dimanche 2 août 2015

Dernière ligne droite en Australie : entre koalas, orange et mandarin picking à Nangiloc, vente du van et coups de pression... Alors, un final digne de ce nom?

Salut à tous! 

Nous publions notre dernier article australien depuis Hô Chi Minh, au Vietnam, que nous avons rejoint il y a quelques jours. Nous sommes ravis, littéralement soulagés d'être enfin revenu en Asie et de retrouver cette ambiance si particulière après un an en Australie.

Bientôt plus de détails, mais en attendant, voici la conclusion de cette année, le grand final de cette mission au pays des kangourous. Au programme, des koalas, des tonnes d'oranges et de mandarines, et un final riche en sensations fortes... 

Alors, la quête australienne, un réussite? C'est ce que nous allons voir.

Nous nous étions arrêté la dernière fois à notre retour de Tasmanie.  

Et maintenant, quelle est la suite? Bah oui, encore et toujours, faire des sous. Même si la cueillette des pommes s'est avérée lucrative, il a bien fallut vivre pendant nos semaines de boulot, et l'achat des billets d'avion ainsi que des visas pour le Vietnam ont grandement entamé notre pécule. Nous voulons mettre un maximum de côté durant les deux mois qui nous restent à passer ici avant de repartir en Asie du sud-est. Comme je l'annonçais dans notre dernier article, nous avons deux plans : 

Partir dans le nord du Victoria pour cueillir des agrumes, dont la saison débute en juin, dans deux semaines. Nous voulons mettre ces deux semaines d'attente à profit pour nous concentrer sur la deuxième possibilité qui s'offre à nous, à savoir travailler en usine à Melbourne.

Nos premières journées à Torquay sont donc l'occasion pour nous de prendre contact avec certains de nos amis qui ont eu une expérience de travail pas banale à Melbourne dans une usine de donuts, afin de faire jouer nos contacts et éventuellement d'y travailler à notre tour. Oui, un travail en usine, ce n'est pas le pied, mais voyons les bons côtés : Déjà, nous serions le cas échéant proche de la ville, ce qui faciliterait la revente du van. Ensuite, en dépit de son caractère indéniablement répétitif et abrutisant au possible, un boulot d'usine nous permetterait de travailler de nombreuses heures tous les jours jusqu'à notre départ, et de mettre de côté un maximum d'argent. Information prises auprès de nos contacts, nous apprenons qu'il est facile d'y faire plus de 150$ par jour. A nous deux, nous pourrions faire 300$ par jour, six jours par semaine! Si nous ne devenons pas complètement cinglés avant bien sûr... 

Dans un second temps, nous envisageons même de trouver une collocation à Melbourne pour nos derniers mois en Australie si nous sommes embauches. Hum... Un travail à la chaine en usine, habiter dans une grande ville... Nous frémissons d'horreur rien qu'en y pensant, mais nous restons focaliser sur le retour en Asie. Il faut ce qu'il faut, même si cela risque de nous enlever le peu de santé mentale qu'il nous reste...


Des koalas et des apôtres



Grâce à nos amis, nous avons l'adresse de l'usine et le numéro du contact là-bas, mais pour le moment, c'est le week end, et nous voulons en profiter pour faire un tour sur la Great Ocean Road, à l'ouest de Torquay. Rappelez-vous, je l'avais partiellement parcouru en janvier avant de rejoindre la Tasmanie. A présent, je meure d'envie de montrer les Koalas de Cap Otway à Léonore, et nous voulons passer voir les célèbres 12 apôtres, ces formations calcaires mondialement connues.

Nous voilà repartis sur la sinueuse et magnifique route côtière en direction de Cap Otway et ses koalas...



Arrivés au cap, nous approchons de la forêt d'eucalyptus plein d'espoir, mais craignant la déception, pour une raison qui illustre merveilleusement l'illogisme australien en ce qui concerne la gestion des espèces natives du pays : à force de surprotéger les koalas de Cape Otway, leur population a connue une très forte croissance, provoquant la disparition progressive des eucalyptus qui constituent la principale source de nourriture des fameuses bestioles... Depuis mon dernier passage, le gouvernement a donc mis en place ici un programme de régulation de l'espèce très contreversé, entrainant l'extermination de plus de 700 spécimens...  En résumé, il faut les tuer les koalas, sinon ils vont mourir! Nous espérons qu'il en reste quand même quelques-uns à observer...

Heureusement, nos craintes se révèlent infondées, et après quelques minutes nous appercevons notre première peluche, se goinfrant paisiblement sur sa branche!





Nous finissons l'après-midi à silloner la route du cap a la rencontre de ces bestioles tellement meuuugnones!




Nous posons le van pour la nuit sur le parking à la pointe du cap, ravis d'avoir pu observer des heures durant les adorables animaux à gros pif!


Au matin, nous partons pour une petite escapade dans le parc national d'Otway, et je redécouvre avec Léonore ses étendues buissoneuses et ses magnifiques plages de sables blancs.


Au bout de l'une d'elle, nous découvrons les Rainbow Falls, qui doivent leur nom à la myriade d'arc-en-ciels colorés qui apparaissent au soleil grâce aux nuages de fines goutelettes d'eau produits par la cascade.



Après cette contemplative balade matinale, nous quittons le cap pour nous diriger vers les 12 apôtres.

Première déception, il n'y a que 8 tours rocheuses, les 4 autres s'étant effondrées au fil des ans. Du grand n'importe quoi!

Il faut le dire, le site est beau, mais victime de son succès il grouille de monde. Des touristes des quatre coins du globe envahissent chaque recoin, et l'ambiance sonore est gachée par les hélicoptères qui décolent toutes les deux minutes pour offrir quelques instants de vision panoramique à leurs passagers.

Depuis notre promontoire, nous apprécions quand même la vue sur des falaises fort sympathiques qui nous rappellent bougrement les côtes normandes.




Nous retournons passer la nuit au cap Otway, puis rejoignons Torquay pour débuter une période végétative à l'extrême...


En attente...

Nous allons passer très vite sur les deux dernières semaines de mai, pour la simple et bonne raison qu'elles ont été marquées par une inactivité complète qui nous a réduit à l'état de légume et nous a bien abattu mentalement.

Notre plan après nos excursions du week-end est simple : tenter de décrocher un poste dans cette fameuse usine de donuts, et ainsi d'engranger plus de 6000 $ par mois. Et nous allons l'attendre ce poste...

Et oui, le principal avantage lorsqu'on cherche un taf en usine, c'est qu'on peut compter sur le turn-over, c'est-à-dire les arrivées et les départs incessants des employés, pour espérer décrocher une place. Le problème, c'est que cet avantage constitue aussi un énorme inconvenient : on ne sait jamais quand ni même si une place va se libérer...

Nous contactons Christophe, un francais qui s'occupe des embauches à l'usine, pour apprendre qu'il n'a rien à nous proposer pour le moment, mais que nous devons rester aux alentours de Melbourne en le rappelant régulièrement.

C'est ainsi que débutent deux semaines d'attente et de relances, durant lesquelles nous n'avons pas d'autre choix que de prendre notre mal en patience et d'espérer. Chaque coup de fil à Christophe est source d'espoir, systématiquement anéantit par une réponse négative.

Techniquement, nous sommes bien : Nous avons établit notre camps de base à Point Impossible, un spot de camping gratuit à quelques kilomètres de Torquay. Grâce au wifi gratuit et illimité de la bibliothèque, nous pouvons nous charger de moults séries et films. Enfin, nous trouvons en ville des douches gratos mais évidement trèèès froides.

Notre schéma journalier est invariable : nous nous levons, déjeunons, rejoignons la bibliothèque de Torquay où nous passons la journée, rentrons, et ainsi de suite.

On pourrait dire que nous ne sommes pas à plaindre dans le principes, malheureusement dans la pratique notre moral est en chute libre et la pression commence à monter... En effet, en plus de l'absence de réponse positive de la part de Christophe à l'usine, d'autre menus soucis se pressent dans nos petites têtes : le temps file, nous dépensons lentement mais surement nos sous si durement gagnés, la fin de notre séjour en Australie approche à grands pas et il nous reste beaucoup à faire si nous voulons partir avec suffisament d'argent pour terminer notre visite de l'Asie. Nous devons de plus commencer à penser à vendre le van...

Et puis il faut le dire, après bientôt un an passé sur son sol, l'Australie, qui ne nous a jamais vraiment emballé pour diverses raisons sur lesquelles nous reviendrons, nous sort à présent par les trous de nez.

Bref, nous avons connu mieux. Beaucoup de doutes nous assaillent, et l'inactivité est propice au ressassage... Nous nous accrochons, fixons nos pensées sur le 31 juillet et le départ pour le Vietnam. Il va bien se passer quelques chose, il nous reste tout de même plus de deux mois dans le pays, et puis mince, nous nous sommes déjà retrouvés dans des situations pires que celle-ci!

A la fin de la première semaine, l'espoir renait quelque peu sous la forme d'un appel à l'usine : il y aura probablement des postes de libres la semaine prochaine. Nous décidons de rester encore un peu dans les parages.

Les jours se suivent, nous rédigeons l'annonce pour vendre le van, envoyons en vain des candidatures pour diverses offres d'emploi, attendons encore et encore... Et la fin de semaine arrive, aussi vide qu'elle a commencé...

Un soir, notre dernier fusible grille, et nous décidons d'appliquer le plan B. Nous sommes le premier juin, en train de litteralement péter un plomb après deux semaine d'inactivité, et nos tentatives de trouver du travail à Melbourne se sont toutes soldées par un échec. Afin d'éviter un rapatriement d'urgence pour depression et démence, il faut nous activer!


Vers le nord et les oranges

C'est donc parti, sur un de ces coups de tête que nous chérissons tant, pour notre deuxième option : le nord ouest du Victoria et le picking d'orange. Cela risque d'être beaucoup moins lucratif que l'usine, mais qu'importe. Rien que le fait de savoir que nous allons bouger nous regaillardit, et notre dernière soirée à Torquay est riche en spéculations enthousiastes et en tirage de plans sur la comète. On se casse!

C'est en hurlant un magnifique ''Youhouuuuuuu!!!'' que nous prenons la route au matin. L'épluchage du Harvest guide nous a permis d'établir un plan sommaire : rejoindre la Murray River et ses riches paturages, qui représente la frontière entre le Victoria et le New South Wales, et la suivre vers le nord en patrouillant les fermes que nous trouverons sur la route, apparement concentrées entre Swan Hill et Mildura, à 400 kilomètres de Melbourne.

les perroquets nous accompagnent
Nous roulons tranquillement, traversant les étendues ocres australiennes, profitant d'une nuit sur une aire de repos, et au matin nous débarquons à Swan Hill, dans l'une des régions les plus cultivé du pays.

Gonflés à bloc, nous repartons en chasse, décidant de prospecter la zone un jour ou deux avant de continuer à monter. Reccueil de cartes, d'adresses de ferme, de campings gratuits... Nous écumons les points infos et les bibliothèques. Lorsqu'on cherche un plan fruit picking, l'important c'est de se tenir au jus. En particulier quand il s'agit d'oranges.

Nous en profitons pour déclencher l'opération ''vendre le van'', en mettant notre annonce en ligne sur tous les réseaux à notre disposition. Nous jouons la gourmandise en commençant par une mise à prix audacieuse de 4500$. Ca ne coute rien d'essayer!

Pour dormir, nous pouvons compter sur le camping gratuit de Nyah, petit village campagnard (pour ceux que ça intéresse, 40 kilomètres de Swan Hill, cherchez le Lyon Club recreation ground).

Le fait est que les vergers n'abondent pas dans les environs, et après deux jours nous mettons les voiles pour Robinvale. Nous arrivons visiblement un tantinet trop tôt dans la saison, et avons décidé de faire du repérage en suivant la route, noter des adresses, pour la refaire en sens inverse.

La seule bonne surprise, mais quelle bonne surprise, qui nous attend à Robinvale est une douche chaude gratuite en libre accès derrière le point info touriste. Difficile de décrire notre joie lorsque nous la découvrons. C'est que ça fait près d'un mois que nous n'avons pas senti le contact de l'eau chaude... En plein hiver, ça fait plaisir!
Cocobar, le retour!

Tout frais et pimpants, nous continuons notre route, pour apercevoir enfin des vergers aux arbres remplis d'oranges et de mandarines. Nous y sommes! Nous passons un après-midi de repérage, et nous échouons à Mildura.

Mildura... Nous connaissons bien la ville de réputation. Grâce à la Murray River toute proche et l'irrigation qu'elle permet, Mildura et ses environs sont connus dans le cercle des voyageurs pour déborder de culture et donc de travail, que ce soit dans le picking, le pruning ou autre.

Mais cet état de fait a entrainer un autre phénomène pour lequel la ville est tristement célèbre : l'affluence de baroudeurs en quête de travail donne lieu ici à un véritable business, où le voyageur représente une manne financière au même titre que les touristes, business qui comporte bien sur son lot d'arnaques et d'abus en tous genres. Même si ce phénomène touche tout le pays, il s'avère particulièrement virulent dans la région de Mildura.

Murray River
Les arrangements entre fermiers, hôtels, et agences de travail (les fameux contractors) sont légions, afin de tirer profit de l'affluence de main d'oeuvre. Ainsi, beaucoup de fermes embauchent uniquement par l'intermédiaire des contractors, qui au passage récupèrent un pourcentage sur la paie des employés. Autre cas de figure, vous ne pourrez travailler dans certaines exploitations qu'en prenant une chambre dans tel ou tel hôtel censé vous trouver un poste.

Dans le principe, ces réseaux sont censés faciliter la recherche d'emplois dans la zone, mais dans la pratique le tableau est beaucoup plus sombre : le pourcentage prélevé par les agences sur les salaires est parfois trèèès élevé, et la garantie de travail plus qu'aléatoire. Certains working hotels (hôtels de travail) font miroiter une profusion de travail fictive afin d'appâter le chaland.

Et souvent, ces abus laissent place aux arnaques les plus illégales et sordides. Certaines agences, sous prétexte de prélever les taxes gouvernementales sur les salaires, en profite pour se remplir les poches sans déclarer leurs employers. Nous avons aussi entendu nombre d'histoires sur des travailleurs entassés à 20 dans des hangars pour la nuit, hangars qu'ils payaient 150 à 200$ par semaine... A cela il faut ajouter les fermiers tyranniques, les paies de misères, les conditions de travail proche de l'esclavagisme... Et on comprend que dans le coin, il faut particulierement garder l'oeil ouvert et faire attention.

Le mot d'ordre pour nous est donc de rester vigilants, et d'éviter comme la peste les hôtels et les agences pour trouver un job. Nous appliquerons la méthode qui a fait ses preuves : le porte à porte.

Nous trouvons une réserve naturelle à côté de Mildura pour passer la nuit, et à l'aube nous partons en quête. Les premières fermes que nous passons confirment nos doutes : il est un peu tôt... Le spectre des semaines d'attente commence à pointer le bout de son nez, mais finalement il s'avère que nous tombons à pic : la saison est sur le point de commencer. Nous laissons notre numéro plusieurs fois, avant de partir au sud, vers Nanguiloc, petit village rural à 40 kilomètres de Mildura. Et nous continuons : à chaque fois que nous croisons un verger, nous nous arrêtons. Nous nous heurtons plusieurs fois à des fermiers qui n'embauchent que par agence, mais finalement, dans un verger juste après Nanguiloc, l'opportunité se présente.

Nous faisons la connaissance de Robert, passant dans le coin complètement par hasard, qui nous annonce qu'il cherche du monde pour du picking d'orange. La cueillette attaque... Demain, pour se poursuivre quelques mois! Notre homme n'apprécie pas du tout le système de Mildura, les contractors, les arnaques et tout le tremblement. Avec lui, nous pourrons travailler tranquillement sans avoir de comptes à rendre. Et bien voilà! C'est génial, nous avons trouvé un poste après une petite matinée de prospection. C'est du rapide! Sur le coup pourtant, nous ne sautons pas de joie. L'expérience nous a bien appris qu'il faut attendre de voir ce qu'un boulot donne sur le terrain avant de s'en réjouir, et nous repensons à la déception cuisante qu'avait constitué notre première expérience de cueillette de pommes...


Orange et mandarin picking



Nous établissons notre camps de base sur le recreation ground de Nanguiloc, et nous attaquons dès le lendemain, premier jour de la saison! Notre première journée de picking n'est bien sur pas très rentable, il nous faut réapprendre de nouvelles techniques, mais le soir venu nous sommes quand même confiant et satisfaits. Enfin nous nous occupons, enfin nous travaillons!

Le picking d'orange se rapproche sous certains aspects de celui des pommes : on dispose d'un sac ventral que l'on remplit d'une vingtaine de kilos de fruits avant d'aller le vider dans une grande bin, chaque bin remplie rapportant 26$ net.

L'avantage des oranges, comparées aux pommes, c'est qu'elles se laissent maltraiter sans trop broncher, Alors qu'il fallait déposer délicatement les pommes au fond du sac pour éviter les chocs, on peut directement lâcher les oranges sans craindre de les abimer. De précieux dixièmes de secondes économisés à chaque fruit.

C'est très bien tout ça, nous allons picker super vite! Et bien non. Il s'avère que l'oranger n'est pas un arbre commode, et qu'il défend jalousement ses fruits avec une armée d'épines et de petites branches. Mais vraiment. Les arbres sont touffus au possible, pas mal de fruits sont difficiles d'accès, et le picking se fait en plusieurs étapes, dont certaines vous font manger du bois et de l'écharde à la pelle.

Le picking extérieur du bas de l'arbre est plutôt simple, et la bin se remplit rapidement. On attrape ensuite son échelle pour faire le sommet, et l'affaire se complique. Lorsqu'on est payé au rendement, on ne prend pas le temps de faire attention où on met les doigts, se contentant d'espérer, lorsqu'on plonge les mains dans l'enchevêtrement de branches, qu'une épine ne vienne pas se ficher sous un ongle, et de serrer les dents lorsque cela arrive.

Lorsque le top de l'arbre est nettoyé, on passe au milieu, à l'intérieur du feuillage, et on en prend plein la tronche, entre les branches mortes, les épines, les piquants... Le sommet de la pénibilité étant atteint lorsqu'on doit escalader l'arbre de l'intérieur pour s'emparer des dernières récalcitrantes inaccessible depuis l'échelle. C'est la technique du monkey.

Lorsqu'enfin on émerge de son arbre, échevelé et griffé de partout, on passe au suivant.

Bref, l'orange picking se fait dans le sang et la sueur, la fatigue, et le refoulement du torrent d'insultes qui vient à l'esprit lorsqu'on se prend 1 centimètre d'épine dans le doigt pour la troisième fois en cinq minutes.

Le premier jour, nous ne remplissons que trois bins, mais petit à petit, nous devenons plus rentables, allignant bientôt 8 à 9 bins par jours.

La motivation n'est pas un problème. C'est simple, nous devons travailler, nous n'avons pas le choix et chaque journée compte.

En revanche, malgré toute notre bonne volonté, nous devons affronter quelques éléments pertubateurs qui viennent parasiter notre productivité. A commencer par l'humidité. Et oui, on ne pick pas une orange quand elle est mouillée, ou elle pourrira très rapidement. On doit donc attendre, le matin, que la rosée ait séché avant de commencer. Inutile de préciser que tout travail est impossible en cas de pluie. Nous comprenons que nous sommes peu de chose, complètement dépositaires du temps. Si il pleut trop, c'est tout notre Petit Tour qui en subira les conséquences!

Après, la pluie, bon. Il pleut, il pleut. La faute à pas de chance. Mais quand nous ne pouvons pas travailler par manque de bin vides à cause d'un camioneur fainéant qui n'est pas venu les livrer, nous hurlons. Qu'une entreprise de l'envergure de ce voyage soit compromise pour cause de flemme, ça fait rager.

Nous jouons un peu de malchance entre la météo et le manque de bins, mais Robert est arrangeant. Il nous permet de travailler pendant les jours de repos. Sa philosophie d'embauche joue également en notre faveur : plutôt que de recruter une trentaine de personnes pour terminer le boulot en trois semaines comme dans les autres fermes, il préfère que ses pickers aient de quoi travailler plusieurs mois. Nous ne sommes jamais plus de 4 dans les vergers. Nous réalisons peu à peu la chance que nous avons d'être tombé sur lui!

Et à nouveau, les sous rentrent. Nous commençons tard à cause de l'humidité, mais nous compensons en travaillant jusqu'à la nuit. Lorsqu'il ne pleut pas et que les bins sont disponibles, nous bossons 6 jours par semaines.

Fin juillet, nous ceuillons notre dernière orange, pour attaquer le picking des mandarines. Toujours des agrumes, mais qui se ramassent selon une méthode différente : en les coupant au sécateur. Et oui, les mandarines ont la peau fragile, et on ne peut pas les cueillir traditionnellement sans risquer de l'arracher. On s'arme donc d'un petit sécateur, le clip, et couic! En faisant attention au passage à couper bien ras pour ne pas qu'un bout de branche qui dépasse ne perce les autres fruits dans la bin.

Le rendement chute forcément : il est impossible de picker à deux mains, les fruits sont beaucoup plus petits et long à décrocher de leur branche. En contrepartie, la bin est payée 86$, et nous en remplissons entre 2 et 3 par jours. La fin est proche, le ras-le-bol est intense, mais il nous faut continuer...













A nouveau, notre vie s'articule autour de notre job, de notre départ d'Australie et de la suite de notre périple.


A côté...

Pour les aspects technique, nous restons dans du classique. Après une dure journée de labeur, nous nous gavons d'oranges et de mandarines à en vomir, tout en profitant du camping gratuit 0 étoiles de Nangiloc, son terrain de foot couvert de givre et ses rinçages au robinet à l'aide d'une eau délicieusement rafraichissante, surtout en plein hiver. Notre niveau d'hygiène atteint des sommets, et notre odeur ferait fuir un wombat...

Les environs débordent bien sûr d'activité... Nangiloc, c'est simple : un bar, un magasin, un terrain de sport, et voilà. Nous sommes seul sur notre camping gratuit, et c'est très bien comme ça.

Plus sérieusement, nos esprits, durant nos premières semaines au charbon, sont occupés par la suite du voyage et les calculs. Salaires réels, salaires prévisionels, budget, économies... Le moral n'est pas au beau fixe tandis que nous faisons nos armes dans le picking d'orange : nous rentrons peu d'argent, nous sommes fatigués, nous passons nos soirées à ruminer la même question... Est-ce que ça va le faire? Quelque soit le montant que vont nous rapporter nos dernières semaines de travail, nous avons abandonné l'idée de terminer notre voyage sur nos seules économies australiennes, mais nous ne paniquons pas tandis qu'une idée commence à germer...

Avec toutes nos journées de travail en moins, nous avons le temps de squatter internet et de préparer ce que nous attendons depuis si longtemps : notre retour en Asie et la suite du programme. Et un plan, disons faisable, émerge bientot. Il est simple : voyager en Asie du sud-est jusqu'à épuisement de nos économies, puis rejoindre la Nouvelle-Zélande pour travailler à nouveau avant l'Amérique du sud.

Requinqués par cette ébauche de solution, nous creusons. Nous voulons absolument découvrir le Vietnam, le Laos, le Cambodge, la Thailande, et la Birmanie, que nous avons ajouté à notre itinéraire après tout le bien qu'on nous en a dit. 6 mois ne serons pas de trop pour un tel programme... Nous en prévoyons donc plutôt 7 ou 8, et budgetisons. Résultat : il nous faut, en considérant nos dépenses sur les 20 derniers mois et au graaand minimum, 6500$. Avec ça, nous terminons notre vadrouille en Asie et rejoignons la Nouvelle-Zélande avec... Rien. Mais nous avons déjà testé la chose en Australie.

6500... Encore va-t-il falloir les faire, et si possible les dépasser... Le picking joue bien sur le rôle crucial dans la réunion de la somme fatidique, mais d'autres facteurs entrent en ligne de compte.

A commencer par la vente du van, qui va nous balader tant physiquement que virtuellement. Nous baissons nos prix progressivement jusqu'à 3000$ et imprimons des dizaines d'annonces que nous placardons dans toutes les guest houses et panneaux d'affichage de Mildura. Nous recevons quelques réponses, mais aucune n'aboutit, la faute à l'hiver. Tous les voyageurs ont rejoint le nord du pays et ses températures tropicales. Cette histoire de van nous trotte dans la tête en plus du reste, et nous sommes impatient de le voir partir, même si sa vente signifie pour nous le retour sous la tente en plein hiver.

Cette vente va même être à l'origine d'un sacré coup de pression qui va nous catapulter dans une missions assez épiques, due à un problème de rego. La rego, en Australie, est un peu l'équivalent de notre ancienne vignette française. C'est l'enregistrement du vehicule dans un étqt donné, payant et à renouveler régulièrement, qui permet de l'immatriculer et de l'assurer  Il est interdit de conduire un véhicule sans rego. Malheureusement pour nous, si l'on peut utiliser un véhicule et sa rego partout en Australie, les conditions de renouvellement et de vente dépendent quand à elles de l'état dans lequel le véhicule est enregistré. Dans notre cas, le Queensland.

Nous vagabondons sur internet, cherchant des infos sur les démarches administratives nécessaires à la vente du véhicule, lorsque nos mâchoires se décrochent : il est impossible de vendre un véhicule enregistré dans le Queensland sans lui faire passer un contrôle technique, le RWC, dans un garage... Au Queensland, à 2000 kilomètres de là... Damned. Fébriles, nous fouinons sur tous les forums de conseils du monde, et une solution se présente : nous devons transférer la rego du Queensland vers un autre état qui n'exige pas de RWC. Le coup de bol dans tout ce malheur, c'est que nous ne sommes qu'à quelques centaines de kilomètres du South Australia, un candidat idéal dont le système de rego est un des plus simples du pays. C'est décidé!

Les démarches administratives en Australie sont d'une simplicité déconcertante en comparaison de la France, et la procédure de transfert n'exige aucune magouille de notre part. Ou alors très peu... Il nous faut juste une adresse de résidence bidon dans l'état en question. Nous prenons une journée pour rejoindre Berri, au South Australia, et nous récupérons sur internet l'adresse d'une guest house en ville. Nous passons à la banque pour déclarer l'adresse de la guest house comme notre nouvelle résidence et ainsi obtenir une attestation de domicile. Nous voilà officiellement résidents au South Australia! Nous passons ensuite au bureau des routes et des transports, et 200$ et quelques paperasseries plus tard nous en sortons avec une nouvelle rego et de jolies plaques toutes neuves estampillées ''South Australia''. Le soir venu nous sommes de retour à Nangiloc dans le Victoria. Ca c'est fait! Nous pouvons maintenant vendre notre van légalement, et la nouvelle rego plus pratique devrait attirer plus d'acheteurs.

Autre facteur important pour notre pécule, le tax return. Sous ce doux nom se cache l'équivalent de la remise sur impôt française. Pour faire simple (nous ferons un dossier complet là-dessus), en Australie, nous sommes taxés sur tous nos salaires d'un pourcentage qui varie selon notre condition fiscale. Nous vous passons les détails, mais nous espérons au moins 1000$ de retour de taxes.

Beaucoup d'incertitudes donc, mais les semaines s'enchainent, notre niveau de picking augmente et nos revenus avec, nous avons un programme à peu près réalisable pour la suite... Bref, tout va mieux, et nous commençons à nous dire que cette histoire va finalement bien se goupiller.

Une ombre au tableau : le van ne part pas, et nous décidons de nous garder une semaine avant notre départ pour rentrer à Melbourne et nous consacrer à fond à la vente. Nous voulons surtout éviter de le brader, car au final il représente le seul apport financier de nos quatres mois de travail à la Gordon Country...

C'est ainsi que le 23 juillet, par une journée ensoleillée, nous achevons notre dernière bin en braillant des hymnes à la joie et des chants de haine envers tous les agrumes du monde. Nous sommes heureux. Heureux parce que le travail est fini. Heureux parce que nous avons finalement fait pas mal d'argent ici. Heureux parce que pour une fois, nos calculs sont très optimistes. Et surtout, heureux parce que nous allons bientôt partir d'ici, quoi qu'il arrive.


L'heure est au bilan :

Dans l'orange picking, nous avons travaillé 21 jours complet, pour remplir 127 bins, sois en moyenne 3 bins par jour et par personnes. Ceci nous a rapporté 3302$, sois 79$ par jour et par personnes.

Nous avons ensuite travaillé 7 jours complets en mandarin picking, pour remplir 14 bins, soit 1 bin par jour et par personne, pour un salaire de 1204$, sois 86$ par jour et par personne.

Nous voilà donc avec 4500$ de côté et une haine profonde contre tout ce qui est rond et orange grâce à nos semaines de picking à Nangiloc.


Une éprouvante dernière ligne droite

Voilà une bonne chose de faite! Nous n'allons plus avoir à travailler pendant plusieurs mois, en bons fainéants vagabonds que nous sommes. Mais l'heure n'est pas encore au repos. Nous n'aurons l'esprit tranquille qu'une fois dans l'avion...

Avant de quitter Mildura, nous baissons le prix du van à 2500$, et partons le sourire jusqu'aux oreilles vers le sud. La journée, déjà bien commencée, devient épique : nous recevons dans l'après-midi quatre appels de personnes intéressées! Nous les verrons tous deux jour plus tard.

En attendant, nous franchissons tranquillement les 500 bornes qui nous séparent de Melbourne, nous arrêtant en chemin dans les bibliothèques pour régler tous les détails de notre départ, imprimer nos billets d'avion et les papiers du visa vietnamien, rassembler nos fiches de paie et faire nos déclarations de revenus.

Nous refaisons un arrêt à Robinvale pour profiter de sa salle de bain gratuite. C'est à présent officiel : en 6 mois, nous aurons pris... 4 douches chaudes! Nous avons explosé notre propre record, le tout en plein hiver...



nos derniers kangourous!












Nous profitons de la route pour souffler un peu et tenter de garder la tête froide. Dans un sens, c'est la course, mais sans urgence. Etrangement au vu de notre sens aigu de la préparation, notre organisation est exemplaire. Et c'est bien incroyable, lorsqu'on connait les loustics papillonant que nous sommes! A vrai dire, à part la vente du van, qui à elle seule nous met une bonne pression, tout est presque réglé.

Lorsque nous arrivons dans le froid de Melbourne pour les visites du van, tout part légèrement en sucette. Sur les quatres personnes que nous devions voir, deux ne donnent plus de signes de vie, et le troisième se pointe mais trouve le van trop petit. Histoire d'en rajouter une couche, un bon petit rhume des familles s'occupe de me rétamer...

C'est grelotant et éternuant que nous partons à la rencontre de notre dernier espoir de la journée. La visite est prometteuse; notre homme, réglo, se montre très intéressé et veut nous revoir le lendemain avec l'un de ses amis mécano. Quand même!

A quelques kilomètres du centre ville, nous trouvons une station service avec aire de camping gratuite, et nous nous posons. La fièvre m'assome, mais nous espérons de tout nos petits coeurs que cette histoire se termine bientôt...

Le lendemain malheureusement, pas de nouvelles... Nous achevons tous nos préparatifs, un chouia nerveux. Tout est fin près, ou presque... L'annonce de nos 1200$ de retour de taxe parvient quelque peu à nous requinquer, mais nous ressassons la fatalité de la situation : nous partons dans 3 jours, et le van nous reste sur les bras. Ca va le faire, ça le fait toujours.

Comme pour essayer de confirmer la devise, nous recevons enfin des nouvelles de notre intéressé. Il peut nous voir pour la vente... Dans trois jours. Ah oui. En gros, si vente il y a, elle aura lieu le jour du départ. Nous avons rarement joué aussi serré, mais ne serait-ce pas une digne conclusion?

Jeudi matin, nous partons vers Melbourne. La réalite est implacable : si la vente ne se fait pas, nous l'avons dans l'os. Et comme si cela ne suffisait pas, la mission connait un nouveau revirement : notre acheteur a eu des offres plus intéressantes, et ne prendra notre véhicule qu'à 1500$ au lieu des 2500 annoncé. Ah le gredin! Nous ne réfléchissons pas longtemps avant d'accepter, déçus. Nous n'avons plus le choix, notre avion décolle dans 12 heures. Sur le coup, nous pensons que notre homme a profité de la situation pour nous faire casser le prix, mais il nous montrera plus tard les annonces qu'il a reçu, et nous comprenons que nous avons été trop gourmands dès le départ.

Tout se passe vite : nous rejoignons le gars, inspectons le véhicule, faisons un tour avec lui, quelques papiers à remplir et nous voilà à la gare, un van en moins et 1500$ de plus dans la poche. La moitié de ce que nous espérions, mais ça aurait pu être pire. La mauvaise saison, l'excès d'audace dans la mise à prix, le trop fort kilomètrage... Nous avons finalement eu de la chance à bien y réfléchir, d'autant plus que nous n'avons pas payé ce van.

Mais sur l'instant toutes ces réflexions disparaissent. En route vers le centre ville, assis dans le train, nous prenons peu à peu conscience. C'est fini. Ca y'est. Le soulagement est immense, la pression qui s'envole nous laisse dans un état d'euphorie formidable. Les autres passagers doivent nous prendre pour des fous tandis que nous hurlons notre bonheur en nous sautant dans les bras. Nous allons quitter ce satané pays. Dans 24 heures, nous serons à Ho Chi Minh, de retour en Asie. Nous espérions partir avec 6500$, mais même avec l'ultime chute de prix sur la vente du van c'est finalement près de 8000$ qui vont nous accompagner. Nous sommes bons!

Dans le centre-ville, nous prenons un café en attendant la navette pour l'aéroport, non loin de l'endroit où nous nous étions posés à notre arrivée, un an plus tôt, complètement fauchés. Nous repensons à tout ce qu'il nous restait alors à faire avant de partir, à cette obstacle à franchir que représentait notre mission de faire des sous en Australie et à notre inquiétude sur le fait d'y parvenir. Aujourd'hui, au même endroit, l'obstacle est franchit, nous l'avons fait, et nous repensons à cette année, qui sera finalement passée bien vite. Nous l'avons fait!

Après avoir passé une heure à nous jeter des fleurs, la suite se passe comme sur un nuage, nous sommes surexités et tellement heureux, c'est absolument jouissif. Nous finissons l'après-midi à l'aéroport, finalisant et lançant notre nouvelle page (si ce n'est pas encore fait, vous pouvez l'aimez ici). Les contrôles et l'enregistrement ne sont que des formalités que nous survolons. Nous n'avons que rarement ressenti une félicité telle que celle que nous éprouvons lorsque les moteur rugissent et que l'avion décolle enfin.

Oh que c'est poétique! Voilà, c'est bon, on se casse, on a des sous, mission accompie!


De l'Australie

Un an. Un an passé au pays des kangourous. Nous nous souvenons de nos objectifs en arrivant ici : visiter les merveilles naturelles de l'Australie et travailler pour pouvoir continuer notre voyage. Nous ne pensions pas nous attacher à la culture et au mode de vie du pays, trop proches de ce que nous avons chez nous et trop éloignés de ce que nous avons découvert et adoré en Asie. Après un an passé ici, nos objectifs sont remplis, au moins en partie, et nos attentes se sont révélées justes. En ce qui concerne ce dernier point, c'est bien malheureux.

Dans tous nos derniers articles australiens, vous avez du noter la disparition de nos impressions personnelles et profondes sur les gens, l'ambiance, le ressenti du pays. C'est simplement parce que nous avons mis tout ça de côté progressivement durant ces 6 derniers mois, nous n'y avons pas réfléchit, nous n'avons pas pris de recule dessus. Parce que les rares fois où nous l'avons fait, nous n'avons pas du tout aimé ce qui nous venait en tête. Depuis 6 mois, nous sommes de plus en plus impatients de quitter ce pays, et réfléchir à ce qui causait cette impatience l'aurait rendu encore plus insupportable.

L'Australie, c'était... sympa. Rigolo, pas mal, ce que vous voulez, mais trop de choses nous ont déplu pour dire que nous avons accroché.

J'avais déjà évoqué le fait que le dépaysement culturel était absent ici, et même si nous nous y attendions nous n'avions pas pensé que ce manque allait autant nous peser, jusqu'à ternir notre expérience.

Finalement, le malaise qui nous a pris aux tripes quand nous sommes arrivés à Melbourne il y a un an n'a jamais complètement disparu. Nous aurons ressenti jusqu'au bout, dans les endroits habités, cette impression de petite boite, de vitrine fade et sans aucune spontanéité, cette impression d'évoluer dans un film où rien n'est réel, tout propret et carré. Un environnement qui façonne un modèle de vie unique et prédéfinit. Un modèle sans surprise, ennuyeux au possible, où il ne se passe rien. Et c'est quand nous avons arrêté d'y réfléchir que ce malaise a arrêté de nous ronger.

C'est alors autre chose qui s'en est chargé. Quelque chose contre lequel nous ne pensions pas devoir nous prémunir après nos précédentes et merveilleuses expériences. Au fil des rencontres, des discussions, des centaines de personnes croisées, les gens ici et leur façon de penser nous ont... disons interpelle. Là encore, vous pouvez noter qu'il n'y a plus de trace de rencontre enrichissante autre qu'avec des voyageurs sur nos articles depuis quelques temps, et c'est en partie notre faute.

Bien sûr il y a des exceptions, nous n'oublions Jordan et nos amis australiens. Il faut lutter contre les généralité, mais une fois encore nous exprimons un ressenti objectif et global. Si nous décrivions les habitants comme amicaux au début, il ne nous a pas fallu longtemps pour gratter un peu et trouver trèèès souvent fermeture, intolérance, hypocrisie, ignorance et pire encore.

Nous ne comptons plus les fois où nous sommes fais jeter, virer, engueuler. Nous avons même été une fois accusé de vol, à tord évidement. Tout ça parce que les sacs sur nos dos ou la présence du van nous place immédiatement dans une catégorie bien particulière : les backpackers. On a toujours l'impression de déranger, on a toujours l'impression que le fait d'être voyageurs nous changent en opportunistes abusifs et agitateurs, et on nous a traité comme tel des dizaines de fois, sans raison. Ca rappelle l'Europe me direz-vous, mais c'est pire. En Europe, il nous est arrivé d'être observés bizarrement ou avec réprobation, mais ici les gens viennent manifester cette réprobation en personne, sans arguments et pour nous sans aucune possibilité de discuter ou de nous expliquer.

Il est clair que les australiens en ont marre des voyageurs, et ils ne prennent plus de pincettes au moindre soupçon de problème. Il est vrai que certaines personnes que nous avons rencontré doivent leur donner raison...

Nous en sommes ainsi venus à nous méfier de tout contact, à rester discret comme par réflexe quoique nous fassions, à essayer d'éviter d'attirer l'attention, pour éviter de nous prendre la tete. La volonté de rencontrer du monde est bien entamée lorsqu'on en arrive à se dire systématiquement ''ça y'est, on va encore se faire jeter'' dès que la moindre personne approche...

Et quand nous sentions que nous pouvions avoir une conversation à peu près normal avec quelqu'un, nous nous heurtions à autre chose. Il s'avère que le racisme ici se manifeste si ouvertement que s'en est parfois effrayant.

L'islamophobie est galopante, et l'amalgame entre islamistes, islam, musulmans, arabes, terroristes est totale. C'est une véritable psychose savam,ent entretenue, et les conversations se retrouvent toujours à tourner autour de ce genre de sujets, et pas de la façon que nous aimons. Le dialogue a parfois pris des tournants vraiment gratinés : Selon certains, nous avons eu de la chance de sortir d'Iran en vie. Et nous n'avons pas encore compris le sens de la question qu'on nous a posé une fois : ''Vous avez des amis musulmans? Mais... Ils sont gentils?''

Les asiatiques et leur réputation de voleurs de travail en prennent pour leur grade également.. Je me souviens de ce chauffeur qui me trimballait en direction d'Hobbart, révolté par tous ces immigrés d'indonésie qui envahissaient sont beau pays (oubliant, probalement à cause de mon teint de peau, que j'étais moi-même travailleur immigré dans son pays...). Lorsque je lui demandai d'où venait sa famille, il n'a pas trouvé contradictoire avec son discours de répondre que ses grands-parents venaient d'Irlande...

De tels raisonnements interpellent, quand on considère que la culture australienne est justement fondée sur la pluricultularité, qu'elle se base sur une histoire de moins de 200 ans qu'elle donne l'impression de toujours chercher, et qu'elle s'est construite au détriment d'une autre culture qui vivait ici depuis plus de 60000 ans

La façon dont sont considérés les aborigènes de nos jours, d'après ce que nous avons entendu, est d'ailleur sans ambiguités : des alcooliques qui ne font aucun effort pour s'intégrer ou travailler. Le fait d'être force de s'intégrer dans une culture qui n'est pas la sienne doit jouer... A savoir que jusqu'à récemment, les aborigènes n'étaient même pas considérés comme des citoyens australiens. Un exemple illustre bien l'idée collective prédominante sur le peuple aborigène : les gros cubis de vin sont ici appelés ''goon'', goon étant le mot en langue aborigène pour... ''oreiller''.

Encore une fois, nous avons constaté tout ça, et au fil des mois nous avons complètement arrêté de chercher le moindre contact. Nous avons commencé à abréger les conversations, voir à les fuir, pour ne pas entendre sans cesse ces même discours intolérants contre lesquels nous avions envie d'hurler. Nous avons été jusqu'à affirmer à un homme que nous ne parlions pas anglais après avoir entendu ses déblatérations racistes et négacionistes lorsqu'il a voulu connaitre nos opinions sur les énormités qu'il racontait. Sur le coup, nous avons voulu éviter un pétage de plomb, mais quand on y repense, c'est quand même quelque chose d'en être arriver là... Si vous avez saisi qui nous sommes et comment nous voyageons, vous comprenez qu'il en a fallut beaucoup pour que nous réagissions de la sorte.

Voila pourquoi nous garderons un très bon souvenir du pays, mais qu'il sera toujours tinté d'un manque qui en fait un endroit où n'avons aucune envie de revenir. Le fait est que nous sommes émerveillés par toutes les choses que nous voyons, mais après ce que nous avons vécu en Turquie, en Iran, en Inde ou au Népal, nous attendons plus d'un pays que de beaux paysages.


Sur ce dernier point, c'est indéniable, l'Australie nous a scotché. L'environnement naturel Australien est incroyable, sa faune, phénomenale.

En arpentant ses parcs nationaux et ses étendues sauvages, nous avons pu admirer une nature comme nous n'en trouverons pas ailleur.

Il y a beaucoup de choses que nous avons zapper, mais nous nous souviendrons de la bush et de sa végétation luxuriante, nous nous souviendrons des plages paradisiaques et des grandes étendues désertiques. Des montagnes Hartz à la forêt de la Maria Island, de Freycinet au South east Cape, nous en aurons pris plein la rétine.

Le gouvernement met un soin particulier à protéger les espaces naturels du pays, et c'est tant mieux. Toutes les mesures possibles sont prises pour préserver au maximum les parcs et réserves et limiter l'influence de l'homme sur les écosystèmes.

Et la faune... Punaise, les bestioles... Cette impression constante d'être dans un zoo à ciel ouvert est incroyable. Nous aurons observé et même touché des dizaines d'animaux que nous pensions ne voir que dans les documentaires. Et les voir évoluer en liberté dans leur environnement ajoute encore à la chose.

Lorsque la faune rencontre les merveilleux espaces naturel australien, cela donne un troupeau de kangourous qui détalent dans la forêt vierge, un koala qui machone une feuille du sommet de son eucalyptus, une famille de dauphins ou d'orques qui bondissent dans une eau d'un bleu azur, une virée dans les étendues ocres et buissoneuses avec une escorte de wallabies de chaque côté de la voiture au soleil couchant, ou encore un escadron de cacatoes ou de perroquets qui survolent un campement au bord d'un lac où croisent des dizaines de pélicans.

Oui, nous aurons admiré dame nature au meilleur de sa forme. Et c'est ce que nous voulions.

L'autre objectif principal de cette vadrouille australienne était de recharger les comptes en banque. Sur ce point, nous sommes loin du triomphe, mais avec 8000$ en poche a l'heure du depart, l'opération est une réussite. Et nous sommes loin d'être des exemples. Certain de nos amis ont réussi a rassembler presque deux fois cette somme à eux tout seul!

On peut donc dire que oui, il est possible de faire pas mal d'argent ici. Possible, mais pas facile. Il faut être près à travailler dur, longtemps, dans des conditions difficiles. L'argent ne tombe pas tout seul, il faut se bouger. Mais si on s'en donne les moyens et avec l'aide d'un brin de chance (mais la chance, on se la provoque!), le pays est toujours une mine d'opportunités pour mettre un peu et même beaucoup de beurre dans son steack de kangourous.

Et enfin, il y a tous ces petits détails et aménagements que nous avons su apprécier ici. Tous les sites de camping gratuit nous ont bien aidé. Au final, en un an, nous n'aurons jamais déboursé le moindre centime pour dormir! Les formalités administratives en Australie sont simples, très simples. Il ne faut pas plus de 10 minutes pour ouvrir un compte en banque, le changement d'immatriculation du van nous a pris une petite journée en comptant le trajet, et toutes les déclarations, enregistrements et autres paperasses se font presque tout seul. Quand on vient de France, c'est étonnant!

Toutes ces petites facilités arrangent bien la vie, mais rendent un trip en Australie tellement simple que l'aventure s'estompe parfois. Il est facile de voyager ici, c'est aussi une des raisons pour lesquelles tellement de monde vient.

Et du monde, nous en aurons rencontré! Pas tellement d'australiens comme nous l'avons dit, mais des voyageurs. L'Australie étant le pays de base pour le backpacking sans prise de tête, tout le monde s'y pointe, dans un état d'esprit formidable. On a souvent l'impression de faire partie d'une immense famille lorsqu'on débarque au milieu d'un camps de sacs à dos qui festoient et racontent leurs histoires. Là oui, nous l'avons trouvé la bonne entente et l'ouverture, et nous espérons bien recroiser quelque part certains des loustics que nous avons rencontré ici.

Le dernier petit bonus australien, c'est qu'avec toutes ces rencontres, plus le fait de baigner en permanence dans un environnement anglophone, notre niveau dans la langue de Shakespear a décollé. Sans dire que nous sommes bilingues, nous parlons à peu près couramment sans problèmes, et nous n'avons même plus besoin de sous-titres pour regarder des films ou des series en VO!

Nous nous arrêterons là. Nous nous serons tout de même bien marré ici, et nous partons la tête pleine de souvenirs, mais nous considérons l'Australie comme ce qu'elle est : une sympathique destination touristique, et un bon moyen de faire de l'argent.

Il peut paraitre extrêmement superficiel d'apprécier un pays pour le pognon qu'on s'y fait, mais les faits sont là : sans les facilités à trouver du travail et les paies de rêves qui ont cours en Australie, le Petit Tour aurait pris fin à Cochin, en Inde. C'est aussi simple que ça.

Songez donc : nous avons attérit à Melbourne avec en tout et pour tout 150$ en poche. A l'époque, nous sautions dans les bennes des supermarchés pour manger. Au fil des mois, nous avons eu un van tout aménagé et de quoi vivre correctement, et nous quittons finalement le pays avec 8000$, un ordinateur et un deuxième appareil photo.

Ce n'est pas énorme au vu de notre programme, mais d'un autre côté, voyager sans beaucoup d'argent n'est-il pas l'un des fondement du Petit Tour?

Au final, nous pouvons citer deux célèbres philosophes français : tout est possible, tout est réalisable, c'est le jeu de la vie!

2 commentaires:

  1. Enfin des articles, c'est qu'on n'a plus rien à lire nous...:-)
    Allez Le Petit Tour repart, enthousiasmant!!
    Quant aux 2 philosophes français, ils surpassent assurément Lévi-Strauss

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    1. Moins de choses à raconter quand on est au boulot!

      Mais la ça va changer.

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