nous verrons.
Tout ça nous prend une bonne partie de la journée, mais nous sommes
satisfait du travail accomplit en rentrant au camping à la nuit
tombée.
Le lendemain,
nous retournons à Motueka pour continuer notre mitraillage de
candidatures... Mais ce ne sera finalement pas nécessaire. Lorsque
nous arrivons en ville, le téléphone sonne, et nous faisons la
connaissance de Tracey, qui dirige avec son mari Brian un verger près
de Richmond, plus au sud. L'un des fermier à qui nous avons envoyé une candidature n'avait pas besoin de main d'oeuvre mais lui a
transmit notre message, et elle peut nous embaucher pour un mois dans
le thining de pomme. Et si nous le désirons, nous pourrons meme
enchaîner sur le picking plus tard dans la saison! C'est une
véritable aubaine que nous saisissons sans
hésiter!
Et Phil dans
tout ça? Nous le contactons, mais il nous apprend que sa femme a
embauché deux personnes sans lui en parler, et il n'a plus de postes à pourvoir. Nous avons bien fait d'anticiper et de nous ménager un
plan de secour!
Nous sommes
ravis. Après une seule petite journée de recherche, nous trouvons un
job qui va peut-être nous occuper pour les quatre prochains mois! La
bonne étoile qui s'occupe de transformer notre voyage en promenade de
santé depuis le début de cette histoire n'est visiblement pas prête
de nous laisser tomber. Et la bougresse se surpasse ces temps-ci...
Nous débarquons à la bibliothèque pour trouver un mail de Tracey où elle confirme
notre embauche et nous annonce qu'elle nous contactera trois jours
plus tard pour que nous organisions notre venue.
Voilà qui est
fait. Sur le coup, nous sommes un peu désoeuvrés, pour la simple et
bonne raison que nous n'avions pas du tout prévu de trouver un poste
aussi rapidement! Nous décidons de redescendre à Nelson le lendemain
pour nous trouver quelque chose à faire afin de tuer les deux
prochains jours.
Incursion dans les fjords
Au matin, il
fait beau, il fait chaud, et nous retournons à Nelson pour passer à la bibliothèque et au centre d'information afin de nous trouver une
petite idée de balade. Deux parcs sont dans notre collimateur depuis
quelques temps, le Richmond Forest Parc et le Nelson Lake National
Parc, mais ils sont malheureusement sous la pluie battante pour toute
la semaine...
La météo est
plus clémente au nord-est, vers Picton, et l'idée nous vient vite :
le nord de Picton présente un enchevêtrement de fjords, de baies et
de criques apparemment magnifiques, nommés les Malborough Sounds, que nous avons traversé en ferry à notre arrivée. De nuit et sous la pluie, nous n'avons bien sûr rien pu en voir, mais nous décidons de réparer ce manque :
un fameux itinéraire de treck, le Queen Charlotte Track, longe le
fjord du même nom sur 71 kilomètres. Le tracé entier se parcourt en 5 jours, mais il est possible de le rejoindre en différents endroits pour des balades plus courtes. Plusieurs camping du DOC le jalonnent, mais au contraire de
l'Abel Tasman, il ne s'agit pas d'une great walk, il n'est donc pas
nécessaire de les réserver, et ils fonctionnent pour la plupart sur le système de donnation, à raison de 6$ la nuit. Plus d'informations sur le Queen Charlotte Track ici.
Nous décidons de l'attaquer sur sa pointe nord-est, pour un aller-retour d'une quarantaine de kilomètres sur deux jours, qui devrait nous mener de la Camp Bay à Ship Cove, une autre baie qui marque l'extrémité du treck. Nous partirons dès cet après-midi, pour passer la nuit au camping de Camp Bay avant de nous lancer dans la balade pour rejoindre un autre coin camping, le School House Bay Campsite, situé juste avant Ship Cove. Nous ne nous renseignons pas beaucoup sur ce que nous allons trouver là-bas, préférant garder intacte la surprise de cette destination décidée en quelques minutes. Nous passons acheter deux jours de provisions, et nous mettons en route vers l'est.
Une première
heure de route nous permet de découvrir quelques sympathiques points
de vue.
Nous arrivons à l'entrée du Queen Charlotte Sound, et remontons la langue de terre
qui le borde vers le nord-est. Une heure assez éprouvante sur une toute
petite route en lacet nous permet de constater les ravages du récent
tremblement de terre. Ici, il a frappé beaucoup plus violemment qu'à Nelson, et la route est par endroit effondrée sur la moitié de
sa largeur, tandis que des fissures et des bosses dans le bitume
trahissent la violence des secousses. Les pelleteuses s'activent sur
les pentes des collines qui bordent la route, où des glissements de
terrain ont emporté des pans entiers de forêt. Effrayant.
Après une belle
traversée de campagne sur un chemin de gravier, nous arrivons
au village de Kenepuru Saddle, où le treck coupe la route, à l'endroit ou nous avons
décidé de l'attaquer. L'après-midi touche à sa fin, et nous
remplissons les sacs de provisions avant de laisser la voiture et de
nous enfoncer dans la forêt pour déboucher rapidement sur le Camp Bay Campsite, à quelques mètres de la plage, qui offre sur le fjord un point de vue
fantastique.
Nous posons le camp pour la nuit et passons un beau
début de soirée à nous balader dans les environs. Qu'il est beau ce
pays...
Mais qu'il est
humide! Nous nous réveillons sous la pluie, et profitons d'une
accalmie pour plier les tentes et rejoindre l'abris du camping pour
le petit déjeuner, attendant que les éléments se calment. Lorsque la
pluie se transforme en crachin, nous nous lançons vaillement et plein
d'espoir sur le sentier qui s'enfonce dans la forêt... Et c'est la
douche froide.
Au sens propre
du terme. Après seulement quelques minutes de marche, des trombes
d'eau se mettent à tomber, le sentier se transforme instantanément en
pataugeoire de boue, et nous sommes trempés jusqu'aux os... Je n'ai
aucune photos à vous montrer de cette première journee de marche, et
il m'est impossible ne serait-ce que de vous décrire les paysages que
nous traversons, pour la bonne raison qu'il etait impossible de voir quoi que ce soit.
Comme toujours dans ce genre de situation, nous rentrons la tête dans
les épaules, éteignons nos cerveaux, braquons nos yeux sur le sol et
avancons rapidement pour nous réchauffer. Les points de vue qui se
devinent parfois à travers les arbres et les fougères ne nous
montrent qu'un rideau de pluie grisâtre qui empêche de voir autre
chose du fjord qu'une étendue d'eau noir. Pendant plus de deux
heures, nous adoptons un rythme de marche forcée sous un déluge
ininterrompu, enfoncés jusqu'aux chevilles dans la gadoue et
fouettés par un vent violent. Le problème d'être mouillé ou pas ne se
pose rapidement plus, étant donné que nous sommes autant dégoulinant
que les arbres qui nous surplombent. Que du bonheur.
La matinée est
nimbée d'une ambiance sauvage particulièrement savoureuse, même si un
peu trop extreme...
Finalement, la
météo se calme, mais nous sommes épuisés. La marche sous la pluie
battante nous a vidé, et nous progressons encore durant trois
pénibles heures avant d'arriver à notre coin camping pour la nuit. Nous découvrons un endroit perdu dans la jungle, donnant sur
les eaux du fjord, dont le décors nous décroche la mâchoire, et le
plaisir de nous y effondrer est accentué par le retour en force d'un
soleil éclatant qui magnifie le panorama devenu grandiose sous le
ciel dégagé.
Nous montons les
tentes à quelques mètres des vagues, et nous nous lançons dans le
nettoyage et le séchage de nos vêtements, après quoi nous nous étalons pour profiter au maximum des rayons du soleil.
Si mes
compagnons ont eu leur lot de marche pour aujourd'hui, je décide pour
ma part de profiter de l'après-midi pour terminer le parcours et
aller jeter un oeil à Ship Cove. Sans sac et sous le soleil, il faut
dire que la balade se savoure différemment... La jungle et les points
de vue sur le Queen Charlotte Sound sont grandioses!
Je croise
quelques groupes de promeneurs qui se sont fait déposer en bateau taxi à Ship Cove, mais la plupart du temps l'endroit est désert et la
forêt est à moi. J'ai l'impression que la nature se réveille après la
pluie, et je m'arrête de temps à autre pour écouter la jungle qui
profite elle aussi du retour du soleil.
J'arrive
rapidement à la fin du tracé, descendant à travers la jungle pour
déboucher sur la baie de Ship Cove.
Je profite un
peu du panorama sur le fjord, assis sur un ponton, avant de faire un
tour des environs. Je constate que l'endroit, point d'arrivée des
bateau-taxis, est loin d'être sauvage : de nombreux aménagements,
toilettes, bancs et abris se dressent au milieu de la verdure,
environnés de sculptures en bois à la mode maorie.
La raison d'être
symbolique de ce lieu se révèle bientôt, sous la forme d'un monument
blanc entouré de canons, où s'étale le nom d'un célèbre navigateur et
explorateur... Où suis-je tombé?
En fouinant un
peu, je découvre plus d'informations sur le coin, et effectivement,
il s'en est passé des choses ici!
C'est dans cette
baie que, le 16 janvier 1770, l'Endeavour, sous le commandement du
lieutenant James Cook, jeta l'ancre pour effectuer des réparations et
ravitailler ses stocks de provisions et d'eau douce. Cook en profita
pour y établir un camp, poussant ses explorations plus au sud, établissant les premiers contacts durables entre maoris et européens. Par la suite, il revint plusieurs fois à Ship
Cove, explorant les fjords et développant ses relations avec les
tribus maories. D'aucun dirait que le loustic a ouvert ici la porte à l'impérialisme européen, mais il n'en reste pas moins l'un des plus grands explorateurs de tous les temps.
Après avoir
exploré le coin, foulant le même sol que Cook près de 250 ans plus
tôt, je rentre au camping. Nous terminons la journée face aux vagues,
espérant que le beau temps se maintienne le lendemain pour profiter
de notre marche retour.
Au réveil, nous découvrons que nos voeux ont été exaucés! Nous entamons notre marche retour sous un beau soleil, et si nous avons déjà parcouru le même chemin hier, les conditions étaient telles que nous le découvrons véritablement aujourd'hui. C'est quasiment une nouvelle balade qui s'offre à nous! Voici donc à quoi la chose ressemble quand le ciel est dégagé.
Le fjord, aux eaux claires ou parfois d'un bleu sombre, est sublime.
Lorsqu'il ne longe pas les flancs de collines avec vue sur les eaux, le chemin s'enfonce dans la jungle.
Nous repassons les baies que nous avions longé au pas de course la veille, au bord desquelles se dressent quelques habitations.
Sous le soleil, la balade s'avère simple, le sentier est large et relativement plat, mais nous prenons notre temps pour savourer le décors.
Finalement, nous sommes de retour à Camping Bay en milieu d'après-midi, ne regrettant pas de nous être aventuré par ici : malgré son introduction plutôt humide, et pour une randonnée décidée plus ou moins au hasard et sans aucun renseignements, notre incursion sur le Queen Charlotte Track nous aura permis d'admirer un bel aperçu des fjords du Malborough, que nous ne comptions pas forcément passer voir, et aura constitué une bonne surprise et une sympathique promenade qui aura parfaitement rempli ses objectifs : nous occuper agréablement pendant deux jours!
La journée touche à sa fin, Tracey doit nous rappeler le surlendemain, et il nous reste une soirée a consacrer aux fjords avant de repartir vers Nelson.
Nous redescendons vers le sud, pour rejoindre un autre camping du DOC situé à la base du Queen Charlotte, au bord de la Moetapu Bay. Sur un petit promontoire en contrebas de la route, au bord de l'eau, nous découvrons que le camping en question est un nouveau coin de paradis. Ca devient une habitude! Douche au robinet, promenade sur la plage, soirée contemplative au face au fjord, le tout dans un décors de reve... Finalement, dans ce pays, il n'est pas nécessaire de se renseigner : il suffit de se rendre quelque part, il s'y trouvera forcément des merveilles!
Avec tout ça, nous avons pas mal crapahuté ces derniers jours, et même si physiquement nos vadrouilles n'ont pas été très violentes, nous n'avons pas vraiment pris le temps de nous poser, et nous voulons être complètement d'attaque pour démarrer le thining. Deux heures de route nous séparent de Nelson, et au matin, nous localisons un camping gratuit, l'Alfred Stream Reserve, situé à mi-chemin, dans la Rai Valley, que nous décidons de rejoindre pour y passer une journée de repos nécessaire.
Sur place, nous découvrons que le coin se situe juste au bord de la route, heureusement la circulation n'est pas dense. Au loin, quelques bicoques forment un petit village, et la campagne environnante est à tomber par terre. Nous nous affalons, et passons la journée à lire, à discuter, à boire thé et café par hectolitres, et à profiter du paysage vallonné et battu par les vent.
Le lendemain, jeudi, nous rejoignons Nelson pour attendre l'appel de Tracey. Il aura lieu dans l'après-midi. Notre nouvelle patronne nous donne rendez-vous pour le lendemain matin chez elle, et nous retournons au Mc Lean pour une dernière nuit avant d'attaquer le boulot.
Le lendemain,
nous levons le camps pour mettre le cap sur Mapua, au nord de
Richmond, afin de rejoindre notre futur lieu de travail.
Nous nous
arrêterons là pour aujourd'hui. Il faut savoir que ce dernier récit a été rédigé en fragmenté sur une assez longue période, pourtant il conte une première petite charnière dans notre voyage néo-zélandais.
Comme prévu,
après un mois et demi de crapahute et de découvertes, les vacances
sont terminées, nous nous apprêtons à nous mettre au turbin, et même
si nous abordons la chose beaucoup plus sereinement qu'en Australie,
les économies que nous réaliserons ici vont être déterminantes pour
la suite du voyage. Si nos réserves pécunières sont encore
conséquentes et que l'argent est encore loin de poser problème, nous
pensons au long terme et avons préféré anticiper et régler le plus
rapidement possible la question du financement de la suite de notre
Petit Tour. Ce qui est fait n'est plus à faire, et la procrastination
est l'un des pires ennemis du voyageur! Nous n'avons pas envie de revivre la panique de nos derniers mois australiens.
Nous nous y
sommes donc pris suffisament en avance pour ne pas avoir à nous
affoler en cas de difficultés dans nos recherches d'un job, mais
aucune ne s'est présentée. Au contraire, nous avons décroché un poste
en seulement quelques jours de prospection, après une seule vague de
candidatures envoyée! Et entre le thinning et le picking, nous avons
peut-être l'assurance de travailler jusqu'en avril.
Bien sûr, il
reste à vérifier que le taf nous convienne, nos expériences passées
nous ayant bien montré qu'il ne fallait pas se réjouir trop vite,
mais même à ce niveau nos arrières sont assurées : si notre mois de
thinning n'est pas concluant, il nous suffira de refuser de continuer
sur le picking et d'aller voir ailleurs, nous en avons le temps et
les moyens pour l'instant.
Et quand on y
songe, ces deux semaines sont à l'image de ce succes : si j'ai l'air
de pester contre la difficulté à ouvrir nos comptes en banque, c'est
simplement à cause du fait que ce genre de formalités nous débectent,
mais en y songeant avec du recul, la chose n'a pas posé véritablement
de problèmes. Nous n'avons essuyé que deux refus de la part des
banques et un seul pour obtenir un justificatif de domicile, et nous
avons finalement pu ouvrir nos comptes seulement quelques jours après
notre débarquement sur l'île sud. Nous avons cherché un véhicule
pendant deux jours avant de conclure une formidable affaire dans de
très bonnes conditions. Et nous avons peut-être dégoté en très peu de
temps un travail pour les quatre prochains mois!
Bref, comme dit
l'autre, tout se passe exactement comme nous l'avions prévu, gnark
gnark gnark...
D'aucun dirait
que nous avons beaucoup de chance... Mais d'un autre côté, combien
d'heures avons nous passé dans notre hall d'embarquement à Wellington à répertorier tous les hôtels et campings susceptibles de nous
fournir une adresse et toutes les banques de la région, pour en
parcourir plusieurs à notre arrivée? N'avons-nous pas adopté le bon
comportement au Maitai Valley Motor Camp pour que ses prorios nous
fournissent le précieux justificatif? Nous avons passer deux journées
entières à éplucher méthodiquement les petites annonces de voitures,
sur internet et dans les journaux, pour dénicher notre bonne affaire,
tout en nous gavant d'articles et de tutoriels sur les vérifications
mécaniques d'usage, nous avons pendant des heures durant listé les
fermes et les vergers des environs et rédigé de belles lettres de
candidature, résumant nos nombreuses et dures semaines de travail en
Australie qui nous ont procuré une indéniable et solide expérience
dans le domaine... La chance, on se la créé.
Côté découvertes et visites,
nos premiers pas sur l'île sud n'ont pas été follichons, malgré notre
joie d'avoir enfin rejoint ce paradis du randonneur, et notre semaine à Nelson, si elle nous a permis de régler pas mal de choses, a été déprimante de grisaille, de pluie et d'inactivité. Mais que peut-on y
faire? La météo ici est définitivement très capricieuse, et il faut
composer avec. La fin de nos tâches administratives a néanmoins
coincidé avec le retour d'un soleil éclatant, et la deuxième semaine
a eu un parfum prononcé de vacances.
Nos vadrouilles
ne nous ont pas encore conduit sur les sites qui nous font baver
depuis des années, mais nous avons le temps, et la découverte
surprise est toujours un plaisir. Ainsi, l'Abel Tasman Coastal Track,
dont nous n'avions pas vraiment prévu la visite, nous en a collé plein les mirettes, bien que d'un intérêt physique limité et malgré un côté répétitif prononcé. Enfin bon, difficile d'être objectif à ce
niveau, la plage étant loin d'incarner mon environnement préféré.
Quand au Queen Charlotte Track... Disons qu'il nous montre encore une
fois que la simple petite promenade classique d'un week-end, en
Nouvelle Zélande, offre déjà monts et merveilles.
Nous
attendons quand même avec impatience les balades un peu plus montagnardes et escarpées que nous avons
inscrit à notre programme...
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