jeudi 27 mars 2014

Around Annapurna


Bonjour tout le monde!

Nous sommes à Pokhara, juste en dessous des Annapurnas, après un trip pédestre incroyable de trois semaines autour du massif.

Nous nous reposons après un trek éprouvant, sauvage, formidable, qui nous a décollé les rétines (parfois littéralement, nous y reviendrons...) : le célèbre tour des Annapurnas, que beaucoup considèrent tout simplement comme le plus beau trek du monde.

Notre avis? C'est simple : c'est probablement la chose la plus intense et visuellement magnifique que nous ayons fait jusqu'à maintenant, et mis à part un ou deux menus et insignifiants éléments, ce n'était que du bonheur.

Résumé de ces 3 semaines au coeur de l'Himalaya, 3 semaines sauvages, magnifiques, éreintantes, qui font passer les Alpes pour de sympathiques petites collines!

De Kathmandu à Besi Sahar




Après notre semaine dans l'agitation de la capitale, nous sommes plus que pressés de prendre de la hauteur et de nous enfuir vers les sommets. Hors de question de faire route en taxi ou en bus touristique, nous mettons le cap sur le terminal de bus local, comme à notre habitude sans aucunes informations sur les horaires, les tarifs, les durées etc... Sans se paumer ou presque, nous parvenons sur place, pour trouver quasi instantanément billet pas cher et bus qui part dans les 5 minutes! Comme sur des roulettes.

Notre périple pour rejoindre le départ du trek? 5h de bus jusqu'à Dumre, au nord ouest de Kathmandu, puis 2h30 le lendemain pour rejoindre Besi Sahar et le début du sentier.

Le trajet est festif, remuant, sympa tout plein, sur une route cahoteuse composée majoritairement de terre et de caillasse, et occasionnellement de goudron, dans un bus plein à craquer. Nous débarquons à Dumre sous la pluie en fin d'après-midi, pour nous trouver une piaule pas cher (toujours pas d'eau chaude mais de l'électricité sur générateur, grand luxe!), et repartir le lendemain sous le Soleil. Nous arrivons vers midi à Besi Sahar, et foulons bientôt les premier mètres du fameux sentier.

Et quel sentier! Nous frémissons, en grands fanas de crapahute et d'étendues sauvages, à l'idée de parcourir le plus beau trek du monde. Nous allons effectuer la boucle complète, de Besi Sahar à Nayapul, ce qui nous fait à peu près 230km de marche. Côté grimpette, nous démarrons à 820m pour grimper progressivement jusqu'à 5416m et franchir la passe de Thorung La, plus grande du monde, avant de redescendre de l'autre côté du massif pour rejoindre Birethanti et Nayapul, 1050m.

Concernant le mode de vie, c'est probablement une évidence, mais bien sûr nous avons décidé de fonctionner en autonomie quasi-totale le plus possible. Ce sera donc nuits sous la tente, cuisine au gaz et nourriture locale. Nous avons d'ors et déjà embarqué 2kg de riz, du pain, des biscuits. Impossible de nous trimbaler 3 semaines de victuailles, nous transportons déjà environ 20kg de matos chacun, nous rechargerons donc en cour de route.

Nous voulons faire corps avec l'environnement, prendre notre temps (4 à 6h de marche et pas plus de 500m de dénivelé par jour, pour nous acclimater tranquillement à l'altitude, aux effets apparemment fracassants au-dessus de 3500m), et rester dehors. Profiter à fond de la montagne. C'est qu'on en parle depuis plus d'un mois de cette grandiose balade!

Un délire pareil ne pouvait s'envisager qu'en autonomie. Exit les guides, les lodges, restos et autre lits, tant que ça reste agréable. Retour à la nature, à la vie sauvage, et tant pis si on en prend plein la tronche, c'est la montagne!

820m-Besi Sahar->Manang-3500m




Ca fait un moment que nous n'avons pas marché significativement avec nos bardas sur le dos, et nous attaquons tranquillement notre grimpette. En ce premier jour, nous grimpons de Besi Sahar jusqu'à Nadi Bazar (930m).

Le chemin alterne replats et grimpettes escarpées, et l'ascension n'est pas vraiment progressive, mais plutôt formée de montées-descentes. Nous traversons rizières, forêts tropicales et petits villages de bambou, il fait chaud, il fait beau, nous suons mais sommes ravis.

En chemin, tandis que nous tapons une partie de ballon avec un marmot dans un village, nous rencontrons Richard et Florence, deux marcheurs français qui comme nous se lancent dans la boucle après un séjour en Inde. Ils sont accompagnés d'un couple de lituaniens, et d'un hollandais, et nous les laissons tracer devant. Nous les recroiserons plus tard dans la journée, juste avant Nadi Bazar, et finirons notre étape du jour avec eux. Avec nos gros sacs et notre fonctionnement autonome, nous impressionnons!

Nous découvrons en bordure de la rivière Marsyangdi Nadi une terrasse d'herbe avec plage de roches et vue sur les forêts, et nous laissons nos amis pour installer le campement. Au menu, riz, avec quelques épices restantes d'Istanbul.

Nous sommes ravis, surexcités, yeux écarquillés : ça y'est, nous sommes dans l'Himalaya! C'est beau, c'est grand, c'est génial.



Deuxième jour, nous visons Chamje, 1430m.

Même décors grandioses, petits villages, soleil magnifique.

Petits villages qui soit dit en passant sont adorables mais quand même sacrément tournés sur le tourisme, avec moult lodges, guest houses, restos etc...

Nous achetons notre maigre pitance dans les petits magasins jalonnant la route, les restos étant hors de prix.

Nous recroisons notre joyeuse troupe de marcheurs rencontrés la veille, et finirons la matinée avec eux, traversant terrasses cultivées tandis que les premiers sommets enneigés apparaissent à l'horizon.

A nouveau beaucoup de montées-descentes jusqu'à la pause casse-croûte, durant laquelle nous laissons nos amis et leur resto pour aller grignoter une boite de haricots iraniens sous un massif de bambou.

Nous repartons tout les deux, pour un après-midi qui grimpe sec, tandis que les sapins se font plus présents.

Dans les villages, les gosses, formés par des années de tourisme de masse, ne perdent pas de temps en blabla et en politesse, pour se jeter sur nous en répétant main tendu ''give me chocolate'', ''give me sweet''...

Nous nous marrons quand même bien en fin de journée avec un groupe de fillettes plus spontanées à qui nous donnons un cour de géographie pour leur situer la France, avant de dégringoler du chemin qui longe la falaise pour trouver un coin plat plein de bouses où poser la tente... On ne peut pas squatter des coins de rêve en bordure de rivière tous les jours!

Après le riz, au dodo, fatigués de cette journée bien intense.



Troisième jour, nous visons Dharapani, 1860m.

Nos amis nous ont dépassé, comme tout ceux que nous croisons et que nous laissons systématiquement passer histoire d'être tranquille, en gros ours que nous sommes.

Nous grimpons toujours, tantôt par des sentiers traversant la forêt, tantôt sur la route de terre qui longe les falaises, aboutissant à un plateau parcouru par la rivière, bordé de plages de galets et entouré de montagne.

Plus de boite de conserve, nous achetons une boite d'ananas et des biscuits pour midi.

Le terrain, très escarpé, ne facilite pas la découverte de coin tente le soir venu, mais nous demandons auprès d'un lodge dont le proprio nous indique un chemin pour rejoindre les bords de la rivière, plein de terrasses herbeuses mais cette fois exempt de bouse!


Quatrième jour, journée spéciale, aujourd'hui nous franchissons la barre des 2000m.

Durant l'ascension, nous voyons les enfants se tapant leur 2h de marche pour aller à l'école, les habitant charriant dans des nasses bûches, pousses de bambou ou feuilles, à coup sur pesant lourds, le tout en tong.

Niveau magasins, le chemin n'est pas généreux, nous trouvons seulement du muesli et des biscuits. Le repas de midi, gargantuesque, est composé de biscuits tartines de moutarde et de céréales... Punaise.

L'après-midi, un chemin plein de marches de pierre qui cassent bien les jambes nous emmène au coeur de la jungle, dans une végétation luxuriante.

Et c'est là que nous tombons sur une colonie de singes noir et blanc (des colobus, merci Wikipédia) en plein dans leur habitat naturel, qui détallent parmi les branches en nous voyant débarquer. Nous les suivons un peu pour tenter quelques photos, mais on ne fait pas le poids face à des singes sauvages dans leur forêt! Nous sommes ravis de cette rencontre, jusqu'à maintenant à part des choukas l'environnement était assez pauvre en bestioles.

La barre des 2000 est nette et précise : la flore tropicale est remplacée par des sapins, le terrain prend un aspect plus rocheux et moins débordant de végétation. Et nous commençons à véritablement trouver des coins paumés où nous poser pour savourer la forêt et la montagne.

Aux abords de Timang, 2700m, nous trouvons une forêt en bordure de rivière, avec une clairière parfaite pour passer la nuit.

La neige se met à tomber en fin d'après-midi, coup de chance on aime la neige!

En revanche, un problème se pose : nos réserves de gaz sont faibles, la flotte dont nous remplissons nos bouteilles provient des fontaines trouvées en chemin et doit être traitée avec nos pastilles qui coûtent un bras, à moins d'être bouillie. Et sans gaz...

Nous passons donc un palier dans le sauvage et l'harmonie cosmo-naturelle : feu démarré à la brindille, pierre plate en guise de plaque de cuisson et eau de la rivière (que nous faisons longuement bouillir, histoire d'éviter une liquéfaction de nos intestins par une myriade de bactéries voraces. Nous ne voulons pas savoir ce que sont les morceau qui flottent dans l'eau, feu, purifie nous tout ça!)! Et notre riz est encore meilleur. Méthode adoptée! Et la soirée au coin du feu sous la neige dans la forêt, y'a pas à dire, c'est quand même ambiance.



Cinquième jour, toilette dans le torrent (ça ravigote et ça réveille!), puis décollage. Normalement, sans traîner, nous pourrons passer aujourd'hui les 3000m, ce qui commence à faire pas mal. Nous appréhendons un peu les changements de température, même si nous avons été élevés à la montagne grecque et turque (aaah les -12 de Gumushane!).

Nous traversons des forêts de sapins dans un décors somptueux de montagnes couvertes de neige, puis les villages de Latamro et Koto, avant de trouver des boites de sardines thaïlandaises à la tomate et de se poser au bord d'un lac pour les engloutir.

La vue commence à être royale, incroyable, les forêts de sapins verts sombres contrastant avec le blanc immaculé qui nous entoure de toute part. Nous sommes surplombés par le Lamjung Himal, 6983m, et commencons à voir poindre l'Annapurna II, grandiose du haut de ses 7937m.

Après le repas des champions, nous longeons la rivière jusqu'à Chame, avant de parcourir une forêt de sapins dans une gorge.

La fatigue nous tombe dessus rapidement aujourd'hui, contre coup des 4 jours intensifs que nous avons vécu, et nous nous écoutons, comme prévu. Nous ne sommes pas pressés, un long périple reste à accomplir, et nous nous dénichons en milieu d'après-midi une plage en contrebas de la forêt, au milieu d'un décors absolument délectable, en aval de Brathang, 2800m.

Avec nos nouvelles dispositions de vie quotidienne, nos soirées deviennent chargées : il faut faire des réserves de bois, d'allumage, construire le foyer et la plaque de cuisson.

Ce soir, nous perfectionnons le système en fabriquant une véritable plaque de cuisson alimentable séparément du feu, et tout fiers nous gagnons quelques minutes sur l'ébullition de l'eau.

On ne se lasse pas du riz, de toute façons nous n'avons que ça! La balade devient visuellement incroyable, nous sommes impatient de découvrir la suite.



Sixième jour, les nuits commence à se faire froides, et nous ne sommes qu'à un peu plus de la moitié de l'ascension...

Réveil à coup de bain dans la rivière, dont l'eau commence véritablement à brûler la peau par sa fraîcheur! 

Le petit dèj est plus que frugal, biscuits fades et thé, et nous repartons en quête de vivres. Chaque jour, histoire de ne se charger que du strict nécessaire, nous n'achetons que les provisions pour le jour en cour, ce qui niveau réserve de secours n'est pas idéal. Mais il s'avère que le trek est tellement populaire que trouver de la nourriture reste facile avec tous les magasins qui parsèment l'itinéraire. En revanche, les prix évoluent de la même façon que l'altitude... Nos menus ne risquent pas de changer.

Nous passons Brathang, dénichant des soupes chinoises, des biscuits à la noix de coco qui vont rapidement devenir notre principale source d'énergie, et... et bien à nouveau des sardines à la tomate. 

Encore et toujours, le décors traversé est merveilleux, la grimpette est plus progressive, et nous franchissons les 3000m en douceur, entourés par le massif qui se dévoile dans toute sa splendeur. On a l'impression étonnante d'être très proche des montagnes, alors qu'elles s'élèvent à près de 4km au dessus de nos têtes! 

Une fois notre pitance avalée près d'un lac entouré de drapeaux de prières, nous suivons une rivière qui nous amène dans une vaste plaine de sapins, où nous nous faisons mal au cou à force d'avoir la tête tournée vers l'ouest et les Annapurnas II et IV. Léonore résume correctement la chose : le décors parait faux tant il est incroyable, comme une image issue d'une vision d'artiste. Le vert, le blanc, le bleu du ciel... Tout ça se mélange de manière assez indescriptible. 

Nous passons le petit village de pierre de Upper Pisang, 3300m, admirant son temple, avant de suivre ses ruelles escarpées pour redescendre dans une nouvelle plaine de sapins. 

Après avoir passé chorten et pont suspendu, vers 16h, nous arrivons au pied d'une côte... Mais alors une côte... Nous devons être à 3000m et des poussières, sur notre carte nous voyons que la montée de fou qui se dresse devant nous fait avaler 600m de dénivelé en quelques centaines de mètres en distance horizontale... Une sacrée grimpette, qui nous ferait franchir la barre fatidique des 3500m, où le mal d'altitude est censé commencer à pointer le bout de son nez. 

Nous décidons de nous poser avant la côte, par souci d'acclimatation progressive à l'altitude et pour être sur d'avoir un coin où bivouaquer. 

La terrasse herbeuse sur laquelle nous jetons notre dévolu est parfaite en tout point, si l'on met de côté l'absence de cour d'eau : tapis d'épines moelleux, sapins derrière et vallée devant, en contrebas, formant gorges et sillonnée par la rivière, entourée des sommets incroyables qui nous ont accompagnés aujourd'hui. 

Nos corvées accomplies, nous nous prélassons en profitant de la vue, au chaud pres du feu. 

Ce soir, nouvelle innovation : la cuisine à la neige fondue, qui nous entoure de toute part. Merci dame nature!



Septième jour, nous émergeons d'une nuit bien frisquette. Il commence à cailler à l'altitude où nous sommes, et la température a chuté à -2 pendant la nuit.

Histoire de nous réchauffer, nous attaquons à une allure d'escargot la graaande côte bien raide qui doit nous mener à Ghyaru, 3670m.

Après quelques litres de sueur et avec les jambes en feu, nous poursuivons sur la voie haute qui longe le flanc de la montagne, profitant d'une vue sur les Annapurnas II, III et IV qui nous scotchent tellement que nous nous arrêtons pour nous remplir les mirettes du panorama le plus grandiose que nous ayons admiré jusque là. Les photos parlent d'elles même, mais ne rendent pas honneur à la réalité.

Nous voyons, en plus du paysage, des aigles et des vautours qui nous survolent.

Pendant notre pause contemplative, nous sommes rejoint par un couple de francais. Retraités, ils s'enfile, comme nous, la grande boucle, avec une pêche formidable! Et devinez d'où ils viennent... Région lyonnaise... à l'est... Chassieu! Nooon, pas possible, le monde est ridiculement petit. Voilà que nous nous retrouvons entre chasselands, à 3600m dans l'Himalaya... C'est fou tout ça!

Nous papotons montagne, avant de les laisser filer et d'ingurgiter nos sardines à la tomate.

L'après-midi à parcourir la voie haute qui surplombe la vallée est un extraordinaire trip visuel, nous avons du mal à regarder où nous mettons les pieds! Croisant chortens, temples et plateaux couvert de pâturages, nous traversons les villages de Paktha, Humde et Nawal, avant de nous retrouver dans une forêt clairsemée de sapins sur un sentier qui descend dans une boue visqueuse et glissante...

La dégringolade est sportive et très salissante, et nous amène en fin de journée dans une immense plaine broussailleuse piquetée de sapins, idéale pour la nuit.

Le feu devient vraiment appréciable, la température polaire nous gelant le dos.

Coup de chance incroyable, nous retrouvons un reste de pâtes grecques au fond du sac, que nous faisons cuire avant de les mélanger avec des nouilles déshydratées.

A nouveau, l'équilibre et la variété des menus sont assurés : pâtes, riz, biscuits, tac à nouveau des pâtes, pan on ajoute des nouilles...

Parfois il faut avouer que nous pensons avec nostalgie à nos chères tables française... Mais quel panard cette expédition dans la montagne! Nous y trouvons tout ce que nous cherchons, même si nous nous transformons peu à peu en vieux ours ermites!



Petite mise au point sur notre gestion du mal de l’altitude. Nous venons de dépasser les 3500m, et quelques précautions sont à prendre pour éviter les nausées, mal de tête, et autre oedèmes pulmonaires ou cérébraux, dus à la raréfaction de l’air et au changement de pression. Un temps d’acclimatation est nécessaire. Avec notre rythme d’escargot et nos limitations d’ascension à 500m maximum par jour, jusqu’à maintenant nous n’avons eu aucun problème, même après plusieurs heures passées au-dessus des 3500m. Nous allons donc, au lieu de glandouiller une journée au même endroit, continuer à notre rythme sans nous arrêter, et nous écouter, pour stopper ou redescendre au moindre problème. Nous avons bien compris qu’on ne rigole pas avec le mal des montagnes, et allons nous montrer prudent, la traversée de la passe de Thorung La et ses 5416m se rapprochant. 5 km et demi de haut, ça fait grand, et nous avons reçu au fil de notre balade des conseils un peu flippant : apparemment, avec plus de 10kg sur le dos, avancer devient un calvaire au-dessus de 4000m, ce genre de choses, que nous avons appris à prendre en compte sans en faire une psychose. Nous appréhendons légèrement, la prudence est de mise, mais on ne va pas en faire une montagne (haha...). 5 mois que nous trimbalons notre bazar dans 9 pays différents, physiquement nous sommes au top!

Au matin du huitième jour, lorsque le soleil se lève, nous n’avons que peu dormi, victimes d’un effet beaucoup plus radical et franc de la hauteur de notre perchoir : le froid.

Comme on en avait rarement connu. Le double toit gelé, ça, c’est classique. L’intérieur de la chambre et l’eau, c’est déjà plus inhabituel, et alors quand Léonore m’annonce que mon duvet a givré, nous nous disons que la guitoune montre ses limites!

Nous allons commencer à nous élever très haut, la passe, sans être insurmontable, reste apparemment assez difficile à traverser, et nous ne voulons pas faire subir à nos carcasses, en plus de l’effort, le froid polaire et la fatigue de plusieurs nuits de quelques heures.

Jusqu’à Muktinat, de l’autre côté de Thrung La, et pour tout le temps que nous passerons au-dessus de 3500m, ce sera donc lodge. Coup de bol, une nuit ne coûte que 100 roupies par personne (environ 70 centimes). Nous sommes déjà content d’être arrivés jusqu’à 3500m en dormant sous la tente!

3500m-Manang -> 5416m-la passe de Thorung La -> 2720m-Jomsom




Nous traversons notre magnifique vallée de sapins, et passons les villages de Braga et de Mujie, par un chemin qui nous ramène le long de la rivière.

Depuis le début du trek, nous tournons grâce à notre mode de vie à 1 euro par jour et par personne, mais aujourd’hui nous faisons une entorse à nos restrictions budgétaire, lorsque nous voyons apparaître un panneau ‘’Yak cheese’’. Nous accourons en hurlant "du fromage de yak!!!" et en achetons 500g. Et c’est très très bon, ça rappelle la tome de montagne, et avec notre régime des 5 derniers mois nous pleurons presque de joie en dégustant le frometon.

Après le casse-croûte, nous arrivons à Manang, dernière étape importante avant la grimpette de 2000m jusqu’à la passe.

En traversant le village, nous entendons un cri : ce sont nos amis, rencontrés en début de treck, qui nous font de grands signes depuis la terrasse d’un lodge! Tout content, nous passons un moment avec eux.

Le mal des montagnes a été moins clément avec eux, et hormis Richard toute la bande est terrassée depuis deux jours, bloquée à Manang…

D'ailleurs, chose amusante, il s’avère que nous recroiserons en ville pas mal des groupes qui nous avaient doublé sur la monte, abattus par les migraines et les vomissements. Nous, ça va, et nous nous apprêtons à poursuivre pour la journée.

Avant de partir en tête, nous apprenons que nous commençons à devenir célèbre sur le massif : apparemment, des espagnols ont demandé à nos amis si ils étaient "les deux français qui font la boucle en tente"!

Quittant Manang, nous attaquons la montée qui va durer normalement les deux prochains jours, dans un décors lunaire couvert de neige.

Nous faisons étape à Gunsang, 3950m, alors que la neige se met à tomber. Dans notre mini piaule de planche et de torchis, il fait froid, mais nous avons un toit et d'énormes édredons. Et ça fait plaisir!

Nous commencions à être bien fatigués, et cette nuit en intérieur tombe bien. Oisivement, nous nous vautrons dans les lits et cuisinons au gaz (au gaz! on arrête pas le progrès...)



Neuvième jour, nous décidons de tenter Thorung Pedi, dernier camp avant La Passe, 4450m.

Le léger retour à la civilisation aue nous avons vécu en prenant une chambre à Gunsang nous rappelle que nous sommes sur un itinéraire célèbre et que la manne touristique pousse les népalais à adopter une attitude que nous espérions avoir laissé à Kathmandu : au départ, le prix de notre chambre a doublé… Nous ne comprenons pas, et on commence à nous expliquer que nous n’avons pas mangé au resto du lodge hier, on nous montre le menu, et on nous réclame des sous. Nous avons peur de comprendre : parce que nous ne sommes pas venus dépenser 1000 roupies dans un steak de yak pour dîner, nous devons payer plus cher pour la piaule… Décidément, ce pays est parfois bien étrange. Nous payerons le prix convenu, 200 roupies, mais perdrons 10 minutes à négocier, à expliquer que nous avions convenu d’un prix et que revenir comme ça dessus confine à la malhonnêteté. Nous partons un gout amère dans la bouche : que c’est-il passé dans ce pays ces 30 dernières années pour en arriver là?

Les 4000m sont vite dépassés, et le manque d’air commence à se ressentir : le moindre pas un peu plus rapide ou désordonné nous coupe instantanément le souffle! Mais à rythme lent et régulier, en faisant attention à notre marche, nous avançons bien.

La faune est sensationnelle, nous sommes survolés par des aigles, des troupeaux de chamois broutent les quelques dernières brindilles qui parviennent à pousser ici, des petits rongeurs semblable à des chinchillas détalent à notre arrivé. Et enfin, au détour d’un virage… Nous tombons nez à nez avec un troupeau de yaks! Génial. Et chapeau bas aux bestioles, qui malgré leur taille crapahutent comme des cabris sur des pentes abruptes et des éboulis.

En fin d’après-midi, bien crevés, après avoir traversé des étendues rocailleuses et des plaques de neige et de glace, nous atteignons Thorung pedi et le camp de base pour nous poser et dévorer une énorme casserole de ces immondes nouilles népalaises.

Il neige à nouveau, et nous espérons que la passe sera accessible demain.

Punaise, 5416m, le point culminant de notre petit tour, le point culminant sans doute de toute notre vie, plus haut que le Mont Blanc...

Nous avons un trac délicieux, une petite appréhension pas désagréable, nous savons que les 1000m qui nous attendent vont être rudes mais sont à notre portée. Et quand ce sera fini, nous pourrons nous la péter toute notre vie!



Dixième jour, nous voilà au pied du mur, au sens littéral.

Le temps est radieux, le paysage couvert de neige.

Nous sommes reposés, chargés de biscuits, mais n’avons pris que 3L d’eau sur nos 5 habituels pour limiter le poids du sac. Nous avons suffisamment entendu que nos 20kg allaient rendre l’ascension fracassante pour se faire un rien de souci. Du sucre supplémentaire complète tout ça. Y’a plus qu’à!

Conscients que au vu de l’altitude, le moindre effort superflu risque de nous briser, nous attaquons le sentier sinueux qui grimpe dans la neige le plus doucement possible, avec une petite pause toutes les 15-20 minutes, et nous arrivons sans morfler aux dernières bâtisses du high camp, 4800m.

Nous le dépassons rapidement (PAAAAN DANS TA FACE LE MONT BLANC!!! Pardon…) pour continuer à grimper dans la neige.

Le sentier n’est qu’une piste minuscule et glissante qui longe et grimpe un relief escarpé, et nous sommes bien content que quelques personnes soient passés avant nous pour tracer une voie, que nous suivons avec une prudence énorme histoire de ne pas dévaler 500m de pente pieds par-dessus tête.

Le décors est grandiose, nous ne savons plus où poser les yeux, entourés par des sommets, des crêtes et des névés brillants sous le soleil.

Le manque d’air est très violent, nous avançons touuut doucement, s’arrêtant au moindre essoufflement, et en fin de matinée se dressent, de chaque côté d’un plateau d’un blanc immaculé, le pic de Thorung et le Yakwakang qui bordent la plus grande passe du monde. Nous y sommes!

Nous atteignons bientôt le point culminant de la passe, où un panneau entouré de cairns et de drapeaux de prières annonce les 5416m.

Que nous sommes fiers et heureux d’être tout là haut! En 10 jours, nous avons traversé le massif en partant de 950m, pour arriver ici, si haut que le ciel a pris une teinte bleue foncée, dans un décors montagneux incroyable. Aucun problème à déplorer, pas de coup d’hypoglycémie, pas de mal de l’altitude, aucune fatigue excessive, une bonne hydratation et un rythme adapté, aucun problème intestinale (et en ne mangeant que des biscuits, des pâtes et du riz à l’eau de rivière, c’est du bol!) et nous voilà frais comme des gardons un sourire jusqu’aux oreilles pendant que nos pieds gèlent! Alors, Oliv et Léo champions de l’alpinisme et grand vainqueurs des sommets inhospitaliers?

Et bien non. Nous sommes des abrutis, des buses, des têtes en l’air. Moi surtout. A être rester obnubilés par l’altitude, l’effort, l’hygiène de l’eau et la nourriture, nous en avons oublié le plus simple et le plus élémentaire. Pour toute excursion en montagne, même petite, en plus de l’eau, des fringues et des provisions, quelles sont les deux indispensables, surtout pour une marche dans la neige étincelante sous un soleil qui brille fort? Et bien voilà, nous n’avons pas pensé à prendre de la crème solaire, et j’ai oublié d’embarquer des lunettes de soleil.

Et nous y pensons, perchés à 5400m, nous maudissant d’un tel oubli. Nous sommes déjà foncés, et je sent que mes yeux ramassent. Pas d’autre solution qu’espérer que notre peau, après 5 mois en extérieur, ai pu produire suffisamment de mélanine pour se protéger, et que mes yeux parviendrons à encaisser autant de lumière sans fondre…

Nous commençons à descendre de l’autre côté, faisant tourner les lunettes de Léonore à intervalles réguliers, et je plisse voir ferme les paupières le plus possible, tandis que notre teinte pain d’épice se renforce de minute en minute… Quelle binôme de branquignols, sérieusement…

Nous savions que la descente était ardu, avec ses 2000m à dégringoler en quelques kilomètres. Elle s’avère infernale, beaucoup plus violente que l’ascension. La pente est raide, très raide, et intégralement couverte de neige. Ca glisse tellement que nous devons parfois nous laisser descendre sur les fesses. Au début c’est amusant, mais après 3h de calvaire, nous ne rigolons plus du tout, devons nous arrêter pour souffler toutes les 20min, et en avons ras le bol.

Notre peau est brune, presque noire, et tire. Nous séchons depuis trois jour, mais là nous atteignons un stade de parcheminage épidermique assez avancé.

Et nous continuons encore pendant 2h à progresser tant bien que mal dans ce bourbier de pente atroce à la quasi verticale, manquant de nous casser une patte à chaque pas, nous enfonçant jusqu’aux cuisses dans la poudreuse, trop abattus pour profiter du panorama sur la vallée de Muktinath.

Nous atteignons tandis que le soleil décline un groupe de lodges complets ou fermés, et apprenons que nous devons encore marcher 1h pour rejoindre Muktinath, 3700m. Au moins nous sommes dans la vallée, et plus sur une satanée falaise.

Nous nous traînons pour arriver à la nuit tombée, terrassés de fatigue, au village et nous engouffrer dans la première piaule que nous trouvons.

Nous nous barbouillons de la sacro-sainte crème hydratante de Léonore, qui soulage un peu nos peaux brûlées et séchées, tandis que mes yeux commence à voir comme sous l’eau…

Nous grignotons quelques biscuits avant de nous écrouler, espérant que dame nature ne nous fasse pas payer trop cher notre négligence.

Nous avons finalement morflé, mais punaise nous avons franchi la passe de Thorung La, et c’est quand même quelque chose!



Implacable dame nature… Elle va nous faire regretter amèrement et très violemment nos oublis. On peut dire que nous l’avons bien mérité.

Une simple démangeaison des yeux dans la nuit me cloue littéralement de douleur en quelques minutes. Ca brûle, ça pique, le soleil levé je n’ai presque pas dormi et suis incapable d’ouvrir les paupières.

Je ne vois donc pas Léonore, dont le visage a doublé de volume en adoptant la texture d’un dessus de crème brûlée.

Nous resterons bloqués 2 jours dans la chambre. Bim.

Je suis incapable de voir quoi que ce soit, terrassé par la sensation d’avoir les yeux remplis de sable le premier jour, et de petits cailloux le deuxième.

Léonore, quand elle n’épluche pas son visage qui se décompose littéralement sans donner l’impression de vouloir dégonfler, me fait courageusement la lecture après s’être tartiné la figure de crème.

Elle s’occupera de tout pendant ma convalescence. De mon côté, je garde un bandeau sur les yeux en permanence, même la lumière qui filtre à travers mes simples paupières est trop forte.

Les heures défilent lentement, dans la douleur, nous maudissons sans cesse ma négligence, et c’est bien fait pour moi, et à la fin du deuxième jour mon état s’améliore…

Mais la douleur revient à la nuit tombée, très violente. Le paracétamol ne sert à rien, la chose franchit les limites du supportable.

Il me faut un médecin, nous n’avons plus un rond, plus rien à manger, et le premier distributeur de billets se trouve à Jomsom 2720m, à une journée de marche de là.

OK, demain nous prendrons une jeep pour la rejoindre. Nous perdrons une journée de marche mais de toute façon je ne peux pas marcher. Avec ça, nous perdons des lambeaux de peau et séchons encore, il faut rejoindre un coin moins sec.


Je passe la dernière nuit à Muktinath assit sur mon lit, la tête dans les genoux, à cogner dans mon oreiller de douleur, avec l’envie de m’arracher les yeux, espérant en vain une pause du feu qui brûle mes orbites, incapable de retirer les cailloux invisibles que j’ai l’impression de sentir rouler sous mes paupières.

Le soleil met une éternité à se lever, annonçant notre grosse mission du jour, et Léonore part explorer la ville à la recherche des jeeps.

Elle traverse tout le patelin, pour apprendre que la jeep ne peut pas venir me chercher au lodge. Elle retraverse en sens inverse la ville, pour aller demander une mobylette pouvant nous emmener. Connaissant le problème, le chauffeur nous fera payer le dixième du prix (c’est à dire les 200 roupies qui nous restait en fait en poche…), et nous voilà traversant les rues de terre à moto, avec nos sacs, moi encore et toujours dans le noir.

Arrivés au terminal des jeeps, nous embarquons avec un groupe de russes qui nous avance la course, et partons pour une heure et demi de cahots sur le chemin qui descend de Muktinath. Ca bouge dans tous les sens, je suis à bout, et en plus je ne peux pas voir le paysage…

Arrivé à Jomsom, nous suivons le groupe de russe pendant 20 minutes, les yeux fermés, pour que Léonore localise le distributeur. Ouiii, nous avons des sous! Coup de bol, les russes nous montre aussi l’hôpital. Bien sympa ces russes!

Nous arrivons chez le médecin, et deuxième coup de bol : le coin est specialisé dans les problèmes oculaires! En quelques minutes, je suis ausculté, diagnostiqué, il n’y a aucune lésion grave, et on me remet une batterie de gouttes à mettre suivant différentes posologies. 4 flacons plus un tube de crème!

Nous dégotons à côté de l’hosto un lodge dans nos tarifs, et enfin nous pouvons nous poser. Encore et toujours, voilà une histoire rondement menée!

Les gouttes sont miraculeuses, chaque application s’accompagne d’une amélioration. En fin d’après-midi, ça gratte à en crever mais au moins les cailloux sont partis! Et je voiiiiiiiiiiiiiiis!!!

Dans la pénombre de la chambre avec les lunettes de soleil certes, mais je vois!

Léonore perd progressivement une première couche de peau brune et reptilienne, qui donne sur une deuxième, rose, qui se met à peler aussi... Il faut la voir pendant qu’elle s’épluche en partant du bas : jusqu’au nez, c’est rose, au-dessus marron-brun! Une Léonore bicolore…

Grâce à la crème, notre peau se détend un peu, et punaise que ça fait du bien d’aller mieux!

Nous resterons encore un jour à Jomsom, le temps que mes yeux supportent la lumière et le vent, et que Léonore finisse sa mue.

Les prix ici sont redevenus normaux, et avec un régime alimentaire de nouilles et de biscuits, nous ne dépensons presque rien. Nous attendons impatiemment, après 4 jours d’inactivité, de pouvoir repartir et reprendre notre route en autonomie avec notre tentounette et nos tambouilles.

Ce fut une épreuve, que nous avons bien cherché, et que nous n’oublierons pas de sitôt. Nous commençons déjà à en rire tiens! Et ça met un peu de piquant… Bande de blaireaux va…


2720m-Jomsom -> Pokhara-820m



Voilà, à cause d’un oubli stupide, nous aurons finalement ramassé durant la traversé de Thorung La Pass. Mais l’aventure continue, nous avons encore une bonne semaine de marche entre Jomsom et Nayapul, 1070m, d’où nous rejoindrons Pokhara en bus.

Nous quittons la ville pour traverser un décors rocailleux et plein de petits villages.

Quel Bonheur de voir! Mon oeil droit est encore flou, mais le gauche me donne des détails que je savoure. JE VOIS!

Nous passons le lac sacré de Dhumba, avant de traverser forêts et plaine pour nous retrouver dans un vaste champ de cailloux plat.

Nous nous retrouvons bloqués par la rivière, paumés dans ce désert de roches, et devons faire demi tour.

Nous retrouvons notre chemin qui monte en longeant le flanc de la falaise qui surplombe la plaine de caillasses, à travers les sapins et les cerisiers en fleur. Ca monte, ça descend, avec une jolie vue, pendant tout l’après-midi.

Nous redescendons dans la plaine parmi les ruisseaux et les cerisiers, pour passer le village de Chhairo, 2600m, multicolore avec ses temples et drapeaux, et s’enfoncer dans une forêt.

Nous longeons bientôt la rivière dans une gorge, au milieu des sapins, pour découvrir en contrebas du chemin un endroit paradisiaque : arbres et buissons, tapis d’épines et de fleurs, vue sur les montagnes et petit ruisseau d’eau claire à portée de casserole. Dame nature veut visiblement se faire pardonner!

Et nous sommes ravi de refaire nos petites provisions de bois, de construire notre foyer et notre plaque de cuisson, de nous rincer dans la rivière et de préparer notre tambouille au milieu des bruits de la forêt qui s’endort, sur notre feu qui nous réchauffe les orteils jusque tard dans la soirée. Nous sommes de retour chez nous!



Le lendemain, seizième jour, la journée est sensiblement la même : crapahutant parmis les sapins, nous savourons la forêt jusqu’à ce que les montagnes entourant la gorge s’espace de nouveau pour être séparées par une nouvelle plaine de cailloux.

Après nos recharges de sardines et de biscuits, nous localisons le bon chemin, qui grimpe à nouveau le long de la montagne, et passons l’après-midi à longer la plaine dans la forêt.

En fin de journée, nous arrivons aux abords de Lete, 2480m, tandis que le ciel se couvre. Une fine pluie se met à tomber, et nous plongeons dans une forêt pour monter la tente et ramasser assez de bois pour la cuisine.

Finalement, le temps s’améliore, et nous pourrons nous remplir de thé et de nouilles chinoises autour du feu.



Dix-septième jour, le gaz arrive à expiration avec notre thé du matin, nous descendons encore, et la végétation redevient peu à peu tropicale.

Quittant la forêt, nous sommes survolés par 3 ou 4 aigles (à force, on y fait même plus attention! ''Boa, encore un aigle''…), avant de retrouver la jungle, par un petit sentier qui serpente dans une végétation luxuriante, à travers laquelle nous revoyons des singes!

Midi approche, mais nous n’avons pas trouvé de magasins… Arrivés à Ghasa, 2010m, nous sommes affamés et ravi de pouvoir acheter à manger.

Et…non. Le premier établissement nous explique que ses marchandises en rayon ne sont pas à vendre, si nous voulons manger nous devons payer le plat au tarif restaurant. Quel filou. Hors de question de jouer le jeu, nous repartons. Il n’y a que très peu de magasins dans le bled, et les rayons sont vides. Nous trouvons pâtes et nouilles pour le soir, biscuits, et la peur commence à poindre : sommes nous arrivés à ce moment critique, à ce repas que nous espérions ne jamais avoir à affronter?

Plus assez de gaz pour se préparer un plat chaud, pas le temps ni l’endroit pour allumer un feu… Oui, nous y sommes. A midi, nous mangeons un paquet de crackers salés en entrée, et…un deuxième paquet en plat principal. Inutile de dire que le moral n’est pas au beau fixe, ce que n’arrangent pas les nuages qui s’amoncellent au dessus de nos têtes.

Mais il faut bien avancer, et comme d’habitude nous nous mettons à déblatérer un nombre incalculable de bètise à la minute histoire de rigoler. ''Ce soir, nous ferons des pâtes, et dedans on mettra des nouilles, et on se gavera de biscuits''… Et la pluie nous tombe sur la tronche tandis que nous sommes en pleine jungle sur un petit sentier.

Nous découvrons une baraque de torchis, et trouvons refuge sous un abris en paille destiné au bétail qui prend l’eau de partout. Sous la douche, nous essayons de tendre le poncho de Léonore entre les brins pour s’abriter lorsque la grêle arrive. Raaa…

Le poncho tient à peu près, nous sommes trempés et commençons à attendre assis dans les bouses, lorsque nous nous apercevons que la porte de la maison à côté est ouverte. Joie! Merci la montagne!

A l’intérieur, sous le toit de taule, on ne s’entend pas parler, mais nous sommes à l’abris, dans cette cahute qui semble à l’abandon. Poussière de partout, quelques chaise et une table, et rien d’autre.

Nous découvrons juste une petite réserve de bois, et, comble du progrès qui nous fait ouvrir de grands yeux, un trépied en fonte pour poser la casserole au-dessus des flammes! Punaise, il nous faut un truc comme ça!

Le thé chauffe en 2 minutes, et nous nous apprêtons à établir nos quartiers pour la nuit quand une petite famille arrive. Et bien en fait, la maison est occupée par une femme et ses 3 jeunes enfants…

Nous nous expliquons, gentiment et plein de reconnaissance, et pas de problème. Nous partageons notre goûter avec les ptios, puis mettons les voiles, la pluie s’étant arrêter.  

Nous crapahutons toute la fin d’après-midi pour rattraper notre longue pause pluie, au milieu de la jungle détrempée pleine d’odeurs et de cris de bêtes, pour rejoindre des contrées beaucoup plus occupées. Les villages se multiplient et les cultures en terrasse couvrent les flancs des montagnes.

Nous dénichons des oeufs dans une ferme, et découvrons bientôt une terrasse non cultivée pour poser nos derrières fatigués.

Et la, problème : il doit nous rester 2 ou 3 minutes de gaz, pas assez pour notre tambouille du soir, et tout est trempé. Ne parlons même pas de nous préparer nos oeufs durs…

Nous tentons quand même un feu, seul solution pour manger autre chose que notre dernier paquet de biscuit ce soir. Nous ramassons une maigre réserve de bois détrempé, regrettant nos forêts et leur profusion de combustible, et parvenons à démarrer un feu qui crache et fume.

Une gestion millimétrée du stock et des principes de cuissons innovant nous permettent de tout préparer : le thé est bouillant, et pour gagner du temps et du bois nous mettons nos oeufs dans l’eau en même temps que nos pâtes. Quand celle-ci sont cuites, nous sommes bien obligés de retirer les oeufs pour les égoutter, sans trop savoir si ils sont cuits… Apres test, il s’avère que les macaronis népalais constituent un excellent indicateur de cuisson pour les oeufs durs! Qu’est ce que nous sommes fiers. Pensez donc, nous avons réussi à préparer des oeufs durs!

Tout content de cette soirée, gavés de pâtes et songeant au fait que youpi, demain midi nous avons des oeufs durs à manger, en ayant garder de quoi faire chauffer notre petit dèj, nous nous endormons au son de la montagne, après un coucher de soleil dans un ciel enfin dégagé.




Dix-huitième jour, sous un grand soleil, nous suivons un chemin qui descend en pente douce pour arriver à Tatopani, 1190m, et nous poser en bordure de rivière après un tour dans la ville qui marque la fin du trek pour beaucoup de monde.

De nombreuses jeeps et bus partent pour Pokhara, mais nous voulons continuer à pied, l’itinéraire n’étant pas terminé.

Au programme, après être descendus jusqu’à 1200m… Remonter jusqu’à Ghorepani, 2800m, puis Poon Hill, 3200m. Sur la carte, nous voyons que nous allons prendre 2000m en une distance ridiculement courte, et quelques rapides calculs confirment que les deux jours suivant risquent de grimper plus violemment que tous les précédents. C’est qu’on en veut nous!

Après avoir, douce miséricorde, trouvé du gaz et plein de nos cochonneries habituelles en ville, au bord de notre rivière, nos oeufs durs saupoudrés de sel nous emplissent d’une félicité que nous ne pensions pas ressentir un jour pour des oeufs. A cet instant, nous pouvons le dire, après 2 semaines de pâtes, de riz, de nouilles népalaises infâmes et de biscuits secs accompagnés de deux morceaux de sardine thaïlandaise chacun, les oeufs durs constituent un nirvana gustatif incomparable.

J’en profite pour me rincer dans la rivière, car il s’avère que notre état de propreté est déplorable. Notre propre odeur commence à nous gêner…

Nous repartons, et vlan, nous voilà en train de grimper péniblement une route, puis un interminable escalier de pierre. Les degrés sont d’une hauteur qui nécessite une pause à chaque pas, et nous atteignons rincés et en nage Ghara, 1700m. Nous venons de prendre quelque chose comme 500m en 1h30, et nous nous rappelons que ça va être comme ça tout le lendemain…

Passé le village, après des heures d’escaliers, nous nous traînons, crevés, pour échouer dans le premier coin de forêt à peu près dégagé que nous trouvons.

Nos corvées du soir sont misérablement lentes et démotivantes, mais en une heure nous affalons autour de nos thés devant le feu.

Notre cocktail pâtes-nouilles suit immédiatement, et à 8h nous sommes au lit, sur un terrain sacrément pentu. La fatigue profonde commence à se faire sentir, tout comme de probables carences alimentaires…



Dix-neuvième jour, nous dormons comme des loirs jusqu’à 9h, puis continuons notre satanée grimpette. Aussi violente que la veille, ce n’est qu’escaliers et chemins raides.

Le décors est magnifique, mais nous ne l’admirons que pendant les pauses, quand nous montons nous regardons nos pieds, histoire d’éviter de perdre toute santé mentale en regardant vers le haut.

Les rizières sont verdoyantes, les villages sympas comme tout, et le beau temps nous accompagne.

La journée nous fracasse les jambes, nous ruisselons de sueur, et pensons à la rivière que nous avons quitté à Tatopani.

Nous passons Chitre, 2390m, où nous retrouvons Richard et Florence, qui ont pris leur temps pour passer Thorung La et nous ont rattrapé. Tandis que nous racontons chacun nos aventures, une tête blonde débarque… Punaise, Ivan! Notre ami suèdois de Shiraz! C’est génial. Au final, la route conduit tout le monde plus ou moins aux mêmes endroits. Nous sommes ravis de les retrouver, et nous finissons notre marche de l’après-midi ensemble.

Nous les laisserons, rendez-vous pris à Pokhara, après avoir repéré, en surplomb du chemin, un pré plat pleiiiin de bois juste avant Ghorepani, 2800m.

Nous sentons la fin proche, et autour du feu évoquons cette incroyable expédition.



Vingtième jour, nous rejoignons rapidement Ghorepani, espérant de tout coeur que le ciel soit dégagé.

Il parait (il parait…) que dans de bonnes conditions météorologiques, la vue depuis Poon Hill est la plus belle du Népal. Rien que ça?

Nous démarrons notre dernière ascension du trek, apercevons un bout de l’Annapurna premier du nom, puis arrivons au sommet de la colline… Complètement couverte de nuages. Flûte. La vue? Ba, du blanc, à 50m devant nous où que se porte notre regard… Quelle tuile.

Nous attendons un peu, puis, résignés, nous redescendons. On ne va pas se torturer, nous avons quand même jouit d’une météo quasi parfaite durant toute la balade.

En sortant de Ghorepani, nous rencontrons 2 français, Yann et Ryad, qui montent jusqu’à Muktinath. Ils nous offrent de précieux conseils pour notre future exploration de l’Inde, et nous refilent plein de bons plans.

Nous graillons pour la dernière fois notre mélange sardines tomates biscuits, avant de nous reprendre une saucée magistrale sur le coin du pif. Coup de bol, nous découvrons un hameau où nous abriter pendant la tourmente, et repartons en milieu d’après-midi pour traversé une jungle inextricable.

Les coins plats ne sont pas légion sur la piste qui descend sec, mais en début de soirée nous trouvons notre bonheur.

Point de feu ce soir, ce qui nous déçoit un peu pour une dernière soirée, car la pluie se remet à tomber pendant que nous montons la tente. Il faut faire avec, et comble du luxe nous avons du gaz!

Nous pensons aux Chowmines et autres Mo Mo frits qui nous attendent à Pokhara, ainsi qu’au plumard et à la douche . Avec ces quelques jours à monter et monter encore sous le soleil de plomb, notre hygiène corporelle est déplorable, nous sommes poisseux, notre peau est grise et collante, nos ongles noirs, et nos pieds… on ne va pas en parler, des enfants nous lisent. Notre odeur dans l’espace confiné de la tente déchausse les dents, c’est quelque chose! Bon point, nous avons développé des réflexes santé qui nous empêchent de porter nos mains sur une quelconque partie de nos visages.

Et bien la voilà, notre dernière nuit en extérieur de la balade, sous une pluie torrentielle, nageant dans nos effluves! Après tout, quelle meilleur conclusion pour ce voyage à pied dans l’Himalaya, qui pour le moment aura été sans doute l’expérience la plus extraordinaire de notre voyage?  
 



Vingt et unième jour, la conclusion de cette incroyable expédition dans l’Himalaya.

Nous sommes épuisés, notre ventre crie sa détresse et les carences se font sentir. Nos vêtements et nous-même dégageons un fumet fracassant, nos cheveux ressemblent plus aux tas de paille que nous croisons dans les villages.

Mais nous avons vécu une expérience inoubliable, formidable, parfaitement en accord avec notre amour de la vadrouille, des espaces déserts et de la vie en autonomie. Ce fut rude mais jamais désagréable, nous avons vu tellement de choses durant ces trois semaines…

Nous sommes tout nostalgiques et songeurs en attaquant le dernier passage bourrin de la boucle : un escalier de pierre reliant Uleri, 1960m, à Tikhedhunga, 1540m, par une dégringolade de 3280 marches…

Mais il fait beau, il fait chaud, et la forêt ainsi que les villages sont colorés et adorables.

Et sur le trajet, miracle, nous découvrons du fromage de yak! Nous claquons nos derniers ronds dans un bon gros kilo et demi de ce doux frometon. A ce moment, il nous reste juste juste de quoi prendre le bus local à Nayapul!



Pas de bol pour notre arrivée à Birethanti, 1025m, le déluge se remet à tomber.

Nous faisons tamponner une dernière fois nos permis, avant de mettre le cap sur Nayapul. Arrivé dans le petit village, il faut se rendre à l’évidence : c'est fini, il n’y a plus de chemin! La vue du goudron de la route est choquante, tout comme le bruit des voitures qui passent.

N’écoutant pas les chauffeurs de taxi qui nous soutiennent que leur prix est le même que celui du bus, nous remontons dans une caisse à savon bariolée en direction de Pokhara.

Durant les 1h30 de route, nous regardons le décors de montagnes qui défile, en silence. Punaise, ça y’est, c’est terminé. C’est qu’on s’y plaisait dans nos sommets, autour de notre feu! Ca c’était la vie!

Nous débarquons à Pokhara sous un ciel gris, pour vadrouiller en quête d’une piaule. Nous voulons à tout prix éviter les rives du lac, apparemment hyper touristiques et hors de prix, et zonons un peu. Nous trouvons un lodge magnifique, aux petites chambres indépendantes mignonnes comme tout au milieu d’un jardin luxuriant. Quand le maître des lieux nous montre les piaules, nous ne nous faisons pas d’illusion sur le prix, et nous préparons à quitter les lieux. Nous annonçons quand même notre budget, d’un maximum de 500 roupies la nuit (environ 3.80 euros…), et le patron, souriant et adorable, nous explique que de toutes façons il n’y a personne, et que nous pouvons rester autant que nous voulons pour le prix que nous voulons! Quelle veine! Nous apprendrons par la suite que les chambres étaient normalement proposées à 20$, soit 2000 roupies.


Nous voilà donc depuis 4 jours à Pokhara. La ville est sympa, nous nous reposons et faisons des cures de légumes, de nourriture consistante et de longues nuits de sommeil.

Les rives du lac sont complètement déstabilisantes : c’est simple, on a l’impression de ne plus être au Népal. Serveurs en chemise blanche, restos et hotel grand luxe, routes goudronnées, trottoirs et discothèques… Contrairement à l’anarchie touristique de Thamel à Kathmandu, ici le tourisme c’est fait sa place définitivement, transformant un quartier entier en zone complètement occidentale, où les pubs irlandais côtoient les restaurants italiens et les résidences hôtelières 5 étoiles. Et il suffit de s’en éloigner d’une rue pour retrouver une ville plus ''normale''. La nuit, c’est le seul quartier éclairé de la ville, et des bus et taxis tout confort emmènent et ramènent ses résidents. Ils ne manquerait plus que les touristes soit obligés traverser des quartiers népalais! Autant dire que nous n’y passons que rarement, préférant nos petits quartiers aux ruelles de terre parcourues par les vaches, et autre petit bouiboui où nous mangeons délicieusement pour 1 euro par repas.

Voilà. Fiou, sacré pavé que celui résumant un treck de cette envergure. Nous avons pris un pied phénoménal, trouvant dans ce tour des Annapurnas tout ce que nous adorons, la marche, un environnement naturel incroyable, des bestioles en tout genre, la vie en autonomie quasi complète etc… Nous nous sommes dis tellement souvent, autour de notre feu sur lequel chauffait notre tambouille, après un rinçage dans la rivière, le regard perdu sur les crêtes de montagnes qui se détachaient dans la nuit claire que voilà, c’est ça, là nous sommes bien, vraiment bien. C’est ça la vie, celle qu’on aime, c’est comme ça que ça doit être! Et en quelques calculs, on se rend compte qu’avec la somme que nous dépensions chaque jour, nous aurions pu rester près de 2 ans dans la montagne! Nous sommes quand même passés pour des sacrés tarés auprès de tout ceux que nous avons croisé, mais c’est habituel. Concernant le parcours, comme nous nous y attendions étant donne sa renommée mondiale, il reste principalement axé sur l’accueil des touristes, mais les habitants se sont montrés la plupart du temps très souriants et agréables, et les petits villages, bien que proposant pour la plupart au moins un lodge ou un resto, reste très sympathiques à parcourir et authentiques. On y croise les gens vaquant à leurs occupations, le bétail, les poules qui cavalent, et on y trouve la vie véritable qui est celle des montagnes.

La suite des festivités? Après un tour de Pokhara, nous mettrons le cap à l’est, pour suivre un itinéraire de deux ou trois jours gratuit et bien sympa, recommandé par un ancien guide rencontré dans une gargote. Ensuite, retour à Kathmandu pour demander nos visas indiens, puis cap à l’ouest. Le plan actuel est de rejoindre Lukla sans prendre d’avion, pour s’arrêter au pied de l’Everest. Le trek du premier camp de base ne présente apparemment que peu d’intérêt, et à 40$ la grimpette, merci bien.

Au final, le mois qui arrive sera consacré dans le fond à nous perdre dans le pays, à chercher des coins perdus sans hordes d’étrangers et sans aménagements. Des coins vrais en fait. On nous a dit que c’était peine perdu à notre époque, le Népal a été beaucoup trop ravagé par le tourisme inconsidéré, mais nous ne quitterons pas le pays sans avoir trouvé. Il ne manque plus qu'une plongée dans la réalité du pays et de ses habitants pour que notre bonheur ici soit complet.

2 commentaires:

  1. Pfiou rien à dire bravo à vous deux! Une bien jolie aventure!
    Des bisous

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  2. Je viens de finir la lecture de votre article
    Pour le coup des lunettes de soleil on a eu la même galère. On avait une paire pour deux mais je l'utilisais la plupart du temps, Sunny n'était pas du tout affecté. Une fois descendu Thorong-pass aucun problème jusqu'au soir, au moment de m'endormir. Impossible d'ouvrir l'oeil gauche, la même sensation de brulure que toi, comme si j'avais du sable et des graviers dans l'oeil, une souffrance de taré et la sensation d'avoir perdu un oeil pour de bon. Au départ je mettais ça sur le compte de la fumée du feu de Yak que nous avions squatté (trop proche) toute la soirée mais ton article m'a mis le doute. Bref, j'ai quand même pu marcher en condamnant mon oeil gauche et en grinçant des dents le jour suivant, 24 h plus tard heureusement plus de bobo...

    Sinon je suis bluffé de la manière dont vous avez mené à bien ce trek, en vous infligeant un calvaire alimentaire pareil. On a parfois sacrifié des repas pendant deux ou trois jours de suite sur la route par le passé, mais en trek... On aurait vraiment pas pu. J'étais tellement affamé chaque soir que même mon Dal Bhat resservi deux ou trois fois ne me calait pas suffisamment la nuit... Les nuits d'ailleurs parlons-en, on a pas rigolé passé Manang. Mention spéciale au camp de base ou on était quasi frigorifié dans nos duvets. Sinon la montée en elle même était moins galère que nous l'imaginions, et même plutôt accessible à n'importe qui. Alors pour des gros habituée de rando comme vous... Je crois que c'est véritablement votre carence alimentaire des 10 premiers jours qui vous a donné autant de mal. Bon apres les 20 kgs de barda sur le dos, ça aide pas non plus. J'ai eu un mal de tête de chien sur le pass qui est heureusement s'est estompé lors de la descente. On en a bavé comme vous mais bien ris, à se glisser comme ça jusqu'en bas le cul par terre... Sûrement notre meilleur moment du trek.

    Sinon votre histoire dans les lodges avec les prix doublés, ça m'étonne guere malheureusement.. Mais j'ai lu punaisé partout dans chacune des loges où nous étions passé la même chose. Une gurung tres sympa nous expliquait qu'à Ghyaru ils acheminaient toute la nourriture des villages voisins à dos d'âne. ça ne justifie pas entièrement les tarifs de nourriture trois ou quatre fois plus élevé qu'à Katmandou mais comme nous sommes un peu naif et bêbêtes je préfère laisser le bénéfice du doute à ces gens... Mais comme vous on a été un peu déçu du Népal et de ses habitants, particulierement dans les montagnes. La palme pour tous ces gosses qui nous ont aussi bien cassé les burnes. Trop gâté par les touristes (et on en a vu plein) qui les couvrent de bonbons !! C'est pas leur rendre service je pense.

    à bientôt, au plaisir de vous lire encore !

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