mardi 16 janvier 2018

Atterrissage sur le dernier continent : Arrivée au Chili, Santiago, la belle Valparaiso, Concon et ses dunes

Salut le monde!!!

La voilà enfin. 

La première histoire chilienne, le premier article sud-américain.

Un récit qui débute l'ultime partie de notre Petit Tour, sur le dernier continent que nous sillonnerons avant un retour... Disons durable.

Le 6 octobre dernier, nous avons décollé d'Auckland en direction de l'Amérique du sud et du Chili, pour commencer par explorer la capitale du pays, Santiago. Notre route nous a ensuite menés dans la célèbre ville portuaire de Valparaiso, à travers ses ruelles colorées, son agitation brouillonne et son architecture coloniale formidable. 

Un retour à la vadrouille sur un nouveau continent qui nous a tout d'abord remué un peu plus que prévu. Tant de changement après une année néo-zélandaise durant laquelle mine de rien nous avions pris de petites habitudes nous a secoué un peu! Il ne nous a fallut que quelques jours pour nous remettre dans le bain (et à l'espagnol!), et nous nous sommes retrouvés confrontés à d'autres réflexions existentielles, du genre "retenedidju plus que quelques mois de voyage!".

Notre histoire commence alors que nous nous apprêtons à nous envoler pour le dernier continent, le 6 octobre 2017...


Goodbye New Zealand!


Nous rejoignons l'aéroport d'Auckland après avoir fait quelques courses en prévision de notre looong voyage à destination de Santiago du Chili.

Le voyage en question? Un premier vol doit nous amener à Buenos Aires, capitale de l'Argentine, où nous attendent 14 bonnes grosses heures d'escales, après quoi nous nous envolerons à 6h du matin, heure locale, pour la capitale chilienne, où nous devrions atterrir en milieu de journée, le 7 octobre.

Nous passons quelques heures ennuyeuses et sans intérêt dans l'aéroport, en profitant pour faire nos adieux aux énormes statues de nains de la Moria qui se dressent de chaque côté du hall d'entrée, avant de sortir passer un petit coup de fil à l'Inland Revenu. En plus de saluer le bureau des taxes néo-zélandais, nous voulons aussi nous assurer que toutes nos demandes de retour de taxes ont bien été prises en compte.

Parce que oui, nous quittons le pays, mais nous n'en avons pas encore complètement fini avec lui! Nous attendons en effet de récupérer quelques 1000$ de taxes que nous avons payé en trop cette année. De plus, à cause des élections, le climat économique au moment où nous mettons les voiles est plutôt frileux : les gens attendent de voir quel parti va gagner la bataille, et globalement les investissements, emprunts et autre mouvements bancaires propices à stimuler l'économie sont au point mort en ce moment. Résultat? Le dollars se casse la figure, tandis que chez nous l'euro monte doucement mais sûrement. Lorsque nous sommes arrivés dans le pays l'année dernière, un dollars néo-zélandais valait ainsi 67 centimes d'euro, et aujourd'hui... Il n'en vaut plus que 58! Ayant suffisament d'argent en réserve sur notre compte français pour nous permettre d'attendre, nous avons donc décidé de laisser notre compte en banque néo-zélandais ouvert le temps que le dollars se refasse une santé, pour échanger et transférer l'argent le moment venu en limitant les pertes. Traitez nous de capitalistes, mais nous en avons suffisamment bavé pour l'avoir ce pognon!

Nous quittons donc la Nouvelle Zélande en gardant notre compte à la Kiwi Bank ouvert avec quelques 6000$ dessus! Nous ne pouvions pas couper complètement les ponts tout de suite...

Et puis l'impatience nous emporte. Parce que oui, la Nouvelle Zélande, c'était génial, formidable, excellent, mais avec ces bêtises nous sommes restés un an dans le même pays, nous construisant une petite vie, nous accoutumant à tout un tas de nouveaux repères, reprenant de nouvelles habitudes... Bref, nous avons établit ici une nouvelle vie plus ou moins posée et rangée, avec notre boulot, notre maison, nos destinations de vacances préférées. Et nous avons adoré ça! Mais comme d'habitude... Nous sommes en voyage, nous sommes dans une dynamique de mouvement, de renouveau et de changement. Ce n'est pas que nous avons envie de quitter la Nouvelle Zélande, c'est que nous avons envie d'aller en Amérique du sud!

Dans nos esprits, nous sommes déjà partis, et nous passons les quelques heures qui nous séparent du décollage dans un état de béatitude surexcitée. Et bientôt, l'heure arrive enfin : nous embarquons pour le dernier continent du Petit Tour. 

Le doux retour en zone d'embarquement...

Douane, attente, passage de la porte, entrée dans l'avion... En un éclair, nous voyons les lumières de la Nouvelle Zelande qui s'eloigne dans la nuit sous nos pieds tandis que l'avion prend de l'altitude. Le ciel est nuageux, et bientôt les lumières s'estompent, puis disparaissent...

Au revoir Nouvelle Zélande, et merci pour tout!

Nous passons au-dessus des nuages, l'avion tourne et met le cap vers l'est... C'est parti!

Nous essayons de dormir un peu pendant les 14 heures de vol qui nous séparent de Buenos Aires, mais la plupart du temps en vain. Le départ, la suite qui se profile à l'horizon... Nous passons finalement plus de temps à squatter les films disponibles dans l'avion qu'à nous reposer!

Nous avons décollé d'Auckland le 6 octobre à 20h. Lorsque nous débarquons à Buenos Aires, les horloges de l'aéroport indiquent “6 octobre, 15h50”, nos montres indiquent “7 octobre, 07h50”, et nos horloges biologiques commencent à se détraquer...

Nous quittons le zone de transit, faisons tamponner nos passeports, et nous dirigeons droit vers la sortie. Emergeants sous le soleil qui commence à... descendre oui, nous posons un premier orteil sur le continent américain. C'est officiel, le Petit Tour est arrivé en Amérique!

Nous avons plus de 14 heures d'attente avant notre décollage pour Santiago, prévu pour 6h10 du mat, heure locale. Nous avions envisagé de faire un tour dans Buenos Aires, mais la fatigue, les sacs, la perspective de plonger directement dans une grande ville après les paisibles étendues sauvages néo-zélandaises, tout ça nous fait rester à l'abris dans l'aéroport. Nous découvrons un coin de moquette à peu près calme et nous nous posons pour la matinée... la journée... la soirée... Je ne sais plus!

Le décalage horaire et l'excitation du voyage ont les effets habituels : impossible de fermer l'oeil malgré une fatigue extrême, et en même temps aucune envie de le faire, impression irréaliste de naviguer sans instruments entre deux eaux etc... Nous tâtonnons un peu de baragouinage en espagnol pour commander un dîner composé de la seule chose qui n'est pas hors de prix dans le coin : des cheeseburgers. Typique comme premier repas! Côté espagnol, nos craintes se confirment : nous allons avoir du boulot...

A 4h du matin, finalement, nous partons fièrement... Enfin, aussi fièrement que possible, à l'enregistrement.

Arrivés dans l'avion, nous nous effondrons et dormons comme des loirs... Sauf que le vol dure quelque chose comme deux pauvres heures, et nous sommes réveillés beaucoup trop rapidement par nos tympans en train d'exploser. La tête dans le pâté, nous parvenons quand même à écarquiller les yeux quand nous zieutons par le hublot et découvrons enfin la grande, la majestueuse, la célèbre Cordillère des Andes! Nom de nom, nous y voilà...



Santiago de Chile


Nous atterrissons finalement à Santiago. Le passage des contrôles et des douanes est lent et éprouvant, il y a foule, la tête nous tourne et nous frissonnons de fatigue. Nous recevons finalement notre coup de tampon (ça faisait longtemps!) et sortons rapidement de l'aéroport totalement bondé pour nous poser au bord d'un trottoir et reprendre nos esprits avant de démarrer les festivités.

Officiellement, il doit être quelque chose comme 10h du matin, mais nous avons perdu toute notion de temps, entre le décalage horaire et le manque de sommeil. Nos horloges biologiques, déjà mises à mal, commencent à nous faire de belles démonstration de relativité restreinte!

Nous sommes au Chili. Sur le coup, nous décidons de remettre les réjouissances à plus tard. Etrangement, nous ne sommes pas encore trop HS, comme si nous profitions d'un deuxième souffle, mais nous craignons le coup de grisou qui va à coup sur nous tomber sur le coin du bec à un moment ou à un autre! Et de nombreuses missions nous attendent avant de pouvoir nous affaler...

Comme à notre habitude, nous débarquons totalement démunis : nous ne savons pas où nous allons, nous n'avons pas la moindre carte ni le moindre guide, ni adresse, ni point de chute, ni rien. Mais c'est ça qu'on aime, pas vrai?

Pour le moment, l'une des seules informations dont nous disposons concerne le taux de change officiel : au 7 octobre 2017, un euro vaut 740 pesos chiliens.

En ce qui concerne les points de chute dans le pays, nous n'avons pas encore vraiment défini nos modalité de fonctionnement! Nous savons déjà que les prix des piaules au Chili sont élevés en comparaison de pays comme la Bolivie ou le Pérou. Et nous n'allons pas commencer à comparer la chose avec l'Asie... En revanche, comme je le disais en introduction, il est apparemment possible de trouver des campings à peu près partout dans le pays! Forcément, la capitale ne fait pas partie d' "à peu près partout", il n'y a pas de camping, et pour le moment nous nous sommes résignés à prendre un lit en dortoir le temps de notre séjour ici. Hors de question de nous payer une chambre privée vu les tarifs...

Il va s'agir de mobiliser efficacement les quelques ressources qui nous restent. Pensons pratique, et faisons en sorte de retrouver rapidement nos réflexes. Nous revoilà sur les routes, il est temps de repartir en chasse!

Déjà, localiser un transport pour le centre-ville. La chose ne pose pas de problème : un bus, très justement nomme “puerto centro”, part juste devant la sortie du hall, et conduit pour 1800 pesos dans le centre-ville après un trajet de quelques 30 minutes.

Nous traversons la banlieue de Santiago, affalés sur nos sièges, laissant nos yeux dériver sur des enchaînements de petits lotissements, qui sont bientôt remplacés par des immeubles de plus en plus imposants au fur et à mesure que nous approchons du centre. Le bus nous largue sur une grande avenue, et nous revoilà au cœur de la meule, en pleine ville au milieu des voitures, sacs sur le dos, fatigués après un long voyage, sans avoir aucune idée de l'endroit où nous allons. Nous décidons de prospecter un peu dans les alentours pour chercher une piaule, une carte de la ville, ou quoique ce soit d'autre pour nous situer.

En ce qui concerne le prix des chambres, et de la vie en générale, nous en avons suffisamment entendu pour nous préparer à nous faire malmener le porte-feuille par le Chili, dont les tarifs élevés en comparaison du reste de l'Amérique du sud sont célèbres.

Nous commençons à faire le tour au hasard de blocs d'immeubles, zonant à droite à gauche. Et nous faisons chou blanc! Nous pensions que comme en Asie, les hôtels allaient se succéder et que nous n'aurions qu'à les passer les uns après les autres pour dénicher quelque chose dans nos prix, mais nous ne trouvons rien... Nous ne devons pas chercher au bon endroit.

Les immeubles se ressemblent tous, carrés, marron-gris... Moches. Nous passons quelques allées piétonnes animées au milieu des blocs de béton, pleine de monde et d'une animation qui nous remet d'aplomb. Nous nous posons un moment sur un banc histoire de souffler un peu et de digérer l'arrivée. C'est un peu le bazar : nous sommes absolument ravis de retrouver ces instants de zonage complètement paumés dans un pays sur lequel nous ne savons rien et dans lequel nous venons de débarquer, mais en même temps nous étions tellement posés en Nouvelle Zélande que nous sentons qu'il va nous falloir un petit temps de remise en forme avant de nous remettre pleinement dans le bain de la vadrouille!

Nous repartons bientôt et demandons laborieusement notre chemin. Nous ne croisons absolument personne qui ne parle ne serait-ce que quelques mots d'anglais, et nous devons nous débrouiller avec notre pauvre niveau d'espagnol pour essayer de piger un minimum ce qu'on nous dit... Nous finissons par découvrir une rue remplie de bureaux de change et d'agences de voyage. On se rapproche de quelque chose! Nous entrons dans la première que nous croisons pour quérir quelques infos... Et nous ne trouvons toujours personne qui parle anglais. Un papy très patient vient s'occuper de nous.

Je tiens à préciser que notre niveau d'espagnol à tous les deux est proche de 0. Nous en avons bien fait étant à l'école, mais en l'absence de toute forme de pratique pendant plusieurs années, nous avons quasiment tout oublié. Je m'y suis bien remis un peu en Nouvelle Zélande, mais bon...

Ces quelques rudiments associés à la patience de notre papito vont tout de même nous aider : nous demandons une carte, nous demandons où nous sommes, et pour finir nous demandons où nous pouvons trouver de quoi dormir.

Nous ressortons tout fiers après quelques minutes. Notre papy, en véritable sauveur, nous a donner une carte, nous a marqué notre position dessus, et nous a indiqué un quartier où nous pourrons trouver un logement. On se croirait dans un jeu de rôle : nous avons trouvé la carte!

En revanche, nous sommes surpris et un peu affolés par l'absence total d'anglais. On nous avait dit qu'un niveau minimum en espagnol était indispensable pour parcourir l'Amérique du sud de manière à peu près confortable, et nous comptons bien nous y mettre sérieusement, mais en plein centre de Santiago, nous nous attendions à pouvoir communiquer un minimum en anglais avant de devoir passer le cap du full espagnol.

Notre carte toute neuve en main, nous nous dirigeons vers le nord et le quartier que nous a indiqué notre bienfaiteur. Il s'agit de Bellavista, nom qui est apparu plusieurs fois sous nos yeux au cours de nos séances de prépa en Nouvelle Zélande : il s'agit du quartier des artistes de la ville.

Nous marchons, encore et encore, passons un fleuve, et débarquons dans Bellavista. Les bâtiments se font plus petits, plus colorés, les cafés se multiplient, les rues sont moins saturées de voitures et de la musique y raisonne. Nous avons l'impression de tomber dans un village en plein milieu de la ville! Nous n'avons pas vraiment le temps d'apprécier les murs qui se couvrent de graf parfois somptueux : la fatigue commence vraiment à nous peser, nous n'avons plus aucune idée de l'heure qu'il est, et le ras-le-bol commence à poindre.

Nous tournons et retournons, sans rien trouver. Mais où ont-ils cache leurs hôtels?!

Et puis étant donne que visiblement, il va falloir nous mettre sérieusement à l'espagnol plus tôt que prévu, autant commencer! Nous allons voir les gens pour leur demander s'ils connaissent un hôtel, un coin, mais soit ils expliquent mal, soit c'est nous qui ne comprenons rien. Oui, moi aussi je penche pour cette deuxième solution...

Après deux heures de marche, nous en avons marre, et cédons à la facilité : nous découvrons un bar avec le wifi, commandons un verre, et cherchons un hôtel sur internet. Nous aurons essayé, mais visiblement les choses ne sont pas comme en Asie ici, les piaules sont beaucoup plus dispersées, les hôtels ne se trouvent pas alignés par grappes de dix à tous les coins de rue, ils ne sont pas marqués d'énormes pancartes clignotantes, et il n'y a aucun rabatteur pour nous y amener! Parce que oui, nous aimions beaucoup les rabatteurs asiatiques, très utiles quand nous débarquions quelques part sans aucun plan!

Finalement, nous localisons l'une des guest houses les moins chères de Bellavista, le Gnomo Hotel, et nous rendons sur place, pour nous apercevoir que nous sommes passés devant tout a l'heure sans même le voir...

Nous sonnons, entrons, et découvrons une bonne auberge de jeunesse bien roots, pleine de drapeaux tibétains et autres fanions vert-jaune-rouge, au salon encombré de canapés défoncés et de tables basses en bois.

Le lit en dortoir coûte 9000 pesos, soit un peu plus de 12 euros. Punaise... C'est cher, plus que ce que nous espérions. Nous avions beau le savoir, ça fait mal! Vivement les campings... Pour le moment, nous avons suffisamment crapahuté. Nous prenons directement deux nuits, montons nos sacs dans le dortoir, et... ressortons. Ce n'est pas encore l'heure de se reposer! Avec toutes ces bêtises, il est près de 16h et nous n'avons rien mangé depuis les cheeseburgers d'hier soir. Nous tournons un peu pour tomber rapidement sur... Oh joie! Oh bonheur ultime! Oh grand retour de la street food et des petits plats rapides et pas chers!

Une petite gargote, des tables en plastique collantes, une odeur de graillon qui nous fait saliver... Ah, Nouvelle Zélande, tu était bien mignonne, mais tu manquais quand même parfois de fantaisie!

Nous nous enfilons deux churascos, gros sandwichs dégoulinant de viande cuite dans l'huile et de fromage fondu, avant d'aller faire un tour. Nous parcourons un peu Pio Nono, la rue principale de Bellavista, sans vraiment y être...

Nos yeux se ferment tout seuls, nous piquons du nez... A 19h, nous sommes rentrés, couchés, endormis!

Nous dormons comme des loques, prenons un bon petit dèj, et nous posons pour réfléchir la suite... Ce coup-ci, on peut le dire : ça y'est, nous sommes au Chili!

Le Chili. Notre premier pays d'Amérique du sud, et le 19ème que traverse notre petit tour. Un pays tout en longueur qui s'étale sur quelques 4300 kilomètres entre le Pérou et le Cap Horn, délimité à l'ouest par la côte pacifique et à l'est par la majestueuse chaîne des Andes, qui court sur toute la longueur du pays. Comme je le disais dans notre dernier article, au départ, nous n'avions prévu de ne prendre que quelques semaines, avant de rejoindre la Bolivie, entre le Chili et l'Argentine, afin de passer quelques immanquables avant de fuir ces deux pays dont la réputation de videurs de porte-monnaie n'est plus à faire... Et puis finalement, au gré de la préparation et de rentrées d'argent plus conséquentes que prévues, nous avons revu nos ambitions à la hausse : nos recherches sur le Chili nous ont montré quantité de paysages tous plus grandioses les uns que les autres, de la Patagonie aux étendues désertiques d'Atacama, un avantage de s'étaler entre deux latitudes aussi éloignées! Ensuite, nous avons mis de cote en Nouvelle Zélande beaucoup plus d'argent que prévu. Etant donné que tout ça c'est déroulé sur la fin de notre séjour là-bas, nous n'avons pas encore pu prendre le temps de réfléchir à de nouveaux plans, mais une chose est sûre : nous allons passer plus de temps ici que ce que nous avions prévu, afin d'explorer comme il se doit un pays qui au fil des préparations est devenu l'un de ceux que nous attendons le plus sur ce nouveau continent!

En ce qui concerne le reste de notre petit tour en Amérique du sud, là encore, nous ne sommes pas fixés. D'après nos estimations et nos prévisions budgétaire, nous pouvons rester entre 7 et 10 mois en Amérique du sud, en ratissant large.

D'aucun dirait que c'est une durée conséquente, mais pas tant que ça quand on y réfléchit! En ce qui concerne la façon dont nous comptons mettre à profit les derniers mois de notre voyage, nous n'avons pas planifié grand chose, hormis en ce qui concerne un nombre limité de pays dans lesquels nous sommes sûrs de passer avant la fin du temps qui nous est imparti, à savoir, en plus du Chili, la Bolivie, le Pérou et l'Equateur. Ces pays sont ceux que nous voulons absolument découvrir, et ils constituent nos priorités ici.

A côté, il y a le torrent d'idées de destinations potentielles qui pourraient s'ajouter à ce joyeux programme : nous allons parcourir l'ouest de l'Argentine en descendant vers le sud du Chili, et nous envisageons de prolonger notre séjour là-bas en tirant vers la côte atlantique. Nous aimerions beaucoup faire un tour en Colombie, ainsi qu'au Costa Rica et en Amérique centrale, puis rejoindre le Mexique avant d'aller jeter un oeil à Cuba pour ensuite voguer dans les Caraïbes. Je précise qu'il s'agit là de l'intégralité de nos idées, et que nous ne comptons pas forcément toutes les réaliser (encore que...). Nous voulons rester dans le faisable, et surtout nous conformer à l'un de nos principes les plus fondamentaux : prendre notre temps, voyager doucement, savourer! A aucun moment nous ne voulons avoir à nous presser.

Bref, vous l'aurez compris, à notre arrivée en Amérique, nos cerveaux bouillonnent de projets, d'idées, de plans tirés sur la comète, dont nous n'avons que peu cerné l'envergure. Nous verrons comment tout ça s'organise au fur et à mesure...

Pour en revenir au Chili, en ces premiers jours, notre programme se résume rapidement : nous avons réservé nos campings sur le célèbre trek du Torres del Paine de façon à nous garder trois semaines pour y descendre depuis Santiago. A l'heure où nous débarquons, nous avons prévu de prendre deux ou trois jours pour explorer la capitale, sans toutefois nous y éterniser, afin de rejoindre rapidement la célèbre Valparaiso, à une centaine de bornes sur la côte, pour y passer éventuellement un peu plus de temps. Temps que nous utiliserons pour visiter le bled et préparer notre descente vers le sud.

La suite, nous verrons ensuite!

Commençons par découvrir ce que la capitale a dans le ventre. D'après ce que nous en savons, Santiago du Chili ne fait pas partie des capitales les plus folichonnes du monde. La ville a la réputation d'être très occidentale, sans charme et pas vraiment agréable à visiter si l'on met de côté quelques quartiers, monuments et musées. C'est pourquoi nous avons décidé de n'y consacrer qu'un jour ou deux, afin de faire le tour de son centre historique et de fouiner dans Bellavista. Au cour de notre vagabondage d'hier, nos esprits bien qu'embrumés de fatigue et délirants ont quand même été agréablement titillés par le quartier des artistes, ses fresques, ses graffitis, son animation, sa musique omniprésente...

Pour notre premier jour ici, nous partons donc d'abords pour le centre historique, afin de nous garder l'après-midi de libre pour explorer Bellavista.

Nous tournons un bon moment dans le centre-ville, passant la plupart de ses grands monuments, parmis lesquels la fameuse Plaza de las Armas, autour de laquelle nous découvrons le Musée Historique National, le Théatre et surtout la Cathédrale Métropolitaine de Santiago, construite entre 1748 et 1800.


Tandis que nous vagabondons au gré des rues, un jeune homme nous accoste. Il est bien gentil, mais un peu trop enjoué malgré l'heure matinale! Nous discutons quand même un peu, avant qu'un autre homme ne vienne nous voir et nous interroge du regard pour s'assurer que tout va bien. Il finira par nous délivrer de notre jeune ami devenant un peu envahissant, s'adressant à nous dans un anglais impeccable pour nous inviter à nous balader avec lui. Il s'appelle Rassah, et son histoire n'est pas banale : il a grandit en Angleterre, avant de partir pour ne jamais revenir. Il a vécu en Australie pendant 6 ans, puis dans différents pays, avant d'échouer en Amérique du sud. Il a sillonné le continent un bon moment, s'arrêtant à droite à gauche pour des périodes plus ou moins longues, avant que l'un de ses amis lui annonce que le Chili... Ba c'est plutôt cool! Cela fait aujourd'hui 4 ans qu'il y habite, et il en est satisfait!

Il nous emmène faire un tour au marché, nous parle un peu de la vie à Santiago, avant de nous laisser. Un homme intéressant!

Nous continuons notre balade, passant notamment saluer le grand Salvador Allende, avant de visiter la Basilique de la Merced, datant de la fin du XVIIIème siècle.



Alors nous avons vu plein d'autres choses durant cette matinée, le Palais de la Moneda, plusieurs églises, mais très honnêtement, hormis ce que je viens de vous montrer, rien n'a vraiment retenu notre attention. Encore une fois, le centre de Santiago, c'est surtout du gris, du gris et encore du gris, des rues aux murs de immeubles (et le ciel n'arrange rien...), et pas grand chose de vraiment intéressant architecturalement parlant.

A la rigueur, le palais de la Moneda, construit par les espagnols pendant l'époque coloniale, revête un aspect symbolique particulier : c'est entre ses murs qu'Allende s'est suicidé lors du coup d'état de Pinochet.



Bref, nous ne sommes pas emballés. Et puis nous il y a un je-ne-sais-quoi en plus, un petit truc qui nous triture. Nous avons du mal à nous y remettre, à digérer l'arrivée dans un nouveau pays. C'est fou, mais c'est vrai. Nous avions envie de nous poser en Nouvelle Zélande, et nous l'avons fait, un peu trop peut-être... Nous avons vécu un an dans un autre pays, et aujourd'hui nous voilà un peu secoués par le changement, et presque flemmeux par avance à la perspective de nous remettre à bouger dans tous les sens! Décidément, on aura tout vu... A cela s'ajoute sans doute le fait de nous retrouver d'un coup dans une grande ville, ou d'être à la rue en espagnol. Vous me direz que ce n'est pas différent de la quasi totalité des pays où nous sommes allés sans parler un mot de la langue locale... Sauf qu'ici, nous avons un peu la même sensation qu'en Australie : les gens ont l'air de s'attendre à ce que tout le monde parle espagnol parfaitement! Ce qui nous fait nous sentir encore plus à la ramasse... A notre hôtel, tout le monde parle espagnol, pareil dans la rue, et autant des fois nous captons à peu près ce qu'on nous dit, autant le plus souvent l'accent chilien est tellement extrême que nous n'avons pas l'impression d'entendre de l'espagnol. L'anglais n'est presque jamais une alternative, et nous arrêtons vite de demander "do you speak english?". C'est inutile, la réponse est toujours non!

Enfin bon, tout va bien, c'est juste que le redémarrage après le calme néo-zélandais et les petites habitudes que nous avions prises au pays des kiwis nous secoué bien plus que ce que nous attendions.

L'après-midi, nous partons nous immerger dans le quartier de Bellavista.

Le quartier de Bellavista, qui s'étale entre la rivière Mapocho et le pied de la colline de San Cristobal, et le quartier bohème, artistique de la capitale. Nous l'explorons complètement au hasard, tournant dans ses petites ruelles, avec l'impression d'être tombés dans un petit village au cœur de la ville. Un petit village dont les murs colorés sont presque intégralement recouverts de fresques et de grafs !



Bellavista sera notre bonne surprise de Santiago. Ce matin, ce n'était pas top, mais nous nous y attendions. En revanche, le petit quartier des artistes, ses bâtiments bas bariolés, son calme et ses rues pleine de torpeur, ses airs de musique qui parfois glissent doucement par une fenêtre ouverte ou la porte d'une gargote, nous ne nous y attendions pas, et nous sommes ravis! Sans parler du petit plaisir que procure toujours l'exploration libre au pif. Conclusion, si, il y a des choses sympa à faire à Santiago !

Bon, alors je parle de calme, mais il faut savoir que toutes les rues ne respirent pas l'ambiance de sieste et de volupté... Parce qu'après avoir bien vagabondé dans les petites ruelles de Bellavista, nous rejoignons sa rue principale, j'ai nommé Pio Nono.

Là pour le coup, il y a de la vie. Un peu trop d'ailleurs... Pas mal de circulation au milieu, et tout ce qu'il faut pour faire la fête sur les côtés ! Les trottoirs ne sont qu'un enchaînement de terrasses, et donnent sur une multitude de bars, de restaurants et de boutiques. Si certains établissements paraissent un brin branchés, il y en a aussi beaucoup dont la seule fonction semble être de servir de l'alcool à un maximum de personnes et de faire hurler la musique ! Nous croisons ainsi des espèces de discothèques sur plusieurs étages remplies de tables et de chaises en plastique, dont les rebords de balcon débordent d'enceintes et de caissons de basse.

Dans la rue, il y a foule. Des familles, des groupes, des voyageurs, tout le monde se croise tant bien que mal sur des trottoirs encombrés de tables, de chaises et de vendeurs à la sauvette proposant souvenirs, artisanat, jus de fruit, glaces etc...

Nous remontons la rue en direction de la colline de San Cristobal. Il paraît que la vue depuis son sommet sur la ville vaut le détour... Devant le pied de la colline, la foule est dense : il est possible de monter au sommet à pied en une petite quarantaine de minutes, ou de prendre un téléphérique. Et bien sûr, la queue pour le téléphérique est bondée ! On se demande combien de temps vont attendre les pauvres gens qui se trouvent en bout de file...

De notre côté, nous attaquons la gentille côte à pied. Une route goudronnée monte le flanc de la colline, et bientôt un petit sentier s'ouvre sur le côté. En chemin, nous croiserons de nombreux cyclistes qui descendent du sommet, et nous apprendrons plus tard que le chemin que nous empruntons est en effet réservé aux vélos et interdit aux piétons...

Nous arrivons bientôt sur l'esplanade qui se trouve juste avant le sommet. Effectivement, la vue sur la ville est impressionnante, mais moins que l'épais nuage de pollution clairement visible depuis là-haut... Santiago est entourée de montagnes couvertes de neige, mais le brouillard grisâtre qui monte de la ville est tellement dense que nous apercevons seulement de grosse formes floues.



L'après-midi touche à sa fin, mais nous ne sommes pas encore rassasiés de Bellavista ! Histoire de profiter de l'animation de Pio Nono, nous nous callons en terrasse et prenons un verre.

Et nous nous mettons à discuter. Et les heures passent, passent, passent... Nous parlons du petit malaise que nous cause le retour à la vadrouille, de la petite flemme qui nous envahit à l'idée de nous remettre à vagabonder sans jamais nous poser plus de quelques jours au même endroit... Et nous dérivons doucement vers le bon côté, nous rappelant que punaise, l'année dernière est passée sacrément vite, qu'il ne nous reste que 7 ou 8 mois de voyage, et que nous l'avons attendu, cette Amérique du sud. Tellement attendu... Depuis plus de quatre ans! 4 ans... Nous évoquons ce que nous avons vu durant ces quatre dernières années, et tout ce qu'il nous reste à voir, tout les découvertes qui nous attendent, et la flamme se fait plus vive. L'Amérique va dépoter! Il faut juste que nous prenions le temps de nous remettre dans le bain.

En milieu de soirée, nous commençons à discuter avec 4 jeunes chiliens attablés derrière nous. Ils finissent par nous inviter à nous joindre à eux, et paf! Nous passons une formidable soirée. Certains d'entre eux parlent quelques mots d'anglais, et avec nos rudiments d'espagnol et l'aide de leurs smartphones, nous parvenons à avoir de bonnes discussions. Exit la légère impression d'être obligé de parler espagnol : ils sont contents de pratiquer un peu d'anglais, et sont ravis de nous apprendre à parler leur langue. L'entente est si bonne que nous serons même invité par l'un de nos amis à venir passer la nuit chez lui, dans sa famille, le lendemain! Et bien! Première soirée, première invitation. Ca s'annonce glorieux le Chili! 

Nous nous quittons tard dans la soirée, et nous rentrons chez nous ravis de la journée. Entre la découverte du superbe et vivant quartier de Bellavista et nos rencontres du jour, notre vadrouille chilienne commence bien!

Le lendemain, nous décidons de passer une deuxième journée à Santiago. L'hôtel coûte un bras, mais nous n'avons pas encore bien digéré le décalage horaire, nous devons préparer un peu la suite des festivités, bosser sur le blog, et tenter de contacter le gars d'hier. Nous n'avons pas énormément de temps, et nous comptions partir pour Valparaiso dès demain, mais nous resterions bien quelques jours de plus si nous avons l'occasion d'habiter chez une famille chilienne!

Malheureusement, nous avons quelques difficultés à relire les contacts que nous a donné notre homme, et nous ne parvenons pas à le contacter, ni sur facebook, ni par mail. Et c'est bien dommage! Nous avons beau chercher, rien n'y fait... C'est rageant, nous ratons une belle opportunité simplement à cause de ce qui est sans doute une simple erreur d'écriture!

Après de longues recherches, nous devons nous rendre à l'évidence... C'est rappé! En revanche, nous écrivons un petit mot à Zoro. Vous vous souvenez, l'estonien que nous avons rencontré en Nouvelle Zélande, juste avant de vendre la voiture, qui devait lui aussi se rendre au Chili quelques jours plus tard? Il nous répond presque instantanément : il vient d'arriver à Santiago, et serait ravi de nous voir! Nous prenons rendez-vous pour le début d'après-midi.

Nous finissons la matinée en bossant sur le blog et en écumant tout les contenus que nous pouvons trouver sur Valparaiso. Nous repérons les compagnies de bus qui permettent de s'y rendre depuis Santiago ainsi que plusieurs points de chute sur place.

Nous partons ensuite retrouver Zoro sur la Plaza de las Armas, tout de même sacrément plus belle sous le soleil!



Zoro nous attend devant la cathédrale. C'est juste génial de se retrouver ici alors que nous nous sommes rencontrés il y a seulement deux semaines à près de 10000 kilomètres d'ici!

Nous discutons un peu avant de rejoindre Bellavista pour prendre un verre, et nous passons 2 bonnes heures à papoter voyage et à échanger nos expériences. Zoro est le type même du voyageur qui nous ressemble : sans attaches, sans objectifs, voyageant au gré de ses envies. Nos discussions portent principalement sur les récits des rencontres incroyables que nous avons tous vécues en Turquie et en Iran, et des démonstrations tout aussi incroyables d'hospitalité et de gentillesse que les dites-rencontres ont entrainées. 

Nous nous séparons en fin d'après-midi, et nous rentrons préparer le départ pour Valparaiso. La célèbre et colorée ville portuaire se trouve à environ 150 bornes de Santiago, et de nombreux bus font la liaison depuis la capitale. La compagnie proposant les tarifs les moins élevés se nomme Turbus, et propose des allers à Valparaiso pour des prix s'étalant entre 2000 et 8000 pesos, suivant l'heure de la journée et la présence de réductions (consultez leur site web pour trouver des tarifs préférentiels).

Nous dégotons un aller simple pour le lendemain 10h à 2000 pesos. En revanche, nous ne trouvons pas le moindre camping à Valparaiso, et nous devons nous résoudre à repasser quelques nuits en chambre... Nous repérons plusieurs hôtels, dont les tarifs n'allument pas autant que ceux de Santiago mais continuent de nous faire grincer des dents! Le moins cher d'entre eux, l'hôtel Licanantay, propose le lit en dortoir à 7000 pesos la nuit, soit 10 euros tout de même...

Notre dernière soirée au Gnomo est tranquille : nous squattons le dortoir avant de nous coucher! Les autres occupants de l'hôtel ont tous l'air bien sympas, mais ce sont tous des voyageurs originaires d'Amérique du sud (nous apprendrons plus tard que les sud-américains, en particulier les argentins, les brésiliens et les chiliens, voyagent beaucoup!), et ils restent pas mal entre eux, ne parlant qu'espagnol.

Le lendemain matin, nous nous mettons en route, ravis de quitter Santiago, qui malgré deux ou trois bonnes surprises ne nous laissera pas un souvenir impérissable, et de partir enfin à la découverte de la grande Valparaiso, l'un des joyaux du pays.

A noter qu'il y a plusieurs terminaux de bus à Santiago. Les bus Turbus s'attrapent au terminal Alameda. Pour s'y rendre depuis le centre historique, il faut prendre la ligne 1 du métro en direction de San Pablo, et descendre à l'arrêt Universidad de Chile, qui se trouve à quelques minutes à pied d'Alameda.

Il est donc temps pour nous d'expérimenter le métro chilien! Ici, pas de billet : il faut investir dans une carte BIP, une petite carte rechargeable indispensable pour utiliser les transports en commun de Santiago. La bestiole se trouve dans les guichets des stations de métro, coûte 2500 pesos, et n'est pas nominative, c'est-à-dire que vous pouvez parfaitement en prendre une seule pour deux personnes ou plus. Il est nécessaire de la charger, aux mêmes guichets ou dans n'importe quel kiosque ou boutique portant la mention "bip". Un trajet de métro débite 650 pesos de la carte.

Le métro en lui-même est à l'image des nôtres en heure de pointe : plein à craquer, étouffant, et fleurant bon la transpiration... Nous enfiler dans la rame bondée avec nos gros sacs nous vaut quelques grognements énervés de la part des autres voyageurs, et nous sommes bien contents de nous extirper de cette boite de conserve quelques minutes plus tard!

Nous quittons la station pour nous retrouver au bord d'une grosse quatre-voies encombrée de véhicules, sur un trottoir plein d'étals et de kiosques, au milieu d'une foule de passants. Nous nous frayons un chemin jusqu'au terminal, achetons nos billets, et quelques dizaines de minutes plus tard, nous voilà en route vers la côte. Fait intéressant : histoire d'être sûr que tout le monde reparte avec son sac ou sa valise, pendant l'embarquement, chaque bagage est muni d'une étiquette avec un numéro, tandis que son propriétaire reçoit un ticket avec le même numéro, qu'il doit présenter à l'arrivée pour récupérer son bagage.

Le trajet de Santiago jusqu'a Valparaiso prend quelques deux heures, que nous occupons à réviser notre espagnol.


La belle et colorée Valparaiso 


Nous arrivons en milieu de journée. Le terminal de bus de Valparaiso se trouve à l'est du centre-ville, à une vingtaine de minutes de marche, mais nous n'avons même pas le temps de chercher notre direction en descendant du bus qu'une jeune fille nous aborde et nous explique en détails comment nous rendre dans le centre, avant de nous souhaiter un bon séjour dans sa ville!

Nous nous mettons en route. Le soleil brille, il fait chaud, et nous avançons laborieusement au milieu d'un marché à ciel ouvert qui s'étale de chaque côté d'une rue embouteillée. Zigzagant au milieu des étals et des tas de marchandises disposés à même le sol, au milieu de la foule et des vendeurs à la criée, nous ressentons quelque chose, quelque chose que nous n'avions pas senti depuis des lustres : nous revoilà au milieu du bazar, il y a de l'animation, des odeurs, des bruits, des gens... Il y a enfin un peu d'action, et après le calme presque permanent néo-zélandais, ça fait du bien! Nous sommes presque soulagés de retrouver cette atmosphère de joyeux chantier. Ca faisait longtemps!

Nous passons de jolies places, des zone commerciales de grand magasins, puis arrivons dans le centre et nous mettons en quête de l'hôtel le moins cher que nous avons repéré, le Licanantay, zonant un moment dans de petites ruelles encombrées d'étals de marché. Nous sommes pressés de trouver notre point de chute et de larguer nos sacs, et sur le coup l'animation ambiante nous fatigue un peu, mais lorsque nous commençons à monter un peu dans les pentes de la ville haute, nous ne pouvons qu'apprécier les bâtiments colorés couvert de fresques et de peinture!

Nous découvrons finalement le Licanantay, et sommes reçu par une française, en volontariat pour l'établissement. Nous discutons un moment, avant de poser nos affaires dans le dortoir (pour finalement 6000 pesos/nuit/personne au lieu de 7000, mais lisez la suite avant de vous y précipiter...) et de sortir faire un tour. 

Nous avons notre piaule (relativement...) pas chère, il fait un temps radieux, et la grande Valparaiso nous tend les bras!

Quelques mots sur la ville en question avant de poursuivre : Valparaiso fut fondée au milieu du XVIème siècle par les conquistadors espagnols. Après l'indépendance du Chili, le port gagna en importance, devenant un passage obligé pour les navires transitant entre le Pacifique et l'Atlantique via le détroit de Magellan, et attirant de nombreux immigrés européens. Son importance diminua après la construction du Canal de Panama. Valparaiso est aujourd'hui le premier port et la deuxième ville du Chili. Capitale culturelle du pays, elle est célèbre pour son quartier historique, son architecture et ses maisons multicolores, classé au patrimoine mondial de l'humanité. 

Après nous être délestés de nos sacs, nous sortons faire un tour. Les petites ruelles du centre-ville sont encombrées de bus, de taxis et de voitures, les trottoirs débordent d'étals de légumes et de fruits, il y a de la vie, de l'agitation, du mouvement, du bruit... Alors nous sommes à des années-lumières du joyeux foutoir de certains pays que nous avons traversés, mais après une année passée dans le calme platonique néo-zélandais et bien que d'ordinaire nous ne sommes pas vraiment férus de grandes villes, ça nous fais plaisir de retrouver un peu d'action. Encore une fois, chère Nouvelle Zélande, tu étais fantastique, mais il ne se passait quand même pas grand-chose chez toi...

Nous zonons un peu dans le centre, passons voir le bord de mer, qui brille par son manque d'intérêt...




...avant d'aller jeter un œil à la cathédrale St James, aussi appelée cathédrale de Valparaiso, construite entre 1910 et 1950. Rien de bien exceptionnel, mais ce n'est pas pour sa cathédrale qu'on vient à Valpo!



La journée est déjà bien avancée, et nous décidons de garder la visite du centre historique pour le lendemain. En revanche, hors de question de rentrer nous carapater dans nos appartements ! L'heure est à l'immersion : le changement de pays et le retour à la vadrouille nous secoue plus que prévu ? Et bien plongeons à corps perdu dans le bouillon ! Nous sommes à la rue en espagnol alors que visiblement l'anglais n'est presque jamais une option ici ? Provoquons le dialogue dictionnaire à la main.

Nous nous choppons quelques empanadas dégoulinant de gras en essayant de papoter un peu avec la vendeuse, avant de nous lancer dans une étude poussée concernant les autres moyens de manger pour pas cher ici. Notre vadrouille au Chili va durer plus longtemps que prévu et risque de nous coûter pas mal de sous, nous voulons donc faire en sorte d'économiser au maximum sur tous les postes possibles, à commencer par la boustifaille : nous passons quelques grandes surfaces avant de fouiner dans les petits marchés de légumes et de fruits, conjuguant notre recherche des prix les plus bas avec des occasions de travailler notre espagnol en demandant les tarifs de toutes les denrées alimentaires que nous voyons sur les étals et en discutant un peu avec les vendeurs. Nous tentons de poser des questions construites, nous attirant de sympathiques sourires de la part des gens qui s'aperçoivent que nous sommes dans les choux mais que nous faisons beaucoup d'efforts, sourires qui se transforment en rire francs quand nous sortons notre dico sous leur nez pour chercher un mot. C'est comme ça qu'on progresse !

C'est évidement sur les marchés que nous trouvons les prix les plus bas : nous dénichons de quoi dîner pour un euros par personne, à coup d'avocats, de tomates, de fruits et de pain.

En fin de journée, nous ne résistons pas à l'appel des hauteurs de la ville où s'étale le quartier historique classé au patrimoine mondial, et nous nous offrons un petit aperçu de bâtisses multicolores, de street art et de points de vue sur la ville histoire de nous mettre l'eau à la bouche avant demain. Et ça promet !



Nous rentrons à la tombée de la nuit.

Le lendemain matin, une chamboulante surprise nous tombe dessus : juste après le pti dèj, nous retournons dans notre dortoir pour nous retrouver nez-à-nez avec des déménageurs en train de démonter les lits et d'emmener les casiers destinés aux effets personnels ! J'ai juste le temps d'alpaguer l'un d'entre eux avant qu'il n'embarque celui où nous avons rangé nos passeports, nos liseuses et les deux ordinateurs...

Qu'est ce que c'est que ce bazar ? Nous partons à la recherche d'un membre du staff, croisant au passage un groupe de carabinieros (les gendarmes locaux!) dans le hall d'entrée, avant de tomber sur Sophie qui nous explique que l'hôtel ferme aujourd'hui pour cause de... de on-ne-sait-pas-trop-quoi. Probablement quelques magouilles du proprio... Elle-même n'était pas au courant avant ce matin !

Nous faisons nos sacs en catastrophe, tandis que les déménageurs et même les policiers s'excusent platement auprès de nous, avant de mettre les voiles et de nous retrouver à la rue...

Elle est choucar celle-là... On ne va pas s'affoler non plus : il est tôt, et le centre regorge d'hôtels, même si les prix du Licanantay étaient tout de même imbattables...

Nous nous rendons au Limon Verde, un établissement que nous avons croisé la veille par hasard, et qui propose des lits en dortoirs pour 6900 pesos par nuit. Sur place, nous apprenons qu'il n'y a de la place que pour une nuit, alors que nous voulons rester encore au moins deux jours à Valparaiso... Décidément ! Nous prenons une nuit au Limon Verde, droppons nos sacs, avant de partir en quête d'un nouveau point de chute pour la nuit suivante, tel deux pauvres vagabonds perdus dans une ville qui semble refuser de leur donner un toit. Nous prospectons dans les alentours, pour découvrir l'Angel Hostal et ses lits à... 8000 pesos ! Nous avons dépassé les 10 euros la nuit... Satané pays !

Il s'agit du prix le plus bas que nous avons déniché, et nous réservons une piaule pour le lendemain soir.

Cette journée commence d'une bien étrange manière...

Nous pouvons finalement nous lancer dans l'exploration tant attendue du cœur de Valparaiso, de ce qui a fait sa renommée et qui fait partie de ce qui l'a sauvé du naufrage après la construction du canal de Panama : son quartier historique. Je vous fais grace des details historiques, et des raisons de sa classification au patrimoine mondial de l'humanite, que vous trouverez ici.

Armés d'une carte dégotée au Verde Limon, nous nous lançons à l'assaut des collines qui surplombent la ville basse et le centre. Grimpant et dégringolant à travers un labyrinthe d'escaliers et de petites ruelles, nous découvrons églises et maisons coloniales en bois et en tôle multicolores, points de vue sur la ville et street art sur-développé.



Le quartier historique s'explore d'une manière que nous adorons : librement, un peu au hasard, au gré des petits passages qui se dévoilent au détour d'un virage et des escaliers qui mènent vers on-ne-sait-où. 



Nous avions apprécié Bellavista pour ses grafs omniprésents, mais le quartier bohème de Santiago fait finalement pâle figure face à ce que nous découvrons au fil de nos explorations : l'architecture coloniale des bâtisses colorées se mêle au street art qui couvre la moindre parcelle de mur laissée libre, chaque ruelle, impasse ou passage entre deux mur de tôle peint offre de nouvelles découvertes artistiques, et l'ensemble forme un fouillis bariolé et intemporel qui part dans tous les sens et qui se renouvelle sans cesse.



Nous passons une bonne partie de la journée à écumer les moindre recoins de ce quartier délirant, avant de retomber dans le centre-ville avec l'impression d'atterrir dans le monde réel après une échappée onirique et colorée.

La fin d'après-midi est consacrée une fois de plus au travaux pratiques d'étude de langue : nous avons besoin d'une nouvelle bouteille de gaz pour notre réchaud, et nous nous sommes aperçu que dans la panique de ce matin, nous avons perdu le petit dispositif qui nous permet de brancher nos deux casques audio sur l'ordinateur. Objectif du jour : dégoter tout ça uniquement en demandant autour de nous. Faut oser José!

Nous nous rendons dans la zone commerciale que nous avons traversée à notre arrivée, et notre quête commence. Dès que nous nous posons une question sur l'endroit où nous sommes, dans quel magasin nous pouvons trouver ce que nous cherchons, ou quoi que ce soit d'autre, nous ne perdons pas de temps en explorations, hypothèses et conjectures : nous arrêtons la première personne que nous croisons pour l'interroger. Nous mettons ainsi rapidement le doigt sur l'un de nos principaux problème niveau espagnol chilien : si nous parvenons sans trop de mal à nous faire comprendre quand nous posons nos questions, une fois sur deux nous ne captons absolument rien à ce que l'on nous répond! On nous avait prévenu que l'espagnol au Chili était particulier... L'un des amis de Paco nous avait même raconter que la première fois qu'il s'était rendu là-bas, bien qu'espagnol, il ne comprenait rien 0 ce que racontait les gens!

De notre côté, nous nous marrons bien, enregistrons une foultitude de nouveaux mots , et finissons même l'après-midi assis sur un banc à manger une glace en écoutant un vieux militant nous parler de la politique du pays en comprenant à peu près les grandes lignes de son discours. Nous avons aussi écumé tous les magasins d'audio et de sport du coin dans lesquels nous ont aiguillés les gens et les vendeurs, en revanche, si nous avons trouver notre dispositifs pour casque, impossible de dénicher du gaz. Nous avons néanmoins appris que nous aurions peut-être plus de chance d'en trouver du côté de Vina Del Mar, une station balnéaire touristique située sur la côte à quelques kilomètres de Valparaiso...

En plus de nous faire pratiquer notre espagnol de la manière la plus efficace qui soit, à savoir la mise en application directe et l'apprentissage par la pratique sur le terrain, cet après-midi nous a permis de constater que les gens ici sont des trésors de sollicitude : toutes les personnes à qui nous avons demandé des renseignements nous ont aidé avec enthousiasme, nous renseignant bien au-delà de nos questions, nous accompagnant souvent, nous embrouillant presque par moment tant ils ajoutaient d'informations!

Nous terminons la journée en nous rendant à l'ouest de la ville, pour nous perdre à nouveau dans un dédale de ruelle richement décorées avant d'aller nous percher sur un banc au-dessus du port pour refaire le monde tandis que le soleil se couche sur la ville...



Nous rentrons nous affaler au Limon Verde après cette épuisante journée. Dans la cuisine commune de l'hôtel, nous découvrons un nouvelle solution pour manger radin : taper dans la nourriture laissée par les voyageurs! En raclant les fonds de placard, pour pas un rond, nous nous enfilons ainsi une magistrale plâtrée de pâtes au pesto avec, Oh luxe suprême, du fromage râpé!

Durant ce providentiel dîner, nous élaborons le programme du lendemain : effectivement, nous découvrons qu'il y a un magasin Doite (non, pas de ricanements intempestifs, ça se prononce ''doïté''), LA marque de matériel de camping chilienne, à Vina Del Mar. Et juste à côté se trouve un petit village que nous voulions passer voir. Nommé Concon, il est apparemment sympa à parcourir, mais surtout il se trouve à un jet de pierre d'une étendue de dunes de sable qu'il est possible d'explorer.

Nous décidons de faire d'une pierre deux coups en nous rendant à Concon le lendemain pour longer la côte à pied, passer le village et les dunes, et enfin rejoindre Vina Del Mar pour nous procurer cette ressource rare et précieuse, objet de tant de convoitises : le mélange butane/propane en cartouche à vis.


Un petit tour dans le désert


Au matin, nous déménageons pour la troisième fois (c'est pô une vie...), larguons nos affaires à l'Angel, embarquons quelques avocats et tomates, puis rejoignons le bord de mer pour prendre un bus à destination de Concon. Pour info, deux lignes de bus se rendent à Concon, la 602 et la 605, qui s'attrape sur l'avenue Errazuriz. Le trajet jusqu'à Concon coûte 480 pesos, et prend une quarantaine de minutes depuis le centre de Valparaiso.

Nous nous faisons débarquer en bord de mer, en plein centre du petit village, et nous commençons à remonter le littoral tranquillement, le long d'une petite route qui nous fait croiser paillotes, petit restos locaux, terrasse, plage et petits quai en bois. Ca sent la petite station balnéaire qui a su garder son charme et son authenticité de village de pêcheurs, c'est tranquille, sympa, et il n'y a pas grand monde.



Nous flânons quelques kilomètres le long de la côte, tantôt parmi les petites bicoques qui pousse au bord de l'eau, tantôt directement près du rivage. Plus nous nous éloignons du centre, plus les bâtiments se font éparses, tandis que les petit ports de pêche se font plus nombreux, et la faune plus présente. Des escadrons entiers de pélicans se font dorer la pilule au soleil, attendant probablement le retour des pêcheurs, et nous pique-niquons en leur compagnie.



Nous sommes biens! Le soleil brille encore et toujours, comme il le fait quasiment sans interruption depuis que nous avons atterri, et après les trombes d'eau que nous avons pris sur le coin du bec presque quotidiennement durant nos dernières semaines en Nouvelle Zélande, nous nous délectons du beau temps quotidien.

Nous continuons notre balade, qui nous fait croiser parfois des endroits gentiments touristiques ou de petits hôtels surplombent des plages et des criques.



Après un peu plus d'une heure marche, nous atteignons le pied des dunes, qui se dressent juste au bord de l'eau. Nous trouvons rapidement un passage et grimpons au sommet, nous retrouvant brusquement en plein désert!



Nous marchons les pieds dans le sable, et tombons bientôt sur un spectacle pas spécialement joli mais assez marrant à voir : juste derrière l'étendue de sable se dressent brusquement les immeubles du centre touristique de Concon.



Tournant le dos au centre urbain, nous vagabondons un moment face à l'océan avant de nous poser dans le sable. Bonne surprise que cette escapade dans le désert à quelques dizaines de minutes de la deuxième ville du Chili!



Nous devons ensuite rejoindre Vina Del Mar pour dénicher une cartouche de gaz et prendre un bus afin de rentrer à Valpo. D'après nos calcul, la station balnéaire se trouve à seulement quelques kilomètres au sud des dunes, et nous continuons à longer la côte à pied.

Nous tombons bientôt, au détour d'un virage, sur un... immonde furoncle dégoûtant d'immeubles qui s'alignent par dizaines, défigurant la côte. Qu'est-ce que c'est que ça? Nous avions lu que Vina Del Mar était la station balnéaire touristique de Valparaiso, mais nous ne nous attendions pas à y découvrir cette espèce de grande motte dégueulasse! Dans le genre urbanisation ratée, ça se pose là...



Hier soir, nous avons noté l'adresse du magasin et tracé un semblant de carte sur papier, malheureusement aucune des rues que nous croisons ne correspond à notre plan, et nous continuons.

C'est au bout d'une bonne heure de marche supplémentaire sous le cagnard sans trouver quoi que ce soit qui correspond aux notes que nous avons prises que nous commençons à nous dire que nous nous sommes plantés dans nos estimations...

Plantés, c'est le mot : au final, nous mettrons plus de deux heures à rejoindre le centre de Vina Del Mar! La ville s'étale le long de la côte sur des kilomètres, et lorsque nous tombons finalement sur la zone qui correspond à notre plan, nous sommes à plus de 8 kilomètres des dunes de Concon! 

Le centre sans aucun charme de Vina est assez développé, plein d'immeubles et de centres commerciaux. Nous avons en tout quelques 14 bornes pas du tout prévu à la base dans les pattes, nous sommes fatigués, mais coup de bol nous tombons comme par miracle presque instantanément sur le magasin de camping!

Et puis on ne va pas y passer la nuit, parce que bon, Vina, c'est quand même sacrément moche... Nous attrapons le bus et rentrons à Valparaiso.

La journée du lendemain, notre dernière ici, est consacrée à la glandouille, à l'écriture et à la préparation de la suite de nos vadrouilles au Chili. 

Et oui, comme je le disais en début d'article, en dehors de Santiago, de Valparaiso et de quelques arrêts en Argentine, nous n'avons pas prévu concrètement grand-chose avant de nous lancer dans le Torres Del Paine! En revanche, nous avons beaucoup lu à propos du Chili, et ce ne sont pas les idées de visites ou de randos qui manquent. Pendant que je travaille sur le blog, Léonore se plonge donc dans la recherche de potentiels itinéraires, en gardant à l'esprit le seul impératif du moment : nous sommes le 13 octobre, et nous devons être à Puerto Natales, près à attaquer le trek du Torres, le 26.

Ce qui nous laisse un peu moins de deux semaines pour descendre vers le sud. Quand à toute la moitié nord du pays, nous verrons plus tard!

Un autre élément joue dans la balance : après avoir passé environ une semaine à traîner nos basques dans les deux plus grandes villes du pays, et malgré le fait que nous ayons été pour un temps ravis de replonger dans l'animation brouillonne d'une grande ville qui bouge après un an passé en Nouvelle Zélande, il ne faut pas abuser non plus : nous ne sommes pas des citadins, bien au contraire, et l'agitation ambiante de cette première semaine n'a pas mis longtemps à nous courir sur le haricot. C'est fait, après seulement quelques jours, nous en avons marre et rêvons déjà de grandes étendues sauvages, d'eau fraîche et de verdure. Coup de bol, le Chili est justement connu pour la profusion qu'il offre de ce genre de choses!

D'autant que notre descente vers le sud va nous faire découvrir l'une des pointures mondiales en matière de grands espaces somptueux : la célèbre Patagonie, cette fameuse région en forme de triangle qui couvre la pointe sud de l'Amérique latine et qui contient certaines des plus belles merveilles naturelles au monde.

Léonore a tôt fait de mettre le doigt sur quelques premiers arrêts sympas. Il y a notamment la région des lacs, qui marque l'entrée en Patagonie et dans laquelle démarre la fameuse Carretera Austral, en français route australe, qui descend toute la Patagonie chilienne en longeant la Cordillère des Andes et la côte pacifique déchirée de fjords. On y trouve des montagnes, des volcans, des forêts, et... des lacs (c'était facile).

Nous décidons de remettre la visite du nord de la région des lacs pour plus tard, lorsque nous remonterons, car de toute façon nous y repasserons, et puis parce que notre curiosité est titillée dans l'immédiat par autre chose : l'île de Chiloé. Egalement appelée Grande Chiloé, cette île proche de la côte au centre de la région des lacs nous scotche par tout ce qu'elle offre : vastes étendues de campagne, littorale magnifique, villages de pêcheurs, maisons colorées sur pilotis... Mais aussi ses 16 églises en bois classées au patrimoine mondial et sa colonie de pingouins!

Nous fouinons un peu, pour découvrir que l'avis général des visiteurs qui ont passé du temps sur l'île se résume à un mot : tranquille!

Nous avons notre prochaine destination! 


Aaaaah!!!


Notre soirée va ensuite prendre un tournant assez particulier... Je laisse ma petite Léonore à ses recherches sur Chiloé le temps de prendre une douche. Lorsque je reviens sur la terrasse de l'hôtel, ma douce lève vers moi un regard où se mélangent la consternation et un brin de panique, et m'annonce d'une voix atterrée : "c'est pas possible, y'a trop de choses!"

Lorsque je lui demande ce qui se passe, elle me présente un petit compte-rendu de ses recherches. Pour rejoindre Chiloe, nous devons prendre un bateau  Puerto Montt, une ville portuaire située à plus de 1000 bornes de Santiago. Le Chili, c'est grand, nous le savions... Mais nous n'imaginions pas que sur les milliers de kilomètres que nous allons y parcourir se trouvent un si grand nombre de choses à voir. Entre Santiago et Puerto Montt, je l'ai déjà dis, se trouve le nord de la région des lacs, ses forêts, ses montagnes et ses volcans, que nous passerons voir plus tard.

Mais le problème n'est pas là : 13 jours avant d'attaquer le Torres, d'après ce que me montre Léonore, c'est court. Très court. Si nous voulons explorer correctement Chiloe, nous devons compter au moins une petite semaine, ce qui nous laissera ensuite entre 5 et 7 jours pour descendre les quelques 2000 bornes (!) qui nous séparent de Puerto Natales et du Torres. Au maximum une pauvre petite semaine... En dessous de Puerto Montt, la Patagonie chilienne et ses incroyables étendues de nature s'étale sur près de 1500 kilomètres supplémentaires jusqu'à El Chalten, notre premier arrêt prévu en Argentine durant notre descente. 1500 kilomètres de parcs nationaux, de réserves naturelles, de forêts et de montagnes. Ce n'est pas pour rien que la Patagonie rayonne d'un éclat si particulier dans l'esprit de tout amoureux de nature et de grands espaces...

D'El Chalten, c'est encore plus de 400 kilomètres qui nous attendent pour repasser au Chili et rallier Puerto Natales. 400 kilomètres à travers la Patagonie argentine cette fois, au milieu desquels se trouve la ville d'El Calafate, porte d'entrée pour le célèbre glacier Perito Moreno, que nous ne voulons rater sous aucun prétexte...

Vous voyez le gros, l'énorme problème : le timing serré nous tient à la gorge. Et ceux qui nous suivent depuis le début savent à quel point nous détestons ça! Nos réservations de camping pour le Torres del Paine deviennent, tandis que nous étudions les possibilités qui s'offrent à nous, des chaines qui nous entravent, des obligations à honorer... Et nous ne sommes vraiment, vraiment pas fait pour ça! Nous commençons à nous demander ce qui nous est passé par la tête à vouloir prévoir des choses comme ça, autant à l'avance, choses qui à présent nous stressent plus qu'autre chose. Oui il est obligatoire de réserver ses hébergements sur le Torres del Paine, oui les réservations partent à une vitesse affolante durant une haute saison qui approche à grands pas, mais zut... Nous aurions bien trouvé un moyen. 

Sur le coup, nous envisageons une solution qui nous crêve le coeur : zapper la Patagonie chilienne, nous arrêter en Argentine à la descente si nous avons le temps, ou durant la remontée dans le cas contraire, après avoir exploré la Terre de Feu. Oui, après le Torres, nous voulons continuer à descendre pour aller jeter un oeil à la pointe méridionale du continent...

Nous pouvons aussi retourner en Patagonie chilienne plus tard. Ou repousser nos reservations sur le Torres. Après tout, nous n'en avons payé que la moitié et l'une des compagnies qui gèrent les hébergements dans le parc ne nous a pas donné de signes de vie depuis que nous avons booké, il y a plusieurs mois de cela...

Et nous continuons à discuter, à réfléchir... et c'est la foire, tandis que nous passons un cran dans la prise de conscience du temps qui nous est imparti. Non plus seulement au Chili, mais en Amérique du sud. En gros, du temps qui nous est imparti avant d'achever notre grand voyage... Et au moment ou cette dernière idée et ses implications se faufilent dans nos têtes, c'est le grand chambardement! 

Comme je le disais, nous prévoyons de passer environ 8 mois en Amérique, ce qui nous permettrait de rentrer en France avec deux ou trois ronds. 8 mois. C'est tellement... Court! Je vous évoquais plus haut nos projets et nos envies. Chili, Argentine, Bolivie, Pérou, Equateur, Colombie, Costa Rica, Mexique, Cuba, Caraïbes... Nous avons plus que craqué. Nous pourrions éventuellement faire tout ça en 8 mois, mais nous devrions le cas échéant tourner le dos à des valeurs qui nous sont chères, des valeurs qui ont régi notre voyage depuis son commencement. Nous devrions nous mettre dans une configuration de tourisme de base, de consommation de visites, de choix permanents, de sacrifices, d'enchaînement de transports ininterrompu... Nous devrions abandonner le slow travel.

Et tandis que nous paniquons en prenant conscience que mince, le Petit Tour attaque sa dernière ligne droite, nous nous rendons compte en riant que nous avons atteint un état d'esprit de voyage très particulier : voilà que 8 mois nous paraissent représenter une durée extrêmement dérisoire et courte! Après 4 ans passés à vadrouiller, 8 mois, c'est ridicule, insuffisant. Que peut-on faire en 8 mois? Nous nous souvenons de la plupart des voyageurs au long cours que nous avons rencontré au fil des années, dont la plupart étaient engagés sur un tour du monde d'un an. Pour eux, 8 mois représentent les deux tiers de leur voyage. Pour nous, c'est différent... 

Du coup, finalement, c'est simple : sur notre petite terrasse, à Valparaiso, nous ne prenons qu'une résolution. Celle de ne pas nous fixer un nombre de pays à visiter, de ne pas nous dire que nous passerons absolument par ici ou là. Nous continuerons comme nous l'avons toujours fait : en profitant des endroits où nous sommes, en les explorant correctement, avant de passer au suivant. Et nous verrons où tout cela nous mènera. La fin de notre voyage ne correspondra donc pas à une dernière destination prévue, mais arrivera à l'endroit où nous aurons menés nos dernières économies. Nous aurons tout le temps de repartir plus tard!

Nous avons quand même quelques certitudes, et cette volonté de finir tranquillement notre vadrouille implique quand même certaines choses : nous gardons l'Argentine pour une autre fois, hormis les quelques spots par lesquels nous devons passer quoi qu'il arrive. Nous voulions aller au Chili puis remonter le continent? Et bien faisons les choses correctement et concentrons nous là-dessus.

De plus, sans nous avancer, nous sommes sûr de disposer des fonds nécessaires pour visiter au moins le Chili, la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, et sans doute un ou deux autres pays.

Je vous laisse sur ces derniers mots. Oui, notre grand petit tour, en atterrissant en Amérique du sud, a atterri sur sa conclusion, et nous n'avons que quelques mois pour nous faire à cette idée. Nous vivons la fin de notre grand voyage, et si elle n'est pas non plus pour tout suite, si nous avons le temps de nous y préparer, nous sentons qu'elle va nous arriver en pleine courge rapidement... A nous de faire en sorte que ces ultimes mois soient mémorables!

En ce qui concerne nos plans immédiats, nous verrons dans les jours qui viennent. Le fait de zapper la glorieuse Patagonie à cause du Torres va un peu à l'encontre de tout ce que je viens de dire, mais nous n'y sommes pas encore, et nous avons un peu de temps pour réfléchir à tout ça.

Pour le moment, nous achevons tout juste notre première semaine chilienne. Une semaine citadine, qui nous a permis de passer les deux plus grandes villes du pays. Mais comme pour la Nouvelle Zélande, on ne vient pas au Chili pour ses villes, même si certaines valent le détour. 

Nous n'attendions pas grand-chose de Santiago, pourtant nous y avons découvert quelques bonnes surprises, avec le quartier Bellavista en tête de liste. Quand à Valparaiso, elle fut à la hauteur de sa réputation! Les innombrables ruelles incroyablement colorées et décorées du centre historique et son architecture coloniale particulière en font vraiment un endroit unique au monde dans lequel il est possible de se perdre des heures durant!

Notre premier aperçu du Chili nous a montré un pays développé, sacrement occidentalisé et rappelant nos contrées européennes par pas mal d'aspects, mais comportant une part de joyeux bazar que nous avons retrouvé avec plaisir une fois passée la petite déstabilisation du changement, à coup de marchés de rue, de circulation klaxonnante etc... Alors nous sommes d'accord, nous sommes à des années-lumière du foutoir ultime des rues de Katmandou ou de New Delhi, mais après la Nouvelle Zélande tout paraît débordant d'animation! 

En ce qui concerne les prix, comme prévu, le pays est cher, mais encore une fois nous venons de Nouvelle Zélande, et finalement en comparaison du pays des kiwis, et bien ce n'est pas si méchant! 

Il est à présent temps de fuir vers des contrées plus verdoyantes et tranquilles. Direction l'île de Chiloe!

A très bientôt tout le monde.

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