dimanche 8 décembre 2013

Dernières vadrouilles albanaises, arrivée en Grèce, le parc de Pindos et Meteora. Ah oui, et l'hiver...

Voici les premières nouvelles de Grèce, depuis Trikala, après déjà quelques explorations riches en découvertes diverses et variées, souvent bonnes, parfois non, et tout le temps inattendues!

La nouvelle composante principale de ces derniers jours est la température bien hivernale qui s'est abattue sur nous avec violence, nous rappelant que nous ne sommes pas en pierre... Mais commençons par notre départ de Sarande, où nous vous avions laissé la dernière fois.

Sarande


Parc national de Butrint

L'ancienne cité de Butrint

Ce nouveau récit commence par une nouvelle preuve de l'extraordinaire sens de l'hospitalité des albanais.

Lorsque nous quittons notre cyber au centre de Sarande, la nuit commence à tomber, tout à l'est du méridien que nous sommes, et nous voilà encore en plein centre ville. Nous parvenons vers la banlieue plongée dans la pénombre, l'éclairage public n'etant pas vraiment courant en Albanie, au milieu... Vous avez deviné, d'hôtels en construction. Bien sur, il se met à pleuvoir, histoire de rajouter une couche à l'ambiance, et pas le moindre champs ni la plus petite prairie à l'horizon (très proche lorsqu'on y vois à 5 mètres...).

Gardant la tête froide malgré le caractère plus ou moins alarmant de la situation, nous refléchissons. Alors oui, l'Albanie c'est super, mais on nous a suffisamment rabaché ici qu'il fallait évité de trainer dehors la nuit en zone habitée (entre les meutes de chiens errants qui rodent et les voitures qui roulent au mépris de toutes règles, c'est compréhensible).

Pendant que nous commençons à penser sérieusement à rentrer dans le premier bar pour gratter un coin de grange où passer la nuit, quand deux jeunes hommes tout souriant nous accostent. Après un brin de discussion, l'un d'entre eux, Bushi, nous propose de dormir chez son cousin qui possède une chambre en rabe. Ils nous parlent pendant 5 minutes, et ils nous invitent! Quel pays!

Nous l'accompagnons, et passons une soirée formidable avec lui et son cousin, Ildi. Bushi adore la compagnie, et aime échanger avec les étrangers, tout comme nous. Quand à la chambre, c'est en fait un petit studio dont nous pouvons profiter. Chose extraordinaire, notre hôte se désole de l'absence d'éléctricite dans l'appart et s'en excuse. Cher Bushi, nous dormons dehors sous une petite tente depuis 2 mois, rien qu'un toit et un lit constituent un cadeau magnifique!

chaque rencontre est un trésors!
Le lendemain, après une petite balade avec un troupeau de vache, nous stoppons pour le parc de Butrint, que nous atteignons en milieu de matinée. Nous voulons visiter la vieille ville fortifiee, malheureusement nous n'avons pas prevu assez d'argent. Et pour la premiere fois, impossible de negocier avec le gardien, intransigeant!

Nous continuons donc dans le coeur du parc en traversant une rivière sur un bac. Nous marchons ensuite dans une plaine immense entourée de montagnes, croisant quelques fermes et petits villages, avant de tenter de rejoindre les montagnes par un petit chemin de terre. Il débouche sur une rivière infranchissable, même à pied (test à l'appui...).

Nous profitons quand même d'un super après-midi sur les berges, et demandons à un fermier de passage si nous pouvons investir sa parcelle pour y poser la tente. Nous dormons au son de la rivière, face aux montagnes.

traverser quoi qu'il arrive... ou pas












Premiers pas en Grèce : Ioannina et Metsovo, le parc National de Pindos


 
Réveillés par les moutons, nous rejoignons la route afin de retourner à Sarande, d'où part la route pour la frontière Grecque par Kakavia.

C'est pendant que nous réfléchissons, complètement paumés, sur la direction à suivre qu'un homme vient nous proposer de nous emmener! Le dialogue n'est pas aisé, notre chauffeur est bourru au possible, mais c'est tellement sympa!

Nous arrivons à Sarande en milieu de matinée, et quittons le centre ville pour stopper vers Mesopotam. En un stop, nous avons rejoint la route vers la Grèce!

Une deuxième voiture nous fait passer la frontière, nous permettant au passage de profiter des savoureuses paroles des douaniers albanais, dont l'anglais est très pittoresque, même si il occasionne quelques malentendus qui manquent de nous faire éclater de rire : que répondre à un homme en uniforme qui vous demande d'une voix forte et martiale, les sourcils froncés, ''where do you where?'' Bah euh... ''you mean where do we go?'', ''no no, WHERE do you WHERE?'' Et bien... Bref ce n'est pas évident. Nous continuons de lutter contre la crise de fou rire lorsqu'il demande ''what have you in your bag?'' ''meat, water, clothes...'' ''ok ok, but what have you in your bag?''. Enfin voilà, nous finissons par repartir en nous étant bien poilés, et nous faisons déposer un peu après Ioannina, dans la campagne. Nous voilà en Grèce!

Un super coin où dormir... sauf qu'au réveil très très matinal la tente est pleine de givre et il fait -2. Ca calme. En revanche, il fait enfin très beau, il n'y a pas un nuage dans le ciel.

Nous stoppons pour retourner à Ioannina, et y parvenons en milieu de matinée, pour parfaire notre vocabulaire grec dans un cyber.



L'après-midi est consacré à la visite de la ville, qui borde un grand lac. Nous passons églises et mosquées, parcourons les remparts de la vieille ville, puis explorons un ancien fort byzantin.

église orthodoxe
ancienne école coranique











En fin d'après-midi, nous quittons le centre et longeons le lac pour rejoindre une zone moins habitée. Nous plantons la tente au bord du lac lorsque dès le coucher du soleil, la temperature chute à 0 en moins d'une heure...

le lac de Ioannina


Au matin, après une courte et glaciale nuit, nous stoppons pour Metsovo, situé dans le parc de Pindos, notre première étape dans ces contrées. Nous nous retrouvons en pleine montagne, dans un cadre magnifique, mais nous nous rendons bien compte de notre audace : squatter par 2000m d'altitude début décembre, c'est osé...

Metsovo, la fameuse...
Nous espérons que les malheurs économiques de la Grèce pourront faire notre bonheur en baissant les prix des hôtels et guesthouses...

Metsovo est un petit village niché sur le flanc de la montagne, offrant un cadre de petite station de ski, avec ses chalets en bois et ses montagnes enneigées.

En zonant dans les environs, demandant aux gens si ils connaissent un coin sympa où poser notre chambre (il faut voir les yeux écarquilles que cette question provoque), nous apprenons une chose déterminante : il s'avère que les forêts entourant Metsovo forment une réserve naturelle... d'ours! Nous apprenons en outre qu'en ce moment, poussés par le manque de nourriture, ils causent pas mal de problèmes en s'aventurant aux abords du village pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent... Et nous avons manqué de peu d'aller poser notre petite tente de toile et nos sacs pleins de boustifaille là dedans! Non pas que nous ayons quoi que ce soit contre les ours, nous aurions même aimé en voir...de loin, et pas devant la porte de la guitoune!

Nous degotons donc l'hotel le moins cher du coin, ou nous profitons d'une super chambre pour 25 euros (moins cher qu'au Monténégro!)

Le lendemain, journée pourrie. Voila, c'est dit. La matinée commence plutôt bien, en route à travers le parc en direction de Kalambaka et du site des meteores, entourés par un formidable décors montagneux.

des fois, on se demande...


Problème : nous sommes sur l'ancienne route, très peu utilisée depuis la construction de l'autoroute qui traverse la vallée. Il n'y a personne, à midi il fait -1, et nous ne nous voyons pas passer une nuit dehors sous la tente si le stop ne donne rien, d'autant que nous sommes encore à 80 km de notre destination... Nous retournons à Metsovo, pour aller stopper sur la bretelle d'autoroute.



Pindos
Et c'est le drame : un homme nous recupère bien, nous indique la direction de Kalambaka, nous sourit et hoche la tête quand nous lui expliquons que c'est par là que nous allons...Et part dans l'autre sens en direction de Ioannina... Nous croyons qu'il passe peut-être faire une course et qu'il nous emmène après, mais non, il nous pose en pleine autoroute, dans un patelin pire que paumé, à 20 kilomètres de Metsovo... Oh le taré... C'est deprimant.

Nous descendons de l'autoroute, et nous posons le pouce tendu sur la bretelle, désespérément vide. Un 4x4 nous embarque finalement, et devinez où il nous dépose? Metsovo! Retour au point de depart apres une journee entiere le pouce en l'air! Les joies du voyage...

La nuit tombe, tout comme la température, et nous sommes quittes pour une deuxième nuit à l'hôtel... Il y a des jours comme ça...


Kalambaka, Meteora



Au matin, n'en pouvant plus de ce satané village, c'est parti pour le stop sous la neige. On est comme ça nous.

Grelottant sous les flocons, nous appitoyons un jeune homme qui parle très bien anglais et qui peut nous emmener à Kalambaka! Après la journée de galère d'hier, c'est une délivrance, et nous rigolons bien avec notre sauveur avant de descendre tout content dans le centre ville.


Apres le casse croute, nous partons à pied pour le site des Meteores, vaste formation géologique unique au monde, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en raison des Meteores en eux-même, mais aussi pour les 6 monastères orthodoxes Byzantins qui se dressent sur leurs sommets. C'est impressionnant, et nous passons les 6 kilomètres de marche jusqu'au Great Monastery of Meteoron le nez en l'air.

Varlaam
 Les édifices semblent avoir poussé directement de la roche... Trêve de description, regardez les photos. Nous passons les monastères st Nicholas, Varlaam, puis arrivons au Great Monastery. 6 euros l'entrée. Dépités, nous commençons à rebrousser chemin, lorsqu'un groupe de visiteurs nous demande, ahuris, si nous sommes venus à pied de Kalambaka.

Et oui, nous ne sommes pas des fainéants accros à leur voiture mOOOsieur. Le gus du guichet a dû entendre l'échange, car il sort de sa loge et nous invite à entrer gratuitement. Youpi! Par contre, nous sommes dans un haut lieu de piété, et les femmes doivent être en robe longue... Et ma Léonore en robe longue (simple toile de tissu fournie à l'entrée) par-dessus ses chaussures de marche avec son gros sac à dos, c'est une chose que je n'oublierai pas de sitôt!

La visite est riche, et montre bien des trésors de cette ancien empire florissant : nous passons les cuisines, la cave, divers musée où sont exposés vieux manuscrits et objets saints, ainsi que la chapelle du coin.


Great Monastery of Meteoron






 



Nous repartons ravis, et redescendons au milieu des pics rocheux pour trouver un super petit coin d'herbe avec une vue... mais une vue... et nous nous apprêtons à une nouvelle nuit de température negative.


Nous ne dormons presque pas, le thermomètre affiche -4 sous le hautvent de la tente, et les gouttes d'eau provenant de la condensation gèlent dans la tente. Le sol est tellement froid que le haut des cuisses de Léonore brule littéralement...

La nuit est très longue, et nous bougeons tôt, ne serait-ce que pour activer nos carcasses. Nous retournons à pied jusqu'à Kalambaka, et stoppons pour Trikala, à 20 kilomètre. Un brave homme nous emmène, et nous voilà, bien crevés mais bien heureux!

Nous avons dit au revoir à l'Albanie, lui promettant de nous souvenir d'elle, se rappelant de tout les gens qui nous ont aidé là-bas de toutes les manières possibles. La Grèce nous tend les bras, et nous sommes en train de réfléchir à notre itinéraire, sois par la côte est, sois par la côte ouest (normalement grande gagnante!) jusqu'à Athène.

Sinon, et bien l'hiver et la température qui va avec nous en met plein la tronche. Il fait beau depuis quelques jours, mais les nuits sont très éprouvantes. Nous pensons squatter un peu plus guesthouses et auberges de jeunesse, et nous nous sommes lancés dans le couchsurfing. Comme avec tout phénomènes météorologiques, nous sommes bien obligés de faire avec, au final nous ne pouvons pas y faire grand-chose, et nous nous adaptons. Pas d'inquiétude à avoir sur le moral, oui nous nous prenons de la neige sur le pif, oui nous somnolons par -5 degrés 4h par nuit, mais qu'est ce qu'on se marre! Chaque journée apporte son lot de surprises, de fou rires, de découvertes petites et grandes, et nous sommes très heureux. Les aléas nous affectent beaucoup moins qu'au début, nous encaissons beaucoup plus, toujours avec le sourire. Définitivement, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, cette vie est formidable dans tous ses aspects. Nous vivons avec trois fois rien, et cela nous permet vraiment de profiter plus intensément de chaque chose. On se sent dans ce mode de vie comme des poissons dans l'eau, et ça vaut bien quelques frissons! (ou quelques drôles d'accoutrements!)

3 commentaires:

  1. J'admire votre courage et votre capacité à savoir garder votre bonne humeur dans l'adversité ! Je suis fière de vous et je vous embrasse bien fort !

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    1. Ravi de vos impressions positives de l'Albanie, comme quoi le vieil adage des voyages qui veut que ceux qui ont le moins donne le plus se vérifie. Courage pour affronter les températures hivernales et pleins de bises
      un père qui rêve en vous lisant

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    2. Exactement. Et il se verifie chaque jour, ca fait chaud au coeur. Nous restons prudent, mais faisons confiance aux gens, tant il en ressort de bonnes choses. Nous reprenons confiance dans l'humanite! Quand a l'hiver, nous nous sommes relativement equipe, et la temperature en bord de mer est plus clemente. On pense a vous, plein de bisous!

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