dimanche 23 février 2014

Départ de Turquie, folies en Iran, Dubai, et enfin...Décollage pour Kathmandu et le Népal!

Nous sommes toujours là, plus frétillant que jamais, au coeur du Népal! Inutile d'essayer de décrire notre état d'esprit actuel, notre cerveau part dans tous les sens et nous le vivons bien, même si il devient de plus en plus difficile de rassembler nos idées! Nous voici donc à Kathmandou (ouiiiiiiiiiiiiiiiii!!!) depuis avant-hier matin, tout fous et intenables, après deux semaines fabuleuses en Iran suivies d'une mission iréelle, complètement barrée et improvisée, qui nous a fait rejoindre le Népal en moins de trois jours et pour moins de 300 euros!

L'Iran a constitué une expérience fabuleuse, magique, riche en découvertes formidables et en rencontres. Le pays nous a tapé violemment dans l'oeil et dans le coeur, et nous en ressortons tout secoués. Malheureusement, avec nos 15 jours de visa, nous avons dû pour la première fois faire preuve d'un peu d'organisation et de planification, au final nous n'avons pas connu de jours creux et nous avons bougé dans tous les sens. En résulte une fatigue assez intense, mais nous prévoyons quelques jours à Kathmandu pour nous remettre d'aplomb avant de filer dans l'Himalaya! Récit rapide de nos derniers jour en Turquie, de notre traversée de l'Iran et de notre incroyable voyage jusqu'au Népal.

Nos jolis minois au chateau des assassins, Alamut, Iran. Pourtant, que la montagne est belleuuuu!


Plantations de thé, montagne et... hôtel 5 etoiles

Un petit problème technique nous a crashé toutes nos photos de Turquie. Pas d'inquiétudes cependant, nous avions tout gravé sur cd avant, excepté les images des trois derniers jours dans le pays. Alors on se remue les meninges et on imagine!

Nous nous étions quittés à Of, sur les rives de la Mer Noire. Nous en sommes partis sans réel programme, voulant juste vadrouiller un peu la zone autour de Rize, voir quelques plantations de thé et tenter de rejoindre Erzurum en passant par les montgnes. Nous voilà donc stoppant pour on ne sait pas trop où, rejoignant Iyidere puis tirant vers le sud, malgré les avis de nombreuses personnes nous déconseillant de passer dans les montagnes, sans que l'on comprenne pourquoi. Le froid? Et? Au nord est de la Turquie, il faut dire que plus personne ne parle anglais...

Nous sommes récupéré par un couple qui se rend à Ikizdere, et nous sommes emportes vers l'inconnu en montant au milieu des sapins tandis que le paysage devient blanc et que la nuit tombe. Nous arrivons au milieu d'une station thermale, et le couple nous propose un spa... C'est bien gentil, mais il fait nuit et nous devons camper dans la neige... Visiblement, c'est inconcevable pour les gens qui nous entourent, et tout le monde parle sans que nous comprenions quoi que ce soit. Un bazar monumentale se déroule sous nos yeux, et nous tentons d'expliquer qu'il n'y a aucun problème, nous allons nous retirer, c'est gentil, et blablabla...

C'est à ce moment que la patronne de la station arrive, et lance un surréaliste ''Turkish hotel, no problem''...? What? On nous fait comprendre que nous sommes invités gratuitement par la boss à dormir à l'hôtel du coin. L'établissement en question? Un gigantesque palace 5 étoiles full options, avec spa, piscine chauffée, buffet à volonté et tout le tremblement. C'est hallucinant.

La suite tient de la science fiction : Nous suivons notre hôte et débarquons tout crottés dans le hall en marbre, et rejoignons une chambre incroyable dont la moitié des murs sont des baies vitrées donnant sur la montagne enneigée. Nous prenons une douche et nous drappons dans des peignoirs d'un blanc immaculé brodés d'or tel deux bons bourgeois, et au diner nous sommes les invités d'honneur de la maitresse des lieux, Fatma, pour un craquage de ventre à grand coup de gastronomie turc qui nous laisse pliés en deux... Idem pour le petit déjeuner du lendemain, après une nuit dans des draps de soie... C'est fou!

Au matin, avant notre départ, nous passons saluer et remercier Fatma, qui nous explique que c'est par la grâce d'Allah que nos routes se sont croisées, et qu'une chambre nous attendra toujours ici si d'aventure nous revenons. Incroyable!


En route vers Van

Une mauvaise nouvelle cependant : si l'on nous a si ardemment déconseillé de passer par les montagnes, c'est tout simplement parce que c'est impossible, les cols sont fermés à cause de la neige... Retour à Trabzon obligatoire, pour rejoindre Gumushane et contourner les sommets impraticables... Fichtre. Heureusement, le stop est miraculeux, et en deux voitures nous rejoignons Trabzon (passant finalement les fameuses plantations de thé pour lesquelles nous étions venus...) puis Gumushane! Notre dernier chauffeur fait d'ailleur preuve d'une gentillesse extraordinaire lorsque, appitoyé par ma veste polaire... Il me donne sont blouson! Les turcs sont décidement des gens incroyables.

Pas le temps de continuer, nous demandons l'autorisation de planter la tente dans un champs et installons notre panoplie spéciale nuit glaciale. Celle-ci promet d'être éprouvante, à 2000m d'altitude au coeur de l'hiver... -5 degrés à 19h, -10 à minuit, et encore sous la tente... Il doit faire -15 à l'extérieur... Au matin, l'intérieur de la chambre est givré, et nos bouteilles d'eau ont gelé... Mais le moral est toujours là, même si nous nous ruinons les doigts de froid en démontant nos appartements, et nous avons même réussi à dormir (un peu...)!

La matinée stop qui suit nous conduit à Erzincan, et l'après-midi devient éprouvant. Nous sommes épuisés, il caille méchamment, et nous sommes un peu enrhumés. La montagne c'est joli, mais bon, nous ne sommes pas en pierre, et nous sentons le ras-le-bol nous gagner. Le train pour Tabriz, en Iran, ne passe que le jeudi, en l'occurence demain. Nous rejoindrons Van en bus, na, ce qui nous permettra de rejoindre l'Iran dès le lendemain, nous évitant une semaine de camping dans la neige en attendant le prochain train.

Sacré coup de pied au fesse que cette décision : arrivés à Van, nous nous rentrons dans la tête que demain, nous sommes en Iran. La recherche de la gare est complexe, visiblement notre choix de rejoindre l'Iran en train depuis Van n'est pas commun, et certaines personnes ignorent même qu'il y a une gare à Van... Un après-midi de recherche, et nous localisons l'endroit, achetons nos billets et patientons dans un préfabriqué, au milieu d'une gare en ruine. Ca met l'ambiance!

Le train arrive à minuit, nous ne passons pas inaperçus et nos passeports sont vérifiés par des soldats en arme 5 ou 6 fois en 1h... Sur le quai, fumée, silhouettes noires et neige... On se croirait dans un film! Nous nous installons dans notre cabine-couchette, et essayons de dormir.




Arrivée en Iran, Tabriz

La mosquée bleue

Sieste de 2h avant le passage du poste frontière turc. Coup de tampon, papotage avec des français, des hollandais, des argentins, le monde s'est visiblement donné rendez-vous ici.

Et c'est reparti. Pas le temps de nous rendormir, le poste iranien arrive. Les choses deviennent un peu brutales... Des soldats débarquent dans notre compartiment et nous tirent du lit sans ménagement. Uniquement pour les quatres français du train, une visite obligatoire de deux heures des locaux, qui fleurent bon la répression pré-révolution islamique, est organisée, entre 4h et 6h du matin... Que du bonheur et de l'attente inutile, pour 4 photocopies et une fiche à remplir en compagnie de soldats et de leurs AK47 qui ne parlent pas un mot d'anglais... Espérons que les civils soient plus acceuillant...

Nous arrivons à Tabriz vers 9h30, après une super nuit blanche, un passage de poste frontière plutôt violent, la tête dans le paté, en parfait état pour découvrir un pays... Heureusement, nous avons mis à profit nos heures d'attente à Van pour apprendre un vocabulaire de survie en farsi.

C'est parti pour l'Iran. Le site de la diplomatie française, les médias et les gens qui n'y ont jamais mis les pieds nous l'ont décrit comme l'antre du mal, un endroit à éviter absolument. Les personnes qui y sont allés nous en ont parlé comme d'un pays des merveilles, une contrée magique et magnifique habitée par des gens adorables. Nous verrons...

Petite mise au point : nous allons quelque peu changer nos habitudes de voyage à partir d'ici. Pour les aspects techniques, précisons que nous nous déplacerons en bus grâce au prix ridicule des transports, et que à cause de la surcharge des sites militaires la tente va rester dans sa sacoche, nous allons squatter les guest houses les plus pourries et les moins chères que nous trouverons. En Iran, on peut dormir dans un lit pour 2 euros 50 par personne!

Comme nous l'avons dit, 15 jours, c'est court, et nous avons élaboré un plan de visite qui va nous faire traverser les principaux sites du pays : Tabriz, Ardabil, Sareym, Alamut, Téhéran, Isfahan, Shiraz, Persépolis et Yazd.

Dès notre sortie de la gare, le pays annonce la couleur : nous sommes sur le trottoir, en train d'essayer en vain de localiser le centre-ville sur des panneaux écris en farsi, lorsqu'un homme nous demande si nous avons besoin d'aide. Tandis que nous nous expliquons tant bien que mal, un attroupement se forme, et tout le monde se met en tête de nous aider. C'est dingue, personne ne parle anglais, mais certain sortent papier et crayon pour nous dessiner un plan, d'autre appellent leurs amis pour trouver un interprète, et finalement nous sommes carrément escortés dans la bonne direction! C'est fou!

Arrivé dans le centre, nous avons à peine le temps de nous réjouir de ce premier contact que le rêve continue : un jeune homme du nom de Morteza nous accoste. Il veut devenir guide et veut mettre à l'épreuve son anglais. Il propose de nous faire visiter la ville et de nous accompagner dans notre première journée en Iran pour nous mettre à l'aise!

La suite est inouie : il court de partout pour nous trouver un coin où échanger nos euros. En ce vendredi, jour de repos en pays musulman, la seule solution est de le faire dans la rue, au marché noir. Nous craignons un peu l'opération, mais Morteza surveille les montants échangés, secondé par les passants qui s'arrêtent à nouveau en nombre et vérifient les sommes que nous récupérons avant de nous faire signe que c'est bon. Le truc rigolo, c'est que le rial, la monnaie iranienne, ne vaut rien. Un euro fait... 40000 rials! Nous nous retrouvons donc avec un jeu de monopoli dans les poches... Notre ami continue ensuite à courir dans tous les sens pour nous trouver la guest house la moins chère du coin...

Les sacs posés, nous soufflons un moment en compagnie du proprio des lieux. Notre ami se charge des traductions, et nous papotons un bon moment de nos pays respectifs et de nos vies. Cependant, une chose ternit le tableau : de notre côté, je parle, mais Léonore n'existe pas. Elle a beau tenté de prendre la parole, c'est comme si elle était un fantôme... Nous avons beau savoir que la condition féminine est très particulière ici, c'est autre chose de constater la ségrégation de visu, et très énervant...

Morteeza nous emmène faire un tour de la ville. Les rues sont animée et débordent de vie, mais la propagande est incroyable. Les portraits des chefs de la révolution islamique et des martyrs morts durant la guerre avec l'Irak ornent chaque lampadaire, chaque poteau, chaque angle de mur. Nous retrouverons ça dans tout le pays.

Nous visitons la célèbre mosquée bleue, et Morteeza nous raconte une histoire peu banale : lors du tremblement de terre ravageur qui a secoué le nord ouest du pays en 2012, la mosquée bleue est le seul bâtiment de la ville à n'avoir subit aucun dommage!

Nous passons voir les autres monuments et mosquées de la ville, et finissons notre après-midi au bord d'un lac gelé au-dessus de la ville. Pour retourner dans le centre, nous prenons le bus, pour grincer des dents à nouveau lorsque nous constatons que le bus est coupé en deux par une barrière : les femmes montent à l'arrière, les hommes à l'avant...

ancienne mosquée

nouvelle mosquée




 




Notre ami nous invite ensuite à manger un morceau. Pendant que nous dégustons un mélange de riz et de poulet épicé aggrémenté de yaourt, il nous parle un peu de sa vie. Il évoque le conflit avec l'Irak, durant lequel sa famille a perdu plusieurs de ses membres. Il est très étrange de parler d'une guerre très récente avec quelqu'un qui en a connu les conséquences, et son histoire nous remue les tripes. C'est quelque chose que nous n'avons jamais ressenti, ou alors très peu durant notre traversée des balkans.

Il nous explique aussi que le gouvernement impose le service militaire de deux ans à tous les hommes. Lui-même va devoir partir à l'armée l'année prochaine, et cette perspective le déprime. Il n'aspire qu'à une chose : étudier les langues étrangères et devenir guide pour faire découvrir son pays au monde. Très au fait de la maniere dont est décrit l'Iran dans les pays occidentaux, il nous supplie de ne pas croire ce que nous aurions pu entendre dans les médias en France, et nous assure que l'Iran est un pays très accueillant. Après les premières heures que nous avons passé ici, nous lui faisons volontier confiance!

Nous nous quittons à la nuit tombée, apres qu'il nous ait raccompagner à l'hôtel.

Ces premières instant en Iran ont été incroyables. La propagande du gouvernement et la ségrégation entre les hommes et les femmes sont palpables, mais les gens ont été désarmant d'attention et de gentillesse. Nous attendons la suite avec impatience.


Sareym, Ardabil, Alamut


 Le lendemain, nous partons pour Ardabil. Nous comptons y visiter le Mausolée du Sheik Safi O-din, fameux édifice du coin, et passer faire un tour près du volcan Salaban.

Nous partons à pied pour rejoindre la station de bus de Tabriz. Sur place, nous n'avons pas le temps de nous demander quel ligne va à Ardabil que déjà 5 personnes nous demandent où nous allons avant de nous escorter au bus correspondant. Côté prix, nous sommes agréablement surpris de constater que les tarifs sont ridicules et les prestations impeccables. Il est vrai que l'Iran dispose de tellement de pétrole que les transports y sont trèèès bon marché!

Nous nous mettons en route, mais rapidement il apparait qu'Ardabil devra demain... En chemin, nous faisons la connaissance d'un jeune couple iranien, Hadi et Farnaz, qui nous propose de les accompagner à Sareym, au pied du volcan. Avec plaisir!

Nous y faisons la connaissance de Mahdi, le frère d'Hadi, qui nous déniche un véritable appartement avec vue sur le volcan pour 300000 rials (sois un peu plus de 7 euros).

Nous passons une super soirée en leur compagnie, riche en discussions. Ils nous offrent le diner dans un petit resto, où ils nous font gouter tout un tas de soupes. Petite anecdote : ils croient nous dégouter en nous en commandant une faite à base de... tripes. Et non les amis, nous sommes lyonnais!

Après manger, nous profitons d'une petite promenade dans le froid et le calme du soir pour discuter un peu de nos pays respectifs de manière un peu plus profonde. Nous savons qu'il faut savoir tenir sa langue ici, mais les rues sont désertes, et nous osons poser quelques questions à Hadi et Farnaz, sur la façon dont ils se sont rencontrés et sur la nature de leur relation. Ils nous expliquent volontier qu'ils se connaissent depuis longtemps, qu'ils sont très amoureux l'un de l'autre, et que leur parents leur ont permis de se fréquenter et de se marier. Leur situation est d'après eux exceptionnelle, et ils nous précisent qu'ils ont eu énormement de chance : tout en étant arrangé, leur mariage est quand même basé sur l'amour, chose apparement très rare en Iran, où seule les familles des mariés ont leur mot à dire.




Sur le chemin du retour, je discute avec Mahdi, qui s'enqiert de la situation politique et économique en France. Après lui avoir répondu, je me dis qu'il est peut-être temps de se lancer, et je lui demande ce qu'il en est en Iran. Je le regrette instantanément : Mahdi s'arrête sur le qui-vive, tourne la tête en tous sens, fixe ses yeux droit devant lui et me dit, en bougeant à peine les lèvres et sans me regarder : ''don't ask, I wont talk here. Finish'' (''ne demande pas, je ne parlerais pas ici. Fin de la discussion''). Je reste abasourdi par la froideur de son ton, avant de suivre son regard et de comprendre. Sur le carrefour suivant, à vingt mètres de nous, deux soldats en patrouille nous observent avec attention...


Au petit matin, nos amis nous attendent à la sortie de l'hôtel. Adorables, ils nous offrent le taxi pour Ardabil. Leur dernière attention nous fait fondre : Mahdi nous donne son téléphone portable, en nous demandant de les appeler si nous repassons par Sareym. Génés, nous lui répondons que nous ne savons pas si nous allons revenir pour lui rendre le téléphone, mais il insiste pour que nous le gardions. Que nous revenions dans dix jours ou dans dix ans, il veut que nous puissions les contacter...

Incroyable. Nous commençons à ressentir des choses assez spéciales après seulement deux jours dans le pays. Le mélange entre l'omniprésence étouffante du régime et la gentillesse désarmante des gens provoque une impression assez indescriptible...

Nous rejoignons Ardabil et le mausolée du Sheik Safi Al-din. Classé au patrimoine mondial, le mausolée, construit entre le début du 16è et la fin du 18è siècle, comprend aussi une bibliothèque, une mosquée, une cuisine, une école, un hôpital, entre autre. Le Sheik Safi Al-din, de la glorieuse dynastie des Safavides, composait des poêmes en dialectes iranien, mais était aussi maitre à penser et professeur.

Nous contemplons pour la première fois l'architecture médiévale islamique iranienne, et sa beauté nous coupe le souffle. Les faïences qui couvrent les façades, finement calligraphiées et décorées, l'architecture, l'intérieur des différentes salles et les objets que nous y trouvons, tout cela nous scotche. Avec nos sacs et les pieds dans la neige, nous n'en finissons pas de tourner dans le complexe. Les photos parlent d'elles-même.









le sarcophage du Sheik












La visite est formidable, mais nous devons nous résoudre à partir. Nous devons rejoindre Qazvin, pour aller visiter le château des assassins sur le mont Alamut.

Trouver la station du bus n'est pas un problème. Nous commençons à comprendre le principe : ici, il suffit de s'arrêter et de prendre un air un peu perdu pour que 15 personnes viennent proposer leur aide!

Nous embarquons en fin d'après-midi. Après 5h de route, en pleine nuit, le chauffeur nous signale que nous devons descendre, nous sommes arrivés. Nous voilà paumés dans le noir, visiblement très loin du centre-ville, sans avoir aucune idée de l'endroit où nous allons...

Un groupe de chauffeurs de taxi arrive à la rescousse. Nous nous tapons une bonne marrade avec eux, mort de rire qu'ils sont de nous voir débarquer en pleine nuit avec nos gros sacs sans savoir où nous allons. L'un d'eux, apitoyé par notre situation, nous propose un prix dérisoire pour nous emmener dans un hôtel pas cher. 1h plus tard, nous nous affalons, ravis de nos découvertes de la journée et de celles qui nous attendent demain.

Au matin, nous attrapons un taxi pour nous rendre dans les montagnes à la recherche du château des assassins d'Alamut. La route est longue, nous traversons quelques petits villages avant de nous retrouver en rase campagne. Finalement, nous débarquons au pied d'un petit sentier qui monte dans la neige à flanc de colline. Au sommet d'un promontoire rocheux se dresse la forteresse. Le hic, c'est que le taxi s'en va sitôt que nous mettons pied à terre, et nous attaquons l'ascencion avec déjà une question en tête : comment allons-nous quitter cette cambrousse déserte?

L'endroit est un brin escarpé, et nous allons doucement avec nos gros sacs. Nous atteignons bientôt les remparts.

La forteresse d'Alamut (en persan ''nid d'aigle'') a été construite vers 840 après JC.

La légende de la forteresse des assassins est fameuse : Hassan ibn al-Sabbah, le premier occupant des lieux et maitre d'une secte d'assassins, aurait fidéliser ses agents en construisant au sein du château un jardin enchanteur s'inspirant du paradis. Il sélectionnait certains fidèles dignes de pénétrer dans les jardins et en leur montrant ainsi ce qu'il présentait comme les plaisirs de l'après-vie, leur permettant de relativiser l'importance de la vie terrestre et par conséquent de ne plus éprouver de peur de la mort ou de la douleur, et de ne plus ressentir de scrupules dans l'accomplissement de leurs missions. L'effet surnaturel et enchanteur du jardin-paradis aurait été accentué par l'utilisation de haschisch et de somnifères par les fidèles. Le terme ''assassin'' signifierait, suivant cette légende, ''consommateur de haschisch''

Les faits réels sont sujets à controverse, même si l'occupation de la forteresse par une secte de chiites fondamentalistes a été vérifiée. ''Assassin'' viendrait en fait du terme arabe ''assas'', qui signifie ''fondement''.

Le site est en travaux, et pour tout dire la visite n'est pas franchement exceptionnelle. Mais bon, le château des assassins quoi! Si, une chose nous arrache la rétine : le panorama depuis le sommet de la forteresse est à tomber. Pendant que nous crapahutons, totalement seuls au monde, au milieu des ruines, le gardien vient nous voir, pour nous apprendre que l'entrée est payante... Nous engageons la conversation avec lui, et finalement il nous fait cadeau de la visite!





























 Nous retournons ensuite a Qazvin pour tracer directement en direction de Teheran. Dans le bus, nous devenons les coqueluches d'un groupe de jeunes avec lequel nous rigolons bien, avant d'etre guide dans la tentaculaire capitale par une fille adorable qui nous accompagne sur tout le trajet jusqu'a notre hotel.


Nous passons la journee du lendemain a vadrouiller dans Teheran, pour le soir venu embarquer a destination de la grande et magnifique Isfahan.














Nous y arrivons au matin, rejoignons le centre ville, posons les sacs dans une guest house et attaquons les visites. Ecole coranique, le palais des huits paradis, le palais des quarantes colonnes. Nous y faisons la connaissance de Samira, etudiante en architecture qui va nous faire visiter la ville avec toutes les explications. Elle va rapidement devenir une tres bonne amie. Nous passons la superbe place Imam, avec le palais Ali Qapu et la mosquee Imam, avant de profiter d'un repos bien merite. Les nuit dans le bus ne sont pas tres reposantes!


 Ecole coranique:












 Palais des 8 paradis:





Palais des 40 colonnes:


atelier gravage sous les flashs des touristes
Samira, notre guide de choc, notre amie











Place Imam












Palais Ali Qapu












Mosquee Imam












Le lendemain, nous visitons la Jame Mosquee, plus grande et par certaines partie plus vieil edifice religieux d'Isfahan, avant de rejoindre Samira dans le quartier armenien de la ville pour la visite de l'eglise Vank, erigee par les refugies armeniens fuyant la Turquie pendant le genocide. Nous vadrouillons ensuite la ville, refaisant le monde avec notre amie, a l'esprit vif et lucide, que nous n'oublierons pas de sitot. L'heure du depart arrive, et nous embarquons dans un bus de nuit pour rejoindre Shiraz et la grande Persepolis.



Jame mosquee











Eglise Vank












pont au 33 arches



Shiraz, Persepolis


Dans le bus, nous retrouvons les deux francais qui avaient partage avec nous les joies du poste frontiere, Flo et Emerik, ainsi qu'un suedois, Ivan. Nous decidons de passer nos quelques jours a Shiraz ensemble. Nous restons deux jours en ville, riches en rencontres bien barrees, en visites incroyables et en bonnes rigolades. Partager un moment a l'autre bout du monde avec d'autre baroudeurs bien sympa nous a fait le plus grand bien! Pour notre visite la plus incroyable, la mosquee Shah Chevagh, nous n'avons pas ete autorise a prendre nos appareils photos. Ce fut indescriptible, epoustouflant : les interieurs des edifices sont couvert de mosaiques de miroirs parfois colores, integralement, jusqu'au dernier bout de mur. Ca brille dans tous les sens, nous scotchons tout les 10 metres, des etoiles dans les yeux, avec cette sensation que nous ne reverrons pas un truc pareil de sitot. Heureusement pour vous, nous rencontrons durant la visite une jeune fille travaillant sur place, qui nous a gentillement envoye une photo!






























Tombe d'Hafez










 Q'uran gate
 


Nous prenons une journee pour visiter la celebre Persepolis et ses environs, lieux charges d'histoire dont les vestiges incroyable montrent une etonnante jeunesse malgre leur 3000 et quelques annees. Un site formidable, que nous ne pensions pas avoir l'occasion de voir dans nos vie. Et si! 











Desole, mais nous allons etre expeditifs sur la fin : nous attaquons notre 11eme heure de cyber, ce qui nous a coute nos deux premiers jours au Nepal et le double du prix de notre chambre... De plus la redaction est un calvaire sans nom.

Apres Persepolis, nous quittons nos amis pour rejoindre Yazd et les tours du silence en bus de nuit. Nous arrivons au lever de soleil, et visitons tout le centre ville, du complex Qamchaq au vieux quartier rempli de maisons de chaumes. L'apres midi, nous passons le temple du feu avant de rejoindre les tours du silence zoroastriennes. Le soir venu, nous assistons a une seance de sport traditionnel iranien, avant de nous reposer en prevision de l'incroyable mission qui doit nous conduire a Kathmandu...


Sans aucunes informations, reservations ou autre preparations, nous partons pour Bandar Abas, d'ou parait il des bateaux rejoignent Dubai. Nous claquons nos dernier rials en provision, et le soir venu rejoignons le port. Coup de bol, c'est le bon jour, et re coup de bol, il reste des places. Entre l'attente d'on ne sait quoi et les controles interminable de nos passeports, nous embarquons a 22h. 12h plus tard, nous debarquons a Sharjha, a 20km de Dubai. Ayant sympathises avec pas mal de monde pendant la traversee, nous avons appris que des avions decollent d'ici, nous evitant de passer par Dubai. Dans tous les cas, hors de question de se poser dans une ville qui depense des millions pour permettre a des richard de skier en plein ete ou qui degomme ses littoraux pour construire des quartiers en forme de palmier! Nous faisons la connaissance de John, qui se rend lui aussi au Nepal, billet en poche depuis des mois. De notre cote, nous imaginons nous pointer a l'aeroport et demander le prochain vol. Si ca ne marche pas, et bien... nous ne savons pas trop. Nous voila filant en taxi (etonnament bon marche!), et le chauffeur, a qui nous comptons notre hasardeuse entreprise, nous pose dans une agence de voyage et nous negocie un tarif. Et, miracle, c'est bon! Pour 115 euros chacun (nous plagions sur 200!), nous avons un billet pour le vol de 2h du matin! Nous mettons un moment a realiser que c'est bon, nous avons reussi, demain matin nous sommes a Kathmandu! L'attente est longue, mais ce n'est pas grave : grace a notre insolente chance, et grace aux gens, en moins de 2 jours et en partant de rien, nous avons organise notre trajet pour le Nepal, pour moins cher que nos previsions!

Nous sommes au 7eme ciel en grimpant dans l'avion, nous sommes en extase en voyant le soleil se lever sur l'Himalaya, les visas sont rapide a obtenir, et voila, nous y sommes. Un reve qui se realise.

Voila. Notre periple en Asie du sud est vient de commencer. Le coeur, le plus attendu de notre periple. Apres deux jours nous n'avons pas encore bien realise, mais punaise que c'est bon! Apres la course en Iran, nous allons nous poser encore quelques jours a Kathmandu, dans notre piaule a 3 euros 50, pour preparer la suite. Et quelle suite... 2 semaines de treck autour de l'Anapurna, puis a nouveau 2 semaines pour rejoindre le premier camp de base de l'Everest. Et puis nous verrons. Nous allons rester longtemp ici, 2 ou 3 mois, a bon entendeur pour ceux qui voudraient nous rejoindre! Et apres notre surrealiste trajet de Yazd a Kathmandu, nous savons que tout est possible et n'accepterons aucunes excuses!

Les aventures que nous avons vécu en Iran furent nombreuses et géniales, tout comme les rencontres. Notre périple là-bas, si l'on met de côté quelques petits détails évidents qui n'ont pas remporté notre approbation, à été formidable d'un bout à l'autre. Nombre de villes et de sites sont tout simplement superbes et uniques, et nous avons scotché un bon nombre de fois, avec la sensation de voir des choses que nous ne trouverons pas ailleur. Histoire, architecture, nature... Tout en Iran est d'une richesse incroyable et d'une beauté assez exceptionnelle.

Concernant les iraniens... Et bien ils sont troublants de gentillesse, de générosité et de solidarité. Désarmant. Restez 10 secondes sans bouger sur un trottoir, et 10 personnes vous entourent et vous demandent si vous avez besoin d'aide. Marchez dans la rue, et vous aurez mal au bras à force de répondre aux ''hello'' qui fusent de partout. En ville, il ne faut pas être pressé, car tous les 10 mètres quelqu'un vous arrête pour vous demander d'où vous venez, de quelle ville, si vous aimez l'Iran et ses habitants. La Turquie, c'était quelque chose, l'Iran c'était hallucinant...

Ce pays nous aura émerveillé, par son histoire, sa culture, ses villes, ses espaces, et bien sur par ses habitants. Nous l'avons quitté la tête pleine d'images et de souvenirs formidables, de pensées pour tout ces gens extraordinaires que nous avons croisé. L'Iran est une contrée sublime, et une bonne fois pour toute pas plus dangereux que n'importe quel autre pays. Alors on éteint la télé et on vient voir cette perle!

1 commentaire:

  1. EXTRAORDINAIRE ! Merci à vous de nous faire partager tout ça et je vous embrasse très très fort !

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