lundi 21 avril 2014

Pokhara

Quel titre minuscule pour ce premier article de notre deuxieme moitie d'annee sur la route! Et oui, nous avons celebre nos 6 mois de voyage le premier avril (le premier qui sort le mot ''poisson'' s'en prend une). 6 mois. 182 jours. Ca commence a representer une tranche de vie consequente! Et nous prenons conscience que le temps file a toute allure. D'un autre cote, quand on repense a tout ce que nous avons traverse, ces 6 mois paraissent se transformer en 6 ans.

6 mois de voyage et deja 2 mois au Nepal. D'un cote nous ne voulons pas encore partir, d'un autre l'appel de la route et de la decouverte se fait de plus en plus pressant. Et par dessus tout, l'Inde nous attire violemment, elle nous attend, elle se demande quand elle pourra nous emporter dans son tourbillon. 

Nous voila donc de retour a Kathmandu, afin de faire notre demande de visa indien. Un mois est passe depuis notre retour de l'Annapurna, et ce mois a ete... incroyable. Alors non, nous ne sommes pas reste un mois a Pokhara, seulement une semaine, mais la suite est tellement importante que nous avons prefere lui reserver un article unique. Parce que notre sejour a Pokhara, en comparaison de ce qu'il s'est passe quand nous l'avons quitte, pardonnez nous l'expression, c'est de la pisse de yak.

Ce voyage prend decidement des virages aux proportions irreelles, magnifiques et troublantes, qui remuent dans tous les sens notre esprit. Nous avons definitivement abandonne toute apprehension, tout doute. Parce que tout est possible, parce que le monde est beau, parce que l'humanite est merveilleuse. Et nous surfons la dessus avec delectation, sans se poser de questions, en laissant faire, en gardant nos tetes, nos yeux et nos oreilles ouverts et en laissant entrer dans nos caboches tout ce qui passe sans distinction.

Nous avons vecu apres notre depart de Pokhara une experience de vie qui nous a comble a tout niveau, une aventure de nouveautes qui sont devenues des habitudes, l'experimentation d'un mode de vie different qui nous a correspondu plus parfaitement que tout les autres (en dehors de la vie sur la route). Un assemblage formidable de tout ce que nous aimons. Un cadre idyllique, des rencontres extraordinaires, des tonnes de choses a apprendre, et une vie a la fois rude et simple, gratifiante, denuee de tout superflu, une vie communautaire comme jamais nous n'en trouverons en Europe (ne vous inquietez pas, nous ne nous sommes pas fait enroles dans une secte!). Nous pourrions ecrire des pages et des pages pour essayer de decrire cette chose... Et nous allons en ecrire.

(EDIT : et nous en avons ecrit! Retrouvez le recit de nos trois semaines au village ici)

Mais d'abord, un petit article histoire de laisser toute la place pour le suivant en evacuant notre semaine a Pokhara. Non parce que c'etait sympa et nous avons vu pas mal de choses, mais cette semaine nous parait tellement fade a cote des trois suivantes... Alors passons vite dessus:


Nos premiers jours a Pokhara, deuxieme ville du Nepal, ont ete occupes par la redaction du recit de nos aventures dans l'Annapurna et par un repos bien merite dans notre enclave verdoyante negociee a prix ridicule. Cybercafe, chowmines, soiree dans le magnifique petit jardin de la Gurkha Lodge et petit dej sur les rives du Pewa Lake nous ont bien requinques, et c'est tout fretillants que nous avons attaque nos perigrinations dans la ville.




Nous en avons deja parle, mais nous repassons vite dessus : nous n'avons pour ainsi dire pas explore le quartier le plus celebre chez les touristes de Pokhara : Lakeside. Les nepalais l'appellent ''la petite Paris'' ou ''la petite Suisse''. Ce coin est difficile a decrire. Lorsqu'on y rentre, on change de pays. La vitrine touristique que constitue Thamel a Kathmandu est presque rustique a cote de ca. Une veritable rue proprement goudronnee s'etale tout le long du lac. De part et d'autre, ce ne sont que boutiques, palaces et restaurant chinois, coreens, italiens, francais, meme turcs. Et tout est ordonne, des serveurs en chemises blanches aux reverberes branches sur generateur. Les bars branches cotoient les discotheques, il y a plus d'europeens que de nepalais, et les prix... Nom d'un chien les prix... Tout est multiplie presque par dix. C'est vraiment troublant. Tout a ete concu pour faire de ce quartier un temple de la consommation et du loisir, pour en faire un lieu familier pour occidentaux fortunes et leur eviter de cotoyer les habitants. La plupart des touristes qui se rendent a Pokhara ne quittent pas Lakeside et adorent ce quartier. Mais nom d'un chou, a quoi sert de venir ici si c'est pour vivre comme chez soi? C'est une vitrine aseptisee et luxueuse, qui occulte completement la dur realite du pays. Un ancien guide que nous avons rencontre nous expliquait que trente ans auparavant, il n'y avait que 5 ou 6 lodges a Pokhara, mais il faut voir ce que c'est maintenant. La nuit, c'est le seul quartier qui a de l'electricite. Le reste de la ville (avec nous dedans) tourne a la bougie. Les boutiques et petites lodges alentour deperissent a cause de ce monstre. Inutile de dire que nous avons fuis cette... chose. Les quelques traversees que nous avons fait nous ont laisse sans voie. C'est surrealiste. Bref.

Nous partons a pied pour le sud est de la ville pour rejoindre le World Peace Stupa, qui se dresse sur une colline au milieu de la jungle a l'exterieur de la ville. Pokhara est grande, mais formidablement plus calme que Kathmandu, et nous traversons plusieur quartiers avant de grimper dans la foret, appreciant la vue sur la ville, jusqu'au Stupa. Il fait chaud, il fait beau, nous voyons plein de bestioles, et le Stupa blanc resplendit sous les rayons du soleil. 2h de marche a l'allee, 2h au retour, il nous reste quand meme du temps pour d'autres visites.













Apres le casse croute, nous rejoignons les Davi’s Fall, fameuses chutes d’eau dont nous voyons le nom depuis 5 jours un peu partout sur des panneaux. Sur place, elles sont a secs… Malheureusement, c’est apres la mousson, qui n’est pas encore passee, que les chutes sont le plus impressionnantes. Flute. Les formations geologique creusees par l’eau restent interressantes a observer, mais nous mettons rapidement les voiles.


 
Nous rejoignons la Gupteshwor Mahadev Cave, au sud de la ville. L’acces a la grotte est magnifique, avec moults statues et gravures representant diverses divinites hindoues. La grotte en elle-même ne presente que peu d’interet. Apparement, c’est un lieu hautement sacre pour les hindous, ce qui ne nous parle evidemment  pas beaucoup. Visuellement, il n’y a pas grand-chose, hormis une statue de Ganesh a l’entree.




Nous mettons ensuite le cap sur le monastere tibetain de Dragyling, dont nous faisons discretement le tour pour ne pas deranger les moines pendant la priere. Bien sympa, ils nous invitent quand meme a entrer et a faire le tour du temple sur la pointe des pieds.













Apres cette sacre journee de marche, nous nous affalons sur notre terrasse.

Le lendemain, nous rejoignons en bus la Mahendra cave, a l’extremite nord de la ville. Arrive sur place, nous passons juste devant un groupe d’indiens venu se reccueillir dans cette grotte sacree. Sacre facon de se reccueillir d’ailleur : ils sont une vingtaine, mais s’engouffre au guichet comme si les places etaient limitees, bousculant et hurlant. Nous profitons des magnifiques jardins qui surplombent la grotte avant de retrouver le groupe dans la caverne. Il est bien precise par de nombreux panneaux que le silence est de mise dans ce lieu, et respectueux nous chuchotons… Ce qui n’est pas le cas du groupe rencontre precedemment! Ils viennent visiblement pour prier ici, mais etrangement mettent un bazar monumentale. Nous ne nous eternisons pas, a nouveau la grotte presente surtout un interet spirituel plutôt que visuel, et si nous nous interessons de pres depuis notre depart a toutes les religions, la spiritualite du lieu ne nous fait pas vibrer.



Apres un petit Dal Bath, nous marchons le long de champs pour arriver a la Bat Cave. A l’interieur nous attendent plusieurs centaines de chauve souris, occupees a somnoler suspendues au plafond. La, pour le coup, nous sommes ravis. En revanche, ca nous embete de venir deranger les bestioles dans leur sommeil, nous restons discret et ne faisons pas peter le flash de l’appareil.











Nous repartons bringuebale dans tout les sens par les geniaux bus nepalais pour rentrer . 

Le soir, nous reflechissons a la suite des evenements : demain, nous partirons a pied pour Sarangkot, a trois heures de marche de Pokhara, pour y admirer une vue apparement imprenable sur toute la vallee de Pokhara. Apres cette derniere journee, nous quitterons la ville par l’est pour suivre l’itineraire de treck faisant le tour du lac Begnas, meconnu des touristes, recommande par un ancien guide rencontre au hasard d’un casse croute.

Nous sommes impatients de commencer notre quete d’authenticite dans ce pays ravage par le tourisme irresponsable. Kathmandu, mis a part dans ses bas quartiers, ne nous a pas apporter ce que nous cherchons. L’Annapurna, visuellement, a été un must, mais la encore, point de rencontre franche et de plonge dans la vie nepalaise, et ce n’est pas faute d’essayer d’engager la conversation. Pokhara nous a permis d’apprecier des gens souriants et avenants, mais a part le guide nous n’avons pas reussi a partager veritablement. Toujours cette tenace impression de venir d’une autre planete, d’etre de sales gros riches d’occidentaux qui gagnent plein d’argent sans rien faire. Nous avons beau, a chaque fois que nous sentons une ouverture, expliquer que nous dormons sous tente, que nous avons traverse l’Europe en stop en ne mangeant chaud qu’une fois par semaine pour economiser, et que nous travaillions comme des betes en France pour le salaire minimum, la plupart du temps rien n’y fait. Quand a la ville, elle est sympa, mais cela reste une station touristique. Sans reparler de Lakeside… Nous n'abandonnerons pas. Nous adorons le pays, c'est indeniable, et il ne manque plus, pour toucher du doigt la perfection, que des echanges francs et honnetes avec les nepalais, une decouverte de la vie ici, et pas a travers le prisme faux et artificiel mis en place pour les touristes. Nous avons besoin de ca. A cause de cette complexe barriere permanente, nous nous appercevons que nous ne savons rien du pays, de ses coutumes, de ses moeurs, apres un mois et demi passe a fouler sa terre, et ca nous rend malade. Nous trouverons (c'est assez marrant d'ecrire ca quand on sait ce qu'il s'est passe ensuite!).

Le lendemain, nous decollons tot pour quitter la ville et commencer a gravir les pentes de la colline menant a Sarangkot. Passe la sortie de la ville, nous traversons quelques petits villages avant de nous enfoncer dans la jungle. Un escalier de pierre grimpe dur, le soleil cogne, mais le decors est enchanteur. Nous sommes entoures d'une vegetation luxuriante, des oiseaux multicolores volent dans tous les sens, et la musique de la foret emplit nos oreilles. Seul ombre au tableau : les parapentes hurlants qui sautent du haut de la montagne et envahissent le ciel. Ca casse un peu l'ambiance. Nous debouchons bientot sur un plateau, et c'est la que nous rencontrons Hom. Et c'est la que tout commence. Il nous lance un ''Welcome to Sarangkot!'' avant de nous inviter a le rejoindre. Saisissant l'occasion, priant pour une vrai rencontre, nous papotons, et tout parait sincere, et pas de questions d'argent, nous discutons comme trois etres humains, perches sur un promontoire rocheux qui nous offre une vue formidable sur le lac, les collines alentours et Pokhara, au loin. Hom est adorable, il nous pose plein de questions sur le voyage, sur notre opinion du Nepal. Nous lui expliquons, comme nous l'avons fait si souvent, notre fonctionnement, notre vie sur la route avec si peu d'argent, notre amour de son pays mais notre deception de ne pas reussir a echanger veritablement avec les habitants, cette persistante attitude de moi-pauvre-toi-blanc-francais-riche. Nous decrivons la suite de notre periple, et notre envie de nous perdre au Nepal pour trouver le pays. Il comprend, et deplore justement cette attitude chez ses compatriotes. Ce n'est pas tellement de leur faute... Il nous explique avoir rencontre de nombreux voyageurs, qui comme nous ne roulaient pas sur l'or et devaient economiser le plus possible.
De son cote, Hom est fermier et parfois guide freelance pour les etranger. Pour un treck, il n'a pas de tarif precis, il laisse decider les gens. Notre ami croit fermement au karma, et veut aider et rendre heureux les personnes qui l'entourent. Tres pauvre, il ne peut voyager, mais comme il le dit si bien, si ce n'est pas lui qui va a l'etranger, il veut que l'etranger vienne a lui. Nous en venons a parler de sa ferme et de son projet, construire une green house pour accueillir les gens qu'il rencontre et qui desirent rester chez lui pour donner un coup de main, un genre de woofing non officiel pour ceux qui connaissent, nom bien complique pour dire ''aider''. Un coup de main? Ouuuula! Nous lui expliquons que justement nous sommes pres a aider, nous sommes pres a tout, que justement la veille nous en discutions : se paumer dans un village au Nepal, voir si on peut se rendre utile. En echange, nous ne voulons pas d'argent, nous demandons juste la nourriture et une place pour la tente... Et Hom est ravi, il accepte avec enthousiasme notre aide et nous invite a le suivre chez lui. Empreintant un petit sentier, nous debouchons sur un village minuscule de maisons colorees qui s'etale sur le flanc de la montagne, encercle par la jungle et la verdure, au milieu des champs en terrasse. Nous rejoignons sa maison par un dedale d'escaliers de roches qui grimpe parmi les bosquets d'enormes bambous, les bananiers et les murets de pierre, croisant buffles et nepalais affaires, portant branches, feuilles et diverses autres choses dans des paniers d'osier. Nous faisons la connaissance de sa femme, son pere et sa mere, ainsi que de son petit dernier, 3 ans, autour d'un the et de biscuits. Autour de nous, les poules et les chevres se baladent. 

Il nous explique qu'il y a toujours besoin de mains pour s'occuper de la ferme, et qu'il a besoin d'aide pour sa green house, apres quoi il nous montre ses champs en terrasse, et un coin ou nous pourrions poser la guitoune tranquillement : une terrasse en jachere qui surplombe la jungle, avec une vue formidable sur le lac et la vallee. Il annonce qu'une riviere coule en contrebas, ideale pour la douche ou la lessive. Punaise. Nous n'en revenons pas. Appelez cela le hasard, la chance, le karma, le destin, la volonte de dieu, comme vous voulez, on prend tout, mais nous n'en revenons pas. Nous en parlions hier, nom d'un chou. Nous voulions eventuellement plonger plus profondement dans le pays, et voila que nous allons travailler dans une ferme, dans un petit village au coeur de la jungle! Nous lui promettons de recuperer nos affaires et de grimper avec le lendemain pour nous installer, ce qui le rend fou de joie. Rendez vous pris, nous repartons pour terminer l'ascencion. En route, nous dicutons un peu avec le tenancier d'un bouiboui bien sympa. Il aura son importance par la suite... Arrive en haut, apres nous etre fait harponnes par deux bouilles d'ange, nous engloutissons un chowmine, profitons un moment de la vue puis rentrons a Pokhara preparer nos sacs. Nous sommes surexites, impatients de voir ce qui nous attend la haut. Comme d'habitude, nous cherchons quelque chose, et nous l'obtenons en x1000! Nous nous couchons en revant. Nous allons travailler et vivre dans un village au Nepal!
punk will never die!

Le lendemain malheureusement, l'estomac de Leonore devient le theatre des championnats du monde de trampoline. Rien de bien grave, mais elle restera la journee au lit. Soupe chinoise et comprimes anti vomitif arrangent les choses, le soir venu tout va bien. Le lendemain nous pouvons decoller!

Vlan. Pokhara, c'est fait. Bientot, le recit de trois semaines incroyables, a travailler dans le village. Des temples, des festivaux, des combats avec des singes, des rencontres folles, des gestes d'une generosite incroyable et plein de details sur le nepali way of life vous attendent. Nous devrions passer les 2 ou 3 prochain jours a rediger l'article, qui devrait donc paraitre bientot.


EDIT : L'article est paru! Retrouvez le ici 
Alors c'est ici que ca se passe? Un reve eveille...








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire