mardi 22 juillet 2014

Retrouvailles, verdure et backwaters sous les cataractes de la mousson : le Kerala en famille!


Déjà deux mois et demi dans cet imbroglio de tout qu'est l'Inde. Nous écrivons depuis Alleypey, dans le Kerala, après dix jours de visite pluvieux, mais magnifique visuellement et émotionnellement. Cet article est probablement l'avant dernier que nous écrivons en Inde. L'Australie approche!

Comme nous le disions dans notre précédent article, LE grand événement qui a marqué les jours suivant la publication a bien sur été les grandes retrouvailles avec mes parents, qui ont bravé les compagnies aériennes foireuses et les promesses de pluies diluviennes pour venir nous voir dans notre lointaine et mystérieuse Inde!

Ça nous a fait plaisir. Ça nous a fait très plaisir. Retrouver sa famille après de long mois sur la route a permis tout un tas de chose. Les revoir bien sûr, mais aussi les inonder de toutes nos histoires, de pouvoir leur tenir la jambe pendant des heures pour tout leur raconter, en étant ravi d’être écouté par des gens qui nous connaissent comme si ils nous avaient fait! Et surtout, écouter leur avis et discuter de tout ça avec eux. Ça permet de mettre un peu d'ordre dans ce bazar!

10 jours en famille fantastiques donc, parce qu'ils se sont déroulés... En famille!

Le reste a été bien dans l'ensemble, même si nous avons eu à subir quelques légers aléas, à commencer bien sûr par la mousson, qui nous est finalement tombée sur le coin du nez, et pas qu'un peu... Mais bon, enjoy the rain!

Nous avons donc visiter le quartier porto-hollando-britannique de Fort Cochin, avec ses chinese nets, ses palais, son quartier juif, ses églises. Sympa sans donné non plus envie d'y passer sa vie.

Nous sommes ensuite monté dans la montagne, pour découvrir à Munnar que nous aurions dû aller directement à notre prochaine étape sans y passer... Des trombes d'eau, une ville pas folichone, un hôtel plutôt spécial... Mais des bons points tout de même, la découverte des paysages de plantations de the, le temple etc...

Kumily se trouvait elle aussi sous les nuages, mais le charme de la ville et de la Tranquillou Guest House faisait oublier le mauvais temps. Ça, et la balade à dos d’éléphant (ouiiii!), les promenades (en poncho certes) dans les plantations de thé, de poivre et de cardamone, les visites de jardin d’épices et d' une manufacture de thé.

Et puis Alleypey et les backwaters, le summum. Un soleil qui fait un timide retour, une ville animée et pas moche du tout, des habitants très sympas et souriants. Des plages paradisiaques et une exploration des backwater que nous vous laissons découvrir.

Récit de dix jours de partage, de discussion, de découvertes avec mes parents dans un cadre magnifique. Récit d'une session du coup un peu plus ''touristisée'', calme et organisée que d'habitude. Mais ça nous a fait du bien!

Cochin

 



Au lendemain de la publication de notre dernier article, je me réveille aux aurores, tout impatient de retrouver mes géniteurs après 9 longs mois. Léonore me demande ce qui me prend de m’agiter à 6h du matin…

Mais ce ne sera pas pour aujourd’hui : nous apprenons par mail que mes parents sont enfoncés jusqu’au cou dans un mic-mac aérien bordélique au possible, mais finalement classique : un retard, entrainant une correspondance ratée, et blablabla…  Ils arrivent le lendemain à 3h du mat!

Pendant qu’ils sillonnent la planète de l’Angleterre aux Quatars, nous essayons de passer le temps, voulant attendre mes parents pour découvrir le quartier de Fort Cochin, et ce n’est pas évident dans le quartier d’Ernakulam, sans aucun intérêt. Des boutiques, de grandes avenues, beaucoup de voitures et d’agitation, et rien de joli à se mettre sous la dent. Marche, repérage, cyber, la journée est longue et nous ne sommes pas mécontents qu’elle se termine… Pour le moment, Cochin, ce n’est pas notre tasse de chai.

Décidant d’accorder quelques heures de sommeil à nos deux infortunés visiteurs, pour lesquels le voyage n’a pas commencé sous les meilleurs auspices, nous prenons notre temps pour décoller le lendemain. Nous rejoignons à pied l’embarcadère d’Ernakulam pour profiter du ferry qui permet de rejoindre Fort Cochin pour un prix rikiki, et nous voilà bientôt sur les flots, puis dans la vieille ville. Une petite erreur d’orientation nous fait un peu tourner en rond, ce qui nous permet de découvrir le quartier effectivement sympa et calme, comportant églises, comptoirs d’épices, débarcadères et vieilles maisons à la peinture écaillée. 

Le quartier de Fort Cochin témoigne de l’histoire mouvementée du coin : les portugais (avec en tête le fameux Vasco de Gama!) y débarquèrent au 16ème siècle, fondant comptoir commercial et mission chrétienne, avant d’être chassés par les hollandais au 17ème. Les Pays-bas céderons finalement la ville aux britanniques en 1814.

Nous parvenons finalement au homestay où nous attendent mes parents, et bien qu’ensommeillées les retrouvailles nous réchauffent le cœur. Quel bonheur de retrouver sa famille après ces mois sur la route ! Comme nous en parlerons plus tard, la tristesse de la séparation à notre départ de France était occultée par l’excitation, mais c’est après avoir passé du temps loin de ceux qu’on aime qu’on se rend compte qu’ils nous manquent beaucoup. Du coup là oui, nous sommes heureux. Pour ma part, la pluie qui menace depuis le matin peut déferler, mes parents sont là et c’est bien l’essentiel !



Nous prenons le temps de reprendre contact, bien sûr on ne sait pas par quoi commencer, comment expliquer, mais nos sourires grimpent jusqu’aux oreilles ! Évidemment, premier objectif : un thé ! Premier contact des parents avec l’Inde, et pas des moindre ! En effet, le quartier de Fort Cochin est sympa, mais les chauffeurs rickshaws y sont prodigieusement insistants. Classique, mais il faut s’y faire quand on vient juste d’arriver dans le pays. 

Nous dégotons un resto et nous posons en terrasse.Oui, nous avons décider de revoir nos conditions de vie à la hausse pour qu’elles conviennent à tous. Ce qui n’est pas vraiment pour nous déplaire après ces mois en Inde qui nous ont mine de rien bien fatigués. D’autant que mes parents veulent nous chouchouter pendant leur séjour (et nous profiterons grâce à eux d’un niveau de vie sacrément différent de nos habitudes. C’est Noël! Merci papa merci maman!).

Avec 3 ou 4 heures de sommeil dans les pattes, et bien que jeunes et fringants, nos deux chers visiteurs sont un peu fatigués, mais nous profiterons quand même de l’après-midi pour nous balader dans les jolies ruelles du quartier, passer voir les fameux chinese net (ces filets de pêche à potence descendus dans l'eau et remontés grâce à des charges de pierres) et nous reposer près de la plage du Mahatma Gandhi. Le bord de l’eau est à peu près joliment aménagé, mais nous nous serions volontiers passé de la vue sur la raffinerie de l’île d’en face! Qu’importe, de toute façon nous discutons encore et encore de tout, rattrapant le retard causé par ces mois de séparation. Nous terminons la journée dans la cathédrale Sainte Croix, édifiée par les portugais en 1505.



La façade extérieur est sympa, la cour se remplie d’écolières lorsque le couvent proche ouvre ses portes, mais les intérieurs, et en particulier l’autel, sont un peu surchargés et kitsch.




Nous rejoignons ensuite l’église St Francis, érigée en 1503. L’édifice ne présente pas d'attraits particulier, si ce n'est l'ancienne sépulture de Vasco de Gama. Il s’avère qu'à sa mort, sa dépouille a été inhumée ici. Elle y est restée pendant quatorze ans avant d’être ramené au Portugal.



Nous laissons mes parents se reposer et rentrons à Ernakulam, après qu’ils nous aient remis des cadeaux que nous recevons les mains tremblantes et les yeux brillants... deux énormes morceaux de comté, de la terrine de taureau et d’agneau, deux saucissons et du fromage de chèvre ! Ouiiiiiiii ! Après 5 mois de riz et de légume, enfin, nous allons pouvoir manger de la nourriture correcte ! Inutile de vous expliquer la composition de notre diner du soir...

Le lendemain, nous nous rassemblons à Fort Cochin sous la pluie. Simple journée pluvieuse ou cette tardive mousson qui arrive enfin? Nous verrons. Nous rejoignons le Palais Hollandais, construit par les portugais pour le Raja de l’époque en 1555, réaménagé un siècle plus tard par les hollandais pour en faire le palais du gouverneur. Il sera ensuite rendu au raja, qui le décorera de ses fresques. L’entrée est très bon marché, mais les photos sont interdites. Nous passons pas mal de panneaux explicatifs joliment fait sur l’histoire de Cochin, même si nous aurions préféré voir les vestiges qui y apparaissent en photo en vrai, avant de découvrir armes, vêtements, objets de la vie quotidienne et meubles. Le meilleur pour la fin : les splendides fresques représentant des scènes du Ramayana, composées avec seulement 4 couleurs.

Nous explorons ensuite le magnifique quartier juif, dont les ruelles nous amènent à la synagogue, fondée en 1568, avant d'être détruite par les portugais en 1662 puis restaurée par les hollandais deux ans plus tard. Beau carrelage en faïence peinte et lustres en cristal.

Nous mangeons dans un resto superbe niche au fond d'une boutique d'antiquite. C'est cher, mais que c'est bon! En prime, nous profitons de la vue sur la mer. Nous sommes ravis de pouvoir decouvrir, grace a mes parents, des mets vraiment fin et delicieux de la cuisine indienne et Keralaise. Non parce que c'est bon les samossas, mais enfin...



La pluie se met à tomber drue, et nous nous réfugions au centre culturel du coin pour un spectacle de Kutiyattam, théâtre danse traditionnel du Kerala, composé de mouvements danses et d’expressions faciales reflétant les émotions humaines, réalisé par des artistes en costumes et maquillage haut en couleur. C’est intéressant, bien qu’un peu hermétique (la danse expliquant une scène du Mahabharata était tellement chargée de symbolisme et dépourvue d’explications qu’elle en était incompréhensible. Et pourtant, nous l’avons lu!).



Enfin bref, sont fous ces indiens!

Nous nous séparons après analyse du spectacle (qu’on résumera par un ‘’mouai, c’était pas mal’’). Demain, nous partons pour la fraicheur des montagnes et les célèbres plantations de thé de Munnar! Ce soir, nous faisons notre deuxième diner saucisson-fromage, toujours aussi enchanteur.


Munnar et Kumily

plantations de thé


Pas de pluie au matin, nous nous retrouvons au terminal d’Ernakulam avec nos sacs et valises pour embarquer dans le bus. Les 5h de route se déroulent selon le schéma habituel sur les routes indiennes (ce qui fait bizarre à certains!), et c’est bien cabossés que nous arrivons à Munnar après avoir traversé des étendues couvertes de plantations de thé parsemées de gros rochers. 

Si le cadre de la route était magnifique, le centre de Munnar l’est moins. La pluie tombe, la rue principale présente un bazar assez éloigné de la tranquillité décrite par les guides, et nous rejoignons en rickshaw notre hôtel. La température a bien chuté : 20 degrés! 20 DEGRES! Première fois que nous descendons sous les 30 degrés depuis Manali! Nous devons même revêtir nos vestes!

Pour l’occasion, les parents nous offre le gite dans ce qui apparaissait à première vue comme un très bon hôtel, le Celestium. Effectivement, à l’arrivée, un homme nous porte nos bagages à travers un hall richement décoré jusqu’à nos chambres. Le reste tient du gag au vue des prétentions de l’accueil… Les couloirs résonnent des cris des innombrables familles résidant ici, les murs dégoulines d’humidité et moisissent par endroits, et la chambre des parents présente une énorme tache noire qui couvre le quart d'un des murs... De notre côté, nous pourrions dire que nous sommes habitués à ce genre de désagréments, mais s'ils sont tolérables dans un clapier à 200 roupies, ils sont inacceptables dans un établissement de ce calibre, qui en plus n'est pas donné. Bref.

Nous faisons un premier tour de la ville sous les averses, passons glaner quelques informations, nous enfilons un thé et allons visiter le temple hindou de la ville tandis que l'air résonne des chants du muezzin de la mosquée d'en face. Sympa, mais le reste du programme, à savoir la visite des plantations, se fait en extérieur, et au vue du temps bien pourri qui règne, nous commençons à craindre que notre séjour ici ne soit pas folichons... Enfin bon, comme d'hab, qu'est ce qu'on se marre! Nous rentrons manger avant de rejoindre nos appartements.


temple de Munnar
Ganesh


La nuit commence a confirmer nos doutes. Les residents de l'hotel semble avoir des heures de coucher speciales, et a minuit les couloirs sont encore tres animes, les gens se rendent visite, les portes claquent ou restent ouvertes (plus pratique pour communiquer entre chambres!), les enfants s'amusent en hurlant dans les couloirs. Bref c'est la fete, et au bout d'un moment je sort et parcours les etages pour demander poliment aux participants de ce joyeux bazar de baisser le volume.

Apres le reveil et le petit dejeuner, nous tentons une sortie. Le doute n'est plus permis : la mousson est la. Elle se sera fait attendre, et malgre les desagrements qu'elle nous apporte, nous sommes contents qu'elle soit la : nous avons suffisamment lu sur ce pays pour savoir que la vie de millions de paysans indiens depend beaucoup de l'arrive de la saison des pluies. Et de notre cote, du moment que nous avons une piaule, tout va bien. La pluie, ce n'est que de l'eau!

Mais de l'eau qui tombe fort. Nous passons me prendre des chaussures un peu plus couvrantes que les tongues que je ne quitte plus depuis que cette salete a quatre pattes m'a vole ma godasse a Goa, puis partons pour le musee du the, couvert de nos ponchos et K-way. La route, serpentant entre les plantations, presente de magnifiques points de vue, mais le ciel est noir. Nous arrivons au musee de the pour le trouver ferme, exceptionnellement. Fichtre. Et bien sur, quand nous degotons un chemin pour aller crapahuter dans les plantations, nous apercevons un panneau qui signal qu'il est strictement interdit d'y acceder sous peine de poursuites... Nous trouvons neanmoins une petite route qui nous permettra d'admirer de plus pres les buissons au vert sombre.

Bon. Nous gardons le moral, au moins nous sommes ensemble et la mousson etait prevue. Des trombes d'eau se mettent a tomber, nous poussant sous les toits de taule du marche aux legumes, avant de retourner en pataugeant dans les torrents de flotte qui coulent dans les rues dans nos appartements ou nous passons le reste de la journee, le moral commencant a etre attaque. C'est decide, demain nous partons voir ailleur! Direction Kumily, petite ville proche du parc de Periyar, a 5h de bus de Munnar.


monsoon power!

La soiree est animee par un groupe d'indiens venus faire la bringue dans l'hotel. Sympa, surtout celui qui, raide bourre a 21h, se vautre sur notre table en nous demandant de le benir avant de commencer a insulter les gars qui essayaient de le ramasser. Amusant.

Au matin, nous quittons cet hotel qui serait decidement tres drole si il n'etait pas aussi cher pour descendre et monter dans le bus, tandis que la pluie tombe encore et toujours.

La route est a nouveau merveilleuse, et les paysages que nous traversons sont fantastiques. Arrive a Kumily, nous rejoignons une adresse trouvee sur le routard, qui vaut le coup rien que pour son nom : La Tranquillou Guest House! Nous parcourons entre de petites maisons les ruelles du bled, apparement beaucoup plus calme que Munnar, pour etre accueillis royalement dans une maison jolie comme tout, et recuperer deux chambres impeccable donnant sur une immense terrasse commune. Et le tout est deux fois moins cher qu'a Munnar! 

Pour le coup, l'endroit et les alentours sont vraiment sympas, et nous profitons de la terrasse pour nous poser et continuer les discussions qui transforment depuis 4 jours la moindre minute inactive en intense conversation. Que ca fait du bien de discuter de tout ce Petit Tour avec ses parents!

Nous partons en vadrouille le soir venu, bien couvert. La ville est calme, pas mal touristique avec ses boutiques de the, d'epices, de massage ayurvedique et d'artisanat local, mais pas de gros carres de beton ou d'emporiums criards. Le padre s'essaye au thali, et coup de bol le resto deniche en propose un vraiment succulent!



Nous ne rentrons pas trop tard (un peu quand meme. Nous nous paumons a force de discuter avec animation...). Demain, nous allons faire de l'elephant! Alors a Jaipur, nous etions tout fous rien que d'en caresser, et la nous allons monter dessus! Yeepee!



Notre premiere nuit au Tranquillou est loin de justifier son nom : soir de final de coupe du monde oblige, des indiens ont mis leur tele dans la rue, et regarde le match qui s'acheve a 3h du matin en hurlant continuellement... Le foot et son cortege d'abrutis seront venu nous embeter jusqu'ici...


Le ciel est toujours nuageux quand nous emergeons, mais dame mousson a decide de faire un break ce matin, et ne dechaine pas sa fureur sur les petits mortels que nous sommes. Le proprio de la baraque est un ange, et il met a notre disposition son chauffeur de rickshaw pour toute la journee a un prix juste genial. La journee s'annonce active : promenade a dos d'elephant, visite d'un spices garden, d'une fabrique de the et de plantations. Que ne voila pas un parfait petit programme touristique! Avec un rickshaw pour la journee en plus! Oui, et ben hein, des fois ce n'est pas desagreable de quitter pour un temps la petite tension, quand meme fatigante par moment, de la desorganisation. Nous voila donc lance dans un tour organise, et ca nous change beaucoup!

Nous rejoignons Elephant Junction, repute pour le bon traitement de ses pensionnaires, ou nous attendent la jungle et 5 pachydermes choyes par 10 cornacs qui s'en occupent continuellement. Nous voulons juste faire un petit tour sur le dos des grosses betes, mais nous assistons neanmoins au bain d'un des elephants.

Et nos montures arrivent. La mise en selle se fait depuis un quai d'embarquement (litteralement), a deux par bestiole. Et nous voila sur nos elephant a partir dans la jungle! 





















Comme pour notre escapade dans le desert, la balade passe vite, mais reste quand meme l'evenement. Se faire baloter calmement a travers la jungle, les plantations de cafe et de cardamone sur le dos du plus gros animal terrestre, ce n'est pas tout les jours! Le truc, c'est que c'est large un dos d'elephant, et nous n'y resterions pas non plus des heures.

Apres un petit the (oui encore), nous repartons pour visiter un spices garden. Au prix de la visite, nous avons meme droit a un guide (quand on vous disait que ca nous changeait!), avec qui nous parcourons, toujours sous une pluie torrentielle, un dedale de chemins a travers de nombreuses plantations. De la medecine ayurvedique aux fourmilieres dans les arbres, en passant par les rizieres, les legumes aux formes bizarres, les epices et les vaches keralaises (en voie d'extinction), la visite est tres interessante. A force de gouter et de sentir des pelletees de feuilles et de graines en tout genre, nos mains et nos narines sont pleines d'odeurs.




ananas
figues, poussant sur le tronc de l'arbre










bananes
de magnifiques... aubergines!
une non moins magnifique... citrouille

vache keralaise

Nous voyons meme des cochons d'Inde d'Inde... Apres ces peripeties vegetales, nous mangeons un morceau dans un resto (tenu par une bande de filou qui tentent sans scrupules de nous doubler les prix...) avant de rejoindre la manufacture de the de Conemara, seule visitable dans le coin. Parce que oui, au Kerala, les plantations et les manufactures sont pour la plupart fermees au public. Malheureusement, suite au deces de l'un des employes, la manufacture est fermee...

Nous nous consolons en partant en balade dans les plantations environnantes. Meme sous la pluie et les nuages, le decors est formidable et depaysant.










poivre

Alors pour la culture generale, sachez que tous les types d'une espece de the (vert, noir, ou blanc) ou de poivres proviennent de la meme plante, recoltes a differents stades de croissance et manufactures differement.

Apres cette journee fort bien remplie, nous retournons engloutir les formidables thali du resto de la veille, avant de rentrer au Tranquillou.

La journee du lendemain est consacree a la visite de la manufacture (au moins nous serons au sec!). Concernant le parc national de Periyar, son acces est limite a cause de la mousson, et dans tous les cas les avis sont unanimes : a moins de suer 3 jours dans la jungle (pour un prix astronomique et sous les trombes d'eau qui nous rincent sans pitie depuis 4 jours), inutile d'esperer voir une seule bebete. Nous zappons donc, et profitons dans la fabrique d'une visite fort instructive. La compagnie qui a rachete la plupart des plantations a la celebre entreprise indienne Tata a mis en place des projets tres louables : en plus de creer des emplois, elle offre a ses employes la maison, l'ecole pour les enfants, et les medecins!

Dans la fabrique, nous suivons le processus de fabrication, de la feuille fraichement coupee (a la main ou au ciseau) au the en poudre. Les machines font du bruit, et l'odeur de the due a l'oxydation des composants chimiques des feuilles est entetante.

Nous preparons ensuite notre depart le lendemain. Direction Alleypey, la ''Venise'' de l'Inde (avec d'enormes guillemets. Mais vraiment enormes), qui marque le depart de ce qui constitue l'interet principal et incontournable du Kerala : les fameuses backwater!


Alleypey et les backwaters


Au matin, nous quittons a regret notre cher Tranquillou, pour embarquer dans un nouveau bus, esperant qu'un ciel plus clement nous attend a l'arrive. Le petit truc des bus keralais, c'est qu'ils n'ont pas de vitres, mais des rabats en plastique opaques en cas de pluie... C'est a dire que si il pleut, si on ne veut pas finir trempe, on a pas d'autre choix que de voyager en aveugle... C'est a tenter.

Au programme, rejoindre Kotayam, d'ou nous voulons embarquer en ferry pour Alleypey. Arrive sur place, nous avons beau demander, tout le monde nous annonce qu'il n'y a pas de ferry pour Alleypey qui part d'ici... Nous ne saurons pas qui, du Routard ou des indiens, avait tort, mais nous changeons nos plans et partons pour Alleypey en bus. La temperature grimpe en fleche, et nous quittons enfin nos vestes tandis que le taux d'humidite nous fait suer.

Arrives a Alleypey (sous le soleil!), nous nous separons. Mes parents se rendent dans un hotel repere sur guide, et quand a nous nous partons en quete d'un coin plus adapte a nos finance. Comme d'habitude, la solution se presente d'elle meme, lorque nous sommes abordes par le proprio de la Prince Guest House, qui nous propose la chambre a 350, rabaissee immediatement a 300. Et le rickshaw est paye en prime! Nous decouvrons une chambre immense, avec terrasse a disposition et meme une cuisine en libre service dans le batiment! Ca vaut le coup d'etre un peu excentre. Nous attaquons notre quete d'un prestataire pour un tour en bateau dans les backwaters. Il y en a des milliers. La priorite pour nous etant le cote ecolo, ces pauvres backwaters etant de plus en plus polluees par les jolis mais enormes houseboats ( bateaux servant anciennement au transport des epices et reconvertis en maisons louables pour plusieurs jours) qui pullulent. Premier plan a la guest house, une balade d'une journee en canoe.

Le retour en ville a pince est l'occasion de decouvrir des rues animees a la circulation brouillone, plein de vendeurs a la criee en tout genre et de gens souriants, bref nous nous sentons a nouveau en Inde! Le centre ville est coupe de deux canaux, d'ou sa qualification tres osee de Venise. Du reste, les rives sont sympa avec leur verdures et les nombreux bateaux qui y sont amarres. Toujours beaucoup de vegetation et de cocotiers!

L'apres midi touche a sa fin, et apres avoir pris les informations de plusieurs prestataires pour notre balade, nous allons manger dans l'un de ces restos pas cher que nous ne frequentions pas avant car ils etaient quand meme plus cher que des samossas ou un plat de thali sous un toit de taule! Nous mangeons meme de la viande, et ca fait plaisir!


Le lendemain, nous nous rassemblons dans le centre ville, avant d'aller visiter le temple d'Ambalappuzha Sree Krishna. Photos interdites a l'interieur... L'interet principal du coin est la longue frise sculptee et richement coloree qui relate la vie de l'avatar tout autour de la cour interieur. Les devots et les brahmanes accomplissent divers rituels, et le lieu est empreint de spiritualite. En revanche, nous decernons la palme du gros blaireau irrespectueux a l'abruti qui vient sournoisement tenter de nous vendre une balade en houseboat en plein milieu du temple pendant les prieres... Serieusement...

Concernant notre balade, nous y reflechissons autour d'un the. Les offres pullulent et proposent toutes a peu pres la meme chose pour les memes tarifs. Le petit truc que mes parents ont recupere en plus, c'est un avis tres positif sur l'un des organisateurs par un couple d'allemand  de leur hotel. Comme il faut bien que quelque chose fasse la difference, nous choisissons donc celui-ci.

Nous suivons ensuite les canaux pour rejoindre la plage. Prenant en compte les distances indiennes (1 km annonce par un indien equivaut a 3 km chez nous!), mes parents finissent en rickshaw et nous les rejoignons a pied, pour finir l'apres midi a deambuler parmis les petites maisons cachees entre les cocotiers et a glandouiller devant la mer dechainee. Si nous osons la trempette des orteils, le bain s'avere tres dangereux et nous ne nous y risquons pas!






Nous reservons notre balade en canoe pour le lendemain matin puis sortons. Pour le diner, nous augmentons le niveau : resto climatise! Un peu trop d'ailleur : des que nous nous posons, le serveur descend la clim a 18 degres... Ce n'est pas parce que nous sommes blancs que nous sommes des esquimaux!

De notre cote, nos petites soirees sur la terrasse nous conviennent bien, au milieu des palmiers, survoles par d'enormes chauves-souris et des lucioles!

Au reveil malheureusement, nous constatons que le ciel a visiblement decide de se rattraper des deux jours de beau temps precedent. Il pleut a verse... Nous rejoignons les parents mais decidons de repousser notre sortie au lendemain. Nous occupons la matinee en nous baladant, passant voir le coin des houseboat, pour s'apercevoir que oui, l'activite s'est emballee : il y en a des centaines, sur toute la cote. Oui, le trip houseboat a Alleypey est alle trop loin, et nous sommes bien contents de ne pas cautionner ca.

Nous grignotons un morceau, avant de partir pour la Marari Beach, a quelques kilometres de la ville, tandis que le ciel se degage. Les avis sont unanimes sur cette plage : paradisiaque. Effectivement, c'est classe, et nous profitons du decors un moment sous le soleil, mais de gros nuages s'amoncellent a l'horizon... Nous nous trempons les orteils, mais bientot l'orage eclate, nous poussant a l'abris d'une paillote. L'orage passe d'un coup, et nous marchons encore un peu avant de rentrer.






Le lendemain, c'est sur, nous y allons. Depart a 8h sous un ciel un peu charge mais au sec. Un ferry nous emmene au village a travers les canaux.

Les backwater? Un ensemble de lacs et de canaux, artificiel ou naturel, qui court le long de la cote Malabar a travers la jungle et les petits villages. Ce reseau constitue l'attraction majeur du Kerala.
Apres un petit dej du coin, a grand coup de riz, de noix de coco et de haricots, nous embarquons sur notre esquif maniee a la rame par un guide. Un autre bateau nous accompagne, transportant un francais et un indien en vacance dans la zone. 
Si la premiere partie du trajet se fait sur un grand canal parmis les gros houseboats et autres embarcations, nous partons tres vite dans de petit reseaux secondaires inaccessibles aux gros bateaux. La vegetation est dense, de nombreux oiseaux nous survolent, notament le fameux King Fisher aux couleurs vives. Nous traversons de petits villages aux maisons surelevees, retrouvant une ambiance particuliere. La lessive faite au bord de l'eau, les pecheurs, les enfants qui se baignent... Nous naviguons longtemps, faisant parfois une pause pour visiter rizieres et villages (un peu expeditives et d'un interet reduit, mais nous chipotons), dans un decors enchanteur de verdure et de foret. Les photos parlent d'elles-meme.
























photo prise par notre compagnon indien...









Nous en prenons plein les mirettes. Et nous savons que nous avons sous les yeux quelque chose que nous ne reverrons pas ailleur, ce qui rend la chose comme a l'accoutume encore plus impressionnante! Et le must, c'est qu'il ne tombe pas une goutte de pluie pendant toute la balade! Nous constatons que le niveau de l'eau dans les canaux est plus eleve que le niveau du sol alentour. En de nombreux endroit, nous voyons des habitants affaires a renforcer les bords.

Nous rentrons au village en debut d'apres midi, pour deguster un thali keralais avec poisson et chutney de mangue servi sur des feuilles de bananier!
Nous repartons pour une petite demi heure de navigation a travers un groupement d'iles que les pluies recentes ont completement submergees. La en revanche, ce n'est pas joli : les maisons sont remplies d'eau, les occupants restent en hauteur, sur les lits ou les meubles. Et tout a l'air normal...

...idem

Nous rentrons en fin de journee des images plein la tete. Nous retournons manger au resto pour notre dernier repas tous ensemble. Et oui, deja 10 jours, mes parents partent demain. Pour l'occasion, nous nous faisons plaisir sur le repas, avant de nous donner rendez-vous le lendemain.


Au matin, nous nous retrouvons, sans se rendre forcement compte que l'heure de la separation approche. On papote, on va boire un dernier the. Nous accompagnons mes parents, qui retourne a Cochin d'ou part leur avion le lendemain, a l'arret de bus. Le bus arrive, nous chargeons les valises, le conducteur demarre son moteur, le controleur nous presse de descendre, je lui dit d'attendre mais le bus commence a rouler. Nous nous embrassons et nous voila sur le quai, regardant le bus s'eloigner. Nous n'avons pas vraiment compris ce qu'il vient de se passer, mais c'est alle trop vite. Je me sens mal, des kilos de plomb commence a remplir mon ventre. Nous allons boire un the mais ca ne passe pas. Apres neuf mois de separation, nous aurions voulu leur dire au-revoir correctement, pas a la va vite dans un couloir de bus. C'est Leonore qui, me voyant tout deprime, me demande : ''tu veux qu'on aille a Cochin?''... 30 minutes apres nous sommes en route! Alleypey-Cochin, 70 km, a peine 1h30, c'est rien. Et ca va mieux. Nous debarquons a Ernakulam, sautons dans un rickshaw, attrapons un ferry, et nous voila a Fort Cochin, moins de trois heures apres avoir decide de venir!

La recherche des parents est rapide : nous passons a leur hotel, ou l'adorable proprietaire nous annonce qu'ils sont partis manger. Nous tentons le premier resto ou nous sommes alles boire un the 10 jours plus tot et les trouvons. La surprise est de taille! Je leur explique. Ce n'etaient pas de bons au-revoirs. Nous passerons l'apres midi a discuter, de ce qu'ils ont pense de leur sejour, de ce qu'ils pensent de notre voyage apres en avoir parle tous les 4 pendant toutes ces discussions. Nous nous separons sur le quai du ferry en fin d'apres midi, a Cochin ou nous nous sommes retrouve a leur arrivee. De vrais au-revoirs, la boucle est bouclee, et je n'ai plus mon poid sur l'estomac.

Nous rentrons dans nos confins.

Pour nous le voyage est tres loin d'etre termine. Nous passons les deux jours suivants a preparer notre arrivee en Australie et a rediger. Recherche de point de chute a Melbourne, compte en banque, couchsurfing etc... Plus que dix jours a passer en Inde, mais nous sommes confiant sur notre reussite en Australie, que tout le monde decrit comme un eldorado du voyageur. 

En attendant, nous rejoignons Madurai et le Sree Menakshi Temple demain matin (11h de trajet en 2nd classe de nuit, on savoure deja!), avant de mettre le cap sur Hampi et son ensemble monumentale, ou nous coulerons des jours calmes avant de retourner a Cochin pour decoller en direction du pays des Kangourous! 

Nous retiendrons du Kerala du tres bon, et du un peu moins bon. La region est magnifique, riche en espaces naturels uniques au monde. La mousson devait bien arriver un jour, et nous pensons a tous les indiens qui devaient tourner des yeux plein d'espoir vers le ciel tous les jours. Les habitants de la region la plus developpee d'Inde ne nous ont pas marque particulierement, hormis a Alleypey ou nous avons retrouve avec joie les sourires, les discussions spontanees, les coup de mains gratuits, la vie indienne quoi. Et puis quand meme, nous avons explore les backwaters en canoe, nous sommes alles dans la jungle en elephant... Ca fait des sacres souvenirs!

Et tout ca avec mes parents. Des heures d'histoires a raconter, des questions a poser, le bonheur de les voir. Ils m'ont manque enormement, je m'en rend compte en les revoyant et en les quittant a nouveau. Mais nos retrouvailles ont permis de digerer un peu tout ce formidable trip qu'est le Petit Tour, en en parlant avec eux, en partageant, en ecoutant leurs avis sur la (plutot les) questions. 

Tout lacher pour partir au bout du monde, c'est formidable, mais retrouver les gens que l'on aime le plus, meme pour une courte duree, c'est tres bien aussi!