lundi 22 septembre 2014

Deux premiers mois en Australie, première partie : de Cochin à Brisbane

Hello tout le monde!

Nous voila de retour sur la toile apres une longue absence. C'est que nous avons eu un programme sacrement charge, et notre acces a internet etait limite la plupart du temps (4$ de l'heure, et puis quoi encore?).

Alors forcement, en un deux mois il s'en est passe des choses. Histoire de rendre la chose plus digeste, nous publierons le recit de nos premiers mois au pays des kangourous en deux parties.

Nous sommes en Australie (oui oui!), dans le parc national de Goombura, a deux heures de Brisbane, dans le Queensland.

Histoire de casser le suspense, nous pouvons dire que la tout de suite, nous sommes bien. Carrement bien. Nous travaillons pour un... camping-ferme-reserve naturelle, la Gordon Country, vaste ensemble de prairies verdoyantes, de forets toufues et de rivieres cristallines situe juste a l'entree du parc, classe au patrimoine mondial. Une sacree entreprise familiale qui accueille campeurs de tout poil et amoureux de la nature au milieu des kangourous et des perroquets. Et ca en jete.

Nos aventures ici feront l'objet d'un autre article. Pour resume rapidement, nous faisons un peu tout, nettoyage, poncage, bricolage, jardinage, peinture etc... Nous avons notre petit chez nous, des amis, de la nourriture a plus savoir quoi en faire, du temps libre au milieu d'une nature exceptionnelle et pleine de bestioles... Et nous avons enfin le pouvoir tout puissant : notre propre ordinateur tout neuf!

Que du bonheur donc, dans un coin de paradis entoure de gens adorables. Photos et details a paraitre dans une semaine ou deux (c'est qu'il y en a qui bossent, non mais!).

Parce que bien sur, il a bien fallut y arriver dans cet endroit merveilleux. Et ca n'a pas ete la fete tous les jours... C'est ce que nous allons voir ici. Au programme, un phenomenal voyage de Cochin a Melbourne, un changement de pays sacrement deboussolant, le retour en occident. Et puis 1500 km en stop pour rejoindre le Queensland. Et l'errance pour trouver un job. Le decouragement a parfoit pointe le bout de son nez, nous nous sommes perdu souvent, nous avons rame un peu.

Nous vous avions laisse a Cochin, juste avant de quitter l'Inde.

Pour rester dans les generalites, on peut dire que les evenements ont illustres a merveille la magie du voyage. Tu veux quelque chose? Vas-y.

Nous sommes donc en Inde, et nous n'avons plus un rond. 200 euros a tout casser. Et nous y allons. Le plan est donc de s'envoler pour l'Australie, le fameux Working Holiday Visa en poche, pour trouver du travail (nous pensons au fruit picking bien sur, mais nous sommes pres a tout faire), se faire suffisament d'argent pour finir notre voyage (soit grosso modo 15000 $ d'apres nos calculs), visiter le pays, puis retourner en Asie par le Vietnam. Une sacree histoire dont depend la suite de nos vadrouilles sur terre. Mais on est plus a ca pres.

Et autant l'annoncer tout de suite : avec tout ce bazar, nous allons a coup sur passer plus que quelques mois en Australie. Nous y resterons sans doute une annee entiere.

C'est donc parti pour une quete murement reflechie mais pas du tout planifiee, un  voyage qui va nous faire traverser le quart de la planete pour rejoindre un pays sans un sous en poche qui va trancher radicalement avec ceux que nous sillonons depuis 6 mois afin de trouver un hypothetique boulot dont depend integralement la suite du Petit Tour. Ou, quand, comment? Nous n'en avons pas la moindre idee. Bim. C'est ca qu'on aime, pas vrai? Comme nous nous le disons souvent, notre notion de ''motivation'' a radicalement change depuis que nous avons pris la route il y a 11 mois. Et puis si nous avons bien appris une chose durant notre petit tour, c'est que le voyage est une chose tellement facile une fois le declic passe. Comme nous l'avons dis plus haut, tu veux quelque chose? Vas-y et prend le. Pour etre franc, nous ne sommes pas plus affole que ca par la perspective de voler sur 10000 km pour rejoindre l'Australie avec moins de 200 euros en poche sans savoir ce qui nous attend la bas ni comment nous allons proceder pour nous faire quelques deniers. Comme a notre habitude, nous verrons bien une fois sur place. En revanche, la perspective de quitter l'Asie pour arriver dans un pays tres different commence a nous triturer les meninges...

Au cyber a Cochin, une surprise nous attend : nous cherchons desesperement depuis plusieurs semaines un plan couchsurfing a Melbourne histoire d'avoir un point de chute a notre arrivee. La perspective de devoir nous trimballer les sacs et poser la tente tous les soirs en pleine ville le temps de regler notre administratif nous hante... Et la solution se presente d'elle meme : sur le site, nous recevons une invitation d'un couple allemand qui a investit une maison vide et qui se nourrit de recup. Juste parfait! C'est magique. Nous avons donc un toit qui  nous attend sur place. Si nos bienfaiteurs nous envoient leur adresse d'ici demain bien sur...


Nous quittons notre cyber sous la pluie. La mousson est bel et bien la. Ca tombe bien, on s'en va! Apres plusieurs jours de pluie, l'etat des rues est dantesque. Tout est inonde, le bitume a disparu sous une trentaine de centimetres de flotte... Et comme d'habitude dans ce pays de fous, tout va pour le mieux, tout est normal, les gens vaquent a leurs occupations comme si de rien n'etait. Jusqu'au bout l'Inde nous interpellera : ici, deux francais mangeant des chapatis sur le bord de la route ameutent les foules, mais marcher dans la rue de l'eau jusqu'aux genoux est tout a fait commun!

Nous voila donc sous les cataractes de la mousson, helant notre dernier rickshaw pour rejoindre l'embarcadere d'Ernakulam. Le dernier rickshaw! Elles vont nous manquer (ou pas...), ces cheres carrioles bringuebalantes et leurs chauffeurs qui aurons mis nos nerfs a rude epreuve durant trois mois!

C'est le premier transport d'une longue serie, qui doit nous emmener jusqu'a Melbourne dans deux jours...

Nous rejoignons Fort Cochin en bateau, discutant du depart et de l'Inde, avant d'embarquer dans une navette pour l'aeroport. Le trajet de 40 km dure plus de deux heures, au milieu de la circulation et des routes inondees. On en profite les voyageurs, apres c'est termine pour un bon moment! Enfin bon, comme nous l'avons dit, l'Inde nous a un peu fatigue, et nous avons un peu de mal a ''apprecier'' le trajet...

Nous arrivons de nuit a l'aeroport. L'excitation commence a monter. L'enregistrement est un reve de simplicite, les reservations en ligne ont ete impeccablement gerees, et le retrait des cartes d'embarquement et le depot des bagages sont regles en 10 minutes! Idem pour le passage a la douane.

Et puis... Nous attendons. Forcement. Et ca nous laisse le temps de nous rendre compte : c'est parti. Nous allons en Australie, nous quittons l'Asie. Nous quittons l'Inde. L'enormite de notre entreprise commence a nous apparaitre dans toute sa splendeur. Quel incroyable delire! Et en meme temps, c'est d'une telle simplicite! Nous avons suffisament de grain a moudre jusqu'a l'arrivee de l'avion. A minuit, nous embarquons, puis nous decollons. Au revoir l'Inde! Nous ne sommes pas specialement ravis. L'Asie nous a tape dans l'oeil, dans le coeur et l'esprit, et nous ne sommes pas du tout impatient de retourner en occident. Baste.

Nous somnolons durant le vol, pour atterir a Kuala Lumpur juste avant l'aube. Nous ne verrons que les lumieres de la ville et son aeroport. Ne t'inquiete pas Malaisie, nous reviendrons bientot pour te silloner comme il se doit!

7h d'attente a tuer... Nous degotons des fauteuils et dormons affales comme des larves, avant de subir a nouveau les formalites d'usage et de se retrouver dans notre ultime avion. Quand nous en descendrons, nous serons en Australie! Nous reflechissons encore au choc culturel qui ne manquera pas de se produire, meme si nous ignorons quelle forme il prendra.
Nous tentons a nouveau tant bien que mal de dormir un peu, avant d'admirer le coucher du soleil au dessus des nuages, et d'apercevoir les cotes australiennes. Quelques heures plus tard, a 23h30, nous debarquons a l'aeroport international de Melbourne, abattus de fatigue, et decidons de finir la nuit dans l'aeroport, pour rejoindre le centre ville au matin.


Nous y sommes. Voila voila. Il faut dire ce qui est, nos cerveaux n'ont pas encore atterit. Nous ne nous rendons pas encore bien compte.

Pour ma part, j'ai ramene d'Inde un souvenir typique dont je me serai bien passe : un mal de ventre carabine, des gargouillis retentissants et d'autres desagrements qu'il est inutile de detailler, necessitant la proximite immediate de lieux d'aisance...

Ah c'est sur, elle est glorieuse notre arrivee au pays des kangourous... Echoues dans le hall de l'aeroport, demontes de fatigue, sales et puants, mon estomac jouant des airs d'opera, nous trouvons quand meme la force de nous payer une petite part de pizza au cafe du coin... Nous voulions manger plus, mais les prix... Nom d'un chien, les prix... Alors c'est comme le reste, nous le savions, nous nous etions jures de ne pas nous formaliser sur les prix, de toutes facons c'est comme ca, mais crenom, avoir en face des yeux une part de pizza qui coute le prix de 20 samossas en Inde, ca pique. Et rappelons que nous debarquons avec moins de 200 euros...

Le deuxieme choc est thermique. 5 degres au thermometre. Apres 3 mois passes dans le four indien, entre 30 et 50 degres, ca fait bizarre.


Mais le plus destabilisant nous attend...

Apres de longue heures passees a essayer de dormir un peu, au lever du soleil, nous quittons l'aeroport. La motivation manque pour stopper, et nous decidons lachement de prendre une navette, dont le tarif nous saigne. Environ le prix de la traversee de tout le sous continent indien en train. Aller, c'est bon, on en parle plus, vous avez saisi l'idee...

Autre chose : avant de poursuivre la lecture, il va falloir vous mettre a notre place. Nous allons decrire nos impressions apres etre reste 6 mois en Asie dans un sacre bazar, mais nous avons bien conscience que ce que nous decouvrons a notre arrivee ici est somme toute tres semblable a ce que l'on peut trouver en France et en Europe en general. Nos descriptions vous paraitrons on ne peut plus normales, et nos reactions disproportionnees et infondees. Mais essayez d'imaginer notre etat d'esprit au moment ou nous arrivons, rejetez un oeil aux articles des 6 derniers mois. Imaginez-vous trainer vos savates dans les rues poussiereuses et bondees de Kathmandu, passer un week end dans un bidonville, escalader le majestueux massif des Annapurnas, travailler dans un village nepalais dans la jungle, vous accrocher sur le toit d'un bus plein et bringuebalant, cuire dans la moiteur etoufante de Delhi au milieu des ordures, des carrioles, des rickshaws, des camions et des klaxons, vous frayer un chemin dans une foule compacte par 50 degres, enjamber les gens qui dorment par terre, slalomer entre les vaches sacrees, repousser les chauffeurs et les vendeurs de tout poil, sentir l'encens et le beurre clarifier vous prendre au nez, voir les choses les plus merveilleuses et la misere la plus totale, dans une tornade de ferveur, de ceremonies et de temples magnifiques en mangeant vegetarien tous les jours. C'est bon? Allons-y.

Arrive dans le centre de Melbourne, c'est la claque : Les rues, carrees et propres, avec marquages au sol, panneaux et feux de signalisation; les blocs, tous de meme taille, de hauts buildings de verre et de tours; les vitrines impeccables de cafes, de restaurants et de boutiques de luxe; le calme surrealiste qui regne en ce dimanche matin; la caillante...

Nous debranchons les cerveaux et partons regler les affaires prioritaires : en dix minute, nous avons une carte sim, une ligne telephonique et un numero. Nous degotons ensuite un cyber (aaah! 4 dollars de l'h... Non, on en parle plus on a dit!), pour constater avec bonheur que le brave couple allemand qui avait propose de nous accueillir a repondu. Nous sommes les bienvenus chez eux, dans la banlieu pavillonaire de Melbourne. Et ca nous enleve une sacree epine du pied! Et oui, ca fait un poid en moins de savoir que nous allons pouvoir regler toutes nos formalites administratives en profitant d'un point de chute sur et stable, avec un toit et quatre murs!

Par chance, nous avons trouve une carte de la ville a l'aeroport, et nous partons a pied pour le nord de la ville.

Et ca commence. C'est bien joli de se dire ''ca va changer'', mais comment ca se passe exactement? Un malaise beaucoup plus sournois et subtil, beaucoup plus insidieux, qui n'a rien a voir avec les differences de prix, de temperatures ou de paysages commence a naitre. Une sensation tenace qui s'infiltre petit a petit. Et qui va nous tenir aux tripes pendant plus d'une semaine. Nous y reviendrons.

Nous avons l'impression d'etre dans un film, nous sommes completement ailleur. Nous quittons le CBD pour traverser une zone pavillonaire et croiser les joggeurs qui courent, les gens qui promenent leur chien, l'equipe de poussins qui dispute son match du dimanche. Une autre planete. Nous fredonnons le generique de la serie ''Weed''. Pour ceux qui connaissent, c'est exactement ca. Petites boites, petites boites... Nous retrouvons quand meme avec plaisir les toilettes et robinets publics. L'eau potable au robinet... Un luxe supreme qui facilite quand meme bien la vie, et occasionellement le transit intestinal.

 Discutant de tout ca, nous arrivons au squatte. Une jolie maison nous attend, habitee par le couple allemand qui nous a invite, Lisa et Clemenc, ainsi que par deux australien et un new-zelandais. Il y a tout, l'electricite, l'eau courante, le mobilier. Ne manque que le chauffage! Nous discutons un moment. Cela fait 2 mois que la petite communaute habite ici sans avoir recu aucune visite du proprio! Que du bonheur. Cette maison abandonnee et sa petite communaute anarchiste vont constituer un havre de desordre dans toute cette surorganisation proprette et cadree. Nous nous y refugions avec plaisir et une pointe de soulagement.

Et en plus... La baraque deborde de nourriture! Nos amis sont des adeptes de la recup, appelee ici ''dumpster diving'', litteralement ''plonger dans les poubelles''. En Australie, comme en France, les arrieres cours des grandes surfaces debordent de nourriture jetee en parfait etat. A Lyon, nous ne nous nourrissions que comme ca, et c'est ainsi que nous retrouvons et remercions a nouveau nos cheres societes occidentales pour leur gaspillage galopant et effarant... Merci d'oublier que la moitie du monde creve de faim et dort dehors, et ainsi de nous fournir de quoi manger comme des rois pour pas un rond et de dormir au chaud gratuitement. Non, ca ne nous fait pas rire...

Enfin pour le moment, nous nous gavons de nourriture avant d'aller nous coucher pour enfin nous reposer un peu. Au lit a 15h, reveil a 18h, recoucher a 21h...

Pour se lever a 11h le lendemain matin! 17 bonnes grosses heures de sommeil!

Nous voila frais et dispo pour attaquer nos demarches administratives. Au programme, ouverture de comptes en banque et inscription au service des taxes australien.

Nous retournons dans le centre ville, pour nous rendre a la Wespac, banque bien presente dans le pays. L'accueil est sooo friendly (hey guys, what's up?), et en dix minutes notre compte est ouvert, avec nos deux noms dessus, et nos cartes de credit sont commandes. Encore un petit bonus fourni par le squatte : les parents d'une des filles qui vit avec nous habitent a Melbourne, ce qui nous permet d'avoir une adresse australienne!

Nos cartes arriverons une semaine plus tard.

Nous profitons de ces quelques jours de battements pour nous poser et tenter tant bien que mal d'atterir psychologiquement en s'immergeant le plus possible pour nous debarasser de cette etrange sensation qui nous suit depuis notre arrivee.

Oui, le choc le plus violent n'est pas un choc, mais, comme nous l'avons dit plus haut, quelque chose de beaucoup plus global, sournois et insidieux, qui nous envahit au fil de nos vadrouilles. Apres 3 mois au Nepal et 3 mois en Inde, tout ici parait bien trop cadre, immobile et fade, sans vie. Nous sommes completement dephases, a cote de la plaque, nous ne sommes pas du tout a notre place. La certitude qu'il ne va rien se passer ne nous lache pas, et il ne se passe rien. Tout est trop cadre pour qu'il se passe quelque chose d'extraordinaire, de marrant, ou d'insolite. Les gens vont la ou ils doivent aller, tout a l'air d'etre prevu. La vie parait moins spontanee, moins fantaisiste qu'au Nepal ou en Inde. Le progres et l'encadrement rendent le tout moins... Attrayant, moins anime, moins vivant.

A tout cela s'ajoute le fait que pour la premiere fois, nous ne venons pas pour decouvrir des endroits fabuleux, des monuments et des paysages sensationels, mais pour trouver du boulot, du moins dans un premier temps...

Et puis il faut preciser que le niveau d'anglais a passe un cran, et que nous avons bien du mal a comprendre le parle rapide et condense australien!

Bref, la magie du voyage n'est pas la, meme si la joie de decouvrir un nouveau pays est presente. Mais nous pensons surtout au moment ou la magie reviendra, quand cette etrange impression d'evoluer dans un decors de cinema artificiel aura disparu.

Du coup on s'impregne, on s'immerge, pour retrouver nos reperes dans cet environnement. Et au final, on decouvre des choses formidables, au final ce n'est pas mal du tout.

La vie a la maison est tres calme, un peu trop, et nous sortons des que l'occasion se presente, meme si mes intestins me sollicitent a tout instant. Nos vadrouilles nous conduisent aux quatres coins de la ville, dans ses avenues, ses parcs et ses quartiers. Nous visitons le CBD, deambulant parmis ses tours, assistons au match de l'equipe feminine de rugby du coin. Nous explorons la rue Hosier, dont le decors de graffitis et l'ambiance underground contrastent beaucoup avec les touristes qui la visitent.







Melbourne est une mosaique culturelle, un meltin pot de nationalites. Nous croisons des gens de tous pays.

Un jour, notre colocataire australien nous annonce de maniere detachee que nous pouvons voir des pingouins au sud de la ville. Sans deconner? Des pingouins? Deux jours plus tard, apres 2h de marche, nous longeons la plage a l'ouest de la ville pour rejoindre Kilda pier, grande digue de pierre, couverte de visiteurs (forcement, il y a des pingouins!), dont les infractuosites abritent tout un tas de petits pingouins. Nous voyons des pingouins! L'animal le plus elegant et formidable du monde! Malheureusement, les piles de l'appareil photos ne nous ont pas permis de shooter les extraordinaires bestioles... Au retour, ce sont deux oppossums qui nous saluent depuis leur branche. En revanche, pas le moindre kangourou... Nous aurait-on menti?

Quelques sorties viennent egayer notre vie nocturne. Ainsi, nous allons voir Elisa, notre amie australienne, sur scene pour un concert bien sympa. Ca nous fait tres plaisir de profiter d'une soiree musicale, depuis le temps!

Un autre soir, c'est une seance recup qui nous conduit a la nuit tombee derriere toutes les grandes surfaces du coin. Si le gaspillage est effarant en Europe, il ne l'est pas moins ici. Les bennes regorgent de tresors, et nous offrent sushis, viandes, legumes, fromages en quantite. Sur le coup, nous sommes contents, mais avec un peu de recul c'est a pleurer. Il y a une semaine, nous etions dans un pays ou 45% des enfants souffrent de sous-nutrition, ou plus du quart de la population ne mange qu'une seule fois par jour, et aujourd'hui nous trouvons des palettes entieres de boites de thon jetees parce que la dite palette a un accro, nous nous chargeons de viande balancee a la benne deux jours avant sa date de peremption... Encore une chose que nous savions, comme tout le monde, mais que le fait de constater a beaucoup plus ancre dans nos esprits. Ce ne sont plus des mots et de lointains pays inconnus, c'est la realite, degueulasse et injuste. Aller, on en rajoute quand meme une couche : n'oublions jamais que des enfants meurent de fin et la moitie des produits alimentaires achetes en Europe finit directement a la poubelle sans avoir ete touche.


Il faut quand meme saluer certaines initiatives mise en place dans le coin. Ainsi, un soir, nous nous faisons un plein ventre de plats succulents invendus et offerts par les restos des environs. C'est gratuit et tous les mercredis!

Du coup cote victuaille, c'est la fete. Nous retrouvons avec plaisir, apres 6 mois d'abstinence, les bonnes grosses pieces de boeufs, les rumsteaks, les filets. Nous nous gavons de fromage, de charcuterie. Une vraie rennaissance culinaire! Il fallait voir nos yeux lorsque le premier et enorme rumsteak est arrive dans notre assiette...

Tout ceci au service d'une sauvegarde de notre insignifiant pecule. Oui, avec 200 euros pour deux on ne va pas loin en Australie (normalement bien sur)! Le fait est que nous avons calcule notre budget au poil de koala pres. Durant la semaine, nous preparons donc egalement la suite des evenements. Coup de bol, nous avons un acces gratuit a internet a la bibliotheque du coin. Apres mure reflexion, nous decidons de mettre le cap sur le Queensland, au nord est, region apparement la plus prolifique en job a cette periode de l'annee. Vu nos finances, nous decidons de tracer le plus rapidement possible pour trouver un travail, dans le fruit picking probablement, avant l'epuisement total de nos reserves. Des l'arrivee de nos cartes bleues, ce sera donc stop, et puis... On verra. Pour etre franc, nous n'y croyons qu'a moitie, mais sommes decider a aller jusqu'au bout. Nous nous preparons egalement a affronter le ''et maintenant, quelle est la suite?'' qui ne manquera de frapper a notre arrivee. Quoiqu'il arrive, nous sommes impatients de nous remettre en route, de reprendre le stop. Si en Asie, le but etait de s'immerger, de se fondre, ici comme en Europe nous prendrons plus de plaisir a vivre en marge.


La semaine coule doucement, jusqu'au lundi suivant ou Elisa franchit la porte de la maison avec deux lettres a notre attention... Les cartes! Yeepee! Nous voila avec un compte en banque, un telephone, un numero... Et c'etait plutot facile. Il n'y a plus qu'a. Nous decidons de partir des le lendemain. On the road again!

Derniere soiree, derniere matinee. Les sacs sont boucles, nos pouces sont pres. Nous saluons nos compagnons, puis nous mettons en route pour sortir de la ville, apres avoir embarquer des oeufs et du thon pour 3 jours (et on ne se plaint pas, apres ce sera nouilles au poulet le matin et nouilles au boeuf le soir).

Nous parcourons a pied les 10km qui nous separent de la sortie de la ville, et, houra, nous levons le pouce!

Une belle trotte nous attend : Nous avons a peu pres 1800 km a parcourir en stop pour rallier le Queensland, que nous comptons tirer d'une traite. Ca fait quand meme une sacree distance a faire en pouce. Ce n'est pas dans nos habitudes de rusher ainsi, mais nous n'avons pas vraiment le choix... Le truc qui pimente un peu tout ca, c'est que nous n'avons absolument aucun itineraire ni aucune carte. Nous allons vers le nord, n'importe ou, c'est simple non? Et apparement, le stop marche du tonnerre en Australie. Il faut aussi preciser que nous quittons Melbourne avec 150 dollars...
La premiere voiture s'arrete apres dix minutes. Nous annoncons directement au conducteur que nous allons dans le Queensland. Il ouvre des yeux ronds. On sait oui... Il peut nous avancer d'une soixantaine de kilometres, et surtout nous poser sur l'autoroute de Sidney. Le gars n'arrive pas a croire que nous puissions rallier le Queensland en stop, et il passe le plus clair du trajet a essayer de nous convaincre de prendre le train (c'est ''seulement'' 40 dollars...). Il est tout emballe par notre voyage, et se decarcasse pour nous avancer le plus possible, meme si selon lui ''c'est impossible d'y arriver''.

Nous voila sur une aire d'autoroute bien frequentee. Nous voulons a present sauter d'une aire a l'autre sans sortir du high way.

Nous sommes rapidement recupere par un autre homme pour une centaine de kilometres, qui nous fait traverser des etendues immenses de paturages et de plaines. L'homme nous montre des troncs noircis qui bordent une bonne partie du chemin, restes des incendies devastateurs qui ont ravage la zone en 2012. Il nous pose au beau milieu de l'autoroute, mais pas de souci, un autre brave gars nous embarque apres quelques minutes (effectivement, le stop marche bien!), pour nous faire franchir une autre centaine de bornes.

Nous atterrissons sur une aire de services a la tombee de la nuit. Les alentours sont deserts, et nous marchons 5 minutes pour quitter la station et trouver un coin en pleine foret pour poser la tente. Notre frugal diner se compose d'un oeuf et de quelques tranches de salami... Et dire qu'hier nous mangions une enorme piece de boeuf... Enfin bon, 250 km en un demi apres midi, ce n'est pas mal du tout. Et puis nous revoila sur la route! Nous nous endormons en ecoutant les chants d'oiseaux, nombreux et magnifiques, qui nous font nous sentir en pleine jungle.

Au matin, les effluves du Mc Donald tout proche sont une torture, mais nous serrons les dents et allons nous reposter a la sortie de l'aire.

Un premier conducteur nous pose dans une petite ville proche, ou nous sommes recupere par un autre homme pour quelques dizaines de kilometre. Les voitures s'arretent bien, mais nous ne franchissons pas de distance faramineuse. En revanche, tous nos chauffeurs sont tres amicaux, et ont un franc-parle assez fabuleux. Ca met a l'aise! L'un d'eux nous explique que les australiens peuvent justement etre assez brute de decoffrage au premier abord, voir vulgaires, mais toujours amicaux. C'est le cas!

Nous revoila en pleine autoroute. Et c'est l'aubaine : un conducteur de camion s'arrete! Il peut nous poser un peu avant Sydney, a 600km de la. Jim, de son prenom, enchaine les heures sup pour payer son mariage a la fin de l'annee. En revanche, il parle un patois anglais de la campagne que nous avons bien du mal a saisir!

Et enfin, nous voyons avec lui notre premier kangourou! Eclate sur le bord de la route... Ouch. Nous notons rapidement que l'autoroute est un veritable mourroir pour les pauvres bestioles. Nous en verrons une trentaine dans la journee, sans compter les morceaux. Tous morts. Jim nous explique que les kangourous, c'est comme les lapins : quand ca voit des phares, ca ne bouge plus. Nous sommes un peu decu. Degoute meme. Enfin apparement rien de plus classique ici que de voir un kangourou se jeter sous ses roues.

Pour le dejeuner, Jim nous fait un cadeau dont il sous-estime la valeur pour nous, qui n'avons mange en 24h qu'un oeuf et quelques tranches de salami : il nous paye un enorme hamburger au fast food du coin. Le bouzin fait ses 2000 calories. Merci Jim!

La route traverse des etendues somptueuses de prairies et de forets, ou le betail paisse tranquillement. Les betes ont toute la place qu'il leur faut ici! Nous arrivons en fin de journee a 80 km de Sydney, pour faire nos adieux a Jim et nous remettre a stopper. Le defi de la soiree : esquiver Sydney. Le spectre des grandes villes, si difficile a eviter en Europe, pointe le bout de son nez...

Un homme s'arrete bientot. Il peut nous poser juste avant la ville, la ou la route commence a la contourner. Parfait! Il nous parle un peu de la politique economique du pays, qui consiste a taxer abusivement absolument tout. Par exemple, oui les medicaments sont gratuits... Sans compter les taxes! Sympa...

Nous voila dans les bouchons, juste avant le centre ville. Nous debarquons, et suivons la route indiquee par notre chauffeur. C'est le debut d'une longue soiree.

Le gars s'est completement plante, nous sommes dans la tres proche banlieu de Sydney, a quelques kilometre du centre ville, et pas la moindre trace de route pour le nord qui ne plonge pas dans le centre ville. Et bien sur, la zone est surhabitee. Fichtre. Nous marchons pour contourner le centre par l'ouest. Longtemps. Tres longtemps. Pas de traces d'autoroute. Et la nuit nous surprend en pleine ville. Nous ne savons pas du tout ou nous sommes, ni ou est le high way. Le moral commence a ramasser. Ca faisait longtemps! Mais les reflexes face a ce genre de situation reviennent vite. Nous essayons de ne pas nous decourager, et tentons meme un stop pres d'une station service. Une voiture s'arrete bientot... Et les policiers nous demandent de les rejoindre sur le parking proche. Flute.

Deux jeunes agents nous questionnent, et nous jouons la carte de la franchise. Quoi d'autre de toutes facons... D'ou venons nous? Melbourne. Comment? En stop. Ou allons nous? Dans le Queensland. Non on ne cherche pas l'aeroport. Pas en train non plus. En stop. 1000km? Oui on sait oui. Ou on dort? Aucune idee, mais on a une tente.

Ils n'ont pas du en voir souvent des comme nous! Les sourcils se haussent. Et le miracle a lieu. Pour la premiere fois de toute notre vie, nous entendons un agent de police nous dire : ''Oh, vous faite bien comme vous voulez, mais je vous conseille de prendre le train, c'est moins dangereux. Enfin ce n'est que mon avis, c'est vous qui voyez.''. Un policier qui nous demande notre avis et qui nous laisse le choix! C'est fou l'Australie!

Nous mettons quand meme les voiles par mesure de precaution, au cas ou leurs instincts se reveillent.

Le decouragement commence a se faire sentir. Nous retentons un stop le long d'une trois voies, mais l'entreprise est vouee a l'echec. Apres un petit sachet de nouilles (misere...), nous harponnons les gens directement a la sortie d'une station service. Le premier homme que nous voyons accepte de nous embarquer. Il reste sur Sydney, mais accepte de nous poser a l'entree de l'autoroute pour le Queensland. Victoire! Il est originaire de Coree, et trouve notre vie bien difficile... Que dire de lui, qui rentre tous les soirs au meme endroit et se leve tous les matins pour aller au travail?

Lorsque nous debarquons, un doute nous assaille. Nous sommes en pleine zone commerciale, et pas la moindre trace de notre route. Nous allons querir quelques informations a la station service la plus proche. La route pour le Queensland? C'est completement de l'autre cote de la ville. Raaa... Deux boulets dans la meme soiree, ca commence a faire. Ils ne se rendent pas compte a quel point des bourdes de ce genre nous mettent dans la melasse. Nous ne rigolons plus du tout, il est 22h et nous nous sommes eloignes de notre objectif. On l'a dit, c'est pas facile tous les jours. Petite consolation : un chauffeur de taxi nous dessine un joli plan, avec le nom des rues a prendre pour rejoindre le Pacific Highway, environ 15km plus loin. Nous marchons une bonne heure, puis trouvons un parc desert ou planter la tente. Nous ne le dirons jamais assez, les grandes villes, c'est le mal!

Nous ne trainons pas au reveil et suivons le chemin indique durant 2h pour arriver vers le peripherique. Apres quelques paumages et demandes de renseignements, enfin, nous trouvons notre route. Mais que de temps perdu! Enfin nous sommes quand meme ravi. Nous hurlons de joie meme. Une fois le chemin decouvert, tout se passe comme sur des roulettes : une jeune femme nous pose a l'entree de l'autoroute, puis un homme nous embarque pour environ 200km. Il nous pose sur le Pacific Highway. A partir de la, c'est tout droit!

La chance nous sourit a nouveau (sans doute pour se faire pardonner la soiree calamiteuse d'hier...) quand un homme s'arrete. Il est accompagne d'un petit chien adorable, et ne cracherait pas sur un peu de compagnie pour son voyage de 600 bornes vers le nord! Youhou! Grace a lui, nous allons arriver a quelques 300km de Brisbane. Formidable!

Notre ami et son compagnon a quatre pattes sont adorables. L'homme est veritable puit d'anecdotes sur l'Australie, et de notre cote nous arborons de grands sourires. Lui aussi se marre franchement quand nous lui racontons notre soiree d'hier et a quel point nous sommes heureux et reconnaissant!

Un long trajet pas ennuyeux le moins du du monde, tant les discussions avec notre homme s'averent plaisantes, tant nous apprenons plein de choses sur le pays.

Cote faune, il nous parle de toutes les especes qui ont ete introduites ici, une espece servant le plus souvent a endiguer l'expansion de l'espece introduite precedement... Les lapins par exemple, dont la proliferation n'a jamais pu etre freinee. On a donc ajoute des predateurs, les dingos par exemple, qui a leur tour ont proliferes en eradiquant d'autre niches ecologiques sans resoudre le probleme... Finalement, la seule solution a ete de construire une cloture mesurant approximativement deux fois la taille de la muraille de Chine pour contenir les bestioles a grandes oreilles... Il y a plein d'histoires de ce genre. Apparement, il reste finalement peu d'especes natives en Australie, beaucoup ont ete aneanti par les especes importees ou par la destruction de leur environnement naturel. Merci l'homme!

Notre ami aussi est revolte par les taxes abusives mises en place par le gouvernement, ainsi que par les amendes incroyablements elevees qui sanctionnent la moindre infraction. Faire du velo sans casque, 350 $. Traverser une rue au feu rouge, 75 $. C'est sur, ca file droit! Si encore tout cet argent servait a quelque chose de constructif... Mais apparement, le budget alloue aux ecoles, aux hopitaux et aux structures sociales diminu d'annee en annee.

Nous echangeons sur nos pays respectifs. Et on se marre... Visiblement, ici il suffit de mettre le mot ''francais'' sur quelque chose pour en doubler le prix! Les principaux secteurs concernes sont bien sur la restauration, la production de fromage et globalement tout ce qui se rapporte a la boustifaille tricolore. Notre ami nous descend copieusement une celebre fromagerie du Victoria : il a suffit qu'un couple de francais la reprenne pour que ses prix s'envolent et que son fromage acquiert la reputation de meilleur du pays. Pourtant c'est le meme lait venant des meme vaches. Le savoir faire dans tout ca? D'apres lui, il n'a que peut joue dans la soudaine celebrite de l'entreprise. C'est plutot l'ajout de ''francaise'' derriere ''fromagerie'' qui a tout fait. Mettant d'ailleur sur la paille tous les producteurs des environs par la meme occasion...

Globalement, notre ami deplore l'absence de reelle culture australienne. Selon lui, l'Australie est plutot une mosaique pluriculturelle, sans veritables traditions propres. On pourrait dire que la culture Australienne tient justement de ce melange, quand meme unique au monde. Et puis le pays est si jeune! Construire un cadre culturel propre en 200 ans n'est pas une mince affaire.

Pendant que nous parlons, nous pouvons apprecier les espaces immenses et verdoyants qui nous entourent. Des prairies, des forets et des collines s'etendent a perte de vue. Et tous ces animaux! Sans parler des kangourous ecrases... Durant l'une des pauses, c'est toute une troupe d'ibis qui nous entoure!

La journee s'ecoule, et nous debarquons en fin d'apres midi, remerciant chaleureusement notre ami, avant de continuer a stopper apres ce formidable bond en avant.

C'est une femme qui nous recupere bientot. Elle ne va pas loin mais peut nous poser dans un parc amenage pour le camping et gratuit. Nous arrivons a la nuit tombee.

Et pan, mission accomplie. Fiou. Nous voila tout en haut du New South Wale, juste au sud du Queensland, pres de Coff Harbour. Nous avons plutot bourrine... 1500 km sur le pouce en 48h, tu parles d'une vadrouille! Bande de tares va...

Oui, on peut dire que nous sommes arrives, etant donne que nous n'avons pas de destination particuliere et que d'apres nos recherches, les zones de cultures recrutant en ce moment commencent ici.

Pour celebrer ces deux jours de stop incroyables, nous nous accordons un repas de fete : une boite de thon pour deux! Ce repas sonne le glas de nos reserves de nourritures proteinees... A present, ce sera nouilles. Crenom... Nous marchons dans la brousaille en lisiere de foret et trouvons un coin pour y dormir. A nouveau, dans la soiree, nous apprecions les chants des oiseaux. Leurs melodies fantastiques ont l'air d'etre communes ici! Et c'est tant mieux.

Bon, le stop, c'etait genial, ca a tres bien marche, super. Mais a present, quelle est la suite? Le matin nous trouve un peu demunis, paumes meme. Et maintenant, que fait on? Bien sur, nous avons quelques idees : aller prospecter directement dans les fermes, demander autour de nous  et dans les magasins si il n'y a pas un job qui traine pour deux petits emigres, compter sur le stop... Mais voila, justement, en stop et avec 20 kg sur le dos, notre mobilite est un peu reduite, et le moindre trajet prend un certain temps. Et puis par ou commencer?

Etant donne qu'il faut bien attaquer par quelque chose, nous nous rendons au point information touriste du coin. Et la, miracle, ils nous fournissent le Harvest Guide. Le Harvest, c'est un peu la bible du travailleur saisonnier en Australie. On y trouve toutes les villes ou l'on peut trouver des cultures, ainsi que les fruits et legumes a recolter par saison et par region. Juste parfait. Plus un numero a appeler pour consulter les offres d'emplois. Ca requinque!

Tout regaillardis par l'obtention de cet objet magique, nous recommencons a stopper. D'apres le guide, si il est un peu tot pour trouver quoique ce soit dans le coin, en revanche les legumes et les baies abondent au nord. Direction Ballina, environ 150 km plus haut, ou la saison des avocats, des baies et des pommes bat son plein.

Un vieil homme nous recupere bientot. Nous faisons ainsi la connaissance de Gary, fermier. Fermier? Tiens tiens... Il nous explique qu'il cultive les myrtilles, et qu'il aurait effectivement du boulot a nous proposer... Dans deux mois, pour la recolte. Zut. Pas grave, c'est une opportunite, preuve qu'il y a du travail. Il nous emmene jeter un oeil a sa ferme, et nous donne son numero en nous promettant de nous accueillir et de nous faire bosser si nous rappelons debut novembre. En attendant, il peut nous proposer un woofing pour l'une de ses amie, malheureusement l'heure n'est plus au travail contre la pitance. Et c'est bien dommage, nous aurions adore, mais la tout de suite il nous faut du palpable. Enfin bon, une possibilite d'emploie et un plan woofing d'un coup, c'est tres encourageant!
Passant Coff Harbour, tandis que nous parlons de notre voyage, Gary exprime un vif ressenti contre les indiens. Apparement, il ne reste que quelques fermiers australiens dans la zone, toutes les autres exploitations ont ete recupere par des indiens qui payent une misere leurs employes et ne pense qu'au pognon... Opinion a prendre avec des pincettes, qui malheureusement sera confirmee par pas mal de monde par la suite...

Il nous depose en foret, nous disant a bientot et nous souhaitant bon courage. Si il n'a aucune idee de nos chances a Ballina, il nous assure que dans tout les cas, c'est une petite ville balneaire calme et agreable.

Nous nous appretons a lever le pouce, quand un mouvement dans les fourres nous fait lever l'oeil... Pour voir ce que nous attendions depuis si longtemps : des kangourous vivants! Youpi! Les voila, les celebres et tant attendus premiers kangourous! Bon d'accord, il n'y en a qu'un et la photo est flou, mais quand meme!

Vous l'attendiez, nous aussi...

La journee commence sous les meilleurs auspices, et la magie continue quand une jeune femme s'arrete, proposant de nous emmener a Ballina! Notons que les australiennes sont aussi sympas que leurs homologues masculins : en trois jours, plus de femme nous aurons trimballe que pendant 4 mois en Europe!

Notre conductrice rejoint le nord du pays pour un petit trip nature avec ses potes, ses cerceaux et tout son materiel de jonglage. On l'aurait bien accompagne...

Nous arrivons a Ballina et la sensation de ne pas trop savoir quoi faire revient. C'est bien joli de vouloir aller directement dans les fermes, encore faut-il savoir ou elles se trouvent et pouvoir les rejoindre. La petite ville de quelques milliers d'habitants est effectivement bien calme. Apparement, elle constitue le lieu de vacances des retraites des environs (nous y croiserons d'ailleur un Normand, habitant en Australie depuis 50 ans)...  Histoire de s'occuper, nous passons faire quelques courses. Elles sont rapides : nous achetons 15 paquets de nouilles et 2kg de biscuits secs. Quelle misere... Et ce n'est pas termine!

L'apres midi touche a sa fin, nous passons un coup de fil au service du Harvest Guide, sorte de pole emploi du fruit et vegetable picking. Ils nous annoncent qu'il n'ont rien pour le moment a Ballina, mais qu'ils auront probablement quelque chose a nous proposer si nous rappelons lundi. Nous sommes vendredi. Nous verrons.

Nous rejoignons le bord de l'eau. Premiere vue du Pacifique! C'est sur, c'est tres calme, la plage est belle, et... Pleine de pelicans! En Turquie, nous avions traverse la moitie du pays pour en observer, ici ils sont partout! Nous commencons a avoir l'impression que les bestioles que nous n'avions jamais vu, du moins en liberte, abondent de partout en Australie. La vie sauvage a l'air superbement preservee. Des Pelicans en plein centre ville, c'est plutot pas mal! Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises...











A nouveau, nous nous demandons quoi faire a present, pose sur notre banc de sable au bord de l'eau. Nous repensons a la journee, et finalement c'est plutot encourageant : de la myrtille, du woofing, des kangourous, une jolie plage et des pelicans. De toute facon, nous nous doutions bien que meme si il y a du boulot en Australie, il n'allait pas nous tomber tout cuit entre les mains en deux jours. Nous avons suffisament lu de temoignages selon lesquels l'age d'or du travail facile au pays des kangourous etait revolu pour ne pas nous bercer d'illusions.

Nous quittons la plage et suivons un chemin borde d'arbres etranges aux multiples troncs agglutines pour trouver un petit parc tout equipe, avec toilettes, abris, eau, et surtout barbecues electriques en libre service! Ils sont forts ces australiens. Nous avons plusieurs jours a passer ici, autant etre bien installer. Grand luxe, nous pouvons enfin nous preparer du the grace aux plaques chauffantes, apres quoi nous grignotons notre ration de nouille avant de marche pour rejoindre un autre parc un peu plus cache pour planter la tente dans une minuscule clairiere au milieu d'un bosquet, qui constituera notre coin camping pour le week end. Nous aurons quand meme a demonter la tente tous les matins et a attendre la nuit pour la poser. Nous sommes quand meme en pleine ville...
 Bucher Bird

Nous resterons seulement jusqu'au dimanche a Ballina, sous la pluie les trois quarts du temps. Le lendemain, nous rejoignons le magasin de fruits et legumes de la ville, dont le tenancier (Raji, originaire d'Inde!) nous promet du travail a foison pour plusieurs mois dans quinze jours. Ah! On avance on avance. Il nous laisse son numero. Si nous ne trouvons rien d'ici la, au moins nous avons un plan dans deux semaines.

Le dimanche, c'est le marche que nous ecumons, au culot. Nous passons voir un etal, demandons du travail, et ainsi de suite. Nous ne trouvons rien de lucratif pour l'instant, mais on nous propose a nouveau un woofing, et un autre indien nous invite a le rappeler dans trois semaines. Apres que nous lui ayons parle de notre sejour dans son pays, il nous parle comme a des freres, nous promet de ne pas nous oublier et de faire appel a ses amis pour nous trouver du travail. Voyage voyage...

Perroquet arc-en-ciel
Nous restons dans notre parc le reste du temps. Impossible d'abandonner les sacs, nous ne bougeons en ville qu'en cas de necessite. Cote distraction, forcement, ce n'est pas la fete, mais dame nature vient a notre secour! Nos premieres impressions sur l'extraordinaire vie sauvage australienne se verifient : toute la journee, les chants enchanteurs des oiseaux resonnent. Mais le meilleur, c'est la profusion de volatiles merveilleux qui viennent quasiment nous manger dans la main. Perroquets multicolores, ibis, pelicans, et plein d'autres viennent nous observer avec curiosite. C'est genial, ca change des pigeons, et c'est quand meme mieux que d'aller au zoo!

Un apres midi, nous rencontrons Lojan, jeune homme bien sympa qui partagera notre soiree et son skateboard. Ca faisait longtemps ca aussi!

Mes intestins, qui m'avaient laisse en paix depuis notre depart de Melbourne, recommencent a me tourmenter. Nous commencons a envisager une visite chez le toubib... On a avait bien besoin de ca...

Honey eater
Bref, pour le boulot, rien de nouveau donc. Nous sommes arrive quelques semaines trop tot. Si nous avions de l'argent, nous pourrions nous degoter un petit coin tranquille et attendre deux semaines en visitant la zone. Mais ce n'est pas le cas. Dimanche matin, apres le marche, nous decidons de mettre les voiles. Nous avons bien envisage d'accepter le woofing pour deux semaines avant de travailler pour Raji, mais nous preferons finalement continuer. Prochaine destination, la celebre et fameuse Byron Bay, une soixantaine de kilometres plus au nord.

Tout le monde depuis Melbourne nous parle de Byron Bay. Les descriptions sont unanimes : c'est LE spot de backpacker par excellence. LA place hippie. Le coin ou il faut aller. Comme d'habitude, nous nous mefions comme de la peste des on-dit, a plus forte raison quand ils concernent un endroit inratable. Et puis bon, chercher du travail dans un coin rempli de voyageurs qui font probablement la meme chose n'est peut etre pas une idee judicieuse. Nous verrons. En ce qui nous concerne, nous sommes surtout interesses par la profusion de cultures de legumes que l'on peut trouver autour de la baie.

Sous un beau soleil, nous rejoignons la route cotiere et levons le pouce. Un homme nous recupere bientot, et fort gentillement s'arrete pres de toutes les belles plages sur la route pour nous les montrer. Le coin semble etre un sacre spot de surf.

C'est ensuite une femme qui nous embarque pour Byron Bay. Selon elle, meme si les recoltes n'ont pas encore debute par ici, nous avons de grandes chances de trouver des plans en ville, tant le coin est un repere de voyageurs. Nous commencons a voir le truc venir... C'est qu'on les connait les ''voyageurs''...

Nous arrivons dans le centre ville et flanons un peu. Le coin est plus anime que Ballina, ca sent la station de vacances tendance avec une touche d'arc en ciel et de flower power, en facade bien sur. Nous passons au point info, pour qu'on nous annonce qu'un journal de petites annonces de travail arrive le lendemain, avant d'aller jeter un oeil a la plage.

Et Byron Bay s'avere etre une sacree deconfiture : touristique au possible, beaucoup de monde, une persistante odeur de creme solaire et de monoi, des minivans arborant des peace n love et des feuilles de cannabis, des filles en bikini, des surfeurs, des vacanciers, evoluant entre les dizaines de bars, de boutiques de surf et de vetements en chanvre. Le decors 70's, les acteurs et l'ambiance tout droit sortis d'Ibiza. Alors c'est ca LE coin voyageur a ne pas rater?

Nous n'avons pas besoin de discuter pour decider de ne pas trainer. Nous allons juste attendre le lendemain et le journal de petites annonces. Nous fuyons vite le centre ville, pour decouvrir un magasin estampille ''production locale'' ou nous nous renseignons sur les possibilites de travail des environs... Et rien. On nous repond qu'on ne peut pas nous aider, c'est juste un point de vente, ils n'ont pas de contacts dans les fermes du coin. Et tes legumes ''locaux'' tu les trouve ou petit rigolo?



Fatigues, blases, a nouveau remplis d'incertitude (non mais qu'est ce qu'on fait la?), nous marchons une bonne heure avant de tomber sur une reserve protegee. C'est calme, la jungle est luxuriante et resonne de chants d'oiseaux. Nous decouvrons une prairie en liziere de foret ou nous attendent quelques kangourous qui detale a notre arrivee, nous laissant la place pour camper. Le moral n'est pas au beau fixe, mais au moins nous sommes en pleine foret tropicale. Si les zones habitees du pays nous gonflent au plus haut point jusqu'a maintenant, ses espaces naturels sont enchanteurs, grouillant de vie sauvage et d'une vegetation ahurissante.



Au matin, retour en ville. Rien au centre d'information. Rien sur internet. Nous rappelons Harvest. Toujours rien. Poses dans une pelouse face a la mer, un rien uses et decourages, nous nous creusons la tete pour trouver d'autre alternatives. Lacher les fermes et faire la tournee des bars pour trouver un poste de plongeur ou de service? Aller a la rencontre de tous ces groupes aux cheveux blonds qui font hurler de la techno dans leur van vert jaune rouge?

En verite, le coin est tellement pourri, nous nous sentons tellement loin de ce que nous aimons, tellement pas a notre place, que nous ne reflechissons pas trop. Cet endroit n'est pas fait pour nous. Et la route apporte toujours des reponses. Prochaine destination : Boonah, petite ville principalement agricole perdue au sud ouest de Brisbane.

Nous rejoignons la sortie de la ville et la route pour Brisbane. Le decouragement menace de deborder a tout moment. Nous avons beau nous dire que ca fait seulement 5 jours que nous cherchons, nous sommes trop focalises sur notre objectif.

Et le stop s'en mele. Un blondinet en minivan nous embarque (Vous vous souvenez de la tronche de Dujardin dans Brice de Nice?), pour nous deposer dans un coin ''super, avec plein de monde qui va dans votre direction''. 6 voitures passent en 1h30. Miserable. Brice, qu'a tu fais? Pas d'autre solution que d'attendre le pouce en l'air. Finalement, un couple nous recupere et nous depose sur l'autoroute, riant tant nous devons avoir l'air reconnaissant.

Les choses s'arrangent quand un gars formidable nous recupere. L'entente est naturelle. L'homme a parcouru toute l'Europe en pouce pendant plusieurs annees, laissant faire les choses, dormant n'importe ou. Il regrette d'ailleur nos lattitudes, ou l'on peut dormir dehors sans craindre de se faire mordre par un serpent ou une araignee qui vous tue en moins de deux heures... C'est note.

Il nous pose sur une aire d'autoroute. Alors que nous poucons, une voiture avance lentement, du genre qui se tate. Quand nous voyons les yeux de sa conductrice, ceux de madame tout-le-monde, nous baissons les mains, persuades qu'elle ne va pas s'arreter... Et si! Elle commence directement par nous expliquer son hesitation : ''c'est la premiere fois que je prend des autostoppeurs, je ne sais pas trop comment ca se passe''. Ah ah! Ne vous en faites pas brave dame, ce n'est pas complique, et vous etes tombes sur deux adorables petits francais! C'est le moment de faire bonne impression, n'oublions pas que nous conditionnons le voyage de tous les autostoppeurs que cette femme prendra (ou pas) a l'avenir.

Elle est gentille comme tout, et nous explique qu'a chaque fois qu'elle voit un pouce, elle ne s'arrete pas, mais s'en veut apres coup d'avoir laisse des gens dans le besoin alors qu'il est facile d'offrir une place dans sa voiture. Elle est effrayee par ce qui peut se passer. Comme beaucoup de monde en fait.

Une personne plus qu'honorable donc, avec qui nous passons un tres bon moment. Elle ne nous croit pas quand nous lui disons que nous venons de Melbourne en stop, et elle est effaree par le voyage. Quand nous lui demandons ce qu'elle fait dans la vie, elle se contente d'un ''je travaille dans un bureau, c'est tres ennuyeux'', avant de continuer a nous poser des questions!

Pendant ce temps, d'un oeil, nous zieutons les panneaux de sortie. Nous devons nous arreter avant Brisbane pour tirer vers l'ouest en direction de Boonah, mais nous ne savons absolument pas ou! C'est Leonore qui dira stop, au petit bonheur la chance. Un peu a l'arrache tout ca, mais il faut bien s'arreter quelque part! Notre amie nous pose pres de la sortie (c'est bon ici? C'est sur?), et nous la remercions avec effusion avant de quitter l'autoroute. Nous ne savons pas vraiment ou nous sommes, n'avons toujours pas de carte, mais nous verrons bien. Nous marchons un peu tandis que le soleil se couche avant de nous enfoncer dans un bosquet.

Au matin, c'est parti pour une progression a l'aveugle. Les gens serons notre carte. Nous demandons a droite a gauche la direction de Boonah, qui apparement n'est pas si loin que ca.
Sur notre route, nous faisons une pause dans un parc pour nous rincer. Pendant que je me savonne, Leonore recoit la visite de la police. Qu'est ce que vous faites? Je me coupe les ongles. Elle est trop forte ma Leo. Vous n'avez pas dormi ici cette nuit? Non (ce qui est la strict verite, nous etions 200m plus loin). Et la question qui tue : vous etes des backpackers? Quoi? Qu'est ce qu'on peut repondre a une question pareille?

Nous continuons a marcher, completement perdu, nous continuons a demander notre chemin. C'est la bonne route, mais visiblement Boonah ce n'est quand meme pas la porte a cote. Nous stoppons finalement, pour etre conduit un peu loin sur la bonne route. Nous sommes ensuite recupere en milieu d'apres midi par un jeune homme en vacance dans le coin, qui tourne dans tout les sens sur environ 50km avant de nous laisser sur une grande route. Ensuite, ''c'est tout droit''. Un chauffeur de taxi s'arrete ensuite. Non non non, on stoppe. Mais l'homme est sympa, il sait bien, il nous offre la course. Yes! Par contre, il ne connait pas Boonah. Il entre le nom dans son GPS. C'est completement dans l'autre cote.

Quelle pouasse, mais quelle pouasse. Crenom de boulet. Notre precedent chauffeur nous a completement ramene sur nos pas, aneantissant toute la progression de la journee : Il s'avere que nous sommes sur la route de Brisbane, pres de l'endroit ou nous nous sommes arretes hier... Et le soleil commence a decliner...

Nous quittons l'autoroute pour passer de l'autre cote, et decouvrons une bretelle sans rien autour, completement perdue au milieu de la cambrousse, sans personne.

Nous nous asseyons, silencieux, completement abattus. La vague de decouragement et de ''qu'est ce qu'on fait la?'' nous submerge. Nous ne savons pas ou nous allons, nous savons ce que nous cherchons sans savoir ou. Nous sommes trop concentre sur ce satane boulot, nous n'arrivons pas a laisser aller. C'est que les choses commencent a devenir critique, etant donne qu'il nous reste environ 100 dollars en tout et pour tout.

Puisque de toutes facons, nous n'allons pas dormir la, nous levons le pouce. Enfin quand une voiture passe, c'est a dire toutes les 20 minutes.

Et les dernieres heures de la journee vont etre magiques. Un homme nous recupere pour nous ramener la ou nous avions quitte la bonne route avec notre abruti de vacancier. Il n'a pas acheve son demi tour apres nous avoir depose qu'une femme s'arrete. Elle nous emmene a Beaudesert, a quelques kilometres de Boonah, et regrette de ne pas avoir le temps de nous poser plus loin (avec 5 enfants a gerer, c'est bien normal!). 2 minutes apres, nous sommes embarques par une vieille dame qui nous emmene a Boonah, non sans s'etre arretee sur la route pour que nous puissions admirer le merveilleux coucher de soleil sur le lac du coin. Elle nous explique d'ailleur qu'il n'y a rien a voir dans le bled, ce n'est qu'un regroupement de fermes. Ca tombe bien! Et nous sommes arrives. Vlan. Ca tient a peu de chose quand meme.




Nous debarquons juste avant le village, pour nous poser dans le parc de l'eglise des temoins de Jehova. Oui, ils ont leurs eglises ici! Tandis que nous buvons le the, nous recevons la visite d'un oppossum, qui nous observe depuis les poutres d'un kiosque.

Nous plantons la tente dans l'obscurite, essayant de ne pas trop penser. Apres tout, la journee s'est quand meme sacrement bien terminee! Et apres la vague de desespoir de cet apres midi, nos cerveaux ont enfin reussi a se deconnecter pour ne plus penser a demain.

Au lever du soleil, nous rejoignons le village. Premiere surprise de la journee : un troupeau entier de kangourous nous observe depuis un pre! Il sont une dizaine, a detaler en bondissant a notre approche!
En ville, nous commencons par le bureau d'information. On nous fourni des cartes et des adresses de fermes dans les environs. Sauter de fermes en fermes a coup de stop, ca promet d'etre long dans ce coin de campagne vallonne!










Nous levons le pouce pour rejoindre la premiere, vaste exploitation agricole a 5 km de la. Une jeune femme nous recupere, exuberante, emballee par notre voyage. Elle nous jure que si elle avait n'importe quel boulot a nous proposer, elle nous emmenerait avec plaisir.

Arrives sur place, au milieu des champs, nous rencontrons le manager du coin, qui nous annonce que malheureusement, pas de postes a pourvoir en ce moment, en revanche nous avons des chances de trouver quelque chose a l'est, vers Gaton. Nous commencons a en avoir marre d'entendre a chaque fois que nous arrivons quelque part...

Nous levons le pouce devant la ferme. Le declic s'est enfin produit, et nous ne pensons plus au pourquoi du comment. On s'en fiche, il finira bien par se passer quelque chose. Nous ne pensons plus a demain, nous ne pensons plus a notre destination, nous recommencons a surfer, a laisser aller. Ce n'est pas bon de trop se focaliser sur quelque chose. L'une de nos devises les plus importantes n'est elle pas ''bon plan : pas de plan''? Baste. Moins de 100 dollars en poche? Rien a ficher.

La route est desesperement deserte. Nous stoppons pendant un moment, mais la flemme nous gagne. C'est que les derniers jours ont ete plutot ereintants. Et puis vraiment, c'est bon, on s'en tape. Nous nous appretons a nous arreter pour manger, quand une voiture arrive au loin. Boa... Aller, une petite derniere!

Ca s'est joue a trente secondes pres. La voiture s'arrete. Et la magie du hasard, la magie du stop et du voyage opere...

La suite au prochain episode, a paraitre dans une semaine ou deux (peut etre pour l'anniversaire du Petit Tour, le 1er octobre)!

EDIT : elle est publiee et disponible ici