vendredi 10 janvier 2014

Samos, Chios, et la tant attendue arrivée en Turquie

Merhaba! Et bien ça y'est, nous voilà depuis trois jours en Turquie. Bon sang que nous l'avons attendu cette grande Turquie...

Nous avons quitté Syros pour Samos avant de rejoindre Chios, sur laquelle nous sommes restés quelques jours avant d'embarquer une dernière fois sur cette bonne mer Egée pour rallier Çesme (prononcer tchesme).

Nous avons terminé notre parcours dans les îles un peu précipitamment, incapables de patienter plus longtemps, véritablement pressés de changer de pays. Et la Turquie nous promettait tellement de choses!

Tour d'horizon de nos derniers jours en territoire Hellène, et de nos débuts en Turquie. Cassons le suspense tout de suite : ces débuts ont été paradisiaques!

Au revoir Syros, passage éclair à Samos, Chios et Pirgi



ambiance refugie sur le ferry
Après notre dernière publication, l'heure avancée nous a poussé à trouver un coin de plage pour planter le camps. La nuit sur les galets, rien de tel pour les problèmes de dos!


Le lendemain, une bonne grosse journée d'attente s'annonce, que nous meublons par des courses, des tours dans Hermoupolis et des balades sur le port.

Le bateau part à 22h30 pour 10h de traversée... L'attente est trèèès longue, mais finalement le ferry pointe son nez et nous mettons les voiles pour Samos! Dans le bateau, nous profitons de la seule activité judicieuse à cette heure : dormir!


plage de Samos
Nous émergeons un peu avant l'arrivée sur Samos, et nous débarquons avant de rejoindre directement un point de vente de billets pour nous renseigner sur les bateaux pour Chios.

Les horaires ne nous arrangent pas : le prochain part le lendemain matin, le suivant presque une semaine plus tard... Nous avons déjà passé un paquet de jours sur Syros, nous décidons donc de rejoindre notre prochaine île directement. Tant pis pour Samos.

Et nous repartons pour un après-midi pas franchement actif : la ville de Samos ne présente pas vraiment d'intérêts, et apres un petit tour nous fuyons vers la mer tromper l'ennuis en pêchant.

Lion de Samos
Même la pêche est las : aucune prise n'est faite!

Nous en avons marre d'attendre depuis près de trois jours, dépositaires des horaires de bateau qui en plus nous empêchent de passer seulement quelques jours à Samos. Nous avons envie d'avancer, de lever le pouce au bord d'une route, de bouger. Et nous sommes tellement impatients de quitter la Grèce et de rejoindre la Turquie...

Bref, le moral n'est pas au top et plein de lassitude, mais heureusement la journée se termine dans un coin assez magnifique, il faut le dire, au bord de la mer où nous trouvons un petit carré de pelouse pour poser le camp et dormir au son des vagues. Chios à intérêt à dépoter, car il en faudra beaucoup pour nous enlever notre obsession de la tête...


Nous embarquons au petit matin à 10h, et profitons des 4h de traversée pour nous laver (ça faisait un moment!) et commencer à apprendre quelques rudiments de turc, formules de politesse et chiffres.

L'arrivée à Chios à 14h nous plombe légèrement : des immeubles classiques au possible bordent une bonne partie de la côte, le port est gris et bétonné... Nous sommes déçus.

Nous découvrons quand même quelques fortifications byzantines à nous mettre sous la dent, après avoir appris qu'en ce moment des bateaux effectuent tous les jours la traversée vers la Turquie...

tour de garde byzantine, Chios
Nous voulons quand même profiter de l'île, bien que nos regards soient bloqués sur les rives turques que nous distinguons à l'est!

Nous décidons de visiter un spot sur Chios, et de mettre les voiles. Nous choisissons Pirgi, à 20 kilomètres au sud, petit village proposant apparemment pas mal de choses à voir. Si la chance en stop nous sourit (mouai...), nous pourrions partir le sur-lendemain.

Nous quittons le centre-ville et nous dénichons à nouveau un coin au bord de l'eau où passer la nuit. Problème : nous sommes à quelques mètres seulement d'une piste d'aéroport... Toutes les vingt minutes, un gigantesque hurlement de réacteur nous réveille en sursaut... On a trouvé mieux comme coin!

Aller Pirgi, fait nous rêver! C'est que nous ne verrons que ça...

Nous stoppons au matin sous le soleil, et sommes embarqués en 10 minutes! Youpi!

L'homme qui nous emmène nous dépose dans la campagne quelques kilomètres plus loin, et se met carrément au milieu de la route pour arrêter une voiture qui passe et lui demander de nous emmener. Ca fait plaisir! Mais le nouvel arrivant ne semble pas franchement emballé, et nous continuons à pied à travers les collines couvertes de forêts. Et oui, principes de stop oblige, le voyage à l'oeil se doit d'être spontanément et librement offert. Ce n'est pas grave, une jeune fille nous embarque quelques minutes plus tard, pour nous déposer après une nouvelle poignée de kilomètres.

Nous passons une colline d'oliviers centenaires, et pendant que nous les photographions pouces baissés une voiture s'arrête d'elle-même pour nous faire franchir les derniers kilomètres avant Pirgi! Le stop est fou aujourd'hui, ça change!

Les forêts alentours laissent d'un coup place à des étendues désolées, où poussent seulement quelques troncs rachitiques. Notre gentil chauffeur nous apprend que tout a brûlé il y a 2 ans sur plusieurs kilomètres carré... Effrayant.

Nous arrivons à Pirgi pour découvrir la surprise que constitue le village : tous ses bâtiments présentent des façades, des devantures de portes et même des dessous de balcons couverts de motifs, formes géométriques, plantés, gravés directement dans le revêtement des murs!

église de Pirgi 
Pirgi




































C'est surprenant, et nous déambulons un moment parmis les petites ruelles le nez en l'air, avant de nous enfoncer dans la campagne pour aller voir les nombreuses tours médiévales qui se dressent tout autour du village. Nous rejoignons ensuite le centre, répondant aux nombreux saluts que nous adressent les habitants, avant de retourner stopper pour Chios en début d'après-midi.

Un coup de klaxonne retentit avant que nous ayons eu le temps de lever le bras, et nous sommes récupérés par notre dernier chauffeur du matin, qui retourne à Chios! Hallucinante cette journée! Le gars est pompier, et il nous décrit un peu plus les incendies qui ont ravagés l'île il y a 2 ans.

tour de garde médiéval
En tant que pompier, il en a bavé! Arrivés à Chios, il nous montre le poste de douane d'où nous devrons embarquer demain, avant de nous laisser. Nous retournons au même coin que la veille, billets en poches, réveil amorcé, des rêves de nouveaux horizons plein la tête, et des moteurs à réaction plein les oreilles...







L'arrivée en Turquie, Izmir




remparts de Çesme
Au matin, c'est parti, aujourd'hui nous changeons de territoire.

Nous sommes excités comme des puces : d'une part, après plus d'un mois passé en Grèce, nous voulons juste changer de pays. Surtout après toutes ces attentes de bateaux. De l'action crénom! D'autre part, la Turquie, en plus de nous faire miroiter tout le bien que l'on nous en a dit, sur son patrimoine et sur ses habitants, et de promettre un bon dépaysement, réprésente pour nous la porte de sortie de l'Europe : derrière nous attendent l'Iran, puis l'Inde... Le début du petit tour en Asie. Le début du changement total. Et ça nous fait frisonner!

place de Konak, Izmir
Après le contrôle des passeports, nous embarquons, pour arriver 40 minutes plus tard à Çesme. Un ''bonjour'' français à la douane, un petit coup de tampon, et ça y'est, nous y sommes!

L'appel à la prière pendant le casse-croûte nous met bien cette idée en tête. Nous vadrouillons un peu dans la ville, le temps de trouver une carte (au 1/1750000... l'orientation promet d'être d'une précision encore inégalée...), de sympathiser avec un gérant de guest house qui se met en 4 pour nous aider à trouver notre bonheur au meilleur prix, et avec le vendeur chez qui nous avons trouvé la carte.

Nous glânons quelques informations sur le pays. Apparemment, Istanbul est d'une taille et d'une densité de population assez exceptionelle (11ème ville du monde, juste derrière New York...).

Agora
Nous verrons. Pour l'heure, nous devons rejoindre İzmir, à l'est, et nous levons le pouce pour la première fois dans ces contrées.

Pan, 10 min d'attente, et nous sommes embarqués pour notre destination. Arrivés sur place, nous constatons qu'Izmir, c'est gigantesque! Et dire que ce n'est rien en comparaison d'Ankara ou İstanbul... Et qu'est ce que ça va être à Bombay et à New Delhi?

Nous visitons le centre et sa tour de l'horloge, avant de nous enfoncer dans le bazar. Ca grouille de monde, d'odeurs, de lumières. Des centaines de magasins, d'étals et d'échoppes vendent tout ce qui peut être vendu, au milieu des kebabs et des cafés.

c'est le bazar!
Avant tout, nous nous dégotons un hôtel pas cher où poser les sacs, voulant vadrouiller dans la ville cet après-midi. Le bazar avec tout le barda sur le dos, c'est juste mission impossible!

Grâce aux habitants, nous trouvons bientôt une piaule dans le centre-ville.

Délestés de nos affaires, nous furetons un peu partout, nous faisant accoster par des vendeurs proposant ''un jean pour monsieur''... Oui, bien sûr...

Nous restons un bon moment noyés dans l'agitation débordante des rues couvertes de baches, avant de faire un tour par les vestiges de l'ancienne Agora Grecque.

Nous finissons l'après-midi au bord de l'eau, avant d'aller nous manger notre premier döner (prononcer deuner) dans le bazar, éblouissant de nuit.

Nous y recroisons un des vendeur de l'après-midi, papotant un moment avec lui, tandis que le tenancier du lieu tente avec beaucoup de patience de nous apprendre le turc. La prononciation n'est pas évidente, mais nous nous accrochons, et nous parvenons à nous faire comprendre (relativement).

la tour de l'horloge, 1901
Très bonne soirée au final, les gens sont souriant, très amicaux et chaleureux. Nous nous couchons ravis. Vivement demain!








Aliağa, Bergama, Ayvalik




Le lendemain, grand défi : quitter İzmir à pied et trouver un bon coin stop. Dans un second temps, rejoindre Bergama par Aliağa (prononcer Aliaha).

Nous prenons un bus vers le nord de la ville, gratuitement grâce à la gentillesse de son chauffeur qui nous fait cadeau de la course, avant de lever le pouce juste à côté du centre, et d'être récupérés en 5-10 minutes. Magique! C'est que nous allons finir par faire des généralités sur l'autostop en Turquie après seulement deux jours!

Nous parcourons quelques kilomètres, puis dressons le pouce à nouveau très peu de temps pour être embarqué pour une vingtaine de kilomètres.

Enfin, un dernier binôme nous prend pour Aliağa.

Nous faisons ainsi la connaissance de Rasim, directeur de la raffinerie locale, et Kadör, qui vont nous faire passer un formidable après-midi. Ils nous expliquent que si effectivement Bergama est à ne pas manquer, Aliağa ne présente que peu de sites intéressant. Ils se proposent de nous en faire la visite guidée en voiture! Nous acceptons avec joie.

Nous passons une oliveraie, dont les espaces sont couverts de grosse bosses de terre, qui s'avèrent être d'ancienne tombe grecques. Nous longeont ensuite un marais rempli de dizaines de flamands roses, avant d'atteindre 2 collines aux pentes étrangement régulières, et pour cause : il s'agit de tumulus de la période hellène. Ils nous emmènent ensuite voir ce que Rasim qualifie en riant de seul vestige visible de la ville : une arche romaine dépassant à peine du sol. Enfın, pour un coin qui était censé être sans intérêt, ça fait déjà pas mal!


Nos hôtes nous proposent ensuite de nous payer un petit morceau à grignoter dans le centre. Tout naturellement. C'est génial!

Nous arrivons dans un petit établissement, et nous leur proposons de choisir pour nous, leur expliquant que nous leur faisons confiance pour nous faire découvrir les trésors gastronomiques locaux : ''si vous aimez, nous aimerons!''.

Le festin qui s'ensuit est mémorable : ils commandent des assortiments pour tout le monde : köfte, adana, pizza turque (lahmacun), accompagnés de bulgur, de tomates, d'oignons, de piment et de galettes (lavaş, prononcer lavach). Nous goûtons 2 boissons locales : l'ayran (yaourt mélangé à de l'eau et du sel), et le şalgam, à base de carotte, de piment, de sel, de poivre, très particulier au goût.

Nos 2 amis prennent plaisir à répondre à nos questions, et le repas est magnifique. En dessert, ils nous commandent des künefe (prononcer kunefe), pâtisseries servies chaudes et croquantes, dont la pâte, amalgame de cheveux d'ange, est fourrée de fromage, le tout servi dans du sirop très sucré. Un véritable régal!

C'est un grand honneur qu'ils nous font, et nous les remercions du fond du coeur. S'ensuit un petit thé pour faire descendre tout ça, durant lequel nous papotons un peu politico-économie (pas de surprise à ce niveau là : l'économie va mal et le gouvernement turc est corrompu jusqu'à l'os. Rasim cite en exemple les millions d'euros et de dollars que la police a retrouvé quelques semaines plus tôt en petites coupures dans des boites à chaussures chez d'éminents membres du gouvernement...) après quoi ils nous déposent sur la route de Bergama.

Nous les remercions chaleureusement du cadeau qu'ils nous ont fait en nous faisant découvrir tant de chose en si peu de temps. Nous nous souviendrons longtemps d'eux, qui nous ont offert ce formidable après-midi tout naturellement. Kadör, Rasim, teşekkür ederim!

L'après-midi touche à sa fin, nous avons la peau du ventre bien tendue, et nous sommes aux anges! Ils sont fous ces turcs... Nous tentons encore quelques minutes de stop, mais le soleil se couche, et nous partons à pied... et une voiture s'arrête spontanément pour nous emmener à 5 km de Bergama! Décidément, quel pays! Et ce n'est que le deuxième jour...

En pleine cambrousse, nous trouvons rapidement une oliveraie où poser la tente.

Le Hamam des hommes, 15ème siècle
Au matin, nous partons à pied pour la ville. Nous marchons peu de temps, car encore une fois un homme nous klaxonne en nous faisant signe de monter!

Arrivés dans le centre, nous parcourons les alentours, passant le tumulus de Maltepe, avant de traverser la ville, passant voir ses inombrables mosquées et ses hamams du 15ème siècle. Le bazar, en revanche, est décevant, surtout après celui Izmir. En fin de matinée, nous gravissons la colline qui surplombe la ville pour rejoindre l'acropole.

sanctuaire d'Athéna
Nous y passerons une bonne partie de l'après-midi : le site est immense, et comprend de nombreux temples dédiés à Athéna, Zeus, Demeter ou encore Dionisos, ainsi qu'un théâtre, les vestiges d'une bibliothèque, le sanctuaire et le temple de Trojan, le tout dans un état de conservation admirable.

De la haut, nous profitons d'une vue formidable sur la ville et les montagnes qui l'entourent. Durant la visite, nous rencontrons Julia (prononcer Youlia, attention c'est important!), jeune fille russe etudiante à Paris, en visite dans le coin avec son père.

Théâtre et temple de Dionisos 
Elle est adorable, parle un français absolument impeccable (voir meilleur que celui de certains de nos compatriotes!),  et nous discutons du voyage, avant qu'elle propose de nous poser à Ayvalik, notre prochaine étape. Nous la rejoignons à la sortie de l'Acropole, et embarquons avec son père pour un nouveau petit tour dans Bergama. Ils n'ont pas encore visité la ville, et nous voilà en train de jouer les guides de la ville pour leur montrer nos découvertes du matin, en grands spécialistes!

Temple de Trojan
Nous mettons ensuite les voiles vers la côte, à 60 kilomètres de là.

Sur le trajet, Julia nous montre les photos de Pamukkale, incroyable formations géologique constituant une multitude de bassins, que nous songeons sérieusement à passer voir en attendant nos visas pour l'Iran. En revanche, le site se trouve à plus de 300 km d'Istanbul... Au sud d'Izmir, que nous avons quitté pour le nord hier. Nous verrons.

Nous atteignons Ayvalik en fın d'après-midi, pour faire le tour de la presque-île qui borde la ville, avant de remercier Julia et son père pour le trajet.

notre souriante Julia
Nous restons sur le petit bout de terre face à Ayvalik, richement pourvue en coins de verdure, et abordons deux fermiers pour leur demander si nous pouvons planter la tente dans l'oliveraie toute proche pour la nuit.

C'est le moment de tester notre turc, à travers trois mots que nous avons répété : chadir bir geche, en francais ''tente une nuit''... C'est très basique, mais ils comprennent, éclatent de rire en nous félicitant et acceptent, nous désignant une belle prairie où nous posons le camp, une fois de plus ravis de cette journée parfaite d'un bout à l'autre, au son de l'appel à la prière retentissant du minaret tout proche.


presque-ile d'Ayvalik
Au matin, nous avalons les 5 bon kilomètres qui nous séparaient du centre, que nous quitterons cet après-midi pour mettre le cap sur Çanakkale.

Ca en fait des choses à raconter! La Grèce a été belle et nous en a mis plein les yeux, avec ses montagnes, prairies, littoraux, villages, ses vestiges de toutes époques, ses îles. Mais nous avons un peu eu l'impression de parcourir le pays entre nous, avec les étrangers que nous avons rencontré en chemin, sans véritable communion avec les habitants. Les îles ont été l'occasion de profiter d'une ambiance beaucoup plus chaleureuse.

Nous avons expédié notre sortie du pays, tant l'envie de changement et l'attrait pour la Turquie étaient devenus obnubilants. Après seulement trois jours dans le pays, nous sommes comblés : les gens sont chaleureux, très amicaux et accueillant, ils vous saluent quand vous les croisez, et sont d'une générosité incroyable. Nous avons déjà vu pas mal de choses intéressantes, et nous avons maintenant envie de croquer le pays à pleine dent! Ne serait-ce que pour vérifier si nous avons seulement eu 3 jours de chance, ou si le pays est globalement formidable. Nous pencherions plutôt pour cette dernière hypothèse!

Dans les jours qui viennent, nous voulons rejoindre Istanbul et y passer 2 ou 3 jours, demander nos visas pour l'Iran, et parcourir le pays en les attendant. Côtes de la mer noire, ou gros voyage jusqu'à Pamukkale... Nous verrons! De toutes façons, le stop est un rêve ici, et nous n'avons aucunes limites. Et c'est magique en Turquie!

    

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