vendredi 28 février 2014

Kathmandu

Namaste tout le monde! Nous voilà donc à Kathmandu depuis 6 jours, temps consacré à nous poser, vadrouiller la ville et préparer nos escapades en montagne. Et le changement est au rendez-vous, le dépaysement aussi, dans la capitale grouillante et animée. Déjà pas mal d'action, d'exploration, de découvertes et d'émerveillement, et déjà quelques petites déconfitures... Et oui, ici le tourisme de masse a fait des ravages, et par endroit, on sent que nous ne sommes plus que des portefeuilles sur pattes... Il est difficile d'avoir une réelle conversation avec quelqu'un du pays. On s'y attendait, mais peut-être pas à ce point là...

Mais tout cela fut complètement balayé par la plus incroyable et troublante expérience humaine que nous ayons vécu jusqu'ici : nous avons été amené, par un concours de circonstances incroyable, à fêter mon 26ème anniversaire dans les bidonvilles de la capitale népalaise. Une expérience qui nous a marqué profondément et pour toujours.


Un premier contact... Particulier


Nous arrivons bien fatigués à l'aéroport, pour les quelques formalités de visas, beauuuucoup moins bordéliques qu'en Iran. Le passage de la frontière au Népal, c'est du sourire, peu d'attente et pas de prise de tête!

Nous rencontrerons d'ailleurs ici un français qui, ayant eu des problèmes pour retirer l'argent nécessaire à l'obtention du visa à l'aéroport, est tout simplement sorti, pour aller en ville trouver un distributeur et revenir régulariser son entrée dans le pays sans qu'aucun ''agent'' de l'immigration ne remarque rien! Le Népal s'annonce festif!

Nous partons en taxi vers le centre, dans le quartier de Thamel, pour descendre au Red Planet Guest House, bon marché selon le guide de notre ami Irlandais rencontré à Bandar Abas. Mais depuis l'Iran, nous avons appris à nous méfier des guides papier, présentant plus les bons rapports qualité/prix que les établissements miteux très bon marché... Vu l'état de fatigue, et à 5 euros la nuit, nous y prenons une chambre. Nous aurons tout le temps de trouver autre chose dans l'après-midi.

Nous partons vadrouiller dans Thamel, pour un après-midi qui suffira à nous dégoûter du quartier : il s'avère être une véritable usine à touristes, une vitrine présentant une image plus-cliché-tu-meurs du Népal. L'encens, la musique zen bouddhiste attitude, les boutiques de fringues 100% poils de bébé yak, 100% cachemire, 100% hippies-dans-le-vent, les statuettes de tout le panthéon hindou, les tableaux ''faits main'' à la chaîne (balaise et en communion les artistes, les tableaux sont tous les mêmes au coup de ''pinceau'' près!). Au milieu de tout ça, des pubs, des bars dance, et des européens, et des vendeurs de trecks, tours, hôtels, drogues en tout genre, qui harponnent le chaland tous les 2 mètres. Bref, pour l'authenticité, on repassera!



L'après-midi est vite plié, nous mangeons un morceau, trouvons une guest house bien crasseuse pour demain, et regagnons notre terrier, pour refaire le monde en compagnie d'autres vadrouilleurs. Etranges d'ailleur comme vadrouilleurs, certains squattant la ville depuis deux semaines sans être sortis du cocon bien sculpté et artificiel de Thamel... Nous commençons à sentir que bien que tout le monde soit très sympa, nous ferons notre vie de notre côté.

Le lendemain, nous déménageons dans une piaule bien miteuse à deux francs six sous (à prendre au pied de la lettre, remplacer ''franc'' par ''euro''), nos compagnons d'hier soir sont resté au Red Planet.

Les deux jours suivant sont consacrés à la rédaction de ce satané article sur l'Iran, certe magnifique mais long, la connexion et les virus n'aidant pas. Qu'est ce qu'il ne faut pas faire! Nos soirées? Très sympas, mais pas vraiment ce que nous cherchons. Génial la soirée reaggea à Kathmandu, mais on ne s'y sent pas vraiment ailleur...

Après internet, Thamel et ses relents de gigantesque centre commercial, nous partons enfin dans Kathmandu, à pied, tout à pied, cherchant la ville, la vrai.


En plongée dans la capitale


Première mission : le permis de trek. Sur la route, nous voyons la ville. Circulation anarchique, beauuucoup de monde, de la poussière, un air chargé de gaz en tout genre, et la dèche. Et oui, n'oublions pas qu'à Kathmandu, on est loin du cliché années-soixantard, le revenu moyen du pays est de 80 euros par mois, la pollution dans la capitale a atteint un seuil assez exceptionnel, bref il y a de l'action. Mais ça, on le savait.



Permis de treck en poche, nous rejoignons notre première claque visuelle : le Kathmandu Durbar Square, place sacrée aux multiple temples, idoles et places, réminiscences de la lointaine époque où le Népal était composé de plusieurs petits royaumes.



Nous vadrouillons bien dans la ville avant de rentrer nous affaler.

Le lendemain matin, nous faisons le tour du Pashupati Nath, les bûchers crématoires, le temple de Shiva, et nous croisons plein de Sadhus venus d'Inde pour célébrer le festival donné en l'honneur du dieu destructeur de la Trimurti hindoue. Nous passons aussi l'hospice, et moult temples.

Ce lieu sacré nous remue bien, et nous y restons un bon moment. La fumée des bûchers, l'encens et le beurre fondu, les processions, les adeptes, les cymbales et les cloches, les temples et les autels... Tout ça donne à l'ensemble une atmosphère extraordinaire, la ferveur et la foi qui se dégagent du lieu sont presque palpables. Assis en silence, au milieu de tout ça, nous ressentons vraiment quelque chose de spéciale, et c'est une expérience assez nouvelle pour nous.



Dans un registre un peu plus léger, nous voyons aussi plein de singes qui cavalent de partout, essayant de chiper un peu tout ce qui passe à leur portée!



Nous mettons ensuite le cap sur le Grand Boudha, l'un des édifices bouddhistes les plus sacrés du monde. Impressionant! Nous y verrons aussi les nombreux temples aux alentours, assistant à la prière des moines.







Un peu plus tard dans l'apres midi debute une histoire indefinissable : lorsque nous offrons une brique de jus pomme a une femme et son petit, elle nous invite a prendre le the chez elle, et nous la suivons, arrivant bientôt dans les bidonvilles de Kathmandu, au milieu des cahutes de bambou et de baches. Chez Gita, nous passons un moment formidable. Accueillis comme des rois par toute la famille, on nous offre the, biscuits, veste, et… Nous sommes invites le lendemain soir a venir feter mon anniversaire avec sa famille! Nous acceptons avec joie, decidant d’ors et déjà que le budget anniversaire servirait a acheter gateaux et jus de fruits pour tout le monde. Entre ca et un resto, y'a pas photo. En quittant le bidonville, salues par les gosses, nous sommes carrement secoues par ce que nous venons de vivre et par la soiree nous nous appretons a passer. Nous aimerions faire plus qu'un gouter pour tout ce petit monde, si genereux malgre la misere, et nous reflechissons toute la soiree a un geste plus durable et utile...

Au matin, nous partons cette fois a l'ouest de la ville, en direction de Swayambhunath, sanctuaire classe au patrimoine mondial au meme titre que nos trois premiers sites.














L'apres midi, nous passons faire quelques emplettes, gateaux, chocolat, fruits, puis rejoignons le village dans la ville. C'est dingue : la misere la plus totale regne ici, pourtant Gita a reussi a trouver des ballons et des cadeaux. Les gamins me chantent un ''happy birthday'' qui me tire des larmes, et nous passons un gouter d'anniversaire completement hors du commun pour nous, le sentiment de vivre une chose qui restera gravee plus present que jamais. La nuit tombe, et nous mangeons quelques chapatis en discutant. Nous sommes remercies pour le gouter, alors que nous avons recu tellement plus! Et nous trouvons comment filer un coup de main : nous aidons la famille a acheter le necessaire pour nettoyer les chaussures, assurant un petit revenu supplementaire, qui de notre cote nous coute trois fois rien. En dernier cadeau, nous leur offrons aussi notre fidele pancarte a stopper, ou nous inscrivions nos destination en Europe avant de lever le pouce, avec notre cargaison de feutres. Nous les quittons apres de chaleureux au-revoirs, leur promettant de repasser apres notre tour de l'Annapurna.





Le retour est propre a la reflexion. Il y aura eu un avant et un apres cette soiree, qui se pose en point de rupture, et nous sommes bien secoues. Nous nous rappelons que c'est pour ca que nous sommes venus, essayer d'apporter un coup de main, si minime soit il, et ce soir nous avons commence. Inutile d'essayer de decrire la chose ici, ca ne s'explique pas comme ca. Ca ne s'explique pas du tout. C'est juste normal pour nous. Nos tetes sont pleines d'idees qui germent a vitesse grand V...

Pour notre avant dernier jour avant les montagne, nous rejoignons le quartier de Pathan, au sud de la ville, pour visiter le Pathan Durbar square, lui aussi site tres sacre et classe au patrimoine mondial. Et il faut payer pour acceder a une place publique. OK. Et il faut payer pour voir le musee... Non, ca va aller la... On touche du doigt la chose qui nous deplait le plus ici : l'impossibilite de se comporter autrement qu'en touriste de base. Nous y reviendrons. Nous passons ensuite le temple d'or, avant de rejoindre le centre ville, surprenant un grandiose feux d'artifice, des sauts en parachute, des parades militaires pour le festival... C'est bien joli tout ca, mais au meme instant certains enfants ne peuvent pas aller a l'ecole parce qu'elle coute trop chere...






Et demain, apres moult preparations, nous tranchons avec le train-train citadin : c'est parti pour 3 semaines en autonomie dans l'Annapurna, sans guide ni porteurs (pfff... des porteurs...), avec notre guitoune et nos 20kg sur le dos! Autant dire que nous sommes legerement survoltes.

Kathmandu, c'est bien, tres bien meme. Nous nous gorgeons les yeux, les oreilles et les narines de choses formidables et differentes, nous plongeons de plein pied dans notre vadrouille en Asie du sud est. La misere laisse des marques, mais c'est pour voir que nous sommes la, et mon anniversaire nous a litteralement retourne le cerveau pour un moment. Non, le souci, c'est que le cote ''parc d'attraction touristique'' est omnipresent, usant. Nous en sommes venus a essayer de trouver des quartiers sans aucuns temples ni attraits, pour pouvoir gouter et voir la vie telle qu'elle est ici. Avec ce tourisme omnipresent, la ville nous suce nos sous comme c'est pas permis, defiant toute logique : pour entrer sur une place, pognon, pour prendre une photo, pognon, pour tout tout tout, il faut payer. Une crapahute en montagne? 40 dollars... Pas moyen d'avoir une conversation serieuse avec quelqu'un, il y a toujours de l'argent derriere. On espere vraiment que nos prochaines vadrouilles nepalaise nous emmeneront vers plus d'authenticite. Parce que oui, ca fait tres plaisir d'apporter de quoi vivre au pays, mais mince, on depense plus ici qu'en Italie!

 

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