jeudi 18 mai 2017

Road trip des vacances, troisième partie : Sur le retour. Le lac Tekapo, l'Aoraki/Mount Cook National Park, l'Hakatere, la péninsule des Banks, l'Arthur's Pass et Kaikoura


Parce que toutes les bonnes choses ont une fin, voici l'ultime épisode de notre premier road trip dans l'île sud, avant de nous lancer une fois de plus dans la cueillette de ce fruit démoniaque, j'ai nommé... La pomme! Tin tin tiiiiiin!!!

Mais ne parlons pas tout de suite de choses qui fâchent! Après notre formidable traversée de la côte sud, il nous restait encore une petite semaine de vacances avant le picking, et nous en avons plus que profiter. Un programme alléchant pour conclure les vacances en beauté, comprenant du trek dans des étendues réputées magnifiques et de nouvelles rencontres animalières.

Les événements du présent récit se déroulent entre le 5 et le 15 février. Le sus-nommé programme, bien que très chamboulé par une météo anarchique comme jamais, nous a quand même permis de nous faire péter la rétine autour du lac Tekapo et dans l'Aoraki/Mt Cook National Park, près du plus haut sommet du pays, ainsi que dans les plaines de la magnifique Hakatere Conservation Area (les plaines du Rohan!). Après un passage à Christchurch et dans la péninsule des Banks toute proche, nous avons filer dans l'Arthur's Pass National Park. Là-bas, nouvelles déconvenues à cause de la météo, mais nouveau rattrapage inespéré sur les flancs du formidable Avalanche Peak. Nous avons achevé nos vacances à Kaikoura, sur la côte nord-est, où nous attendaient une tripoté de bestioles marines...

Ci-dessous, les détails et les images d'une dizaine de jours de vadrouille magnifiques, variés, ponctués de balades sublimes dans des montagnes et des étendues somptueuses, et de belles rencontres tant humaines que marines. Bonne lecture!


Des rochers et des lacs


Nous passons une dernière courte nuit dans notre camping au-dessus de Dunedin. Oui, courte. La faute à un nouveau groupe de jeunes allemands qui font une bringue monstre à une dizaine de mètres de nos tente jusqu'à 3h du matin... Ce n'est pas comme si le pays était en week end prolongé et que de nombreuses familles avec des enfants en bas âge prenaient quelques jours de détente sur le camping.

Au lever du soleil, nous mettons le cap au nord, vers l'intérieur des terres, pour rallier notre prochaine étape, et pas des moindre : le lac de Tekapo, et surtout le Mount Cook/Aoraki National Park. Celui-là aussi, nous l'attendions avec impatience!

Nous visons pour aujourd'hui un camping gratuit situé au sud du parc non loin du petit village d'Omarama, à environ trois heures de route de Dunedin, l'Ahuriri Bridge Campsite, qui nous servira de camp de base pour explorer la région.

Plus de 200 kilomètres nous attendent, et nous décidons de nous ménager quelques pauses sur la route.

Ainsi, en milieu de matinée, nous faisons un arrêt dans la ville côtière de Moeraki, pour passer voir l'attraction célèbre du coin, les Moeraki Boulders. Il s'agit de concrétions rocheuses sphériques particulières dispersées sur la plage du bled. Les bazars étant plus facile à observer à marée basse, une fois sur place, nous sortons chaises et réchaud en plein parking pour attendre que l'océan se retire en sirotant un petit café après un frugal pique-nique, avant de tenter une baignade promptement avortée à cause de la température glaciale de la flotte...

Le grand nombre de cars de tourisme que nous voyons se garer sur le parking pendant ce temps nous fait craindre le bon gros site sur-fréquenté, et lorsque finalement nous rejoignons la plage et les fameux rochers, nos craintes se confirment : il y a foule. Les rochers, des boules presque parfaitement sphériques d'environ un mètre de diamètre, pourraient être intéressants à découvrir s'ils n'étaient pas tous surplombés d'un abruti en train de se faire photographier. Les cailloux en question ont commencé à se former il y a 55 millions d'années, lorsque des dépôts de calcaire se sont agrégés autour de coquillages ayant sédimenté sur le plancher océanique, mais à voir l'état de leur surface polie par les centaines de pieds qui les foulent chaque jour, on peut supposer qu'ils vont mettre beaucoup moins de temps à disparaître...

Nous nous occupons comme nous le pouvons sur la plage, jusqu'à ce que nous puissions enfin profiter d'un petit moment pour admirer le site sans parasites, entre deux arrivages de visiteurs avides de prendre la pose sur les grosses boules rocheuses.



Nous mettons les voiles pour nous rentrer dans les terres en direction du centre de l'île.

En chemin, nous faisons un autre arrêt dans l'une des villes que nous traversons pour capter un peu de wifi et consulter fébrilement cette fantasque et omnipotente garce dont va dépendre notre programme autour du parc : la météo...

Je vous donne les grandes lignes de notre programme, que je détaillerai par la suite : nous comptons passer une journée à vadrouiller les alentours du fameux lac de Tekapo, avant de passer un ou plusieurs jours dans le parc national du Mont Cook, pas forcément dans cet ordre.

Et les prévisions météos, une fois de plus, prennent les décisions pour nous : deux jours de soleil nous attendent, demain à Tekapo et après-demain dans le Mont Cook, avant une semaine de tourmente générale, de pluie et de neige à moins de 1800 mètres d'altitude... Et bien au moins nous n'avons pas à réfléchir : nous passerons la journée du lendemain au lac, et profiterons du dernier jour ensoleillé de la semaine pour faire une simple balade à la journée dans le parc. C'est mieux que rien, et comme je le disais dans le premier article des vacances, nous avons bien admis que ce premier tour de l'île ne constitue qu'un rapide aperçu. Nous avons le temps, et nous reviendrons!

Nous oublions rapidement ces petites et inévitables déconvenues météorologique, tandis que nous suivons la frontière entre les états d'Otago et du Canterbury, sous un soleil radieux. Je vous avais déjà parlé de la beauté des étendues que traversent les routes dans ce pays... Nous parcourons notre dernière centaine de kilomètres survolés par les faucons, dans un décors extraordinaire de grandes plaines dorées agitées par les vents, piquetées de bosquets d'arbres sombres, par-delà lesquelle s'élèvent collines et petites montagnes rocailleuses, qui agrémentent le paysage de leurs tons ocres, bruns ou gris. Au loin se dressent les montagnes beaucoup plus hautes des alpes du sud, qui subliment le paysage de leur cimes enneigées. Nous traversons cet improbable et formidable mélange de désert, de steppes d'herbes folles arides et de canyon, pour passer Omarama et découvrir que le camping est posé en plein milieu de ce panorama !

L'aire de camping, parcouru des même hautes herbes dorées qui couvrent les plaines du coin et de chemins poussiéreux, est immense, à deux pas d'une rivière. Il n'y a presque personne, mais nous nous assurons tout de même qu'aucun groupe de jeunes et bruyants teutons n'ai déjà investit la zone avant de nous poser. C'est qu'on commence à s'en méfier...

Nous installons le camp qui va nous servir de base pour les deux ou trois prochains jours, je vais prendre un bain dans la rivière, puis nous nous installons pour la soirée, profitant du calme et admirant les montagnes alentours qui se mettent à flamboyer sous le soleil couchant.



Nous papotons un peu avec un vieux campeur néo-zélandais dont le camping-car est garé à quelques encablures de nos tentes, qui nous demande si nous profitons bien de notre séjour dans son pays malgré le temps foireux. Tiens ? Nous nous disions aussi que de la pluie un jour sur deux, ce n'était pas si normal que ça, même pour une contrée réputée humide... Nous le questionnons au sujet de la météo, qui nous en fait bien baver depuis que nous avons quitté la ferme, et notre ami nous confirme qu'en effet, nous sommes de gros poissards : non, le temps en Nouvelle Zélande n'est normalement pas si pourri ! Capricieux, oui, tout comme il peut être très humide, même durant la bonne saison, mais visiblement nous sommes tombés sur l'été le plus moisi qu'ai connu le pays depuis des années... On a toujours eu du bol avec ce genre de choses.

En fin d'après-midi, les propriétaires des deux seuls autres tentes du coin rentrent au camp. Nous faisons la connaissance de nos deux voisins, Alexander, qui vient des Etats Unis, et Jacob, allemand. Ils voyagent en vélo, et se sont rencontrés quelques jours plus tôt avant de décider de faire route ensemble pour quelques temps. Nous ne tardons néanmoins pas à nous coucher après la plâtrée de pâtes quotidienne.

Après une bonne grasse matinée, nous quittons le camps vers 10h le lendemain. Aujourd'hui, comme prévu, nous allons jeter un œil du côté du lac Tekapo, à 90 kilomètres au nord-est de notre quartier général. La route qui conduit aux rives du lac est du même acabit que celle que nous avons suivi hier après-midi, même si les plaines d'or ont moins d'éclat aujourd'hui à cause d'un ciel beaucoup plus nuageux. Pour la petite anecdote, c'est dans ces contrées que Peter Jackson tourna les scènes des Champs de Pelenor du Retour du Roi!

Nous passons la jonction avec la route que nous prendrons demain pour rejoindre le Mont Cook, puis suivons la rive du magnifique lac Pukaki, avant d'arriver au village de Tekapo Lake.

L'incroyable originalité du nom du bled mise à part, nous notons surtout son côté petite station touristique : le village est composé uniquement d'un camping, de restaurants, de cafés, d'hôtels, et de bureaux de tour-opérateurs. Rien de bien embêtant cela dit. C'est calme, il n'y a pas grand monde, seulement quelques groupes de visiteurs qui ne viennent que pour prendre une photo des rives du lac avant de repartir, et les sus-nommés hôtels et restaurants sont peu nombreux et plutôt discrets.

La météo semble s'être un peu plantée, et en lieu et place d'un grand ciel bleu ne se trouvent que des nuages...

Nous prenons en photo un panneau d'affichage présentant les balades du coin, repérons une boucle de 3 heures qui parcourt la rive ouest du lac avant de prendre un peu de hauteur sur les collines qui l'entourent pour atteindre le sommet du Mont St John, puis nous mangeons un morceau et rejoignons le bord de l'eau et le début de l'itinéraire en question.

Depuis la rive, le panorama sur le lac est saisissant : le lac lui-même, de 27 kilomètres de long, s'est formé il y a 17 000 ans lors du retrait des glaciers à la fin de la dernière aire glacière. Il est entouré de collines couvertes de forêts de sapins ou au contraire nues et rocailleuses, tandis qu'à l'horizon apparaissent péniblement à travers les nuages les montagnes du Mount Cook National Park.



Nous longeons les rives du lac pour nous enfoncer dans une forêt de sapin, avant de déboucher à flanc de colline et de profiter d'un point de vue plus dégagé sur les alentours.



Bientôt, le chemin jusqu'alors plat se met à grimper dans les collines qui surplombent la rive ouest, et nous prenons de la hauteur tandis que le ciel commence enfin à se découvrir.

Sans parler du paysage somptueux qui se dévoile au cours de l'ascension, les rayons du soleil qui frappent à présent la surface du lac révèlent sa couleur surréaliste, un bleu turquoise clair et vif, presque fluo. Cette couleur particulière est due aux particules de siltite, un minéral proche du grès qui se trouvent en suspension dans l'eau. La siltite en question provient des montagnes : les glaciers, en bougeant, y grattent la roche, libérant des particules du minéral qui se retrouvent dans les rivières avant de finir dans le lac.



La couleur du lac ajouté à la beauté de ses environs donne un résultat pas dégoûtant!



Nous continuons notre tranquille grimpette en direction du sommet du Mont St John, sur lequel se dresse un observatoire. Il s'avère que la region dans laquelle nous nous trouvons est la moins peuplée de Nouvelle Zélande, état de fait qui garanti une absence presque totale de lumières parasites à la nuit tombée. Apparemment, le ciel nocturne est ici tellement pur que l'UNESCO pense sérieusement à classer le coin au patrimoine mondial! Malheureusement, nous serons déjà partis lorsque la nuit tombera. Peut-être une prochaine fois...



Pour l'heure, nous atteignons bientôt le sommet de la montagne, 1031 mètres, depuis lequel nous jouissons d'un formidable panorama à 360 degrés :



Ce qui me permet de vous fournir un aperçu des fameux champs dorés (l'expression n'est pas de nous, les étendues de la région s'appellent vraiment les "Goldenfields") dont je vous rebat les oreilles depuis notre départ de la côte. Voici donc le genre de décors que nous traversons depuis hier après-midi :



Nous passons un bon moment à contempler le magnifique paysage avant d'attaquer la deuxième partie de la boucle, qui doit nous faire redescendre jusqu'au village. Le ciel se dégage totalement, nous permettant d'admirer le bleu du lac dans toute sa splendeur tandis que les goldenfields se mettent littéralement à briller sous les rayons du soleil.



Nous replongeons dans la forêt et rejoignons bientôt les rives du lac, que nous remontons pour retourner au village.



Il est encore tôt, et nous quittons les lieux pour aller nous préparer un petit café au bord du lac Pukaki, à une cinquantaine de bornes plus à l'est. Il y souffle un vent à décorner les boeufs, mais nous nous posons résolument sur une plage de galet pour profiter de la vue. Comme celles de son voisin, les eaux de Pukaki sont saturées de siltite, et il présente donc la même couleur bleu-glace.



Nous rentrons la tête dans les épaules jusqu'à ce que les rafales tourbillonnantes se mettent à nous envoyer des nuages de poussière dans la courge, ce qui nous fait battre en retraite dans la voiture.

Nous nous mettons en route pour rentrer au camps. En chemin, nous prenons soin de recharger toutes nos bouteilles. La rivières du camping est environnée de pâturage et de troupeaux de mouton, et si en temps normal l'eau des rivières dans les parcs et les réserves ne présente aucun risque à être consommée, il en va autrement dans les vallées.

De retour au camps de base, nous retrouvons nos deux cyclistes, qui ont profité de leur journée pour se reposer : Jacob souffre du genou, et a décidé de rester en convalescence pour quelques jours.

Vous devez savoir qu'à l'origine, avant notre passage en France l'année dernière, nous avions prévu de parcourir la Nouvelle Zélande en vélo. Au cours de notre Petit Tour, nous avons en effet, à de nombreuses reprises, croisé des voyageurs à vélo avec lesquels nous avons sympathisé et partagé d'intéressantes conversations : de leur point de vue, nous étions de gros tarés pour voyager ainsi en autostop et à pied, tandis que du notre, c'était eux les fous, à pédaler sur des centaines de kilomètres et à devoir trimbaler sans cesse un vélo encombrant en plus de leurs affaires. Au fil des rencontres, nous nous sommes résolus à tenter l'expérience un de ces jours, pour découvrir une autre façon de voyager et tester ce mode de déplacement en vadrouille. Et puis nos plans ont changé. Nous discutons de tout ça avec nos deux voisins, après leur avoir raconter notre journée, et ils nous expliquent pourquoi la vadrouille à vélo présente des inconvénients non négligeable, prenant comme exemple notre balade de la journée : après 100 ou 200 kilomètres passés à pédaler, il ne reste plus beaucoup de motivation pour aller crapahuter... Ils passent finalement leur séjour en Nouvelle Zélande à se déplacer, à voyager certes, mais sans jamais prendre le temps d'aller se balader dans un parc ou une réserve, et ils regrettent de ne pas pouvoir réserver plus d'énergie à la randonnée et autres escapades sauvages, d'autant plus après avoir écouté avec intérêt le récit des nombreuses balades que nous avons faites jusqu'à maintenant.

Nous leur proposons d'abandonner leurs vélos pour la journée, demain, et de nous accompagner dans le parc national. Jacob, à cause de son genou, préfère éviter la marche, mais Alexander accepte volontiers. Nous passons la fin d'après-midi à discuter, nos deux voisins sont très sympa et ont plein d'histoires de voyage dans leur besace. Nous évoquons nos souvenirs asiatiques avec Jacob, qui a pas mal voyagé dans cette partie du monde.

Nous nous rendons à Omarama juste avant la tombée de la nuit pour nous approvisionner en victuailles, opération durant laquelle nous tombons par le plus grand des hasards sur un couple irlando-estonien avec lequel nous rigolons bien. Ils n'ont aucun plan précis, et nous les embarquons finalement avec nous pour rentrer au camping, étaler une bâche dans la broussaille, allumer toutes nos lumières, loupiotes et autres frontales, et former un beau conseil international de voyageurs autour d'un tas de victuailles, agrandit quelques minutes plus tard par un couple d'allemands attiré par la lumière. Cela faisait un moment que nous n'avions pas eu de compagnie, entre nos semaines d'isolement à la ferme et nos échappées solitaires dans les étendues sauvages du pays, et nous passons une formidable soirée tous ensemble, aussi intéressante que peut l'être une réunion de voyageurs vétérans venant de 5 pays différents. Un grand moment de partage, durant lequel chacun se comporte comme s'il connaissait tout le monde depuis longtemps.


A la rencontre du Perceur de Nuages


Alors bien sûr, quand le réveil sonne aux premières lueurs de l'aube, le lendemain matin, nous sommes un peu dans le pâté, mais les dernières bribes de sommeil qui nous brouillent les yeux sont vite chassées par la perspective d'aller enfin admirer le célèbre Mont Cook et son formidable parc!

Durant nos sessions de préparation des dernières semaines, nous avons repéré dans le dit parc des balades à la journée et des treks de plusieurs jours. Comme vous le savez déjà, la météo ne nous permet pas d'aller crapahuter plus d'une journée autour de la plus grande montagne de Nouvelle Zélande, et nous avons retenu une randonnée d'une durée estimée de 7 heures, la Mueller Hut Route, formant un aller-retour de 10.4 kilomètres qui doit nous conduire du village situé à l'entrée du parc jusqu'à la Mueller Hut, un refuge perché sur une arrête à 1800 mètres d'altitude. L'itinéraire grimpe le long du flanc d'un massif qui se dresse en face du Mont Cook, ce qui promet une vue imprenable sur le vénérable sommet.

Du refuge, nous prévoyons de continuer jusqu'au sommet du Mont Ollivier, 1933 mètres. Le Mont Ollivier présente un intérêt symbolique : il s'agit du tout premier sommet qu'a gravit Sir Edmund Hillary, en 1939. Pour les profanes, précisons que le néo-zélandais Edmund Hillary et le sherpa népalais Tenzing Norgay furent les deux premiers hommes à vaincre l'Everest, le 29 mai 1953.

Vous trouverez plus d'informations sur la Mueller Hut Route ici (en anglais).

C'est donc une raide ascension de près de 1200 mètres qui nous attend aujourd'hui.

Nous quittons le camping en compagnie de Flo, d'Alexander et de Jacob. Nous déposons le premier à Twizel, une petite ville proche de la route pour le Mt Cook, avant de d'emprunter la route en question, qui longe la rive ouest du lac Pukaki sur plus de 50 kilomètres avant de s'enfoncer dans les gorges des montagnes. Jacob a décidé de nous accompagner jusqu'au pied des montagnes.

Le trajet, comme d'habitude, constitue à lui seul une visite, et le paysage qui se dévoile tandis que nous avançons nous arrache des frissons. Le lac, les collines... Et quelque chose en plus, quelque chose qui rend le décors encore plus somptueux : les montagnes, immenses et majestueuses, surgissent au loin, dominées par le grand, l'impressionnant Mont Cook, qui toise la vallée du haut de ses 3724 mètres... Miracle, la météo ne s'est pas gourée, et si le ciel est nuageux pour le moment, le temps paraît se dégager!



Punaise, nous y sommes enfin!

Il est 10h20. Nous laissons Jacob, embarquons eau et nourriture pour la journée, puis nous enfonçons dans les gorges en direction des montagnes...



Nous débutons la balade aux alentours de 750 mètres d'altitude, derrière un éperon qui nous cache le Mont Cook. Après quelques centaine de mètres dans une plaine rocailleuse, nous arrivons au pied de la pente, en lisière de foret, et... Nom de nom, un escalier. Je ne sais pas vous, mais en ce qui nous concerne, nous ne partons pas en randonnée pour grimper un escalier. Des petits sentiers accidentés, plein de caillasse et qui traversent des pierriers tant que vous voulez, mais des escaliers... Comme si la montagne se transformait en immeuble.

Le fait est que la Mueller Hut Route est plutôt un classique. Sans être bondé, l'itinéraire est tout de même assez fréquenté, et peut-être que notre cher DOC a voulu rendre l'ascension, déjà bien raidasse, plus accessible. Il n'empêche, les escaliers, c'est ennuyeux, moche même quand ils sont en bois, et ça casse les jambes et le rythme de la marche.

Nous attaquons la grimpette un peu déçu par cette entrée en matière, gravissant les degrés dans la forêt, craignant que toute la balade ne se fasse sur des marches.

Ce ne sera pas le cas, mais nous passerons quand même plus d'une heure et demi suante à grimper un escalier dans une forêt plutôt quelconque. Elle commence bien, cette balade pourtant attendue de longue date! Ne vous inquiétez pas...

Arrivés à mi-chemin, tout s'arrange en même temps. L'escalier se transforme en petit sentier pierreux, et surtout, la forêt laisse place à un versant complètement dégagés. Quand nous émergeons des bois, nos yeux s'écarquillent tandis qu'ils se posent sur le paysage, dominé par le Mont Cook, que nous découvrons face à nous.



Grandiose!

Nous continuons, ravis de retrouver un sentier plus intéressant, nous retournant sans arrêt pour admirer le somptueux panorama montagnard qui devient de plus en plus impressionnant comme nous continuons à grimper.

Nous progressons à présent dans un pierrer tantôt composé de gros bloc à escalader, tantôt d'éboulis dans lesquels il faut faire attention à ne pas laisser une cheville. La piste débouche ensuite sur un sentier de terre très escarpé, tandis que la vue vers la vallée que nous avons suivi pour rejoindre le parc se révèle.



Vers midi et demi, après deux heures d'ascension, nous atteignons un promontoire rocheux. Le temps est radieux, et tout autour de nous, la montagne est belle, très belles. Notre promontoire nous offre une vue extraordinaire sur le Mont Cook et les arrêtes qui se dressent au-dessus nous, dont les flancs dégoulinent de glaciers, de neige et de névés. Nous décidons de nous arrêter là pour manger, durant un déjeuner des plus contemplatifs, au son des avalanches qui grondent au loin.



Nous profitons pendant près d'une heure de notre formidable poste d'observation avant de nous remettre en route. C'est qu'il ferait presque frisquet!

Encore une fois, il y a du monde, mais la fréquentation est très loin d'être dérangeante et ne gâche en rien la balade. Nous débouchons bientôt sur un plateau rocheux couvert de névés. Seules quelques petites touffes d'herbes parviennent encore à pousser dans le coin.



Après quelques minutes de marche sur une piste minuscule mais plate, nous arrivons au refuge, qui trône au milieu d'un champs de caillasse. Il est 13h30, et Léonore se pose au chaud tandis qu'Alexander et moi nous lançons à l'attaque de la centaine de mètres qui nous séparent du sommet du Mont Ollivier, qui se dresse juste au sud de la hutte.

Pour le coup, la voie qui y mène n'est plus marquée, il n'y a aucun poteau ni aucune balise, et seuls quelques cairns indiquent de temps à autre un passage durant ce qui s'avère être une ascension courte mais intense et très raide, à travers des éboulis et des pierriers qui se succèdent sans interruptions, nous amenant parfois à passer par-dessus de gros blocs de roche...

Finalement, après une vingtaine de minutes, nous parvenons au sommet et y soufflons un moment, en nous remplissant les yeux du paysage. Nous voici à 1933 mètres, à l'endroit exact où Edmund Hillary acheva le premier sommet d'une carrière qui allait le conduire sur le toit du monde!



La descente vers le refuge nous pose beaucoup moins de problèmes et le retour à la voiture, par le même chemin qu'à l'aller, se déroule rapidement à partir du moment où nous atteignons les marches. Finalement, nous achevons la balade vers 16h30 et retrouvons Jacob à la voiture.

Et bien quelle balade! Si le début nous a fait craindre le pire, toute la deuxième partie, passée la bushline, a été sublime, et c'est finalement comblés que nous quittons la zone. Nous repasserons sans doute par là, car avec ce que nous venons de prendre dans les yeux, nous voulons pousser nos explorations du parc.

Sur la route vers le sud, nous faisons une pause pour profiter une dernière fois de la vue sur un parc qui aura réussi à nous taper dans l'oeil en seulement quelques petites heures!



Lorsque nous atteignons le camps de base après avoir récupéré Flo à Twizel, le répit météorologique prend fin brutalement, la pluie se met à tomber, et nous passons la dernière soirée avec nos deux amis engonces dans la voiture a discuter avant d'aller nous affaler.


Au pays des seigneurs des chevaux


Au matin, après les échanges de contacts et les adieux, nous quittons Alexander et Jacob pour mettre le cap au nord-est en direction de la plus grande ville de l'île sud, Christchurch. En route, nous avons prévu un court arrêt dans le Hakatere Conservation Park, au sud de l'état du Canterbury, pour passer voir le Mount Sunday. Non content d'offrir l'un des points de vue les plus époustouflants du pays, c'est aussi là-bas que se trouve le site d'Edoras, capitale du Rohan dans le Seigneur des Anneaux. Autant dire que nous attendons de découvrir le coin avec impatience!

272 kilomètres et plus de trois heures de route nous séparent du Mt Sunday, mais comme d'habitude le trajet se déroule au milieu d'étendues magnifiques qui font passer le temps plus vite!

Nous arrivons en fin de matinée dans le petit village de Mount Sommers, d'où part un chemin de graviers de 30 kilomètres qu'il nous faut suivre pour atteindre les plaines du Rohan (ou de l'Hakatere, c'est selon).

Ces 30 bornes vers le coeur du parc sont bien sûr sensationnelles, mais très longues : nous ne dépassons pas les 30 km/h...



Le Mont Sunday se dresse au milieu d'une immense plaine entourée de montagnes. Quand le chemin que nous suivons, depuis de longues minutes à présent, arrive au sommet d'une colline depuis laquelle nous dominons la dite vallée, la claque visuelle est grande. Nous pilons littéralement au milieu de la route (de toutes façons, il n'y a personne), arrêtons le moteur, et grimpons en hauteur pour contempler le fantastique paysage.



Au fond de la vallée, nous voyons le tout petit Mount Sunday qui se dresse, dans une vaine tentative de défier les montagnes qui le cernent de toutes parts... Nous nous remettons en route et descendons dans sa direction.

Nous devons bientôt laisser la voiture pour suivre un sentier qui conduit au sommet de la petite colline. La marche d'approche ne prend pas plus de vingt minutes, et nous embarquons de quoi pique-niquer dans le palais des rois du Rohan avant de partir dans la plaine battue par les vent.

Au milieu de tout ce gigantisme, nous nous sentons tout petits! Je le redis, ce pays est décidément extraordinaire...



La traversée de la vallée est un régal pour les yeux. Nous atteignons le pied du minuscule Mount Sunday, que nous gravissons en quelque minutes. Si dans le film de Peter Jackson, la ville d'Edoras a été en grande partie numérisée, ses abords sont présentés tels quels, et nous suivons le même chemin que Gandalf, Gimli, Legolas et Aragorn lors de leur arrivée en ces lieux!

Et puis même sans être fan des films, on ne peut qu'admirer les immenses étendues de l'Hakatere.



Le sommet de la petite montagne est couvert d'herbe rase au milieu de laquelle se dressent de gros rochers. Nous sommes seuls, il n'y a pas un chat, nous localisons plus ou moins le site du palais, et je ne crois pas me tromper en disant que nous mangeons nos sandwichs au pied du trône de Théoden! Ces jeunes décidément, plus aucun respect... Blague à part, nous constatons que ce filou de roi du Rohan bénéficiait d'une sacré vue depuis sa terrasse!



Et bien voilà. Nous avons pique-niqué dans la salle du trône d'Edoras! Encore une fois, l'endroit reste formidable, même si l'on est pas fan de la saga. Allez, je vous en remet une petite tartine pour la route!



Nous nous renfilons les 30 bornes de route de graviers pour rejoindre Mount Sommers, puis nous mettons en route pour avaler les 160 kilomètres qui nous séparent de Christchurch. Comme je le disais dans l'article précédent, nous n'avons pas spécialement prévu de passer du temps en ville pour faire autre chose que consulter la météo, mais il est nécessaire d'y passer pour rejoindre la péninsule des Banks, qui s'ouvre sur Christchurch et que nous voulons passer voir. Pour aujourd'hui nous visons le sud de la ville, et plus particulièrement le lac Ellesmere, à une vingtaine de bornes du centre, sur les rives duquel se trouvent plusieurs campings gratuits.

Nous atteignons les abords du lac en fin d'après-midi, pour tomber dans une zone agricole toute plate et bien moche. Des champs et des pâturages bien carrés, délimités par de grandes rangées d'arbres, s'étendent à perte de vue dans un paysage sans aucun relief. Après tout ce que nous avons traversé durant ces dernières semaines, la région nous paraît bien fade et laide...

D'autant qu'il est très difficile de s'y orienter : les petites routes de campagne forme un quadrillage régulier et répétitif, et il n'y a aucun point de repère particulier dans les environs.

Nous tournons pendant près d'une heure, sans parvenir à déterminer notre position, ne sachant pas si nous tournons en rond ou si nous nous déplaçons tant tout se ressemble. Finalement, à force d'allers-retours, boussole à la main, nous commençons à retenir le nom des routes que nous empruntons et parvenons enfin au bord du lac, pour découvrir totalement par hasard, sous le coup d'une bien heureuse coïncidence, la Timber Yard Point Lakeside Domain Camping Area, un camping gratuit situé sur la rive ouest du lac Ellesmere. Considérant l'endroit où nous avons quitté l'autoroute pour nous enfoncer dans la campagne, nous nous apercevons que nous avons effectivement bien tourné en rond...

Le camping est plutôt sympa, au bord de l'eau, avec un bloc toilette propre et même une douche froide en extérieur! Nous montons le camp et profitons du coucher du soleil et des jolis oiseaux du coin avant de dîner et de nous coucher.



Le lendemain, nous décidons de prendre une journée pour planifier nos derniers jours de vacances, et rejoignons le centre de Christchurch.

Nous traversons de grandes zones industrielles et commerciales qui nous plongent dans la détresse, choqués que nous sommes de nous retrouver dans un environnement en désaccord total avec tout ce que nous avons pu voir jusqu'à maintenant. Nous sommes dans un autre pays!

Plus nous approchons du centre, et plus nous constatons que Christchurch se remet encore des terribles tremblements de terre qui l'ont frappé il y a 6 ans. En septembre 2010, un premier séisme secoue la ville, ne faisant pas de victimes mais causant des milliards de dollars de dégats matériel, et fragilisant les structures des bâtiments. Quelques mois plus tard, le 22 février 2011, un deuxième séisme dévastateur de magnitude 6.3 ainsi que plusieurs répliques dévastent la ville et causent la mort de 185 personnes. De nombreux quartiers et immeubles sont totalement détruits, et beaucoup de bâtiments ont été tellement endommagés que leur réhabilitation est jugée impossible. Après la catastrophe, le conseil de la ville a élaboré un plan de reconstruction censé se dérouler sur plus de vingt ans.

6 ans plus tard, nous débarquons donc dans un centre ville en plein travaux. Il y a des chantiers partout, et la plupart des rues sont en cours de reconstruction. Le centre-ville est en plein réaménagement, et il n'est pas aisé d'y circuler. Nous parvenons finalement à trouver un coin où nous garer, découvrons une bibliothèque, et nous posons pour la journée.

En plus d'un peu de travail sur le blog, nous planifions un peu la suite : il nous reste moins d'une semaine de vacances avant de devoir retourner à la ferme, et beaucoup de chose à faire. Demain, comme dit plus haut, nous avons prévu de faire un tour dans la péninsule des Banks. Nous voulons ensuite rejoindre l'Arthur's Pass National Park pour y randonner quelques jours avant de nous rendre à Kaikoura.

Comme d'habitude, la météo va décider de la mise en application de ce programme, et encore une fois nous jouons de malchance : l'Arthur's Pass et son milieu alpin constitue bien sûr le point sensible au niveau de la météo, et les prévisions ne sont pas bonnes du tout. Un seul jour de soleil s'est glissé dans une semaine sinon pluvieuse, voir orageuse... Si après-demain, le temps sera donc clément sur les montagnes du parc, les alertes à la tempête, aux inondations et aux fortes chutes de neige dans les hauteurs se succèdent dans les jours qui suivent.

Et nous voilà une fois de plus soumis aux caprices du temps, sans avoir vraiment de choix. L'Arthur's Pass National Park se trouve à 3 heures de route de Christchurch, nous n'avons donc pas d'autre solution que de parcourir la péninsule des Banks demain avant de faire route dans la soirée en direction du parc, passer une nuit dans ses parages, nous trouver une balade à la journée pour le lendemain et de repartir avant l'arrivée de la pluie...

Cette fois, le changement de plan nous reste en travers de la gorge. Nous attendions l'Arthur's Pass depuis longtemps, et espérions vraiment pouvoir y faire un trek de plusieurs jours. Il s'agit en effet du parc qui offre probablement l'environnement montagnard le plus impressionnant du pays, et les images de ses sommets, de ses cols et de ses crêtes nous font rêver depuis près de quatre ans...

Encore une fois, nous n'avons pas le choix, les treks dans l'Arthur's Pass étant assez ardus et surtout très dangereux par mauvais temps, entre les crues de rivières, les avalanches, les vents violents et j'en passe. A noter que de nombreux guides de survie et de conseils au randonneur spécifiques au parc ont été publié par le DOC.

Nous n'allons pas nous risquer là-bas dedans en cas de gros temps.

Nous repérons une randonnée à la journée, et remettons une fois de plus notre programme à plus tard. Ca commence à faire pas mal! Nos prochaines vacances se construisent toutes seules.

Nous finissons la journée en ville puis passons faire quelques courses avant de retourner nous paumer dans la campagne à la recherche du camping de la veille, que nous mettons près d'une heure à retrouver...


French touch et rhinocéros


Nous nous levons tôt le lendemain, résignés à repartir pour quelques jours de course et de rush. Définitivement, nous avons horreur de ça. Un joli lever de soleil se charge de nous consoler.



Première étape, la péninsule des Banks et la petite ville d'Akaroa.

La péninsule a été formée par les éruptions successives de deux super-volcans, et forme à présent une avancée circulaire dans le pacifique, relié à la côte par une petite langue de terre qui s'ouvre juste au sud de Christchurch. Les restes des cratères des volcans, sous l'effet de l'érosion, ont formé deux baies, dont la baie d'Akaroa, au sud, qui abrite le village du même nom.

La péninsule en elle-même présente des côtes torturées de falaises et de plages, et le centre de l'île, perché au dessus du littoral, permet apparemment d'apprécier de sacrées vues.

Akaroa possède une histoire interéssante, puisque c'est ici que s'est jouée, à quelques jours près, la domination de l'île sud pendant la colonisation. Ce sont tout d'abord des baleiniers français qui ont investi la zone aux alentours de 1830, la pêche y étant excellente. Le capitaine Jean-François Langlois décida d'établir une colonie française en Nouvelle Zélande pour profiter de la manne financière que constituait le commerce d'huile de baleine, et acheta la péninsule des Banks aux maoris pour un petit millier de francs. Il rentra alors en France pour préparer une expédition coloniale destinée à prendre possession de la péninsule, puis de toute l'île sud. Malheureusement, à son retour en 1840 à la tête de l'expédition, les anglais venaient de poser l'Union Jack sur l'île sud seulement quelques semaines plus tôt... Les colons français durent donc se contenter de deux petits villages dans la péninsule des Banks à la place de la totalité de l'île. L'un de ces village est Akaroa.

Sur la route, nous récuperons deux auto-stoppeuses, une allemande et une canadienne, avec lesquelles nous discutons bien tout en descendant vers Akaroa, profitant des jolies plaines et forêts marquant l'entrée de la péninsule. La canadienne, Josiane, nous fait baver en nous parlant de son pays, ce à quoi nous nous sommes habitués au fil des ans : à chaque fois qu'on nous parle du Canada et de ses étendues sauvages et vierges, nous avons les yeux qui brillent! Un jour, Canada, un jour...

Nous descendons bientôt dans la belle baie d'Akaroa pour débarquer dans le village portuaire.

Si le côté colonial et les maisons en bois ainsi que la baie sont sympas...



...le caractère French Touch à outrance nous fait franchement rigoler. Comme je le disais plus haut, le village a été établit par des français, et de nos jours, on a vraisemblablement tenté de conserver le côté français pour attirer les touristes, mais de manière beaucoup trop abusive et visiblement sans se poser trop de questions. Ainsi, le bleu, le blanc et le rouge dégoulinent de partout, en grandes bandes autocollantes sur les façades et les vitrines, sur les drapeaux accrochés à chacun des réverbères, et jusque dans les pots de fleurs remplis de géraniums des trois couleurs, mais pas forcément dans le bon ordre ni dans le bon sens. Bleu rouge blanc, blanc bleu rouge, rouge blanc bleu blanc rouge horizontal... Ca c'est le drapeau de la Thaïlande les cocos, pas de la France...

Bref, la traversée du bled est une franche rigolade. Nos sourires s'élargissent encore quand nous prenons le temps d'observer les enseignes des restaurants, des boutiques et des hôtels, arborant toutes des noms français qui sortent à coup sur d'un logiciel de traduction automatique très approximatif.



Vous êtes partis un peu loin les gars... Trêve de plaisanterie, midi approche, et une envie incoercible de fish'n'chips nous saisi!

Nous découvrons, au bout du ponton principal du port, une petite baraque mobile posée juste au bord de l'eau. Derrière, un minuscule bateau, dont le proprio décharge la pêche du matin au fur et à mesure des commandes.

Pour 10$, nous nous enfilons le meilleur fish'n'chip que nous ayons jamais mangé!



Nous localisons ensuite le départ d'une petite balade de deux heures dans les collines qui surplombent la baie. La balade fait bien pâle figure après ce que nous avons pris dans les mirettes entre le Mont Cook et l'Haketere, mais elle nous offre quand même quelques beaux point de vue ainsi que des rencontres pour le moins inattendues...



Nous traversons plaines, champs et collines, pour atterrir... en pleine route à trois bornes du village. Ah. Ce n'était donc pas une boucle? Nous commençons à marcher sur le bitume en direction d'Akaroa, un peu déçus et démotivés, mais heureusement les néo-zélandais sont là! Un vieux monsieur s'arrête près de nous sans même que nous levions le pouce, et nous dépose à la voiture.

Nous quittons Akaroa pour emprunter la Scenic Road, qui retourne à l'entrée de la péninsule en traversant les hauteurs. Cette fois, le trajet est vraiment magnifique, et nous offre de formidables points de vue sous un ciel à présent totalement bleu.



Nous quittons les Banks pour nous diriger vers l'ouest. Si la péninsule ne nous a pas particulièrement marqué, elle se recommande sans problème pour tuer le temps. Akaroa est sympathique, tout comme les étendues de la péninsule, qui se révèlent dans toutes leur splendeur par la route qui emprunte les hauteurs. Si vous avez une demi journée à remplir, faites-y un tour!


L'Avalanche d'Arthur


L'après-midi est déjà bien entamé, mais la journée loin d'être finie. Il nous reste 3 heures de routes à tirer pour rejoindre un petit camping gratos, le Greyneys Camping Ground, situé à une dizaine de kilomètres au sud du départ de la balade que nous avons repéré. Nous voulons y passer la nuit pour être près du parc dès demain et ne pas perdre un temps déjà pas mal tronqué.

Nous quittons la côte pour replonger dans le centre du Canterbury. Plus nous approchons du parc, plus la route traverse un décors sensationnel, et lorsque nous voyons apparaître à l'horizon ses premières montagnes, je ne tiens plus : il faut que je vous montre ça!



Voilà. Après vous en avoir parlé pendant des lignes, je peux enfin apporter une illustration. Dites-vous que la route ici, c'est souvent ça!

Nous atteignons le Greyneys en fin d'après-midi. Un petit espace d'herbe est ménagé dans les bois, cernés de montagnes. Le coin, point de chute gratuit pour la visite du parc, est évidemment assez fréquenté, il caille, mais nous réussissons à trouver un petit coin où poser la tente et nous nous réfugions au chaud avant que la nuit tombe.

Levés aux aurores, nous roulons jusqu'au centre du parc, pour atterrir dans un bureau d'information du DOC et baver devant toutes les balades que nous ferons pas aujourd'hui... L'Arthur's Pass à vraiment l'air d'envoyer le pâté!

Nous récuperons quelques infos sur notre rando du jour. Nous allons nous embarquer pour un nouveau classique, l'ascension de l'Avalanche Peak. Une grimpette très raide de 1100 mètres, d'une durée estimée de 6 a 8 heures, suivant l'Avalanche Peak Track, un sentier qui monte à travers la forêt puis sur une crête jusqu'au sommet perché à 1833 mètres d'altitude. Il est possible d'effectuer une boucle en descendant par le Scotts Track, qui part du sommet pour rejoindre la vallée.

Plus d'infos sur l'Avalanche Peak ici (en anglais)

Le point de départ du track se trouve juste à côté du bureau du DOC, et à 9h nous attaquons l'ascension, sous un temps radieux.

Le sentier pierreux ou formé par des racines est effectivement très raide, et grimpe droit dans la pente à travers une forêt de petits arbres buissonneux. La progression est intéressante, difficile et physique. Elle nécessite parfois carrément d'escalader de portions rocheuses ou de hautes marches de racines, à travers une formidable végétation qui s'éclaircit de temps à autre pour nous permettre d'admirer les versants qui nous surplombent.



Bref, c'est l'éclate et le chauffage de cuisse jusqu'à la bushline, à 1300 mètres. Comme au Mt Cook, la sortie de la forêt est synonyme de vue dégagée, et comme au Mt Cook, celle-ci est à tomber par terre.



La piste tourne vers l'ouest et grimpe sur une crête rocailleuse aux versants abruptes, tandis que le tracé se fait très aérien et nous permet d'apprécier une vue imprenable sur les massifs alentours. Le paysage formidable nous oblige à nous arrêter pour en profiter pleinement sans nous vautrer sur un chemin très escarpé.



Alors forcément, nous prenons notre temps! Nous ne sommes pas déçus : où que se posent nos yeux, la montagne est magnifique. Nous atteignons finalement le bout de la crête, qui s'achève sur un mur de pierriers que nous devons grimper pour atteindre l'arrête terminale de l'Avalanche Peak.



L'avantage de la balade à la journée, c'est que nous n'avons pas à nous trimbaler nos gros sacs, ce qui n'est pas dommage. La grimpette dans le pierrier est rude, le passage n'est plus indiqué que par quelques poteaux plantés tous les vingt mètres, entre lesquels il faut trouver son chemin dans la caillasse. Avec tout ce que nous avons pris dans les jambes ces dernières semaines, notre condition physique atteint des sommets, et sans le poids de nos sacs, nous galopons joyeusement dans la pente, nous arrêtant parfois pour profiter du paysage qui derrière nous devient de plus en plus impressionnant grâce à la prise d'altitude.



Même avec les pauses contemplatives, nous sommes rapides. Nous atteignons la crête terminale de l'Avalanche vers 11h, et une vingtaine de minutes plus tard, nous sommes au sommet, après un court passage sur un sentier escarpé bordé de versants à pic.

Le sommet, couvert de pierres noires, nous offre un des plus formidables points de vue que nous ayons eu sous les yeux.



En compagnie de quelques autres randonneurs, nous nous asseyons en silence pour écouter le bruit du vent et profiter du sublime paysage du haut de nos 1833 mètres. Nous sommes bientôt rejoint par... un kea, qui vient observer les grosses bêtes que nous sommes et prendre la pose pour se faire tirer le portrait!



Nous profitons de notre grandiose perchoir une trentaine de minute avant de parcourir l'arrête en sens inverse pour rejoindre le Scotts Track, qui plonge en direction de la vallée par l'autre versant de l'éperon que nous avons grimpé à l'aller. Et qui ce faisant nous révèle tout l'autre côté des gorges du parc!



Nous dégringolons de la montagne, repassant la bushline et nous arrêtant rapidement pour manger avant de continuer notre descente dans une forêt clairsemée de petits arbres et de broussailles.



Finalement, nous atterrissons sur la route à 14h... Nous n'avons pas du tout eu l'impression de nous presser, pourtant nous avons bouclé la rando en 5 heures, dont une demi-heure de pause au sommet de l'Avalanche Peak et une autre demi-heure de pause repas. Ils sont rouillés ou pas les voyageurs?!

Nous gambadons tranquillement jusqu'à la voiture, et retournons nous poser au camping. Il est beaucoup plus tôt que ce que nous avions prévu, mais le soleil brille, nous sommes entourés de montagnes, et nous nous affalons dans l'herbe avec thé et bouquin pour une fin d'après-midi bien glandouilleuse après cette sensationnelle balade.

Oui, vous l'aurez compris, l'ascension de l'Avalanche Peak se place sans problème dans la catégorie des plus belles randos à la journée que nous ayons faites!

Le jour suivant, nous mettons les voiles dès le lever du jour, lorsque nous constatons que d'épais nuages noirs commencent comme prévu à envahir le ciel, avec l'impression de fuir un cataclysme...

En chemin, après quelques dizaines de minutes, nous avisons un panneau marron signalant un site d'intérêt, et apercevons au loin un amas de gros rochers aux formes étranges... Nous nous arrêtons pour découvrir le site géologique de Castle Hill et ses roches calcaires sculptées par des milliers d'années d'érosion. Une bonne surprise!



Au royaume des phoques et de la langouste


Nous repartons pour Christchurch avant de mettre le cap au nord en direction de la côte nord-est et de Kaikoura. Le trajet depuis Christchurch est censé prendre 2h30, mais rappelons que la région de Kaikoura a été la plus durement touchée par le séisme de novembre dernier, et que la petite ville est restée coupée du monde pendant plusieurs jours à cause de l'effondrement de l'autoroute côtière et des glissements de terrain.

Ainsi, les derniers kilomètres de notre périple se déroulent à une allure d'escargot, et nous font prendre conscience de l'étendue des dégats subis par la région. Le State Highway 1, principal accès à Blenheim et au port de Picton depuis Christchurch, est en ruine. Au nord de Kaikoura, l'autoroute est tout simplement coupée. Au sud, il est possible d'y circuler, mais il faut voir dans quelles conditions : par intermittence et sur plusieurs dizaines de kilomètres, la route côtière ne fonctionne que sur une file, pleine de trous et de bosses, que les véhicules empruntent en alternance, à cause de l'éboulement des falaises qui surplombent la voie et de l'effondrement de ses tunnels. La portion de route qui a le plus morflé n'est qu'une succession ininterrompue de chantiers et de zone de travaux, bordés d'alignement de gros containers destinés à protéger la voies de nouveau glissements de terrain. Nous nous retrouvons parfois bloqués plus de 5 minutes à un feu, en attendant de pouvoir traverser une portion d'une seule file de plusieurs kilomètres. Le Pacifique s'occupe de nous distraire : durant l'une de ces longues attentes, nous voyons un dauphin sauter au-dessus des vagues!

Finalement, nous mettons près d'une heure à parcourir la dernière vingtaine de kilomètres qui nous sépare de Kaikoura, et nous arrivons dans la petite ville côtière en toute fin d'après-midi, sous la grisaille et le vent. Nous savons qu'au nord, la route est coupée, mais nous ne savons pas à partir d'où, or nous y avons repéré un camping gratuit situé à une vingtaine de kilomètres au-dessus de la ville. Nous allons quérir quelques nouvelles au centre d'information du coin, pour apprendre que la route est fermée seulement 12 kilomètres plus loin... Nous nous rabattons sur un autre camping du DOC, le Puhi Puhi Campground, à 6$ la nuit, situé au bout d'un chemin de gravier dont l'accès depuis la route principale s'ouvre juste avant la zone fermée.

Tandis que la nuit tombe, nous atteignons le camping, minuscule espace d'herbe aménagé au bord d'une rivière. Avec ses toilettes sêches et pas d'eau en dehors de la rivière, le spot est moins bon que la plupart des campings gratuits que nous avons squatté... A savoir que comme souvent, l'espace fonctionne sur un système de self-registration : on dépose une enveloppe avec l'argent dans une boite, et on garde un reçu qu'on dispose en évidence dans son véhicule ou sur sa tente en cas d'éventuel contrôle. A vous de voir donc.

De notre côté, nous ne verrons pas passer de ranger.

Au matin, nous nous lançons dans l'exploration du dernier spot de nos vacances (déjà!)

Le nom de Kaikoura provient de la contraction des mots maoris "kai", qui signifie "nourriture", et "koura", qui se traduit par langouste.

En plus de constituer la capitale nationale des produits de la mer, Kaikoura possède de nombreux attraits, à commencer par son cadre. La ville est en effet posée au bord d'une baie de sable blanc et entourée de hauts massifs, ce qui donne un magnifique paysage assez atypique mélangeant littoral océanique et majestueuses chaînes de montagnes.



Mais ce qui a véritablement fait la renommée du coin, c'est la richesse de sa faune marine. Les eaux de la baie et du large sont toutes classées réserve marine, et accueillent dauphins, phoques à fourrures et même baleines! Si l'observation de ces dernières, qui s'approchent rarement des côtes, nécessite de passer par une agence pour organiser une sortie en bateau ou en avion, il est parfaitement possible d'apercevoir les dauphins et les phoques depuis la baie.

Nous quittons donc le centre-ville pour rejoindre la péninsule de Kaikoura, minuscule avancée dans l'océan qui se parcourt en quelques heures en suivant une boucle qui traverse les hauteurs avant de suivre la côte.

L'entrée de la péninsule, au sud du centre-ville, annonce directement la couleur : il y a des phoques de partout, allongés sur les grèves rocheuses qui marquent la fin de la baie!



Nous empruntons le petit sentier qui grimpe dans les collines, nous arrêtant de temps à autre pour admirer les jolis point de vue sur le littoral.



Nous descendons ensuite sur la plage de galet, et après quelque minutes de marche nous tombons sur d'autre phoques, occupés a se faire dorer la pilule sur des rochers d'un blanc éclatant.



Mais c'est dans la crique suivante, quelques centaines de mètres plus loin, que nous attend le véritable spectacle. Dans l'Abel Tasman, nous nous enflammions devant 5 phoques qui se prélassaient à plus de cent mètres de nous. Sur la Wharariki Beach, à côté du Farewell Spit, nous exultions d'avons pu en approcher autant de plus près. Dans les Catlins, nous nous extasiions devant une dizaine de spécimens qui nous entouraient de toutes parts... Et aujourd'hui, nous passons un cran de plus, pour disposer d'une nouvelle référence en matière d'observation de mammifères marins : juste devant nous, nous découvrons une colonie d'une trentaine de phoques à fourrure!



Il y en a de partout, les bestioles ont littéralement envahit la zone. Nous nous posons à quelques dizaines de mètres de la colonie pour les observer.



Tandis que nous poursuivons notre balade, nous constatons qu'il faut vraiment faire attention aux endroits où nous marchons tant il y a de phoques tout autour de nous! Nous manquons même une ou deux fois de trébucher sur une bestiole en train de ronquer au détour d'un rocher...

Et ce n'est pas fini... La crique suivante, en plus d'être magnifique, constitue une zone protégée pour les phoques : il est interdit de trop s'y avancer, et de nombreux panneaux rappellent au visiteur de ne pas crier ou faire de gestes brusques, pour ne pas déranger les animaux. La raison de ce surcroît de protection nous apparaît bientôt : parmi les dizaines de phoques qui occupent le terrain se trouvent plusieurs mères avec leurs petits! Nous restons à l'écart, cachés en silence derrière les rochers, et passons de longues minutes à observer les petits phoques qui jouent dans les flaques laissées par la marée, qui embêtent leur mère, qui cavalent sur la plage (et un bébé phoque qui court, c'est franchement hilarant!)...



Que rêver de mieux pour conclure nos vacances? Nous quittons la péninsule ravis, pour rejoindre le centre-ville et nous payer le fish'n'chip de fin de road trip, histoire de marquer le coup.

Et oui, c'est dure à ingurgiter, mais nous sommes le 13 février, et l'heure est venue de remonter vers le nord. Nous devons être de retour à la ferme le 15, et la route 1 étant coupée, nous sommes condamner à effectuer un détour de plus de 400 kilomètres par l'intérieur des terres pour rejoindre Nelson...

Nous passons l'après-midi à rouler, pour nous arrêter dans un camping gratuit situé à mi-chemin, le Deer Valley Camping Ground, dans les montagnes aux alentours de Spring Junction.

La nuit est glaciale, et la journée suivante pluvieuse. Nous nous réfugions dans une bibliothèque pour apprendre que toute la région est sous la pluie pour la journée... Nous qui envisagions une dernière balade avant de rentrer, nous restons finalement à la bibliothèque avant retourner au camping le soir pour une nouvelle nuit froide et humide.

Le 15 au matin, nous envoyons un message à Tracey pour lui confirmer notre arrivée dans la journée, puis nous mettons en route.

Aujourd'hui, le temps est radieux, et nous bouclons notre tour de l'île sud comme il avait commencé : par un passage au lac de Rotoiti. Rappelez-vous, l'un des deux lacs principaux du Nelson Lake National Park, que nous n'avions pas pu voir au retour de notre trek dans le parc à cause du brouillard, et auquel nous n'avions même pas pu accéder le jour de notre départ en vacance à cause d'une inondation...

Et bien enfin, nous le découvrons sous un grand ciel bleu! Nous y serons finalement arrivé.



C'est donc ici, sur les rives du lac, face à un nouveau formidable paysage, que s'achève notre vadrouille des vacances et notre premier tour de l'île sud de la Nouvelle Zélande.

Un premier tour bien trop rapide, qui comme je le disais a plus consisté en un dégrossissage qu'en une véritable exploration en profondeur. Nous avons passé beaucoup de classiques, la plupart des immanquables, et nous achevons notre périple la tête pleine d'idées pour notre prochaine virée.

Même s'il ne fut qu'un survol rapide des merveilles de cette partie du pays, ce premier aperçu de trois petites semaines a achevé de nous faire tomber amoureux de la Nouvelle Zélande. Je vous ai déjà parlé de nos ressentis détaillés, mais en raisonnant plus globalement, on comprend que nous vivons ici une expérience unique dans notre Petit Tour : nous avons souvent découvert des étendues formidables au cours de ce grand voyage, parfois encore plus incroyables que celles que nous découvrons ici (les Annapurnaaaaaaas!!!). Mais jamais nous n'avons traversé de contrée où le moindre centimètre carré de paysage était systématiquement un joyau naturel. Ici, rien n'est à jeter : du fin fond d'un parc aux abords de la route, la beauté des paysages est omniprésente et ininterrompue, sans parler de sa variété. Ce pays est une pure perle de nature dans son entier.

Ajoutez à cela les colonies de phoques et de lions de mer, les pingouins... Histoire de parfaire encore un peu plus le tableau! Plus tout le reste, que nous avons déjà évoqué dans de précédents articles.

Bref, nous nous plaisons bien dans ce pays! Euphémisme quand tu nous tiens...

Allez, il est temps de plomber un peu l'ambiance... Car à présent, au sortir de ces trois incroyables semaines de vadrouille, nous attend l'épreuve tant redoutée, nécessaire mais d'ors et déjà décourageante : 2 gros mois d'apple picking... L'heure est venue de nous remettre au boulot!