samedi 15 août 2015

Vinh Long et Can Tho : le delta du Mékong



Bonjour!


Nous écrivons depuis Hanoï, dans le nord du Vietnam, que nous avons rejoint aujourd'hui pour retrouver la mère de Léonore après une visite très active du sud et du centre du pays.

Notre petit tour du Vietnam suit un rythme d'enfer, et nous ne chaumons pas, mais nous nous plaisons bien ici.

Dans cette article, un séjour bref mais intense dans le delta du Mékong, où nous avons pu goûter la chaleur de l'accueil vietnamien dans une zone un peu moins touristique, avant d'embarquer au coeur du delta pour une magnifique virée en bateau.

Nos plans ont légèrement changé, nous rushons un peu, pour une raison simple : le Vietnam, c'est génial, mais nous avons dû définir nos priorités...


Vers le sud et le delta du Mékong

Nous y voilà. Sac à dos bouclés, plusieurs dizaines de lignes de noms de rues, de villes, de stations de bus sur notre cahier, près de 40 degrés bien lourds au thermomètre... Nous partons pour le delta du Mékong. Première étape, Vinh Long, à 3h de route au sud de Saigon, pour nous immerger dans la ville et vadrouiller l'île d'An Binh, apparemment merveilleuse.

Le départ d'Hô Chi Minh marque pour nous le retour aux habitudes de bourlingueurs fauchés qui étaient les nôtres depuis que nous avons quitté l'Europe. Nous voulons diminuer nos dépenses. Parce que c'est bien joli de se prélasser en terrasse au milieu du quartier touristique, de manger assit sur une vrai chaise et de n'avoir que quelques kilomètres à parcourir pour visiter les coins sympas, mais ce n'est pas comme ça qu'on découvre un pays. L'acclimatation a assez duré, place au spectacle!

Durant notre quête pour voyager local au Vietnam, nous n'avons pas appris grand-chose : les bus Ho Chi Minh - Vinh Long partent tous de Mien Tay, un terminal situé à 10 kilomètres à l'ouest du premier district. Sans plus d'informations, nous plongeons dans l'air brûlant en direction de la station du first district, Ben Thanh, pour éventuellement y trouver un moyen de rejoindre Mien Tay. 

Le coin est bruyant mais pas mal organisé en comparaison des stations indiennes ou népalaises, et pour le coup nous voilà seuls étrangers des environs. Nous repartons en chasse, et passons nos museaux par les fenêtres de quelques bus pour embêter leurs chauffeurs en leur collant sous le nez notre morceau de papier indiquant ''Mien Tay'', et nous sommes rapidement aiguillés vers la ligne 39. Bien aimables ces chauffeurs!

L'avantage du Vietnam, c'est que l'écrit utilise les même lettre que nous, ce qui facilite bien le déchiffrage des noms et des destinations des bus. Nous avions plus de mal avec le Népali ou l'Hindi... En revanche, l'anglais n'est pas courant, et nous ramons un peu pour nous faire comprendre. Il faut qu'on se mette au Vietnamien! Heureusement, les gens sont plein de sollicitude et nous accompagnent volontiers, et nous attendons bientôt à l'ombre que le 39 arrive.

Sauf que nous ne tenons pas en place. Quand nous voyons le 102, arborant ''Mien Tay'' sur son panneau, se garer devant nous, nous sautons dedans. Nous ne connaîtrons jamais l'itinéraire du 39, mais en tout cas celui du 102 va nous balader pendant plus d'une heure dans toute la banlieue d'Hô Chi Minh... Une belle perte de temps qui nous permettra au moins de faire un sacré tour du bled et d'apprendre à écouter ce qu'on nous dit.

Arrivé à Mien Tay, la West Station, nous nous retrouvons au milieu de centaines de bus de tout standing. Il s'avère que cette station, la plus grande de la ville, déssert tout le sud du pays. Mais à nouveau, l'ordre règne : de jolis guichets nous attendent, avec, comble du luxe, les tarifs de toutes les compagnies pour chaque destination, empêchant tout abus sur les prix.



Pour 65000 dongs, après un sandwich dévoré sur un trottoir au milieu de vietnamiens curieux, nous prenons la route pour Vinh Long en fin de matinée dans un minibus bringuebalant.

En chemin, nous faisons la connaissance de Le Thi Phê, une vietnamienne bien sympa qui se rend également dans le sud. Le genre de personne qui n'a jamais bougé du pays mais qui a des amis aux quatre coins du monde! Nous discutons un moment avec elle, et finalement elle nous laisse son adresse et son numéro pour que nous passions la voir après notre séjour dans le delta. Nous acceptons avec joie, ravis de cette première invitation après seulement quelques jours ici. Cela n'augure que du bon pour la suite!

La route n'est pas franchement intéressante. En descendant dans le sud, nous nous attendions à un cadre un peu plus rural, mais le panorama reste très urbanisé. Il fallait s'y attendre. En tant que grenier du pays, le delta du Mékong est une zone agricole et industrielle dynamique et peuplée. En revanche, fini le tape-cul et le tassage de vertèbres! Les voies sont en bonne état, et le voyage est beaucoup moins bourrin que ce que nous avons expérimenté ailleurs, même si la circulation répond toujours à la loi de la jungle. Nous prenons beaucoup plus de plaisir à discuter avec notre amie qui traduit de temps à autre nos paroles aux autres voyageurs.

Le bus nous largue finalement à la périphérie de Vinh Long. Ah d'accord, il ne va pas jusqu'au centre ville... Une femme nous indique vaguement une direction, et nous partons. A pied, sous le cagnard avec 15 kilos sur le dos, nous sommes bientôt en nage, nous ne savons pas du tout où nous allons, mais nous rigolons bien, paumés en terre inconnue sous les yeux des passants.


Vinh Long et l'île d'Anh Binh

Une petite heure de marche plus tard, nous sommes dans le centre. Pas le temps de nous poser, nous devons trouver un point de chute. Nous allons appliquer les méthode qui ont fait leurs preuves : l'aide des habitants, la tournée de tous les hôtels du coin et la négociation.

En explorant un peu au hasard, nous nous apercevons qu'en comparaison de Vinh Long, effectivement, Hô Chi Minh n'était pas très avenante. Les gens ont l'air formidablement accueillant ici. On vient nous proposer de l'aide, on nous aborde, on nous questionne. Nous sommes heureux de constater que la ville a l'air beaucoup moins squattée par les voyageurs que Saigon, et beaucoup de curieux viennent nous parler. 

Le hic, c'est que plus personne ne parle anglais. Nous tentons bien de placer les quelques mots de vietnamiens que nous avons appris ces derniers jours, mais personne ne nous comprend...

La difficulté avec cette langue, c'est que les fluctuations de l'intonation de la voie ont autant d'importance dans le sens d'un mot que son orthographe. Ainsi, le mot ''bao'' va pouvoir signifier aplatir, sonner, canard, feuille de chou, orage, sachet ou journal suivant la façons dont il est prononcé, avec la voie montante, descendante, neutre etc...

Bref, plus de monde vient nous parler, mais la communication est plus difficile, et nous nous prenons le choc des cultures en pleine courge.

A force d'aide, de signes, de mimes, d'appels aux amis et de beaucoup de prospection, nous trouvons une chambre pour 170000 dongs, moitié moins qu'à Hô Chi Minh! En contrepartie, nous devons la partager avec d'énormes mais amicales blattes...

Le soir approche, avec ces bêtises nous avons pris la journée pour rejoindre notre destination, mais quelle journée!

Nous partons explorer les alentours à la fraîche et découvrons le marché permanent de la ville. L'endroit grouille d'activité, entre les marchands, les piétons et les scooters. Nous en prenons plein les narines, avec les poissons séchés, les fleurs, les fruits multicolores et les nombreuses victuailles qui grillent un peu partout.



Nous rejoignons ensuite les rives du fleuves Co Chien, face à l'île d'Anh Binh où nous irons demain, pour siroter un café. Vinh Long est calme, la température descend... Définitivement, au Vietnam, on se pose! En sillonnant la ville, nous retrouvons avec plaisir les sourires, les signes de main, les ''hello'' qui fusent tous les 10 mètres. Les gens, moins habitués aux étrangers, sont très accueillants.



Pour le repas, en plus de manger avec les gens du coin, nous décidons de continuer nos petites expériences, en cherchant des plats que nous sommes incapables d'identifier de visu. Côté prix, nous n'avons pas à trop chercher pour trouver les tarifs locaux. Vinh Long n'étant pas aussi populaire que Saigon ou Can Tho, les prix ont magnifiquement chuté! Nous jetons notre dévolu sur de drôles de rouleaux vert qui s'avèrent être des galettes de pain roulées et grillées, et de petites boulettes lisses et rosâtres, apparemment de la viande de on-ne-sait-pas-quoi épicée.

Nous nous écroulons ensuite. Au programme demain, les pagodes de la ville et Anh Binh!


Au matin, nous longeons un canal au sud-ouest du centre pour rejoindre le temple de la littérature (Van Thanh Mieu), achevé en 1866, l'un des trois temple confucéens construit dans le sud du Vietnam au 19è siècle.



Après les intérieurs, nous faisons le tour des jardins. Le calme est absolu, nous sommes seuls, l'atmosphère est formidable, et nous déambulons un moment dans les allées au milieu des arbres et des fleurs.



Sur le chemin du retour, nous tombons sur une pagode par hasard, bouddhiste cette fois. La façade est richement ouvragée, tout comme les intérieurs. Les reliques et les brûloirs à encens côtoient les tableaux et les statues.



Dans le temple, nous sommes abordés par une femme et son fils de 12 ans. Le jeune homme nous demande dans un anglais scolaire nos noms et origines. Comme la conversation continue, nous sourions : visiblement, sa mère veut discuter, mais ne parlant pas anglais elle inonde son fils de questions à nous traduire, et le pauvre garçons a l'air de s'en voir. Il nous explique qu'il n'a commencé l'anglais que six mois plus tôt... De notre côté, nous saisissons l'occasion d'apprendre avec eux à prononcer correctement quelques mots de survie en vietnamien. ''Bonjour'', ''au-revoir'', ''merci''... Ils nous font répéter un bon moment nos intonations, et le résultat a l'air convaincant. Et punaise, ce n'était pas facile!

Nous quittons le temple, remerciant nos patients professeurs, pour aller manger un morceau. Une bonne occasion de mettre en pratique ce que nos deux amis viennent de nous apprendre! Nous trouvons des rouleaux de printemps, et l'effet de notre ''bonjour'' vietnamien (xin chao) sur la vendeuse est radical : nous achetons 4 rouleaux, elle nous en offre 4 de plus avec un grand sourire!

Nous rejoignons ensuite la rivière, et embarquons pour 500 dongs sur un ferry en direction de l'île d'Anh Binh.

Premier arrêt sur l'ile : la pagode de Tien Chau (littéralement, ''la rive aux fées''). C'est la plus ancienne pagode bouddhiste de la province de Vinh Long. Construite au 18è siècle, elle a été plusieurs fois modifiée et agrandie jusqu'en 1899, avant d'être entièrement rénovée en 2009.

L'entrée, très colorée et décorée de statues et d'écritures sacrées, donne sur des intérieurs comportant une foultitude d'objets de culte, pour certains très anciens. C'est un véritable fouillis de statues, de vases, de fleurs, de bougies, de drapeaux. L'ensemble est magnifique, et la spiritualité du lieu est saisissante.



Les jardins sont incroyables, et nous nous perdons au milieu des autels, des pagodes et de la verdure. Il y a des fleurs de partout, des plantes, et l'impression zen du parc est formidable. A nouveau, nous voilà seuls au monde pour profiter de tout ça tranquillement.



Nous partons ensuite explorer l'île à pied, en essayant de ne pas fondre... L'endroit est sauvage, le calme règne. Nous arpentons des sentiers qui longent les nombreux canaux qui sillonnent chaque parcelle de terre où pousse quelques maisons. Nous traversons une végétation foisonnante, et l'air embaume du parfum de centaines de fleurs. Nous nous arrêtons souvent dans ce décors grandiose pour profiter du calme, au bord de la rivière à l'ombre des arbres.



Nous retournons au ferry par un petit village, où nous goûterons un café encore meilleur que les meilleurs que nous ayons déjà bu. C'était possible!



Encore une de ces journée qui nous décollent la rétine! De retour à Vinh Long, ravis, nous partons en quête de nourriture de l'autre côté du centre-ville. Nous ne marcherons pas longtemps...

Un groupe de jeunes d'environ notre âge nous interpelle depuis le morceau de trottoir où ils sont attablés. Ils ne parlent pas anglais, mais communiquent dans la langue universelle : un signe de la main, deux bières et deux tabourets vides. Youpi! Nous nous joignons à eux, faisant ainsi la connaissance de Tuong et de ses amis. Une rencontre du genre de celles qui font la magie de notre voyage, comme nous n'en avions plus connu depuis longtemps. Nous échangeons nos histoires, parlons de nos vie, de nos pays et nos familles. Nous racontons notre voyage. La barrière de la langue n'est pas un problème. Quand on veut communiquer, on peut... Enfin c'est surtout grâce à l'application de traduction du smartphone de Tuong. 

Le groupe travaille à Vinh Long, dans la mécanique automobile. Nous nous tapons de bons fous rires avec eux. Après les discussions, nous poussons la chansonnette : nous leur chantons un peu de chanson française, et en retour ils nous entonnent quelques tubes vietnamiens. Tout au long de la soirée, les gars nous rappellent qu'ils sont heureux de nous accueillir. Nous sommes leurs invités, et comble de générosité, ils vont partager toute leur nourriture avec nous. Calmar séché, beignets, friture... Et quand il n'y en a plus, il y en a encore : ils arrêtent tous les vendeurs ambulants qui passent pour nous offrir tous les plats possibles et imaginables et nous former à la cuisine vietnamienne en nous gavant de victuailles délicieuses. Calés sur nos tabourets en plastique à même la rue, nous passons une soirée mémorable, et bien trop courte. Il y en a qui travaillent demain! Nous échangeons nos contacts et les laissons aller se coucher.

Sur le retour, nous sommes sur un nuage et avons chaud au coeur. Que ça faisait longtemps! Qu'il est bon de retrouver ce genre de personnes formidables qui parle pour le plaisir d'échanger et de partager, qui donne pour le plaisir de faire plaisir. C'est ça que nous cherchons, c'est ce qui nous motive tellement à quitter parfois le chemin pour nous égarer, à faire l'effort de nous immerger quelque part. Et aujourd'hui, nous l'avons retrouvé.



Nous divaguons un peu, commençons à nous dire qu'on s'en tape des visites, allons nous perdre quelque part! La différence entre la très connue Hô Chi Minh et la moins célèbre Vinh Long est frappante, et ça donne envie de continuer dans le pur local. Entre Le Thi Phê, dans le bus, qui nous invite chez elle après dix minutes de conversation, la chaleur des gens d'ici et nos rencontres de ce soir, nous nous disons qu'il n'y a décidément que ça de vrai!

Plus sérieusement, l'heure est à la planification. Nous avons quand même envie de voir pas mal de chose, et il faut nous rendre à l'évidence : nous n'avons pas assez de temps pour la vadrouille au hasard. Nous pourrions rester plus longtemps me direz vous, mais le fait est que nous dépensons quand même nettement plus d'argent au Vietnam qu'en Inde ou au Népal, et nos ressources sont quand même limitées si nous voulons encore passer 6 mois en Asie. Le poste qui a connu la plus grande envolée est bien sur l'hébergement. Nous n'avons pas encore réussi à trouver de clapier à 2 euros par nuit ici, les minimums standards étant plus élevés que ce à quoi nous nous étions habitué dans les autres pays cheaps que nous avons traversés. Alors bien sûr, il y a l'électricité, l'eau courante et même le wifi, mais nous aurions préféré nous en passer et payer moins. Les piaules restent peu chères, mais au fil des jours la différence se ressent sur notre budget.

Et puis surtout il y a la suite... Le fait est que nous préférons réserver du temps pour la visite du Laos et du Cambodge, que nous comptons parcourir plus lentement et plus au hasard. Nous avons entendu tellement de bien sur ces deux pays et leurs habitants que nous voulons y plonger un long moment.

En ce qui concerne le Vietnam, nous décidons de procéder comme nous l'avons fait en Iran : visiter les principaux sites d'intérêt du pays, durant un circuit un brin touristique mais que nous accomplirons suivant nos méthodes moins-chères-tu-meurs et locales habituelles. Nous rabotons notre programme pour garder les essentiels que nous voulons voir avant de rejoindre Hanoi et la mère de Léo : encore quelques jours dans le delta, avant de remonter jusqu'à Danang et ses montagnes de marbre dans le centre du pays, puis Hoi An et Hué. Même avec tout ce que nous avons fait passer à la trappe (dont, à notre grand regret, notre visite chez Le Thi Phê), le timing va être serré. Nous espérons que le pays se livrera quand même un peu à nous malgré la popularité et l'aspect touristique des sites que nous allons passer.

Pour demain, nous prévoyons donc de rejoindre la grande Can Tho et d'y trouver un bus pour Phong Dien, où se tient un petit marché flottant. Nous ne savons pas comment aller à Phong Dien, ni même si il est possible d'y dormir, mais nous allons voir. Cela nous permettrait d'éviter la grande ville et de visiter un coin un peu plus authentique, même si ce programme ne va pas nous permettre de voir beaucoup de choses. Nous aurions adoré touristiser un peu et faire un tour en bateau dans le delta pour voir plus de choses, mais la moindre petite excursion coûte déjà entre 30 et 40 dollars... Nous marcherons.

Ces quelques jours à Vinh Long ont été merveilleux. Plus authentique que Saigon, ne manquant pas de fantastiques points d'intérêt, cette ville nous a montré la gentillesse, l'hospitalité et la générosité des vietnamiens quand ils ne sont pas cernés par des centaines de vacanciers. Nous ne retrouverons peut-être pas ça durant le programme que nous avons élaboré, mais au moins nous en aurons eu un bref aperçu.

Notre séjour ici nous aura aussi permis d'avoir une idée des prix réels du pays, et nous avons réévalué nos tarifs en nous basant sur ceux que nous avons trouvé ici. Le résultat promet beaucoup d'économies, et sans doute pas mal de marchandages et de négociations à l'avenir, pour retrouver les même tarifs dans des régions plus axées sur le tourisme. Pour l'hébergement, nous chercherons dorénavant du 150000 dongs (6 euros 25) par nuit. Côté bouffe, il est définitivement possible de manger pour 10000 dongs (40 centimes) par personne et par repas grâce à la street food.

Demain, nous repartons. Avant de nous coucher, nous songeons à cette fantastique journée et à sa digne conclusion. Cela ne fait qu'une semaine, pourtant le Vietnam commence à très sérieusement nous emballer!


Can Tho : dans le delta du Mékong et les marchés flottants



Notre périple vietnamien s'annonce très actif... Dès le réveil, nous bondissons dans la rue jusqu'à la station de bus et embarquons pour Can Tho. 

Une heure et demi plus tard, nous y sommes, plein de motivation. Nous partons à la pêche aux informations auprès des chauffeurs, et la première faille de notre programme nous tombe dessus : nous apprenons qu'aucun bus ne passent par Phong Dien. Seul les scooters font le trajet, et la course coûte 150000 dongs par personnes... Damned. Notre plan tombe à l'eau avant même d'avoir commencé. 

Il faut rebondir. Tandis que nous nous faisons confirmer par plusieurs personnes que oui, effectivement, nous avons plané, un homme vient nous voir pour nous vendre un tour en bateau. Si seulement nous étions riches... Nous lui expliquons notre projet de rejoindre Phong Dien, et il propose de nous y emmener pour 300000, comme prévu. Nous nous apprêtons à le quitter pour réfléchir, mais le bougre essaye à nouveau de nous vendre son tour en bateau. Nous faisons la sourde oreille, jusqu'à ce que notre homme commence à descendre ses prix... Ah?

L'avantage de marchander quand on ne compte pas accepter au départ, c'est qu'il est inutile de feindre le désintérêt, la chose devient plus naturel. Sauf que bientôt, notre ami vendeur de tapis commence à faire des offres plus alléchantes : il nous propose le marché de Phong Dien en bateau pour 250000 dongs chacun (environ 10 euros). L'homme à l'air réglo et travaille sans doute en indépendant, nous sentons l'ouverture pour notre plan bateau, et nous nous lançons dans la bataille. S'ensuivent 20 bonnes minutes d'une négociation acharnée au milieu des passants qui observent la scène, durant lesquelles nous envoyons le pâté. Du marchandage de haut niveau. C'est que nous avons été formé aux écoles iranienne, népalaise et indienne! 

En étant parti du petit tour d'un marché flottant à 250000 dongs par personne, nous négocions finalement la balade full-options de 7h en barque par tous les points d'intérêt du coin, dont les marchés de Cai Rang et de Phong Dien, pour 200000 dongs chacun (un peu plus de 8 euros). Avec n'importe quel tour opérateur, ce genre de programme coûte plus du double...

Nous acceptons finalement et prenons rendez-vous pour le lendemain. Vu le prix qu'il nous a fait pour l'excursion, nous payons la course en mobylette qu'il nous propose pour nous conduire jusqu'au centre ville. Une bien bonne initiative, étant donné qu'après avoir entendu notre budget, notre homme nous conduit dans un hôtel à quelques minutes des quais dans le centre de Can Tho où nous trouvons une chambre nickel exactement dans nos tarifs!

Bon. Nous voulions éviter Can Tho, nous voilà en plein milieu, et demain nous partons pour une excursion qui constitue l'attraction principale de la région. Bravo pour l'esquive des itinéraires touristiques... Au moins nous allons profiter d'une sacrée balade!

Nous terminons l'après-midi par un petit tour de Can tho. Nous passons la pagode Quang Duc, l'un des plus grands et des plus actifs temples bouddhistes. A l'intérieur, nous assistons aux prières de l'après-midi.



Nous faisons ensuite un tour dans le marché, qui comme celui de Vinh Long bourdonne d'activité.




Notre soirée est studieuse, le rythme de notre mois vietnamien s'accélérant considérablement. Nous préparons notre périple vers le centre-Vietnam, et le voyage promet d'être rustique : pas moins de 20h de bus nous attendent pour rejoindre nos prochaines destinations : Danang et ses montagnes de marbre, et la cité historique voisine de Hoi An... Encore une fois, il est très difficile de trouver des infos sur les bus que nous devons emprunter. Nous épluchons forums et blogs, mais tout le monde prend l'avion pour rejoindre Danang, pas le bus. Nous apprenons juste que nous devons repasser par Hô Chi Minh, le reste tiendra de l'improvisation. Rien d'inhabituel au final, et nous décidons de partir demain après-midi, après notre sortie sur le delta.

Le lendemain, à 5h30 pétante et la tronche enfarinée, nous embarquons sur frêle esquif en compagnie d'un batelier souriant, et partons naviguer le delta du Mékong.

Nous craignions un peu l'effet queue-leu-leu avec les autres bateaux de vacanciers, mais il n'y en a finalement pas tant que ça, et nous filons tranquillement vers le marché de Cai Rang, au milieu des nombreuses embarcations qui sillonnent la rivière.



Nous arrivons bientôt au marché de Cai Rang, sous la pluie... 

Cai Rang, consacré à la vente en gros, est le plus imposant  marché flottant de la région. Nous l'attendions au tournant celui-là, avec sa réputation de rassemblement touristique. Finalement, ce n'est pas tellement la profusion de vacanciers qui nous dérange, et pour cause, il n'y en a pas... En revanche, l'endroit est plutôt inactif. Peut-être est-ce dû à l'heure matinale ou à la pluie, mais il n'y a pas beaucoup d'étals ni d'acheteurs. Nous voyons quand même les bateliers préparer leurs marchandises et les premiers clients, mais dans l'ensemble, nous sommes un peu déçus.



Pas top comme première impression...

Nous reprenons notre route tandis que le temps s'éclaircit. Pour le coup, le canal est sympa à parcourir, permettant d'observer les villages et la vie au bord de l'eau.



Nous atteignons bientôt le marche de Phong Dien, et nous découvrons avec plaisir que celui-ci est beaucoup plus petit et authentique. Plutôt axé sur la vente au détail, l'activité y est plus intense. On y vend fruits, légumes, nourriture, aux acheteurs qui passent en bateau.



Notre batelier nous offre à chacun des fruits du dragon, dont la saveur rappelle celle du kiwi en plus doux. On adore!



Nous quittons ensuite le canal principal pour une petite rivière, qui nous amène dans un petit village où nous mettons pied à terre. Notre guide nous emmène dans une fabrique artisanale... De nouilles! Nous sommes émus : après tout les kilos de nouilles que nous nous sommes enfilés depuis le début de cette histoire, c'est un grand moment d'en voir le processus de fabrication! Il y a quand même peu de chance que les saletés à quelques centimes que nous mangeons soient produites de la même façons, mais bon...

Un grand chaudron est rempli de pâte, qui est étalée pour la cuisson sur une toile de tissue ronde à la manière d'une crêpe. Les fines galettes ainsi obtenues sont mises à sécher sur des supports en osier, après quoi elles sont placées dans une machine qui va les découper en fils.



Après la visite de la fabrique, nous offrons le café à notre batelier, qui de son côté nous offre quelques friandises à la noix de coco. Nous partons ensuite parcourir la myriade de petits canaux qui découpent la région.

Le cadre rappelle un peu les backwaters du Kérala, avec sa végétation luxuriante et ses petits villages.



Nous accostons régulièrement pour parcourir à pied villages, jardins et rizières.




A notre retour au port, nous sommes ravis de la sortie, en dépit de son aspect résolument ''attraction''. Nous avons pu plonger dans le delta, l'environnement et la vie dans les canaux valent le coup d'oeil, et nous en avons encore pris plein les mirettes. Bon, ce n'était quand même pas très profond au niveau de l'immersion, même si nous nous sommes bien marrer avec notre batelier. Nous le remercions chaleureusement, avant de passer à l'hôtel récupérer nos sacs, et de nous lancer dans notre périple en bus vers le centre du pays, qui promet d'être très sportif...

C'est la fin de notre séjour dans le delta du Mékong et le sud du Vietnam. Oui, ce fut bref, intense, un peu trop rapide, mais le temps nous manque.

Vinh Long nous a offert, en plus de ses sites magnifiques, un accueil qui nous a fait chaud au coeur, un aperçu de la générosité et de la gentillesse des vietnamiens lorsqu'on se bouge un peu pour vadrouiller des zones un peu moins touristiques.

Le problème, c'est qu'encore une fois, on se rend compte que les attractions célèbres sont comme des puits de gravité qui drainent les visiteurs, et ce phénomène est particulièrement vrai ici. Tous les moyens de transport y vont, toutes les infos s'y rapportent, et les éviter demande un temps que nous n'avons pas. C'est comme ça que nous nous sommes retrouvés exactement dans ce que nous voulions justement éviter. Soyons d'accord, notre balade en bateau à Can Tho était formidable visuellement, mais il n'y avait pas grand-chose à côté.

Nous nous sommes fait à l'idée que notre voyage au Vietnam aura un côté très touristique. Nous n'avons pas le temps de nous perdre dans le pays, même si la tentation est grande après Vinh Long. Le Vietnam nous plait, mais plus nous en apprenons sur le Laos, plus nous sommes sûr que nous allons nous y plaire encore plus, et nous voulons le rejoindre au plus vite. En attendant, nous espérons qu'ici comme en Iran, grâce à notre mode de vie local, nous continuerons quand même de découvrir quelques morceaux de la réalité du pays et de ses habitants.

Une belle mission nous attend justement : un voyage de 20h et de 1000 kilomètres à travers la moitié du pays pour rejoindre Danang...

2 commentaires:

  1. Bonjour. Je serai en fin de semaine prochaine à Vinh Long. Votre blog m'a donné encore plus envie d'y être. J'espère que vous avez bien poursuivi votre voyage en Asie.

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    1. Super ! Vinh Long a été l'un des spots au Vietnam qui nous ont permis de découvrir le pays à côté des circuits touristiques classiques, et ce que nous y avons découvert nous a vraiment fait plaisir. J'espère que les choses n'ont pas trop changé, ça commence à faire un moment... Profitez bien de votre séjour en tout cas !

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