vendredi 12 mai 2017

Road trip des vacances, deuxième partie : la côte sud et sa formidable vie sauvage. Les Catlins, Dunedin et la péninsule d'Otago.

Salut le monde!

Aujourd'hui, surgissant des profondeurs du Pacifique, encore couvert de varech et fleurant bon le grand large, le deuxième article consacré à notre vadrouille estivale (Si vous avez raté le premier, c'est par ici).

Le récit qui suit se déroule entre le 31 janvier et le 4 février.

Après une descente le long de la côte ouest riche en sommets enneigés et en crapahutes intenses, nous avons mis le cap sur la côte sud de l'île, et plus particulièrement sur la région des Catlins, avant de rejoindre la ville de Dunedin et la péninsule d'Otago. Après la semaine que nous venions de tirer sur la côte ouest, nous avons vécu là-bas un séjour beaucoup moins sauvage et beaucoup plus carré. Pas mal de pluie, de touristes, de routes bien droites et de visites rapides à portée de voiture...

Vous l'aurez compris, ce fut un séjour... formidable et extraordinaire. Et oui. Parce que tous ces petits tracas qui d'ordinaire nous font grincer des dents ont été éclipsés par l'incroyable vie sauvage que nous avons découvert là-bas. Nous sommes des dingues de bestioles, des amoureux de bèbètes de tout poil et de toute plume, et lorsqu'on considère ce que nous avons eu sous les yeux et les merveilleuses rencontres animalières que nous avons fait, tout le reste importe peu. Dans les lignes qui suivent, préparez-vous donc à croiser, souvent de très près et toujours dans leur milieu naturel, des phoques à la pelle, des pléthores de lions de mer, et même l'espèce de pingouin la plus rare au monde. Yep, c'était bien! En prime, des cascades, de la jungle, des forêts fossilisées, un peu d'histoire dans une ville qui s'est laissée apprécier, et des étendues néo-zélandaises toujours aussi fantastiques.

Bonne lecture!


La fin de la descente 


Resituons le contexte : nous venons d'achever le Kepler Track, et notre vadrouille de la côte ouest par la même occasion. Prochaine destination, la côte sud, avec un premier arrêt prévu dans la petite région côtière des Catlins.

La nuit au bord du lac Monowai en plein cœur de la nature aurait pu être parfaite si le groupe de jeunes allemands qui avait déjà investi la zone à notre arrivée n'avait pas mis un bazar monstre jusqu'à une heure du matin. Oui je sais, je dois vieillir...

Au réveil, nous prenons notre temps pour plier le camp. Les quatre jours de crapahute et les 100 bornes à pince nous ont laissé un peu flemmeux... Aujourd'hui, repos !

Comme prévu, de gros nuages noirs commencent à couvrir le ciel, et nous mettons les voiles dès que les premières gouttes commencent à tomber. Espérons que la côte sud soit épargnée par la tempête...

Nous roulons vers le sud sur la Southern Scenic Route, qui relie Queenstown, au sud de Wanaka, à Dunedin, sur la cote sud-est. Ouverte en 1985, ses quelques 600 kilomètres traversent des régions présentant de nombreux attraits naturels et historiques, dont la région des Catlins.

La route longe d'abord le sud du Fiordland National Parc avant d'arriver sur la côte sud et de marquer une pause pour laisser nos yeux se perdre à l'horizon de la Te Waewae Bay. Le ciel est chargé mais les nuages apportent une petite touche pas désagréable au paysage.



La Scenic Route traverse ensuite une région de champs, de pâturages et de collines dégagées, quand elle ne suit pas les plages et les falaises de la côte.

Nous atteignons Invercargill vers midi. La ''grande'' ville la plus australe du pays. Bastion économique et centre névralgique de la côte sud. Lieu d'implantation de la plus grande structure pyramidale de l’hémisphère sud (c'est pas une blague, le bâtiment en question abrite un musée et une galerie d'art). Résidence du mondialement célèbre Burt Munro. Non, moi non plus je n'avais jamais entendu ce nom avant... C'est le gars qui a établit le record de vitesse en moto de moins de 1000 cm₃ dans les années 60. C'est chouette hein ? Ca fait toujours des trucs à replacer dans une conversation...

Bref, Invercargill, c'est pas le top et il n'y a pas grand-chose à faire. Nous raflons de la documentation sur les Catlins, pique-niquons dans un parc, puis passons à la bibliothèque pour profiter d'internet et nous organiser. Le centre-ville présente un intérêt relatif, avec son architecture coloniale et son aspect décrépit.

Nous localisons un camping gratuit, le Moray Terrase, à Fortrose, minuscule bled côtier situé juste à l’entrée des Catlins, à une quarantaine de bornes d'Invercargill, et apprenons que demain... Il pleut à verse toute la matinée. Flûte. Et bien ce sera un deuxième jour de repos ! Nous l'avons bien mérité. Le fait est que nous n'avons pas arrêté depuis que nous avons quitté la ferme, et nous ne cracherions sur une journée de glandouille.

Lorsque nous quittons la bibliothèque en fin d’après-midi, il tombe des cordes... Nous mettons le cap sur Fortrose, pour y découvrir un patelin composé d'une dizaine de baraques en bois, d'une station service servant aussi de magasin, et d'une grande étendue d'herbe juste devant la plage servant de camping, avec un bloc toilette.

La tempête fait rage, à grand renfort de vent violent et de trombes d'eau, et nous montons les tentes laborieusement en pleine tourmente avant de nous réfugier détrempés dans la voiture.

Nous passons la soirée à l’abri, cuisinons nos pâtes sur la banquette arrière, puis courons nous coucher.

Rien de spécial à raconter sur le lendemain. Nous laissons le camps monter à Fortrose et passons la journée à la bibliothèque d'Invercargill, à travailler sur le blog. Le soir venu, de retour au camping, il fait beau, mais le vent souffle. Nous nous posons dehors à l’abri de la voiture pour passer la soirée puis nous couchons tôt, après une journée délicieusement inactive. Espérons que le beau temps se maintienne...


Les Catlins, leur faune merveilleuse et leur histoire


Au réveil, le ciel est noir, mais il ne pleut pas. Nous quittons Fortrose pour nous enfoncer dans les Catlins.

La région des Catlins consiste en une petite surface de côte et de campagne d'environ 150 kilomètres de long. Les premiers colons européens, principalement des écossais chasseurs de baleines, arrivèrent dans les Catlins au début du 19ème siècle. La région s'est mise à prospérer dans les années qui suivirent, grâce à l'exploitation de ses nombreuses ressources : bois, or, pierres etc...  Aujourd'hui, l'activité des Catlins est principalement rurale et touristique.

Tout au long du littoral se trouvent des points d’intérêts que nous voulons passer voir. Vestiges historiques, phares, colonies de phoques et de lions de mer, plages, falaises, forêts, points de vue, cascades etc... Nous devrions prendre la journée pour en faire le tour et garder le meilleur pour la fin : il y a certains endroits dans les Catlins où il est apparemment possible d'observer des Yellow-eyed penguins, ou pingouins aux yeux jaunes. Ces pingouins, menacés d'extinction, sont les plus rares de la planète.

Oui, aujourd'hui, nous faisons nos gros touristes !

Nous roulons quelques dizaines de kilomètres à travers une campagne vallonnée couverte de pâturages jusqu'à notre premier arrêt : Waipapa Point, un cap qui fut le théâtre du plus meurtrier naufrage de l'histoire du pays, lorsqu'en 1881 le SS Tararua percuta le récif Waipapa et sombra, emportant 131 de ses 151 passagers et membres d’équipage. Un phare a été construit en 1884 en hommage aux victimes.



Après avoir fait le tour du phare et nous être un peu baladés dans les étendues d'herbe folles vallonnées alentours, nous descendons sur la plage et ses grèves rocheuses. Le ciel est toujours aussi menaçant, mais l'endroit est magnifique malgré tout, et complètement désert. L'avantage de partir tôt! Enfin, désert en ce qui concerne les humains : des colonies de mouettes et de cormorans font un raffut monumental sur les rochers.

Nous marchons un peu dans le sable puis remontons vers le phare, nous retournant pour profiter de la vue depuis un point surélevé.



Et paf ! C'est Flo qui les voient en premier. Il pointe un endroit dans l'eau, et sous les vagues qui se brisent nous distinguons des formes fuselées qui se déplacent. Des nageoires apparaissent, puis des museaux... Nous zoomons avec nos appareils photo, pour constater qu'il s'agit de trois lions de mer qui jouent dans les algues !



Fantastique ! Premier arrêt, premiers lions de mer ! Nous constatons que les bestiaux portent bien leur nom, avec leur museau aplati. Ils feraient presque peur !

Nous regagnons la voitures, ravis, pour nous diriger vers le Slope Point, le point le plus austral du pays. La marche d'approche qui conduit au site, d'une vingtaine de minute, traverse une étendue de campagne au milieu des troupeaux de moutons pour aboutir au sommet de hautes falaises dominant l’océan. Nous voilà à 4803 kilomètres du pôle sud ! La vue depuis les falaises est sympa, mais finalement l'endroit n'a rien de spécial. Sur le chemin du retour, nous apercevons des bosquets d'arbres inclinés à cause des vents violents, caractéristiques de la région.



Nous retournons dans l’intérieur des terres pour aller faire un tour sur le Waipohatu walking track, une balade forestière d'une heure dans la Waikawa forest, au milieu de dizaines d’espèces différentes d'arbres et de fougères.



Etape suivante : la Curio Bay, qui abrite l'une des plus remarquables forêts fossilisées de la planète. Sur la plage rocheuse, nous découvrons des dizaines de troncs, de souches et de fougères pétrifiées, reliques du jurassique âgées de 180 millions d’années.



La baie constitue aussi un lieu de nidification pour les yellow-eyed penguins, malheureusement nous avons beau chercher dans toutes les infractuosités des falaises qui entoure la plage, nous n'en trouvons pas. Le milieu de journée n'est pas vraiment le bon moment pour tenter d'apercevoir les pingouins, car ils sont tous au large en train de chasser pour leur progéniture.

Nous rejoignons ensuite les McLean Falls, considérées comme les chutes d'eau les plus impressionnantes de la région du haut de leurs 22 mètres, tandis qu'un petit crachin se met à tomber. Une marche d'une vingtaine de minutes dans une jungle superbe nous amène au pieds des cascades.



Nous continuons avec le lac Wilkie, qui s'est formé après la dernière ère glaciaire. Une petite marche en forêt de trente minutes permet de faire le tour du lac et d'observer une grandes variété d’espèces végétales natives.



Nous retournons marcher dans une jungle magnifique pour atteindre les Parakaunui Falls, le site naturel incontournable du coin. Il s'agit d'une série de chutes d'eau qui s'étale sur trois niveaux séparés par des bassins. L'accessibilité et la beauté de ces cascades attirent énormément de visiteurs : lorsque nous atteignons le parking, nous nous retrouvons au milieu des cars et des minibus des tours-opérateurs, et nous effectuons la petite marche d'approche forestière de trente minutes à la queue-leu-leu derrière une file de retraités américains et japonais... Mais ça vaut le coup : les cascades sont magnifiques, tout comme leur écrin de verdure (on reste quand même loin du Plateau des Bolovens...).



Le temps se dégrade encore tandis que nous rejoignons la Surrat Bay, délimitée par une immense plage de sable servant de quartier général à des groupes de phoques à fourrure et de lions de mer en pause sieste. Il faut dire que depuis le Waipapa Point, la journée s'est finalement montrée assez avare en bestioles, et nous espérons dénicher ici quelques mammifères marins à nous mettre sous la dent !



Une petite marche d'approche nous conduit sur l'interminable bande de sable de la baie, que nous remontons lentement en zieutant de tout côté, fouettés par le vent et le crachin, ne repérant rien en dehors des escadrons de mouettes et de cormorans qui patrouillent dans le ciel. Nous nous dirigeons vers ce que nous croyons être un énorme rocher noir qui se dresse au loin sur la plage... et qui se met à bouger lorsque nous approchons ! Nous pressons le pas, et arrivons bientôt à quelques dizaines de mètres de l'énorme ''rocher'' : le machin, bien qu'assit dans le sable, est aussi grand que nous. Couvert d'une épaisse fourrure brune, il tourne lentement son museau aplati pour nous observer avec de grands yeux noirs avant de bailler à s'en décrocher la mâchoire. Un mâle lion de mer !



Je vous avais parlé des phoques à fourrures, que nous avions croise au Farewell Spit, qu'il ne fallait pas approcher à moins de dix mètres au risque de les effrayer et de les faire fuir vers le large avant qu'ils n'aient réoxygéné leur muscles et reconstitué leurs réserves de graisse. Pour les lions de mer, la même distance de sécurité s'applique, mais pas pour les mêmes raisons : contrairement à ses petits cousins, le lion de mer, dont les spécimens mâles affichent entre 350 et 500 kilos sur la balance, n'est pas effrayé par l'homme, et peut faire montre d'un comportement plutôt imprévisible, n'hésitant pas remettre à sa place le petit maigrichon d'être humain qui viendrait le titiller d'un peu trop près.



A bonne distance et sans gestes brusques en revanche, pas de problèmes : l'énorme bestiole n'est pas agressive pour un sous, et notre présence ne semble lui faire ni chaud ni froid.



A seulement quelques mètres de l'impressionnant et majestueux animal, nous sommes comme des gosses le jour de noël, tout excités, sourire aux lèvres et l'oeil brillant ! C'est qu'on ne voit quand même pas ça tous les jours...



Nous profitons de la compagnie de l'imposant mammifère pendant une bonne demi-heure avant de lui dire au-revoir.

La fin de journée est proche, le temps est toujours moisi, mais qu'importe : contrairement aux paysages, les animaux s'apprécient aussi bien sous le ciel gris !

Nous voilà partis pour notre dernier et très attendu spot de la journée, qui va peut-être nous permettre d'observer les fameux yellow eyed penguins ! Avant tout, quelques mots sur la bestiole en question. Le pingouin aux yeux jaunes, hoiho en maori, est tout simplement le pingouin le plus rare au monde : on le trouve uniquement dans le sud de la Nouvelle Zélande et sur les îles Stewart, Campbell et Auckland. Classée en voie d'extinction, l'espèce bénéficie d'un programme de protection et de conservation mis en place par le DOC, qui se traduit par l'établissement de sites de nidification spécifiques et extrêmement protégés, une sensibilisation du public, et une réglementation très strict concernant les sites en question et l'observation des pingouins.

Nous sommes en été, période de l'année où les poussins sont déjà grands mais pas encore assez pour se nourrir seuls. Les meilleurs moments de la journée pour espérer apercevoir les pingouins sont donc l'aube, lorsque les parents quittent le nid pour aller chasser, et le crépuscule, lorsqu'ils rentrent de leur journée de pêche pour nourrir leur progéniture.

La Roaring Bay, à l'extrémité est des Catlins, constitue le spot par excellence pour observer les yellow-eyed penguins. En effet, la plage qui délimite la baie abrite de nombreux buissons, grèves rocheuses, trous et abris qui sont autant de coin propices à la nidification des pingouins. Chose importante à ne pas oublier pour éviter les déceptions : même là-bas et au bon moment de la journée, les chances d'apercevoir les fameux pingouins restent faibles... Rappelons que nous parlons ici d'une espèce animale extrêmement rare !

Nous disposons d'une petite heure avant le crépuscule, que nous mettons à profit pour passer voir le Nugget Point, un cap tout en falaises au sommet desquelles se dresse un phare, situé juste au-dessus de la Roaring Bay. Si les falaises en question et la vue depuis le phare sur le pacifique valent le détour, ce sont surtout les dizaines de phoques à fourrures étalés sur les grèves rocheuse en contrebas qui retiennent notre attention !



Le ciel déjà sombre devient noir tandis que le crépuscule approche, et nous rejoignons la Roaring Bay. Une petite marche nous mène en surplomb de la plage, et nous suivons un sentier qui contourne la baie en direction d'un abris d'observation spécialement aménagé pour permettre aux visiteurs d'observer les pingouins sans les déranger. Les bestioles en question sont en effet extrêmement timides et craintives, et vont fuir vers le large à la moindre menace en laissant leurs poussins mourir de faim. Le silence est donc de mise, l'accès à la plage même est interdit, et un ranger surveille en permanence le site.

Nous avançons doucement sur le sentier en compagnie de cinq ou six autres visiteurs, regardant attentivement dans toutes les directions... Et nous n'avons pas fait vingt mètres que dame nature nous offre un nouveau cadeau : en contrebas du sentier, à une cinquantaine de mètres devant nous, nous voyons jaillir des buissons maman pingouin et ses deux poussins qui se battent pour recevoir la becquée en premier !



Tout notre petit groupe se fige, silencieux. La vision est brève mais intense : non seulement nous voyons les célèbres pingouins d'assez près, mais en plus nous les observons en pleine activité ! Après quelques dizaines de secondes, la petite famille disparaît dans les fourrées. Formidable ! Quelle meilleur manière de conclure la journée ?

Nous continuons tout de même sur le sentier pour atteindre l'abris d'observation, face à la plage de galets... Et le trouver bondé, plein à craquer d'une trentaine de personnes qui sont arrivés en avance et attendent ici depuis un bon moment sans rien avoir vu. Ce qui est assez amusant : dans les buissons juste derrière l'abris, c'est la fête, à coup de baston de bébés pingouins, mais devant... Il ne se passe rien.

Nous quittons rapidement les lieux. De retour sur le sentier, en direction du parking, un bruissement de feuillage nous fait tourner la tête... Et nous tombons sur un nouveau pingouin qui trotte en se dandinant entre deux buissons.



Nous mettons finalement en route, ravis, nos souhaits ayant été plus qu'exaucés!

Nous rebroussons chemin de quelques kilomètres pour rejoindre un camping du DOC situé en bord de mer, le Papatowai Campsite (système d'auto-registration, 6$ par personne), et y découvrir une grande plaine juste à côté de la plage ouù nous montons le camps. La soirée est très pluvieuse, et me voila condamner à rester à l'extérieur, emmitouflé dans mon blouson, pour cuisiner les pâtes du soir dans le coffre de la voiture...

Nous nous couchons ravis de notre journée. Une journée touristique, une journée pluvieuse parfois passée derrière de grands groupes de visiteurs, mais une journée merveilleuse quand même : tous ces menus désagréments sont éclipsés par ce que nous avons vu aujourd'hui! En grands fanatiques de vie sauvage et de bestioles, du moment que nous pouvons observer des animaux (et quels animaux!) dans leur environnement naturel, le reste importe peu.

Demain, direction Dunedin et la Péninsule d'Otago pour une visite de la ville et encore plus de grosses bèbètes marines...


Dunedin la victorienne... Et toujours plus de bestioles


Nous quittons les Catlins tôt le matin pour rejoindre la deuxième plus grande ville de l'île sud, à quelques 140 bornes des Catlins. Environ deux heures plus tard, nous arrivons aux abords de l'agglomération, une drôle de sensation au creux du ventre... Ca faisait un moment que nous ne nous étions pas rendus dans une grande métropole, et l'apparition de zones commerciales et industrielles à l'approche de la ville nous fait bizarre, après plus d'une semaine passée dans des étendues plus sauvages les unes que les autres.

Enfin, "grande métropole"... Tout est relatif! Avec environ 120 000 habitants, Dunedin se parcourt à pied sans problème. Le stationnement dans le centre-ville est payant, mais il suffit de s'en éloigner de deux ou trois kilomètres pour se garer gratuitement tout en restant à portée de marche des points d'intérêts.

Parce que oui, vous avez bien lu, nous comptons faire un petit tour dans la ville aujourd'hui, gardant la visite de la péninsule d'Otago toute proche pour demain.

Que vont faire des sauvages crasseux tels que nous en milieu citadin me demanderez-vous? Déjà, ça nous change un peu, et nous ne crachons pas sur une petite journée en ville tous les quatre mois. Ensuite, Dunedin possède deux-trois lieux intéressants que nous voulons passer voir : fondée en 1848 par des colons écossais, la ville présente en effet un joli côté architectural victorien traditionnel du 19ème siècle, qui se montre à travers plusieurs monuments d'époque. Un peu d'histoire ne fait jamais de mal!



Nous attaquons par l'Octogon, grande place centrale, où nous prenons un petit café face à la cathédrale St Paul et l'Hôtel de Ville.



Nous continuons par la gare, site emblématique de la ville, mise en service en 1906 et classée monument protégé à partir de 1980.



Dunedin se laisse agréablement explorer. Le centre-ville est sympa, aucun grand building à l'horizon, et en prime le soleil brille!

Nous rejoignons ensuite l'Otago Museum, grand complexe sur trois étages présentant l'histoire du pays de la préhistoire jusqu'à nos jours, de la région d'Otago, plus quelques sections d'histoire naturelle. Le petit plus, c'est que la visite du musée est gratuite!

Nous passons plus de trois heures dans le musée. Trois heures intéressantes, qui nous présentent d'abord les peuplades polynésiennes, ancêtres des maoris, des îles Solomon aux Fidjis en passant par les Tongas et les Samoas...



...Avant de nous conduire au coeur de la culture Maorie.



Le musée est immense, et nous flânons un bon moment dans des sections consacrées à l'histoire naturelle ainsi qu'à l'histoire plus récente de la région d'Otago : l'arrivée des premiers colons et l'activité aurifère qui fit prospérer la zone à partir du milieu du 19ème siècle.



Nous ressortons en début d'après-midi, satisfaits. Nous ne pouvons que recommander l'Otago Museum : immense, complet, varié, et surtout gratuit!

Nous passons au centre d'informations du centre-ville pour nous charger de cartes de la péninsule d'Otago avant de rejoindre notre monture. Nous avons repéré un camping gratuit à une vingtaine de kilomètres au nord de Dunedin, à côté de la petite bourgade d'Evansdale, la Warrington Reserve.

Nous y découvrons un joli coin camping à deux pas de la plage pour monter le camps... Et crac. Tandis que Léonore déploie le double-toit de la tente, son doigt traverse la toile et ménage un magnifique trou juste au-dessus de la chambre... Nous sortons notre kit de réparation et passons un bon moment à recoudre, appliquer rustines et étanchéifiant. Nous commençons sérieusement à envisager l'achat d'une nouvelle tente, celle-ci commence à ressembler à un patchwork...

Il nous reste quelques heures de jours, et nous partons explorer la plage. Une bataille y fait rage entre les mouettes et les cormorans, qui s'affrontent bruyamment pour la suprémacie de la plage et la jouissance exclusive de ses nombreux coquillages. Nous observons des oiseaux s'élever dans les airs, emportant de pauvres mollusques impuissants entre leurs serres, pour les lâcher et laisser leurs coquilles éclater sur le sable compacte avant de les dévorer.



Nous poussons notre promenade jusque dans les recoins les plus reculés de la plage. Dans l'un d'entre eux nous attend une merveilleuse surprise : une magnifique femelle lion de mer, au pelage d'un blanc crème, fait sa sieste dans le sable.



Nous rentrons pour manger et passer une courte soirée avant de nous coucher tôt. Demain, départ aux aurores pour la péninsule d'Otago et ses merveilles sauvages!

La péninsule d'Otago désigne une langue de terre d'origine volcanique qui s'étend sur près de trente kilomètres dans l'océan, juste à l'est de Dunedin. Délimitant ses étendues vallonnées, de nombreuses plages offrent, en plus de superbes paysages, de bonnes opportunités d'observation de la faune locale : phoques, lions de mer, pingouins bleus etc...

De plus, sur la pointe nord de la péninsule s'est établit la seule colonie continentale d'albatros royaux de la planète.

Au matin, nous laissons le camps monté à la Warrington Reserve pour traverser la ville et remonter la côte ouest de la péninsule, passant quelques villages de pêcheurs, avant d'arriver sur la pointe nord. Nous avons prévu de passer voir les albatros en premier, avant de redescendre la péninsule par sa côte est en nous arrêtant au petit bonheur la chance. Le temps est plutôt maussade, mais encore une fois cela nous est égale, d'autant qu'il ne pleut pas.

Nous voilà au Royal Albatros Centre, qui assurent la sauvegarde de la colonie de ces gigantesques oiseaux (qui peuvent tout de même atteindre plus de trois mètres d'envergure!). En attendant l'ouverture du centre, nous nous postons au sommet des falaises qui surplombent le Pacifique, cheveux au vent, dans la plus pure tradition des rêveurs nostalgiques, le regard perdu au loin... Grande classe.

Et puis nous rejoignons le centre. Et c'est la grosse déception. Toute la pointe de la péninsule est entourée de grillage et par conséquent inaccessible au public en dehors des visites guidées organisées par le centre. Pour la bonne cause bien sûr : la protection de la colonie d'albatros. Pas de problèmes. Le hic, c'est que les visites guidées en question coûtent quand même 50$... Ouch. Nous attendons un moment dans le centre, pour entendre une hôtesse annoncer que les oiseaux ne sont pas rentrés du large, et qu'il n'est pas garanti d'apercevoir les majestueux volatiles pendant la visite guidée...

Et bien messieurs les albatros, ce sera pour une prochaine fois! Nous nous consolons par la découverte, en contrebas du centre, d'un groupe de jeunes phoques à fourrure qui jouent dans les vagues, avant de nous diriger vers la côte est.



Nous atteignons bientôt le début d'un sentier de promenade traversant la réserve naturelle d'Okia et conduisant à la Victory Beach, grande plage de sable blanc utilisée comme point de chute par une colonie de lions de mer.

Une marche de moins d'une heure nous fait traverser la réserve, au milieu d'une cambrousse multicolore et buissonneuse, sur un sentier complètement plat et facile d'accès. En chemin, nous grimpons un peu sur une petite colline pour profiter d'une belle vue dégagée sur les environs.



Nous débouchons bientôt sur la Victory Beach, immense, battue par les vents. Le paysage est impressionnant.



Mieux encore, le coin est totalement désert, la plage nous appartient! Nous profitons du décors avant de le zapper totalement, lorsque nos yeux se posent sur plusieurs formes sombres étalées dans le sable, un peu plus loin... Nous avançons, et... et dire qu'avant hier, nous étions tout fous devant un seul lion de mer! Devant nous, à quelques dizaines de mètres, nous découvrons un groupe de 6 ou 7 spécimens qui font la sieste dans le sable! Sans compter les phoques qui font les zouaves dans les vagues.



Nous écarquillons les yeux devant ce formidable spectacle, et avançons parmi les grosses bètes, qui dorment ou se baladent tranquillement sur la plage, à moins d'une dizaine de mètres tout autour de nous. Incroyable!

Et ce n'est que le début... Après quelque minutes de marche parmi les bestiaux, nous tombons sur une famille au grand complet : papa, maman, et... Et enfin. L'un des être vivant les plus adorablement choupinou du monde, que nous espérions croiser un jour dans la nature, au moins une fois... Un bébé!



Maman ne semble pas embêtée par son titou qui tète, et elle dort comme une masse, se retournant parfois en manquant d'écraser son petit. Un véritable morfale le titou, agrippé à la mamelle de sa mère sans se soucier du fait qu'elle lui roule dessus!



Pendant près d'une heure, nous restons assis dans le sable à observer la petite famille. Nous voilà témoins de ce qui parait être une dispute conjugale (bah oui, monsieur a passé son temps à glander depuis que nous sommes arrivés...), avant d'observer, l'oeil humide, la tête penchée sur le côté et un "oooooooh" dans la voie une séance de papouille entre maman et son petit.



Formidable expérience! Il en faudra beaucoup pour la détrôner celle-là...

Nous quittons la colonie et la plage, un sourire béat aux lèvres, encore tout chamboulés par ce que nous venons de voir.

Nous mettons le cap sur un autre spot prisé des phoques et des lions de mer : l'Allan Beach. Sur place, une petite marche tranquille nous amène sur une plage entourée de falaise, et le rêve continue : au détour d'un rocher, c'est cette fois sur tout un groupe de phoques que nous tombons. Et les loustics sont quand même sacrement plus mignons que les gros mâles lion de mer!



Nous nous arrêtons a une vingtaine de mètres des phoques pour pique-niquer en leur compagnie, avant de repartir.

Il est tôt, mais la fatigue déjà nous frappe, sous la forme d'une flemme carabinée, résultat d'une semaine précédente probablement trop intense, et que notre pause à Invercargill n'a pas suffit à chasser... Nous passons voir un dernier spot, la Sandfly Bay. Non, l'endroit n'est pas blindé de ces satanés insectes, et nous y découvrons un très joli point de vue!



Nous quittons la péninsule pour repasser à Dunedin et rejoindre le camping en fin d'après-midi. Une journée tranquille, pour nous préserver en vue de la suite de notre programme, qui va nécessiter de notre part un déploiement conséquent d'énergie...

En attendant, nous achevons notre traversée de la côte sud des étoiles plein les yeux. Pourtant, ces quelques jours ont été pluvieux, touristiques au possible, exemptes ou presque d'échappées sauvages et d'aventures épiques... Mais comme je le disais, quand il s'agit d'aller côtoyer la vie sauvage, tous les inconvénients passent à la trappe. Qu'importe les cars de touristes, la pluie sur le coin du pif, le suivi d'un itinéraire bien carré et délimité en forme de circuit. Nous avons approché de près, dans leur environnement naturel, des animaux que nous espérions au mieux apercevoir de loin, nous avons assister à d'incroyable scènes de vie se déroulant à seulement quelques mètres devant nous, et ce à plusieurs reprises et de la part de plusieurs espèces différentes. Devant la chahut des petits pingouins aux yeux jaunes ou le câlin du petit lion de mer avec sa gentille môman, l'arrière-plan disparaît. L'observation de ces bestioles faisait partie des choses que nous attendions le plus en Nouvelle Zélande, et comme souvent nos attentes ont été comblées au-delà de nos espérances. C'était génial!

En plus des phoques, des lions de mer et des pingouins, qui sont sans conteste les héros de la semaines, nous avons eu quelques bonnes surprises : ainsi, Dunedin, son calme et son cote victorien se sont permis de bien nous plaire malgré le statut de grande ville du bled. C'est suffisamment rare pour être souligné! Et puis comme d'habitude, les étendues de Nouvelle Zélande nous ont perpétuellement fournit un décors de rêve dans lequel évoluer. On commence à avoir l'habitude!

Et les vacances ne sont pas encore finis! Dès demain en effet, nous allons quitter les côtes pour nous enfoncer dans les terres et rejoindre le parc national du Mont Cook. Nous avons prévu de faire un tour au lac Tekapo tout proche, avant de partir crapahuter près de la plus haute montagne du pays.

Nous ne laisserons pas nos jambes refroidir avant de rejoindre le Hakatere Conservation Park et le mont Sunday. Si le parc est célèbre pour ses fantastiques paysages, le mont Sunday nous attire pour une raison supplémentaire : c'est là qu'ont été filmées les séquences d'Edoras et des plaines du Rohan dans le Seigneur des Anneaux -hurlements hystériques de fan transit-!

Nous partirons ensuite pour Christchurch, moins pour voir la plus grande ville de l'île sud que pour aller nous balader dans la belle péninsule des Banks qui se trouve juste à côté.

Deux derniers spots nous attendrons pour finir dignement ces merveilleuses vacances : le formidable Arthur's Pass National Park, que nous attendons depuis longtemps, et dans les montagnes duquel nous comptons bien faire un trek de plusieurs jours. Nous rejoindrons ensuite Kaikoura, la petite ville de la côte est qui a été frappée de plein fouet par le tremblement de terre de novembre dernier, et qui abrite une faune marine incroyable : dauphins, baleines, colonie de phoques etc...

La prochaine et dernière partie du récit de notre road trip des vacances va donc mélanger des éléments des deux premières : de fantastiques paysages, des randonnées inoubliables et des bestioles, pour un final en beauté avant d'attaquer la cueillette!

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