mardi 26 novembre 2013

Le Monténégro, ses randos en parcs nationaux, et... sa pluie!

Voici notre article au Montenegro, publié depuis Bar, sur la côte sud. Et oui, un seul article! Il faut dire que le pays n'est pas très grand, nous pensons passer la frontière Albanaise aujourd'hui.

Notre semaine dans ces contrées fut ponctuée de nombreux kilomètres de balade, dans un fjord et deux parcs naturels. Beaucoup d'aventures de plusieurs jours en pleine nature se sont succédées. Que du bonheur?

Et bien pas forcément. Rien de grave, mais nous subissons depuis 5 jours un élément implacable, imprévisible et impondérable, très violent pour nous qui vivons dehors 24h sur 24, j'ai nommé la météo pourrie... Enfin, la santé et le moral vont bien, à l'heure où nous écrivons il fait beau, mais comme vous le lirez notre semaine fut quelque peu éprouvante par moments...

Le Fjord et la baie de Kotor


Herceg novi, où nous vous avions laissé la dernière fois, s'avère légèrement trop bétonnée-hôtellisée-touristique. Les plages sont en fait des carrés de béton bordées de résidences et d'hôtels, tous vides à cette époque... Un bien triste tableau que l'on doit apparement à la mafia, qui dirige quasiment le pays, et qui lance programme de construction sur programme de construction, envahissant le littoral de buildings tous plus moches les uns que les autres, et surtout complètement inutiles...

Mais la ville marque aussi l'entrée d'un fjord s'enfonçant sur 28 kilomètres à l'intérieur des terres que nous souhaitons parcourir. En sortant de la ville, nous découvrons enfin une plage, une vrai, et nous pouvons même profiter d'un jardin abandonné pour poser la tente dans ce coin de bâtiments déserts.

Au programme dans le pays : remonter le fjord en passant par Risan, Perast et Kotor, puis rejoindre le parc natinonal Lovćen et le traverser jusqu'à Cetinje. De là, rejoindre Rijeka au sud-est pour vadrouiller dans le parc Skadar jusqu'à Virpazar, au bord du lac le plus grand des Balkans, à cheval sur la frontière avec l'Albanie. Après quoi nous rejoindrons la côte à Bar, pour la suivre jusqu'à Ulcinj puis passer en Albanie.

Au matin, nous stoppons donc en direction de Risan, pour être embarqués après 45 minutes par un couple de fort bon conseil, qui nous dépose quelques kilomètres avant la ville, au milieu des méandres du fjord entouré de montagnes. Le décors est somptueux, rien à voir avec la côte! Nous rejoignons Risan à pied, pour continuer directement vers Perast.

 Le petit village est magnifique, niche au bord du lac, ses églises et palais blancs brillant au Soleil.

Perast
A la sortie, tandis que nous cherchons un coin où poser la tente, une voiture dont le conducteur nous avait vu plus tôt dans la journée s'arrête spontanément pour nous enmener à Kotor!

Lorsque nous atteignons la ville surmontée d'une montagne sur le flanc de laquelle court un rempart immense, notre hôte nous recommande un chemin qui monte vers les ruines de l'ancienne forteresse pour planter la tente.

Nous suivons un sentier fortifié, grimpant de quelques mètres avant de trouver une plateforme herbeuse où poser le camp. Demain, nous tenterons de nous rendre à Lovćen.

Les remparts de Kotor


Le parc national de Lovćen

 


les ruines de la forteresse et sa chapelle
Au matin, nous grimpons le sentier jusqu'aux vestiges de l'ancienne forteresse, pour avoir la surprise d'apercevoir un panneau de randonnée indiquant ''Lovćen''. Nous n'avons même pas eu à chercher le chemin!

Nous réalisons un rapide inventaire de nos ressources : 4 jours de provisions en faisant attention. De plus, nous sommes physiquement au top. Nous prévoyons deux à trois jours pour rejoindre et parcourir le parc, durant lesquels nous quitterons toute civilisation à plus de 1000m d'altitude. C'est parti pour le trip. Mais avant ça, nous passons remplir nos 7L d'eau dans une ferme du coin, et en profitons pour faire l'emplette de fromage de chèvre aupres d'un fermier souriant. On ne se refuse rien!


Les montagnards du coin sont très sympa, un peu trop d'ailleur... On se croirait dans les bronzes : Après l'achat du fromage, le berger insiste pour que nous restions, et nous sort la bouteille de gnole maison, le Raki, une eau de vie faite a base de raisin, genre alcool local à 80 degrés qui décape la langue et la gorge. C'est fort, très fort! Il est 9h du matin, et nous voilà en train de trinquer avec le loustic qui ne parle pas un mot d'anglais et qui nous ressert de son débouche-canalisation... Un grand moment!


Nous attaquons ensuite (plein d'entrain!) la grimpette, parcourant toute la matinée un sentier sinueux traversant un décors rocailleux, depuis lequel le panorama sur la baie est de plus en plus grandiose, avant de nous enfoncer dans une forêt de sapins. Le chemin est très pentu, nous en prenons plein les cuisses, mais aussi plein les yeux, jusqu'à la pause repas.

la baie de Kotor


Nous arrivons sur la petite route qui rejoint le parc, d'où nous voyons cette fois la totalité du fjord depuis Herceg Novi, avant de rejoindre l'entrée du parc et de grimper un autre itinéraire de rando traversant une forêt touffue dans un calme absolu.

Nous débouchons sur une cuvette couverte de hautes herbes, d'où dépassent quelques ruines, entourée des plus hauts sommets du parc.

Nous sommes à 1200 mètres d'altitude, nous sommes partis de 0, et nous trimballons des sacs de plus de 15 kilos.

Nous décidons de planter la tente sur un replat d'herbe, et de passer la nuit dans le silence absolu qui règne ici, au coeur du parc. Le pied, même si nous devons dormir tout habillé à cause du froid. Le problème, c'est que nous n'avons plus rien à nous mettre sous la tête... C'est l'occasion pour nous de tester l'oreiller-livre, plus confortable qu'il n'y parait!


Que du bon jusque là! Mais les galères arrivent...

Nous quittons les lieux au matin sous un vent violent et un ciel gris. Nous marchons sur la toute petite route qui traverse le parc, et la pluie se met à tomber au bout d'une heure, accompagnée de bourrasques à décorner les boeufs. Nous progressons laborieusement une bonne partie de la matinée d'abris en abris dans la tempète, pour finalement décider de monter la tente, tant la pluie tombe drue. Nous ne pouvons pas continuer comme ça!

Nous trouvons une petite cuvette blottie entre les collines, relativement abritée des rafales, et montons la tente rapidement mais sans précipitation, pour bien la fixer, remerciant notre excellent matériel. Et puis voilà. Nous restons la journée dans la tente qui tremble sous l'orage, mais nous sommes au sec, avec de la nourriture et à boire, donc tout va bien! Nous sommes en plein espace naturel, à 19km de Cetinje, soit 4h de marche, que nous sommes résolus d'accomplir le lendemain. Si c'est sous la pluie, nous prendrons une chambre en ville pour nous sécher. Nous n'avons pas vraiment le choix, nos réserves de nourriture étant descendus plus rapidement que prévu à cause du froid...

Bien sur, le lendemain voit la météo nous envoyer tout ce qui est immaginable dans la tronche : pluie qui tombe à l'horizontale, rafale, grêle (oui, grêle!)... C'est très violent. Nous rentrons la tête dans les épaules et avançons (bien sur, nous n'avons aucunes photos de ces glorieux instants) durant 3h30 sans nous arrêter, tentant de nous diriger à la boussole.

Hélas, l'échelle de notre carte n'est pas du tout adaptée à la marche, et nous nous perdons. Nous suivons un chemin que nous pensons être le bon pendant près de deux heures, sous la neige et la grêle, et nous débouchons... Au sommet de la plus haute montagne du coin, dans le brouillard à 1560 mètres d'altitude! C'est désesperant. Nous redescendons dans la tourmente, avant de finalement suivre la bonne route pour redescendre dans la vallée.

Détrempés, épuisés, par 5 degrés, c'est finalement un groupe de jeunes gens en voiture, très sympas, qui prennent pitié de nous et s'arrête à notre hauteur avant de nous faire franchir les quelques kilomètres restant avant Cetinje. Le trajet, à 7 dans une clio chauffage à fond, ne manque pas d'ambiance!

de temps en temps ça fait plaisir...
Arrivés sur place, nous sommes rincés dans tous les sens du terme. Je n'arrive même plus à bouger les doigts. Nous faisons quelque courses avant de dénicher une chambre double avec cuisine. Ce qui est génial au Monténegro, c'est que l'on trouve de ces chambres tout équipées et propres au prix minimum d'un F1 français! Nous mettons toutes nos affaires à sècher, poussont le chauffage au maximum et nous glissons, exténués, sous les draps. Sacrée aventure que le parc de Lovćen...


Le lendemain, nous resterons dans notre chambre une journée de plus, les éléments se déchainant dehors. On ne va pas risquer une pneumonie pour gagner un jour, surtout au prix ridicule de la piaule.


Le parc national de Skadar



le pont de Rijeka
Nous quittons la ville le lendemain, sous les nuages mais au sec, et partons à pied sans stopper, mais un camionneur nous propose quand même de nous déposer sur la route de Rijeka.

Nous avançons vers une plaine couverte de forêts, presque inhabitée, entourée de montagne, avant d'être embarqués encore une fois à l'improviste par un brave homme qui nous dépose dans le village. Bien sympas décidément ces monténégrois!


Nous faisons quelques courses dans un magasin aux rayons désespérément vides, signe de la crise qui ravage le pays. Nous n'y trouvons que quelques biscuits qui devront faire l'affaire...

Nous repartons ensuite en rando à travers le parc de Skadar (oui, nous avons le gout de l'aventure...). La balade est sympa, nous grimpons dans la montagne à travers une forêt touffue, débouchant sur une vue magnifique de la vallée, avant de redescendre dans une gorge au bord d'un torrent. Et la pluie se remet à tomber en fin d'après-midi... Et nous sommes a nouveau loin de tout. Là, nous en avons ras le bol! Maigre consolation : nous dormons encore en pleine forêt dans un parc national.



Le lendemain nous bloque à nouveau sous la tente tant la météo est déplorable. Ca use de passer la journée sous la guitoune... D'autant que nos seules provisions sont constituees de biscuits et de moutarde. Les repas sont quelques peu maussades...

La pluie s'arrête en milieu d'après-midi, mais le sort s'acharne : le chemin que nous devons prendre longe le torrent, et celui-ci est en crue à cause de la pluie. Le chemin est sous l'eau. Hors de question de faire demi-tour tout de suite, nous prenons le risque d'attendre demain.


Après une journée passée sous la tente, nous sommes ravis de nous réveiller sans entendre la pluie tomber. Notre joie est encore plus grande quand nous voyons que le niveau du torrent a baissé, libérant le passage.

Mais plus loin, il faut carrément traverser la rivière déchainée pour accéder à la suite, et résignés nous faisons demi-tour. Toute cette attente pour rien... Gardons le moral!

Nous rejoignons la route pour Virpazar, et la suivons à pied durant une bonne partie de la journée.

A midi, nous avalons notre dernier paquet de nouilles d'urgence et des grenades pas mures ramassées sur le bord de la route. Nous n'avons plus rien à manger, et 20 kilomètres nous séparent de la prochaine ville!

Nous croisons 4 voitures dans l'après-midi. Pas une ne s'arrête, à l'exception de deux petits vieux qui redémarrent en trombe lorsque nous attrapons nos sacs pour embarquer... Il y a visiblement eu un problème de communication...

première vue du lac Skadar
Nous traversons des étendues valonnées couverte de forêts et de buissons complètement sauvages, à l'exception de quelques fermes.

Nous arrivons bientôt en vue du lac, par delà lequel s'élèvent les sommets enneigés des montagnes au nord, et descendons à Virpazar en fin d'après-midi, priant pour qu'un magasin soit ouvert en ce dimanche... Et oui, nous voilà sauvés!

Nous rechargeons nos stocks de vivres au supermarché, avant de nous affaler sur un banc, épuisés par les 20 kilomètres de marche.

La nuit tombe, et... la pluie se remet à tomber. Nous sommes éreintés, mais nous trouvons la force de sortir du centre ville pour trouver un coin camping. Nous jetons notre dévolu sur une prairie en face d'une rangée de maison. Mais nous ne pourrons pas dormir tout de suite...

Dix minutes après avoir posé la guitoune, une lampe torche se braque sur la toile, et quelqu'un nous parle. Diantre... Nous ne comprenons pas ce que l'on nous dit, mais nous distinguons le mot ''polize''... En sortant de la tente, je me retrouve face à un père de famille accompagné de ses deux garçons. L'homme parait tout craintif... J'essaye de leur expliquer la situation, bien sur sans parler un mot de serbo-croate... Je me lance dans un jeu de mime, de dessin, la pluie, la nuit, tout ça... et finalement l'homme me pose la question qui tue : ''no terrorist?''. Quoi? Non non non, je ne suis pas un terroriste, je suis un voyageur français! Lorsqu'il entend ''français'', l'homme se détend, et accepte de nous laisser dormir ici. Je me sens très géné : le pauvre père de famille a juste eu peur de nous... Ce soir là, nous nous sentons coupables, et nous promettons dorénavant d'avertir les gens quand nous posons la tente près d'habitations, histoire d'éviter de les apeurer. Un terroriste...

Au matin, nous levons le pouce en direction de Bar, pendant environ 10 secondes (!), pour être emmenés à destination.

Et nous voilà, un peu usés par ces intempéries ininterrompues, d'autant que nous les avons pris en travers du bec 4 jours sur 5. Mais c'est ainsi, nous ne pouvons rien au temps qu'il fait, et devons faire avec. Notre résolution du moment est d'avancer, et si cette avance se fait sous la pluie, nous prendrons une chambre le soir venu.

A part ça, les étendues sauvages du Monténégro nous plaisent beaucoup, il est possible de s'évader n'importe où, c'est plein de montagnes, de forêts, de vertes prairies, où l'homme est absent. Les habitants sont pour la plupart très sympathiques et généreux. Il n'y a peut-être que dans les tout petits villages où nous sommes un peu observés comme des extraterrestres. En revanche, les villes sont un peu déprimantes et délabrées, et respire visiblement la misère. Conséquence d'une situation économique plus qu'instable et de la mainmise de la mafia sur le pays.

Pour conclure, le moral va bien, la santé aussi, l'ambiance est toujours aussi bonne, même si il est effectivement plus difficile avec un temps pourri de profiter à fond de nos pérégrinations complètement dépendantes du temps qu'il fait. Nous faisons en sorte que la pluie ne nous rende pas chèvre!

4 commentaires:

  1. Yo l'olive! Juste un petit bonjour de France de Sophie et Tom (dans l'hypothese ou tu regarde les commentaires). En tous cas on suis vos aventures de près et on vous souhaite bon courage malgré les intempéries! Biz

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    1. Salut tout les deux! Tout se passe bien, merci pour votre suivi. Impossible de raconter quoi que ce soit ici, ca serait forcement pourri. Nous dirons juste que nous vivons l'experience de notre vie. On pense a vous, a un de ces jours!

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  2. les routards s'endurcissent !!!! Enfin rassurez-vous ici aussi il pleut souvent : vous serez au top pour le retour ! Bises, môman

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  3. Salut !
    Pas glop la météo...
    La même pour nous en Albanie : Dix jours de pluie non stop.
    Là on viens d'arriver en Macédoine, et il fait 0 degré. On est en altitude, la ville est recouverte de neige.
    On a bien eu peur d'expérimenter pour la première fois le camping sur terrain gelé... heureusement une famille Albanaise nous a tirée d'affaire.
    Je vois que vous allez arriver en Albanie. Ces gens sont formidables, vous n'aurez aucun problème à vous déplacer. N'hésitez pas à demander de l'aide aux gens voir même à leur demander l'hospitalité. L'Albanie est de loin le pays qui nous a le plus réussi, avec beaucoup de gens très chaleureux !

    En ce qui concerne le Monténégro, nous n'y sommes resté que deux jours. Nous ne sommes pas passionnés de grosses rando comme vous, je crois que nous allons faire la même chose en Macédoine, passer très vite car il fait très froid et nous sommes plus que jamais excité d'arriver en Turquie, nous avons peut-être dégoté un job là-bas pour passer quelques semaines de l'hiver au chaud.

    Bonne continuation à vous deux, à bientôt !

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