samedi 8 août 2015

Hô Chi Minh (Saigon) : le formidable et torride retour dans le bouillon asiatique


Xin chao!

Le premier et tant attendu premier de nos récits au Vietnam!

Nous avons rejoint Danang, dans le centre du pays, après une première semaine très active durant laquelle nous avons silloner Saigon et le delta du Mékong. Nous bougeons beaucoup, pour la simple et bonne raison que nous n'avons qu'un mois de visa au Vietnam. Notre programme est chargé, et nous devons composer avec un événement de taille : la mère de Léonore vient nous rendre visite à Hanoi la semaine prochaine!

Ce premier billet est consacré à nos premiers pas surexités au Vietnam avec la découverte de la plus grande ville du pays. Des premiers pas qui nous ont fait de l'effet, après une fin de vadrouille en Australie éprouvante et une attente du départ qui virait à l'obsession.


Attérissage au Vietnam



Nous décollons enfin de Melbourne au milieu de la nuit, ivres de bonheur, pour ne première escale 6 heures plus tard à Kuala Lumpur. Il est amusant de penser que c'est la deuxième fois que nous allons en Malaisie, pour visiter à nouveau le même célèbre monument : la zone de transit de l'aéroport. Il faudra tout de même qu'on jette un oeil dehors un des ces jours...

Nous n'avons presque pas dormi, mais impossible de fermer l'oeil. Quatre heures plus tard, nous repartons. La prochaine fois que nous toucherons le sol, nous serons arrivés au Vietnam...

Les formalités à Ho Chi Minh se déroulent comme de partout, nous récuperons nos bagages, nourissons nos passeports affamés d'un nouveau visa (ça faisait longtemps!), et bientôt nous mettons le nez dehors. La première chose qui nous frappe est la température. Terminés les 5-10 degrés d'Australie, nous sommes accueillis par un bon 35 bien tassé qui nous coupe le souffle. Ca change!

Pas le temps de trainer, nous voulons nous poser. La première destination par excellence à Hô Chi Minh est le premier district, le quartier touristique, où tous les voyageurs se rendent. Craignant un nouveau Thamel vietnamien ultra-touristique et vitrinisé, nous avons bien cherché avant de partir un autre point de chute dans la ville, malheureusement c'est aussi ce quartier qui propose les prix les plus bas... Baste, nous ne resterons pas longtemps. Nous voulons passer quelques jours à Hô Chi Minh, le temps de nous remettre dans le bain et de visiter, avant de partir pour le delta du Mékong.

Nous attrapons un bus en face du terminal. Pas besoin de donner notre destination au chauffeur, il nous fait signe qu'il sait où nous allons... Ca promet...

Nous voilà partis dans la ville. Il fait très chaud. Saigon est le paradis du deux roues, et les rues sont des rivières de scooters et de mobilettes qui klaxonnent et pétaradent en frôlant les étals de marchandises et les vendeurs en tout genre installés au bord du trottoir, devant des bâtiments tantôt étincelants tantôt plus délabrés. Une formidable sensation commence à monter tandis que le bus se fraye un chemin dans la marée.
Nous débarquons dans le premier district, au milieu des véhicules et de la foule. Nous sommes paumés, nous dégoulinons de sueur, n'avons pas dormi et trimballons tout les deux le gros rhume que j'ai eu la gentillesse de partager avec Léonore, pourtant nous sommes sur un nuage. Sans être du niveau du foutoir dans lequel nous avions plongé dans les grandes villes indiennes, le centre-ville présente quand même un beau bazar, et c'est tant mieux! L'agitation, le bruit, les odeurs, la foule, bref, la vie, tout ça nous avaient tellement manqué! Notre environnement revit, et nous avec.

Nous glanons ça et là une direction approximative, et marchons bravement au milieu du vortex. La température associée à l'humidité et la fatigue sont redoutables, mais nous atteignons finalement une petite ruelle bordée d'hôtels à la lizière de la rue touristique principale. Nous passons quelques guest houses pour dénicher un bon tarif, mais vu notre état nous ne faisons pas trop les radins. Nous avons échangé quelques dollars en monnaie vietnamienne avant de quitter l'Australie, et pour 280000 dongs (10 euros), nous lâchons enfin le barda dans une piaule et tentons de reprendre nos esprits. Ca ira pour notre première nuit, nous pouvons toujours profiter de l'après-midi et trouver moins cher pour demain. Après une bonne douche froide, c'est fait : ça y est, nous y sommes!

Le genre de vision qui fait rire
Trop excités pour nous reposer, nous partons tout de suite en exploration. Au gré des vagabondages, nous sommes rapidement rassuré sur le quartier : effectivement, il y a pas mal de bars et de restos à l'occidentale, de boutiques de souvenirs et d'artisanats, d'agences de voyage, et nous croisons beaucoup d'étrangers en vacances, mais l'ensemble n'a pas ce côté façade artificielle qui nous avait tant déplu dans le quartier touristique de Kathmandu. Nous nous doutons bien que le cadre n'a rien à voir avec la réalité du Vietnam, mais cela ne saute pas aux yeux. L'activite du quartier est loin de reposer uniquement sur le tourisme. Les locaux sont présents et vivent ici, et la plupart des gargottes, des troquets et pas mal de boutiques s'adressent aux gens du coin. 

Nous exultons tandis que nous retrouvons tout ce que nous adorons. L'animation, la vie, la circulation anarchique, mais aussi les bouibouis enfumés, les vendeurs de rue, les prix ridicules, et beaucoup d'autre choses dont nous ne nous rendons pas forcément compte sur le coup...

Après un an en Australie, nous prenons tout ça en pleine poire, pour notre plus grand bonheur. C'est en essayant de digérer la certitude grandissante que ça y est, notre voyage reprend, que nous inaugurons le grand retour de la street food en nous arrêtant dans un petit resto local pour engloutir notre premier riz-poulet à moins de deux euros. Nous sommes trop crevés pour chercher moins cher. Le pays nous souhaite la bienvenue lorsqu'une femme nous aborde. Vivant à Hô Chi Minh, originaire d'un père français, elle connait assez bien notre langue. Nous avons à peine le temps d'échanger nos vies et de lui narrer les événements qui nous ont conduit ici que la fille du tenancier, nous ayant entendu parler, vient se présenter dans un francais impeccable. Pour cause, la jeune fille a passé plusieur mois en France. Nous passerons finalement un bon moment à discuter tout les quatres.

Nous sortons ravis, et n'oublions pas nos bonnes vieilles habitudes en partant en quête d'un hôtel moins cher pour nos prochaines nuits ici. Après un brin de porte à porte, nous trouvons notre bonheur et promettons de débarquer le lendemain à la première heure.

Et bien voilà. Nous avons notre point de chute, tout est organisé, du moins pour les prochains jours. Il ne reste plus qu'à nous assoire à l'ombre d'une terrasse face à la rue et a laisser decanter en sirotant une petite mousse locale a 30 centimes.

Nous resterons jusque tard dans la nuit à observer la vie de la rue et à discuter. Nous reparlons de notre mission australienne, de l'année qui vient de s'écouler, qui parait déjà si loin maintenant que nous sommes ici. Nous nous sommes bien amusés en Australie, mais maintenant que nous sommes arrivés nous ressentons un genre d'immense soulagement. Ce n'est pas que le cadre est le même qu'en Turquie, en Iran, au Nepal ou en Inde, tout est différent, pourtant demeure une ambiance, une atmosphère globale qui est la même. En regardant la vie qui se déroule sous nos yeux, nous retrouvons cette impression de joyeux bazar, de spontanéité, cette débauche de sons, de gens, de couleurs, d'odeurs, dans laquelle nous avons baigné pendant toute la première partie de notre voyage en Asie, qui rend tout plus vivant et qui nous avait tellement manqué depuis que nous avons quitté l'Inde. Retrouver tout ça est délicieux, et nous sommes aux anges. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas sentis aussi bien.

Au matin, nous déménageons, puis notre journée s'articule autour de trois activités : dormir, manger et lézarder. Nous attendrons demain pour visiter la ville. Nous nous remuons quand même pour explorer les alentours, fouiner un peu et nous acclimater.

Nous furetons dans les ruelles, étonnament calmes en comparaison des grands axes, à la recherche de gargottes locales, selon nos critères habituels : pas d'étrangers dans la zone et moins d'un euro par repas. Nous constatons avec joie que la street food propose une grande variété de boustifaille à pas chère. Beignets, brochettes, végétariens, nouilles... Un petit truc spécial : notre premier sandwich est l'occasion pour nous de constater qu'ici on mange du pain, du vrai! C'est la première fois depuis le début du voyage que nous croquons dans quelque chose qui mérite son appellation de baguette. La colonisation peut parfois avoir du bon...

Nous découvrons aussi le café à la vietnamienne, ou cah phê da. Et ça, le café au Vietnam... Ici, on verse un fond de café hyperconcentré dans un verre et on compléte avec de la glace pilée. Suivant l'intensité désirée, on laisse fondre la glace plus ou moins longtemps. Alors le cah phê da, nous en boirons des litres. C'est frais, mais surtout le café vietnamien est le meilleur que nous ayons jamais gouté. A moins de 10000 dongs (30 centimes!) le verre, on ne va pas se priver.



En nous baladant dans les environs, nous retrouvons nos habitudes pour traverser les rues saturées de circulation. La méthode est la même qu'en Iran, au Népal ou en Inde : toujours garder les yeux dans la direction d'où viennent les véhicules, modifier sa vitesse en anticipant leur trajectoire tout en la gardant suffisamment constante pour leur permettre d'anticiper la vôtre et de vous esquiver.


Il y a encore beaucoup de petits détails. Les vendeurs de rue, étrangement pas insistants, le calme des gens, et j'en oublie.

Nous passons une bonne journée, retrouvant nos marques, découvrant, travaillant sur le blog et préparant la suite a grand coup de google map, de papier et de crayon.

Nous n'avons qu'un mois de visa et beaucoup de chose à voir avant de rejoindre le Laos. Nous devons être à Hanoi dans deux semaines pour accueillir la maman de Léonore, durant lesquelle nous voulons parcourir le sud et le centre du pays.

Pour commencer, nous voulons visiter les quelques points d'intérêts d'Hô Chi Minh à pied histoire de parcourir la ville, par chance ils sont tous relativement proches de notre QG. Ensuite, cap sur le sud et le delta du Mékong. Le soir venu, nous nous posons à nouveau face à la rue, ravis. Nous sommes de retour en Asie!



Un peu de tourisme


Il est temps de nous remuer! Nous partons à pied dès le matin du troisième jour, pour un premier arrêt au marché Ben Thanh, le plus grand de la ville, qui se tient tous les jours dans un hall immense construit en 1914. Nous n'y ferons pas long feu. L'endroit apparement fameux a des airs de bazar, mais il y a foule, et dès les premiers mètres une dizaine de vendeurs nous sautent dessus avec beaucoup moins de retenu qu'à l'accoutumé. Après nos impressions des derniers jours, ça passe mal, et nous fuyons. Et puis mince, pour la énième fois, est-ce que j'ai une tête à vouloir acheter un smoking?



Nous continuons notre route à travers des quartiers beaucoup plus huppés, pour atteindre le Palais de la Réunification (Dinh Thong Nhat). Sans être architecturalement inoubliable, le Palais garde une valeur symbolique pour le Vietnam tel qu'on le connait aujourd'hui. Depuis sa construction entre 1868 et 1873 par le roi du Cambodge et les colons français, il a servit de bureau du gouverneur pendant la période coloniale, de palais présidentiel pendant la partition après la défaite française à Dien Bien Phu, avant d'être bombardé par les forces nord-vietnamiennes en 62. Reconstruit en 1966, il restera la résidence présidentielle jusqu'en 1975, année de la prise de Saigon et du palais par les armées nord-vietnamiennes et de la réunification du Vietnam sous le régime communiste.



Nous mettons ensuite le cap vers la périphérie du premier district. La colonisation française a laissé des traces à Saigon, et nous passons l'église Notre-Dame, la cathédrale de la ville, construite par les colons français entre 1863 et 1880, avant de rejoindre la Poste Centrale, construite également pendant la période de l'indochine française. A noter que Gustave Eiffel a participé à la conception de l'édifice.








A midi, nous nous posons sur un trottoir et engloutissons un assortiment de ... Et bien nous ne savons pas vraiment de quoi, mais c'est bon! Probablement des galettes de riz ou autre servies avec de la sauce aigre.

L'après-midi, nous découvrons un stand de rue qui sert un cah phê da extraordinaire au fond d'une ruelle, puis partons visiter le musée de la guerre, consacré au célèbre et atroce conflit qui a ravagé le pays entre 1955 et 1975.

Le musée est poignant, et rassemble nombre de pièces d'armements, d'engins de guerre, de récits, et surtout de clichés pour la plupart célèbres illustrant les horreurs de la guerre et les exactions commises par l'armee americaine. Bien sur, les faits présentés manquent un peu d'objectivité, et l'impérialisme américain se fait copieusement fracasser. C'est tant mieux, et il est intéressant de considérer le conflit à travers la vision vietnamienne, qui met l'accent sur le caractère agressif et l'inutilité de l'intervention américaine. L'issue de la guerre du Vietnam représente la seule défaite de l'histoire des Etats-Unies, on insiste là-dessus!






















Notre soirée est consacrée à ce que nous faisons de mieux pour refroidir ici après une si dure journée : siroter une bière en discutant et en observant la rue. Ce pays invite définitivement à la farniente!

Le lendemain, nous consacrons notre dernière journée dans la capitale au spirituel. Premier arrêt à la Pagode de l'Empereur de Jade (Chua Ngoc Hoang). une pagode bouddhiste et taoiste construite par la communauté chinoise en 1909. Son nom fait référence à un empereur légendaire ayant fui la Chine après sa condamnation pour l'assassinat de son frère. Souhaitant se faire pardonner de son crime, il aurait construit ce temple.




L'intérieur est saturé par la fumée et le parfum de l'encens brûlé par les dévots, et l'atmosphère est extraordinaire. De nombreuses inscriptions ornent les murs, d'immenses statues nous toisent par-dessus les offrandes de fleurs et d'huile. Les autels sont impressionants, et magnifiquement illuminés par des dizaines de bougies et de lampions.























L'endroit est bien gardé...

Après une petite pause dans les jardins du temple, nous partons pour une bonne marche vers la pagode Vinh Nghiem. En chemin, nous grignotons des sandwichs dans une ruelle en compagnie du vendeur, qui nous offre plusieurs tasses de thé. Nous discutons un moment. Discuter est un grand mot, notre ami ne parle pas anglais, mais à coup de signes et de mimes, nous parvenons à communiquer, parlant de nos ages, nos croyances et de nos familles.

La pagode, beaucoup plus récente que la précédente, est dédiée au bouddhisme. En plus de l'immense statue de bouddha, nous y découvrons de sympathiques petits jardins.














Notre visite de Saigon s'achève. Nous attendons avec impatience la suite, des fourmis dans les jambes. Avec un grand chambardement psychologique et des explorations prolifiques, nos quelques jours ici ont été plus que sympathiques. Nous sommes ravis, et attendons la suite avec impatience, des fourmis dans les jambes. Notre voyage reprend un coup de pied aux fesses, et nous allons nous remettre à le croquer à pleine dents!

Nous avons retrouvé ici cette atmosphère si particulière que nous adorons. Ce pays nous attire, sa culture, ses calmes habitants. Concernant ces derniers, même si nous avons trouvé la plupart du temps sourires et conversations amicales, il faut avouer que parfois nous nous sommes heurtés à une certaine indifférence. Nous mettons ça sur le compte de la popularité de la ville et de l'habitude des étrangers. Il faut le dire, sans être à la hauteur de nos craintes, Hô Chi Minh reste une destination très axée sur le tourisme. Pour être franc, nous même ne nous sommes pas encore trop cassés le bonnet sur les tarifs durant ces premiers jours, squattant la plupart du temps les coins bon marchés mais toujours proche des zones touristiques. Nous avons de la réserve, et ces quelques jours étaient consacrés à la detente. Il va quand même falloir nous remettre bientôt au local de chez local!

Le soir venu, nous préparons notre séjour dans le delta du Mekong. Comme nous l'avons dit, Hô Chi Minh a constitué une bonne entrée en matière, mais un peu trop touristique à notre goût. Nous n'avons pas beaucoup de temps à passer dans le pays et beaucoup de choses à voir.

Nous avons choisit de consacrer quatre ou cinq jours au delta, et nous voulons l'explorer à notre manière, en essayant d'éviter les sites trop conventionnels, tel que My Tho et Can Tho. De plus, les marchés flottants sont apparement une chose à voir dans le coin, mais le plus célèbre, Cai Rang, n'est apparement plus que l'ombre d'un marché traditionnel, entièrement tourné vers le tourisme.

Nous décidons de partir pour Vinh Long, qui permet d'avoir un bel aperçut de la vie dans le delta en étant resté assez méconnue. Ensuite, ce sera le marché flottant de Phong Dien, plus petit et plus préservé que son grand frère. Enfin, si nous avons le temps, nous passerons à Chaudoc pour voir l'un des temples bouddhistes les plus sacrés au monde. Nous voulons bien sur faire tout ça en individuel, et utiliser les transports locaux. Malheureusement, ça n'a pas l'air d'être la méthode de prédilection des visiteurs du Vietnam, et nous ne trouvons aucune information sur les stations de bus ou les lignes régulières sur internet. A nous d'improviser. Demain, c'est reparti pour la vadrouille et la découverte!

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