lundi 2 mars 2015

Errances tasmaniennes, prospection dans la Huon Valley, rencontres (oui, encore) et le Fractangular festival

Bonjour à tous!

Nous voilà à Huon ville, au sud-est de cette chère Tasmanie.

Oui, j'ai bien dit nous! Le cour des événements m'a fait un merveilleux cadeau d'anniversaire : Léonore et moi nous sommes retrouvés il y a quelques jours, ayant décidé de reprendre notre Petit Tour à deux. Nous voilà donc réunis sur la route, plus abrutis de bonheur et d'amour que jamais!

Nous profitons de nos retrouvailles en attendant d'attaquer le ramassage des pommes dans la Huon Valley, qui devrait débuter dans quelques jours.

Un mois c'est passé depuis que je vous avais laissé à Hobart, et histoire de ne pas pondre un trop gros pavé en une fois, le récit de ces dernières semaines se verra publié en deux parties.

Je veux de plus consacré un article à part entière à mon expérience d'un concept méconnu : la permaculture. En effet, j'ai travaillé durant deux semaines dans une ferme organique appliquant ce qui s'avêre être un tout nouveau mode de vie, et le moins que je puisse dire c'est que cette expérience a été très enrichissante, et je souhaite la partager comme il se doit. Rendez-vous donc dans quelques jours pour un récit et des explications détaillées.

En attendant, voici en guise de première partie le resumé d'une vadrouille complètement décousue, pas très touristique pour le coup, qui m'a conduit par monts et par vaults à travers la Tasmanie de manière bien hasardeuse, et m'a balladé entre rencontres, festival, travail et plus encore, le tout accompagné de la formidable et anarchique météo propre à la région.

(désolé pour le manque de clichés, le temps trèèès pluvieux n'a pas facilité la photographie...)


Je ne sais pas où je vais...

Nous nous buvons un dernier verre à Hobart, Rémi et moi, riant de ces quelques sessions de vagabondage à deux complètement sauvages, désorganisées et imprévues que nous avons vécu ensemble. On s'est bien marré!



Le temps de la séparation, la vraie cette fois, arrive, et nous nous quittons pour une durée qui risque d'être longue...

Je rejoins la sortie d'Hobart. C'est reparti pour la recherche de travail. Car oui, si le salaire du cherry picking ainsi que les étrennes de noël généreusement envoyées par la famille (que je remercie du fond du coeur au passage!) me permettent de respirer un peu financièrement (mon premier salaire est tombé alors qu'il me restait en poche très exactement 5,70 $!), mon objectif est de passer le moins de temps possible sans travailler. C'est que les jours défilent, et il me reste 6 mois pour réunir une somme assez conséquente. Je suis bien inscrit chez un vigneron pour les vendanges en mars, mais je ne veux pas me tourner les pouces tout le mois de février en attendant.

Histoire de conserver le plus possible mes nouvelles économies, je retire la viande de mon régime alimentaire, remplaçant le bacon par des haricots, qui s'ajoute au pain, fromage, nouilles chinoises et biscuits habituels.

Mon programme est basé sur une information fragmentaire découverte en fouinant sur le net : à Huonville, dans la vallée du même nom à quelques 40km au sud d'Hobart, se trouve une entreprise de packing de saumon, la Huon Valley Sea Food, qui éventuellement recrute. Un travail d'usine, de nuit, apparemment bien ignoble et robotisant, mais qui rapporte plus de 4000$ par mois... Je veux la tenter, car personne n'a l'air d'avoir entendu parler d'un tel plan, promesse de places libres.

Je lève le pouce quelques minutes, le soir venu, à l'entrée de l'autoroute, le temps de me rendre compte de la mauvaise qualité de l'emplacement et de me faire copieusement rincer par une averse qui me fait monter pour la première fois ma nouvelle tente en catastrophe dans un parc public... Ca faisait longtemps tiens...

Au matin, un grand soleil brille, mais je ne me réjouis pas si vite. Comme je l'avais déjà dit dans mon précédent article, le temps tasmanien voit parfois defiler les quatre saisons dans la même journée. Ainsi, dans notre camping à Campania, il nous est arrivé de faire bronzette l'après midi par 30 degrés, pour enfiler les polaires le soir et nous réveiller sous 8 degrés et la pluie le lendemain matin, avant une matinée surchauffée et une fin de journée hivernale... Bref

Coup de chance, le parc donne directement sur le highway, et deux lifts plus tard, durant lesquels je repère tout plein de fermes, me voilà dans le centre de Huonville, sous la pluie bien entendu...

J'ai entendu une rumeur faisant état de la présence d'un camping gratuit dans les parages, et je part glaner quelques information auprès des autochtones avant de me mettre en route.

Bonne surprise, je tombe durant mes périgrinations sur l'usine que je cherche!

Mais la mauvaise arrive bien vite : la proprio du camping me demande 34$ par nuit. 34 DOLLARS! Je lui explique que j'ai juste une tente, pas une caravane. Même tarif. Pour info, le prix d'un lit en dortoir avec douche chaude est de 20$ en moyenne... Je m'imagine bien quelques secondes lui proposer de nettoyer les toilettes du camping pour un emplacement gratuit, ayant quatre mois de récurage des cuvettes de la Gordon Country dans les pattes, mais je me contente d'éclater de rire et de mettre les voiles.

En parlant de pattes, les miennes sont dans un sale état. Mes pieds sont toujours couvert d'ampoules, et je ne peux plus marcher plus de 10 bornes sans que mon genou gauche ne se mette à raler...

Je laisse de côté la question de mon lieu de camping pour plus tard, et rejoins le centre. L'usine, fonctionnant de nuit, est fermée à cette heure-ci, et je passe ma journée à la bibliotheque histoire de couvrir mes arrières : je note les numéros et les emplacements des fermes du coin, ainsi que tout autre destination potentiellement travailleuse des environs. Je parle aux quelques voyageur que je rencontre. Ils sont unanimes : il reste un peu de travail dans les cerises, et les pommes n'ont pas encore commencé. Fichtre!

Je mise beaucoup sur cette usine de poisson, qui me permettrait de travailler durablement, sans subir les aléas du temps et des saisons. Pour postuler, je décide d'y aller au culot complet : arriver a l'ouverture de la boite à... 2h du matin. On a rien sans rien.

Le temps d'avaler quelques nouilles, et je trouve un bout de terrain entre deux arbres en face de la Sea Food. Je suis au lit à 21h...

...Et me lève douloureusement à 1h du matin, comme prévu, pour rejoindre l'entrée de l'usine... Fermée. Raaah! J'envisage de me recoucher, mais décide finalement d'appliquer le vieil adage que nous avions avec Rémi : Tu te reposeras quand tu seras mort!

Après un brin de toilette en ville, je me met en route, à pied, pour prospecter dans les fermes à l'extérieur de la ville. J'en passe 2, où à chaque fois le discour reste le même : trop tard pour les cerises, trop tôt pour les pommes...

De retour dans le centre, après une bonne vingtaine de kilomètres de marche, je sors mes numéros et appelle toutes les exploitations d'Huonville. Même problème. Misère! Au moins mon genou a le temps de refroidir... Et le pluie de reprendre...

Je repasse à l'usine, ouverte cette fois... mais qui ne peut pas me proposer de travail cette semaine. Je laisse quand même mon numero.

En désespoir de cause, j'appelle le Harvest service, censé mettre en relation les employeurs et les candidats, qui fait preuve une fois de plus d'une inefficacité navrante : il n'y a rien. Je pense avoir fais le tour de la question ici, et décide de partir.

Les fermiers m'ont quand même donné quelques infos : il y a encore, peut être, du travail à Franklin ou à Cygnet. Deux villes proches, mais deux directions différentes.

Je choisi Cygnet, à 18 km de là. Pourquoi? Je trouve que ça sonne bien, quand à Franklin je n'ai jamais pu supporter la tortue du même nom.

J e peux paraitre un peu désinvolte, mais très honnêtement, je ne me pose plus de questions, me contentant de garder le sourire et de fouiner, chercher, frapper aux portes. J'ai bien compris qu'en Australie, si le travail pousse sur les arbres, encore faut-il se bouger pour aller le chercher. De toutes façon, j'ai tellement ramassé en deux jours de prospection qu'il va forcément me tomber autre chose que de l'eau, des blessures et des refus sur le coin du nez!

Et effectivement, je rejoins la sortie de Huon, et n'ai qu'à peine le temps de lever le pouce que déjà la première voiture qui passe s'arrête. Elle va tout droit à Cygnet, et sur le trajet je papote avec une dame fort sympathique, qui a traversé la Chine, le Tibet et le Népal. En deux bons amoureux de ce dernier pays, le courant passe!

Elle m'annonce en outre que se trouve à Cygnet un camping plein de voyageurs qui travaillent dans les fermes alentours... Vous avez une impression de déjà vu? Moi aussi. Sitôt débarqué dans ce qui s'avêre être effectivement un endroit à l'atmosphère festive semblable à ce que j'avais pu trouver à Campania, je me met au parfum, ne tardant pas à rencontrer un groupe de francais avec qui je me pose. Je fais ainsi la connaissance de Laurent, Iris, Farid, Antoine, JP, Manuella, la seule étrangère du groupe, Bertrand, et d'une pléthore d'autre joyeux lurons d'horizons divers et variés, qui se révèlent tous de très bon conseil.

La mauvaise nouvelle, c'est que le camping est payant, 8$ la nuit, et que l'homme chargé de récupérer les loyers tous les jours est apparement un physionomiste psychopathe à l'oeil de lynx lorsqu'il s'agit de repérer les nouveaux arrivés parmis la centaine de campeurs déjà présent... Une sentinelle de choc que je compte bien esquiver.

La bonne nouvelle en revanche, c'est que tous les piqueurs présents sont en fin de saison, fatigués, ne veulent plus bosser et passent leurs journées à festoyer sans interruption (pour une ambiance sur place d'ailleur assez déjantée), alors qu'il reste du travail. Un coup fil à leur patronne plus tard, me voilà embauché pour le lendemain, toujours dans la cueillette des cerises, à la ferme de Glenburn. En revanche, il n'y a que quelques jours de travail... Il faut que j'arrête de me pointer systematiquement après la guerre. J'en profite pour rappeler Raphaël et Sol, rencontrés à Campania et comme moi en quête d'un job,  pour leur proposer le plan, et nous prenons rendez-vous pour le lendemain.

En attendant, je fais le caméléon dans le cercle de personne qui ne tarde pas à se former à l'heure de l'apéro, bien décidé à ne pas payer ma nuit, si bien que lorsque le proprio passe, il ne me remarque pas... Chose qui tient de l'exploit selon mes nouveaux compagnons. La pluie se met à tomber, nous tendons une bache entre deux vans et passons la soirée à festoyer, discuter et jouer au Uno. Encore une action rondement menée, même si la météo semble partir de plus en plus en sucette.

Au matin, toujours sous la pluie (ça ne s'arrêtera donc jamais?) Raphaël et Sol me rejoignent, accompagnés de Flo, autostoppeur récupéré sur leur route, et nous mettons le cap sur le bureau de la ferme. Nous y sommes à 6h, mais le manque de communication entre la patronne et les équipes dans les champs nous fait effectuer plusieurs allers-retours avant de remplir tous les papiers nécessaire à l'embauche, de récupérer nos harnais et enfin de nous atteler à la tache 3h plus tard...

Côté boulot, les nombreux jours de pluie ont eu un effet désastreux sur les fruits, et la plupart des cerises s'avêrent daubées. Bien sur nous ne devons ramasser que les bonnes, mais ceci est rattrapé par le fait que contrairement à Campania, nous n'avons pas à les séparer, ce qui représente un gain de temps considérable.

Ainsi, la journée de picking, bien que très courte et se déroulant la plupart du temps sous la pluie, rapporte tout de même son billet de 100$. C'est toujours ça de pris... En revanche, les proprios nous annoncent que demain nous ne pouvons pas travailler s'il pleut... Bigre.

Je part avec Raf, Sol et Flo faire quelques menu courses à Huon, et m'apprête à recharger mes stocks de nouilles et de biscuits premier prix lorsque le déclic se produit : j'ai des sous. Plus que je n'en ai eu ces 9 derniers mois.

Je me suis tellement habitué à faire attention à la moindre dépense que c'en est devenu un réflexe. Mais c'est fini, j'ai de la réserve!

Lorsque je prends conscience de la chose, je décide, pour une fois, de me faire plaisir. Le camping est pourvu d'une cuisine, et je me charge de quoi préparer un bon diner.

C'est un vrai festival! Rendez-vous compte, je prend des pâtes, tout le nécessaire pour préparer un bonne bolognaise maison, des chips, de la sauce, mais aussi le meilleur café du coin, du thé, du fromage (du vrai, pas les tranches à sandwich sous plastique), du bacon, et j'en oublie.

C'est fini la vie de SDF fauché! Entre la nouvelle tente, le nouveau réchaud et le compte en banque rempli, je retrouve un niveau de confort acceptable, et ça fait plaisir de temps à autre, même si moins je possède, mieux je me porte.

Alors oui, la soirée vaut son pesant de cacahuètes, même si la nuit est bruyante. Les autres fêtent la fin du picking, et leur bringue dure jusque tard dans la nuit (ou tôt dans la matinée, au choix).

Bien sur, la journée suivante voit la pluie tomber en continu pendant près de 20h, détruisant tout espoir de travail... Au camping, l'ambiance n'est plus à la fête, la plupart des occupants payant leurs excès de la veille, et le temps étant plus que maussade.

c'est la fête...
Mes jambes commencent à picoter, je veux partir, je ne sais pas pour où mais il est temps de mettre les voiles. Les cerises sont définitivement terminées, les pommes attaquent en mars, et je n'ai toujours rien à faire en février, mais je compte bien trouver quelque chose. En revanche, le manque de motivation pour aller lever le pouce sous l'averse me retient un jour de plus. Et il faut dire ce qui est, on s'ennuie. En bon village campagnard, Cygnet ne brille pas par la profusion de ses activités...


Du coup nous glandouillons, mangeons, jouons aux cartes, et au final le temps passe, jusqu'à la surprise de la journée, qui va marquer le début d'une succession d'évènements tous plus fabuleux et improbables les uns que les autres : la nuit est tombée, nous sommes rassemblés dans la cuisine, lorsque tout à coup un ''Oliver!'' tonitruant retentit. Je lève la tête pour me retrouver face à Maurice, sorti de nul part et tout souriant! Rappelez vous, l'allemand qui faisait partie de la troupe avec qui j'avais passé le jour de l'an à Torquay il y a plus d'un mois.

La surprise est grande, et nous nous sautons dans les bras. Je fais aussi la connaissance de Laetitia, qui l'accompagne depuis quelques jours.

Nous passons une sacrée soirée, durant laquelle ils vont sournoisement me convaincre de lâcher la recherche de travail grâce a un argument imparable : un gros festival psytrance, le Fractangular, se tient dans les parages la semaine prochaine, et ils comptent sur ma présence. Laura, également présente au jour de l'an, sera de la fête, ainsi que pas mal de monde de Campania et de Cygnet.
Je lutte quelques minutes pour la forme, mais en ce qui me concerne, quand il s'agit de festoche, toute résistance est vaine, et les fourbes savent y faire : je me laisse embarquer rapidement et avec plaisir. Ils repartent dans leurs confins après m'avoir embringué, je les retrouverai là-bas dans quelques jours. Pour les économies, on verra plus tard... Comme je le disais, j'ai définitivement atteins les sommets du ici et maintenant, du lâcher prise, du laisser filer, je laisse les choses aller, je me laisse couler sereinement dans le courant des évènements, des possibilités et des opportunités, et je vois ce que cela m'apporte. Jusqu'à maintenant, que du bonheur!


Le Fractangular Gathering



Au matin, je fais des adieux rapide à la troupe de Cygnet, esquivant une dernière fois le proprio et son oeil de lynx, repasse à la ferme pour mettre une option sur la cueillette des pommes en mars et part stopper. J'ai quelques jours à tuer avant de plonger dans le Fractangular, et je compte repasser par la ferme dans laquelle j'avais travaillé à Campania pour y faire compter les 6 jours de labeur que j'y ai effectué, nécessaire à l'obtention d'un second working holliday visa. Il s'avère qu'au train où vont les choses, passer seulement un an ici ne sera peut-être pas suffisant, à mon grand désaroie, pour rassembler la somme nécessaire à la poursuite du voyage. Et ça va aller en festival au lieu de bosser, bravo...

Le stop fonctionne à merveille : je suis récupéré au bout de quelques minutes par Ross, d'une gentillesse incroyable, qui se rend à Hobart. Le spectre des 7km de marche pour quitter le centre ville pointe le bout de son nez, mais est vite balayé par mon super chauffeur, qui doit se rendre à l'autre bout de la ville et me dépose à quelques encablures du spot que nous avions mis si longtemps à rejoindre avec Rémi la dernière fois.

Une jeune fille, Hilari, m'embarque sur l'autoroute pour me droper à Richmond, où je croise mon ancienne patronne qui m'emmène à Campania. J'aurai mis moins de deux heures pour rallier mon objectif!

Je retrouve au camping pas mal des personnes avec qui j'avais passé de si bons moments la semaine dernière, et nous nous racontons les dernières nouvelles autour du feu.

Le lendemain, je ne traine pas, passe à la ferme et décolle à pied pour Sorell, la grande ville du coin, pour profiter d'internet et faire quelques provisions en vue du festival. J'y rencontre trois francaises, en route pour le nord sans plan particulier, puis part lever le pouce pour Buckland, où se tient le Fractangular dans deux jours. Je vais avoir besoin de prendre mon mal en patience d'ici là. Du moins c'est ce que je crois à cet instant...

Je n'attend pas longtemps avant d'être récuperé par... Une ambulance! Pas banal comme véhicule, c'est la première fois. Je suis d'autant plus reconnaissant que ce genre de transport officiel n'est absolument pas autorisé à embarquer qui que ce soit. Sur le chemin, les ambulanciers proposent de me poser à Triabunna, non loin de Buckland et pourvue d'un camping gratuit et de magasins. Je pourrais toujours stopper dans l'autre sens après demain pour rejoindre le lieu des festivités, 20km plus loin.

Je suis leur conseil, il me déposent près du port, et je rejoins le camping, pour y retrouver les trois francaises rencontrées plus tôt dans la journée. Il n'y a pas moyen d'être tranquille dans ce pays! Je fais plus ample connaissance avec Deborah, Clémence et Morgane, qui partent pour la Maria Island le lendemain. Je m'attendais à glandouiller seul pendant deux jours, mais non, j'ai de la compagnie, et nous passons une bonne soirée ensemble.

Triabunna
Le jour suivant, je n'ai que le temps de souhaiter un bon voyage à mes compatriotes et d'aller me balader dans les collines environnantes avant d'être rejoins par Maurice et Laura qui rentrent justement de Maria, accompagnés de deux autres francais.

Mes amis ne trainent pas, le festival attaque demain et ils partent en éclaireurs. Je reste avec les autres, Brice et Damien, qui s'y rendent demain comme moi, et à nouveau je passe une excellente soirée avec ces deux loustiques qui vont vite devenir de très bons amis.

Le jour J arrive enfin, Brice part en avance, et après avoir plié les affaires et fait quelques dernières courses, Damien et moi quittons la ville pour aller lever le pouce. Nous n'aurons même pas besoin de le faire, pour la plus incroyable des raisons : tandis que nous marchons le long de la route, une voiture de police nous croise, et j'explique à mon compagnon que j'aurai eu des courses de la part de pas mal de fonctionnaires, militaire en Croatie, ambulancier avant-hier, mais que je n'ai encore jamais eu de lift avec un agent des forces de l'ordre. Faut pas rêver non plus! Je viens à peine de finir cette phrase que la voiture de police à fait demi tour et s'arrête à côté de nous, tous gyrophares allumés. Nous nous attendons à un contrôle, mais lorsque la fenêtre du véhicule s'ouvre, la phrase que nous lance l'officier tient de la science fiction : ''You wanna lift?''

Un policier qui nous offre le trajet? Alors que nous ne levions même pas le pouce? C'est un peu gros non?

L'agent, en patrouille sur cette section de route, s'ennuie en fait à mourir, et est content d'avoir un peu de compagnie. Il peut nous droper seulement quelques kilomètres plus loin... Jusqu'à ce que nous lui expliquions que nous nous rendons au festival à Buckland, et qu'il propose de nous poser sur place! Nous éclatons de rire devant l'improbable de la situation. Etre emmené en festoche, électro qui plus est, par un agent de police, ce n'est quand même pas tous les jours...

Quelques dizaines de minutes plus tard, lorsqu'il nous pose devant l'entrée, c'est fait : je peux le dire, je suis arrivé en festival psytrance en voiture de police, déposé par un officier en service! Je ne vous raconte pas la tête des gens qui font déjà la queue lorsqu'ils nous voient débarquer... Certains s'engouffrent paniqués dans leur van, craignant probablement une perquisition surprise, les autres nous regardent avec des yeux ronds... La voiture partie, on vient nous voir, éberlué... ''Sans rire les gars, Vous vous êtes fais poser en festoche par la police!''. Nous la raconterons longtemps celle-là...

Un van nous embarque pour nous déposer sur l'air de camping, en plein milieu de la Bush où se déroulent les festivités. Nous rencontrons dans la foulée Stephany, artiste tasmanienne qui expose ses oeuvres durant le week end, et nous propose de poser nos tentes à côté de son 4x4, à l'ombre d'un arbre.

Tous les autres arrivent petit à petit, et grâce aux connaissances et aux amis de chacun, nous rassemblons un campement de taille imposante. La famille ainsi composée se réunie en attendant le début du son, le soleil brille, nous quittons nos montres et nos chaussures, et c'est reparti pour trois jours en dehors du temps et de l'espace, trois jours à l'écart du monde, sur une autre planète qui nous acceuille pour un temps, quittant la vie réelle pour plonger dans le vortex. Et c'est toujours aussi bon!

bande de hippies!


Que dire de ces trois jours? Si le Manifest au Queensland était mémorable, le Fractangular est une folie furieuse et absolument formidable, l'un des meilleurs festivals de ma vie, si ce n'est le meilleur. Sur les 72h de musique, nous en passons les trois quarts face aux deux énormes murs de son de la main stage. Il y a bien deux autres scènes, mais la trance crachée par les DJs et les enceintes de la principale est tellement fracassante que nous ne la quittons que quelques heures par jour pour engloutir un paquet de nouilles ou dormir une heure ou deux.











Bondissant au milieu des tourbillons de poussières des heures durant, la musique galopant dans une déco psychée à souhait, la vie est belle et le temps s'arrête. Seul la course du soleil et de la lune tente désespérement de nous rappeler que le terre continue de tourner.














L'état d'esprit environnant est toujours aussi peacefull, festif et amical, familial. Toujours aucun débordement, des sourires de partout, tout le monde est avec tout le monde... Si la terre pouvait fonctionner comme ça de partout et tous les jours...





Enfin voilà, un son qui défouraille, des amis, des rencontres, la forêt, la rivière pour se laver, le beau temps... Que demander de plus?


Bon, le principe est quand même de redescendre sur Terre à un moment. Lorsque tout s'arrête lundi matin, nous sommes échoués, rétamés, épuisés. Et la petite pointe de nostalgie apparait, celle qui montre que c'était vraiment, vraiment bon. Nous remballons doucement nos affaires, et je part avec Brice après plus d'une heure d'aux revoir et d'échanges de numéros.


Je ne sais toujours pas où je... Ah si

Quel est le plan pour la suite? Et bien je suis toujours plus ou moins en perdition, indéci... Dans tous les cas, il me reste toujours près de deux semaines avant d'attaquer les pommes, et après le travail dans le cherry picking durant lequel vous n'êtes plus qu'un numéro et ces trois jours de folie, j'ai besoin de me mettre au vert, au calme dans la nature.

Mon  premier plan était d'aller me perdre dans un parc avec des réserves de nourriture, d'aller m'isoler au milieu d'une contrée sauvage et de randonner au milieu de nul part, peut être au sud ouest de l'ile. J'ai besoin de verdure. Malheureusement, la vie sans chaussures de ces derniers jours m'a laissé un souvenir cuisant : un trou d'un bon centimètre dans la voute plantaire, causé par une racine... Il faut que je me retape, et je décide de retourner me poser quelques jours pour me soigner et me reposer à Campania avant d'aller crapahuter.

Nous marchons quelques minutes avec Brice en tendant le pouce, et un couple nous embarque. Coup de bol pour moi, ils vont vers le sud et passent par Sorell, et je laisse mon ami, qui remonte vers le nord.

En ville, je recharge mes réserves de boustifaille, impatient de pouvoir me poser, abattu que je suis.

Un dernier effort pour rejoindre la sortie de la ville en trainant mes pieds meurtris et lever le pouce, et... Et bien le hasard s'en mêle une fois de plus, de manière toujours aussi incroyable. Je voulais de la verdure? De la nature? Il va me donner encore plus, comme à son habitude. Il suffit de demander!
Un camion s'arrête, j'y grimpe. C'est ainsi que je fais la connaissance de Paul.

L'entente est instantannée. Mon hôte, avec sa grande barbe et son chapeau, est rieur et très sympa, nous papotons ouvertement dès les premières minutes. Je lui explique que j'attend la saison des pommes, et que je ne sais pas trop quoi faire d'ici là. Il me regarde avec un grand sourire avant de m'annoncer qu'il monte actuellement un projet de permaculture dans la forêt à côté de Buckland, et qu'il recherche des volontaires pour compléter son équipe, organisée en communauté. C'est un woofing, il n'y a donc pas d'autre salaire que le gite et le couvert. Quand à la permaculture, je sais vaguement qu'il s'agit d'une méthode d'agriculture biologique, sans me douter encore que le concept recouvre bien d'autres aspects.

Il y a seulement quelques heures, je parlais de me mettre au vert, et me voilà servi! Sans rire, des fois je me demande si ce n'est pas fait exprès... Inutile de dire que je suis plus qu'emballé par la perspective de vivre au milieu de nul part avec une communauté venue des quatres coins du monde en travaillant dans une ferme biologique, le tout sans dépenser d'argent. C'est en plus pour moi et mon ame d'écologiste l'occasion d'en apprendre plus sur la permaculture. Je ne met pas longtemps a me decider. Je me reposerai une autre fois, J'accepte le poste avec plaisir, nous prenons rendez-vous pour le lendemain et je rejoins Campania pour un après midi de nettoyage post-festival, avant de me poser sereinement, ravi d'avoir trouvé en quelques heures une occupation à la mesure de mes attentes, partie pour être une nouvelle et superbe expérience.

Pour couronner le tout, un autre événement va illuminer encore plus, si c'était possible, ma soirée. Nous décidons avec Léonore de nous retrouver et de reprendre notre Petit Tour à deux. Le fait de voyager séparément pendant deux mois nous aura appris bien des choses, mais il aura surtout confirmé que nous ne pouvons nous passer l'un de l'autre. La perspective de retrouver ma Léonore ne me rend pas heureux, c'est beaucoup plus que ça. Je flotte béatement sur un nuage de bonheur, et me couche comblé, un sourire benêt aux lèvres. Punaise que la vie est belle!

Au prochain épisode, la permaculture!