dimanche 18 février 2018

L'île de Chiloé : du pouce, des pingouins, des églises, de la campagne... Tranquille

Bonjour à tous! Aujourd'hui, nous vous emmenons dans la suite de nos pérégrinations chiliennes. Le récit qui suit se déroule entre le 14 et le 21 octobre.

Après une première semaine passée entre les deux plus grandes villes du pays, l'atmosphère citadine a eu raison de nous, et l'envie de rejoindre des contrées un peu plus calmes s'est faite obsédante.

Nous avons donc littéralement fui l'agitation urbaine pour aller nous perdre sur une île située aux portes de la Patagonie, célèbre pour ses églises classées au patrimoine mondiale de l'humanité, ses petits villages de pêcheurs, ses étendues de campagnes verdoyante et sa vie sauvage : Chiloé.

Une deuxième étape au Chili qui nous a permis de nous immerger un bon coup parmi ses habitants, de travailler notre espagnol à la dure, de nous remettre au stop, et de vadrouiller un peu au hasard en nous laissant couler tranquillement à travers une île qui nous a scotchés par sa beauté tranquille et son charme particulier. Avec en fil rouge la poursuite de cette satanée préparation du trek du Torres del Paine, qui a réussi le remarquable tour de force de nous faire péter une durite avant même d'avoir commencé!


1000 bornes vers le sud


L'île de Chiloé, on nous l'a décrit comme l'autre Patagonie, un endroit très différent du reste du Chili. De notre côté, nous ne pourrons pas juger de la véracité de ces avis, étant donné que nous venons d'arriver et que nous n'avons pas encore vraiment matière à comparaison!

Avant tout, il va falloir y aller sur cette île. Chiloé se rejoint en ferry, à partir du petit village portuaire de Pragua, situé à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Puerto Montt... A quelques 1140 kilomètres au sud de Valparaiso! On l'a dit, le Chili, c'est grand...

Des bus pour Puerto Montt partent tous les jours du terminal Alameda de Santiago.

Nous quittons notre piaule à Valpo le 14 octobre au petit matin, pour franchir à pince les quelques kilomètres qui nous séparent du terminal de bus. Nous arrivons pile pour grimper dans un car à destination de Santiago (3500 pesos le trajet, un peu plus cher qu'à l'aller).

1h30 plus tard, nous revoilà dans la capitale. A noter qu'à l'origine, nous comptions descendre à Puerto Montt en pouce, mais... quitter l'immense centre-ville, marcher encore et encore jusqu'à tomber sur un spot où faire les piquets... aujourd'hui le coeur n'y est pas. Nous avons des économies, et n'allons pas stopper si nous n'en avons pas envie! Nous cédons donc à la facilité, et nous fendons de deux billets de bus pour Puerto Montt, encore une fois avec la compagnie Turbus, décidément la moins chère du coin, pour 10000 pesos chacun, une somme bien inférieur à ce que nous attendions!

Du côté du voyage, forcément, 1140 bornes, ce n'est pas rien : nous allons décoller de Santiago à 17h, pour une arrivée prévue à 6h du mat!

Nous nous posons dans un carré d'herbe sur le terre-plein central au beau milieu de la grosse avenue qui passe devant le terminal, et pique-niquons en discutant encore et toujours de la masse formidables de choses qui nous attendent au Chili et en Amérique du sud, et sur la manière dont nous allons rentabiliser au mieux les mois que nous allons passer ici, sur ce que nous allons faire à propos de ce satane trek du Torres, entre autres.

Nous passons le temps comme nous le pouvons, nous baladons, nous posons dans le terminal pour observer le défilé des passants et des voyageurs. Finalement, en fin d'après-midi, nous achetons une demi-douzaine d'empanadas pour le trajet, notre bus arrive, et nous embarquons.

Le temps de sortir de la capitale, et le soleil se couche déjà. Le retour de ces bon vieux trajets de nuit! Il n'y a pas moyen de profiter du paysage, mais nous constatons au moins que la route est en parfait état, et nous pouvons dormir quelques heures sans trop de problèmes avant d'arriver, la tête dans la pâté, à Puerto Montt, alors que le ciel s'éclaircit doucement.

Nous avons décidé d'attaquer le pouce à partir de là, et nous émergeons tant bien que mal tandis que le bus pénètre dans la ville, juste à temps pour repérer un panneau qui indique la direction de Pargua. Il nous faut ensuite retenir la succession de virage que prend le bus jusqu'au terminal, pour les refaire dans l'autre sens une fois arrivés, après nous être posés 5 minutes pour nous remettre les yeux en face des trous. Puerto Montt au petit matin ne nous laissera pas un souvenir impérissable, et notre demi-heure de marche vers la sortie de la ville et la nationale pour Pargua ne nous fait traverser qu'une succession de rangée de petits immeubles et de grandes avenues avant de nous larguer en pleine zone commerciale/industrielle.

Nous localisons le panneau aperçu plus tôt, marchons un peu le long d'une grande route en longeant quelques grands magasins, et trouvons un parfait petit endroit où lever le pouce. Le ciel est gris, le vent souffle, le soleil est à peine levé, mais nous sommes heureux : nous allons enfin goûter le stop au Chili! En revanche, nous appréhendons un peu les conversations en espagnol...

Notre premier coup d'essai ne dure pas longtemps : nous sommes embarqués après moins de 10 minutes par un homme qui part au travail!

Nous parcourons quelques 15 bornes avec lui, et franchement, niveau papotage, nous nous en sortons plutôt bien! Nous avons énormément bossé notre espagnol ces derniers jours, et les résultats sont là : nous parvenons à comprendre et à nous faire comprendre, même si nous manquons cruellement de vocabulaire et si nous faisons énormément d'erreurs à l'oral.

Notre homme est ébahit par notre voyage, et est absolument ravis de nous rencontrer. D'après lui, c'est grâce à des gens comme nous que le monde s'ouvre et que les connaissances peuvent se partager! Il n'a jamais quitté le Chili, et il considère comme une chance et un honneur de pouvoir échanger avec nous.

Il nous pose en pleine autoroute, nous souhaite bonne chance... Puis nous stoppons environ 5 minutes avant d'être récupérés! Magnifique!

Notre bienfaiteur, un vieil homme très sympa, nous fait franchir les 45 kilomètres restant jusqu'à Pargua, et nous pose littéralement devant le ferry. Ils sont grands ces chiliens!

Nous montons à bord du bateau moins de deux heures après être descendu du bus à Puerto Montt. Ne tirons pas de conclusions hâtives, deux lifts formidables, ça ne veut rien dire. Mais ça fait plaisir!

A savoir que la traversée en ferry pour Chiloé depuis Pargua dure une quinzaine de minutes, et coûte 600 pesos.



Le bateau nous débarque près de Chacao, un minuscule village entouré de prairies composé de quelques cahutes en bois disposées autour d'une petite place centrale fleurie dominée par une église.



Nous nous posons sur la place pour sortir le réchaud et nous faire un café le temps de réfléchir à la suite.

Bon. Comment allons-nous explorer l'île?

Avec notre départ de Valparaiso, nous en avons normalement fini avec les chambres d'hôtel pour un bon moment : quasiment tous les endroits que nous allons traverser à présent disposent de campings. Nous n'avons pour le moment pas prévu grand-chose en ce qui concerne notre itinéraire sur Chiloé. Pour le moment, nous avons décidé de rejoindre Ancud, une ville située sur la côte à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Chacao. A côté d'Ancud, nous voulons passer voir Las Pinguineras, un rassemblement de petits îlots où s'est établie une colonie de pingouins.

Du côté de nos modalités de vadrouilles, nous allons approfondir ce que nous avons débuter à Valparaiso : nous voulons travailler notre espagnol et nous immerger? Et bien provoquons les contacts et mettons nous dans des situation où nous avons besoin des gens! Nous débarquons sur Chiloé sans carte, sans adresse, sans point de chute, sans rien d'autre que nos sacs sur le dos. Nous ne savons pas où nous allons dormir, par où nous allons passer, nous n'avons presque aucune idée de la géographie de l'île ni de son réseau routier. Nous allons devoir faire appel aux gens pour trouver ce qu'il nous faut et obtenir des avis sur les meilleurs spots à voir! De plus, Chiloé n'étant pas très grande, nous allons la parcourir le plus possible en stop.

Pour l'intendance, nous allons continuer à nous ravitailler sur les marchés, procédé bien plus économique que les restos ou même que la street food! Le midi, ce sera donc pique-nique à grands coups d'avocats, de tomates, de fromage, de pain et d'oeufs durs du marché. Pour le dîner, nous nous roborerons de plâtrées de pâtes. Y'a pas de petites économies!


Ancud et les pingouins


Comme je le disais, notre premier objectif est la petite ville d'Ancud, plus à l'ouest. Nous quittons Chacao pour rejoindre la route principale. C'est facile, il n'y en a qu'une!

Nous nous perchons au bord du bitume, et... Nous attendons. Longtemps. Forcément, étant donné que la route s'achève sur le quai, il n'y a pas grand monde dessus! Un ferry débarque 5 ou 6 voitures tous les quarts d'heure, tandis que de temps à autre un véhicule arrive de Chacao.



Sur le coup, ce n'est pas grave : le soleil brille, nous voilà au milieu de la cambrousse, le seul bruit qui parvient à nos oreille est celui du vent... Nous sommes bien!

Nous poireauterons tout de même près d'une heure avant d'être récupéré par un homme seul qui se rend justement à Ancud. Nous nous forçons à parler le plus possible, à placer les mots que nous avons appris ces derniers jours pour les imprimer. Notre gars rigole bien quand il se rend compte à quel point nous sommes largués, arrivant ici comme des fleurs, sans réservation, sans programme, sans rien.

Il nous pose à l'entrée d'Ancud en début d'après-midi. Le bled n'a pas du tout la forme d'une grande ville, bien au contraire, mais est très étalé à travers la campagne, et nous marchons 3 ou 4 kilomètre pour rejoindre le centre-ville, situé au bord de l'eau, découvrant un patelin très calme, aux maisons colorees de bois et de tôle. Nous passons le marché central, arrivons sur une place, et nos quêtes prioritaires commencent : trouver une carte et/ou un camping.

Nous sommes épuisés... Nous avons quitté Valparaiso plus de 24 heures auparavant, avons passé une nuit dans un bus avant d'enquiller dans la foulée sur une demi journée de stop. D'un côté, nous avons été efficaces : ce matin nous débarquions à Puerto Montt, et voilà qu'à 13h nous sommes arrivés à destination et qu'il ne nous reste plus qu'à trouver un endroit où nous poser!

Nous nous remuons. Sur la place centrale se trouvent des agences proposant des excursions à Las Pinguineras, et nous en passons deux ou trois, fermées, avant de rencontrer la tenancière de l'une d'entre elle et de lui poser nos questions. Ultra attentionnée, elle nous donne une carte sommaire du bled, en nous indiquant une rue située dans les hauteurs où se trouvent, selon elle, plein de campings. Merci bien m'dam!

Nous attaquons la grimpette vers les collines qui surplombent la petite ville. Nous sommes éreintés, impatient de nous poser, le soleil cogne, et les sacs pèsent de plus en plus lourd. Ah ces petits moments de on-sait-pas-trop-ou-on-va et punaise-quand-est-ce-qu'on-arrive...

Nous tombons bientôt sur un premier camping, un peu trop cher à notre goût. Nous continuons pour découvrir, vers 14h30, après plus de 30 heures de voyage, le camping Vista Hermosa, où nous sommes accueillis par un papito tout gentil qui nous montre le coin... Et quel coin! Comme son nom l'indique, la vue est déjà exceptionnelle, car le coin est perché au sommet de hautes falaises qui surplombent l'océan. Ensuite, quelques petits carrés d'herbe accompagnés de tables de pique-nique, des douches chaudes, du wifi, le tout pour 3500 pesos par personne. Oui, 10 balles pour deux. Je vous assure que pour un camping au Chili, ce n'est pas violent!

Nous prenons deux nuits et larguons enfin nos affaires avant de nous affaler sur une table et de nous poser un moment.

Pas trop longtemps cela dit! Nous n'avons rien mangé de la journée, et nous montons le camps avant de partir à la recherche de provisions. De retour dans le centre, nous rejoignons le marché central pour reconstituer nos réserves. Tandis que nous fouinons à droite à gauche, nous découvrons des étals de fromage, et ne résistons pas : nous craquons 4000 pesos dans un bon kilo de frometon!

Nous embarquons quelques empanadas en supplément et allons nous poser au bord de l'eau pour manger. Nous goûtons le fromage... Et le bougre est sacrément bon! Sérieusement, le petit frogome de marché chilien envoie du lourd! A retenir.

Nous faisons ensuite un petit tour du centre, passons voir son église et flânons parmi ses petites maisons de bois multicolores.



Et puis nom de nom, ça y'est, enfin, nous en avons terminé! Nous remontons bientôt nous affaler au camping, et nous faisons un petit tour sur le net pour être directement agressés par un message qui va légèrement nous pourrir la soirée : il provient de Fantastico Sur, l'une des compagnies qui gère certains des campings que nous avons réserves sur le Torres.

Je vous rappelle que le trek du Torres del Paine désigne en fait deux itinéraires qu'il est possible de parcourir, le W, le plus classique, d'une durée de 4 à 5 jours, et le O, plus long, celui que nous voulons faire, qui inclut le W en y ajoutant une boucle et qui se tire en 8 à 9 jours. Nous sommes sensés attaqué le 26 octobre.

Fantastico Sur assure la gestion de la plupart des campings du W, les autres étant gérés par la CONAF, un organisme gouvernemental qui s'occupe de tous les espaces naturels au Chili. La quasi-totalité des campings de la boucle du O sont administrés par une autre compagnie, Vertice Patagonia, à l'exception d'un seul, situé à l'entrée de la boucle, qui est régi par Fantastico, et sur lequel nous avons prévu une étape.

Si nous avons réservé et payé nos camping avec Fantastisco, nous n'avons aucune nouvelles de nos rsservations sur le O avec Vertice. Nous les avons bien relancé à plusieurs reprises, sans résultat...

Et le messages d'aujourd'hui va ajouter à ce manque d'informations un peu de piment supplémentaire : nous sommes le 15 octobre, et Fantastico nous annonce que le circuit O n'ouvrira pas avant le premier novembre, si ce n'est plus tard... Ils nous proposent d'annuler notre réservation de leur camping sur le O ou de décaler toutes nos nuits. Dans un sens, pour nous, la possibilité de repousser notre trek à plus tard est une aubaine, et va nous permettre de prendre plus de temps pour y descendre!

C'est le branle-bas de combat : si nous voulons effectuer le O, nous devons décaller toutes nos réservations avec les deux compagnies! Léonore ressort la liste de nos étapes datées et localisées nuit par nuit (je renvoie ceux qui se demandent à quelle point l'élaboration de ce programme a été laborieuse à la fin de notre avant-dernier article en Nouvelle Zélande), et nous reprenons tout point par point. Bien sûr, à moins de deux semaines des dates que nous avions prévues, il ne reste sur les sites de réservation en ligne que peu de places, mais nous sommes encore hors saison, et il y a encore des emplacements de tentes de libres. Et même dans le cas contraire, ce sont eux qui nous proposent de changer. Nous décidons de décaler toutes nos réservations avec les deux compagnies et la CONAF afin de pouvoir commencer le trek le 3 novembre au lieu du 26 octobre, envoyons un mail récapitulatif avec tous nos changements à Fantastico, et un énième mail demandant ce qui se passe à Vertice, en leur annonçant que nous voulons décaler nos réservations (qu'ils n'ont toujours pas confirmées...) à cause de l'ouverture tardive du O.



Sans rire, avant même d'avoir commencer, ce satané Torres del Paine nous a déjà gavé jusqu'à l'os. Alors oui, il était nécessaire de canaliser les visiteurs, de limiter les entrées par jour pour éviter la surfréquentation et les débordements qui ont eu lieu les années précédentes, mais nom de nom faites les choses correctement. Déjà que les prix des hébergements, en camping ou en refuge, ont démesurément décollés ces trois dernières années... On est quand même passé d'un emplacement de tente facturé 4 ou 5 euros en 2014, qui est passe à 14 euros pour les moins chers en 2017!

Sans parler du fait que les deux compagnies, qui doivent bien se remplir les poches dans l'opération, répondent aux mails une fois tous les 36 du mois...

Nous savions déjà que le trek du Torres allait nous coûter des sous, que l'endroit allait être très fréquenté et touristique, étant considéré comme l'un des trek les plus beau du monde et étant très facile à parcourir, et il faut que s'ajoute à ces perspectives déjà pas bien réjouissantes des tuiles de l'ordres de celles qui nous énervent le plus : des problèmes de réservations obligatoires...

Ce soir, il est un peu plus difficile de ne plus penser à tout ça pour nous concentrer sur les prochains jours tant nous sommes frustrés. Mais grâce au soleil qui se couche, au petit vent frais qui souffle et au calme qui règne sur notre carré de pelouse, nous parvenons à nous vider l'esprit et à préparer la suite, à commencer par la mission pingouins de demain!

Nous apprenons que le rassemblement d'îlot où se trouvent Las Pinguineras se nomme Punihuil, se trouve non loin de la côte, et qu'il est possible de s'y rendre en bateau pour 5000 pesos depuis une plage située à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Ancud. Le pouce se chargera de nous emmener a destination! A noter qu'il est possible de tout organiser depuis Ancud, et les tours proposés comprennent l'aller et le retour en taxi ainsi que le prix du bateau pour se rendre dans les îlots, mais nous nous disons qu'il doit bien être possible de trouver un bateau directement sur place pour moins cher.

Nous passons une soirée tranquille à papoter avec un couple anglais qui hésite grandement, pour leur prochaine destination, entre l'Australie et la Nouvelle Zélande... Après une heure de discussion, ils n'hésitent plus!

Au matin, le ciel est gris mais il ne pleut pas, et nous nous mettons en route. Nous passons le centre-ville et longeons la côte vers l'ouest, avant d'arriver à un croisement. Nous demandons notre chemin et sommes rapidement aiguillés dans la bonne direction. Nous sortons un peu la ville avant de lever le pouce tandis qu'un petit crachin pas méchant se met à tomber.

Le premier gars qui s'arrête nous fait doucement sourire quand il nous demandent 2000 pesos pour la course en nous disant qu'il est impossible d'arriver à Punihuil en auto-stop... 5 minutes plus tard, deux hommes nous récupèrent pour nous déposer une dizaine de bornes plus loin.

Nous voilà en pleine campagne, et les prairie piquetées de petites fermes se succèdent. Nous marchons en levant le pouce pendant une trentaine de secondes avant d'être embarqués par un fermier qui nous fait franchir une dizaine de kilomètres supplémentaires, nous posant dans une cambrousse toujours plus reculée et déserte. C'est ensuite un couple qui nous ramasse après quelques minutes pour nous poser à l'entrée de la petite route qui mène à Punihuil.

Nous avons quitté la route principale, il n'y a plus de fermes autour de nous, seulement des prés et des forêts qui surplombent un océan noir sous le ciel gris, et nous nous disons que les derniers kilomètres risquent de se franchir à pied...



Jusqu'à ce qu'une voiture providentielle se gare à nos côtés et que son conducteur propose de nous poser sur la plage d'où partent les bateaux pour les îlots!

Nous discutons un peu en route, et nous apprenons que notre homme s'occupe justement d'excursion dans Las Pinguineras. Il nous propose un tour en bateau à 7000 pesos, ce qui est plus cher que les tarifs que nous avons vu en fouinant sur le net, sur des blogs et des forums datant d'à peu près l'annèe dernière. A force de négociation, il accepte de nous baisser le prix à 5000, ce qui correspond au prix que nous avions repéré.

Nous arrivons sur la plage, face au petits îlots qui se dressent hors de l'eau à une centaine de mètres de la côte, moins de 2 heures après avoir quitté le camping. Nous passons nous enregistrer et payer, et notre chauffeur nous montre une grille de tarifs placardée au mur de la bicoque de son agence, indiquant que l'excursion coûte effectivement 7000 pesos par personne... Oui, nous oublions parfois qu'au Chili, la plupart du temps, les prix sont fixes, affichés, et non négociables. Nous ne sommes plus en Asie! Enfin bon, aujourd'hui, c'est passé. En revanche, nous constatons une fois de plus la rapidité d'élévation des prix chiliens : en un an, la visite des Pinguineras a augmenté de 2000 pesos!

Nous avons un peu d'attente avant d'embarquer, et nous nous promenons un peu sur la plage battue par les vents, nous posons dans le sable pour grignoter un morceau, et explorons un petit sentier qui s'enfonce dans la forêt en surplomb de la plage.



Un autre groupe de visiteur arrive bientôt, et nous embarquons sur frêle esquif pour nous diriger vers le îlots.

Le guide qui nous accompagne est une mine d'information en ce qui concerne le coin et les pingouinos. Ou plutôt les manchots : oui, ici s'observent non pas des pingouins mais deux espèces de manchots, à savoir le manchot de Humbolt et le manchot de Magellan.

La visite, en ce qui nous concerne, s'est déroulée intégralement en espagnol, et nous avons eu un peu de mal à saisir tout ce qu'on nous a expliqué... Tandis que nous faisons de gros efforts de concentration sur ce que baragouine notre guide, nous approchons d'un premier îlot... et paf! Nous tombons sur nos deux premiers petits et adorables manchots qui prennent l'air sur une falaise!



Au total, la visite, d'une cinquantaine de minutes, nous montrera 5 ou 6 manchots (moins que ce que nous espérions, mais nous n'allons pas nous plaindre!), mais aussi une colonie de phoques et de nombreuses espèces d'oiseaux. Je m'excuse pour la qualité des photos, mais la mer était pas mal démontée, et seule Léonore a réussi à tirer quelques clichés potables!



Finalement, nous rejoignons la terre ferme très satisfaits! Voici notre première rencontre avec des manchots depuis les yellow-eyed pinguins dans les Catelins, en Nouvelle Zélande, et notre première rencontre tout court avec ces deux espèces là. La mission pingouins est un succès! Quant au reste... ba forcément, on devient exigeant, et forcément nous avons déjà vu laaargement mieux!

Bon bon bon, maintenant il va falloir rentrer... Le problème étant qu'hormis les excursions vers Las Pinguineras, il ne se passe presque rien dans le coin, et il n'y a pas un rat... Nous quittons la plage et remontons un peu à travers une jolie campagne...



...Et c'est la fête : nous entendons une voiture revenir de la plage, levons le pouce en dégainant nos plus beaux yeux de cockers mouillés, et paf! Une mère et sa fille nous récupèrent. Et elles se rendent à Ancud!

Nos deux amies habitent à Valparaiso, et passent quelques semaines de vacances dans le coin. Visiblement, nous avons de la chance : elles devaient faire partie du groupe suivant à partir observer les manchots, malheureusement à notre retour la mer est visiblement devenu bien trop agitée pour la navigation, et elles ont du repartir. Le malheur des uns...

En milieu d'après-midi, nous voilà donc arrivés, bien plus tôt que ce que nous avions prévu! Nous rentrons directement au bercail pour discuter un peu avec le papito qui gère le camping et lui demander son avis sur les immanquables de l'île. Le lendemain, nous comptions nous rendre à Castro, la principale ville de Chiloé, mais le patron nous dissuade de nous pointer directement là-bas : visiblement c'est plutôt grand et pas mal agité, et en plus il y a pas mal de chose à voir sur la route. Il nous parle notamment de Dalcahue, un petit village de pêcheurs posé au bord de l'eau, à 70 kilomètres au sud d'Ancud. D'après lui, le bled est très sympa à parcourir, et il est de plus possible d'y prendre un ferry pour une superbe petite île situe tout près de la côte, Quinchao.

Et bien cher ami, nous te faisons confiance! Nous décidons de rejoindre Dalcahue dès le lendemain.  Doux retour à la vadrouille hasardeuse, sans dates et sans programme, avec les habitants comme seuls guides...

Nous nous posons ensuite pour nous projeter un peu dans l'avenir : par où allons-nous passer pour descendre au Torres del Paine?

A l'origine, comme je le disais, nous envisagions de zapper tout le reste de la Patagonie chilienne, et de remonter à Puerto Montt pour rejoindre ensuite l'Argentine et y effectuer toute la descente, en nous arrêtant à El Chalten et à El Calafate, à l'aller ou au retour. Mais il n'y a rien à faire : nous voulons au moins jeter un oeil à cette Patagonie australe sur laquelle nous lisons des merveilles, et dont les clichés paraissent retouchés tant ils sont grandioses! Et nous pouvons repousser nos dates pour le trek, ce qui nous libère quelques précieuses journées supplémentaires!

Nous nous disons que nous ne sommes peut-être pas obligés de remonter, depuis le sud de Chiloé il doit forcément être possible de rejoindre le continent et de descendre, au moins sur une partie du trajet, le long de la célèbre Carretera Austral, pour passer en Argentine plus bas...

Nous vérifions, et oui, c'est possible!

Une compagnie appelée Naviera Austral propose des traversée en ferry vers le continent. Le ferry part d'une ville située au sud de Chiloé, Quellon, et rejoint le coeur de la Patagonie chilienne en quelques 30 heures de voyage à travers les fantastiques fjords de la côte! Le ferry termine son voyage à Puerto Chacabuco, un village qui constitue le principal port d'une région isolée du monde. Pour info, il y a deux départ depuis Quellon vers Puerto Chacabuco par semaine (consultez leur site pour les disponibilité) et le billet coûte 17300 pesos par personne. Le plan est alléchant, et nous creusons un peu. De Puerto Chacabuco, nous pourrons rejoindre la seule et dernière grande ville du coin, Coyhaique, et faire un tour dans sa réserve naturelle, visiblement formidable.

Ensuite? Nous bondissons en constatant qu'il est visiblement possible de rejoindre El Chalten, en Argentine, depuis la dernier village de la Carretera Austral au Chili après un trek de trois jours... mais nous nous refroidissons vite : le poste frontière terrestre par lequel il faut passer n'ouvre lui non plus pas avant le premier novembre.

Nous verrons plus tard notre itinéraire après Coyhaique. Pour le moment, nous vérifions qu'il y a bien des points de passages vers l'argentine après Coihayque, puis nous réservons notre ferry Quellon-Puerto Chacabuco pour le 21 octobre, 5 jours plus tard, avant de renvoyer une rafale de mails à Fantastico et Vertice. Nous profitons ensuite d'une dernière soirée tranquille à Ancud, à nous monter le bourichon en nous imaginant à quel point les jours qui viennent vont être formidable!

Nous revoilà au coeur de quelque chose que nous adorons et que nous n'avions pas retrouvé depuis longtemps, notre vadrouille prend la forme d'un joyeux bazar complètement décousu et imprévu, et nous suivons notre instinct et les conseils des gens au jour le jour. De formidables impressions nous reviennent, finalement cela faisait un bout de temps que nous n'avions pas voyagé comme ça, sans plan ni contraintes, avec nos pouces pour nous déplacer et les habitants pour nous guider, et qu'est-ce que ça fait plaisir! Nous savourons le présent, et notre sentiment de liberté est absolu. Enfin, presque...

Pour être honnête, nous commençons à être pressés d'en avoir fini avec cette histoire de Torres, pour pouvoir enfin passer à autre chose et être libres de nos mouvements! Ce machin nous étouffe presque et nous empêche de profiter d'une virée sinon parfaite.

Au matin, nous mettons les voiles. Nous marchons dans l'autre sens les 3 ou 4 bornes qui nous séparent de l'autoroute, et prenons nos postes, la mine jovial et le pouce fièrement tendu.

Et puis au bout d'un moment il faut se rendre à l'évidence : le stop au Chili, c'est cool! Nous attendons 4 ou 5 minutes avant d'être embarqués par un homme très content d'avoir un peu de compagnie sur son trajet. Il nous dépose à la sortie pour Dalcahue, et nous aurions volontiers parcouru les quelques 3 kilomètres restant à pied si nous n'avions pas été récupérés presque instantanément par un gars se rendant au travail dans le centre du village!

Nous voilà arrivés, à nouveau moins de deux heures après être partis. Il est grand ce pays! Nous arpentons la seule grande rue de Dalcahue, qui traverse deux rangés de jolis bâtiments tout en bois, toujours aussi colorés, en direction de la sortie de la ville. Nous ne tardons pas à trouver un camping, le Bordemar, qui se présente sous la forme d'un vaste espace d'herbe perché juste au-dessus du port du village, face à l'île de Quinchao dont les rives se trouvent à une centaine de mètres de l'autre côté d'un petit détroit. La tenancière, une vieille dame à l'air gentil mais qui a le sens des affaires, nous annonce la couleur : 5000 pesos la nuit par personne... Ouch! 14 euros et quelque pour nous deux, tout ça pour poser notre tente par terre? Nous parcourons son camping complètement vide du regard, puis lui annonçons que nous ne paierons pas plus de 7000. Nous n'avons pas à insister bien longtemps, il n'y a absolument personne, et la patronne n'a beaucoup d'arguments à nous opposer.

Nous montons le camp près d'un petit abris avec table, et partons explorer Dalcahue, remontant la rue principale avant de descendre vers le port. Toutes les maisons et les petites échoppes du village sont fabriqués en espèces de tuiles et de lattes de bois superposées et peintes de couleurs claires, pastels ou au contraire bien flashy. Côté ambiance, on oscille entre le village de pêcheurs et la zone finalement assez touristique. En pleine saison, il doit y avoir du monde! Mais nous n'y sommes pas encore, et nous parcourons les petites ruelles au calme, tandis que le temps change toute les cinq minutes, et que les averses succèdent aux périodes de grand ciel bleu.

Après un petit gueuletons d'empanadas, nous passons jeter un oeil à l'église en bois du coin, qui fait partie des 16 de l'île classées au patrimoine mondial, répondant au doux nom pas du tout déprimant de Notre Dame de la Douleur.



J'en profite pour vous dire deux trois mots sur ces fameuses églises qui ont fait en grande partie la renommée de l'île. Elles ont toutes été construites entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, alors que le Chili faisait partie de l'empire d'Espagne, par le peuple autochtone de Chiloé, sous la direction des missions jésuites espagnoles. Elles tranchent beaucoup avec l'architecture coloniale classique, étant donné qu'elles ont été réalisées presque intégralement en bois, matériau de base dont disposait les indigénes. Parmi les dizaines d'églises de Chiloé, 16 ont été inscrites au patrimoine mondial de l'humanité en 2000. Voilà pour la petite histoire.

Nous descendons ensuite sur le port avant de suivre le bord de l'eau au son des clapotis de l'eau sur les coques des bateaux de pêche, croisant petites places, marchés artisanaux, restos et promenades. C'est calme, joli, et le tout respire la sérénité et la tranquillité. Une paisible fin de journée sur les rives de la mer...



Calme et volupté, c'est exactement ce que nous voulions! Nous remontons nous percher au-dessus des flots et effectuons quelques corvées avant de nous poser et de profiter de la vue formidable et de l'atmosphère paisible. On est bien!



La pluie tambourine sur la toile de la tente toute la nuit, mais le lendemain à l'aube, le soleil brille, les oiseaux chantent, et nous nous enfilons un thé avant de descendre vers l'embarcadère pour attraper l'un des deux ferrys qui effectuent des allers-retours entre Chiloé et Quinchao sans interruption tout au long de la journée. La traversée ne dure que 4 ou 5 minutes, et est gratuite, pour les piétons en tous cas (bonne surprise!).

Nous débarquons sur Quinchao pour nous retrouver à nouveau dans la cambrousse, au milieu de collines boisées ou couvertes de prairies, où apparaissent parfois quelques maisons ou fermes. Nous  marchouillons un peu le long de la petite route qui monte en sillonnant vers l'intérieur de l'île en attendant un nouvel arrivage de voitures.

Alors Quinchao, c'est tout petit, quelque chose comme 120 kilomètres carrés à tout casser. Nous voulons tout d'abord rejoindre le village qui a donné son nom à l'île, dans la partie sud de cette dernière, à une trentaine de kilomètres du quai, pour passer voir son église, l'une des 16 classées.

Nous levons le pouce lorsque nous entendons une première volée de voitures débarquer derrière nous du ferry suivant, et sommes récupérés par un homme. Et miracle, il parle anglais! Alors nous voulons absolument privilégier l'espagnol, l'anglais c'est bon, on maîtrise, mais pour une fois, nous faisons une entorse à nos résolutions et discutons bien avec notre chauffeur (qui, est-il nécessaire de le préciser, peut nous poser au village de Quinchao!). Le gars est très sincèrement heureux de rencontrer des français qui parlent espagnol, même un petit peu, même maladroitement. C'est la première fois que ça lui arrive! Notre ami, franc du collier, nous explique qu'il trouve qu'en temps normal, nos compatriotes ne font pas vraiment d'effort pour apprendre ne serait-ce qu'un peu d'espagnol, et pire, râlent parce que les gens ici ne parlent quasiment jamais anglais!

Il interrompe parfois notre discussion pour ralentir et nous montrer de magnifique point de vue sur la campagne et les forets de l'ile, decidement magnifique.

Nous arrivons rapidement dans le village de Quinchao, qui étale ses quelques maisons de bois et son hall communal au bord d'un littorale magnifique. Il nous débarque en plein devant l'église, et nous laisse après nous avoir donné quelques conseils pour la suite de la journée. Apparemment, nous ne devons pas rater le village d'Achao, un peu plus au nord, pour son église et sa plage. C'est noté l'ami!

Nous voilà dans le village. Il n'y a pas un chat en dehors de deux ou trois personnes qui discutent au milieu de la minuscule petite place centrale.

Nous passons voir l'église, Notre-Dame-De-Grâce. Un peu moins bourrin que "La Douleur"! Pour le moment, c'est le plus belle édifice que nous ayons vu dans l'archipel.



Nous partons ensuite profiter du calme ambiant en nous baladant au bord de l'eau. Pour le visuel, je vais laisser la parole aux photos :



C'est plutôt mignon! Et les bestioles ne sont pas en reste...



Nous nous posons en silence au bord de l'eau pour grignoter un morceau en soupirant d'aise, écoutant le glouglou des vaguelettes qui s'échouent paresseusement sur les galets du rivage, devant de petites barques échouées, tandis qu'une tripotée d'oiseaux fouille les alentours en quête de nourriture.

Nous quittons bientôt les lieux pour marcher un peu dans la campagne. Nous sommes dans un coin reculé de l'île, et il n'y a pas grand monde, ce qui n'annonce rien de bon pour le stop mais participe au calme.



Et puis en fait, on s'inquiète pour rien : la première voiture qui nous croise alors que nous avons le pouce en l'air nous embarque! C'est une brésilienne, qui se rend justement à Achao et peut nous poser près de la plage. Nous tentons la discussion, mais nous avons beaucoup de mal à comprendre ce qu'elle nous dit à cause de l'accent portugais... 

Elle nous pose en plein centre. Achao est une petite ville, nettement plus grande que Quinchao et plus urbanisée. Son église, Notre-Dame-de-Lorette, trône près de la place centrale, et si sa façade extérieur est intéressante, ce sont surtout ses intérieurs intégralement en bois qui valent le coup d'oeil.



La journée touche à sa fin. Nous rejoignons la plage pour nous poser un moment face aux vagues...



...Avant de passer au marché pour choper une nouvelle meule du formidable fromage chilote. Nous sortons ensuite un peu de la ville pour lever le pouce, et comme d'hab, après moins de dix minutes, un jeune homme nous ramasse à bord de son camion. Il se rend à Castro, et passe évidement par Dalcahue. Nous parlons binouzes tout le temps que dure le trajet, et en fin d'après-midi nous voilà rentrés.

Nous passons faire quelques petites courses, et nous terminons la journée en réalisant notre rituel à présent quotidien d'harcèlement électronique de Fantastico et de Vertice, avant de déterminer notre prochaine destination. Et ce sera le village côtier de Chonchi.

Chonchi, nous savons juste que c'est au sud, en-dessous de Castro. Ce qui a déterminé notre choix? Chonchi. Chonchi! Sans rire, prononcez ce nom à haute voix! Bon ok, nous avons aussi vu qu'il s'y trouvait une autre église classée particulièrement belle...

En revanche, depuis que nous avons quitter Valparaiso, même si notre exploration de l'île se déroule dans le calme le plus absolu, nous n'arrêtons pas de bouger. Nous décidons de nous arrêter à Castro pendant un jour ou deux histoire de nous poser un peu, avant de rejoindre le petit village, d'y passer la journée puis de rejoindre Quellon. Et oui, nous sommes déjà le 18 octobre, et nous prenons la mer pour Puerto Chacabuco le 21 à 23h! Que le temps passe vite... Après avoir balancé notre rafale quotidienne de mails de relance pour le Torres, nous prennons en photo une carte des campings de Castro afin de ne pas trop avoir à tourner sur place pour trouver un point de chute.

Au matin, nous plions le camps pour nous embarquer dans une journée... Mais une journée... On oublie le calme, le beau temps et la facilité d'exécution qui semble dominer notre virée chilote depuis que nous avons débarqué sur l'île : aujourd'hui, les dieux de la vadrouille en stop et sous tente vont nous rappeler que ce style de voyage, c'est pas la fête tous les jours!

Nous quittons le camping vers 9h, avec la ferme intention de rejoindre rapidement Castro, de nous trouver rapidement un camping et de nous y poser pour la journée ainsi que celle du lendemain. Castro étant à moins de 20 bornes de Dalcahue, c'est la fleur au fusil que nous sortons du village et que nous nous postons au bord de la route, tandis que je manque une occasion de la boucler en sortant la phrase qu'il ne fallait pas : "aller, à 10h on est posé!". Souvenez-vous en de celle-ci...

Une voiture s'arrête bientôt, et un jeune homme nous embarque pour nous poser sur la route principale qui descend vers le sud de l'île. En chemin, il nous recommande de filer directement à Chonchi, apparemment plus petite, moins agitée et plus sympa que Castro. C'est la deuxième fois qu'on nous dit ça... Nous decidons de tracer notre route en suivant son conseil, et nous lui demandons s'il y a des campings pour se poser à Chonchi. Pas de problème qu'il nous répond...

Arrivés sur l'autoroute, la pluie se met à tomber (ba oui, aucune journée de galère n'est vraiment marrante sans pluie!), mais un autre homme nous récupère rapidement. Il se rend dans le centre de Castro, mais effectue un bon détour pour nous poser à la sortie du bled. Le temps de traverser le centre-ville, nous nous apercevons que oui, c'est grand, oui il y a du monde, en revanche le coin nous paraît sympa tout plein... Il sera toujours temps d'y revenir demain!

Tandis que nous descendons de la voiture, notre chauffeur nous laisse son numéro pour l'appeler à la rescousse si jamais le stop ne marche pas, et nous continuons le pouce sous une pluie qui n'en finit plus de tomber...

Un lift plus tard, nous sommes à la sortie pour Chonchi. Nous découvrons un premier camping, malheureusement fermé, et sous de sporadiques averses, nous nous mettons en route pour le centre du village, quelques kilomètres plus loin.

Une fois sur place, les choses commencent à devenir intéressante... Déjà, la pluie redouble d'intensité, et nous commençons à être trempés. Ensuite... Pas moyen de trouver quoi que ce soit d'ouvert! Nous passons un deuxième camping, dont le proprio refuse de nous ouvrir les portes, en nous expliquant qu'il n'a pas encore démarré la saison. Nous arrivons au bord de l'eau pour découvrir une petite promenade qui doit être bien sympa sous le soleil, et commençons à demander notre chemin un peu partout autour de nous. C'est d'abord une jeune fille qui nous dirige vers le supermarché du coin. Sur place, nous provoquons un petit rassemblement de caissières et de managers en demandant si quelqu'un connait un camping d'ouvert dans le coin, tandis que tout le monde s'interroge et tente de nous fournir une réponse. On nous explique comment nous rendre dans le dernier camping que nous n'avons pas passé, situé dans les hauteurs du village. Parce que oui, Chonchi c'est sacrément pentu!

Sous la pluie, trempés, nous grimpons laborieusement une succession de ruelles bien raides en suivant les indications qu'on nous a donné, mais nous ne trouvons rien. Il n'y a pas un rat, le village et ses petites maisons colorées ont des allures de village fantôme, et nous tournons près de deux heures sans rien trouvé.

Finalement, en début d'après-midi ("aller, à 10h on est posé!"), nous nous abritons pour grignoter un morceau en compagnie d'une meute de chiens mouillés. Pourquoi rien n'est ouvert? Chonchi est pourtant plus réputé que Dalcahue, et nous sommes au printemps : nous imaginons que la saison touristique, même si elle ne bat pas encore son plein, a dû démarrer. Alors pourquoi? Sommes-nous trop en avance?

Tandis que nous errions dans le village, parmi les rares personnes que nous avons croisé, un homme nous a décris un bon spot de camping sauvage, un peu à l'ecart des maisons, dans une espèce de parc public, mais nous rechignons à aller y monter le camps. Nous voulons nous poser avant d'attaquer notre grande transhumance vers le sud, et rechignons à le faire à la sauvage. Une pause dans la vadrouille, en général, signifie pour moi du temps libre pour pouvoir travailler sur le blog, mais pour cela j'ai besoin d'un abris, d'électricité, voir d'internet...

Nous bougeons en stop au hasard, nous dormons sous tente, et tout ça nous rappelle nos vadrouilles européennes, mais nous ne sommes plus que moyennement chauds à l'idée de faire du camping sauvage et avec tout ce qu'il implique, surtout à côte d'habitations et sous la pluie : trouver un endroit où finir la journée, attendre la nuit pour aller monter le camps, replier avant le lever du jour... On doit se faire vieux!

Nous décidons de retourner à Castro et de nous en tenir à ce que nous avions prévu au départ. Que de temps perdu inutilement! Vu l'état dans lequel nous sommes et les trombes d'eau qui s'abattent sur nous tandis que nous retournons dans le centre, nous prenons le bus.

Nous arrivons dans Castro épuisés tandis que la pluie s'arrête enfin. L'après-midi est déjà bien avancé, nous sommes détrempés, notre journée a été totalement inutile, et nous en avons marre. Mais ce n'est pas fini : nous marchons encore pour rejoindre l'une des adresses que nous avons repéré la veille, mais point camping au lieu indiqué... Fermé? Mauvaise adresse? Nous marchons à nouveau près d'une heure pour sortir de la ville et nous diriger vers la deuxième adresse que nous avons, sauf que sur place... Toujours rien. Nous vérifions le nom des rues qui nous entourent, montrons notre photo de carte google map aux gens, et... nous sommes au bon endroit, mais le camping affiché sur la carte n'existe pas. Pour info, nous nous apercevrons en quittant Castro le surlendemain que le camping en question se trouvait à plus de 6 kilomètres de l'endroit indiqué sur la carte... Bien joué google!

Il est 16h (encore une fois, "aller, à 10h on est posé!"...). Les pieds en feu, éreintés, las, nous décidons de lever le pouce pour reprendre le route de Chonchi. Tandis que nous étions dans le bus, nous avons en effet repéré plusieurs campings perdus dans la campagne, à plusieurs kilomètres de la ville. Notre objectif est de demander à nous faire droper dans le premier que nous croisons. S'il est fermé, nous lèverons le pouce pour le suivant, et ainsi de suite. Nous débranchons les cerveaux (chose que nous aurions du faire il y a plusieurs heures, mais nous avons perdu nos réflexes!) et stoppons.

Coup de bol, la magie du pouce ne nous a pas lâchés, et nous sommes rapidement embarqués, pour nous faire déposer quelques kilomètres plus loin devant un camping dont la porte est ouverte, le Chilote. On nous y propose la nuit à 10000 pesos pour deux, mais à nouveau nous lorgnons les emplacements vides et négocions la nuit à 8000. Voilà que nous dépassons les 10 euros pour poser la tente! Pour info, encore une fois, nous nous apercevrons bientôt que ce n'est pas grand chose...

Les emplacements disposent d'abris, nous montons le campement et nous posons enfin. Raaa... Il est 17h passé, voila 8 heures que nous avons quitté Dalcahue, 8 heures totalement inutiles. Une journée qui passe à la trappe!

Autour d'un petit thé chaud, nous nous rendons compte que finalement, ce n'est rien : une journée de pluie à lever le pouce inutilement, à débarquer dans un endroit pour finalement ne rien y trouver et mettre les voiles pour aller ailleurs, le tout dans un rayon de moins de 50 kilomètres? Ce n'est rien, absolument rien, ça nous est arrivé des milliers de fois, souvent en bien pire que ça, avec la neige à la place de la pluie, des lifts que nous attendions pendant des heures, des journées dans ce genre qui s'achevaient par des nuits sous la tente en camping sauvage sur un sol complètement gelé par température négative... Je vous laisse découvrir ou redécouvrir un exemple bien gratiné de nos missions hivernales en Europe (en le relisant, je me suis dis qu'on était quand même de sacrés tarés il y a quatre ans... Et en plus ça nous faisait marrer!).

Mais visiblement, nous nous sommes grandement déshabitués à tout ça, et ce qui était il n'y a pas si longtemps une journée pas facile classique est devenue aujourd'hui une mission épuisante... On se résigne moins facilement.

Côté nourriture, nous n'avons pas prévu large hier, étant donné que nous pensions avoir le temps de faire d'autres courses aujourd'hui, mais vu l'heure tardive et la fatigue, il est hors de question de lever le pouce pour retourner à Castro faire des courses. Nous nous contenterons de dîner sur nos réserves, à savoir du pain et une demi-meule de fromage! Bien manger, c'est important.

Au réveil, joie, le temps est radieux, et balaye la froide et morne journée d'hier. Tout jouasses que nous sommes, nous gambadons gaiement pour aller lever le pouce afin de faire un tour à Castro par cette belle journée. Un père et son fils nous ramassent, nous posent en plein centre, et nous voilà joyeusement partis pour faire un petit tour de cette ville que les habitants de l'île nous ont si proprement descendue.

Castro, la capitale de la province de Chiloé, a été fondée par les conquistadors espagnols au XVIe siècle, conquistadors qui en plus de coloniser l'île et de fonder sa capitale avaient pour mission de pacifier ses autochtones. J'aime le mot...

La ville est connue, entre autre, pour ses palafitos, ses maisons en bois bâties sur pilotis, et son église construite dans le style chilote, Saint François, qui jouxte la sempiternelle Plaza de las Armas.

Nous faisons le tour du bord de mer, tranquille et presque désert à cette heure, pour passer quelques marchés (et en profiter pour racheter... du fromaaage! Plus de fromaaage!) et admirer la vue sur l'eau.



Nous remontons dans le centre pour flâner autour de la Plaza et nous ébahir devant Saint François.



Il est temps ensuite d'aller recharger nos stocks de vivre. Nous explorons les avenues de Castro, et oui, il y a du monde, les grands axes sont couvert de marché à ciel ouvert, nous avons bien du mal à nous frayer un chemin parmi les passants, mais bon, rien de violent non plus, et la ville est finalement plutôt agréable à parcourir. Après c'est sûr qu'à côté du reste de l'île, c'est le chantier le plus total et ça manque cruellement de verdure!

Nous remplissons notre sac d'avocats, de tomates, de pain, de biscuits et d'oeufs pour la journée, puis nous dirigeons doucement vers la sortie de la ville après avoir englouti de grosses boules de purée de pomme de terre frites dans l'huile au bord d'un trottoir. Yep, au Chili, la street food n'est définitivement pas bonne pour la ligne!

Nous descendons vers les fameuses maisons sur pilotis. Le coin est sympa mais vraiment pas grand, et on a vite fait le tour.



Un petit coup de pouce et hop, nous voilà de retour au camping. Nous passons l'après-midi à nettoyer le matos, faire sécher nos affaires, avant de nous poser sous le porche de la maison du proprio pour cravacher sur le blog et faire un petit tour sur le net.

Fantastico et Vertice ne nous ont toujours pas répondu, et nous commençons à franchement les avoir mauvaises. Tout va pour le mieux dans le meilleur des monde, notre vadrouille est parfaite, il n'y a plus que ça qui coince, plus que ça qui nous coupe du plaisir absolu. Comme une grosse écharde douloureuse qui nous empêche de profiter à fond. Il y a ce truc à faire, ce truc à régler, ce truc unique mais qui nous parasite complètement! Nos mails deviennent plus raides, plus vifs, plus insistants. Nous voulons juste en finir avec ça. Nous ne savons pas si nous pouvons modifier nos dates de réservation, et cette incertitude nous empêche de décider quoi que ce soit en ce qui concerne les jours qui viennent. Et ce sont eux qui nous ont contacte en premier lieu, pour nous demander de leur répondre! Nous voilà bloqués à cause de compagnies incapables d'assurer le service pour lequel elles font payer des milles et des cents. A cause d'une réglementation de façade très restrictive justifiée par une volonté de préservation tellement bidonne que ça en devient drôle qui dans la pratique est appliquée de manière totalement anarchique, sans aucune organisation. C'est tout de même grand : le trek Torres del Paine, à cause des problèmes d'organisation qu'implique sa réalisation, de la difficulté à suivre ses règles et de son côté business touristique absolu et aberrant, nous sort déjà par les yeux alors que nous n'y avons même pas mis les pieds! Le pire, c'est que nous faisons preuve de toute la bonne volonté du monde : nous avons joué le jeux comme deux bons gros pigeons, avons fait l'effort de réserver en avance, de suivre gentiment les procédures, mais rien n'y fait.

En parcourant forums et réseaux sociaux, nous nous apercevons que tout le monde est à peu près dans la même situation que nous en ce moment : internet débordent de visiteurs sans nouvelles, de gens qui attendent désespérément des réponses des compagnies, qui sont sans nouvelles depuis des semaines... Le problème est général, et beaucoup de personnes se demandent même si les deux compagnies n'ont pas mis la clef sous la porte, ou ont été remplacées etc... Nous constatons que nous ne sommes finalement pas à plaindre : nous n'avons pas de date de retour, et disposons d'un créneau de temps qui se compte en mois pour rebondir. Pour ceux qui partent en vacance pour seulement deux ou trois semaines, cette absence de tout signe de vie de la part de Vertice et de Fantastico est autrement plus dérangeante point de vue organisationnel...

Nous voilà presque au pied du mur : en l'absence de réponse de la part des compagnies de réservation, nous sommes obligés de partir du principe que nous devons attaquer le trek le 26 si nous ne voulons pas perdre d'argent. Si nous ne nous présentons pas au campings de Fantastico, ceux que nous avons payé, aux dates prévues sans avoir annulé, nous ne serons pas remboursés. Ceci répresente une perte d'environ 60 euros (En ce qui concerne nos réservation avec Vertice, nous n'avons toujours pas recu de demande de paiement). Et pour vous dire à quel point nous en avons ras-le-bol de ce satané grain de sable qui vérole toute la machine, nous envisageons de laisser tomber, de ne pas nous pointer, d'envoyer une demande d'annulation, voir de perdre volontairement 60 euros pour nous rendre quand nous en aurons envie et y aller au culot directement dans les bureaux des agences à Puerto Natales (si nous résistons à l'envie d'y mettre le feu le moment venu), ou directement sur le trek! Il est en effet nécessaire d'annuler au moins un mois à l'avance pour pouvoir prétendre à un remboursement, mais vu les circonstances, avec le O fermé et le fait que nous ayons été prévenus si tardivement, ce délai ne veut plus dire grand chose. Nous verrons. Pour le moment, nous continuons le harcèlement, en envoyant plusieurs mails à chacune des compagnies.

Nous sommes déjà bien remontés en fin d'après-midi, malheureusement, à notre retour vers la tente, c'est le drame : nous avions placé toutes nos victuailles dans notre petit sac à dos d'appoint, fermé, lui-même étant posé sous le double-toit de la tente, lui aussi fermé... Nous débarquons au camp pour voir que le sac a été traîné à l'extérieur, que sa fermeture a été ouverte, et qu'il ne nous reste que nos tomates et nos avocats pour pleurer... Le pain et les biscuits ont disparu, et... Non! C'est pas vrai! Nooooon! Pas le fromage! Pourquoi? Pourquoiiiiiii?!!!!

La douleur laisse bientôt place à la haine, tandis que nous cherchons à savoir ce qui c'est passé tout en connaissant déjà la réponse. Et bien sûr, ce sont les habituels parasites, la plaie de ce monde, les créatures les plus désespérantes et stupides de la planète qui sont responsables : en suivant les morceaux d'emballages déchiquetés, nous tombons sur trois chiens en train de faire ripaille avec ce qui reste de nos provisions, c'est-à-dire presque plus rien... 

Après avoir chassé les saletés à grands coups de pied et de caillasses, nous passons voir le proprio du camping pour lui expliquer la situation. A savoir qu'il y a pas mal de chiens errants au Chili, et notre homme n'en est pas responsable. Mais ni une ni deux, il saute dans sa voiture, et un quart d'heure après revient avec un plein sac de pain et du frometon, malheureusement en tranche et infiniment moins bon que le petit fromage artisanal que nous nous sommes fait dérober. Satanés clébards...

Bon. Gardons la tête haute et l'esprit léger. Quand tout va mal, assied-toi et bois le thé! Ce que nous faisons, avant de nous empiffrer allègrement et de nous mettre au lit.

Au matin, nous plions le camps et nous préparons au départ. Quellon se trouve à 86 kilomètres au sud de Castro, notre ferry lève l'ancre à 23h, mais nous voulons nous laisser un bonne marge de manoeuvre pour arriver.

Avant de quitter notre camping, nous faisons un dernier tour sur nos boites mails avec l'espoir fou qu'une réponse concernant le Torres nous soit parvenue. Et bien sûr, il n'y a rien. Nous ne pourrons plus nous connecter durant les deux prochains jours, et nous envoyons un dernier mail avant de partir.

Le stop va marcher du tonnerre ce matin, un petit peu comme à chaque fois que nous levons le pouce ici. En deux lift, nous voilà dans le centre de Quellon, en fin de matinée. Nous faisons des provisions en vue de la traversée de trente heures qui nous attend, descendons au port, et localisons les bureaux de Naviera Austral.

Nous confirmons notre voyage, nous posons dans la salle d'attente face à un poêle bien chaud et ronflant, et nous préparons à affronter sereinement les quelques 10 heures de glandouilles qui nous attendent avant de mettre les voiles... 

On bouquine, on ecrit, on se tourne les pouces a s'en arracher la peau... Pi on discute, on se dit que ca y'est, on va se retrouver au coeur de cette grande Patagonie...

Le soleil se couche, et nous sortons pour admirer la vue. Quellon, c'est moche, mais le bord de l'eau envoie du lourd!



22h arrive, et nous nous mettons en route dans la nuit pour le quai, près duquel brillent les centaines de lumières du gros ferry de Naviera. Après-demain, nous serons sur la Carretera Austral!

C'est ici que je vais m'arrêter.

Et bien Chiloé, c'était... Chiloé.

Sa campagne ne nous a pas offert les paysages les plus hallucinants que nous ayons eu sous les yeux, mais c'était joli, verdoyant, calme, vallonné. Ses petits villages aux maisons colorées ne cassent pas trois pattes à un manchots, mais sont plein de charme et originaux. Ses belles églises sont ne sont pas les plus impressionnantes que nous ayons croisées (forcément, en Europe, on ne joue pas dans la même catégorie à ce niveau là...), mais interpellent par leur style architectural unique au monde (qui pour le coup ne se retrouve pas dans nos contrées). A tout cela s'ajoutent un littoral tout en falaises et en plages de galets, donnant sur des eaux calmes ou flottent quelques barques en bois et bateaux de pêcheurs. Sans oublier les manchots!

A part la visite que nous avons rendue à ces derniers, nous n'avons donc rien fait qui nous a paru exceptionnel ici, et pourtant l'île nous a conquit et nous avons beaucoup apprécié y vagabonder. Car il faut raisonner en prenant notre séjour ici dans son ensemble : Chiloé, c'est une atmosphère, un tout qui rassemble les éléments cités plus haut pour donner un endroit que l'on sent un peu à l'écart et coupé du monde, un endroit plein de sérénité, paisible et accueillant.

Nous ne savons pas encore s'il en va de même à travers tout le pays, mais en tout cas les habitants ici sont incroyables. Le stop est d'une facilité déconcertante, les gens se sont toujours pliés en quatre pour nous aider du mieux possible, et nous avons eu de bonnes conversations avec la plupart des personnes qui nous ont embarqués.

Il y a d'autres choses à voir que les sites que nous avons passés, notamment deux parcs situés au sud et à l'ouest de l'île, mais le prix du billet d'entrée, le faible nombre de trop courtes balades qu'il est possible d'y faire, ainsi que les tarifs des campings des alentours nous ont bien refroidi. Mais finalement l'intérêt de Chiloe ne tient pas à ses seuls sites touristique pris un par un.

Notre manière de parcourir l'île n'était de toute façon pas adapté à la réalisation d'un itinéraire enchaînant les sight seeings. Pendant cette petite semaine, nous avons renoué gentiment avec nos premiers amours, avec une méthode de voyage un peu plus aléatoire, sans plan, sans objectif, le pouce en l'air à l'écoute des habitants et de leurs conseils. Ceci nous a permis de nous immerger tranquillement dans l'ambiance si particulière de l'île, ambiance qui nous a semblé parfaitement adapté au vagabondage hasardeux. Au delà de ça, d'un point de vue technique, le fait de nous remettre un peu à la vadrouille sans préparation nous a très efficacement remis dans le bain du voyage! Se traîner sous la pluie sans endroit où dormir, faire des aller-retours inutiles à coup de pouce, marcher une heure pour rejoindre un bon coin stop ou chercher un camping, débarquer dans un endroit sans aucune informations et être obligé de faire du porte-à-porte dans les boutiques et sur les marchés pour trouver ce que l'on cherche, bref, se mettre de (toutes) petites difficultés dans les pattes, c'est marrant et ça dérouille!

En revanche, il faut se rendre à l'évidence : la chose nous fatigue aujourd'hui très vite, et nous n'allons pas en faire une habitude! Nous ferons ce qui nous fait plaisir, nous avons fait ce qu'il fallait en Nouvelle Zélande pour pouvoir nous le permettre.

Nous nous sommes souvent dit, tandis que nous travaillions au pays des kiwis, "pensons donc à tout ce que ce travail va permettre. Imaginons-nous au Chili, à profiter du fruit de tout ça en ayant rien d'autre à faire que profiter. Et quand on y sera, on se souviendra s'être dis ça!". Sur Chiloé, la belle et paisible, posés tranquillement face aux vagues, nous nous sommes souvenus. Nous y sommes. Notre année de vacances, nos 8 mois de vadrouilles sud-américaines tant attendus! Nous avons (relativement) le temps. Nous avons les moyens financiers.

Nous revoilà à fond dans le bouillon. La Patagonie chilienne et la Carretera Austral nous tendent à présent les bras... Ou pas. Reste à régler cette histoire bien moisi de Torres. Heureusement, la semaine un brin sauvage que nous venons de passer nous a aussi décrassé l'esprit, et nous allons bientôt trouver une solution très simple au problème...

A la prochaine!

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