mercredi 13 janvier 2016

Chiang Mai : une ville magnifique pour un renouveau et une variété très appréciables



On enchaîne on enchaîne!

Encore un dernier petit (si si, juré, petit!) article avant d'attaquer notre histoire Birmane.

Pour ce dernier récit de la première partie de notre vadrouille en Thaïlande, nous vous emmenons à Chiang Mai, capitale de la province du même nom dans le nord de la Thaïlande, pour quelques jours qui ont vu se varier nos activités. Et il était temps!

Quelques jours intenses et bien remplis dans la deuxième ville de Thaïlande par son importance, capitale du nord et de la culture, avec un passage au ciné dès l'arrivée, obligatoire en cette fin décembre 2015 (oui obligatoire, il y a des choses avec lesquelles on ne déconne pas! Non mais...), évidemment encore du temple, cette fois à dose modérée mais concentrée et surtout jouissive, et enfin une petite journée un plus sauvage de sillonage de parc aux mille merveilles en mobilette.

Egalement pas mal de boulot, pour préparer notre incursion tant attendue en Birmanie, que nous rejoindrons directement après.

Le lâcher-prise est là, la réimplusion aussi, et nous papillonons au gré de nos envies sans trop nous embêter, tout en savourant l'attente qui ne manque pas de pointer le bout de son nez lorsqu'on s'apprête à découvrir un nouveau pays. Et tout va bien!


Un long trajet, mais c'est pas notre faute!


Nous vous avions laissé à Sukothai. Durant les jours précédants notre départ, nous avons décidé de faire étape juste en-dessous de Chiang Mai, à Lamphun, suite a un contact avec un ami de mon père qui habite en Thaïlande et qui nous a gentillement invité à passer le voir. Coup de bol, Lamphun se trouve sur la ligne de train que Chiang Mai, seulement 15 kilomètres avant. Pour y aller depuis Sukothai, nous devons d'abord retourner à Phitsanulok en bus pour y attraper le train.

Dès le début de notre histoire, c'est le bazar : nous souhaitons prendre le premier bus de la journée à 6h du matin, afin d'arriver à Phitsanulok à temps pour attraper dans la foulée le seul train 3è classe de la journée à 7h30. Nous avons donc prévu de quitter la vieille ville aux alentours de 5h, or les navettes ralliant Old Sukothai à la station de bus, à 15 kilomètres, ne circulent qu'à partir de 8h, et nous avons donc arrangé méticuleusement une course en tuk-tuk avec un chauffeur à notre retour de Si Satchanalai la veille du départ.

Nous voilà donc tout ensommeillés au bord du trottoir, le soleil n'est pas encore levé... et visiblement notre chauffeur non plus.

L'heure tourne, aucun véhicule à l'horizon, nous sommes affalés par terre sur nos sacs...

6h arrive, le bus pour Phitsanulok doit quitter en ce moment même la station de New Sukothai, et nous nous levons, soupirants, pas énervés pour un sous, juste désabusés par une situation tellement banale après bientôt un an passé en Asie... C'est toujours pareil, il n'y a jamais moyen d'être à peu près carré. La plupart du temps nous adorons ça, mais parfois un peu de rigueur ne serait pas de refus.

D'un autre côté, ça fait hurler : les chauffeurs de taxi, de tuk-tuk, de rickshaw, de tout ce qui peut transporter des gens dans cette partie du monde sont les plus insistants, les plus prompts à vous sauter dessus, au détour d'une rue ou à la descente de votre bus après 15 heures de route de nuit. Les chauffeurs de mobilette vietnamiens, de tuk-tuk cambodgiens, de taxi ou de songthaew thaïlandais rythment vos journées de leur sempiternels appels, tandis que vous répétez une centaine de fois chaque jour la phrase ''no, thanks''. Partout, tout le temps.

Et aujourd'hui que nous avons besoin de l'un d'entre eux, que nous sommes allés trouver de nous-mêmes, volontairement, pour lui réserver une course, de nuit donc surtaxée qui plus est, que nous avons répété avec lui l'horaires, le prix et l'endroit... Le gars ne se pointe pas! Sans parler du fait que nous nous sommes levés à point d'heure pour rien, il perd des sous et nous perdons du temps... Mais que peut-on y faire?

Nous rejoignons l'arrêt des navettes devant l'entrée du parc archéologique et embarquons pour nous mettre en route quelques dizaines de minutes plus tard. Le chauffeur, sympa, part un peu en avance sur son horaire pour nous faire rattraper un peu de temps. Le bon point dans tout ça, c'est que le trajet en navette jusqu'à la station ne coûte que 30 baths, beaucoup moins que les 150 d'un tuk-tuk privé en horaires de nuit!

Nous attendons le bus une bonne heure, mais de toute façon nous sommes déjà marrons pour rallier Chiang Mai aujourd'hui. Une journée bien vite pliée!

Enfin bon, toute cette histoire nous donne un bon prétexte pour passer la soirée et la nuit dans notre Phitsanulok bien-aimée que nous avons tôt fait de retrouver! Don't worry, be happy!

Nous reprenons une chambre à la London, et passons notre soirée à flâner dans les environs et à nous composer un dîner aux petits oignons en nous approvisonnant à droite à gauche.

Au matin, levé aux aurores pour rejoindre la gare et attraper notre train (61 baths le ticket, comptez 65 baths pour aller directement à Chiang Mai)

Le trajet de 6 heure vers Lamphun nous paraît interminable, mais nous débarquons finalement en milieu d'après-midi dans une petite gare, devant laquelle nous nous posons pour attendre notre hôte qui doit venir nous y récupérer.

Une heure plus tard, toujours personne... Décidément... Heureusement, nous sommes tout près de Chiang Mai, que nous décidons de rallier directement avant que l'heure n'avance trop.

Problème, le prochain train passe à 19h, nous ne savons pas du tout où nous sommes, nous n'avons aucun renseignement sur les bus qui passent à Lamphun, et la perspective de taper les 15 kilomètres à pied sur la route et sous le cagnard ne nous emballe pas des masses...

Nous partons en quête d'informations, et les habitants nous aiguillent rapidement vers la rue principale du bled, où un tuk-tuk commun nous embarque pour le centre de Chiang Mai. Finalement, cette inutile étape n'aura pas été trop chère en temps et en argent. Nous allons bien finir par arriver!

Nous nous faisons dropper en plein milieu d'une place de marché. Après un petit coup d'oeil aux rues alentours pour nous localiser sur notre carte, nous dégainons la boussole et nous mettons en route vers l'ouest pour les 2 kilomètres qui nous séparent du centre touristique.

Nous traversons une zone urbaine dense pleine de magasins, et aboutissons finalement aux douves qui entourent le centre historique. Une fois à l'intérieur, la chasse à la piaule commence.

La pleine saison ne bat pas encore son plein, et malgré la popularité de la ville nous nourrissons quelques espoirs de trouver une chambre abordable.

Après quelques bornes supplémentaires et 5 ou 6 établissements visités, nous trouvons notre bonheur pour 230 baths la nuit. La piaule est spartiate, minuscule, avec salle de bain partagée. Mais comme d'habitude, nous ne venons pas là pour dormir!


Chiang Mai : réveil de la force et éblouissantes découvertes


Bon, ce n'était pas évident, mais nous y voilà! En revanche, nous sommes épuisés, et la journée touche à sa fin...

Après un petit café requinquant au coucher du soleil, nous rejoignons le bord des douves, découvrant pléthore de stands de street food, et après plus d'une demi-heure d'hésitation, nous nous posons enfin dans la rue sur des tabourets en plastique pour engloutir un riw frit, avant de rentrer nous coucher.

Le lendemain, nous sommes le 17 décembre. Alors il y a un temps pour prôner les valeurs du voyage et l'importance du retour à la vie simple et dénuée de superflu, de l'existence alternative en dehors des rouages dégueulasses du système mondial. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, nous allons engraisser l'une des plus grande multinationale de la planète. Et aujourd'hui, on s'en tamponne les amygdales avec un sabre laser. Aujourd'hui... Le nouveau Star Wars est de sortie!

Au réveil, je suis fou. Comme un dingue. Cela fait des jours que Léonore supporte mon impatience, ma fixation sur cette date. Le destin a voulu que nous arrivions à Chiang Mai, richement pourvue en cinémas, le jour de la sortie du film. Je dois avouer que je l'ai un peu aidé...

Et oui, votre dévoué serviteur est un fervent fanatique de la célèbre saga intersidérale depuis sa plus tendre enfance. J'ai bien envisagé à quelques reprises, sans doute emporté et illusionné par la fièvre du détachement matériel et de la lutte contre le consumérisme, de ne pas claquer de précieuses ressources dans une chose aussi futile qu'une séance de cinéma...

Comment espérais-je me fourvoyer moi-même ainsi? Certaines choses ne changeront jamais, et on ne lutte pas contre ce genre de chose...

Je vole littéralement, le coeur battant, sur les quelques bornes qui nous séparent du ciné, qui se trouve au milieu d'un grand centre commercial moderne digne de la Part Dieu. Billets achetés, nous sommes les premiers dans la salle, tout ça le jour de la sortie...



Ah je ne suis pas fier. Si en plus, je vous dis des bêtises, je le suis. Il y a probablement une leçon à tirer de tout ça...

Evidemment, nous n'allons pas parler du film ici, même si ce n'est pas l'envie qui manque!

Dans la série des petites anecdotes, nous sortons de la salle fiers comme des coqs (dès que j'eus fini de sécher mes yeux un brin humides...) : nous venons de regarder sans problèmes un film en version originale non sous-titrée, et notre estime sur notre niveau d'anglais atteint des sommets!

Lorsque nous retrouvons la lumière du jour, la journée est trop avancée, et ma cervelle trop occupée, pour enchaîner sur quelque chose de constructif. Nous nous remettons donc en quête de gaz pour notre réchaud... Et oui, encore...

Et encore une fois, nos recherches sont vaines. Questionnements, tuk-tuk, traversées de la ville et de grands centres commerciaux à l'allure ultra-moderne, tout ça n'aboutit qu'aux échecs et à la perte de temps. Ce n'est pas aujourd'hui que nous pourrons enfin nous remettre à faire notre popote nous-même. En Thaïlande, ça ne pose pas trop de soucis, mais nous ignorons le prix de la nourriture en Birmanie et aurions aimé avoir de quoi faire face en cas de mauvaise surprise. Il faudra faire autrement.

Nous finissons la journée affalés dans l'herbe au bord des douves qui entourent le centre-ville, et je saoule mon adorable et bien courageuse Léonore de mes élucubrations starwarsiennes...

Le lendemain, un certain nombre de tâches nous attendent avant de vadrouiller les rues du centre historique, et nous partons dans les étroites et animées ruelles de la périphérie et ses marchés.



La ville est moderne, developpee, et nous croisons nombre de constructions neuves, qui grignottent peu à peu du terrain sur les bâtiments plus vieux à l'aspect désuet un peu décrépit.

Pour une poignée de baths, nous dénichons des chaussures pour Léonore, qui squatte en tong 24h sur 24 depuis Kampot au Cambodge, où ses anciennes grolles ont été envahies par une colonie destructrice et impossible à déloger de champignons, et un petit sac à dos pour trimballer nos menus effets, que jusqu'à présent nous nous trainions dans des sacs plastiques, quand nous partons en balade... Avec l'envahissant marché chinois tout proche, ces denrées ne sont pas difficiles à trouver!

Nous achevons ensuite nos toutes dernière formalités administratives australiennes, en imprimant, remplissant et postant nos formulaires de demande de retour de taxes pour l'année 2015-2016. Encore un peu plus de pognon en perspective, et ce n'est pas dommage!

Enfin, nous dénichons une librairie d'occasion pour échanger notre magnifique guide d'Angkor contre des nouveaux bouquins qui nous ont cruellement fait défaut durant nos longs trajets de train ici!

Et finalement, nous pouvons nous adonner à un peu d'honnête tourisme!

Nous avons décidé de passer les monuments les plus importants du centre-ville, et de nous arrêter au moindre ras-le-bol.

C'est que Chiang Mai en a dans le ventre, avec plus de 300 temples (autant que Bangkok!) répartis un peu partout dans la ville.

L'état de Chiang Mai fut l'un des premiers à se libérer du joug des môns et des khmers, et la cité du même nom devint la capitale du petit royaume thai de Lanna en 1296. Au fil des siècles, elle perdit son importance fut occupée à de nombreuses reprises par la Birmanie ou les souverains du royaume de Sukothai.

La cité passa sous contrôle birman à partir de 1558, avant d'être repris par les thaîlandais conduis par le roi Phaya Taksin en 1774.

Jadis carrefour commercial pour les marchands d'opium, de soie, de bois, de métaux précieux, entre autres marchandises, Chiang Mai est toujours aujourd'hui un grand centre de commerce transfrontalier, florissant et mélangeant ancien et moderne.

Le centre historique, grand carré entouré de douves, constitue le coeur de l'ancienne capitale. Au fil des siècles, il fut entouré de murailles dont des morceaux subsistent encore aujourd'hui.

Durant nos vadrouilles, nous découvrons des bâtiments à l'architecture résolument coloniale, des places immaculées aux sculptures d'art moderne entourées d'édifices récents, de larges avenues bordées de bars, d'hotels, de restaurants et de salons de massage ou de spa. Dans les petites ruelles, nous trouvons parfois un décors un peu plus vieillot, et l'ensemble, étonnament calme mais tout de même bien rempli de touristes, se laisse agréablement parcourir.

Rien n'est imposant, aucun bâtiment de plus de quatre étage ne se plante dans le panorama, bref, nous parcourons une sympathique petite ville.

Je dis que rien n'est imposant, mais c'est sans compter les pagodes. D'aspect plus récent que les tas de briques que nous parcourons depuis une semaine, certaines d'entre-elles vont nous éblouir, à grand coup de dorures et de mosaïques de verre colorees. Et le comble, qui nous enchante après Ayuthaya et Sukothai : tout est gratuit!

Nous commençons par nous balader au hasard, dénichant quelques petits temples délicieusement déserts, tel que le Wat Dok Euang et le Wat Duang Di.









Nous nous rendons ensuite au Wat Phan Tao, l'un des trésors de Chiang Mai, entièrement réalisé en teck. Son architecture unique moins flashie que les autres temples que nous avons eu l'occasion de voir, son stupa noir, rouge et or, et son parc paisible où flottent des dizaines de fanions lui confèrent une atmosphère très particulière dont nous profitons un bon moment.





Juste à côté, nous découvrons une autre des perles de la ville, le Wat Chedi Luang, grand ensemble de temples au centre duquel s'élèvent les vestiges d'un grand et vieux chedi édifié en 1441. De nombreux moines s'activent dans le complexe un peu trop fréquenté à notre gout, ce qui n'enlève rien à sa splendeur. A nouveau, ça nous change! A noter que le bouddha d'émeraude que nous avions pu admirer à Bangkok au Wat Phra Kaew a séjourné ici en 1475.











Nous continuons notre chemin pour tomber par hasard sur le petit Wat Chai Phra Kiat.



Nous continuons avec le Wat Phra Singh, le plus visité de la ville. Construit entre 1345 et 1400, il attire aussi bien les touristes que les dévots thaïlandais, pour la bonne raison qu'il abrite le Phra Singh, littéralement le ''bouddha lion'', le plus vénéré de la ville. Encore une débauche de dorures, de mosaïques en verre et de halls d'ordination grandioses. Le fameux bouddha lion est quand à lui nimbé d'une fantastique et surréaliste aura lumineuse.



Empreinte du pied de Bouddha



















Et ça nous suffit pour aujourd'hui! Le soir venu, nous préparons activement notre arrivée en Birmanie, avant de prendre un peu de repos. Une bien belle journée qui nous a rabiboché avec le sight seeing et aura fait renaître des étoiles dans nos yeux!


Le parc Doi Suthep-Pui et le lac de Huay Teung Thao


Pour notre dernier jours à Chiang Mai, nous avons soif de nature, et nous décidons d'aller vadrouiller la campagne environnante. Un endroit a retenu notre attention : le parc national de Doi Suthep-Pui, à 16 kilomètres au nord-ouest de la ville, qui abrite un grand sanctuaire au milieu de la forêt, le Wat Phra That Doi Suthep. Ba oui, il faut bien un peu d'édifices religieux, sinon ce n'est pas rigolo!

Après avoir embarqué quelques provisions de brochettes et de riz gluant au marché du coin, nous louons un scooter (140 baths pour la journée), et commençons la grimpette de la colline sur laquelle s'étale le parc. Il faut préciser que l'entrée des parcs nationaux thaïlandais coûtent toujours 400 baths, qu'il n'est pas nécessaire de payer ici pour aller voir le temple et ses proches environs.



Nous nous élevons dans les collines à travers la forêt, profitant de la verdure et du vent, pour arriver au Wat... Et le trouver fourmillant de monde. Touristes, thaïlandais, moines, la zone est bondée, et des dizaines de cars, de minibus et de taxis déversent un flot continu de visiteurs... Nous mettons pied à terre et nous frayons un chemin dans la masse pour grimper les 306 marches qui mènent au temple.

Sur place, il y a foule, mais c'est beau. Mais il y a foule. mais c'est beau, mais... J'arrête.

Edifié en 1383, le Wat Phra That Doi Suthep est l'un des temples les plus vénérés de la région. Son chedi central en bronze et couvert de feuilles d'or est éblouissant sous les rayons du soleil, autour s'alignent des dizaines de bouddhas en bronze, en pierre, en jade ou en bois, et la place centrale est bordée de salles abritant statues du seigneur et fresques décrivant son histoire.

Par ailleur, le bouddhisme theravada, au cour de son expansion durant la période de Sukothai, ayant absorbé plutôt que remplacé le brahmanisme, nous tombons également sur des représentation de dieux hindous ainsi que sur des sculptures en bois représentant les grandes scènes du Mahabharata et du Ramayana.

Nous constatons que la foule est composée majoritairement de pélerins plutôt que de touristes, et des dizaines de rituels et de prières s'accomplissent sous nos yeux. Mais encore une fois, l'agitation de la zone ne favorise pas vraiment l'atmosphère spirituelle et la méditation, même si la ferveur est omniprésente tout autour de nous.


















C'est qu'on s'en ferait mal aux yeux... Et c'est formidable! A ce niveau là, et après nos découvertes de la veille, nous avons retrouvé notre émerveillement grâce à de si fantastiques édifices! Il suffisait de lâcher un peu les ruines, voilà tout.

Nous grignotons notre pique-nique dans un petit jardin tout fleuri au fond d'un recoin abandonné du temple, et réfléchissons à la suite de la journée. Feuilletant notre guide, nous cherchons un dernier spot intéressant et original, jetant bientôt notre dévolu sur le lac de Huay Teung Thao, une étendue d'eau située au pied des montagnes à 12 kilomètres au nord de la ville, apparemment très appréciée des thais pour ses balades et son cadre naturel.

Nous dégringolons de la colline et tirons vers le nord. La route est avare en indications, mais heureusement les habitants sont là! Après quelques arrêts au-secour-on-est-paumé, nous arrivons sur les rives du lac.

Une étendue d'herbe boisée mène à une plage de galet. De part et d'autre du lac se dressent de petites cahutes en bambou sur pilotis à l'abris desquelles se prélassent les familles en villégiature, et au-dessus de ses eaux sombres se dressent de petites montagnes couvertes d'une jungle dense. Après une petite pause face aux flots, nous faisons le tour du lac. Pas de quoi fouetter un chat, mais c'est sympa!




Et puis il est temps de rentrer!

Nous concluons notre petite vadrouille de Chiang Mai par un dernier petit plat au marché de nuit et la préparation du départ de Thaïlande (oh les frissons!).

Nous mettrons les détails de notre programme (aussi léger soit-il!) en Birmanie sur notre prochain article.

Pour l'heure précisons juste comment nous comptons rejoindre la frontière : plusieurs points de passage existent entre la Thaïlande et la Birmanie, et nous avons envisagé plusieurs itinéraires incluant quelques spots supplémentaires en Thaïlande. Mais en fin de compte, l'impatience est trop grande, le temps nous manque avant l'arrivée de mes parents, et nous ne gardons que le chemin le plus rapide (qui ne mène pas nécessairement au côté obscur comme vous pourrez le constater dans les jours prochains...), qui devrait nous faire repasser par Phitsanulok, où nous prendrons un bus pour l'ouest et Mae Sot, ville frontalière thaïlandaise . Et nous aviserons sur place.

Le lendemain, nous nous retapons donc 6 heures de train pour retourner dans la ville qui est devenu un véritable quartier général pour nous grâce au peu d'argent que nous y dépensons et à sa sympathique atmosphère. Le petit café glacé du soir en bord de rivière au coucher du soleil est magique!




Nous passons la fin de journée et celle du lendemain a cravacher sur le blog histoire de prendre de l'avance. Le déplorable état d'internet en Birmanie est en effet célèbre, et nous ne voulons pas gâcher les précieux jours que nous allons passer là bas à squatter devant un écran d'ordinateur...

Nous n'en pouvons plus d'attendre. Et dire que bientôt, nous découvrirons enfin ce pays dont on nous a temps parlé! Le matin du départ pour Mae Sot met une éternité à arriver...

En tout cas, nous sommes ravis de notre petite virée à Chiang Mai, qui aura apporté une certaine variété dont nous avions bien besoin après les ruines un peu répétitives d'Ayuthaya et de Sukothai. La vieille ville est agréable, ses temples sont tout simplement éblouissants, au sens propre comme au figuré, et les petites balades que nous avons fait aux alentours nous ont permis de prendre un peu le vert. Sans parler du cinéma. Cela faisait près d'un an et demi que nous n'avions pas mis les pieds dans une salle obscure! Et pour quelle occasion...

Voilà, nous y sommes. En plein sur la rampe de lancement pour une contrée dont nous entendons parler depuis le début du voyage, une contrée qui nous fait de l'oeil depuis que nous avons attaqué la préparation du voyage il y a trois ans, qui nous aguiche cruellement à cause de sa situation politique très particulière qui tour à tour, au fil des mois, nous a fait espérer pouvoir la découvrir ou au contraire nous a fermé ses portes.

Une contrée avec laquelle nous avons déjà une histoire avant même de l'avoir foulé.
Et aujourd'hui c'est sûr. Les incertitudes sont balayées. Nous y allons!

Nous savons d'expérience qu'il est primordiale de pondérer ses attentes d'un pays pour éviter de cuisantes déceptions, mais cette fois, après avoir entendu depuis si longtemps de si merveilleuses histoires, l'exercice est difficile...

A bientôt douce Thaïlande, et prépare-toi Birmanie, le Petit Tour arrive!

dimanche 10 janvier 2016

Ayuthaya et Sukothai : Remontée dans le temps et les anciens royaumes de Thaïlande

Salut le monde, bonne année, bonne santé, plein d'amour, de bonheur et de paix!

Voici le premier article de 2016, et le deuxième consacré à la Thaïlande.

Après un premier contact plus que sympa avec le quinzième pays de notre petit tour à Bangkok, nous avons attaqué notre périple vers le nord et Chiang Mai, durant lequel nous nous sommes arrêté sur les plus célèbres sites archéologiques du pays.

Aujourd'hui, nous vous emmenons donc découvrir les capitales des premiers royaumes de Thaïlande, Ayuthaya et Sukothai. Encore beaucoup (trop?) d'histoire et de vestiges en perspective à travers des sites que nous avons beaucoup apprécié dans leur ensemble, même si parfois, à Ayuthaya notamment, certaines des visites ne nous ont pas emballé plus que ça. Le tout dans un pays qui se laisse adorablement découvrir.

Malgré une petite et tenace impression que nous détaillerons en fin d'article, on le redit, la Thaïlande, c'est du velour!

A commencer par le système ferroviaire...


Ayuthaya, c'est bien...


La nourriture pas chère et variée, les gens attentifs et souriants, des lignes de bus publiques... Notre séjour à Bangkok à été une véritable promenade de santé!

Notre prochaine destination, Ayuthaya, ne se trouve qu'à deux heures de train de la capitale, et le voyage qui doit nous y conduire va nous permettre de tester l'efficacité des gares et des chemins de fer thaïlandais.

Nous quittons la Khao San Street au petit matin, direction l'arrêt de bus. Nous sommes vite aiguillés vers notre ligne, et arrivons bientôt à la Hua Lamphong Railway Station, la gare centrale de Bangkok.

Et tout passe comme dans du beurre! Un guichet désert, un billet de train troisième classe à 15 baths, des panneaux d'affichage de partout qui nous permettent de trouver notre quai sans avoir à chercher... Et même quand nous y sommes, face aux wagons, nous avons encore droit à l'agent qui veut s'assurer que nous sommes bien au bon endroit et qui nous montre avec un sourire complice les rames les moins bondées!

A l'intérieur du train, forcément, c'est de la classe économique : deux rangées de sièges à peine rembourrés qui se font face deux à deux sous quelques ventilateurs grinçants. Mais nous trouvons une place assise, il n'y a pas grand monde... C'est parfait! Après la traversée l'Inde en seconde classe sans réservation, cette débauche de confort est digne des wagons première classe de l'Orient Express!



Pour information, il existe trois classes dans les trains en Thaïlande : la troisième, la moins chère, celle que nous utilisons et dont nous venons de parler; la deuxième et la première. Ces deux dernières classes coûtent beaucoup plus chère que la troisième et se divisent en de nombreuses catégories suivant le train que vous prenez. Elles sont toujours climatisées. A noter que certains trains de jour ne proposent que des sièges de troisième classe, à l'inverse de certains trains tels que les express qui ne comportent que des wagons de première ou deuxième classe (Plus d'infos sur le site officiel).

Deux heures plus tard, nous voilà à Ayuthaya. A savoir que le gros de la ville et la plupart de ses sites archéologiques se trouvent sur une île délimitée par les bras des différents canaux et rivières qui coulent autour. La gare se trouve juste à l'est de l'île, à 2 ou 3 kilomètres du centre, et nous partons à pied sous un soleil de plomb, en quête d'un point de chute. La marche est torride et plus longue de prévue, la faute au seul pont qui traverse la rivière depuis notre côté, et qui nous fait faire un sacré detour...

Nous découvrons finalement, au nord-est de la ville, la rue Soi 5 et son cortège de guest houses, et la magie continue : nous prospectons à peine 10 minutes avant de tomber sur un clapier aux chambres de bois avec salle de bain commune à... 180 baths! Et paf! Voilà que nous atteignons les prix laotiens!

A quelques encablures, nous dénichons 2-3 étals de nourriture, et nous enfilons un petit café avant de fureter. Plus de pad thais ici, et nous nous en remettons à notre méthode vietnamienne : choisir au hasard parmis des aliments non identifiés. Nous trouvons un stand de brochettes et prenons un peu de tout avant d'aller goûter tout ça au bord d'un trottoir, croquant des morceaux d'on ne sait pas trop quoi, parfois de viande ou de poisson, parfois débordant de piment, tantôt secs et caoutchouteux, tantôt gélatineux... Un repas intéressant!

Avec tout ça, il nous reste l'après-midi pour commencer à vadrouiller la zone. Nous remettons les édifices les plus importants à demain, et nous baladons parmis les ruelles et les sites secondaires du nord-est de la ville.


Avant de poursuivre, l'habituel contexte historique est de mise!

Du point de vue de l'histoire de la Thaïlande, l'époque florissante d'Ayuthaya est postérieur à celle de Sukothai, capitale du premier royaume thaïlandais que nous explorerons dans quelques jours.

Après l'âge d'or de Sukothai, les souverains d'Ayuthaya montèrent en puissance entre le 14è et le 15è siècle, faisant de la ville la nouvelle capitale du royaume en 1350. Ils s'emparèrent des dernières places fortes khmers en Thaïlande, poussant leur avancée vers l'est jusqu'à la chute d'Angkor en 1431.

Ayuthaya était alors l'une des plus grandes et prospères cités d'Asie, et son influence s'étendait jusqu'au Laos, au Cambodge et au Myanmar actuels.

Pendant quatre siècles, les monarques d'Ayuthaya firent du royaume de Siam une grande puissance mondiale. Des marchands hollandais, français, portugais, anglais, japonais et chinois faisaient affaires dans la capitale, qu'ils décrivaient comme une splendeur. A la fin du 17è siècle, la cité d'Ayuthaya avait dépassé le million d'habitants!

Cet âge d'or pris fin définitivement en 1767, lorsque les armées Birmanes mirent à sac la ville et firent prisonniers les membres de la famille royale.

Lorsque les royaumes Thais se réunifièrent et que la capitale fut déplacée aux environs de Bangkok, Ayuthaya devint un port marchand, et ses formidables édifices tombèrent en ruines, jusqu'au milieu du 20è siècle où les projets de restauration virent le jour.

Aujourd'hui, il ne reste que peu de traces de cette gloire passée, mais les ruines qui ont survécu (et comme à Angkor, par ''peu'' j'entends plusieurs centaines!) permettent d'entrapercevoir ce que fut la grandeur de la cité d'antan.


Comme nous l'avons dit, nous n'attaquons pas par les plus beau sites du coin pour ce premier après-midi. Le fait est qu'il y a quand même énormément de choses à voir à Ayuthaya, et des ruines se dressent de partout à l'intérieur même de la ville! On ne peut pas faire vingt mètres sans tomber sur les restes d'un stupa ou d'un temple.

La majorité des sites est dédié au bouddhisme, qui supplenta l'hindouisme quelques siècles plus tôt, et qui constitue aujourd'hui la religion majoritaire du pays : près de 95% des thaïlandais sont bouddhistes.

Nous passons d'abord le Wat Khun Saen, un petit chedi (terme thaïlandais pour désigner un stupa, tour en forme de cloche retournée censée renfermer une relique du seigneur) partiellement restauré qui a conservé une grande partie de sa structure d'origine. La date de sa construction n'est pas connue avec certitude, mais elle doit se situer vers la fin du 16è siècle.











Nous poursuivons avec le Wat Yannasen et son chedi datant du 17è.



La chaleur est écrasante, l'après-midi est bien avancé, et nous décidons de rentrer. Il faut dire que malgré la température torride à laquelle nous sommes soumis depuis un mois et demi, Léonore a réussi à s'enrhumer... Ce n'est pas une blague, la pauvre parle du nez, doit se moucher toutes les trentes secondes et est exténuée!

Cette première petite balade ne nous a pas montré une ville des plus jolie : Ayuthaya, c'est des petits immeubles, quelques marchés minuscules et de grandes avenues carrées remplies de bagnoles... En revanche, nous avons eu vent d'un marché nocturne se tenant sur les bords de la rivière à la nuit tombée.



Le soir venu, nous marchons jusqu'à l'extrême nord-est de l'île pour trouver effectivement quelques étals de nourriture, tenus par des thais et des membres de la petite communauté musulmane qui habite la ville.

Nous dégotons des morceaux de poulet panés et frits que nous accompagnons d'espèces de beignets à la crême sucrés. En ce qui concerne le poulet, à 10 baths le sachet, c'est en grande partie de la peau, mais aussi tous les restes de l'animal que nous nous retrouvons à ''déguster''... Je tombe par exemple, sous la couche de chapelure, sur une authentique tête à laquelle sont accrochées quelques vertèbres. Léonore, de son côté, grimace de dégout lorsqu'elle croque l'un de ses morceaux. Nous ne saurons jamais ce qu'elle vient d'avaler, mais c'était visiblement immonde... Il y a aussi les pattes, mais nous avions déjà testé la chose au Vietnam, et ce n'est pas dégoutant.

Hors de question de gaspiller, nous finissons tout. Un bien étrange diner, dont le cadre magnifique réhausse le niveau : au bord de la rivière, face à une pagode colorée et entièrement illuminée. Le summum étant atteint lorsque la mosquée toute proche balance l'appel à la prière! Ca faisait longtemps!


Le lendemain, nous louons deux vélos pour rejoindre l'ouest de la ville et le parc archéologique à proprement parler.

A savoir qu'il faut débourser la coquette somme de 50 baths pour chaque édifice du site... Après quelques recherches, nous découvrons que les locaux, de leur côté, ne payent que 10 baths. Sans rire, des entrées facturées 5 fois plus cher pour les étrangers? Nous avons rarement constaté un niveau d'entubage pareil...

Nous commençons par le Wat Phra Mahathat, édifié au 14è siècle. Temple royal, il fut agrandi au fil des ans avant de s'effondrer et d'être reconstruit en 1633. Principale curiosité du site : une tête de bouddha sertie dans les racines d'un arbre! Cette alliance entre le divin et la nature est encore aujourd'hui considérée comme un symbole de bon augure dans la culture locale.
















En face du Phra Mahathat se dresse le Wat Ratburana, construit d'après les chroniques royales en 1424 sous le règne du roi Boromrachathirat II, à l'endroit même où les dépouilles de ses frères furent incinérées.









Nous continuons notre route vers l'ouest pour atteindre le Wat Thammikarat, dont le chedi central est porté par une série de statues de lions, les singhas. Autour se dressent d'autres ruines, telle que le Hall Royal, et sur certaines d'entres elles nous découvrons de véritables forêts de statuettes de coqs. L'animal, sacré et particulièrement vénéré en Thaïlande, est sencé représenter la réincarnation du roi. Près des vestiges, un temple un peu plus récent accueille un bouddha couché auprès duquel les fidèles viennent se recueillir en nombre.






Nous remontons en selle pour empreinter le chemin de terre qui quitte le temple... et je manque de tomber après une vingtaine de mètres, lorsque qu'un véritable dinosaure surgit du bas-côté de la route et traverse à toute allure juste devant ma roue pour se jeter dans un étang tout proche! Le sursaut passé, nous marquons une pause pour observer la bestiole : un énorme lézard de plus d'un mètre vingt de long qui nous rappelle le big goana australien.

Après cette sympathique et surprenante rencontre reptilienne, nous rejoignons le Vihara Phra Mongkhon Bophit, un temple à l'allure beaucoup plus récente. Il fut en effet détruit, déplacé, détériorer et restauré à de nombreuses reprises au fil des siècles, jusqu'à sa dernière rénovation en 1956.












Jouxtant le Vihara nous attendent les ruines du Wat Phra Si Sanphet. Bati a la fin du 14è siècle, ce complexe accueillait les plus importantes cérémonies royales. Avec son alignement impressionant de trois énormes chedis blancs qui changent agréablement des éternelles briques rouges, c'est celui que nous avons préféré ici, et ce malgré la très grande affluence de visiteurs qu'il attire.







Nous pédalons encore un peu, tandis que le soleil décline, jusqu'au Wat Phra Ram. Les archéologues ne sont pas bien fixés sur la période de sa construction, qui se serait étalée sur une période de trois siècles. Certains avancent que c'est dans ce temple qu'eu lieu la crémation du roi U Thong, le souverain fondateur du royaume d'Ayuthaya.



Et puis ça ira bien pour aujourd'hui! Il faut dire ce qui est : des temples, des temples et encore des temples, au bout d'un moment ça lasse un peu...

Le soir venu, nous faisons provision de brochettes que nous accompagnions de riz gluant pour le diner (toujours suivant notre base de 60 baths par personne et par repas. Décidement, rien que pour la boustifaille, ce pays est déjà un rêve!), et préparons notre prochaine étape.

Après Ayuthaya, nous voulons remonter un peu plus dans l'histoire de la Thaïlande en visitant les ruines de Sukhothai, la capitale de l'ancien royaume du même nom. L'actuelle ville de Sukhothai se trouve à quelques centaines de kilomètres d'Ayuthaya, que nous souhaitons parcourir, une fois n'est pas coutume, en train.

Après quelques recherches, nous établissons notre plan de route : Sukhothai n'est pas déservit par le réseau ferrovière, et nous devons d'abord rallier la ville de Phitsanulok, ville-carrefour du nord du pays, pour y prendre un bus vers notre destination finale. Un train part demain à 9h, pour arriver en milieu d'après-midi à Phitsanulok, nous permettant d'embarquer directement pour Sukhothai dans la même journée. En troisième classe, le billet coûte 58 baths, soit 1 euro 50 par personne! Douce Thaïlande...

Ayuthaya, dans nos esprits, s'en sort avec la mention bien mais pas top. Beaucoup de monde, une facture cumulée assez épicée (presque 10$ chacun en fin de journée tout de même...), quelques magnifiques édifices et beaucoup de vieilles briques rouges, le tout bien rangé dans un cadrillage de routes goudronnées. L'ensemble nous a semblé un peu avare en détails foisonnants, en toutes ces petites choses qui transcendent un vestige : bas-reliefs, statues, sculptures etc... Mis à part les impressionants stupas du Wat Si Sanphet et la tête de Bouddha enchassée dans ses racines (qui a clairement la classe!), nous n'avons eu que peu d'originalités et de curiosités à nous mettre sous la dent.

A savoir que si nous avons choisit d'explorer seulement les sites les plus importants, de nombreux vestiges secondaires s'étalent à la péripherie de l'île. Mais comme nous l'avons déjà dit, nous commençons à ressentir une certaine saturation de ruines et de temples...

Mais comme d'habitude, nous nous souvenons que nous ne viendrons pas ici tous les jours, et nous ne voulons pas passer à côté de quelque chose d'extraordinaire. Espérons que Sukothai nous offre de quoi ranimer la flamme vacillante de notre soif d'histoire et de vieilles pierres! Voilà que nous jouons les blasés... Qu'ils sont difficiles ces voyageurs!


La surprise de Phitsanulok


Levés aux premières lueurs de l'aube, nous partons vaillament mais un brin enfarinés parcourir les quelques 3 bornes qui nous séparent de la gare, profitant de notre marge de temps (quelle belle organisation!) pour avaler un café et une frugale portion de brochettes et de riz gluant au bord d'un trottoir.

A la gare, première déconvenue : le train de 9h ne comporte pas de wagon de troisième classe mais uniquement de deuxième, contrairement à ce que nous avions vu sur la page officielle des trains thaïlandais... Définitivement, les sites web des transports thais sont loins d'être exemples de fiabilité!

La chose ne poserait pas trop de problèmes si les tarifs de la seconde classe n'étaient pas aussi immensément supérieurs à ceux de la troisième : 400 baths pour le même trajet, 7 fois plus!

Le train que nous avions repéré part en fait à 11h, et n'ayant pas vraiment d'autre choix nous achetons deux billets et prenons notre mal en patience, profitant de cette longue attente imprévue pour réviser notre vocabulaire Thai. De ce côte là, nous partons avec une longueur d'avance, étant donné que la langue Thaïlandaise est très proche du lao, dont connaissons quelques minuscules bases. Les chiffres, notamment, se prononcent quasiment de la même façon dans les deux pays.

A 11h... Pardon, midi moins le quart, nous attrapons notre train et partons vers le nord.

Le trajet censé durer 5h en prend finalement presque 7... Un bien long voyage, dans une pampa thailandaise un peu morne et plate, tout en champs et en lignes a haute tension. En revanche, nous adorons les gares, tout droit sorties d'un dessin anime : de petits batiments blancs aux toits de tuiles rouges, des parterres de fleurs de partout, entoures de clotures tout en arrondis peintes de couleur vives, des panneaux d'affichage en ecorce scupltee et vernie... C'est-y pas choupinou!

Evidemment, nous débarquons à Phitsanulok en pleine nuit... Ce n'est pas comme si nous n'étions pas habitués à ce genre de situation, et après un rapide conciliabule, nous oublions Sukhothai pour aujourd'hui et décidons de trouver refuge pour la nuit ici.

Sans être énorme, la ville est de bonne taille, joyeusement animée en ce début de soirée, et nous trainons nos pattes au bord de grandes avenues éblouissantes de néons et d'enseignes clignotantes en quête d'un point de chute. Malheureusement, Phitsanulok n'est pas réputée pour son attrait aupreès des voyageurs, les moyens d'accueil sont visiblement limités, et nous ramons, las, passant au peigne fin toutes les rues, ruelles et boulevards entre la gare et la rivière qui traverse la ville sans trouver le moindre hôtel, tandis que la fatigue s'installe, que les épaules chauffent et que les estomacs jouent des airs de symphonie...

Notre quête va trouver un dénouement inattendu et très heureux, qui va entraîner un léger et positif chamboulement de nos plans : nous trouvons après plus d'une heure de recherche un hôtel, complet, dont le tôlier nous indique un autre établissement, le London Hotel. Sur place, dans une toute petit ruelle, la surprise est grande et belle : les chambres ne coûtent que 100 baths la nuit! Pour des radins fauchés tels que nous, c'est une formidable aubaine. Rendez-vous compte, nous touchons quasiment les prix dont nous jouissions au Népal et en Inde!

Les piaules de cette guest house familiale sont petites mais propres, tout comme les salles de bain partagées, et l'ensemble se permet même de posséder un certain cachet, tout en bois et joliment décoré.

Nous avons atteint au fil des mois un stade où un rien nous suffit pour être bigrement heureux, et la proprio éclate de rire devant nos mines réjouies!

Une fois les sacs largués, nos estomacs vides prennent le contrôle, et nous partons en chasse à travers la ville. Une première exploration vers le nord se révèle infructeuse gastronomiquement parlant, mais nous permet de tomber sur un spectacle pas banal : une grande séance collective d'aérobic se déroule au bord de la rivière, et des dizaines de personnes de tout âge transpirent en mesure au son d'une musique techno en suivant les mouvement d'un entraîneur déchainé sur un podium. Sympa!

Affamés, nous tirons vers l'est, et trouvons bientôt un eldorado... Sur une place, nous découvrons un énorme marché nocturne occupé exclusivement par des stands de nourriture! Les yeux rendus brillant par l'émotion, nous déambulons parmis les étals, au milieu de la foule et de tous les plats imaginables. Autour de nous grillent poissons, viandes et beignets, d'immenses marmites laissent échapper de délicieux fumets, et les vendeurs de glaces, de gâteaux et de noix de coco se disputent les clients avec les marchands de fruits. Un endroit dangeureux pour le porte-monnaie lorsqu'on le parcourt le ventre vide...

Et s'il n'y avait que la nourriture... Tout le marché, richement illuminé, vibre d'une chaleureuse et joyeuse animation. Il y a du monde, mais aucune cohue, aucune bousculade, tout le monde nous sourit, il suffit de s'arrêter devant un étal pour que le tenancier, après un joyeux ''sabaidee'', nous explique instantanément ce qu'il vend et pour combien, et finalement le simple fait de se balader au milieu de tout ça est déjà un plaisir.







Nous mettons ce qui nous parait des heures à nous décider dans ce temple de la graille, et le rêve continue. Avant de nous rabattre sur nos éternelles et bon marché brochettes, rongés par l'envie et la faim, nous demandons sans trop y croire à une vendeuse, toute sourire en entendant notre parler thai hésitant, le prix d'un gros bol de poulet frit et de riz... 30 baths! 30 BATHS! Aaaaah!

Inutile de réfléchir, nous embarquons deux grosses assiettes et nous posons au bord de la route, face aux rivières de lumière des étals, pour dévorer ce qui s'avère être un plat absolument succulent. Le pied!

Alors je sais, ça fait un peu crevard tout un paragraphe juste pour de la nourriture, mais essayez deux secondes de vous mettre à notre place. Au Vietnam, pour moins d'un euro, nous mangions correctement mais pas énormément, et souvent des sandwichs. Au Laos et au Cambodge, c'était pire : pour un euro minimum, le menu était toujours le même : soupe de nouille, riz ou omelette. A ce prix là, nous ne mangions qu'une fois dehors chaque jour, nous contentant de nouilles chinoises déshydratées le reste du temps.

Ici, pour 75 centimes chacun, nous avons des plats complets, de la viande à tous les repas, et une variété de boustifaille phénoménale. Comme je le disais, il nous en faut peu pour être très heureux!
Et ce soir, nous nous couchons très heureux!

Au matin, nous nous tâtons. En une soirée, Phitsanulok, son marché et la chaleur de ses habitants nous ont fait forte impression. Il suffit d'un coup d'oeil sur notre guide, qui nous apprend qu'en plus il y a quelques pagodes ici qui valent vraiment le coup d'oeil, pour nous décider : nous resterons une journée de plus avant de partir pour Sukhothai!

Après un petit café avalé dans la rue, nous remontons la rivière vers le nord. Phitsanulok est pas mal urbanisée et ses grandes avenues sont un calvaire à traverser, mais elle comporte quand même son lot de marchés, petite ruelles désertes qui fleurent bon les épices, et les berges du fleuve sont parfaites pour de petites pauses contemplatives.







Nous faisons un premier arrêt au Wat Ratburan. A savoir qu'au 15è siècle, sous le règne du roi Borom Trailokanat d'Ayuthaya, Phitsanulok fut pendant 25 ans la capitale du royaume, et la cité conserve aujourd'hui quelques vestiges de cette période.




















Une rue plus loin, nous découvrons le Wat Nang Phaya.





La ferveur est présente


Nous arrivons ensuite au plus grand et impressionnant complexe religieux de la ville, le Wat Phra Si Ratana Mahathat, dont la construction débuta en 1357. 

Haut lieu de pélerinage, le sanctuaire est plein à craquer de dévots thaïlandais, dont l'attitude nous rappelle un peu celle des indiens dans les lieux de cultes : tantôt pieux et dévoués, tantôt bruyants touristes venus se recueillir en tour organisé. En tout cas, il y a de l'ambiance, et même si la spiritualité profonde n'est pas tellement au rendez-vous, nous apprécions le bain de foule, étant de plus les seuls étrangers de la zone!





Le temple principale du complexe  abrite un bouddha de bronze, le plus vénéré du pays après le bouddha d'émeraude de Bangkok. La statue fut fondue à la fin de la période de Sukhothai, et constitue une pièce unique en Thaïlande.




La foule des dévots qui paraissent plus participer à un pique-nique entre potes qu'à un pélerinage, les joyeuses familles thaies qui se prennent en photo les mains jointes devant les bouddhas, les hauts-parleurs hurlant des prières qui ne sont pas sans évoquer une espèces de gospel bouddhique... Nous savons apprécier ces temples tout neuf, certe d'un intérêt historique moindre mais vivants et animés. Le petit côté dévotion à la sauce moderne est amusant à observer, même si nous sommes loin du choc spirituel que nous avions pu ressentir dans les temples népalais ou indiens.

Il est intéressant de constater qu'ici, c'est toujours dans les lieux les plus saints que nous constatons les plus grandes dérives par rapport aux fondements de la religion bouddhiste. Nous apprendrons en effet que le sanctuaire du Wat Phra Si Ratana Mahathat génère plus d'un million de dollars en dons par an (!), faisant de ses moines des personnes plus riches que la moitié des habitants du pays. Du point de vue du renoncement, ça se pose là... C'est pratique : un petit billet de 500 baths à la pagode, et votre âme ressort blanche comme neige!

Nous terminons la journée en furetant sur les bords de la rivière où dans les différents marchés de la ville. Phitsanulok exacerbe une impression tenace que nous avons depuis notre arrivée : nous nous sentons bien en Thaïlande. Tout n'est que détente, facilité et calme, avec les sourires en prime!


Sukothai, c'est mieux!


Le lendemain matin, il est tout de même temps de quitter cette chaleureuse cité. Pour 15 baths, nous attrapons près de la place du marché de nuit un grand tuk-tuk commun qui nous conduit à la station de bus de l'autre côté de la ville. 39 baths et une heure plus tard, nous débarquons à New Sukhothai.

La ville de Sukhothai comporte 2 parties : New Sukhothai, la ville moderne, et Old Sukhothai, 15 kilomètres plus loin, où se trouve le parc historique. Lorsque nous descendons du bus, nous sommes instantanément cernés de chauffeurs de tuk-tuk, et devons réfléchir tant bien que mal pour décider de la partie de la ville ouù nous allons jeter l'ancre. La chose est vite vue : autant nous rendre au plus près des ruines pour éviter les aller-retours entre la nouvelle et la vieille ville. 

Nous espérons simplement que les prix des chambres ne soient pas rendus excessifs par la proximité du site historique, ce qui serait logique... Nous prenons le risque. Pour 30 baths chacun, nous grimpons dans une navette, qui nous dépose à quelques dizaines de mètres de l'entrée du parc, devant la bien-nommée Old Sukhothai guest house.

Si nous repasserons pour l'originalité du nom, nous sommes ravis d'y trouver une piaule à 200 baths! Par acquis de conscience, nous zonons quand même un peu dans les environs pour prendre la température des autres établissements, mais ne trouvons pas moins cher.

Il est encore tôt, et nous attaquons directement la visite du site. 

Posons le contexte historique avant de poursuivre :
Lors du déclin de l'empire khmer au début du 13è siècle, plusieurs principautés thaïlandaises s'unifièrent pour fonder le royaume de Sukhothai (dont le nom peut se traduire par ''l'aube du bonheur''), considéré comme le premier véritable royaume thaïlandais. A partir de 1238, le royaume déclara son indépendance et étendit ses frontières sur une partie du Laos et de la Birmanie. La période de Sukhothai constitue l'âge d'or de la civilisation thaïlandaise, et le royaume connu son apogée entre le 13è et la fin du 14è siècle, avec l'expansion, au détriment de l'hindouisme, du bouddhisme theravada qui prévaut encore aujourd'hui, ainsi que l'apparition de nouvelle formes d'art. Beaucoup reconnaissent par exemple dans les écritures de la périodes de Sukhothai les origines de la littérature thaïlandaise. En 1438, le royaume passa sous la domination d'Ayuthaya.

Une bien glorieuse histoire, dont nous nous apprêtons à découvrir les traces en explorant les vestiges de l'ancienne capitale. 

Le parc archéologique rassemble 4 parties distinctes, et business touristique oblige, il faut mettre la main au porte-monnaie pour chacune d'entre elle, à raison de 100 baths à chaque fois. D'après notre vieux guide, un passe à 150 baths permet d'avoir accès à l'intégralité du site, mais nous nous pointons au guichet pour apprendre que le gouvernement l'a supprimé récemment, probablement pour s'assurer de faire cracher un maximum à des gens qui ont fait le déplacement jusqu'ici et qui vont forcément payer... Les rascals... 

La politique tarifaire profiteuse thaïlandaise commence à nous sortir par les trous de nez. Dans certains pays, nous avions parfois l'impression de n'être que des portefeuilles sur pattes, mais le plus souvent à cause de filous considérant que tout ce qui est occidental est forcément riche, qui essayaient de nous grapiller quelques centimes sur le prix d'un bus ou d'une assiette de nouilles et que nous n'avons jamais rencontré en Thaïlande. Ici, le seul entubage concerne les visites, il est de grande envergure et totalement officiel. Alors que dans les autres pays asiatiques que nous avons visité, les différences de prix appliquées entre les étrangers et les locaux variaient du simple au double (hormis quelques exceptions), ici nous déboursons entre 5 et 10 fois plus (!) que les thais sur chaque sites que nous visitons... 

Nous décidons de voir au moins la partie centrale, le coeur de l'ancienne capitale, et nous aviserons ensuite.

Pas de vélos aujourd'hui, nous ferons tout à pied. Dès que nous pénétrons dans l'enceinte du parc, nous oublions un peu nos préoccupations pécunières. Le site parait beaucoup plus majestueux que celui d'Ayuthaya, avec ses nombreuses ruines chamarées qui s'élèvent au milieu de grandes prairies parsemées de petits étangs couverts de lotus et bordées de forêts.




Nous passons les vestiges du Wat Mai...



...Pour rejoindre le Wat Mahathat. Achevé au 13è siècle, c'est le temple le plus important de la zone. Centre spirituel et administratif de l'ancienne capital, il est entouré d'un fossé censé représenter la limite entre l'univers matériel et l'océan cosmique de la mythologie. C'est sans doute celui que nous avons préféré, avec ses dizaines de bouddhas de toutes tailles (certains mesurent 12 mètres de haut!), ses boutons de lotus renversés au sommet de ses nombreux stupas, ses frises de bas-reliefs très détaillées et ses colonnes.














Nous continuons avec le Wat Si Sawai et ses trois impressionantes tours. Construit entre le 12è et le 13è siècle par les khmer, il était à l'origine dédié aux dieux hindous Vishnu et Shiva. Il fut converti en sanctuaire bouddhiste lorsque le theravada supplenta l'hindouisme pendant la période de Sukothai.




Le site est immense, mais l'exploration aventureuse n'est toujours pas vraiment de mise : de grandes bandes de goudron quadrillent le tout, qui comme le centre d'Angkor au Cambodge se présente plus comme un musée en plein air que comme un site archéologique. Nos pauvres âmes d'aventuriers, bridées depuis si longtemps par trop d'aménagements, se souviennent avec nostalgie de cette chère Hampi indienne...

En revanche, chose appréciable et bien étrange considérant la beauté des vestiges, il n'y a vraiment pas beaucoup de monde! 

Nous passons le Wat Traphang Ngoen, composé d'un chedi (stupa) complété par un hall de réception. Ce dernier se trouve sur une île au milieu d'un lac artificel.





Nous passons un pont pour rejoindre une nouvelle île sur laquelle se dresse le Wat Sa Si, typique de la période Sukothai, connu aussi sous le nom de ''monastère de l'étang sacré''.




La fatigue s'installe, nous suons à grosses gouttes et nous multiplions les pauses, très agréables au bord des nombreux bassins et réservoirs, tel deux gros fénéants. Nous traînons nos savates parmis les dernières ruines du site tandis que le soleil décline, et décidons d'aller nous affaler à la terrasse d'un café pour une nouvelle folie dépensière : un shake glacé! Notre audace n'a décidément aucune limite...






Nous discutons de la suite. 3 sites supplémentaires, à raison de 100 baths chacun par site, ça commence à chiffrer. Nous n'avons pas beaucoup évoqué la chose ces derniers temps, mais il s'avère que nos ressources financières fondent significativement, le seuil critique n'est pas loin, et nous commençons peu à peu à nous préparer pour la transition low-budget/very-very-very-low-budget...

Nous fouinons, cherchons... Max et Tabatha, que nous avions rencontré au Cambodge et dont l'avis nous importe beaucoup, sont passés par Sukothai il y a quelques temps, et ont regretté amèrement d'avoir payé la visite des sites secondaire qu'ils ont trouvé sans grand intérêt. Et puis définitivement, nous sommes lassés des temples. Depuis Angkor, nous ne faisons que ça : temples, encore temples, ruines de temple, sanctuaires... Nous n'allons pas nous forcer. Quoi de plus stupide que de visiter un endroit pour le simple fait de pouvoir dire ''j'y suis allé'' sans y prendre de plaisir?

Mais nous ne sommes pas encore complétement gavés, et encore une fois nous ne voulons toujours pas zapper de potentielles bonnes surprises. A côté, nous lisons beaucoup de bien d'un autre parc archéologique moins populaire, également classé UNESCO, paumé en plein parc naturel à une heure de bus de la ville : les ruines de Si Satchanalai et de Chaliang. Pleine forêt? Cambrousse? Méconnu? C'est parti!

Directement après avoir pris cette décision, nous prenons conscience de la bourde qu'elle engendre : nous avons jeté nos sacs dans une chambre à Old Sukothai pour être au plus près des ruines et avons déjà payé deux nuits... Mais pour nous rendre à Si Satchanalai, nous devons rejoindre la station de bus de la nouvelle ville à quinze kilomètres de là, trajet que nous devrons effectuer à nouveau au retour et une troisième fois le lendemain pour partir vers Phitsanulok... 3 trajets en tuk-tuk commun à 30 baths qui n'auraient pas eu lieu d'être si nous avions réfléchi avant et pris une chambre dans la nouvelle ville... On le saura pour la prochaine fois!

Le soir, vous connaissez la chanson : quelques minutes de recherche, marché, craquage de ventre. Depuis quelques temps, nous nous coltinons de bonnes poussées de fringales, et nous passons notre budget par repas à 1$ par personne. L'expérience est concluante!

Au réveil, après un petit café au 7-eleven du coin, nous attrapons la navette pour le terminal de bus, nous fendons de chacun pour les billets, poireautons une bonne heure et embarquons pour Si Satchanalai.

Le bus nous dépose à l'entrée du parc naturel, à 2 kilomètres du site, et nous louons deux vélos pour l'après-midi (comptez 40 baths par vélo) avant de nous enfoncer dans la campagne.

Le site comprend le temple de Chaliang et l'ancienne cité de Si Satchanalai, mais nous n'avons aucune idée des tarifs. Notre échappée campagnarde commence sous les meilleurs auspices : arrivés à l'entrée du premier site, celui de Chaliang, un guichetier nous hèle, et nous apprenons que le prix du billet est de seulement 40 baths par personne pour l'ensemble du site, Si Satchanalai compris! Conséquence probable et heureuse de la faible fréquentation de la zone.

Nous mettons directement le cap vers la cité, gardant le temple de Chaliang pour le retour. Les deux kilomètres de pédalade dans la cambrousse nous changent agréablement des décors citadins que nous squattons depuis Bangkok, avec leurs petits villages fleuris blottis dans leur écrin de verdure au bord de la rivière.











Arrivés à l'entrée de Si Sachanalai, c'est la douche froide et horripilante : finalement, nous devons à nouveau payer, à raison 100 baths chacun... Le perfide guichetier à l'entrée du site s'est bien joué de nous en nous annonçant que le billet à 40 baths permettait d'accéder à l'ensemble des vestiges de la zone alors qu'il ne comprend que l'entrée au temple de Chaliang...

Le procédé transpire la malhonnêteté, et nous sommes excédés... Résumons la chose : on vous oblige littéralement à acheter un billet pour un site secondaire et minuscule, que vous n'auriez probablement pas payé en temps normal, en vous faisant croire qu'il est unique et valable pour tous les monuments du coin... Et la chose paraît logique au premier abord : une seule route traverse tout le parc, vous faisant obligatoirement passer par ce premier guichet.

Bande de requins sans scrupules... Ca commence à bien faire. En général, on attend de connaître un peu mieux quelqu'un avant de le laisser nous en*****...

La pillule a bien du mal à passer, même si la découverte de l'ancienne cité est formidable : la route goudronnée laisse rapidement place aux chemins de terre, il n'y a pas un chat, la forêt est omniprésente et cache de nombreux vestiges dont les ruines se laissent furtivement apercevoir entre les arbres.

Trêve de complaintes, nous plongeons dans la forêt et ses clairières abritants temples abandonnés et stupas.




























Nous passons le Wat Suan Kaeo Utthayan Yai, monastère boudhhiste du milieu du 16è siècle.


Nous continuons avec le Wat Chedi Ched Thaeo, le plus impressionant du coin avec ses 33 stupas ronds, carrés, en fleur de lotus ou en cloche. Certains pensent que ce temple aurait servi de sépulture aux membres de la dynastie de Sukothai.









Nous rejoignons ensuite le Wat Suan Keao Utthayan Noi, perdu dans la jungle, au niveau de l'emplacement supposé de l'ancien palais principal de la ville. Son architecture mélange art khmer et Sri Lankais.




















Quelques centaines de mètres plus loin, dans une vaste clairière, nous découvrons le Wat Chang Lom, bâti entre 1285 et 1291. Sa particularité vient du fait que le socle du stupa central est soutenu de 39 statues d'éléphants. Il ne reste malheureusement pas grand-chose des pachydermes...























Nous laissons nos montures au pied d'une colline que nous gravissons, toujours en pleine forêt, pour attérir devant le Wat Khao Phanom Phloeng.



Continuant notre chemin dans les hauteurs du parc, nous terminons au Wat Khao Suwankhiri, ensemble de deux stupas du 14è siècle.



Bon, l'arnaque de l'entrée mise de côté, le site est formidable à parcourir, et le petit côté exploration sauvage est là. Et en prime, l'endroit est presque désert!

Nous repartons vers l'entrée du site, repassant par les villages sous la chaude lumière du soleil couchant.

Etant donné que nous en avons bien malgré nous payé l'entrée, nous passons voir Chaliang et son temple principal, le Wat Chao Chan, probablement construit sous le règne de Jayavarnam VII, entre 1181 et 1217. Il faut l'admettre, c'est grandiose, en particulier au coucher du soleil...




La journée touche à sa fin, et dans l'ensemble elle fut belle. Nous rentrons à Sukothai à la nuit tombée, pour nous effondrer. Demain, nous rejoignons Chiang Mai, dernier spot de cette première partie de vadrouilles thaïlandaises avant de rejoindre une Birmanie que n'en pouvons plus d'attendre!

Le bilan de ce périple historique est globalement positif, même si quelques petits détails nous ont fait grincer des dents. Si comme nous l'avons dit Ayuthaya ne nous a que moyennement emballé, le parc historique de Sukothai et son petit frère Si Sachanalai, le premier beaucoup plus beau et le deuxième perdu en plein parc naturel, nous en ont mis plein les yeux. D'autant que leur fréquentation est loin d'atteindre celle d'Ayuthaya, chose étrange d'ailleurs si l'on considère que ces sites sont plus intéressants et plus vieux.

Bon, je sais, cette conclusion sonne un peu générique, mais l'impression sous-jacente est que nous en avons définitivement ras la casquette de manger du temple à toutes les sauces depuis de nombreuses semaines. A notre décharge, il faut également dire que nous sommes sortis il n'y a pas si longtemps de la visite d'Angkor, qui malgré ses défauts reste un site d'exception à côté duquel les vestiges des anciennes capitales royales thaïlandaises font bien pâle figure.

Nous ne reparlerons pas des politiques tarifaires, je pense que vous avez saisi l'idée...

Chose amusante, au milieu de tout ça, c'est finalement la surprise qu'a constitué la découverte de Phitsanulok qui nous a peut-être le plus emballé! Cette ville cristallise tout ce qui fait que nous nous sentons si bien en Thaïlande : la chaleur des habitants, l'atmosphère calme et accueillante, la facilité à vadrouiller (non, ne vous inquiétez pas, je ne reparlerais pas de la boustifaille!). La barrière entre les étrangers et les habitants semble beaucoup moins imposante qu'au Cambodge ou au Laos, et nous nous sentons moins à côté de la plaque. Supposition intéressante, le degré d'occidentalisation et de développement du pays n'y est peut-être pas totalement étranger...

Notre vadrouille en Thaïlande acquiert ainsi un effet redynamysant sur nous, après la flemme qui s'était installée dans un Cambodge qui ne nous a pas laissé un souvenir impérissable.

D'un autre côté, et je vais peut-être me faire lyncher en disant ça, nous commençons à tomber dans la redite entre certains aspects de la Thaïlande, du Cambodge et du Laos (si l'on met de côtés les fantastiques expériences que nous avons vécu dans ce dernier pays). C'est peut-être pour ça que nous nous sentons un peu désoeuvrés ces derniers temps, et notre lassitude des temples n'est peut-être que la manifestation d'un sentiment plus profond.

Attention, je ne dis pas que ces pays sont les mêmes, loin de là. Mais... Le sourire des thailandais n'est pas départi d'une certaine réserve qui rappelle celle des laos, et nous attendons toujours des contacts un peu plus francs. Les pagodes que nous visitons ont une saveur qui nous ne nous est que trop familière depuis que nous avons quitté le Vietnam. Les sites historiques, dont beaucoup s'inspirent de l'architecture khmer, font écho à nos découvertes archéologiques cambodgiennes. Le calme et la nonchalance caractéristiques de cette partie du monde que nous trouvions si reposantes commencent à présent à nous peser par leur omniprésence et leur manque d'action...

Tout ceci n'a rien à voir avec la Thaïlande en elle-même, mais s'inscrit dans notre ressenti global suite aux derniers mois passés à arpenter tous ces pays. Bref, ça fait un moment que nous sommes en Asie du sud-est, et un peu de renouveau ne ferait pas de mal! Vous me direz, il ne tient qu'à nous de remédier à tout ça. Comme d'habitude, nous allons laisser les choses venir, lâcher prise, et voir, en essayant de ne pas être trop obnubilés par les sirènes qui chantent depuis la Birmanie...