samedi 1 février 2014

Kapadokya

Youpi! Apres une journee et demi de galeres en tout genre, notre reserve de photos est sauvee. Le numerique, c'est bien quand ca marche... Nous sommes a Trabzon, et histoire de casser le suspense tout de suite : nous avons obtenu nos visas pour l'Iran hier soir a 17h.
Apres Istanbul, nous avons renoue avec la marche en pleine nature, et quelle nature! Le parc de Göreme nous a fait exploser la retine pendant 6 jours. Au programme : 3 jours de treck et d'exploration au coeur du parc par tous les temps, des nuits en cavernes troglodytes, des villes souterraines et de formidables rencontres. Recit d'un atterrissage sur une autre planete:

Marche a travers le parc



Nous faisons les petits joueurs en quittant Istanbul en bus... Oui oh he hein... L'appel de la Cappadoce etait pressant, et sortir d'Istanbul en stop ou a pied, merci bien. Nous passerons la nuit sur la route, pour arriver tres relativement frais et dispos a Nevşehir, grande ville a l'entree du parc nationale de Göreme. Pendant que nous preparons le the a cote d'une mosquee, une petite dame vient nous voir, et apres quelques minutes de difficile conversation (notre amie parle un tout tout petit peu francais, et nous un tout tout petit peu turc), elle nous invite chez elle pour nous offrir the et solide petit dejeuner.

Nous passons un bon moment en compagnie de notre adorable bienfaitrice, avant de mettre les voiles pour le centre ville. Un passage par le point info touristes, ou l'on nous offre gratuitement cartes, 3 guides et un livre de cuisine (c'est tellement facilitant et economique de parler un peu la langue du pays!), et nous mettons le cap vers Uçhisar, a l'interieur du parc. Nous avons decide de parcourir a pied les 7 km qui nous sepa... Ah non, deux jeunes femmes nous recuperent et nous pose en bas du village! Nous commençons ainsi a decouvrir la Cappadoce.

Et nous en avions vu des photos, des reportages, comme tout le monde, mais nom d'un chou, en vrai c'est... Pas vraiment descriptible. Toute tentative d'explication sur ce que nous avons ressenti en parcourant ces etendues serait absurde, nous decrirons donc uniquement notre itineraire et allons essayer de mettre le plus de photos possible. Sachez juste qu'on en ressort la tete pleine, avec l'impression d'avoir atteint un nouveau monde inconnu. Niveau technique, la vallee resulte d'une intense activite volcanique qui a recouvert la zone de tuf friable, qui au fil des siecles et de l'erosion par le vent et l'eau a donne d'incroyables formations geologiques. La vallee fut occupee par l'homme des la prehistoire, et de nombreuses civilisations ont foulee ces terres: hittite, phrygienne, perse, romaine, byzantines, seldjoukide et ottomane. Ce sont les premiers chretiens, fuyant l'oppression de l'empire romain, qui ont investit et sculptes la zone de ses celebres structures troglodytes.


Nous visitons la citadelle d'Uçhisar, au sommet de laquelle notre regard porte sur toute la vallee, avant d'explorer les alentours. Pendant que nous vadrouillons au milieu des cones de tuf et des vestiges, un homme nous interpelle. Il s'appelle Recep, est tres marrant et sympa, et nous offre l'hospitalite pour la nuit dans sa pension amenagee dans une maison troglodyte... Ca fait 1h que nous sommes arrives, c'est notre premier jour ici, et nous allons passer notre premiere nuit dans une de ces celebres cavehouses! C'est dingue. Au matin, nous attaquons notre tour du parc a pied. Il durera 3 jours.



















Nous commencons par parcourir les gorges de la vallee blanche entre Uçhisar et Çavuşin, avancant doucement car nous arretant sans cesse pour contempler le paysage :


















Nous rejoignons Çavuşin, petit village ou l'on peut observer les plus anciens vestiges troglodytes de la vallee. Nous passons cheminees de fees, explorons tunnels et chateau, puis nous enfuyons dans les montagnes sur le chemin de la promenade de Zelve, qui surplombe la vallee rose.
















Nous parcourons la promenade de Zelve jusqu'a la tombee de la nuit, pour profiter d'un grandiose couche de Soleil au dessus de la vallee rose, que nous comptons explorer le lendemain. Nous plantons la tente en plein sur le flanc de la falaise.
















Au matin, moins de soleil mais beaucoup d'exploration. Nous descendons dans la vallee et passons la matinee a en explorer les moindre recoins. Nos vadrouilles sont sportives et ardues, mais recompensees par des trouvailles extraordinaires : nous denichons chapelle, demeures entieres, peintures encore conservees, gravures, tunnels. Cela necessite pas mal d'escalade, mais les resultats valent toutes les peines du monde!
























Nous quittons ensuite la vallee rose pour traverser les montagnes en direction du musee en plein air de Göreme, traversant a nouveau des etendues qui titillent violemment nos ames d'explorateurs, pleins de vestiges et de grottes. Nous arrivons au musee, apparement endroit a ne manquer sous aucun pretexte. Et c'est une deception. Au final, nous voyons la meme chose que ce que nous admirons gratuitement depuis 2 jours, le plaisir de la decouverte et de l'exploration gratuite en moins. Seul quelques chapelle presente des fresques magnifiquement conservees, et la plupart des salles sont inaccessibles. Au final, oui c'est une ancienne ecole dediee a st Basile, oui il y a une concentration de vestiges ici, mais cela justifie-t-il de payer? Nous pensons que non. Moralite ami voyageur, si tu vas en Cappadoce, prend des chaussures de marche, de l'eau et quitte les sentiers battus. Certe nous avons pas mal sue pour decouvrir des choses formidables, mais sans sac de 20kg sur le dos c'est a peu pres a la portee de tout le monde.













Nous sommes cueillis par la pluie a la sortie, heureusement la Cappadoce est un reve de camping sauvage, et nous trouvons rapidement un coin ou dormir. Demain, nous mangeons les gorges de Zime, entre Göreme et Ortahisar.

Au matin, un petit crachin nous rafraichit (mouais...), et nous nous engageons dans les gorges. Et crenom, nous en bavons pendant pres de 2h30. Sous la pluie bien sur. Escalade de roches, de pentes boueuses, saut de rivieres, et meme speleologie a la frontale, la balade se transforme en raid aventure. Mais nous adorons ca. Nous suons et ca fait plaisir! Nous finirons par grimper directement sur le tuf pour sortir de la gorge et rejoindre Ortahisar par la route. Bande de tares va!


















  
Nous traversons Ortahisar, petit village ou se melangent maisonnettes classiques et troglodytes, car il parait (il parait) que d'autres gorges relient le village a Ürgüp, mais nous n'en avons aucunes traces sur notre carte. Juste une marque flou sur google map atteste de sa presence. Rien que pour ca, nous nous y jetons. L'entree de la gorge est un depotoire, et nous la quittons bientot pour retourner dans la plaine planter la tente apres cette journee eprouvante.

Au matin, surprise, il a neige et la tente est toute gelee! Nous remballons et rejoignons Ürgüp dans le decors feerique de la Cappadoce sous la neige, achevant ainsi notre marche au pays des merveilles.














Notre treck est termine, mais nous voulons encore passer voir les villes souterraines de Kaymaklı et Derinkuyu a une trentaine de kilometres au sud. Nous commencons a stopper, pour etre recuperes par trois hommes qui se rendent a Mustafapaşa, sur notre route. C'est ainsi que nous faisons la connaissance d'Ekrem, en train de monter une pension a Ortahisar. Une de ces rencontres rares et inoubliables. 
Il nous invite a prendre un cafe, et nous papotons quand un groupe de franco-belges fait son entree. Nous ne sommes pas trop chaud pour engager la conversation (des touristes en voyage organise...restons ouvert, ca ne veut rien dire), mais notre ami nous encourage a les saluer. Le festival commence, lorsque repondant a l'invitation d'Ekrem a s'assoire a notre table, un vieil homme repond un tonitruant ''oh ba oui, chui pas raciste''. Des vrais, des authentiques specimens. Au rayon des phrases cliches, nous citerons: ''c'est quoi ce pays ou ils n'ont meme pas de pastis'', ''BİCHETTE, TU M'ATTEND J'VAİS PİSSER'', ''on etait dans un avion musulman, ils ne vendaient meme pas de cigarettes'', ''Les flamands c'est tous des salopards'', et bien d'autres... Nous sommes tres gene, heureusement les loustics ne parlent pas un mot d'anglais ni de turc. Malheureusement, car nous nous retrouvons a faire les interpretes... Si nos anciennes profs d'anglais nous voyaient! 
Les caricatures partent bientot, et Ekrem nous propose de passer la nuit dans l'une des chambres de sa pension, qui ouvre ses portes dans 10 jours. Nous acceptons avec joie cette deuxieme nuit en chambre troglodyte. Meme si pour cela... Nous retournons a Ortahisar. 
La soiree au cafe de son oncle est excellente, avec tout les habitues du village, et notre hote adorable. Il est lucide, intelligent, pas interesse par l'argent du tout. Il ne demande qu'a vivre heureux simplement avec ses chevaux et sa pension. Pour preuve, au Crazy Horse Pansyon d'Ortahisar, les moins de 18 ans ne payent pas, une chambre double coute environ 25 euros. Nous parlons de tout, Ekrem fait partie de ces etoiles filantes que nous croisons parfois, cherchant le bonheur sachant qu'il ne se trouve pas forcement dans une grande maison ou une belle voiture. La chambre est magnifique, tout equipee, il y a meme un jacuzzi! Hors de question de l'utiliser au vu de la flotte que cela consomme, mais quand meme! Bref, vous savez ou dormir si vos pas vous menent un jour en Cappadoce. Nous nous couchons ravis et au chaud.


Les villes souterraines, le depart


Au matin, la separation est plus difficile que d'habitude. Mais il nous faut prendre le bus pour Nevşehir. Au revoir, çok teşekkür ederim Ekrem, nous nous reverrons. A Nevşehir, le stop est un peu plus coton que d'habitude (c'est qu'on s'y habitue!), et nous mettons plus d'une heure a trouver une voiture qui nous pose devant l'entree de la ville souterraine de Kaymaklı. La visite est stupefiante, et nous explorons un moment les tunnels, caves a vin (un sacre paquet!), les salles en tout genre. En sortant en milieu d'apres midi, nous decidons de tracer jusqu'a Derinkuyu. Le stop est prolifique, et nous arrivons bientot sur place, pour nous engoufrer dans les tunnels. Plus grande, plus vaste, la cite souterraine est extra a explorer, nous passons une multitude de chapelles, de conduits d'aeration, de lourde portes de pierres rondes, et de tombes.

Kaymaklı:














Derinkuyu:













Nous ressortons sans trop avoir prevu notre fin d'apres midi. En bon bourrins, nous decidons de continuer a stopper : nous devons rejoindre le Yellow caravanserail, pres d'Avanos, au nord du parc. Un homme nous recupere. Il ne parle que turc, mais il y a toujours moyen de discuter, et il propose bientot, tandis que la nuit tombe, de nous payer une chambre dans l'hotel ou il descend, a Ürgüp! Carrement! Nous arrivons en ville, il nous offre le diner dans un resto presque chicos, tres classe, avec serveurs attitres en chemises blanches... Hier midi, nous grignotions nos sandwichs, crasseux, dans les plaines, et ce soir nous degustons le meilleur de la cuisine turque sur un fond de musique classique. Ce pays est incroyable, hallucinant. Nous dormons a nouveau dans un lit! Avec la caillante qui regne dehors, ce n'est pas dommage.

Au matin, nous parvenons en stop jusqu'a Avanos, et parcourons de vastes etendues balayee par les vents a pied. Le caravanserail servait de halte pour les marchands de la route de la soie, et en l'atteignant a pied apres une bonne heure de marche nous remontons dans le temps. Nous trouvons l'edifice desert, et en faisons le tour. Magnifique cour interieur, couleurs chaudes, tableaux sur les murailles, nous sommes dans une oasis au milieu du desert. Nous voulons nous poser un moment, mais un homme arrive et demande si nous voulons des billets. 

Nous sommes proches de l'entree, il ne soupconne pas que nous avons deja retourne la zone. Nous refusons poliment et quittons l'endroit, pour aller preparer le monstrueux trajet en stop qui nous attend pour rejoindre Trabzon, a 700 km au nord est. C'est la fin de notre vadrouille dans ces contrees extraordinaires, qui fut sauvage, sportive, riche en decouverte et en exploration. Apres la folie d'Istanbul, nous apprecions cette formidable Cappadoce hivernale, paisible et presque completement derserte. Nous repartons des images plein la tete et les yeux petillants. A present, nos pensees se tourne vers le visa iranien qui nous attend peut-etre au bord de la mer noire, loin.











La suite au prochain episode!




1 commentaire:

  1. magnifique ! Décidément ce voyage est extraordinaire ! je suis preneuse de votre carnet d'adresses !!! Bises

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